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7 octobre 2019 1 07 /10 /octobre /2019 03:17

En espérant qu’il ne chante pas faux…

Anne McCAFFREY : Le chant du Dragon

Tandis que la planète Pern est régulièrement arrosée d’une espèce de pluie mortelle, les Fils Scintillants, que seuls des dragons cracheurs de feu sont capables de réduire à néant, d’annihiler, dans le fort de Mer du demi cercle, se joue un mini drame.

Le vieil Harpiste Pétiron vient de décéder, or dans un fort, dans une communauté, le Harpiste est un personnage important. Seule Menolly pourrait le remplacer, sachant jouer avec habileté de l’instrument de musique et possédant une voix admirable. Mais Menolly est une fille et malgré ses dons réels, ses parents, Yanus son père, Mavi sa mère, lui refusent l’honneur et la joie d’assumer cette charge.

Ménolly se voit confier l’enseignement de la musique aux enfants en attendant l’arrivée d’un nouvel Harpiste, tout en effectuant les travaux indispensables à la vie communautaire. S’occuper d’un vieil oncle, vider les poissons et réparer les filets au retour de la pêche etc.

Menolly étouffe dans cette atmosphère et un jour, n’y pouvant plus, elle quitte le fort, ses parents, et part à l’aventure.

Elle trouve refuge dans une caverne et apprivoise des Lézards de Feu, échappant de peu à une pluie mortelle de Fils Scintillants grâce aux Chevaliers-Dragons.

 

Dans ce roman d’Heroïc-Fantasy, Anne McCaffrey, si elle utilise certains thèmes propres à ce genre littéraire, dont les dragons, les planètes éloignées et les manifestations d’éléments incontrôlables et nuisibles, ajoute sa touche personnelle et met l’accent sur les relations parents-enfants et sur les interdits, les fonctions que ne peuvent assumer les représentantes du sexe féminin.

Parce que Menolly est une fille, il n’est pas bienséant, convenable qu’elle chante, qu’elle joue d’un instrument mais surtout qu’elle compose ses propres chants. Elle doit rester confinée dans son rôle de ménagère, ce qu’elle ne supporte plus, d’où sa fugue.

Roman de détente donc, mais aussi roman de réflexion sur le rôle de la femme dans la société.

Anne McCAFFREY : Le chant du Dragon (Dragonsong – 1976. Traduction de Eric Rondeaux). Collection Epées et Dragons N°14. Editions Albin Michel. Parution juin 1988. 256 pages.

ISBN : 2-226-03226-6

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5 octobre 2019 6 05 /10 /octobre /2019 04:47

A vendre île tout confort…

Maurice LIMAT : Explosion A…

Les ventes aux enchères réservent parfois des surprises intéressantes, avec des objets précieux dont la valeur n’est découverte qu’au moment de l’expertise.

Mais ce que propose ce jour là le commissaire-priseur à la vente dans une salle de la mairie de Plougalec, en Bretagne, n’est pas un objet courant. Ce n’est pas même un objet puisqu’il s’agit d’une île. L’île du Goéland. Un domaine exceptionnel mis à prix pour la modique somme de cinq cent mille francs. Personne dans l’assistance semble intéressé pourtant une jeune femme enchérit à dix mille francs de plus. Un concurrent propose un peu plus pour ce rocher perdu d’une douzaine d’hectares non cultivables.

Enfin, la jeune femme, une belle et charmante blonde aux yeux bleus, d’origine probablement bretonne puisqu’elle prétend se nommer madame Cairelec, emporte les enchères pour trois millions de francs. Son concurrent l’invite à déjeuner, puis le repas terminé, tente de la kidnapper en voiture. Pas si bon joueur que ça l’homme qui se fait appeler Pérard. Mais la jeune femme résiste, deux coups de feu claquent, l’auto file et cette charme dame Cairelec brandit son arme à feu et tire. Le véhicule effectue une embardée et s’abîme dans la mer.

Quelques mois plus tard, sur l’île du Goéland, des travaux sont en bonne voie d’avancement. Les pelleteuses sont en action quasiment jour et nuit, du béton est coulé sur place afin d’édifier des sortes de bunkers et des murs de protection.

Le capitaine Caretti, le chef du Cinquième Bureau, les Services Secrets français, arrive sur place pour se renseigner sur l’avancement des travaux. Il est accompagné, en autre, de Domenica Still, surnommée l’Ange du Mystère, une ancienne cantatrice qui a trouvé sa voie dans le renseignement. Personne ne reconnait en cette femme brune aux yeux sombres l’acheteuse, madame Cairelec, qui avait été arrêtée par les policiers mais dont le procès n’avait jamais eu lieu.

Parmi les ouvriers du chantier, Pierre Grantin et Riton, qui émargent eux aussi au service de renseignements. Ils se retrouvent tous à l’auberge du village et les deux ouvriers racontent qu’ils ont aperçu l’un de leurs collègues envoyer des signaux à l’aide d’une lampe vers la mer. Il se tenait sur le bord de l’eau mais Riton affirme qu’aucun navire ne croisait au large. Personne n’était en vue, et l’idée d’un sous-marin de poche est avancée. Celui qui est considéré comme un espion par Caretti et compagnie s’appelle Mérard. Une ressemblance patronymique bizarre avec le sieur Pérard qui désirait acquérir l’île.

