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20 mai 2018 7 20 /05 /mai /2018 09:06

En Bretagne, il ne pousse pas que des choux-fleurs et des artichauts…

Des cadavres démembrés également !

Frédéric PAULIN : Les cancrelats à coups de machette.

Des cadavres éparpillés un peu partout dans la nature, un bras ici, une jambe par là et quelques têtes qui accompagnent le tout. Un constat macabre effectué par les gendarmes de la brigade de Sens-de-Bretagne. D’autant que ces cadavres, des Noirs, sont inconnus de la population. Comme s’ils étaient venus par la voie des airs.

Deux autres affaires similaires ont été recensées, une dans l’estuaire de la Gironde, l’autre dans un terrain vague de la région parisienne. Une vengeance ? Cela se pourrait car trois personnages sont immédiatement dépêchés sur place afin d’enquêter et de fournir une identité à ces morceaux humains.

A bord du véhicule de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie Nationale, voyagent le colonel Dante de la BLAT, Anton Tue-mouche, probablement affecté à un service secret, et Dafroza Rwigyema, une Rwandaise d’origine Tutsie, présidente de l’association Contre l’oubli. Dafroza a mis un nom sur chacun des cadavres retrouvés dans les mêmes conditions, et il en va de même en Bretagne. D’anciens Hutus, au passé sulfureux.

Tout débute le 6 avril 1994. Un avion amorce sa descente sur Kigali avec à bord le président Habyarimana et son homologue burundais. Dans la brousse se terrent des hommes, des Rwandais et des Blancs. Sur l’ordre d’un des Blancs un missile est envoyé abattant l’avion. C’est le point de départ officiel du soulèvement Hutu et des exactions qui seront commises par la suite dans la capitale et dans le pays. Plus de 800 000 morts sont recensés ou estimés. Pillages, incendies, massacres, actes de barbarie, sont à l’ordre, ou désordre, du jour et des semaines qui vont suivre.

Dans les faubourgs de Kigali, François Gatama a quitté son amie Dafroza pour affronter sur le ring un boxeur surnommé le Maillet. Un Hutu tandis que François Gatama et Dafroza sont Tutsis. Ils sont jeunes, à peine vingt ans pour lui, dix-sept pour elle, et la vie devant eux. Un avenir prometteur pour François car c’est un boxeur qui compense son physique par son élégance pugilistique. Même si sa garde est un peu basse. Il gagne son match, au grand dam des spectateurs Hutus, et il se retrouve plongé en enfer. Dafroza aussi, emmenée par des rebelles.

L’enfer va durer 100 jours, au cours desquels Hutus et Tutsis s’affrontent dans des combats de rue violents, Hutus violant les femmes et décapitant leurs adversaires. Les Tutsis reprenant peu à peu l’avantage et se montrant aussi féroces. L’armée française, obéissant à des ordres venus d’en haut se contente de regarder les affrontements, de leur base aérienne, ayant pour ordre de n’évacuer que certaines personnes.

 

Frédéric Paulin narre l’enquête d’aujourd’hui et les atrocités, les combats, les affrontements ethniques qui se sont déroulé vingt et un ans auparavant, et dont Dafroza est la figure principale, ayant été physiquement et moralement impliquée dans ces deux périodes. Le colonel Dante, alors capitaine, et Tue-mouche aussi ont vécu ces événements tragiques à divers stades.

En alternance nous suivons donc le parcours cahoteux de Dafroza et François Gatama, avec quelques descriptions de combats de boxe, et d’autres protagonistes également, pour une histoire de vengeance hors norme et pourtant compréhensible.

Seulement, l’ONU et la France ne peuvent, malgré les déclarations politiques mises en exergues, qu’elles proviennent de François Mitterrand alors président de la République, ou d’Alain Juppé quelques mois plus tard, affadir cette guerre interne, intestine, aux relents de génocide qui se traduit par une hécatombe.

En effet, s’il est difficile de s’immiscer dans les affaires internes d’un état, il est tout aussi difficile de supporter ce genre d’exaction et d’établir une préférence, surtout lorsque cette préférence est économique et commerciale. Les enjeux financiers devraient passer outre les guerres or justement c’est le contraire qui se passe la plupart du temps. Il ne faut pas se leurrer, un jour, le bâton revient comme un boomerang dans la figure de ceux qui l’ont ignoré. Enfin, devrait car ils ne sont plus aux rênes d’un pays mais c’est bien l’héritage qu’ils laissent, et c’est une honte indélébile qui est laissé à tout un peuple, par dommage proche ou collatéral.

Roman, récit, docu-fiction, quelle que soit l’appellation que l’on peut donner à cet ouvrage, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un reportage poignant sur des événements atroce qui ont bouleversé une partie de l’opinion publique, mais pas la classe politique. D’ailleurs, à aucun moment n’apparait la mention Roman, que ce soit sur la couverture ou à l’intérieur du livre, ni cette petite phrase qui dédouane en général l’auteur : Ce roman est une œuvre de pure fiction. Toute ressemblance avec des personnages ou des événements…

 

Dernière petite précision, les cancrelats, c’est ainsi qu’étaient surnommés par les Hutus, les Tutsis. Ce qui montre à quel point la nature humaine peut se révéler méprisante envers elle-même. Même les bêtes ne réagissent pas ainsi. Et il parait que l’homme est plus intelligent que les animaux. Il parait…

 

-Tu ne lis pas de polars, hein ? raille gentiment D’entrerroches.
-Non, ça m’emmerde : il y a toujours un sérial killer, des complotistes francs-maçons ou nazis, et un vieux flic bourru qui mène l’enquête accompagné d’une jeune fliquette reubeu qui le trouve terriblement sexy. Ça m’emmerde, si tu savais.
-Tu as dû lire de mauvais polars.
-J’ai pourtant essayé de me fader ceux qui se vendent le mieux, les trucs qui font la une des magazines chaque année.
-C’est bien ce que je dis : tu as lu les mauvais polars.

