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25 mars 2018 7 25 /03 /mars /2018 08:37

Plus difficile à digérer que le temps des cerises !

Hervé MESTRON : Le temps des râteaux.

Si vous n’avez jamais été adolescent, vous ne pourrez comprendre dans quelles affres se débat Edouard, le jeune narrateur.

Il est complètement accroché à ses écrans, jeux-vidéo et autres nouvelles occupations favorites liées à l’informatique. Il oublie de se laver, de ranger sa chambre, mange de tout c’est-à-dire d’aliments propices à lui enrober la taille, et surtout, surtout, sent pousser en lui comme une émergence printanière qui se traduit par une germination faciale peu glorieuse nommée acné juvénile. Et comme il fréquente un dentiste-bijoutier qui lui a posé des bagues sur ses dents, il n’est guère avantagé par Dame Nature. C’est surtout auprès des filles, et principalement de Nicoline, sa copine de classe, qu’il se ramasse des gamelles à la pelle. Faut dire que de plus il a grandi ces derniers mois et ses pantalons ont subi un feu de plancher. Quant aux études, mieux vaut ne pas en parler, cela relève du domaine de l’utopie.

Alors sa mère a l’idée lumineuse de l’emmener chez le toubib, lequel sort de son arsenal médical une autre idée lumineuse. Edouard doit marcher, ce qui lui fera perdre une surcharge pondérale disgracieuse, et l’éloignera des écrans qui lui polluent le cerveau. Il doit effectuer dix mille pas quotidiennement. Seulement dans la rue, sans but, ce n’est pas vraiment une sinécure. Alors sa mère lui propose, lui impose n’hésitons pas à le dire, de promener un chien. D’ailleurs, tout petit, Edouard a possédé un chien, Paulus, véritable peluche vivante qui veillait sur lui. Edouard ne s’en souvient pas, il n’avait que six mois, et à cet âge, la mémoire est extrêmement volatile.

Et le voilà, marchant dans la rue, dans le sixième arrondissement parisien, avec au bout d’une laisse une adorable petite Yorkshire répondant au nom de Princesse Butterfly. Seulement, ce qui n’était pas prévu au programme, Princesse Butterfly parle ! Il faut s’y faire, et surtout ne pas se moquer ou émettre des réflexions désobligeantes, sinon Princesse Butterfly fait la tête. Dans ce cas, il faut se conduire comme un chien, je veux façon canidé, au risque que les passants vous prennent pour un débile.

Toutefois il existe une compensation à ce travail de marcheur canin, deux mêmes si je compte bien. D’abord Edouard est rémunéré, ce qui n’est pas négligeable. Pas beaucoup mais le prix des cigarettes étant en expansion exponentielle, il n’est pas obligé de requérir de l’argent de poche qui lui serait peut-être refusé. Ensuite, et c’est ce qui est le plus intéressant et agréable, c’est qu’Edouard rencontre Nicoline qui promène Bémol, un Labrador appartenant à son grand-père. Princesse Butterfly et Bémol, après les travaux d’approche obligatoires pour la gent canine, c’est-à-dire se renifler la truffe et l’arrière-train, s’entendent à merveille, ce qui donne des idées à Edouard. Pas de renifler la truffe de Nicoline, il n’est pas mufle à ce point, mais d’envisager de passer sa vie avec elle.

 

Sous des dehors humoristiques, amusants, voire futiles se cache un regard acéré sur le monde moderne, sur les relations parfois conflictuelles entre adultes et adolescents, et inversement non proportionnel, sur les problèmes des familles monoparentales.

Car Edouard n’a pas connu son père, et à part sa mère, il ne voit que Gazou, sa tante. Evidemment l’environnement masculin lui fait défaut, pourtant il ne ressent pas de manque. Le problème, c’est que sevré d’écran, il en aurait oublié l’ordinateur. Et quand sa mère lui demande de réparer le sien qui s’est planté, Edouard se rend compte qu’elle visite régulièrement des sites de rencontres.

Edouard, malgré son attirance manifeste pour Nicoline et son envie de lui faire découvrir une chambre d’hôtel, est resté naïf. Cette naïveté l’amène à se conduire comme un imbécile, et quand un prof, ou une prof, se rend compte de ses agissements qui ne sont guère tolérés de la part d’un individu responsable, il soit se rendre dans le bureau du CPE, ce qui entache sa réputation.

Un roman pour adolescent, oui, mais également destiné aux adultes qui se rendront compte que la vie d’un jeune n’est pas un long fleuve tranquille dans l’apprentissage de la vie, et qu’il faut parfois réviser des jugements préfabriqués.

 

Il y avait sûrement un message dans ce que m’avait raconté ma mère. C’était le point de vue d’une femme. En gros, la vie devait commencer par un bon râteau, si on voulait, un jour, espérer rouler des pelles.

 

 

Hervé MESTRON : Le temps des râteaux. Editions Zinedi. Parution le 15 mars 2018. 140 pages. 14,90€.

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24 mars 2018 6 24 /03 /mars /2018 09:04

Des protocoles pas vraiment protocolaires…

Fabrice PICHON : Protocoles fatals.

Savent-ils ces deux amoureux qui viennent de sortir d’un appartement cannois en ce mois de mai 1995, où ils ont participé à une petite fête, qu’un individu les attend puis se met à la suivre ? Un homme animé d’intentions mortifères. Il a été payé pour éliminer l’un des deux, et comme il respecte toujours les contrats qui lui sont confiés, il patiente jusqu’à ce qu’un moment favorable se présente.

Enfin, après un interlude agréable dont ont profité les deux amoureux, l’occasion se précise. Seulement, un dommage collatéral n’est pas évité. Lisbeth, la jeune fille, est atteinte de deux balles, et son compagnon, après s’être défendu avec hargne, bascule par-dessus un muret, s’étalant quelques mètres plus bas.

Le commissaire Acquatella, qui n’est en poste que depuis deux ans, est chargé de cette affaire délicate. Lisbeth, la jeune fille est emmenée aux urgences, tandis que son partenaire n’est pas retrouvé.

 

Vingt-trois ans plus tard, Lisbeth vit dans un fauteuil roulant. Elle est mariée avec un directeur d’agence immobilière. Et est devenue amie avec l’avocat qui l’avait assistée au procès, maître Olivier Banette. Le commissaire Acquatella est en poste à Dijon, et ce n’est pas un hasard. Car l’agresseur de Lisbeth vient de purger vingt-trois en prison, dans cette ville ducale, et il est libéré pour remise de peine. Grâce à ses empreintes ADN il avait été localisé et arrêté. Mais Acquatella ne s’estime pas satisfait de cette enquête et il pense qu’éventuellement, l’homme, Vincent Reître, pourrait retourner à Cannes achevé ce qu’il n’avait pas terminé.

L’avocat qui pense, tout comme Lisbeth, que la sortie de prison de Reître est synonyme d’ennuis futurs et dommageables pour sa cliente, décide d’appeler un cabinet situé en Suisse. Une officine particulière spécialisée dans la protection des individus. Le dirigeant est un certain Dassino, qui fut l’ami et l’associé de Reître, autrefois. Alors le chef d’entreprise décide d’envoyer sur place un de ses hommes et accessoirement filleul, Francesco Bravi, afin de s’occuper de ses nouveaux clients.