Toutefois les travaux avancent sans discontinuer. Mérard est surveillé et un soir alors qu’il envoie ses signaux, Grantin et Riton tentent de l’appréhender. Mais l’homme tombe et il est retrouvé mort, une sorte de flèche dans le cœur. Pourtant il n’y avait personne d’autre qu’eux sur cette plage abandonnée. Olivier Denis, l’amant de Domenica, l’Ange du Mystère, et agent du Cinquième Bureau lui aussi, a rejoint sa maîtresse et le capitaine Caretti. Et un aviso de la Marine de Guerre patrouille en permance.

Il semble que les travaux réalisés en secret intéressent fortement une nation, probablement ennemie. Car des essais d’explosion d’une bombe atomique sont prévus afin de vérifier si le béton employé ainsi que les constructions semi-enterrées résistent au choc.

 

Soixante-cinq ans après la parution de ce roman, l’angoisse et l’effet dramatique de l’intrigue ne sont pas ressentis aussi fortement qu’a pu éprouver le lecteur en découvrant cette histoire.

Les temps ont changé, les technologies ont évoluées, et l’appréhension de la bombe nucléaire est toujours aussi présente mais il existe une sorte de fatalisme dans les esprits plus préoccupés par les questions matérielles, écologiques, sociales, voire financières.

Mais pour Maurice Limat, ce n’est pas tant l’explosion nucléaire et son intensité qui importent, quoi que, mais la protection en construisant des abris antiatomiques à l’aide d’un nouveau béton capable d’empêcher le rayonnement lors d’une déflagration.

Toutefois, cette intrigue pêche par le manque de la résolution d’un élément capital, mais peut-être les explications seront révélées dans le roman suivant intitulé Sous la hache.

Maurice LIMAT : Explosion A… Collection 0-78 Service secret N°70. Editions S.E.G. Parution 3e trimestre 1954. 32 pages.

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4 octobre 2019 5 04 /10 /octobre /2019 07:49

Sous le nom de Carter Dickson se cachait le génial John Dickson Carr. Mais il faut avouer que, parfois, il abusait du blabla, Carr !

Carter DICKSON : Arsenic et Boutons de manchette

Ce n’était pas le jour, pourtant Sir Henry Merrivale n’hésite pas à appeler Blake pour lui confier une mission urgente, secrète, périlleuse.

Et Blake se doit d’obtempérer, alors que son mariage avec Evelyn est prévu pour le lendemain en fin de matinée. Alors il part pour le Devon où se trouve déjà H.M. et il doit cambrioler le logis d’un certain Hogenauer qui est momentanément absent. Sa mission, qu’il accepte, est de s’emparer d’une lettre mystérieuse détenue dans un coffre et remettre la missive à H.M. et au colonel Charters, un ancien collaborateur de Sir Henry et qui est commissaire principal dans le Devon.

Hogenauer est un personnage trouble, chimiste, expert en cryptographie, titulaire d’une chaire de physiologie, ancien agent de renseignement durant la Première guerre mondiale et d’origine allemande.

Il fut en contact avec un mystérieux L., défini comme une espèce de courtier international en secrets d’état, mais il semblerait que ce personnage vient de faire sa réapparition. Hogenauer est en manque d’argent pour ses expériences et il désire révéler l’identité de L. contre rétribution financière.

Observé par un policier, celui-ci aurait aperçu Hogenauer seul et immobile dans son bureau plongé dans l’obscurité tandis que des étincelles lumineuses dansaient devant ses yeux. De plus le savant entretient des relations étroites avec Keppel, un de ses compatriotes professeur de physique à l’Université de Bristol.

Blake est donc chargé de s’emparer d’une lettre mystérieuse détenue dans un coffre chez Hogenauer, en profitant de l’absence de celui-ci. Seulement Blake, qui se déplace à bord d’un véhicule, est arrêté par la police, dénoncé pour une plainte de vol par H.M. et le Colonel. Débutent alors les tribulations nocturnes de Blake qui parvient à s’échapper de la geôle où il est enfermé en « empruntant » les vêtements d’un policier.

Lorsqu’il arrive dans la villa d’Hogenauer, c’est pour découvrir l’homme mort, un fez sur la tête, empoisonné à la strychnine. Selon un domestique les meubles de la pièce ont été chamboulés. Et sur le bureau du défunt Blake remarque quatre boutons de manchettes entortillés sur un bout de ficelle. Sur un buvard, des traces d’encre révèlent que le cadavre aurait écrit auparavant une lettre à quelqu’un qu’il nomme Excellence.

Dans la foulée, Blake se rend à Bristol et découvre dans la chambre d’hôtel de Keppel un cadavre qu’il pense être Hogenauer et qui lui aussi porte un fez sur la tête. L’enquête ne fait que débuter et Blake est bientôt rejoint par Evelyn qui participe elle aussi aux recherches.

 

Une aventure totalement débridée qui se déroule durant toute une nuit et qui verra nos deux agents, Blake et Evelyn, parcourir de nombreux kilomètres pour effectuer leur enquête et résoudre cette affaire particulièrement mystérieuse.