Frédéric PAULIN : Les cancrelats à coups de machette. Collection Goater Noir N°24. Editions Goater. Parution le 26 avril 2018. 240 pages. 18,00€.

ISBN : 978-2918647485.

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19 mai 2018 6 19 /05 /mai /2018 10:16

J’en reprendrais bien une part !

M. C. BEATON : La quiche fatale.

A cinquante ans et légèrement plus, Agatha Raisin a décidé de changer de vie et de réaliser un vieux rêve datant de son enfance.

Elle dirige une agence de communication et elle la vend sans regret à l’un de ses concurrents qui doit reprendre également ses employés dont Roy, un petit jeune prometteur plein d’allant. Elle va s’installer à Carsely, un charmant petit village niché dans les collines des Cotswolds. Elle avait découvert avec ses parents, lorsqu’elle avait huit ans, cette région paisible et ses cottages en pierre jaune, ses jardinets charmants, ses petits chemins, sa tranquillité, loin du bruit et des odeurs de la capitale.

Elle est trapue, physiquement, est considérée comme une originale et ne mâche pas ses mots, ce qui a pour conséquence de ne pas posséder d’amis. Elle a consacré sa vie à son travail mais désormais elle va profiter de sa retraite anticipée.

Son premier contact avec sa voisine n’est pas véritablement placé sous d’heureux auspices, mais à part ça, tout le monde lui dit bonjour, lui parle du temps et autres paroles censées démontrer qu’elle n’arrive pas dans un village de sauvages. Mais cela ne va pas plus loin. L’intégration est loin d’être réussie et il lui faut trouver des astuces pour, ne pas forcément s’imposer, mais pour signifier qu’elle fait dorénavant partie du paysage.

Elle rencontre des commerçants, la femme du pasteur et quelques autres personnages féminins, les hommes ne l’intéressant guère. Quoique… Elle a été mariée, elle considère qu’elle a donné. Seul Roy lui rend visite avec son copain Steve. Il lui demande des conseils afin de pouvoir s’affirmer chez son nouveau patron.

Elle accepte de participer à un concours de cuisine organisé par la paroisse, ce genre de petits concours forts prisés par la population locale. Seulement, Agatha et la cuisine ne font pas bon ménage. Elle promet toutefois d’apporter une quiche. Et elle s’en va acheter cette délicieuse préparation aux épinards à Londres, chez un traiteur Grec chez qui elle s’approvisionnait régulièrement. D’ailleurs ses repas sont constitués la plupart du temps de plats surgelés. Au moins elle sait se servir d’un micro-onde.

Et voilà, le tour est joué, pense-t-elle. Elle ne gagne pas le premier prix car tous les ans c’est la même cuisinière qui gagne. Le président du jury a toutefois goûté à sa tourte, et il l’emmène chez lui afin de la déguster plus amplement. Sa femme est de sortie, et le lendemain lorsqu’elle se réveille c’est pour se rendre compte que le brave homme, qui accorde ses faveurs à une gent féminine nombreuse, est décédé dans la nuit, dans le salon. Elle ne l’avait même pas vu en rentrant, caché qu’il était par le canapé.

Naturellement une enquête de police est diligentée, menée principalement par un policier de la localité voisine, et qui possède des origines anglo-chinoises. Il ne pense pas à un meurtre, à un accident peut-être mais Agatha Raisin est persuadée du contraire. Elle va donc enquêter de son côté, mais apparemment elle dérange. Son honneur est en jeu. Et il va bien falloir avouer qu’elle a triché.

 

Nous suivons avec amusement les différentes pérégrinations d’Agatha Raisin dans sa recherche d’un éventuel coupable, car elle y tient, quelqu’un a intentionnellement ajouté de la cigüe aquatique à sa quiche. Et elle sait que son traiteur n’avait aucun raison de lui nuire en particulier, alors qui et surtout pourquoi ?

On la suit également dans ses démêlés avec le voisinage, ayant honteusement débauché la femme de ménage de sa voisine. Et puis qui lui glisse sous sa porte, lorsqu’elle est absente, un message d’intimidation ? Or pour l’intimider il faut se lever de bonne heure, ne pas se coucher même. Car Agatha n’est pas une faible femme.

Si elle se considère un peu comme une nouvelle Miss Marple, car elle vient de découvrir la littérature policière, elle est plutôt du genre Imogène McCarthery, un personnage créé par Charles Exbrayat, avec son côté vindicatif et capable d’abattre des montagnes. Elle ressemble aussi, par certains côtés, au capitaine Marleau, mais ça elle ne peut le savoir, cette policière déjantée n’ayant été créée que depuis peu.