 

Oserai-je écrire que Fabrice Pichon nous a concocté une délicieuse histoire tarabiscotée avec des intervenants qui ne respectent pas toujours le protocole édicté ? Et oui, un protocole, cela se respecte, ou alors il faut recourir à un second procédé qui lui aussi est inscrit dans le protocole. Mais quand ceux qui sont chargés de mettre en place ces protocoles préfèrent emprunter une troisième voie, cela devient un brin compliqué, surtout pour ceux qui doivent en subir les conséquences et qui pourtant les ont provoquées.

De Cannes, ah, le festival de Cannes, ses films, tout un cinéma, en passant par la Suisse, c’est bien la Suisse, c’est neutre, avec un détour par Dijon, alors que la moutarde monte aux nez de certains (eh, je n’ai pu m’en empêcher !), trois endroits qui semblent tout désignés pour servir de décor à une histoire de manigance diablement construite.

Un roman original, précise la quatrième de couverture. Effectivement, car la mise en scène est soignée et les contrecoups ne manquent pas, déclenchant une sorte de séisme avec répliques et ricochets. Et le lecteur se demande bien où l’auteur veut les emmener, même s’ils se doutent d’un coup fourré et d’un rebondissement prévisible. Presque prévisible.

Toutefois, il me semble, et peut-être l’auteur dont la passion est la littérature policière, que ce roman est un clin d’œil est adressé à des maîtres du genre, spécialistes de la psychologie et des trames tortueuses, j’ai nommé Boileau et Narcejac qui déjà s’étaient infiltrés dans la tête d’un tueur.

Fabrice PICHON : Protocoles fatals. Roman policier mais pas que… Editions Lajouanie. Parution le 9 février 2018. 204 pages. 18,00€.

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23 mars 2018 5 23 /03 /mars /2018 09:31

Les gens sérieux se marient-ils, d’ailleurs ?

Sergueï DOUNOVETZ : Les gens sérieux ne se marient pas à Vegas.

Musicien sans grand avenir, Abel vient de refermer deux cercueils. Le premier, c’est l’étui de sa guitare, une Fender Mustang. Il a décidé d’arrêter la musique, conscient de son manque de talent. L’autre, c’est celui de son frère Patchwork qui vient de décéder d’une overdose. Une piqûre de trop dans la veine, pas de veine, son cœur ne l’a pas supporté.

Abel était chanteur et guitariste avec son frère, dans le groupe des Maîtres nageurs, qui avaient obtenu quelques retombées médiatiques. Mais comme son frère est mort, coulés les Maître nageurs.

Abel s’enfuit avec le corbillard contenant le cercueil de son frère et le voilà parti sur les routes désertiques du Texas. Mais comme en court de route il s’octroie quelques doses de produit illicite, il dérape et le véhicule se retrouve au fossé. Désertique ? Pas tout à fait. Un scooter arrive chevauché par une magnifique jeune fille.

Il ne s’agit ni plus ni moins que de Candie, son amour de jeunesse. Ils avaient batifolé ensemble lorsqu’ils n’avaient que quatorze ans environ, mais les aléas de la vie les ont séparés. Depuis, Candie est devenue photographe, et elle a une idée magnifique, prendre en photo le corbillard et le cercueil de Patchwork et eux-mêmes. Seulement le cercueil dégringole dans la rivière proche et impossible de retrouver le corps qui est parti à vau-l’eau.

Pendant ce temps à Justiceburg, quelque part entre Lubbock, Abilene et Odessa, au Cactus rose, un bar tenu par Coyote, un vieux Chicano mi-mexicain mi-cheyenne, un jeune soiffard asticote le propriétaire. Formica serait le fruit des amours entre Coyote et sa mère. Une rumeur peut-être, mais entre les deux hommes, ne règne pas l’entente cordiale. Une altercation se produit devant les poivrots qui ne demandent qu’à assister au spectacle gratuit, et Formica de sang froid abat Coyote. Légitime défense, ou démence, comme on veut. Même le sheriff marshal Andrew Maxel Broodecker se contente au début d’infliger des amendes aux contrevenants, puis il se désintéresse de la question car autre chose le préoccupe.

De l’autre côté de la rue, Jess Tardy, propriétaire d’une concession pétrolifère et producteur d’émissions de divertissement sur une chaîne de télévision locale, surveille le chambard au Cactus rose. Sa copine, peu gênée, se montre nue au balcon, ce qui évidement attire les regards des consommateurs. L’un d’eux est particulièrement intéressé et Tardy n’hésite pas à lui offrir quelques pruneaux sortis de son arme à feu, histoire de calmer ses ardeurs. Exit le voyeur, et un contrat de rempli, un pacte ayant été passé entre Tardy et le sheriff marshal.

Revenons à Abel, qui aurait pu se prendre pour Caïn, puisqu’il avait cru voir les yeux de son frère dans sa tombe, enfin pas encore, dans son cercueil, Abel assiste impuissant au meurtre de Candie, meurtre perpétré par un motard qui ne laisse pas son nom.

 

Guitare Fender Mustang

Guitare Fender Mustang

Vingt-cinq ans ont passé depuis ces événements et l’on retrouve les principaux protagonistes de cette histoire qui ont bien changé. Par exemple Formica est devenu un pirate informatique et joueur de poker tandis qu’Abel s’est institué manager musical. Il écrit des articles dans des magazines et dirige de petits groupes sans grande envergure dont les Exotic Lizard, un groupe fantôme composé cinq femmes genre bombes sexuelles. Ils se sont donné rendez-vous au Cactus mauve, nouvelle appellation du Cactus rose, bar racheté depuis la mort du Chicano par Jess Tardy.

L’homme, qui grenouille toujours autant, partage sa vie entre Justiceburg et la Californie, entre Claire, la mère, et Kacy, la fille. Il ne faut pas oublier Ours vigilant, un indien qui a soigné une quinquagénaire photographe retrouvée mal en point, le Sheriff-adjoint Booble qui voudrait bien devenir sheriff à la place du sheriff, Tante Kromeski, une vieille tireuse de carte renommée dans la région, un médecin légiste, normal il s’agit quand d’un roman policier, des chasseurs de prime, des fascistes, et autres vrais faux imbéciles, dont on ne sait s’ils jouent la comédie ou s’ils sont vraiment en déficit de neurones. A moins que les différentes drogues ingurgitées, poussées dans l’estomac grâce aux boissons éthyliques, et des calumets de la paix au fourneau empli d’herbes qui ne proviennent pas de la Provence, influent sur leur système.

 

Certains d’entre eux connaîtront un destin tragique, car n’oublions pas, nous sommes au Texas, et les revolvers remplacent, avantageusement ou non, les guitares. C’est une autre musique, pas toujours harmonieuse, mais qui a l’avantage de faire du bruit et de réveiller les consciences. Et comme la frontière avec l’Oklahoma est proche, une petite chanson s’infiltre insidieusement dans notre tête. Souvenez-vous :

Dans la vallée de l'Oklahoma

Ton coup de fusil fait mouche toutes les fois

Mais attention un jour tu finiras

Dans la poussière les bras en croix…

Dans une atmosphère digne des grands auteurs de romans noirs américains, jouant sur l’ironie, voire le sarcasme, Sergueï Dounovetz nous propose de revisiter le Texas, à la manière décalée de Jim Thompson dans 1275 âmes, et de Charles Williams avec Fantasia chez les ploucs et Aux urnes, les ploucs !

