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21 juin 2018 4 21 /06 /juin /2018 09:33

Si vous allez au Stade de France, munissez-vous d’un parapluie ! On ne sait jamais !

Alexandre DUMAL: La coupe immonde.

Match numéro 4 :

Alexandre DUMAL: La coupe immonde.

Contacté par Isabelle Moineau, non loin du lieu de l’édification du Stade de France, Alias supprime un tueur de la Mafia qui a eu le tort de s’exercer sur une amie.

L’endroit lui donnant des idées, quelques mois plus tard il déverse avec un Canadair des tonnes de matières fécales sur le stade de France, lors du match d’ouverture. Un ancien condisciple de La Morve en biochimie a fabriqué des rats à ventouses. Alias perturbe le lunch organisé par le C.F.O., comité français d’organisation, en lâchant les bestioles lors de la dégustation de petits fours.

Il intercepte un camion transportant le repas des policiers de la Préfecture de police et remplace le déjeuner prévu par des omelettes aux champignons hallucinogènes. Il dépose des casiers de bouteilles de vin vides dans la cour et alerte les journalistes qui surprennent le Préfet Broutard en plein délire.

Alias et ses acolytes enchaînent les méfaits : décapitation d’un directeur de supermarché, viol de la créatrice de l’affiche de la coupe du monde de football par les membres d’un club de supporters, saccage et incendie de la demeure de Margaret Amos, son ennemie, affrontement entre les forces du GIGN et du RAID lors de la finale entre la France et le Brésil (la France perd), enfin un lâcher d’armes dissimulées dans un dirigeable au dessus de la cour de la prison de la Santé, et l’incendie du siège social de la Banque de France.

 

Sous les patronymes de Marcel Bigles, Fred Blatteur, Marcel Platano, Bernard Daisastre, les lecteurs reconnaîtront quelques figures célèbres du milieu footballistique, de même qu’ils entonneront la Marseille et autres airs connus, revus et corrigés par Alias.

Avec en toile de fond la coupe du monde, Alexandre Dumal ne se lasse pas de tirer à boulets rouges sur les hommes politiques, et/ou médiatiques. Le football lui-même, et tout ce qui gravite autour, est décrit avec impertinence, parfois non sans raison. Mais dans l’ensemble, tout cela ne vole pas très haut, et Alias tacle sans élégance.

Les résultats précédents :

 

Alexandre DUMAL: La coupe immonde. Collection Alias N°5. Editions Fleuve Noir. Parution 11 juin 1998. 222 pages.

ISBN : 978-2265065093

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20 juin 2018 3 20 /06 /juin /2018 08:17

Déjà que le passé simple n’est pas si simple…

Patrick S. VAST : Passé double.

Son rêve d’aller en Australie, de côtoyer les kangourous, c’est dans la poche, ou presque pour Cindy, jeune marginale qui habite dans un squat près de la Gare du Nord à Paris.

Alors qu’elle se demande comment se sustenter, n’ayant pas un fifrelin en poche, Cindy s’assied sur un banc dans un square. Une préoccupation qui revient tous les jours. C’est alors qu’une vieille dame, assise non loin, vient la voir et lui fait une étrange proposition. Une amie recherche une dame de compagnie et Cindy serait toute désignée pour remplir cet office. Comme une forte somme lui est promise, Cindy accepte, nonobstant qu’elle vit avec Paulo, marginal comme elle. Mais elle le quitte sans aucun regret.

En voiture pour Rang-du-Fliers, près de Berck et du Touquet. Les deux voyageuses arrivent devant une demeure imposante, sorte de grand manoir, et Cindy est époustouflée. Encore plus lorsqu’elle pénètre dans cette résidence, car l’intérieur est encore plus luxueux. Rosemonde, la propriétaire des lieux, vit en compagnie d’un couple de serviteurs, Octave, l’homme d’entretien, et Henriette, femme de ménage et cuisinière.

Cindy doit changer de vêtements, Rosemonde a tout prévu, même des chaussures à talon, mais également couper ses cheveux et les teindre. Elle va s’appeler dorénavant Hélène, ce qui surprend encore plus la jeune fille, mais son travail ne devrait durer que six mois et après, à elle l’Australie. En fait de dame de compagnie, Cindy, alias Hélène, va remplacer la fille décédée de Rosemonde. Un rôle de composition. Mais dans quel but ?