Agatha Raisin fume, boit, sans complexe. Elle se sent chez elle dans le bar du village au milieu des consommateurs. Et lorsqu’elle est à Londres, elle n’hésite pas à demander au serveur de déplacer l’un des clients vers un endroit non fumeur, celui-ci étant importuné par la fumée de sa cigarette. Pourtant, pense-t-elle, il inhale plus de quatre paquets de cigarettes en se déplaçant dans les rues de la capitale qu’en restant près d’elle. Mauvaise foi garantie en toute impunité et peut-être en toute inconscience.

Un roman-détente mais souvent sous la légèreté de l’intrigue et son côté humoristique, s’inscrit également une vision, pas toujours complaisante, de la société britannique dans les années 1990. L’humour est acide, caustique, mais apparaissent ça et là quelques traits poétiques.

 

Les vieilles maisons craquent et soupirent quand elles se préparent pour la nuit.

Les Cotswolds étaient apparemment une région très féconde. On croisait partout des jeunes femmes poussant leurs bébés ou leurs enfants en bas âges dans des landaus et des poussettes, comme on appelle ces chars que les mères envoient avec aplomb dans les jambes de ceux qui n’ont pas d’enfants.

M. C. BEATON : La quiche fatale. Agatha Raisin enquête N°1. (The Quiche of Death – 1992. Traduction par Esther Ménévis). Editions Albin Michel. Parution le 16 juin 2016. 324 pages. 14,00€.

ISBN : 978-2226317322

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18 mai 2018 5 18 /05 /mai /2018 07:30

Il jouait du piano debout…

Anthony BUCKERIDGE : Bennett et son piano.

Comme pour Bennett et la roue folle, le titre de ce roman n’est pas tout à fait conforme au titre originel, Jennings as usual, qui aurait dû se traduire par Bennett, comme d’habitude, Jennings étant le patronyme britannique du jeune héros de cette série. En effet le piano ne figure que dans certains chapitres alors que l’idée principale réside dans les initiatives, souvent catastrophiques, du garçonnet dans ce pensionnat de Linbury.

Parmi les distractions extrascolaires proposées aux soixante-dix pensionnaires du collège, le bricolage arrive en bonne tête avec la construction de modèles réduits et le jardinage. Et Bennett s’est mis en tête de construire un téléphone artisanal afin de pouvoir communiquer avec ses amis, et plus particulièrement avec Mortimer.

A l’aide de deux boites en métal, fournies aimablement par l’un des professeurs, et un bout de ficelle, il confectionne son téléphone et ça maaarche ! Mieux que les inventions de Gaston Lagaffe !

Tout comme Gaston Lagaffe, Bennett enchaîne les bévues, et parfois ses propos prêtent également à des interprétations ambigües, plus particulièrement de la part de M. Wilkinson, l’un de leurs professeurs. Et les situations souvent burlesques se suivent comme les chenilles processionnaires, au détriment de Bennett, de ses camarades ou des professeurs.

 

Les malentendus sont nombreux entre les divers protagonistes, ce qui n’est pas étonnant lorsque l’on ne permet pas à l’enfant d’aller jusqu’au bout de ses explications, qu’on l’interrompt alors qu’il n’a pas fini de raconter ce qui vient d’arriver, ce qu’il souhaite faire ou à quel problème il est confronté. Un problème qui n’est pas irrésoluble à condition qu’il s’exprime en toute confiance.

Malgré le texte de la quatrième de couverture qui affirme qu’il y a un éclat de rire à chaque page, ce roman est plaisant à lire même si l’on ne rit pas tout le temps, des fois à peine sourire devant les mésaventures de Bennett. De même, il est écrit « Attendez un peu de l’entendre interpréter au piano, d’une manière tout à fait inattendue, un célèbre menuet de Beethoven !... Bon, pour l’entendre, il faudrait que ce soit un livre audio, mais on l’imagine très bien, accumulant quelques fausses notes, ou ne suivant pas le rythme, sauf… quand ayant une mission à effectuer en urgence, il laisse son ami Mortimer dans la salle de musique, seul, le remplacer en alimentant un électrophone diffusant le fameux morceau musical.

Une aimable récréation entre des romans noirs parfois déprimants et il est bon de se changer les idées, à l’aide de romans humoristiques et de se replonger dans des lectures de son enfance.

 

Anthony BUCKERIDGE : Bennett et son piano. (Jennings as usual – 1959. Texte français d’Olivier Séchan). Collection Bibliothèque Verte. Editions Hachette. Première parution 1971.

ISBN : 978-2010007743

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17 mai 2018 4 17 /05 /mai /2018 06:57

Et ce sont les certitudes qui nous dirigent…

Alain PARIS : Le dirigeable Certitude.

Lorsque nous avons quitté les protagonistes des quatre précédents volumes composant Le Monde de la Terre Creuse, soufflait après huit-cents ans d’obscurantisme et de despotisme, un vent de liberté ressenti par tous comme un renouveau. Presque comme une préfiguration de ce qui s’est passé dans les pays de l’Est (rappelons que la première édition de ce roman date de 1990).

Avec toutefois une énorme différence : en partant d’une supposition uchronique, celle d’Hitler grand vainqueur de la Seconde guerre mondiale.

Les dirigeants entretenaient dans les esprits l’idée que la vie était entièrement souterraine. La Terre n’était plus un globe, la vie se trouvant en surface, mais l’inverse. Un retour au Moyen-âge savamment orchestré et régit par une sorte d’Inquisition nommée la Sainte-Vehme.