Toutefois, si l’ambiance est quelque peu semblable et si les personnages sont tout autant décalés, le sujet est traité d’une manière parfois surréaliste, aussi bien dans les dialogues que dans les situations. Et comme nous avons à faire à de Petits blancs du Texas, vous comprendrez aisément qu’ils n’usent pas d’un langage châtié mais s’expriment souvent en référence à des résidus intestinaux. Et pour corser le tout une petite atmosphère de fantastique plane sur ce roman onirique, surtout dans l’épilogue.

Et comme Sergueï Dounovetz est joueur, il s’amuse à placer ici ou là quelques références le concernant. Les retrouverez-vous ?

 

C’est le job de tante Kromeski de deviner. Elle lit l’avenir dans les entrailles des mocassins et des rats musqués, les boules de pétanque, le café turc et les pots de yaourt périmés. Sa réputation dépasse les frontières du Texas. Ses clients viennent du Nouveau-Mexique, de l’Arkansas et même de Louisiane pour la consulter. Et tu crois que cette femme, à qui rien n’échappe, ne va pas deviner que tu ne portes pas de slip ? !

 

Sergueï DOUNOVETZ : Les gens sérieux ne se marient pas à Vegas. Collection Polar. Editions French Pulp. Parution 15 mars 2018. 304 pages. 8,50€.

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20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 10:25

Vous en connaissez sûrement des ours dans votre entourage, mais ce ne sont pas des dieux…

Philippe WARD : Artahe, le Dieu-ours.

Après avoir passé dix ans à Paris, Arnaud Costes profite d’un licenciement économique, économique pour la boîte mais pas forcément pour lui, pour revenir au pays. A Raynat, tout petit village des Pyrénées qui s’enfonce progressivement dans la léthargie d’une ruralité moribonde.

Il est né dans ce petit village, il y a vécu, élevé par ses grands-parents et par Berthe. Aujourd’hui seule Berthe, la vieille dame, est encore vivante, clouée dans un fauteuil roulant. Il retrouve également avec plaisir Cathy, une jeune femme qui avait été son amoureuse durant quelque temps. Mais les années ont passé, Cathy s’était mariée mais elle a perdu son mari et la vue dans un accident.

Un soir, alors qu’il réfléchit tout en griffonnant sur un bout de papier, il se rend compte qu’il vient de crayonner un ours. Il jette le papier au feu et quasiment aussitôt après il ressent une secousse. Un tremblement de terre qui a secoué le village, fissurant une partie de l’église. Dans l’édifice, un trou s’offre à sa vue et il aperçoit un plantigrade, mort, dont les os sont reliés.

Des ouvriers viennent dégager les ruines et essayer de réparer les dégâts mais une cloche s’effondre sur l’un des hommes. Une autre cloche est prête à tomber sur Arnaud mais un souffle lui fait dévier sa trajectoire et c’est un autre ouvrier qui s’en retrouve coiffé, pour son plus grand dommage.

Artahe. Artahe est revenu semble être le leitmotiv des habitants du village, pour le plus grand plaisir de certains, dont Berthe, mais également le déplaisir d’autres, dont les frères Cheyron. Chez Berthe justement il découvre une photo de Louis, son mari, en compagnie de deux ours. Normal, puisque, issu des gens du voyage, il était montreur d’ours et c’était installé dans le village après son mariage avec Berthe. Mais il n’avait guère été accepté par la petite communauté.

Les frères Cheyron ont a déploré la perte de brebis, égorgées par un ours. La chasse est lancée, malgré les injonctions du maire, et de quelques autres personnes, dont les attaches avec les plantigrades sont diverses mais réelles. Un préhistorien venu examiner les restes découverts dans le trou situé dans l’église, un thériologue suisse attiré par la présence supposée d’un ou des ours. Car cela fait bien longtemps que les plantigrades ont déserté cette région des Pyrénées. Et que les ours de cavernes relèvent de la préhistoire. Pourtant, Arnaud ressent comme une présence physique, en lui et près de lui.

Un homme est retrouvé, déchiqueté, et l’œuvre néfaste de l’ours est avérée. Artahe est dans toutes les conversations, et Arnaud se demande s’il n’est pas la proie d’une emprise exercée par Berthe qui défend ardemment l’ursidé. Le thériologue, le maire, la vieille Amélie, Cathy et quelques autres sont attirés eux aussi par le plantigrade, mais ne ressentent pas cet attrait malsain délivré par Berthe.

D’ailleurs le thériologue encouragé par le maire, éventuellement Cathy et Arnaud qui se sont trouvés des points communs sous la couette, pensent à implanter un parc régional dédié à l’Ours, d’autant qu’Arnaud a découvert des grottes dont les parois représentent des peintures rupestres sur lesquelles figurent des ours, uniquement des ours.

Ours des cavernes

Ours des cavernes

Dans ce roman qui est une ode à l’Ours, nous sommes loin de la représentation débonnaire de l’imagerie populaire des ours tels que peuvent nous les montrer les aventures de Petit Ours Brun, Winnie l’Ourson, Baloo l’ours qui accompagne Mowgli dans Le Livre de la Jungle de Rudyard Kipling, et quelques autres histoires destinées aux enfants.

Philippe Ward nous entraîne dans une histoire dont les protagonistes sont pour ou contre la présence des ours, chacun avec leurs motivations qui sont étayées. Mais le lecteur ne peut s’empêcher de ressentir une attirance envers le plantigrade malgré les méfaits occasionnés. Et pendant ce temps la neige tombe offrant une virginité sépulcrale.

Un peu comme les Raynatols qui vouent à Artahe, le Dieu-Ours, une dévotion qui confine à l’adoration. Et c’est bien ce fil rouge qui dirige les pas d’Arnaud, de Cathy et des autres. Et comme avec toutes les religions, il faut pour honorer ce dieu des sacrifices et des victimes expiatoires.

Avec en incrustation, des épisodes précédents montrant Artahé à travers les âges. Et afin de bien marquer qu’il s’agit d’une fiction, on découvre lors de ce qui pourrait être des nouvelles, le personnage de Jules de Grandin, un détective chasseur de fantômes et spécialiste du surnaturel créé par Seabury Quinn.

L’implantation d’un parc régional fait réagir et les arguments ne manquent pas, pour prôner ce nouvel espace dédié au tourisme, ou au contraire, démontrer que cette initiative serait contraire à une écologie raisonnée.

Partout on ne parle que de tourisme vert pour sauver nos campagnes. Certains disent que c’est l’avenir. Une nature domptée, calme, bien propre, de beaux chemins pour le VTT, de beaux ruisseaux bien sages pour le rafting et pas de cloches ou de coqs pour déranger le touriste quand il dort le matin. Voilà le grand projet qui va bousculer Raynat. Notre village va devenir le lieu touristique où l’ours sera la star. Mais des ours tranquilles à l’intérieur d’enclos. Moi je suis pour l’ours, mais libre et sauvage.

