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3 juin 2020 3 03 /06 /juin /2020 04:38

Le grand feuilleton : Episode 1

Jean de La HIRE : Le long courrier aérien.

En cette matinée du 17 mai, alors qu’il prépare ses leçons pour le lycée, Paul Mandar reçoit une lettre recommandée qu’il s’empresse de lire, sa mère penchée sur son épaule.

Cette missive émane de Maurice Rondet-Saint, le président des boy-scouts de France, qui le convoque pour le lendemain. Paul Mandar est un peu étonné mais toutefois il se présente à l’heure dite, en compagnie de sa mère, à ce rendez-vous inhabituel. Rondet-Saint les rassure et leur dévoile ce qui l’a conduit à mander Mandar.

Un milliardaire américain, James Brackfeller, a décidé de consacrer une somme de dix millions de dollars à la réalisation d’une idée.

Deux équipes de six boy-scouts, l’une française, l’autre anglaise, devront s’affronter dans une course autour du monde, en respectant toutefois quelques règles, simples mais contraignantes. Les deux équipes devront passer obligatoirement par des points géographiques déterminés, et les autorités officielles contrôleront leur passage.

Après le départ, situé à Calais, les deux équipes devront traverser toute la France jusqu’à Menton, passer par Tunis, Lac Tchad et Fort-Lamy, Addis-Abbaba, capitale de l’Abyssinie, Bombay, Pékin, Batavia, Sidney, Santiago de Chili, Caracas de Venezuela, Chicago, Québec, Reykjavik d’Islande, Edimbourg, Douvres et Paris. L’arrivée s’effectuera sous l’Arc de Triomphe, l’équipe première devant entourer la dalle du soldat inconnu. Remise à la clé de la prime promise à une œuvre sociale dont bénéficiera principalement le scoutisme de la nation gagnante : collège, école des Arts et Métiers, ou maison de retraite pour parents pauvres de boy-scouts. Une somme est mise à disposition du comité directeur de la course, afin de pallier les frais du voyage, tant pis si l’une des équipes dépense tout en cours de route, elle devra se débrouiller par ses propres moyens, interdiction leur étant faire de recevoir de nouveaux subsides de la part de qui que ce soit.

D’autres restrictions sont définies dans le règlement, comme définis dans l’article 1 : Les boy-scouts pourront user de tous les moyens de locomotion possible. Toutefois l’automobile et l’aéroplane ne leur seront permis que s’ils sont eux-mêmes mécaniciens et conducteurs.

Naturellement, il n’est pas question d’entraver mutuellement et retarder l’autre équipe, et ainsi de suite.

 

Paul Mandar accepte sans réserve cette proposition, de même que sa mère qui en a quand même un peu gros sur le cœur de voir son fils partir à l’aventure.

Ensuite, il s’agit de constituer l’équipe française qui sera composée de cinq autres boy-scouts issus de diverses régions françaises afin d’équilibrer ce petit groupe. Ainsi sont pressentis Jean Cadénac le Méridional, désigné comme le lieutenant de Paul Mandar, Yves Gallec, le Breton, Pierre Moutiers le Tourangeau, Hubert Mijon le Bourguignon et Jacques Darbois le Picard et Franc-Comtois. Tous auraient pu prétendre au titre de capitaine de route car leur valeur physique et morale, leur charisme, leur offraient cette chance mais il en a été décidé ainsi avec l’aval de tous. La fine équipe se prépare activement, s’initiant à la conduite et au mécanisme des avions ainsi qu’à la science de l’automobile.

Le grand départ est programmé de Calais le 15 juin au matin et le 14 juin au soir Paul Mandar et ses coéquipiers font la connaissance de leurs rivaux menés par John Dogg. Tandis que l’équipe anglaise file vers Menton en voiture, selon les règles prescrites, l’équipe française prend le train, direction Menton, via Paris et Marseille. A Menton, ils récupèrent un véhicule, remplissent les formalités et signent les formulaires attestant de leur passage, puis direction Cuers-Pierrefeu afin d’effectuer la traversée à l’aide d’un dirigeable. Ils ne contreviennent pas à l’article 5 du règlement qui stipule qu’il leur est interdit d’accepter des subsides pécuniaires et de se faire aider par des sociétés privées ou gouvernementales sauf en cas de péril mortel. Le directeur de la société commerciale propriétaire du long-courrier Paris étant un ami du père de Cadénac, une acceptation de passage leur avait été accordée.

Ils vont donc pouvoir s’installer à bord, en seconde classe, et voyager par les airs en direction de Bizerte, destination du dirigeable Paris. Durant le vol, ils sont initiés à l’emploi d’un système innovant de parachute et heureusement car le vol va bientôt être confronté à un violent orage.

 

Si la présentation du règlement de cet affrontement sportif de par le monde prend une grande place dans la narration, ainsi que la présentation de l’équipe française, le départ de la grande aventure qui aurait pu se dérouler presque normalement va connaître rapidement des couacs à cause l’orage au dessus de la Méditerranée. Le dirigeable Paris est atteint par des éclairs et nos boy-scouts l’abandonnent, sous l’injonction de l’équipage, et vont pouvoir mettre en pratique les conseils fournis quant à l’utilisation des parachutes.

Nous retrouverons la suite des aventures et mésaventures mouvementées de ces intrépides adolescents dans le fascicule 2 intitulé :

L'auto attaquée.