Sous l’impulsion d’hommes comme Arno von Hagen, l’astrologue Urien, et quelques autres, le Reich tremble sur ses bases, chancelle puis s’effondre.

Dans le dirigeable Certitude, premier volet d’une nouvelle série, nous retrouvons quelques-uns de ces héros, ou leurs descendants, quelques cinquante ans après les événements précités.

Au nord de l’Ecosse, un drôle d’engin en feu tombe du ciel. Seul un des membres de l’équipage survit pendant quelques temps, assez pour que des envoyés de Londres s’inquiètent. Ce dirigeable serait parti vers l’Amérique alors que le Reich était encore tout puissant à la recherche d’une hypothétique galerie conduisant hors de Terre.

Mais selon toute invraisemblance, les membres de cette expédition n’ont pas vieilli. Une mission est alors mise en place afin de découvrir qui se cache derrière ce mystère tandis que des fanatiques du Reich, des nostalgiques de cette sombre époque, semblent trouver un second souffle, une résurgence.

Encore un grand roman épique d’inspiration médiévale et uchronique mais également un roman d’aventures à trame historique qui devrait en passionner plus d’un. Et n’oublions pas que ce roman paru pour la première fois en 1990 n’a pas vieilli car la fièvre de l’Extrême-droite est de plus en plus prégnante de nos jours.

 

Première édition : Collection Anticipation N°1749. Parution avril 1990. 192 pages.

Première édition : Collection Anticipation N°1749. Parution avril 1990. 192 pages.

Alain PARIS : Le dirigeable Certitude. Le Monde de la Terre Creuse N°5. Collection e.Anticipation. Editions L’Ivre Book. Parution 16 mai 2018. 2,99€.

ISBN : 978-2-36892-599-7
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16 mai 2018 3 16 /05 /mai /2018 08:31

Le nouveau Bussi ? Non, un ancien Bussi rénové !

Michel BUSSI : Sang famille.

Comme l’explique Michel Bussi dans sa préface, Sang Famille est l’un de ses premiers romans écrits, mais son quatrième roman publié chez son premier éditeur, les éditions des Falaises/PTC. Donc il ne s’agit pas là d’une véritable nouveauté, mais il ne nous trompe pas sur la marchandise. Pour cette réédition aux Presses de la Cité, il a légèrement réécrit son ouvrage effectuant des corrections de forme. Mais il a apporté une modification qui pourrait sembler mineure mais est qui est d’importance, la substitution d’un élément masculin par un personnage féminin.

Mahina remplace donc l’un des deux compagnons de Colin, le personnage central du roman, et cette touche de féminité s’inscrit dans l’air du temps tout en nous ramenant à quelques lectures anciennes juvéniles ancrées dans notre mémoire. Je pense notamment au Club des cinq d’Enid Blyton.

Pour autant il ne s’agit pas de respecter une certaine parité politiquement correcte, mais de fournir au texte un bain de fraîcheur, une présence féminine émotionnelle mais pas niaise, de jouer avec les codes ségrégationnistes des camps de vacances, d’enrichir le propos du comportement humain, de mieux se calquer sur la vie sans ériger de barrières.

 

Ce qui suit, est le texte que j’avais rédigé lors de la parution de ce roman en 2009, et je n’ai rien changé, par respect envers l’auteur.

 

“ Les jolies colonies de vacances, merci maman, merci papa… ” comme chantait Pierre Perret. Colin n’est pas un accro des colonies, des camps de vacances, des stages et encore moins ceux consacrés à la voile. Et s’il doit remercier quelqu’un, c’est lui même car il est orphelin depuis dix ans. S’il s’est inscrit pour participer à un stage à l’île de Mornesey, c’est qu’une idée bien ancrée dans sa petite tête d’adolescent de seize ans le turlupine : retrouver la trace de son père disparu et dont il pressent que tout ce qu’on a pu lui dire depuis des années ne sont que mensonges et compagnie. Effectuant des fouilles dans les ruines de l’abbaye de Saint Antoine dans l’île de Mornesey avec quelques amis et sa femme, Jean Rémy se serait suicidé en mer après des incidents ayant coûté la vie à trois ouvriers. Sa mère aurait eu un accident de voiture peu après et Colin a été recueilli par son oncle et sa tante. Ses soupçons ont été étayés par de petits indices qui mis bout à bout formaient un faisceau de preuves irréfutables, du moins à son avis.

L’île de Mornesey, située dans la Manche au large de Granville, possède deux particularités : depuis plusieurs siècles une prison y est édifiée, servant autrefois de transit pour les bagnards, mais aujourd’hui encore débordante d’activités. Pour preuve, cette évasion de deux prisonniers, dont l’un est multirécidiviste, donc dangereux, et l’autre devant être libéré dans deux mois. L’autre particularité réside en une légende, celle d’un trésor nommé la Folie Mazarin qui serait caché probablement dans l’un des nombreux souterrains qui traversent l’île de part en part. Tandis que Colin cherche à confirmer ses soupçons, Simon Casanova, jeune agent de sécurité temporaire sur l’île, entame sa petite enquête sur cette étrange évasion. Une investigation qui va le mener loin, très loin, jusqu’à Nice, et qui ne sera pas sans rapport avec les tribulations de Colin.