Je me moque de la politique, poursuivit le fermier. L’écologie, c’est ici qu’elle commence, pas dans le discours de nos représentants.

Ce roman, dont la première édition remonte à 1997, est toujours d’actualité. Peut-être encore plus de nos jours où l’écologie est devenue une entreprise génératrice de bénéfices, aux dépens des campagnes. Mais c’est aussi une légère diatribe envers les instances européennes.

Ne nous parlez pas des technocrates européens, le coupa une nouvelle fois André qui était resté debout, ne voulant pas laisser la parole au thériologue. Ils nous dictent un tas de lois depuis leurs bureaux, sans rien connaître de notre vie et ne cherchent pas à appréhender notre situation. Vous n’avez pas encore compris que la nature est sauvage, qu’elle ne connaît qu’une loi : celle de la survie.

L’auteur ne prend pas partie, il laisse chacun des protagonistes exprimer ses convictions, exposer ses certitudes, défendre ses vérités, selon les sentiments, les intérêts particuliers ou communautaires.

 

Ours brun

Ours brun

 

Dans une ambiance fantastique, ce roman est peut-être celui de Philippe Ward que je préfère avec Manhattan Marylin, signé Philippe Laguerre, et 16 rue du repos. Une histoire sensible dont le suspense va crescendo, quelques cadavres ponctuant le récit. Mais c’est aussi la découverte d’une région qui demande à être préservée, aux images sublimes, aux habitants qui ont les pieds sur terre, et qui se méfient, avec juste raison, de certains citadins qui aimeraient implanter leur vision sans justement connaître les mœurs et coutumes. De ceux qui voudraient randonner mais avec un tapis rouge sous les pieds, de peur d’érafler leurs chaussures de prix.

Pourtant que la montagne est belle chantait Jean Ferrat en parlant de l’Ardèche. Le décor de ce roman se situe en Ariège, mais ces paroles lui conviennent tout aussi bien.

 

Première édition : Editions Cylibris. Parution en 1997.

Première édition : Editions Cylibris. Parution en 1997.

Autre édition Collection Noire N°52. Editions Rivière Blanche. Parution juin 2013

Autre édition Collection Noire N°52. Editions Rivière Blanche. Parution juin 2013

Philippe WARD : Artahe, le Dieu-ours. Collection Polar Cairn. Editions Cairn. Parution le 27 février 2018. 284 pages. 17,00€.

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19 mars 2018 1 19 /03 /mars /2018 09:05

Nous le sommes tous un peu. Mais de quoi ?

Samuel SUTRA : Coupable(s).

Jeune lieutenant aux renseignements, Jean-Raphaël Deschanel, Jean-Raph pour les amis, est affecté provisoirement au 36 Quai des Orfèvres.

Un rêve qu’il caressait secrètement et est plus agréable que les cauchemars nocturnes qui lui polluent l’esprit. Et ce n’est pas tant parce qu’il se montre brillant dans son travail, mais parce que son statut d’être né en Haïti pourrait apporter un éclairage sur une enquête en cours.

Jean-Raph participe à sa première réunion de travail en compagnie de quelques nouveaux collègues dirigés par l’atrabilaire commandant Blay, sous l’œil intéressé et avisé d’une petite et jeune psy qui a le profil d’une profileuse, Vanessa Dubreuil. La seule femme dans une assemblée de mâle, mais malgré sa corpulence maigrelette, elle les domine par sa présence et ses analyses.

Une dizaine de jours auparavant, trois hommes ont été assassinés, dans des conditions particulièrement violentes. Le premier soir, Favre, un policier considéré comme ripou, même par ses collègues, ce qui n’est pas courant. Le lendemain soir, Maréchal, un entrepreneur de travaux publics bien connu, magouilleur comme souvent, bâtissant des châteaux de cartes qui ont tendance à s’effondrer au premier coup de vent. Le troisième soir, Carsini, un militaire, attaché au ministère de la Défense. Enfin, neuf jours plus tard, Meursault, qui s’occupait d’assurances auprès d’un groupe international spécialisé dans les contrats retors, est lui aussi retrouvé assassiné dans des conditions qui établissent un lien avec les trois premiers.

En effet une carte au nom de Favre est retrouvée dans une de ses poches. Et en examinant les photos prisent sur les scènes de crime, Blay s’est aperçu de détails qui lui avaient échappé lors des premières analyses, les groupes qui enquêtaient n’ayant pas communiqué entre eux. Détails qui l’ont conduit à demander l’aide de Jean-Raph. Des mises en scènes qui lui font penser à une vengeance liée avec le vaudou.

Seule Vanessa n’est pas d’accord avec les conclusions de Blay et son équipe. Elle pense que le meurtre de Meursault n’est qu’un leurre, et qu’il faut s’attacher uniquement aux trois premiers cadavres.

Jean-Raph est associé à Bruno tandis que leurs collègues se jettent eux aussi à la pêche aux renseignements. Ils se rendent chez la veuve de Favre qui n’est pas éplorée. Mais leur visite n’a pas été inutile. Outre les appas montrés sans parcimonie par la veuve joyeuse, elle leur délivre une information intéressante. Favre et Maréchal se connaissaient. Il n’y a plus qu’à tirer sur la ficelle et la pelote se débobinera. Plus facile à dire qu’à faire.

Jean-Raph et son binôme apprennent de la part d’un ancien diplomate en poste en Haïti et qui va rejoindre une nouvelle affectation, que Favre, Carsini, Maréchal, nous voilà, grenouillaient sur l’île dévastée par un tremblement de terre le 12 janvier 2010. Ils étaient liés à un projet dit Kenscoff, et qu’il existe un cinquième comparse, ou quatrième si l’on excepte Meursault d’après Vanessa. Une nouvelle piste à creuser, mais attention aux éboulements qui ne peuvent manquer de se produire si l’on creuse un  peu trop.

 

Nous sommes loin des aventures débonnaires de Tonton et sa clique. Le sujet est sérieux. La reconstruction après un séisme, et les magouilles qui ne peuvent manquer d’attirer les requins, car les associations humanitaires, voire le gouvernement, ne peuvent pas tout contrôler.

Samuel Sutra s’est attaqué donc à un sujet grave, voire périlleux, puisque tout tourne autour du tremblement de terre qui a ravagé Haïti, une portion de l’île d’Hispaniola, l’autre partie étant la République Dominicaine appelée également Saint-Domingue. Mais il ne s’étend guère sur ce séisme, préférant privilégier sur l’après, la reconstruction et les incidences qui peuvent en résulter au bout de cinq ans. Avec pudeur et réalisme.

Jean-Raphaël Deschanel est d’origine haïtienne mais il a été élevé en France par un couple qui l’a adopté alors qu’il n’était encore qu’un tout petit gamin. Il ne se souvient pas de ses parents, peut-être de son père, et les premières pages, qui pourraient être un prologue mais ne sont qu’un rêve éprouvant, font penser à un gospel avec un goût de Cadence rampa de Webert Sicot, musique caribéenne par excellence.