Gérard Alvès est directeur d’une société dont les finances sont précaires. Il est même près du dépôt de bilan. Cinq ans auparavant il a eu un terrible accident de voiture dans lequel est décédée sa fiancée. Il possédait déjà avec un associé une société qui a périclité mais depuis il s’est marié avec Agathe et il pensait pouvoir s’en sortir. Or son passé le rattrape, lorsqu’il aperçoit Cindy, ou plutôt Hélène. A moins que ce soit le contraire.

Débute une machiavélique machination orchestrée par Rosemonde, dans laquelle gravitent quelques personnages pas toujours vraiment irréprochables, dont le fils poivrot de Rosemonde, l’ancien associé de Gérard, mais également Paulo, l’ancien petit copain de Cindy qui s’inquiète de sa disparition, d’une caissière qui a reconnu en Cindy Hélène, un mystérieux individu qui surveille la demeure le soir du cimetière voisin. Entre autres.

 

Rosemonde se tient telle la Veuve noire au centre d’une toile d’araignée qu’elle a patiemment tissée, mais quelques frelons, asiatiques ou pas, pourraient bien venir la perturber dans son entreprise.

L’intrigue monte progressivement en puissance, car si le lecteur se doute dès le départ que Cindy va jouer un rôle à cause de sa ressemblance avec Hélène, l’affaire se révèle plus complexe qu’il y parait. Patrick S. Vast joue avec ses personnages, les imbriquant dans cette histoire tout en leur réservant une part de mystère. Mais c’est pour mieux nous appâter et l’on se prend à lire ce roman comme une mygale dévore ses proies, même si certaines se rebiffent, se rebellent, se débattent dans la toile, quitte à la trouer en certains endroits.

Si dans ma chronique concernant Potions amères, j’avais évoqué Louis C. Thomas et Boileau-Narcejac, ce roman confirme mes références littéraires, mais je m’aperçois que j’ai omis de citer également deux grands noms de la littérature de suspense : Georges-Jean Arnaud, durant une certaine période, celle par exemple des Jeudis de Julie, de L’homme noir, et d’autres, et surtout l’Américain Cornell Woolrich plus connu en France sous le pseudonyme de William Irish.

 

Vous pouvez commander cet ouvrage chez votre libraire en indiquant le numéro d'ISBN signifié ci-dessous, ou en vous rendant directement sur le site, pas besoin de prendre le train, indiqué ci-dessous :

 

Patrick S. VAST : Passé double. Le Chat moiré éditions. Parution le 1er juin 2018. 240 pages. 9,50€.

ISBN : 9782956188315.

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19 juin 2018 2 19 /06 /juin /2018 08:07

Il criait Allez les Bleus !

Il est revenu couvert d’hématomes…

John CREASEY : Football pour l’inspecteur West

Match numéro 3.

John CREASEY : Football pour l’inspecteur West

Journée faste pour Guy Randall, qui n’est pas le frère de Josh, le chasseur de prime, puisqu’il vient d’obtenir une promotion dans la boîte de façonnage d’emballages en tous genres qui l’emploie.

Et ce n’est pas tout ! Il est persuadé emporter un contrat juteux au détriment de son confère Jeremiah Scott, commercial lui aussi mais qui travaille dans une entreprise concurrente. Enfin, il va déjeuner avec Sybil, sa promise, dans un restaurant chic.

Et ce n’est pas tout car à la fin de la journée il est abattu par un tueur à un coin de rue. Le sergent Goodwin, aussitôt arrivé sur les lieux, n’en revient pas. Son chef à terre, atteint d’une balle ! Erreur, il s’agit d’un autre. Ouf ! Autre chose, Randall se promenait toujours avec sa marmotte, un cartable dans lequel il enfouissait ses contrats et devis. Elle lui aurait été barbotée lorsqu’il a été abattu.

Et West, le patron et ami de Goodwin, prend immédiatement en charge cette affaire qui va connaître de nombreux rebondissements, comme un ballon de football sur un terrain mal entretenu. Il enquête auprès des employeurs de Randal, auprès de Sybil, auprès du chasseur du restaurant où Randall avait rendez-vous avec Sybil, et auprès de quelques autres dont son concurrent, Jeremiah Scott.

D’après Louis, le chasseur du restaurant sélect, Sybil, lorsqu’elle est arrivée, semblait angoissée et suivie par un inconnu. Ce qu’elle dément formellement, mais elle est toutefois troublée par la ressemblance affichée entre le policier et son fiancé.

L’enquête de West provoque des remous et Goodwin se choppe une balle qui n’était pas perdue. Quant à West il va se trouver en maintes occasions, lors de rencontres inopinées avec des chauffeurs de taxi, dans des entrepôts sur les docks londoniens, et autres avatars, dans des situations plus que délicates, préjudiciables à sa santé.