Sang famille, titre jeu de mots qui rappelle un célèbre roman d’Hector Malot, se révèle justement le prototype même du roman populaire de la fin du XIXème siècle et du début du XXème. Avec son lot de mystères, de courses poursuites, de trésors supposés (ou non), d’un adolescent narrateur, pour une partie du texte, et héros malmené, des méchants, des bons, des personnages secondaires qui ne le sont pas tant que ça. Ainsi Clara employée de mairie à la recherche de l’amour, ou tout au moins une amourette pour faire passer le temps et adepte du karaoké sur ordinateur ou Delpech journaliste indépendant et rédacteur du seul journal de l’île. Quelques bévues et incohérences dans le déroulement de l’histoire émaillent le récit. Pour preuve ce problème de datation : sur la tombe des parents de Colin, il est indiqué que le père est né en 1962 et la mère en 1965, or l’on apprend qu’ils avaient tous deux 19 ans lorsqu’ils se sont rencontrés. D’autres petites erreurs, toujours dans le décompte des années, attireront l’attention du lecteur, mais ce n’est pas grave en soi. Autre petite anomalie, en l’an 2000, puisque l’action se déroule en août 2000, on ne parlait pas encore en euros, et il eu peut-être été plus judicieux de laisser les prix en francs, quitte à signaler la conversion dans une petite note en bas de page. Quoi qu’il en soit, ce roman est très agréable et nous offre plus qu’un roman policier, un véritable roman d’aventures et de mystères.

Première édition : Editions des Falaises/PTC. Parution juin 2009.

Première édition : Editions des Falaises/PTC. Parution juin 2009.

Michel BUSSI : Sang famille. Edition Presses de la Cité. Parution 16 mai 2018. 496 pages. 21,90€.

ISBN : 978-2258113091

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15 mai 2018 2 15 /05 /mai /2018 10:04

Les adolescents ont une vie qui ne ressemble pas à celle des adultes…

Sylvie COHEN : La splendeur des égarés.

La foule s’agglutine sur la place del Popolo, en ce 14 août 2000, à l’occasion du Jubilé lors des XVe journées mondiales de la jeunesse. Nathan Durer, journaliste, déambule tranquillement et bientôt il est le spectateur d’un incident dramatique. Un adolescent vient de s’immoler, et il ne peut s’interposer et étouffer les flammes, étant trop loin de la victime.

Nathan Durer est dans la ville papale à l’invitation de son ami Adam Kesh et alors qu’il prend un pot à l’hôtel en sa compagnie, un homme est près d’eux, buvant plus que de raison. William, un gynécologue, vient de perdre son fils et attend Helena, sa femme, qui est complètement effondrée. Son ex-femme.

Malgré les rapports de police, et l’autopsie qui démontre clairement l’identité du gamin, Helena n’accepte pas l’idée que le suicidé soit son fils. Elle le cherche partout, et s’abrutit à l’alcool. Elle est désespérée et Nathan tente de lui remonter le moral. Mais elle sait bien le faire, seule, à coups de boissons éthyliques. Quant à William, il cuve sur son lit, Adam l’ayant pris en charge.

Considérant qu’ils ont fait ce qu’ils avaient à faire, Adam Kesh et Nathan Durer décident de passer la main.

 

Un an plus tard. Helena et Nathan vivent dans la même ville, Portville, sur la Méditerranée. Parfois Helena téléphone à Nathan, elle parle d’un certain Franck Wallace, joueur de poker. Elle est toujours à la recherche de son fils, elle annonce qu’elle va être hospitalisée. Nathan écoute. C’est tout. Pour lui la vie continue et les échanges s’espacent.

 

Nathan a divorcé depuis des années, mais une chose est sacrée. Recevoir ses enfants, un garçon et une fille. Il ne les voit pas assez souvent à son goût, mais il est obligé de se plier à leur désir d’indépendance. Marie qui vit une histoire d’amour contrariée. A seize ans. Son copain vient de la laisser tomber au profit d’une autre qui sûrement ne lui arrive pas à la cheville. Nathan ne peut que compatir. Et un matin Marie est retrouvée sur la plage. Petit dauphin échoué, noyé. Et Nathan est noyé par le chagrin.

Alors il se rend compte qu’il possède un point commun avec Helena. Ils ont perdus tous les deux un enfant dans des conditions presque similaires. Un accident pour Marie, paraît-il. A moins que… Non il ne s’agit pas d’un meurtre. Peut-être autre chose. Ne pas mettre de mot, cela fait encore plus de mal.

Alors il décide de retrouver Helena et il accumule les témoignages de personnes l’ayant connue. La quête n’est pas aisée, mais Nathan est pugnace. Wallace, le joueur de poker, lui délivre des informations. Et péniblement Nathan gratte, voyage, récolte des témoignages. A Miséricorde, une petite bourgade du Nord-est de la France où William exerce ses talents de gynécologue. Et autres pratiques… Son cabinet ne désemplit pas.

Nathan croit avoir retrouvé Helena, mais est-ci bien elle ? N’est-ce pas un fantôme qu’il poursuit ? Une quête bouleversante à la recherche du temps perdu, d’une fille perdue, d’un fils perdu. De la genèse de l’enfance d’Helena. Peut-être.

 

Sylvie Cohen tisse son histoire comme on tisse un carré de soie, mais les couleurs ne sont pas chatoyantes. C’est sombre, très sombre. Et ce carré de soie que l’on voudrait doux au toucher est parfois râpeux. Il accroche les sentiments. Il est quelque peu effrangé, effiloché. Une trame consistante qui est servie par une écriture éfaufilée, et qui serait ravaudée à gros points, à coups de poings, comme pour mieux cogner l’esprit du lecteur, lui asséner une réalité dont on ne trouve la juste précision que lorsqu’on y est directement confrontée.