 

Jean de La HIRE : Le long courrier aérien. L’As des Boy-scouts fascicule N°1. Voyages et aventures modernes autour du monde. Editions J. Ferenczi & Fils. Parution 5 novembre 1932. 16 pages.

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19 mai 2020 2 19 /05 /mai /2020 03:46

A pied, à cheval, en voiture et tout autre moyen de locomotion…

Jean de LA HIRE : L’As des Boy-scouts.

Reprenant le principe des voyages autour du monde, dont les principaux titres sont bien évidemment Le tour du monde en 80 jours et Cinq semaines en ballon, de Jules Verne, ou encore Les cinq sous de Lavarède de Paul d’Ivoi, sans oublier les nombreux ouvrages d’Arnould Galopin aux titres significatifs tels que Le Tour du monde de deux gosses, Le Tour du monde d'un boy scout, Le Tour du monde en aéroplane, L’As des Boy-scouts de Jean de La Hire s’immisce dans cette veine, reprenant la façon de procéder qui est d’effectuer le tour du monde selon des critères spécifiques.

Mais ce n’était pas la première fois que Jean de La Hire mettait en scène des boy-scouts et l’on peut citer en vrac et dans le désordre :

Le Roi des scouts, Les trois boy-scouts, les grandes aventures d’un boy-scout, Le million des scouts.

Initialement publiée en 1925 en 52 fascicules, de chacun 64 pages (format 13x17,5 cm) chez Ferenczi, cette histoire à épisodes est rééditée du 5 novembre 1932 au 21 octobre 1933 mais dans un format différent. Il s’agit de fascicules de 16 pages format grand in-8 (18x28 cm) avec des illustrations de R. Houy. Certains titres sont identiques, d’autres changent, la loi des rééditions et peut-être de légères modifications des textes l’exigeant.

 

Dans le fascicule numéro 1, intitulé Le long courrier aérien, le lecteur fait la connaissance de Paul Mandar, un adolescent de seize ans qui s’est déjà signalé à plusieurs reprises dans le monde du scoutisme français et international par plusieurs actes de courage individuel. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler tout au long des semaines qui viennent et d’affiner le caractère de cet adolescent qui est décrit comme un jeune homme doué magnifiquement des plus viriles qualités : intelligence, esprit de décision, audace, avec de la prudence et de la bonté, et le sens bien rare chez un garçon de cet page, de l’esprit d’autorité et de discipline.

 

Cet ouvrage est ainsi présenté :

C’est le match sportif des Boy-Scouts français et des Boy-Scouts anglais autour du vaste monde.

Quelles péripéties dramatiques, parfois angoissantes, parfois drôles !... Quelles aventures, avec la mise en œuvre des découvertes et inventions les plus modernes. Quelles épreuves de courage, d’intelligence, de sang-froid, d’adresse, de vigueur.

L’auteur de L’AS DES BOY-SCOUTS n’est autre que M. JEAN DE LA HIRE, universellement connu et estimé, puisque la plupart de ses œuvres, particulièrement celles pour la jeunesse, sont traduites dans le monde entier.

Les aventures de l’As des Boy-scouts vous seront présentées au fil des semaines, dans une périodicité aléatoire (et pourquoi aller à Thouars ?).

Et voici le sommaire alléchant qui devait enthousiasmer bon nombre de jeunes et moins jeunes lecteurs, durant une année, et encore de nos jours pour les nostalgiques :

 

1 : Le long courrier aérien.

2 : L'auto attaquée.

3 : Le siège tragique.

4 : Le défilé suspect.

5 : Angoissant mystère.

6 : La clé du mystère.

7 : L'avion perdu.

8 : La Reine des Touaregs.

9 : Les fauves du lac Tchad.

10 : Au secours !...

11 : Nuit dramatique.

12 : Le drame éthiopien.

13 : La chasse terrible.

14 : La course au bateau.

15 : Le mystère du "Titan".

16 : Mandar détective.

17 : L'aventure hindoue.

18 : Les voleurs de rubis.

19 : Le rubis vivant.

20 : Les cataractes.

21 : Les Pirates Chinois.

22 : Le trésor des Mongols.

23 : La lutte pour la vie.

24 : La Fantasia.

25 : Le terrible Oeil de Lynx.

26 : Mystérieux Yankees.

27 : Au pays des ours.

28 : La ville mystérieuse.

29 : La trombe aérienne.

30 : Le navire maudit.

31 : Les Robinsons polaires.

32 : L'île fantastique.

33 : Les rivaux d'Admundsen       .

34 : L'étreinte du Pôle.

35 : Reprise du match.

36 : Les Djangkangs.

37 : Le duel capital.

38 : L'immense tragédie.

39 : Le temple en feu.

40 : La vengeance des Thugs.

41 : Le serpent de mer        .

42 : Le courant interocéanique.

43 : Le pays des centaures.

44 : La ruée des patagons.

45 : Les captifs.

46 : La tragique poursuite.

47 : Le nouveau sous-marin.

48 : L'énorme guet-apens.

49 : Le suprême départ.

50 : Le dernier drame.

51 : John Dogg, salut!...

52 : Sous l'arc de triomphe.

Jean de LA HIRE : L’As des Boy-scouts. Voyages et aventures modernes autour du monde. Editions J. Ferenczi & Fils. Recueil de 52 fascicules de 16 pages chacun.

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9 avril 2020 4 09 /04 /avril /2020 04:14

Un romancier qui pétille ?

Maurice CHAMPAGNE : Le refuge mystérieux.