Mystère en chambre close, ou presque, et deux cadavres sur les bras, voilà de quoi alimenter une intrigue tortueuse qui emprunte également au roman d’espionnage.

Mais il est difficile de suivre dans ses nombreux déplacements, des allers-retours en voiture et en train, qui de nos jours seraient guère réalisables. Le temps imparti à chaque épisode semble long et pourtant cela doit être possible, selon l’auteur. Mais il est vrai qu’à cette époque, les trains de nuit roulaient encore, qu’il n’y avait pas de limitation de vitesse, même si les voitures étaient moins performantes.

Arsenic et boutons de manchettes est, pour moi, un bon roman ingénieux mais qui n’atteint pas, toujours selon moi, l’intensité de certains romans de John Dickson Carr. Pourtant ce roman est considéré comme l’une des réussites majeures de l’auteur du Sphinx endormi ou de La Chambre ardente. Peut-être parce que le laps de temps écoulé durant tous les événements me parait un peu trop compressé. Mais il se dégage toutefois un certain humour.

L’affirmation, sur Wikimachin, que la réédition au Masque jaune est une version complète, est totalement erronée puisqu’il s’agit de la même que celle de la collection L’Enigme. D’ailleurs il s’agit du même traducteur. La différence de pages se justifie uniquement par la taille de la police de caractère et du format quelque peu différent des deux ouvrages.

 

Carter DICKSON : Arsenic et Boutons de manchette (The Magic Lantern Murders – 1936. Traduction de Benoît–Fleury). Collection l’Enigme. Editions Hachette. Parution novembre 1950. 256 pages.

Réédition : Le Masque Jaune N°1976. Parution novembre 1989. 288 pages.

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3 octobre 2019 4 03 /10 /octobre /2019 04:30

Méfiez-vous des monstres légendaires !

J.B. LIVINGSTONE : Les disparus du Loch Ness.

Après quelques années de mutisme, Nessie vient de faire parler d’elle, et pas en bien.

Deux cadavres ont été découverts sur les berges du Loch Ness, lacérés comme si une bête monstrueuse aux ongles acérés s’était acharnée sur ces profanateurs de son antre liquide.

Pour tout le monde il ne peut s’agir que de l’habitante des profondeurs du lac le plus célèbre d’Ecosse, de Grande-Bretagne, et peut-être du monde. Pourtant cette rescapée antédiluvienne n’avait pas habitué le petit monde des médias, de la police et des autochtones à semblable méfait.

De temps à autre, l’un des habitants de cette région sauvage et aride avait bien affirmé l’avoir aperçue, s’élevant hors des ondes, mais, soit c’était un privilégié, soit il était sous l’emprise du whisky, boisson nationale des Highlanders, une boisson aux vertus thérapeutiques incontestables.

Ces cadavres, cela fait désordre dans une région à vocation touristique, jettent le discrédit sur la population fortement ancrée dans la conservation des traditions et du mysticisme.

Scott Marlow, superintendant à Scotland Yard, est chargé de l’enquête et aussitôt, il s’empresse de solliciter l’aide de son ami l’ex-inspecteur chef Higgins, dont la compétence, les qualités en matière de réflexion, de perspicacité, de pondération, ne sont plus à démontrer.

Les deux policiers vont se trouver confrontés à un mur de silence, et il leur faudra s’infiltrer avec douceur mais détermination dans les failles que présentent chacun des suspects : Tullibardin Zohar, une jeune fille vierge désirant consacrer sa vie au monstre ; Grampian Mac Duncan, le chef du clan local, véritable seigneur despotique ; Mary Kincraig, sa sœur, une sorcière dont l’énorme chien, Lucifer, s’entiche d’Higgins ; Macbeth, le libraire, l’érudit, le gardien des vieux grimoires ; Gwendolin Hosh, le conservateur d’un musée consacré à Nessie ; et quelques autres dont Napton Norbury, un jeune paléontologue qui veut démontrer scientifiquement la présence de Nessie dans le lac ou l’affabulation entretenue par les autochtones.

Higgins enquête, ne se laissant pas démonter ou influencer par les divers témoignages teintés de mensonges. Il va, vient, imperturbable, recueillant dans son petit carnet d’innombrables anecdotes.

 

Une enquête policière qui flirte avec le fantastique, le surnaturel, la magie, mais qui malheureusement s’enlise un peu en cours de route.

Il est vrai qu’il n’y a rien de transcendant pour un enquêteur d’accumuler les versions des différents protagonistes.

Heureusement Higgins sort à son avantage dans ce bourbier et il aura même droit à une agréable surprise.

 

Réédition Collection Les dossiers de Scotland Yard. Editions Gérard de Villiers. Parution 2 juin 1993.

Réédition Collection Les dossiers de Scotland Yard. Editions Gérard de Villiers. Parution 2 juin 1993.

J.B. LIVINGSTONE : Les disparus du Loch Ness. Collection dossiers de Scotland Yard. Editions du Rocher. Parution 5 novembre 1991. 200 pages.

ISBN : 978-2268012261

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2 octobre 2019 3 02 /10 /octobre /2019 04:43

L’univers littéraire de Clive Barker est à nul autre pareil.

Clive BARKER : Apocalypses. Livre de sang 4.