Et c’est Jean-Raph qui narre cette enquête à la première personne. On le découvre peu à peu, et en incrustation, comme des courts-métrages, on assiste avec du recul aux meurtres des différents protagonistes impliqués dans cette histoire.

Samuel Sutra déroule son récit en véritable funambule et si le lecteur se doute de l’épilogue, celui-ci n’en réserve pas moins de belles surprises. Après Kind of Black, une réussite remarquable par un auteur qui nous avait habitués à plus de légèreté dans ses intrigues, mais c’est la marque d’un grand romancier de savoir enrichir sa palette littéraire.

 

L’amour est le plus court chemin qui mène de l’indifférence à la haine.

On n’aime pas parler pognon en France, c’est sale. Quand on est pauvre, on est feignant, quand on est riche, on est voleur.

C’est le problème des amis au pouvoir. Ils ne savent pas toujours rester en place.

Samuel SUTRA : Coupable(s). Editions Flamant Noir. Parution le 5 mars 2018. 250 pages. 19,50€. Existe en version numérique : 9,99€.

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17 mars 2018 6 17 /03 /mars /2018 10:48

Dors, mon petit bébé

Ferme tes yeux, il est grand temps

Tu as endormi ta maman

Pense à ton père…

Cicéron ANGLEDROIT : Y’a toujours un môme qui braille quelque part.

Cruel dilemme pour Cicéron qui est père d’un petit Enzo sans l’être.

C’est un peu compliqué car la mère, Monique, qui fut la maîtresse occasionnelle de Cicéron, vit en concubinage ou est pacsée, on ne sait plus trop, avec Carolina. Bref, elles sont lesbiennes, ce qui ne choque personne sauf les imbéciles, et donc le petit Enzo, trois semaines au compteur de la vie, a deux mamans et pas de papa déclaré.

Et c’est bien ce qui chiffonne Cicéron qui se demande s’il peut et doit être père officiel, sans s’immiscer dans la vie privée des deux jeunes femmes.

C’est dans cet état d’esprit philosophique et métaphysique, d’ailleurs il a mis son physique à contribution, qu’il prend son café matinal chez Raoul en compagnie de ses inséparables amis, Momo le manchot et René le rangeur de charriots de l’Hyperpacher.

Deux clients attablés non loin les examinent tout en conversant entre eux. Un jeune homme et une femme un peu plus vieille. Lorsqu’ils se présentent à Cicéron, il s’agit ni plus ni moins du fils et de sa mère, ce qui ôte tout doute sur la qualité éventuelle de cougar de la femme, une particularité qui tend à devenir plus banale depuis qu’une institutrice s’est mariée avec un gamin. Mais ceci ne nous regarde pas !

Donc, Steve et Gloria, qui ne fait pas dans le concentré, ont une requête à présenter à Cicéron, qui justement n’a pas d’affaires en suspens, comme d’habitude ou presque. Steve a vingt-deux ans et Gloria trente-sept, et ce qu’ils veulent demander à Cicéron est assez particulier. D’ailleurs Gloria est assez réticente mais Steve veut absolument exposer son cas à notre détective.

Résumons pour faire court : Gloria aurait eu Steve lorsqu’elle n’avait que quinze ans, mais ça vous le saviez déjà par une simple soustraction. Seulement, Steve serait le fruit d’un viol perpétré un soir de petite fête à la piscine alors que Gloria et ses copines de nage avaient gagné un prix en natation synchronisée. Naturellement personne n’a revendiqué la paternité, et les parents de Gloria, mécontents, ont préféré ne rien dire, prétendant même au début que Steve était le frère de, etc., etc. Mais il n’y a guère, une ancienne amie de Gloria l’a revue récemment et lui aurait appris que le père de sa progéniture serait malade, et que ses deux fils, qu’il avait déjà à l’époque des faits, refusent de l’aider. Il s’agirait d’un transfert de moelle aux œufs, dixit René, et Steve veut faire un don à son géniteur inconnu.

Vous me direz que Véronique, la copine de nage et non de cheval, pourrait lui indiquer son nom, il est vrai, mais voilà elle est décédée quinze jours auparavant d’un accident de voiture. Ça arrive à tout le monde, enfin souvent, mais il est prévu que cela va s’arranger en réduisant la limitation de vitesse et que même si on la réduisait à zéro kilomètre heure, il n’y aurait plus d’accidents du tout. Mais je dérape, et revenons dans le droit chemin du fil de notre histoire.

Donc Cicéron est convié à retrouver le géniteur de Steve, et ce n’est pas une mince affaire. Son ami le commissaire Saint Antoine, je ne vous le présente plus, accepte de détacher Vanessa, qui pourtant ne s’était pas salie, pour quelques jours afin d’aider Cicéron dans ses démarches.

Il va donc rencontrer les parents de Gloria, d’anciennes relations de piscine dont les responsables et l’entraineuse, de natation, je précise, et quelques autres personnes qui toutes n’ont que peu de renseignements à fournir. Il faut plonger dans le passé, sans masque, et pour cela il doit endosser des vêtements d’emprunt, tel que celui de trésorier d’une association, afin de ne pas trop remuer la vase au fond de la piscine, sans pull marine. Ses investigations, enfin leurs investigations car Vanessa, Momo et René vont l’aider plus ou moins dans ses démarches et réflexions, vont le conduire jusqu’au Tréport.

 

Cicéron Angledroit délaisse quelque peu son humour frivole ponctué de jeux de mots dont il a le secret, pour nous entraîner dans une histoire dont la gravité n’échappera à personne. Retrouver le père d’un gamin issu d’un viol plus de vingt ans après les faits. D’autant que cette recherche n’est pas l’aboutissement d’une vengeance mais bien un but de charité humanitaire.

C’est donc sérieusement et avec pudeur qu’il traite cette histoire mais cela ne l’empêche de plaquer quelques scènes amusantes qui se déroulent en dehors du contexte évoqué. Un peu grâce, ou à cause de Lulu, la serveuse de Raoul, dont les attributs vestimentaires n’auraient pas déplus à Yves Sein Laurent. De même que René se croit obligé pour effectuer certains déplacements de se vêtir en Lord Byron de pacotille. Quant à Saint Antoine, il se révèle nettement plus affûté côté neurones que dans les précédentes aventures dont il a été le partenaire.

Le seul point noir, à mon humble avis, c’est la manière poussive de présenter numériquement les chapitres. Toujours à mon humble avis, il serait peut-être bon de changer les codes et d’introduire ainsi les chapitres : Où Cicéron père a des problèmes avec sa paire (sous entendu Monique et Carolina), Lorsque Lulu veut rivaliser avec Yves Sein Laurent (le lecteur comprendra par la suite), René dans le vestiaire de Lord Byron (idem), mais, comme indiqué sur les publicités feuilles-volantes ou non, les flyers en nouveau français, ce ne sont que des suggestions de présentation.

Un Cicéron nouveau est né, longue vie à Cicéron !

Elle a une jupe si courte qu'heureusement qu'elle a mis un string, sinon on verrait sa culotte.