Dans la nuit du 17 au 18 juin 1929, La France, un paquebot parti trois jours auparavant du Havre, qui vogue par mer d’huile, se dirige vers New-York.

Le 18, dans la matinée, un garçon chargé du service alerte le commandant de bord. L’un des passagers, l’ingénieur Gérard Aubierne, a disparu. Il a été vu pour la dernière fois vers 22 heures, et dans sa cabine, son lit n’est pas défait. Les recherches entreprises immédiatement restent vaines. Et il est, selon les autres passagers, impossible de songer à un acte suicidaire. Un autre passager manque lui aussi à l’appel, le docteur Soudraka, un Hindou de Calcutta. Deux disparitions simultanées incompréhensibles.

La relation de cet événement est relatée par Gérard Aubierne lui-même.

Débute alors la narration de cette mystérieuse aventure par le héros lui-même.

Désemparé par un chagrin d’amour, Gérard Aubierne, alors qu’il rentre un soir chez lui, est abordé par un Hindou qui prétend se nommer Soudraka. Et dans le discours qu’il lui tient, Aubierne retient cette phrase : Il vous importe peu de vous tuer à telle heure plutôt qu’à telle autre.

Puis l’homme l’emmène chez lui et la conversation qui s’ensuit est assez édifiante. Soudraka connait un certain nombre de choses sur l’ingénieur, dont sa peine de cœur. Et c’est ainsi que quelques jours plus tard, Aubierne, entraîné par Soudraka, quitte le paquebot à bord duquel ils voyagent, accrochés l’un à l’autre par un filin. Ils plongent dans l’océan et sont récupérés par un hydravion. Aubierne est invité à boire une boisson relaxante, et lorsqu’il se réveille, il se trouve dans un appartement luxueux. Des toiles de maîtres sont accrochées et un portrait, celui de sa bienaimée qui l’a quitté, est déposé sur un meuble.

Bientôt il fait la connaissance dans la salle à manger des autres résidents, sept étrangers de nationalités différentes. Deux Russes, dont une jeune femme, un Argentin, un Américain, un Hollandais, un Japonais et un Espagnol. Tous ces personnages se côtoient sans véritablement entretenir de relations amicales. Il règne même une certaine froideur. Un serviteur Hindou pique une fiche sur un panneau. Un nom et une date sont inscrits sur cette fiche. Le Japonais laisse tomber ces quelques mots : Mort cette nuit.

Aubierne découvre qu’il voyage à bord d’une île flottante, ne comportant ni faune ni flore. L’île des Désespérés. Une plaque métallique comme celle du pont d’un porte-avion, et posé dessus un hangar contenant l’hydravion. Tout autour de cette île, la mer, l’océan Pacifique, immense vivier à requins. Soudraka lui apprend que cette île se déplace à l’aide d’un moteur à radium, une invention de l’un des ses frères. Et l’un des Russes les quitte, appelé à subir une expérience.

Des liens se tissent, qui ne sont pas encore d’amitié, entre Aubière et le Japonais, ou avec Nadia, la frêle jeune femme russe. Mais Aubierne est impressionné, lorsque déjeunant en compagnie du Japonais et de Soudraka, un panneau glisse dévoilant un immense aquarium. Un aquarium qui entoure l’île plongée dans les profondeurs sous-marines. La salle est plongée dans le noir, et le confinement ne semble pas encourager les relations entre certains des convives. Un cri, Nadia dressée avec à la main un couteau à dessert, et à quelques pas l’Argentin un filet de sang sur la joue.

 

Ce roman n’est pas sans rappeler deux ouvrages de Jules Vernes, 20 000 lieux sous les mers et L’île à hélice, mais traité différemment, comportant une intrigue qui n’a rien à voir avec ces deux ouvrages. Juste une analogie avec le décor et cet engin qui ressemble à un immense sous-marin. Et le confinement forcé de quelques personnages. Mais le contexte est différent, et la pagination ne permet pas un développement à la façon de Jules Verne.

Aussi, les motifs qui animent le docteur Soudraka et ses frères est-il passé sous silence. L’on sait juste qu’ils s’adonnent à des recherches scientifiques médicales, et qu’ils pratiqueraient à des vivisections, selon l’un des confinés.

Mais ce qui importe, ce sont les relations qui s’établissent entre ces candidats potentiels à la mort, ayant eu à subir des épisodes douloureux, affectifs ou financiers, précédemment. Chacun réagit selon sa sensibilité, ou son manque de sensibilité, son courage devant l’adversité et le fait accompli.

Et la jalousie guide certains des personnages, alors qu’entre Nadia et Aubierne le narrateur s’ébauche une histoire d’amour. L’épilogue est un peu tiré par les cheveux mais les actions qui amènent à ce dénouement sont dignes de scènes cinématographiques.

Un bon moment de détente dans ces temps qui conduisent à la morosité.

Maurice CHAMPAGNE : Le refuge mystérieux. Collection Livre d’aventures. N.S. N°35. Editions Tallandier. Parution 1938. 64 pages.

Première édition Collection Voyages lointains et Aventures étranges. N° 25. Parution 1928.

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18 mars 2020 3 18 /03 /mars /2020 05:29

Sans fleurs ni couronnes…

Francis RICHARD : Regrets éternels.

Depuis quelques temps, le Vieux semble se ramollir. Il n’a plus autant d’allant, d’entrain, regarde évasivement le plafond, ne répond pas ou à contresens à ses interlocuteurs.