Tout d’horreur, d’épouvante, de frissons, de démons et de folie. Un univers dans lequel Herbert-George Wells et Stephen King, entre autres, se seraient télescopés, amalgamés, auraient fusionné, unissant en symbiose leurs univers délirants de savants fous, de névrosés, de personnages dépassés par leur propre corps, de créatures hybrides, mi-humains mi-démons.

Au sommaire de ce volume, cinq nouvelles pleines de fureur, véritable bouquet vénéneux au parfum tenace. Si efficaces qu’elles laissent le lecteur groggy et pantois devant tant d’ingéniosité.

 

Dans Le corps politique, ce sont des mains qui revendiquent leur liberté. Les mains de Charly George parlent entre elles, la nuit, fomentant une rébellion à l’insu de leur propriétaire légitime. Elles désirent leur autonomie. Leur complot réussi, elles entraînent d’autres mains dans leur évasion. Une histoire à ne pas mettre entre toutes les mains, on ne sait jamais.

Dans La condition inhumaine, quatre jeunes voyous s’en prennent à un malheureux clodo, lui vident les poches à la recherche d’argent, d’objets possédant une quelconque valeur. Le plus jeune de la bande, Karney, se désintéresse de ce qu’il se passe lorsqu’il aperçoit, parmi les détritus résultant de la fouille, un morceau de corde. Ce bout de ficelle est noué en trois endroits. Karney, qui adore les puzzles, les problèmes concrets, n’a plus qu’une idée : défaire ces nœuds inextricables. Mais il délivre une entité qui va provoquer des ravages et des meurtres.

Que ce passe-t-il lorsqu’un évangéliste, intégriste, intolérant, trop imbu de sa personne, imprégné de l’Apocalypse, s’arrête dans un motel avec sa femme et son chauffeur à cause de la pluie, et leur reproche quelques futilités, leur manquement à la foi et à la ligne tracée par la Bible ? Que se passe-t-il lorsque les fantômes d’une femme et du mari qu’elle a assassiné viennent effectuer un pèlerinage sur le lieu de leur dispute meurtrière ? C’est ce que vous saurez en lisant cette nouvelle qui donne son titre au recueil : Apocalypse.

Rétro-Satanas, la plus courte nouvelle du volume, est un peu comme la parabole du Diable construisant l’Enfer.

Enfin, dans Le siècle du Désir, Clive Barker exploite à sa manière l’une des préoccupations millénaires de l’être humain : comment exacerber au maximum sa libido. Un savant fou, l’un des thèmes porteurs de la littérature fantastique, met au point un nouvel aphrodisiaque, plus puissant mais plus dangereux que toutes les recettes supposées efficaces issues des croyances populaires de par le monde.

 

Clive Barker allie le machiavélisme, le scientifique, la démonologie pour écrire des histoires terrifiantes, dans lesquelles seules l’horreur, le diabolisme et la violence ont le droit de cité.

La petite part de poésie que l’on trouve parfois chez ses confrères ici n’existe pas.

Quant à l’humour, c’est véritablement une denrée rare.

 

Réédition : J’Ai Lu épouvante 4008. Parution septembre 1995. 256 pages.

Réédition : J’Ai Lu épouvante 4008. Parution septembre 1995. 256 pages.

Clive BARKER : Apocalypses. Livre de sang 4. (Clive Barker's Books of Blood, volume 4, 1985. Traduction Hélène Devaux-Minié). Collection Blême. Editions Albin Michel. Parution février 1991. 264 pages.

ISBN : 2-226-05230-5

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1 octobre 2019 2 01 /10 /octobre /2019 04:01

Sous l’intrigue se cache un humanisme qui n’est pas de façade…

Sandra SCOPPETTONE : De peur et de larmes.

Etre shérif n’est pas une sinécure mais lorsque c’est une femme qui en assume la charge, cela lui pèse sur les épaules.

Pourtant ce ne sont pas les difficultés qu’elle pourrait rencontrer auprès de ses administrés, le travail de policier surchargé de travail, qui la démotive. Au contraire. Elle craint de s’enliser dans une routine, ce qui n’est pas son tempérament.

C’est pourquoi Lucia a décidé de ne pas renouveler son mandat, pourtant il lui faut assurer jusqu’au bout ce qu’elle considère comme un sacerdoce. Un événement bouleverse cette routine dans laquelle elle s’englue.

Julie Boyer, une gamine du coin, disparaît. Une fugue ? Une hypothèse vite démentie par la découverte du cadavre, atrocement mutilé, de l’adolescente. Et ce n’est que la première représentation d’une macabre série.

Ce fait divers remue les trippes de la shérif. Elle même a perdu quelques années auparavant sa fille, noyée dans un puits.

Entre Lucia et son adjoint, le Lieutenant Jack Fincham, se tissent des liens sentimentaux qu’ils n’osent s’avouer. Le travail avant tout. Le travail et l’apparition impromptue d’un personnage dont Lucia se serait bien passée.

Mike Mc Quigg, enquêteur du FBI, est affecté sur cette affaire. Ce n’est pas tant son appartenance à cette police fédérale qui enquiquine Lucia que leurs relations précédentes. Mc Quigg n’est autre que l’ancien mari de Lucia.

 

L’épilogue convenu et la découverte du meurtrier s’imposent peu à peu au lecteur qui ne s’en laisse pas conter.