Toutefois il se rend compte que quelque chose lie toutes ces affaires : des billets de football du club de Fulham ainsi que la circulation de faux programmes. Et le lecteur est invité à participer justement à un match de football, entre le club londonien et celui de West Bromwich Albion, match qui se révélera assez épique, et pas à cause des joueurs.

 

Cette enquête assez longue, dans le temps et non pour le lecteur, serait intéressante si parfois les actions arrivaient inopinément comme un ballon de football dans la soupe. En effet, mais est-ce dû à la traduction, certains événements se déroulent sans qu’ils soient programmés, et West surgit toujours par surprise lors de certains épisodes. De même, alors qu’il est mis en difficulté par les bandits, il est sauvé in extremis sans que tout soit clairement expliqué.

Le rôle joué par Sybil est assez ambigu. West la découvre dans une maison (comment est-il arrivé là ?) la sauvant de justesse d’un empoisonnement destiné à l’occire. Pourtant, par la suite, Sybil ne semble pas tenir rancune à ceux qui voulaient la mettre hors circuit. Elle joue un double-jeu, parfois en contradiction avec les protagonistes qui évoluent auprès d’elle.

Le lecteur ressent donc des manques, des ellipses, dans la narration, ce qui génère une certaine frustration. Mais, tout n’est peut-être pas à mettre sur le compte du traducteur, car John Creasey a beaucoup écrit, et peut-être parfois dans l’urgence.

 

Polygraphe très prolifique, John Creasey est surtout connu en France pour sa série Le Baron, signée Anthony Morton, mais également sous les pseudonymes de J.J. Marric, Jeremy York, Michael Halliday, sous son patronyme pour les séries de l’inspecteur West et du Prince, en tout sous une vingtaine d’alias en Grande-Bretagne, sa patrie d’origine. Certains de ces pseudonymes ont été modifiés lors de la traduction de ses romans en France, afin de les publier sous des noms déjà connus des lecteurs.

Match d'ouverture

Match Numéro 2

John CREASEY : Football pour l’inspecteur West (Inspector West Kicks Off ou Sport for Inspector West - 1949). Traduction de Michael Eichelberger). Le Masque jaune N°1013. Editions Librairie des Champs Elysées. Parution mai 1968. 192 pages.

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18 juin 2018 1 18 /06 /juin /2018 06:49

L’emploi du Salbutamol en littérature est-il considéré comme un dopant ? Question anodine posée un coureur cycliste.

Frédéric H. FAJARDIE : Le souffle court.

Un petit voyage en Normandie, sur les hauteurs de Deauville, pour le commissaire principal Padovani. Mais il ne s’agit pas de se conduire en touriste, car le tueur au croc de boucher vient encore de sévir.

Comme la fois précédente, il a énucléé sa victime, un garde du corps, et le riche marchand d’armes qui était son patron a été incinéré dans sa voiture. Une Rolls Royce. Un gâchis !

Pour Tonton, le patron de Padovani et son tuteur qui l’a élevé lorsque celui-ci est devenu orphelin, il ne s’agit pas de rester tranquillement assis mais d’arpenter le terrain. Lui coordonnera les investigations de son bureau. Alors Padovani s’entoure de quelques-uns de ses fidèles lieutenants et lui sont adjoints d’autres policiers, dont Julien, un jeune émotif, ainsi que Paul-Miroslav Sterpovitch, dit Miro, un tireur d’élite. Eh oui, le surnom n’est pas toujours en conformité avec la fonction.

Il faut se dépêcher sinon c’est une collection de cadavres dont la Criminelle va hériter. En effet le tueur au crochet de boucher, probablement collectionneur d’yeux, continue d’énucléer comme s’il n’avait que ça à faire.

Bientôt Padovani et ses collègues établissent un lien entre les morts. Ils sont tous d’origine Yougoslave. Ainsi Hautes-Etudes, ainsi surnommé pour des raisons évidentes, est chargé de s’intéresser à la Yougoslavie, à son histoire et son système politique. Ce qui l’amène à fouiner du côté des Oustachis, et à demander la collaboration, quasi forcée, à Bulatovic, un indicateur qui est une sorte de fichier vivant des exilés yougoslaves.

Les Oustachis formaient un mouvement séparatiste croate, nommé l’Oustacha, particulièrement antisémite et fasciste. Créé en 1929, l’Oustacha fut soutenu par l’Allemagne et l’Italie, prenant le pouvoir en Croatie, après l’invasion et le démembrement de la Yougoslavie.