C’est ce que remarquent Francis Richard, agent secret, et son collègue Madrier dit Merdouille à cause de sa propension à utiliser ce terme à tout propos.

La cause de cette conduite inhabituelle réside en une phrase : Valsetti n’est pas mort. Le Vieux l’a rencontré et il ajoute qu’il envoie son meilleur souvenir à Francis Richard. C’est impossible pense celui-ci qui est tout éberlué mais ne précise pas le pourquoi. Valsetti était un agent de l’autre bord et il est mort. Et si Richard en est persuadé, c’est parce lui-même a appuyé sur le revolver fatal. Mais pour tous, il s’agit d’un meurtre imputé à un inconnu.

Donc Valsetti serait vivant. D’ailleurs Richard est convié à une séance de spiritisme chez un voyant nommé Eliphelme de Saint-Phaas. Un nom qui provoque un rire inextinguible chez l’agent qui se souvient de ses lectures, et plus particulièrement du roman La Double vie de Théophraste Longuet, de Gaston Leroux, roman dans lequel évolue le personnage de d’Eliphas de Saint-Elme.

La séance se déroule donc chez le voyant mais Richard ne découvre aucun trucage, aucune supercherie. L’homme se contente de taper sur sa table avec ses doigts, comme s’il était animé par le mort s’exprimant en Morse. Et il repart chargé d’une mission, récupérer des documents dans un fauteuil arrière d’une voiture. Seulement l’opération se déroule en queue de poisson et Olga, celle qui fut la maîtresse de Valsetti fait sa réapparition. Richard est même kidnappé mais il parvient à s’échapper, dans des circonstances heureuses.

Il découvre que Eliphelme de Saint-Phaas, un alias, est hypnotisé dans un salon de coiffure, recevant ses informations sous un casque-séchoir. Ses pérégrinations l’amènent à soupçonner soit la gérante, soit l’employée. Alors en compagnie de Merdouille, pardon de Madrier, il s’élance sur leurs traces, mais il y aura de la viande morte au bout du chemin.

 

L’intrigue de ce roman mi-espionnage, mi-policier, est particulièrement tarabiscotée, mais l’auteur, Francis Richard qui donne son nom au héros, s’en sort avec les honneurs. Si certains de ses romans ne sont guère convaincants, celui-ci tient bien la route et n’a pas vieilli, même si, publié de nos jours, il faudrait procéder à quelques rectifications et à des ajustements. Et il existe une bonne dose d’humour qui cache quelques faiblesses. Mais aussi une grande part est dédiée au hasard, hasard sans lequel les romanciers populaires n’arriveraient pas à imaginer leurs intrigues.

Sous le pseudonyme de Francis Richard se cachait Paul Bérato, plus connu sous les alias d’Yves Dermèze, pour des romans en tous genres allant du policier au roman de cape et d’épée, et de Paul Béra, grand fournisseur des collections Angoisse et Anticipation du Fleuve Noir.

Francis RICHARD : Regrets éternels. Collection Service Secret 078 N° 31. Editions S.E.G. Parution 3e trimestre 1961. 96 pages.

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10 mars 2020 2 10 /03 /mars /2020 05:05

Ce soir j’attends Madeleine…

Léopold REMON : Madeleine du faubourg.

Un regard au hasard d’un croisement dans une rue, un matin de décembre neigeux et froid, ce fut tout et pourtant ce fut beaucoup.

Se rendant à pied comme tous les jours à son travail de bureaucrate, Roger Perrin croise la route d’une jeune fille qui le regarde non point avec insistance mais non plus avec indifférence.

Les jours suivants, le même manège se produit, et ce regard prend une signification particulière qui l’amène à observer plus attentivement cette passante qui passe. Une aguicheuse ?

Quoi qu’il en soit, ils se croisent souvent, et un jour il la suit jusqu’à son travail. Puis le soir, même manège et ils sont amenés à échanger quelques mots. Puis ce sont de longues conversations, une relation qui s’établit comme entre deux jeunes gens qui se sentent attirés l’un vers l’autre. Elle avoue avoir dix-huit ans, lui frôle la trentaine. Ce n’est pas rédhibitoire.

Ce qui l’est plus, c’est qu’il a oublié de lui avouer qu’il était marié et avait un enfant. Elle s’en rend compte lorsqu’un jour elle l’aperçoit en compagnie de sa petite famille.

 

Paul Norvès est l’un des plus vieux amis de Roger Perrin, mais depuis quelques mois, il végète, car il lui est arrivé la même mésaventure, mais à l’envers.

En effet l’un de ce qu’il supposait être un ami, et qui lui demandait souvent de l’argent, lui promettant de le rembourser plus tard, quand il serait en fond, l’un de ses amis ne s’est pas contenté de lui prendre de l’argent sous des prétextes fallacieux, mais il a aussi emprunté sa femme. Et pourtant celle-ci connaissant la situation, s’était enfuie avec son amant. Un coup rude dont il ne se relève pas.

 

Un court roman dans lequel sont imbriqués deux histoires d’amour ayant pour protagoniste le personnage de Roland Perrin. Si les deux histoires sont différentes et pourtant similaires à la base, elles se complètent mais avec des finalités divergentes. L’une se termine bien, l’autre se clôt dans la tragédie.

D’un côté l’homme marié qui tait son statut familial, de l’autre la femme volage qui part avec un homme qui spolie son mari. Pas très moral tout cela mais si représentatif de la vie.