Cicéron ANGLEDROIT : Y’a toujours un môme qui braille quelque part. Les enquêtes de Cicéron N°8. Editions du Palémon. Parution le 2 mars 2018. 256 pages. 10,00€.

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16 mars 2018 5 16 /03 /mars /2018 09:16

Dans quel état on va les retrouver ?

Pierre BRULHET : Les corps tombés du ciel.

Suite à la demande pressante de son père, Luc Mandoline le rejoint à Cocody Les Deux-Plateaux, en Côte d’Ivoire, en compagnie de son ami Franck Sauvage le légionnaire. Luc se demande bien ce que lui veut Frédéric, son géniteur, avec lequel il ne communique guère.

Alors qu’ils sont attablés devant des boissons fraîches sur la terrasse, des hommes cagoulés et armés investissent les lieux et kidnappent Luc sans ménagement laissant les deux autres légèrement groggy. Plus la femme de ménage qui ne pourra plus le faire, étant passée de l’autre côté du miroir.

Franck, vaguement remis de ses émotions, essaie bien de suivre les ravisseurs, ravis, mais peine perdue. Frédéric avoue que contraint sous la torture il a demandé à son fils Luc de venir le rejoindre.

Pendant ce temps Luc est emmené jusqu’à l’aéroport, puis il est embarqué dans un avion, direction Yamoussoukro. Enfin, près de Yamoussoukro, dans la forêt. Avec stupéfaction Luc Mandoline se rend compte qu’il a été enlevé par des militaires français et il est accueilli par un colonel ainsi que par le directeur d’un groupe industriel militaire français. Il lui est signifié que sa renommée et sa réputation de thanatopracteur l’a fait choisir pour examiner des cadavres tombés du ciel à bord d’un engin complètement démantibulé. Luc se souvient qu’il avait été question d’une météorite s’étant écrasée sur le sol ivoirien. Mais ce qu’il voit ce sont bien des cadavres.

Assisté d’un légiste, Luc Mandoline commence à autopsier les corps si petits qu’ils ressemblent à des gamins. Deux sexes mâles et un femelle, mais à l’intérieur, il y a comme un hiatus. Cela ressemble à des humains, cela a la forme d’humains, la couleur d’humains, mais il existe des différences.

Les cadavres embaumés sont transférés dans des caissons puis c’est le départ à bord d’hélicoptères. Des soldats bien obéissants installés et attachés dans la carlingue et Mandoline forte tête comme à son habitude leur fausse compagnie. Descente vertigineuse en plein ciel.

Retrouvons Franck Sauvage et Frédéric Mandoline qui n’ont pas perdu le nord malgré leurs déboires et qui se lancent sur la piste de leur ami et fils. Franck a bien essayé d’appeler Luc sur son portable, sans réponse. L’appareil lui a été confisqué. Alors il requiert la présence d’Elisa Deuilh, la journaliste amie de Luc. Nous ne rentrerons pas dans la vie privée de la jeune femme mais précisons qu’elle est mariée à un connard (dixit Elisa) et qu’elle aime Luc. Luc l’aime aussi, mais personne ne veut se l’avouer, ce qui fait qu’entre eux, il ne se passe rien. Voilà, vous êtes prévenus, il ne fallait pas vous attendre à quelques pages croustillantes.

Donc Elisa accepte de quitter Paris et de les rejoindre par le premier vol. Mise au courant de la situation, elle ne peut que constater l’absence de son ami. Et alors qu’ils se rongent les sangs, elle reçoit un message de Luc indiquant sa position à quelques kilomètres près. Comment se fait-ce, me demanderez-vous, à juste titre. Luc s’est servi d’un téléphone portable qui traînait, malencontreusement pour son propriétaire, heureusement pour lui, et hop un message d’envoyé, genre bouteille à la mer. La bouteille est bien arrivée et voilà Elisa, Franck et Frédéric partis à la recherche de Luc.

 

Les péripéties ne manquent pas dans ce roman d’aventures de haute volée, les dangers se succèdent sans discontinuer, et l’on a du mal à reprendre son souffle en suivant nos héros.

Tous les quatre, ensembles ou séparément vont être confrontés aux militaires français, aux rebelles Ivoiriens, à une secte, à un serpent mamba noir, se prendre pour Jeanne d’Arc…

Le lecteur frémit, tremble, prie… Oui, même les athées prient, pourvu qu’ils s’en sortent…

Bref ils vont tenter d’échapper à tout un panel d’incidents périlleux et l’épilogue est particulièrement bien amené. Car certaines données qui étaient énoncées sans explications sont développées à la fin et le tout donne un roman de bon aloi.

 

Un petit livre, par la taille, destiné à ceux qui aiment les romans d’aventures, de ces romans palpitants très cinématographiques dont le générique pourrait être ainsi décliné :

Sur un scénario à la X.Files, avec des personnages à la Bob Morane et ses compagnons, avec des décors à la Henry Rider Haggard…

 

Pierre BRULHET : Les corps tombés du ciel. Série L’Embaumeur. Editions Atelier Mosesu. Parution novembre 2017. 192 pages. 8,95€.

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15 mars 2018 4 15 /03 /mars /2018 11:14

Hommage à Fredric Brown décédé le 11 mars 1972.

Fredric BROWN : La vie sexuelle sur Mars

Malgré son titre quelque peu accrocheur, mais qui est la traduction exacte du titre américain, voilà un petit livre (par le format mais non le contenu) qui se révèle à la lecture intéressant et passionnant.

Outre deux nouvelles policières inédites en France, sont inclus dans ce recueil un conte fantastique écrit spécialement par Fredric Brown pour ses enfants en 1930, Les prodigieuses aventures de Tagrid, et les deux premiers chapitres d’une étude consacrée à la science-fiction.

A signaler, qu’au moment de la parution de ce recueil en 1988, Les prodigieuses aventures de Tagrid sont non seulement inédites en France, mais également aux Etats-Unis.

Penchons-nous plus longuement sur les deux premiers chapitres de l’étude concernant la science-fiction et intitulée La vie sexuelle sur Mars. Une étude que Fredric Brown n’a pas menée à son terme puisqu’il n’a pas trouvé preneur pour son manuscrit. Pourtant que d’humour dans ce texte caustique mais aussi dérangeant, vis-à-vis de certains auteurs et éditeurs de S.F.

Tout d’abord il remet les pendules à l’heure et précise quels sont les droits et les devoirs d’un écrivain de S.F. et comment son roman doit être construit. Je cite :

La science-fiction est un fourre-tout. Elle représente la frontière de l’esprit et de l’imagination humaine. Elle est aussi littérature de l’imaginaire qui extrapole sur l’avenir en se basant sur des données scientifiques existantes.

Les petits coups de griffe qu’il assène ça et là ne sont pas dénués de fondement et dénotent une grande pertinence et une vision particulièrement acérée des problèmes scientifiques et politiques de l’humanité. Je précise que ce texte date de 1950.

Prenez par exemple un fusée du 4 juillet (le 4 juillet étant la fête nationale aux Etats-Unis) si vous arrivez à en trouver une, car la plupart des états interdisent la vente de tels feux d’artifice, jugés trop dangereux, pas comme notre jolie bombe A.