Pourtant Sandra Scoppettone parvient à rendre cette histoire non seulement crédible mais qui plus est émouvante. Peut-être à cause de l’enfant omniprésent, des relations adultes-adolescents, maris et femmes, couples en devenir.

Sous l’intrigue se cache un humanisme qui n’est pas de façade. Peut-être le meilleur roman de Sandra Scoppettone jusqu’à ce jour parce qu’il se démarque de sa production habituelle et de son personnage récurrent de Lauren Laurano.

 

Réédition Pocket 4 avril 2005.

Réédition Pocket 4 avril 2005.

Sandra SCOPPETTONE : De peur et de larmes. Collection les Noirs, Moyen Format. Editions Fleuve Noir. Parution 12 juin 2003. 296 pages.

Réédition Pocket 4 avril 2005.

ISBN : 978-2265075092

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30 septembre 2019 1 30 /09 /septembre /2019 04:25

Ah ces mariages arrangés qui n’arrangent personne, ou presque !

Rachelle EDWARDS : La mésalliance

Devenu le cinquième marquis de Strafford, grâce ou à cause des décès accidentels de son père et de son frère, Justin Faversham se retrouve à la tête d’un héritage en déliquescence. Et il va devoir hypothéquer quelques biens afin de régler les dettes et factures en souffrance.

Ayant perdu sa mère tout jeune, il a été élevé par sa tante Henriette Faversham, tandis que son père et son frère, des noceurs, dilapidaient la fortune familiale dans des bouges et au jeu. Afin de se refaire une santé financière, il se trouve dans l’obligation de se séparer de quelques propriétés, dont le Prieuré de Strafford. Il est célibataire et sa tante lui souffle qu’il devrait se marier et lui indique le nom de quelques jeunes femmes qui pourraient lui convenir. Cependant, il courtise la belle Amelia Winch mariée à un riche noble beaucoup plus âgée qu’elle. Mais elle n’était pas la seule dans ce cas à cette époque, et il n’est pas interdit de penser que ce genre d’union hors lit conjugal perdure.

Justin, qui n’en vaut pas deux, est contacté par un acteur déchu, ayant contracté une maladie de peau lors d’une tournée, et père d’une adolescente miséreuse. Barrington signifie a Justin qu’il accepterait de lui rendre une dette de jeu contractée par son père et concernant le Prieuré s’il accepte d’épouser sa fille Valerie qui, à seize ans, n’en paraît que douze. Barrington préfère dépenser ses maigres subsides en liquides alcoolisés que la nourrir et lui offrir un logement décent.

Justin accepte ce marché qui est en réalité un chantage, et le mariage est célébré en petit comité. Puis aussitôt la cérémonie terminée, Justin emmène sa nouvelle épouse au Prieuré, et lui signifie que dès le lendemain il embarque pour le continent. Une mise au point qui se termine chacun dans ses draps, chacun dans sa chambre.

 

Deux ans plus tard, Justin retrouve à Paris Robert Parish qui fut son témoin à son mariage. Son ami lui précise que la chrysalide miteuse est devenue un papillon magnifique qui se rend régulièrement à Londres en compagnie de tante Henriette. Et que Valerie ne manque pas de prétendants dont un certain Hugh Goddard.

Jaloux, Justin revient à Londres et au Prieuré et ce qu’il voit confirme les dires de Robert. Valerie est devenue une véritable marquise et est fort courtisée. De plus elle s’est liée d’amitié avec Amelia Winch ce qui énerve Justin. Et la présence continuelle de Hugh Goddard près de Valerie, son empressement le taraude. Une gifle ressentie lorsque son épouse lui annonce qu’elle veut se marier avec ce joli-cœur qui, selon Justin, ne lui arrive pas à la cheville.

 

Cette histoire qui se déroule en 1780 est tout autant un roman de mœurs, d’amour, une étude de la société anglaise, et le portrait de deux personnages qui sont réunis à cause d’une dette de jeu alors que tout devrait les séparer.

Justin Faversham se montre arrogant, jaloux, autoritaire, orgueilleux et, en même temps, ce n’est qu’un homme fragile qui se donne une contenance afin de se prouver qu’il existe. Valerie a vécu dans des taudis depuis que sa mère est décédée et que son père s’est adonné au jeu et à la boisson. Elle se montre forte, mais ce n’est peut-être qu’une apparence trompeuse.

C’est l’opposition entre la noblesse et le monde des miséreux qui est ici décrite à travers deux personnages qui se montrent tout à tour attachants et maupiteux.

Tout sépare ces deux êtres et pourtant tout les relie. Il suffit juste d’un peu de compréhension, de discernement, de tolérance, d’adaptation vis-à-vis l’un de l’autre, mais le chemin est long à parcourir et il n’est pas sûr qu’ils parviennent à emprunter la bonne voie.

Malgré la présence d’un titre en anglais, il me semble que cet ouvrage soit l’œuvre d’un ou d’une romancière française. Pas de nom de traducteur, pas de copyright, sauf celui de Rachelle Edwards et Editions Mondiales 1976. De plus les quelques notes en fin de page ne comportent pas la mention Note du traducteur, comme il est de coutume lors de traduction. La Mésalliance est le seul roman de Rachelle Edwards au catalogue de la collection Modes de Paris et des autres collections des Editions Mondiales, c’est-à-dire Intimité, Nous Deux et Floralies.