 

L’histoire narrée par Frédéric Fajardie a été écrite en 1980, donc bien avant les événements entre Croates, Serbes, Bosniaques, et autres représentants de cette république fédérale qui a connu de nombreuses vicissitudes, notamment à cause des différents peuples qui la constituaient et aux religions qui s’opposaient, l’orthodoxe et la musulmane et moins représentée, la catholique, dans les années 1990 de sinistre mémoire.

Il s’agit donc d’une intrigue noyée dans une page d’Histoire, ou une page d’Histoire qui sert de support à l’intrigue.

Tel Janus Frédéric Fajardie possédait deux visages, deux facettes littéraires. La nocturne, décrite en ces mots par Bruno Corty : Avec Fajardie, le roman noir, pitbull, engagé, enragé, vachard, violent était né. Car effectivement l’œuvre de Fajardie, du moins dans ces premiers romans, était sombre, noire, brutale, sans concession.

Mais Fajardie possédait également son côté diurne, qui pouvait se révéler lumineux, tendre, émouvant, humaniste, sans tomber dans le pathos, enfin pas trop. Car Francine, la femme de Padovani, mais qui est également celle de l’auteur par prénom interposé, canalise ce commissaire fougueux. Mais d’autres personnages se révèlent temporisateurs, tel Hautes-Etudes, ou encore Julien, un peu trop sentimental et qui n’est pas à l’aise dans ce monde de brutes. Il philosophe sur la vie, la mort, analyse et tente de comprendre certains gestes. Et Fajardie est un peu la synthèse de Padovani et de Julien.

 

Qui a donc décrété qu’un anniversaire était un événement joyeux ? Je n’y vois, pour ma part, qu’un pas de plus vers la fin, un peu comme si le temps, abandonnant son sablier pour une allégorie plus kitsch, apparaissait sous la défroque du vieil épicier à blouse grise – tellement français – mouillant sur ses lèvres humides et molles l’extrémité d’un crayon en disant « cinq et un qui nous font six ». Pas de quoi entonner l’Hymne à la joie.

La Petite Vermillon. 14 novembre 1995.

La Petite Vermillon. 14 novembre 1995.

Première édition : Collection Suspense/insolite/mystère. Editions NEO. 1982.

Première édition : Collection Suspense/insolite/mystère. Editions NEO. 1982.

Frédéric H. FAJARDIE : Le souffle court. Collection La Petite Vermillon N°50. Editions de La Table ronde. Réimpression. Parution le 24 mai 2018. 176 pages. 7,30€.

ISBN : 978-2710387985

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16 juin 2018 6 16 /06 /juin /2018 08:01

A sec ? Mais faut mouiller le maillot les p’tits gars !

Jean-Bernard POUY : A sec !

Match N°2 !

Jean-Bernard POUY : A sec !

Le football, c’est un jeu pratiqué par Vingt deux abrutis, sélectionnés qui plus est, suffisamment si peu sûrs d'eux-mêmes qu'ils s'entourent de remplaçants pour pallier leurs béances, et d'arbitres pour éviter les fautes.

Ce n'est pas moi qui le dis, c'est J.-B. Pouy.

Surenchère : Ils n'étaient pas loin de penser que ce sport de dégénérés du bulbe était le pire marigot dans lequel le corps social pouvait être plongé.

Afin de mieux enfoncer le crampon, Pouy fait appel à certaines connaissances, philosophes émérites dont l'opinion ne peut être mise en doute et ayant pour nom Keelt, Malebranche, Wittgenstein et consorts. D'accord, c'est pour la bonne cause.

Spinoza, alias Julius Puech, se repose sur ses lauriers à Bombay. Mais lorsqu'il apprend qu'Hegel est de retour, il ne tergiverse pas et reprend du service. Là-bas à Paris et province, la baston règne, surtout autour des stades. Commandos primaires fanatiques.

On ne fera pas de dessins. Bottes mauves en lézard contre chaussures de foot. Balle au centre.

Pouy se fait plaisir ou plutôt fait plaisir à ses fans qui attendaient la confrontation bis entre spinozistes et hégéliens.

Plus qu'une histoire, mi-polar déglingué mi-SF allumée, avec le foot comme tête de Turc, ce roman joue finement le tacle, échappe au carton jaune et propose les prolongations.

Une récréation pour Jean-Bernard Pouy entre deux romans plus épais, et qui se lit le temps d’un match de football.