Le désarroi d’un père, celui d’une mère en filigrane, Helena laissant peu à peu la place à Nathan. Un livre fort, poignant, servi par un texte torturé.

 

L’illusion est la religion de l’espoir pour ceux qui n’ont plus rien.

Il est plus facile de se confier à des inconnus, on y puise toujours un réconfort, on sait qu’on ne les reverra jamais.

Sylvie COHEN : La splendeur des égarés. Editions Les Chemins du Hasard. Parution le 1er mars 2018. 178 pages. 16,50€.

ISBN : 979-1097547042

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14 mai 2018 1 14 /05 /mai /2018 08:18

Un atelier d’écriture particulier !

Michel AMELIN : Le secret de Jessica.

Afin de se laver l’esprit de la flopée des romans noirs emmagasinés depuis quelques temps, quoi de mieux qu’un bon petit roman destiné aux adolescents mais que les adultes qui ne veulent pas vieillir lisent avec une certaine délectation, pour ne pas dire une délectation certaine.

Jessica, quatorze ans, est amoureuse. Cela arrive souvent à cet âge là, mais pas que. Donc elle est amoureuse de Kevin, un beau blond aux yeux verts, seulement elle n’est pas dans sa classe et ensuite, il préfère la compagnie de Pauline Turk, une grosse qui bénéficie de ses faveurs, car elle lit, beaucoup, comme lui. Tandis que Jessica, Radis de son nom, préfère d’autres divertissements, principalement rester devant la télévision à se gaver de vidéo.

Les vacances de Pâques, période synonyme d’activités proposées par la Maison des jeunes de Saint-Nazaire, arrivent et Jessica va s’inscrire à un atelier écriture, elle qui déteste ce genre de palliatif aux grasses matinées. Il est bon de s’occuper, c’est bon pour l’esprit, mais de là à s’inscrire à un atelier d’écriture, faut être masochiste ou amoureuse.

Et c’est bien pour cette dernière raison qu’elle s’y inscrit. Kevin doit participer à ce stage, de même que Pauline. Va falloir supporter.

Et le jour dit, Jessica se présente au lieu dit mais se retrouve seule. Les autres participants prévus sont atteint d’une épidémie de gastro-entérite, sauf Pauline qui est en Bretagne chez sa grand-mère. Comme l’écrivain pressenti est déjà là, n’ayant pu être prévenu (à l’avance comme disent les commentateurs qui n’ont pas des pléonasmes !) Jessica va l’avoir pour elle toute seule. Elle se retrouve sous les feux des projecteurs, personne à l’horizon pour lui sauver la mise.

Heureusement elle a lu un livre pour cette occasion. Un bouquin conseillé par Kevin, un pavé de trois cents pages. Maline, Jessica a lu le début puis la fin. Et elle en a extirpé un résumé (j’en connais d’autres qui font pareil, mais je ne les dénoncerai pas !) qu’elle présente à Alex Michelon, l’auteur théoriquement en résidence.

Seulement, ce qu’elle n’avait pas prévu, c’est que cet auteur lui demande ce qu’elle a pensé de certains épisodes qui se déroulent au milieu du récit. Piégée Jessica ! Une romancière britannique qu’il connait fort bien et dont il décline les avatars familiaux avec sa tripotée de gamins. Il lui propose même de lui écrire, l’aidant dans sa rédaction. La journée se termine avec la remise de quelques ouvrages.

Troublée, Jessica reprend le livre parcouru et se demande comment il se fait que l’auteur(e) dédie cet ouvrage aux gains qu’elle n’a pas eu… Y’a un truc et cela la turlupine, jusqu’à ce qu’elle en parle à Kevin remit de ses émotions gastriques.

 

C’est frais, c’est reposant, c’est véridique pour certaines scènes, bref un moment de détente fort bien venu, mais en même temps, une histoire pédagogique pour nos jeunes lecteurs. Car si l’adulte se doute de ce qu’il va arriver, et encore, nos chères têtes blondes (Kevin) ou brunes (Jessica) ou de Turc (Pauline), vont découvrir des dessous auxquels ils ne sont pas toujours confrontés. Quand j’écris dessous, je pense naturellement aux dessous de la littérature, évidemment.

Cet aspect pédagogique est développé en volume de volume sous formes d’annexes, une démarche intéressante que tout le monde ne lira pas forcément. Mais il reste néanmoins que ce petit livre (par le nombre de pages) est vivifiant, empli d’humour. Un humour qui m’a fait songer à Jérôme K. Jérôme (pour ceux qui l’ignoreraient l’auteur de Trois hommes et un chien dans un bateau) et à P. G. Wodehouse, le créateur de Jeeves, summum de l’humour britannique (british pour ceux qui se piquent d’anglicismes).

Michel AMELIN : Le secret de Jessica. Collection Cascade. Rageot éditeur. Parution juillet 1997. 130 pages.

ISBN : 978-2700223637

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13 mai 2018 7 13 /05 /mai /2018 08:13

Les vaches rousses, blanches et noires

Sur lesquelles tombe la pluie

Et les cerisiers blancs made in Normandie…

Karine LEBERT : Les Amants de l’été 44.