Rachelle Edwards explore la psychologie de ses deux personnages principaux et l’on peut affirmer qu’elle n’en est pas à son premier roman. Donc il s’agit d’un auteur, probablement féminin, qui possède à son actif déjà plusieurs romans. Et, mais peut-être me trompé-je, je pense fortement à Françoise d’Eaubonne qui a écrit sous de nombreux pseudonymes dont celui de Nadine de Longueval au Fleuve Noir pour la collection Grands Romans et Présence des Femmes. Et elle a débuté en écriture sous des alias collectif comme Diego Michigan.

Rachelle EDWARDS : La mésalliance (An Unequal Match). Collection Modes de Paris N°78. Les Editions Mondiales. Parution 1er juillet 1976. 222 pages.

ISBN : 2707440787

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26 septembre 2019 4 26 /09 /septembre /2019 03:59

Elle atteint toujours son but…

Robert-Louis STEVENSON : La Flèche noire

Entre 1455, soit peu après la fin de la guerre de Cent ans, et 1485, deux clans royaux, le duc d’York et le duc de Lancastre, revendiquent la succession au trône et s’affrontent pour s’emparer de la couronne royale anglaise.

C’est dans ce contexte que nous faisons la connaissance du personnage principal de ce roman historique, Richard Shelton dit Dick. Âgé d’à peine dix-huit ans, il vit à Tunstall, et est le pupille de Sir Daniel Brackley. Ce jour là l’effervescence règne, les hommes d’arme sont sur les dents et leurs chevaux.

Une attaque se prépare et sir Daniel est momentanément absent. Or personne n’est capable de dire pour qui se bat sir Daniel. Pour Lancastre ou pour York ? Une véritable girouette qui tourne dans le sens du vent. Mais des outlaws, des hors-la-loi, se manifestent en envoyant des flèches et tuant les principaux proches de Sir Daniel. Les carreaux sont noirs et portent en suscription de la part de Jean Punit-Tout. Certains pensent qu’il s’agit d’une bande commandée par Ellis Duckworth, même si le déclare Benny Hatch :

La révolte ne vient jamais d’en bas, croyez-moi. Derrière le vilain qui brandit la hache, il y a toujours le noble qui le dirige.

 

Selon les rumeurs Sir Daniel et ses affidés, Sir Olivier, un ancien moine et quelques autres, seraient à l’origine de la mort par assassinat du père de Dick qui s’est donc retrouvé orphelin. Car sir Daniel désirait faire main basse sur l’héritage de Dick et il projette un mariage arrangé.

Pour l’heure, Dick est chargé d’une mission et il part en compagnie de quelques hommes d’arme munis d’arbalètes, d’arc et de haches. On n’est jamais trop armé. Il remet une lettre émanant de sir Olivier à Sir Daniel qui vitupère car une jeune fille Joanna ou un jeune garçon répondant au prénom de John, vient de s’enfuir à cheval.

Les embûches se dressent sur le chemin de Dick qui va faire la connaissance d’un jeune garçon, Jack Matcham âgé probablement de douze ans. Peut-être un peu plus, il est incapable de le définir. Ils vont toutefois pérégriner ensemble et leurs relations connait des hauts et des bas. Souvent Jack se rebiffe, à moins que ce soit Dick.

Leurs chemins se séparent puis vont se retrouver au hasard des événements, jusqu’au moment où Dick se rend compte que Jack est une jeune fille, qu’elle se prénomme Joanna, qu’elle était promise à un mariage fomenté par sir Daniel. Dick en tombe amoureux.

 

Il est dommage, même si ce roman est destiné aux jeunes de onze à quatorze ans, que le texte soit amputé, le rendant parfois incompréhensible. Les manques obèrent l’intrigue et le lecteur passe parfois d’un épisode à un autre avec le sentiment d’être frustré car une partie de l’histoire est occultée.

Ainsi alors que quelques mois se sont déroulés depuis le début de l’histoire, que Dick se trouve à Shoreby, un port non loin de Tunstall, mais en ce temps là la distance n’était pas ressentie de la même façon, à cause du temps mis à voyager, il doit échapper à des hommes en armes. Des partisans de Lancastre. Il parvient à embarquer à bord de La Bonne espérance, puis au chapitre suivant le navire subit un naufrage. Que s’est-il passé entre temps ? Le capitaine est souvent sous l’emprise de la boisson, mais tout n’est pas clair d’autant que le voici affublé d’un chien qui le suit partout alors qu’auparavant il n’était accompagné que d’un seul matelot, Tom.

Ceci n’est que l’une des nombreuses ellipses qui dénaturent quelque peu ce roman dont les épisodes s’enchainent comme les grains d’un chapelet. Toutefois, il est étonnant dans ce contexte que les scènes violentes, les pendaisons par exemple, subsistent alors qu’elles auraient pu être édulcorées.

L’édition de 1901, traduction de E. La Chesnais, à la Société du Mercure de France, comporte 384 pages.