Edifiant, non ? Ou encore :

A l’heure où j’écris ces lignes, seuls deux gouvernements de par le monde ont les moyens de réussir dans une si vaste entreprise que le voyage dans l’espace. Et ces deux gouvernements y travaillent principalement, parce que l’autre s’en occupe également.

Autre petite phrase humoristique mais qui est pleine de bon sens :

Tel un historien qui se permettra de vous indiquer catégoriquement la personnalité de Marie-Antoinette ou de Cléopâtre, alors qu’il s’avèrera incapable de connaitre les sentiments qui animent sa femme ou sa maîtresse.

Outre ces petites phrases, Fredric Brown définit avec justesse le rôle de la Science-fiction et du fantastique, ou établit un parallèle amusant entre le Space-opéra et le western.

Dommage que Fredric Brown n’est pu ou voulu continuer cette étude, malgré le refus des éditeurs, car elle aurait sûrement bousculé des à-priori. Une étude qui se lit comme un roman. L’on comprend mieux la démarche littéraire de Fredric Brown, et pourquoi il est en marge dans sa production science-fictionnesque.

Un écrivain terriblement humoristique mais aussi extrêmement sérieux et exigeant dans son métier d’auteur.

 

Sommaire :

 

Stéphane Bourgoin : Introduction, pages 7 à 9.

La Vie sexuelle sur Mars (Sex life on the planet Mars), pages 11 à 59, trad. Stéphane Bourgoin.

Le Cadavre et la chandelle (The Corpse and the Candle / The Mildewed Night), pages 61 à 88, trad. Stéphane Bourgoin.

Une mèche de Satan (A Lock of Satan's Hair / Hair of the Dog), pages 89 à 124, trad. Stéphane Bourgoin.

Les Prodigieuses aventures de Tagrid (How Tagrid Got There), pages 125 à 184, trad. Gérard De Chergé.

 

Fredric BROWN : La vie sexuelle sur Mars (Sex Life on the Planet Mars – Traductions de Stéphane Bourgoin et Gérard de Chergé). Recueil de quatre nouvelles dont 2 inédites aux USA. Collection Série 33 N°16. Editions Clancier-Guenaud. Parution octobre 1988. 192 pages.

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14 mars 2018 3 14 /03 /mars /2018 09:18

Quand tu chantes je chante avec toi liberté

Dans la joie ou les larmes je t'aime

Les chansons de l'espoir ont ton nom et ta voix

Le chemin de l'histoire nous conduira vers toi

liberté, liberté…

Nathalie SALMON : Un amour de liberté.

Après trois semaines de traversée à bord d’un bateau à vapeur, Adolphe Salmon, Lorrain de naissance, aperçoit enfin New-York accoudé à la rambarde. Il n’a que vingt-six ans, et après sept années d’armée, et avoir travaillé comme vendeur au Bon Marché au rayon textile, il désire s’établir sur le nouveau continent.

Le 3 octobre 1865, le navire accoste enfin. Le débarquement et la déclaration de migrant ne sont que de simples formalités, et il se rend dans la Bowery, à une adresse qui lui a été signalée. Il loge dans un immeuble sans confort, sans commodité, mais au moins il possède un toit et ne manque pas de ressources. Non, il n’a pas d’argent, mais des idées. Et il décide de s’installer comme couturier. Il découd une chemise, étudie les différents morceaux, puis à l’aide de tissus qu’il a acheté, il en fabrique des neuves qu’il revend avec un petit bénéfice. Il les propose à des magasins et bientôt le succès est au rendez-vous.

Sur les conseils d’un ami, il achète une machine à coudre et la petite entreprise s’agrandit. Il se procure d’autres machines à coudre, il embauche des couturières, il aménage dans une belle maison, mais pour autant il ne se comporte pas en parvenu. Et il reste célibataire, le travail avant tout.

Néanmoins, il se fait des amis, dont Léon Meunier, journaliste, et de Louis Lewengood, industriel spécialisé dans la confection de tailleurs, et sa femme Hanne, mère d’une progéniture nombreuse.

Il se rend souvent chez les Legenwood et c’est ainsi qu’il fait la connaissance de Samson Laubheim et de sa jeune femme Sarah, mère d’une petite fille de trois ans, Rosetta.

Cette femme qui porte divinement la robe et étonnamment la culotte n’a que vingt ans et pourtant elle possède déjà derrière elle une expérience de la vie. Elle a accompagné sa mère et ses sœurs à bord d’un charriot jusqu’en Californie, parmi une troupe composée d’hommes ou de familles, à la recherche de l’aventure, de l’or, ou simplement pour s’installer dans un pays édénique, y ont vécu durant quelques années et s’est mariée mais ils ont regagné New-York. Lui est malade et sa santé décline. Si Adolphe Salmon se trouve sous le charme de la jeune femme, il a aussi d’autres idées en tête. Constituer un cercle français comme d’autres migrants, Italiens, Irlandais, l’ont déjà fait.

Salmon est resté Français, très attaché à sa terre lorraine natale et comme bien d’autres migrants, la défaite de Sedan en 1870 le marque profondément. La Lorraine et l’Alsace sont annexées par l’Allemagne, ce qui provoque souvent un éclatement familial, bon nombre d’entre eux préférant rester Français.

Bartholdi

Bartholdi

C’est dans ce contexte qu’il rencontre Bartholdi, jeune sculpteur plein d’avenir, inconnu aux Etats-Unis mais possédant déjà une certaine notoriété en France. L’artiste a pour projet une statue grandiose qui personnifierait la Liberté guidant le monde et servant de point d’attache entre le Vieux Continent et le Nouveau Monde. Pour cela, il faut lever des fonds, et le gouvernement Grant n’est pas chaud pour mettre la main à la poche. Et de plus, il va lui falloir convaincre de placer cette statue sur une petite île, Bedloe’s Island, à l’entrée du port de New-York, île qui pour l’heure est une base militaire.

Samson Laubheim se meurt et avant de passer à trépas il demande à Adolphe Salmon, qu’il considère comme son frère, de s’occuper de Sarah lorsqu’il sera décédé. Ce qu’accepte Adolphe, en toute logique, mais sans précipiter les événements. Toutefois, Samson se rend aux eaux, en famille, en Europe, sans réelle conviction, pensant que peut-être il pourrait se refaire une santé. Peine perdue.

Devenue veuve, Sarah accompagne, malgré certaines mauvaises langues, il y en a toujours, au théâtre ou dans des lieux publics. Puis à Paris, car Adolphe, qui se languit quand même de sa patrie, doit rencontrer Bartholdi. Le sculpteur ressent comme un coup de foudre lorsqu’il voit la jeune femme. Pas un coup de foudre amoureux, mais celui de l’artiste face à une représentation inespérée de celle qui pourrait personnaliser sa statue. Et si un jour vous avez la possibilité de voir la Statue de la Liberté, immédiatement vous penserez à cette femme qui a posé comme modèle.

Ceci se déroule en mars 1875. La déclaration de l’indépendance a été signifiée le 4 juillet 1776, une sécession entre les treize colonies britanniques de l’Amérique du Nord et la Grande Bretagne. Et cette statue doit être érigée en commémoration de cet événement.