Cependant j’émets quelques réserves car Madeleine si elle se montre aguicheuse, l’auteur commet toutefois une petite erreur. Au début Roland Perrin lui donne au moins vingt ans, sinon un peu plus. Or elle avoue n’en avoir que dix-huit. Seulement, lorsque la femme de Perrin rencontre la mère de Madeleine, celle-ci est toute étonnée car sa fille n’a que seize ans. Je sais que parfois certaines jeunes filles paraissent un peu plus que leur âge, qu’elles sont plus matures, mais quand même. Ce n’est pas tant son côté de jeune séductrice qui est à mettre en avant, après tout elle ne sait pas que Roland est marié, et donc que la faute en incombe à l’homme, mais cette propension à vouloir séduire les mâles à un âge qui n’est plus consacré aux poupées, mais pas encore à la drague. Du moins à cette époque. Et c’est toujours l’homme qui est fautif au bout du compte.

 

Sous le pseudonyme de Léopold Rémon se cachait René Poupon, l’un des grands fournisseurs de petits fascicules chez Ferenczi.

Léopold REMON : Madeleine du faubourg. Collection Le Roman d’amour illustré N°19. Editions Ferenczi et fils. Parution le 11 juin 1932. 32 pages.

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12 février 2020 3 12 /02 /février /2020 05:55

Peut-être est-ce un poète ?

Max-André DAZERGUES : Le Bossu est dans la Lune.

Comme bien souvent, la mer est démontée dans les parages de l’île d’Ouessant, et nul ne sait quand elle sera remontée comme le signalait Raymond Devos.

A bord de l’Armoric, le capitaine Canaille (déformation de son véritable nom de Kharnouailles mais un surnom qui n’est pas usurpé) presse ses matelots de mettre un canot à la mer. Yves Plougarel, marin de confiance, doit conduire jusqu’à une petite crique un passager qui a payé largement la traversée depuis l’Irlande. Il s’agit du Bossu, alias Martial Lucas, un insaisissable malfaiteur.

L’esquif brave les éléments et le Bossu est débarqué sur le continent, au pied des falaises à l’Anse des Farfadets. Tandis qu’Yves Plougarel attend tranquillement que son passager revienne, le Bossu grimpe l’escarpement rocheux, presqu’abrupt, puis se dirige vers une maisonnette isolée et perdue dans la nature.

Il est attendu par le professeur Foxa, un alias en référence au docteur Ox de Jules Verne, qui doit lui remettre des plans. Le savant travaille également sur l’énergie nucléaire et la bombe atomique, mais ce sont bien des documents secrets sur une fusée interplanétaire que le Bossu achète pour le compte d’une tierce personne.

Deux hommes sur la falaise surveillent les horizons, cachés derrière des rochers. Ils remarquent le bateau stationné, puis le débarquement de la chaloupe et la montée du Bossu. Marco, l’un des deux hommes, descend le raidillon, surprend Yves Plougarel qui attend le retour du Bossu et il l’assomme. Puis il rejoint son compère Andy et les deux hommes se dirigent vers la maisonnette du docteur Foxa. Ils croisent le Bossu qui ne les voit pas et redescend vers l’Anse des Farfadets, puis ils s’introduisent chez le savant et l’embarquent à bord d’un véhicule. Ils déclarent qu’une certaine madame Hetlinger, malade, le réclame à Rennes.

 

Peu avant, à Paris au siège de la Police Judiciaire, une jeune fille prolongée, Mlle Berges, fait tout un foin. Elle désire parler à l’inspecteur Courtois, qu’elle connait bien pour l’avoir eu comme locataire quelques temps auparavant. Elle désire signaler la disparition de sa nouvelle locataire, une certaine madame Hetlinger, qui n’a pas donné de ses nouvelles depuis quatre jours. Elle applique la consigne que cette dame avait donnée. Le commissaire Guerlandes, amusé, assiste à cet entretien. Et c’est ainsi que les deux policiers se rendent à Rennes à la recherche de cette fameuse dame.

 

Roman policier et roman d’espionnage, Le Bossu est dans la lune est la septième aventure de Martial Lucas alias le Bossu narrée dans cette collection Le Verrou.

Un roman qui ne manque pas de péripéties, de rebondissements en tous genres, avec des personnages qui se croisent, ne se voient pas, s’ignorent presque, qui ne se connaissent pas, et qui agissent pour des raisons personnelles, distinctives, interférant par la bande. Un roman qui pourrait être la somme de deux histoires qui se rejoignent via le personnage du Bossu, individu bien connu des services de police et plus particulièrement du commissaire Guerlandes et de l’inspecteur Courtois.

A mon avis, ce n’est pas le meilleur de Max-André Dazergues, mais c’est toutefois un roman plaisant à lire, qui permet de passer le temps agréablement, ce qui était bien le but des publications populaires.

 

Max-André DAZERGUES : Le Bossu est dans la Lune. Collection Le Verrou N°66. Editions Ferenczi. Parution 2e trimestre 1953. 96 pages.

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2 février 2020 7 02 /02 /février /2020 05:53

Fais comme l’oiseau…

R. & R. BOREL-ROSNY : T’as vu ça d’ta fenêtre !

Pensait-elle que sa carrière allait décoller en se jetant par la fenêtre, rien n’est moins sûr.