Pour ceux qui désireraient lire cet ouvrage en entier, il leur est possible de le télécharger gratuitement et légalement sur le site Ebooks libres et gratuits dont l’adresse figure ci-dessous :

De Robert-Louis Stevenson, on peut également lire :

Robert-Louis STEVENSON : La Flèche noire (The Black Arrow: A Tale of the Two Roses – 1888. Traduction de H. Rouillard). Collection Bibliothèque Juventa. Editions Delagrave. Parution 24 novembre 1965. 160 pages.

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25 septembre 2019 3 25 /09 /septembre /2019 04:37

Elle est à cheval sur les principes…

Georges BAYARD : Cécile prend le mors aux dents.

En stage d’équitation chez le maître de manège Max Lonzac, Cécile et ses amies Juliette dite Juju et Laure, ainsi qu’avec sa grand-mère Herminie, se familiarisent avec les équidés durant les vacances. Des chevaux dociles leurs sont réservés, mais Lonzac en possède d’autres qui participent à des concours de sauts.

Les séances, ou reprises, se font le matin et l’après-midi, dans une bonne ambiance. Seule Laure ne participe pas, préférant s’occuper du standard. Elle est gourmande, manchonnant sans cesse des bonbons, ce qui lui occasionne une surcharge pondérale préjudiciable.

Si Cécile a été amenée à effectuer ce stage, c’est grâce à Herminie qui, ancienne enseignante, avait gardé d’excellentes relations avec bon nombre de ses élèves, dont Geneviève la sœur de Max Lonzac.

Lors d’une reprise, au cours de laquelle participent d’autres élèves, dont monsieur Daronval, un notable de la ville voisine, Cécile est quelque peu intriguée par deux spectateurs qui se tiennent dans les tribunes en compagnies de mères de stagiaires. Un jeune garçon aux cheveux longs et bruns, qui auparavant portait une casquette en sortant de la sellerie. Et surtout Jef Sicar, le conseiller technique d’un autre manège, le club hippique Centaurus situé à l’autre extrémité de la ville. Suite à un accident, Jef Sicar ne peut plus monter à cheval, ce qui ne l’empêche nullement de prodiguer ses conseils.

Cette reprise est assez particulière car un incident rare se produit. Herminie est éjectée de son cheval. La selle avait été mal sanglée selon les premières estimations. Mais Cécile, en examinant la courroie, s’aperçoit qu’il s’agit d’un sabotage. Herminie s’en sort avec une clavicule en vrac, et son stage se termine bêtement. Et par un fait exprès, ou n’est-ce qu’une coïncidence, un agent immobilier signale à Lonzac qu’un acheteur potentiel est prêt à acquérir L’étrier d’argent, son manège dont il n’est possesseur que depuis trois mois. Il est vrai que l’emplacement du manège est intéressant pour un promoteur, mais quand même il ne faut pas abuser de la situation. Et le journaliste localier s’enquiert de cet accident malheureux, ce qui met encore plus en colère Lonzac.

Mais les incidents provoqués sciemment se répètent. Un inconnu se réclamant des Compagnons de l’Avenir, un groupuscule inconnu, lui ordonne de « renvoyer ses bougnoules dans leur pays ». Insistant sur le fait qu’il y a assez de chômeurs en France pour ne pas employer des étrangers, des Algériens qui plus est.

En effet, Lonzac possède à son service un couple d’Algériens et leur fils de quinze ans. Auparavant ils travaillaient pour son concurrent, mais étaient payés au compte-gouttes. Tandis que Lonzac les rétribuent selon les tarifs en vigueur, et leur a promis de régulariser leur situation en effectuant une demande de papiers.

Les événements s’enchaînent et Cécile se réveille une nuit, incommodée par la fumée. Elle et ses amies dorment au dessus d’une grange, et celle-ci est en feu. Elles parviennent à s’extirper des flammes sans dommage mais pendant ce temps Gerda, le cheval de Lonzac avec lequel il devait participer à un concours d’équitation dans le but de se qualifier pour les Jeux Olympiques, a disparu. Les gendarmes sont prévenus mais Cécile et ses amies enquêtent de leur côté, bientôt aidées par un jeune cyclomotoriste qu’elles ont sorti d’un buisson épineux dans lequel il s’était empêtré à cause d’une chute malencontreuse.

 

Ce ne pourrait être qu’un aimable roman pour adolescents, avec le thème porteur du cheval et du monde de l’équitation. Mais le passage sur l’intimidation effectuée par un inconnu à l’encontre de trois pauvres réfugiés algériens, dont le travail donne toute satisfaction à l’écuyer, n’est pas innocent. Et cette déclaration est répétée deux ou trois fois, mais ne se décline que sur quelques paragraphes. Priorité à l’intrigue, mais le message est énoncé clairement.

Pour autant Lonzac ne croit guère à cette menace. Il sent que derrière cet effet d’annonce, c’est son manège qui est en jeu, et surtout le rachat par une tierce personne. Il gêne.

Ce roman date, déjà, de 1984. L’on se rend compte de l’engagement social de l’auteur, mais dans le même temps, que depuis, non seulement rien n’a changé, mais que cela a empiré.

Un message destiné aux jeunes, et peut-être aux adultes qui suivaient depuis des années l’autre série de Georges Bayard, Michel, mais comme souvent, ce ne fut qu’un coup d’épée dans l’eau. Pourtant, et peut-être peu le savent, Georges Bayard fut enseignant et je suppose que dans ses classes, la morale n’était pas aux abonnés absents et qu’il luttait contre le racisme et la ségrégation raciale.