Suite au décès prématuré de sa mère, de maladie probablement car elle était dépressive et un décès par un excès de médicaments n’est pas inenvisageable, Gemma Harper est fort étonnée d’apprendre que sa grand-mère était Française, Normande de surcroit.

Gemma est à trente ans directrice du service commerciale de l’entreprise familiale dont l’activité principale réside en la vente de produits alimentaires. Ses frères occupent eux aussi des postes de responsabilité, placés sous la coupe de leur père, un sexagénaire intransigeant.

Quelques jours plus tard, Gemma reçoit une enveloppe émanant d’un détective privé. Il lui précise qu’il a enquêté sur les origines de Lauren, la mère décédée, à sa demande et qu’elle serait elle-même la fille d’une Normande dont la trace a disparu. Gemma prend rendez-vous avec le détective, dans un quartier populaire qu’elle découvre, et elle se retrouve en possession de quelques documents qui l’incitent à partir sur place à la découverte de ses ancêtres maternels.

Elle décide donc de se rendre en Normandie à la recherche d’une famille Lemonnier, patronyme courant dans cette province, et après quelques laborieuses démarches arrive enfin à Pont-l’Evêque où résident encore Gilles, un frère de sa grand-mère Philippine et ses enfants. Ils vivent dans un manoir, habitation aussi répandue dans la vallée d’Auge que les châteaux dans le Bordelais, et tiennent une ferme, fabriquant beurre et fromages ainsi que cidre et Calvados.

Gemma a décidé de s’installer dans une chambre d’hôtel à Deauville, ce qui va lui permettre de sillonner la région. Autant profiter de ses vacances tout en effectuant ses recherches. Si elle n’obtient aucun renseignement de la part de son grand-oncle Gilles, elle trouve du soutien auprès de son cousin Lucas qui va l’aider, lui suggérant quelques pistes ou personnes susceptibles de l’aider. Et c’est ainsi que Gemma va se rendre de Pont-l’Evêque au Havre, à Barfleur ou encore Etretat. Malgré les remontrances et mises en garde de son père, d’autant qu’il n’accepte pas la proposition de Gemma de prospecter pour l’importation de produits français.

 

Si la narration consacrée à Gemma est rédigée à la troisième personne, celle concernant Philippine l’est à la première personne.

Philippine narre comment elle a fait la connaissance d’Ethan, un soldat américain originaire de la Louisiane, un cajun qui s’exprime en français et dont elle tombe amoureuse.

Tout commence quand tout devrait finir, en août 1944, à Pont-l’Evêque, petite ville de la vallée d’Auge que les Allemands quittent peu à peu sans lâcher le morceau. Les soldats américains s’installent, et l’un d’eux pensant avoir affaire à un soldat allemand abat Olivier, le frère de Philippine. Les Américains s’érigent en nouveaux envahisseurs, et la mort d’Olivier n’arrange rien. Et tandis que leurs cantines sont pleines d’aliments, les Français se plaignent, manquant de beurre, de pain, de viande, de charcuterie, de charbon.

J’ai lu dans Le Pays d’Auge le témoignage d’une Rouennaise disant qu’elle souffre davantage de la faim aujourd’hui que durant l’Occupation.

Pourtant elle désire se marier avec Ethan, et ils se rencontrent en cachette, un camp américain étant installé sur leurs terres. Elle va même se marier avec lui contre l’avis de ses parents, mais en attendant sa majorité.

C’est ainsi qu’elle va nous raconter ses pérégrinations, ses désillusions, ses attentes, son mariage, son passage à Gonfreville-l’Orcher ou camp Philip Morris, l’un des fameux camps-cigarette américains, en tant que War-bride, puis son départ en compagnie de quelques autres femmes vers New-York.

Un destin ignoré que celui des War-brides, ces jeunes femmes mariées avec des militaires américains, et qui pour la plupart ont été déçues et sont revenues en France. Elles avaient été attirées par ces jeunes hommes qui offraient à satiété cigarettes, plaquettes de chocolat, chewing-gum et surtout des bas nylons. Mais ce qu’elles ignoraient, ou feignaient d’ignorer, c’étaient les différences religieuses, et ce n’était pas au mâle de céder.

Avec sobriété Karine Lebert nous conte une page d’histoire, souvent méconnue, passée sous silence, oubliée, alors que resurgissent de temps à autre celle des femmes frayant avec des soldats allemands, ayant eu parfois des enfants, et qui ont eu la tête rasée à la fin de la guerre, souvent par des Résistants de la dernière heure. Pourtant dans certaines régions françaises, et notamment en Normandie, le Débarquement ne s’est pas toujours déroulé dans la joie et la bonne humeur.

Si des viols ont été commis, souvent la faute en a été rejetée sur les Noirs. Mais la vérité est qu’ils étaient mis en marge de la soldatesque américaine, et qu’ils n’ont pas été les seuls fautifs ou coupables. Et Le racisme, qui n’était pas en France tel qu’on le connait aujourd’hui, était beaucoup plus prégnant chez les Alliés américains. Ceci n’est pas une autre histoire, cela fait partie de l’histoire de l’humanité.

Une double histoire qui mêle aujourd’hui, enfin l’année 2000, et hier, 1944-1945, émouvante, au travers de la vie de deux femmes qui s’érigeaient en maîtresses-femmes, courageuses, n’hésitant pas à braver le danger et les interdits.