La pauvre Gina de Sarlande, jeune chanteuse pleine d’avenir est projetée du cinquième étage et s’écrase sur le bitume. En général, on ne s’en relève pas. C’est Rosette, dite Rosie, qui en voulant baisser le store de la fenêtre de sa chambre d’hôtel sise au quatrième étage, a aperçu le corps tomber alors que deux mains poussait Gina. Du moins c’est ce qu’elle déclare à Maxie les Belles dents, son compagnon qui se prélasse sur le lit en se plaignant de la chaleur de ce mois de juin.

Les policiers, arrivés rapidement sur place, pensent d’abord à un suicide. La porte est fermée de l’intérieur, c’est le taulier, le gardien des clefs, qui leur ouvre. Nouvelle surprise, la fenêtre est fermée ! Le meurtre semble indiscutable. Mais comment à pu réaliser son forfait le meurtrier que nul n’a aperçu. Ni Rosie, entraîneuse dans un cabaret, ni Maxie qui se fait entretenir et entretenait des relations douteuses avec Gina, ni Albert Lepreux, l’hôtelier, ni Zulma sa compagne qui vaquait au rez-de-chaussée. Les complications de ce genre sont réservées à la Criminelle et l’inspecteur Tiburce est chargé de cette enquête.

Il commence ses investigations en s’entretenant avec Rosie, qui a aperçu de sa fenêtre le vol plané, ainsi que Maxie qui était vautré sur le lit. Rosie le soupçonne d’avoir eu des relations avec la défunte, mais il ne peut être coupable puisqu’il était dans sa chambre en compagnie de Rosie, qui est sure de reconnaitre les bras qui empoignaient Gina. Puis Tiburce interroge Albert Lepreux, le patron des Deux cigognes, l’hôtel où s’est déroulé le drame, et sa compagne Zulma, une forte femme. Il est notoire qu’Albert se rendait assez souvent dans la chambre de Gina pour régler certains problèmes, ce qui attise la vindicte de Zulma. Toutefois Albert résout une partie de l’énigme de ce possible meurtre en chambre close.

Il remarque le manège d’une toute jeune fille aux cheveux courts qui traîne dans les environs de l’hôtel puis à la brasserie où Tiburce déguste une choucroute en compagnie de Fredy Marlin, un ami souvent en délicatesse avec les forces de l’ordre. La gamine s’éclipse et Tiburce aimerait lui poser quelques questions aussi charge-t-il Fredy de la retrouver, ce qui n’est guère difficile à cet habitué de Saint-Germain-des-Prés.

La gamine récupérée par Fredy et amenée à la brasserie afin de ne pas l’effaroucher, confie à Tiburce qu’elle s’appelle Pierre – choix de son père poète méconnu et aux idées baroques, surnommé l’homme aux chats puisqu’il en possède neuf qu’il promène souvent en laisse – et sa sœur avait, elle, été prénommée Trujillo. Mais celle-ci avait changé de nom adoptant le nom de scène de Gina de Sarlande. Quant à leur mère, elle est partie dix ans auparavant avec un noir, abandonnant le foyer familial.

Alors Tiburce continue son enquête mais en dilettante, mais comme il est pris par ailleurs il demande à Fredy de le suppléer dans ses recherches, ce que le jeune homme fait avec plaisir et pugnacité. D’autres personnages s’immiscent dans cette intrigue, dont un jeune qui fréquentait Gina mais dont Pierre est amoureuse.

 

Le couple Robert et Raymonde Borel-Rosny propose une enquête qui s’avère simple dans l’esprit du lecteur, qui est persuadé connaître l’identité du coupable. Mais la solution à triple détente offre un épilogue inattendu et bien amené prenant à contre-pied le lecteur.

Saint-Germain-des-Prés du début des années cinquante sert de décor, époque aujourd’hui révolue mais qui génère quelque nostalgie.

Evidemment au moment de sa parution, ce roman n’avait pas ce côté historique, mais plus de soixante ans plus tard il devient un témoignage permettant de se remémorer un pan de la capitale réservé aux artistes en tout genre, même si cela n’est abordé que par la frange sans appesantir le récit. Les auteurs décrivent ce qu’ils observent, le vivant de près.

 

Les cafés grouillaient d’une populace miteuse et ne recélaient rien dans leurs salles enfumées que des tas de petites filles aux pantalons collants […] et des garçons aux pantalons identiques, tout aussi collants sur les fesses. Ce qui différenciait les garçons des filles, c’était la longueur des cheveux. Seulement, les garçons avaient les cheveux trop longs dans le cou et les filles trop courts. Presque tondus, ils mesuraient à peine un centimètre. De quoi déconsidérer à tout jamais le cher J.-P. Sartre, et aussi Gréco qui avait lancé la mode des mèches raides et sales qui descendent jusqu’à la taille.

 

R. & R. BOREL-ROSNY : T’as vu ça d’ta fenêtre ! Collection Le Verrou N°69. Editions Ferenczi. Parution juin 1953. 96 pages.

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21 janvier 2020 2 21 /01 /janvier /2020 05:51

Une fleuriste à qui l’on ne fait pas de fleurs…

Léo GESTELYS : Une enfant de Paris.

Désireux d’acheter des fleurs pour une cérémonie de fiançailles, Fernand est ébloui par Ginette, la jeune vendeuse. Elle est encore plus belle que les plantes qu’elle propose : roses, œillets, orchidées…

Il en veut tout un bouquet et lui demande une composition florale, comme si c’était pour elle. Ginette s’exécute mais bientôt sa patronne, une personne acariâtre, l’appelle du fond de la boutique. Fernand quitte l’échoppe avec son bouquet serré sur sa poitrine, à la façon d’une nourrice berçant un bébé.