Georges BAYARD : Cécile prend le mors aux dents. Bibliothèque Verte. Editions Hachette. Parution octobre 1984. 160 pages.

ISBN : 9782010102523

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24 septembre 2019 2 24 /09 /septembre /2019 04:10

D’accord, mais par qui ?

René ERBE : Le crime est signé.

Depuis leur création, les Galeries Rivoli n’ont pas changé leur politique commerciale. Seulement, au risque de déplaire à leur clientèle, âgée le plus souvent, le conseil d’administration se résout à accepter et mettre en œuvre les propositions Raoul Déchaux, le conseil en publicité.

Chassagny, l’administrateur délégué depuis 1888, soit plus de trente ans d’exercice, se soumet, non sans rechigner, à remplacer le gaz par l’électricité, à installer des ascenseurs, des machines à calculer. A adopter le modernisme dont se sont déjà inspirés ses concurrents. Car la courbe des ventes dégringole dangereusement, et si un sursaut n’est pas envisagé, c’est la fin des Galeries Rivoli.

Dessinateur en publicité, Alain Ménard est reçu par Charmont, le chef de la publicité des Galeries Rivoli, un ami intime. Ils discutent de l’innovation sensationnelle qui devrait redonner du lustre à ce grand magasin. Une collection d’été, quatre-vingts modèles présentés par les plus élégants mannequins de Paris, dans une ambiance musicale sous le patronage d’un orchestre de jazz dirigé par Fred Sparton, est organisée. Une salle de spectacle a été édifiée à l’intérieur du hall central, avec un immense écran blanc dressé pour la projection des décors, une passerelle suspendue permettant aux mannequins de défiler en sortant des pièces aménagées. Le début de la représentation est imminent.

Un premier incident se produit lorsque les clichés qui devaient être projetés sont retrouvés brisés. Soudain, l’assistant de Charmont leur apprend qu’un meurtre perpétré dans la cabine des mannequins vient d’être découvert. C’était la pause, et seule Raymonde Rouleau ne s’était pas jointe à ses collègues pour se rafraîchir durant l’entracte. Ils croisent Michel de Lapelle, le directeur général, tandis que Mareuil, le chef de la police privée du magasin, les rejoint. Raymonde est affalée sur sa table de maquillage, qui sert aussi de table de démaquillage, un poignard dans le dos. Dans la pièce attenante, la chef habilleuse qui reprise une robe légèrement déchirée, et la femme de ménage, chargée de nettoyer entre les deux représentations, n’ont rien vu. Elles ont juste entendu un petit cri, puis un bruit sourd et une sorte de roulement. C’est la technicienne de surface, qui n’était pas ainsi dénommée à l’époque, qui a découvert le corps.

Alain Ménard est intrigué, et se sent pousser une vocation de détective. D’ailleurs il a l’intention d’ouvrir une agence, mais pour cela il lui faut trouver assez d’argent pour réaliser son entreprise. Quelques soupçons se portent sur Lapelle, qu’il a croisé, mais également sur Fred Sparton, le chef d’orchestre, qui avait rendu visite à Raymonde peu avant. Ils étaient fiancés mais ils ne s’aimaient pas. Pas assez pour se marier, du moins c’est se qui ressort de l’entretien qu’Alain Ménard et son ami Charmont ont avec lui, en compagnie du commissaire de police arrivé sur les entrefaites. Un nouveau personnage s’immisce dans l’enquête, Louvel, l’un des plus anciens clients des Galeries Rivoli, qui durant des années fut détective privé d’une banque importe en Extrême-Orient, et qui parfois aide Mareuil de ses judicieux conseils. Il s’est reconverti comme romancier de littérature policière.

 

Une enquête classique, avec de petits indices placés ça et là, surtout à l’attention de Ménard qui découvre une petite boule de poussière, un mouton, alors que le ménage venait d’être fait.

Mais ce qui ressort principalement de ce roman, ce sont les antagonismes entre anciens et modernes dans la conception de la vente et de l’agencement des magasins.

Pour ne pas avoir voulu évoluer, le responsable des Galeries Rivoli (une enseigne qui ne manquera pas de raviver des souvenirs) se trouve confronté au dilemme d’une régression des ventes. Et lorsqu’il envisage des transformations, c’est le conseil d’administration et les anciens clients qui poussent les hauts cris.

Même si l’on ne peut admettre le modernisme à tout prix, il faut bien avouer que des transformations sont parfois nécessaires, ne serait-ce que pour appâter le chaland.

 

Les habitudes font partie des choses que les gens défendent avec le plus d’âpreté et d’est légitime, répondit en souriant monsieur Louvel. A partir d’un certain âge, on ne conçoit même plus la possibilité d’en changer. Ce qui explique l’obstination farouche que mettent certains vieillards à ne rien modifier aux détails souvent les plus futiles de leur existence.

 

La technique du roman policier demeure toujours identique à elle-même : recommencer l’histoire à l’envers en essayant de camoufler l’assassin.

René ERBE : Le crime est signé. Collection du Dragon vert. Editions Littéraires et Artistiques. Parution 1945. 48 Pages.

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