Mais c’est également une réflexion sur les échanges commerciaux franco-américains, un fromager refusant, à raison de changer la méthode d’affinage des produits normands au seul prétexte qu’ils n’entrent pas dans l’optique américaine sur l’hygiène alimentaire, mais ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Malheureusement, j’ai été déçu de ne pouvoir au bout de cette saga car l’épilogue se clôt avec la mention Fin du premier volume, alors qu’il n’était spécifié nulle part que ce livre constituait le premier élément d’un feuilleton historique. Et maintenant j’attends la suite avec impatience, et je pense ne pas être le seul.

J’ai toutefois relevé un petit bémol : en l’an 2000, l’on ne s’exprimait pas encore en euro, et une chambre 3 épis à Barfleur à 95 € la nuit, cela me semble un peu cher et loin de la réalité, alors qu’en 2018, on en trouve en 2018, à Gatteville-le-phare, tout près de Barfleur, pour 60 €.

Karine LEBERT : Les Amants de l’été 44. Collection Terres de France. Editions Presses de la Cité. Parution 15 mars 2018. 368 pages. 20,50€

ISBN : 978-2258150812

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12 mai 2018 6 12 /05 /mai /2018 07:31

On l’a surnommé Linky, le conteur intelligent !

Stanislas PETROSKY : La voyageuse sans retour suivie de L’immortel.

Deux nouvelles au sommaire de ce court recueil numérique, mais deux nouvelles poignantes, chacun à sa façon.

Dans La voyageuse sans retour, un vieil homme se rend tous les jours, quel que soit le temps sur le quai d’une gare, planté seul face aux rails, un bouquet de fleurs à la main. Depuis soixante-dix ans, il attend stoïque, sachant que celle qui devrait descendre du train ne sera pas là.

Parfois il est en butte aux railleries, même si la plupart des voyageurs descendant des rames l’ignorent depuis le temps, des gamins qui se veulent délurés. C’est si facile de se moquer d’un petit vieux qui ne peut se défendre contre les moqueries, voire même des jets de pierre.

Evidemment le lecteur se doute, pour ne pas dire qu’il sait, quel sera l’issu de cette historiette, concernant l’attente du petit vieux, mais ce n’est pas tant l’épilogue qui compte mais cette espérance qui anime contre vents et marées notre personnage. Une touchante histoire d’amour, et une constance dans les sentiments.

 

Dans la seconde histoire, L’immortel, il s’agit d’Achôris qui se présente aux lecteurs. Il préfère qu’on l’appelle Frédéric, n’empêche que son nom est bien Achôris et qu’il fut embaumeur quelques millénaires auparavant, et qu’aujourd’hui il est thanatopracteur. Un mot savant plus compliqué mais dont la finalité est la même, ou presque. Préparer les morts pour leur dernière demeure. Comme si l’homme, ou la femme, qui va se retrouver dans une demeure hermétique, en bois ou tout autre matière, va rencontrer des personnes intéressantes et qu’il, ou elle, doit être présentable. On ne sait jamais.

Bref Achôris est immortel et n’a jamais changé de métier. Il est vrai que la matière première se renouvelle sans discontinuer et que le chômage n’est pas envisagé pour cette profession loin d’être moribonde.

Seulement Achôris s’ennuie depuis le temps qu’il est vivant.

Mais combien d’entre nous aimeraient être immortels, afin de pouvoir lire tous les livres qui nous attendent ? Je suis sûr que nous n’aurions pas le temps de nous ennuyer !

 

quelques liens utiles :

Stanislas PETROSKY : La voyageuse sans retour suivie de L’immortel. Nouvelles numériques. Collection Noire sœur. Editions Ska. Parution le 9 novembre 2015. 23 pages. 1,49.

ISBN : 9791023404555

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11 mai 2018 5 11 /05 /mai /2018 07:20

Puisqu’on vous dit que c’est un secret !

Michel HONAKER : Secret of Bashamay.

Le Bashamay, un antique parchemin fait de peaux humaines, est convoité par le mystérieux Al Rhazy et la non moins mystérieuse princesse Marfa. Un grimoire qui peut leur procurer un pouvoir sans partage sur les démons et devenir les maîtres.

Mais un parchemin maléfique que seuls les initiés sont capables de lire, les autres succombant dans d’atroces souffrances.

Le Commandeur Ben Graymes, dont Michel Honaker relate ici sa cinquième aventure, va devoir arbitrer cette confrontation et même annihiler les efforts des deux parties à coups de maléfices, d’incantations magiques, sans oublier les coups mortels assénés avec sa fidèle épée Shoër Gavan.

Le démonologue va se sortir une fois de plus de situations inextricables non sans difficultés mais avec panache.

Hier à New-York, aujourd’hui dans le désert tunisien et libanais, dans quel pays exercera-t-il demain ses talents et contre quels malfaisants sera-t-il amené à se battre ?

Vous le saurez en lisant la suite des aventures du Commandeur. Prochain titre : Evil Game. Tout un programme.

 

Première édition : Collection Fleuve Noir Anticipation N°1771. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1990. 192 pages.

Première édition : Collection Fleuve Noir Anticipation N°1771. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1990. 192 pages.

Michel HONAKER : Secret of Bashamay. Le Commandeur 4. Editions L’Ivre Book. Parution 9 mai 2018. 2,99€.

ISBN : 9782368925980.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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