Cette idée d’offrir une statue représentant la Liberté provient d’un homme politique français, Edouard de Laboulaye. Observateur attentif de la vie politique des États-Unis, et admirateur de la constitution de ce pays, il contribua à faire connaître et aimer ces institutions, soit par ses cours extrêmement suivis, soit par ses ouvrages, soit, enfin, en faisant partie de comités d'organisation démocratique. On le voit présider une réunion publique en faveur des esclaves affranchis d'Amérique, à Paris en janvier 1865. Moins connu que Tocqueville, il fut un personnage influent et président du Comité de l’union franco-américaine. Au départ l’architecte Viollet-le-Duc devait réaliser la structure métallique, en cuivre repoussé, et à la mort de celui-ci, en 1879, Gustave Eiffel prit la relève. Enfin, la statue put être inaugurée le 28 octobre 1886, après bien des aléas et des contretemps.

 

Edouard de Laboulaye

Edouard de Laboulaye

Si la statue tient un place importante dans le récit, d’autres éléments, et non des moindres, offrent une vision intéressante sur la vie des USA à cette époque, et principalement à New-York.

L’arrivée des migrants permis à cette jeune nation de rapidement s’imposer, et il est intéressant de constater que justement, à l’heure où dans la plupart des pays les immigrés sont rejetés, ceux-ci ont apporté un souffle prépondérant dans la force, la vitalité, l’expansion, la richesse d’une nation en devenir.

Le rêve américain existait, les migrants étaient à la recherche de la fortune, mais également fuyaient les régimes politiques de leurs pays. Notamment les Allemands qui se sont tournés vers un pays neuf après la révolution de 1848.

Quant aux Juifs, ils étaient chassés de partout ou presque, car parmi les nombreux reproches qui leur étaient fait, celui d’être riches et donc voleurs prévalait. Ce qui est très réducteur, car comme dans le cas d’Adolphe Salmon, c’est bien par le travail, la volonté de réussir, de ne pas végéter et d’attendre une main secourable qu’il a progressé dans son entreprise.

A Bartholdi qui déclare qu’il va pouvoir travailler dans les meilleures conditions, ayant trouvé un logement, Adolphe rétorque :

Alors vous serez servi, monsieur Bartholdi. L’Amérique est terre de travail.

Puis un peu plus loin :

J’ai les meilleures relations d’affaires. Pourquoi les meilleures ? Parce que je ne les dois à personne. Je les ai construites au fil des années par mon seul effort. S’ajoutent mon expérience et ma réputation. Je ne suis lié à aucun mouvement politique, je n’ai pas d’ambition de ce type bien que j’ai des opinions que je qualifierais d’humanistes et républicaines. En venant ici je me suis juste fixé pour but de construire ma position. A une condition que j’ai toujours respectée : ne faire de tort à quiconque et servir le bien commun.

A signaler une petite anecdote tombée dans l’oubli : Au début du XIXe siècle, en Bavière, Les Juifs devaient absolument obtenir des autorités un matricule, une sorte de numéro, juste pour pouvoir exister légalement. Pour demander à s’établir, par exemple. Sans matricule, pas de requête possible. Vous n’existiez tout simplement pas.

Il n’y en avait pas pour tout le monde. Alors il fallait attendre qu’un plus vieux meure pour espérer récupérer le sien. Et encore, à condition d’être bien placé parce qu’on était plusieurs dessus. Ce qui signifiait souvent payer, et payer cher… Impossible de se marier sans ça.

Ce qui se traduisait par Pas de métier, pas de mariage. Pas de mariage, pas d’enfants. Une communauté plus facile à contrôler, plus facile à restreindre.

Etonnant, non ?

Les préposés à l’enregistrement des migrants étaient assez laxistes, et pour établir les papiers nécessaires à chaque immigré de trouver un logement et un travail, il suffisait de donner son nom. Seulement bon nombre d’entre eux ne parlaient pas anglais, et c’est ainsi qu’un homme qui n’avait pas compris la question de l’employé répondit Trenton, ville où il devait se rendre. C’est ainsi qu’il a été enregistré sous ce nom en toute bonne foi. Allez faire des recherches généalogiques après ça.

 

Ce roman historique, narré à la première personne est donc un rétrospective de la fin du XIXe siècle aux Etats-Unis, le regard porté sur une vie consacrée au travail, à la Liberté, à l’expansion d’un pays. A l’implantation des migrants qui comme partout s’érigeaient en communauté, formant des ghettos parfois, afin de se retrouver, de parler du pays quitté, un rapprochement nécessaire pour ne pas se sentir absorbé par la foule et garder sa propre personnalité. Un roman riche d’enseignements. Le roman du courage.

 

Ce roman-récit reprend et approfondi l’ouvrage Lady Liberty I love you coécrit par Nathalie Salmon et Alain Leroy, publié en 2013 aux éditions De Rameau.

 

Nathalie SALMON : Un amour de liberté.

Nathalie SALMON : Un amour de liberté. Roman historique. Editions Baker Street. Parution le 15 février 2018. 314 pages. 21,00€.

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13 mars 2018 2 13 /03 /mars /2018 09:25

Hommage à Daniel Walther, né le 10 mars 1940 et décédé le 3 mars 2018.

Daniel WALTHER : Tigre.

Daniel Walther est bien connu des amateurs de science-fiction. En réalité il fut plus un écrivain de fantastique, de spéculative-fiction, qui écrivait comme s’il voulait exorciser ses propres démons, ses propres fantasmes.

Toute sa production tend à le montrer comme un écrivain torturé. Ses « héros », ses personnages plutôt, car les protagonistes de ses histoires sont plus proches de l’antihéros étymologiquement parlant, ses personnages donc se conduisent en individus traumatisés, perdus dans un univers qui n’est pas le leur, qui ne peut être le leur.

En utilisant parfois une certaine verdeur, une certaine trivialité, une outrance dans l’écriture ou la description scénique, Daniel Walther stigmatise ses personnages, les engluant, les torturant moralement, les culpabilisant.

Tigre n’échappe pas à cette règle. Tigre, c’est le nom du personnage central, qui, tueur et amnésique, ne sort que la nuit afin de perpétrer ses forfaits.

Conduit par une voix intérieure, il ne sait pas pourquoi il tue, mais il s’y sent obligé, et accomplit alors un acte qui selon les circonstances devient un acte de défense ou un acte de rejet.

Rejet de soi et d’une société morcelée en clans, en sectes, avec ses nantis, ses vigiles, ses milices, sa pègre, son gouvernement fantôme, le tout porté à un paroxysme insoutenable.

Sur toute l’œuvre règne le spectre de Lovecraft, lequel a influencé bon nombre d’auteurs talentueux et qui reste un géant et une référence littéraire de la S .F. et du fantastique.

 

(c) Fabienne Rose

(c) Fabienne Rose

Daniel Walther a reçu le Grand Prix de l'Imaginaire :

1976 : Nouvelle / Short story pour Les Soleils noirs d'Arcadie

1980 : Roman pour L'Épouvante

Daniel WALTHER : Tigre. Collection Anticipation N°1605. Editions Fleuve Noir. Parution janvier 1988. 192 pages.

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