Ginette doit livrer une parure de fleurs naturelles chez mademoiselle Monique de Berteval. Monique est issue d’une riche famille demeurant dans le quartier. La course ne sera pas trop longue. Et lorsqu’elle arrive chez sa cliente, Ginette peut se rendre compte qu’un véritable essaim de couturières, de femmes de chambre et petites mains sont aux pieds de Monique, la parant, l’habillant, jouant des aiguilles et des dentelles.

Ginette est priée de se rendre dans le cabinet de toilette de Mademoiselle en attendant de disposer ses œillets roses sur la robe et les affutiaux de la fiancée. C’est à ce moment qu’est annoncé monsieur Fertèze, Fernand de son prénom, précédé d’un bouquet de fleurs.

Toute étonnée, Ginette se trouve face à son client. Etonnement qui ne dure guère car elle est renvoyée dans ses foyers, où plutôt à sa boutique, n’ayant plus rien à faire dans la pièce et devenant même encombrante. Mais Fernand semble plus intéressé par cette jeune fille simple que par sa fiancée capricieuse.

Le dimanche se passe et le lundi matin, Ginette a la douloureuse surprise de se voir convoquée au commissariat. Elle est accusée d’avoir volé un bijou lors de son passage chez Monique. Fernand, prévenu, ne met guère de temps à confondre le (ou la) coupable de ce forfait, pour autant Ginette est renvoyée par sa patronne. Un affront que sa mère ne supporte pas et Ginette est obligée de se réfugier chez une amie qui vit avec un peintre à la notoriété naissante.

Mais ses malheurs ne sont pas terminés.

 

Dans un registre simple, ce roman sentimental inédit propose une enquête policière rapidement résolue et non pas par des policiers.

Pourtant Ginette porte cette honte sur son front. L’accusation portée contre elle, si elle se révèle fausse, ne lui en est pas moins néfaste. Elle est renvoyée par sa patronne, par sa mère, et malgré ses dénégations, personne ne veut la croire. Même lorsque le bijou est retrouvé.

Léo Gestelys met l’accent sur ce qui constitue le contraire de ce qui devrait être. L’accusée obligée de se défendre alors qu’aucune preuve de sa culpabilité est démontrée, pis, elle est rejetée même si son innocence est prouvée malgré tout par la suite, car il ne fait pas bon d’avoir été convoquée par la police. Comme une tache indélébile alors qu’elle est pure comme les fleurs qu’elle vend.

La morale est sauve, mais la fréquentation forcée de la police laisse souvent des traces.

Léo GESTELYS : Une enfant de Paris. Collection Le Petit Roman N°488. Editions Ferenczi. Parution le 16 octobre 1936. 32 pages.

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17 janvier 2020 5 17 /01 /janvier /2020 05:08

O Corse île d'amour
Pays où j'ai vu le jour
J'aime tes frais rivages
Et ton maquis sauvage…

Gustave GAILHARD : La fille du bandit.

Le petit village de Campolino, sis quelque part dans un coin perdu de l’île de Beauté, est en deuil.

Gelcomina Malati vient de décéder et les pleureuses se tiennent autour du cercueil, égrenant leurs lamentations et leurs souvenirs. Un homme regarde discrètement par la fenêtre. Parmi ceux qui se recueillent, Matteo Malati, son mari, maire de la commune, propriétaire de deux scieries. Et la fille Giovanna, réputée pour être la plus belle fleur du canton avec ses dix-huit printemps arborés fièrement.

Une vieille femme, ayant terminé son service de veille et de recueillement, sort de la maison en deuil. Elle est abordée par Nazarello, l’homme qui regardait à travers les carreaux. Il est en fuite depuis de longues années après avoir exécuté une vengeance. Le hors-la-loi demande à celle qu’il nomme Assunta et fut la mère de son ami, traitreusement assassiné et dont il vengé la mémoire, de déposer discrètement un scapulaire dans le cercueil de Gelcomina. Assunta accepte.

La célébration mortuaire se déroule sans incident notable. Matteo depuis ce décès est songeur tandis que Giovanna est réconfortée par son ami de cœur, Paolino. Ils sont jeunes, ils s’aiment. Mais, malgré son statut de contremaître dans l’une des scieries de Matteo, il ne peut prétendre épouser Giovanna. En effet le père de la jeune fille préfère qu’elle se marie avec Enrico.

Et Enrico surprend les jeunes gens en plein conciliabule amoureux. Enrico est jaloux et il provoque Paolino avec son couteau. Le drame éclate. Enrico reste sur les pierrailles du maquis et Paolino est suspecté de meurtre alors qu’il ne s’agit que d’un malheureux accident.

Heureusement Nazarello le hors-la-loi veille au grain, mais pour autant Paolino sera-t-il disculpé et quel sera son avenir avec Giovanna ? Et qu’adviendra-t-il de Nazarello ?

 

Le titre de ce roman est assez ambigu car l’épilogue ne confirme pas ce que le lecteur pourrait attendre de cette affirmation. Comme si l’auteur ne désirait pas expliquer davantage ce qu’il sous-entendait au départ, ou comme s’il s’était rétracté.

Le personnage de Nazarello est présent comme une ombre furtive, fugitive, et pourtant il imprègne les esprits à cause de son passé d’assassin présumé.

Pour autant, qui n’est pas considérée comme un roman d’amour mais un roman dramatique, cette historiette est agréable à lire, nous plongeant dans le système d’une vendetta ancienne agrémentée d’une double histoire d’amour. Mais il est difficile d’en écrire plus, sauf à déflorer l’intrigue et l’épilogue.

Comme on n’est jamais si bien servi que par soi-même, il faut rappeler que Gustave Gailhard, auteur de fascicules et de romans chez Ferenczi, était en même temps directeur de collection chez le même éditeur. Pourtant il avait débuté chez Fayard et a fourni parallèlement des romans chez Tallandier.

Dans Panorama du roman historique, style et langage Éd.SODI, 1969, Gilles Nélod écrit : Gustave Gailhard, comme Albert Bonneau, a ouvert l’éventail des époques et des lieux. Ses romans, souvent longs, assez mal bâtis, cherchent les situations paroxystiques, les supplices atroces, les amours impossibles.

Ce n’est pas l’impression d’ensemble dénoncé par Gilles Nélod que reflète de ce roman, et peut-être faudrait-il lire d’autres romans pour se forger sa propre opinion. Mais le lecteur n’est pas obligé d’abonder dans le sens d’un critique littéraire, les goûts divergeant selon le lectorat, et il peut posséder sa propre sensibilité sans être obligé de suivre telle ou telle ligne imposée par un analyste.

 

Gustave GAILHARD : La fille du bandit. Le Petit Roman N°657. Editions Ferenczi. Parution le 2 juin 1938. 32 pages.

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12 janvier 2020 7 12 /01 /janvier /2020 05:11

Attention au naufrage !

Max-André DAZERGUES : La barque d’amour.

Béatement allongés sur le sable, Yves KHerdan, marin pêcheur, et Anne-Marie, fille de pêcheur, devisent tranquillement de l’avenir. Ils sont amoureux et théoriquement, si tout va bien, ils vont se marier. Le soir, ils vont en mer à bord de l’Amphitrite, la frêle embarcation d’Yves, et ils passent le temps en déclarant leur amour et en s’embrassant.

Ils ont vingt ans, tout l’avenir est devant eux, ainsi qu’un peintre qui va changer leur destinée. En effet, Fernand Leduc, en apercevant les tourtereaux, a décidé de les coucher sur une toile. Plusieurs séances seront nécessaires, aussi leur donne-t-il rendez-vous le lendemain matin pour une nouvelle séance de pose.

Leduc raconte le soir même à Pierre Séruze, un ancien condisciple et jeune créateur de mode dont la réputation a franchi les frontières, cette rencontre. Mais comme il ne sait pas encore quel titre attribuer à sa toile, le tailleur parisien lui propose de l’accompagner. Tout de suite Séruze est ébloui par la joliesse et la fraîcheur d’Anne-Marie mais c’est lors d’une fête d’un Grand Pardon, alors qu’elle est habillée en costume local rustique, qu’il décide qu’elle doit devenir sa proie.

Il est descendu au Palacium, un établissement de luxe, et organise dans les salons du Chalet Blanc, un défilé de mode. Anne-Marie est conquise et accepte la proposition de Séruze de l’accompagner à Paris. Elle n’apprécie pas vraiment la mer et la capitale l’attire comme les phalènes le sont par la lumière.

Alors, malgré les objurgations de ses parents, et d’Yves qui est malheureux, elle accompagne Séruze à Paris et installée dans un hôtel particulier, deviendra rapidement sa maîtresse. Les semaines passent, et Séruze décide de se rendre sur la Côte d’Azur, où il possède un yacht, en compagnie d’Anne-Marie et de ses amis Maxime Fédéry, l’auteur de pièces de théâtre, et Frieda Berck, la comédienne. Et point n’est besoin d’avoir un texte pour que Frieda joue la comédie, surtout dans la vie.

Pendant ce temps, Yves, désabusé et meurtri dans son cœur, décide de s’engager dans la Marine de Guerre. Il embarque à bord du Patricia et peu après il se retrouve en rade de Toulon.

Or, alors que Séruze et compagnie visitent la Patricia, Anne-Marie retrouve par hasard Yves. Les deux jeunes gens se donnent rendez-vous le soir même mais ils ne savent pas que Frieda a entendu leur conversation.

 

Le style de Max-André Dazergues rappelle à cette époque celui d’Albert Bonneau : des points de suspension pour terminer les phrases, et de nombreuses répétitions.

Ce suprême accord du jazz en délire marquait au reste l’interruption du bal, et l’instant suprême était arrivé…

Ainsi le mot rustique est décliné au moins une dizaine de fois dans les vingt premières pages.

Une histoire d’amour certes, mais pas que, car l’auteur met l’accent sur l’attrait néfaste de la capitale auprès de petites provinciales naïves, encouragées par de riches Parisiens qui ne pensent qu’à les mettre dans leur lit.

La morale est sauve mais il faudra qu’Anne-Marie passe par de nombreuses épreuves tout autant psychiques que physiques, et Yves lui-même ne se relèvera pas sans être blessé moralement et corporellement.

Si le début de ce roman, que l’on pourrait qualifier de jeunesse, est quelque peu mièvre, ce sont la suite et l’épilogue qui valent le détour.

 

Max-André DAZERGUES : La barque d’amour. Collection Le Petit Livre N°884. Editions Ferenczi. Parution le 15 octobre 1929. 96 pages.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
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