 

Première édition : Canaille/Revolver N°111. Editions Baleine. Parution le 31 janvier 1998.

Première édition : Canaille/Revolver N°111. Editions Baleine. Parution le 31 janvier 1998.

Jean-Bernard POUY : A sec ! Première édition : Canaille/Revolver N°111. Editions Baleine. Parution le 31 janvier 1998.

ISBN : 978-2842191252

Réédition : Collection Folio Policier N°149. Parution 22 février 2000. 160 pages.

ISBN : 978-2070409617.

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15 juin 2018 5 15 /06 /juin /2018 08:34

La principale préoccupation des anciens est de vérifier dans les avis de décès de leur journal si leur nom d’y figure pas !

Maurice GOUIRAN : L’Irlandais.

C’est ce que pense Clovis, le journaliste, en apercevant Biscottin, l’octogénaire, attablé et compulsant les pages nécrologiques de son canard préféré. Mais contrairement à ce qu’il croyait, Biscottin recherche tout simplement le nom de L’Irlandais qui a été assassiné six jours auparavant.

Zach Nicoll, dit l’Irlandais, était devenu une figure locale comme graffeur puis artiste-peintre. Il était arrivé à Marseille vingt ans auparavant et avait débuté comme artiste de rue avant de s’établir dans un atelier. Ce qui n’avait pas plu à tous ses confrères qui l’avaient traité de lâcheur.

Des toiles ont été dérobées dans son atelier, ce qui pourrait laisser penser à un simple vol avec dommage collatéral. Emma Govgaline, et son binôme Sami sont chargés de cette enquête. Après avoir délaissé Emma, sa policière punkette favorite, durant ses trois mois d’hibernation, Clovis essaie de la contacter par téléphone. Peine perdue, elle ne daigne pas répondre. Elle est en colère après lui, à cause de sa défection, mais, tout à fait entre nous, elle aurait pu se déplacer et le rejoindre à La Varune.

Ceci ne nous regarde pas, et retrouvons Clovis chez Zach, où il rend une visite de courtoisie à Aileen, son épouse devenue veuve, en compagnie de Biscottin et de Raph, un ancien agent des RG. Elle leur demande de l’accompagner à Belfast afin de pouvoir enterrer Zach chez lui, dans la terre de ces ancêtres. Seul Clovis est disponible et accepte de l’escorter.

Clovis avait déjà effectué quelques reportages sur le sol irlandais, notamment dans la prison où Bobby Sands fut interné, et il propose au directeur du magazine Les Temps Nouveaux des articles dont il détaille les grandes lignes. Cela lui permettra de se renflouer quelque peu, il faut concilier l’utile à l’agréable.

Aileen n’est pas vraiment accueillie à bras ouverts par la famille de Zach, la mère, la sœur, et quelques autres dont Ghetusa, la veuve du fils aîné abattu par un snipper alors qu’il était sur un échafaudage avec Zach en train de taguer. Clovis va retrouver d’anciennes connaissances, recueillir des témoignages sur les années de guerre, ceux qui ont participé de près ou de loin aux Troubles.

Certains témoignages se contredisent, aussi bien sur les agissements de certains membres de l’IRA, que sur ceux de Zach. Si les hommes jouent une part active, celle des femmes n’est pas à négliger. Car outre Aileen, la femme de Zach, Ghetusa la belle-sœur qui n’accepte pas d’être reléguée comme la veuve un point c’est tout, des égéries ont parfois bousculé cette prédominance machiste. Ainsi Breena, combattante féministe au sein de l’IRA, une figure difficile à cerner, d’autant plus qu’elle est décédée dans des conditions troubles, mais qui n’acceptait pas de rester mère, ou femme, au foyer.

 

Plus qu’une histoire doublée d’une enquête sur la mort de Zach, du vol des tableaux, qu’Emma et Sami pensent avoir résolu en arrêtant des vendeurs à la sauvette qui en possédaient quelques exemplaires, c’est un nouveau coup de poing, ou de pied, que Maurice Gouiran donne dans des dessous historiques.

Finalement, les Troubles n’avaient été qu’une guérilla de pauvres, exploitée par les riches.

Une diatribe, non seulement envers l’ignominieuse Miss Maggie, mais également envers ceux qui se sont affrontés, aussi bien Anglais, que Catholiques, Nationalistes divisés, Protestants aussi, ceux qui s’érigent en intégristes. Maurice Gouiran met également l’accent sur la condition féminine bafouée en Irlande, un sujet qui ne fait pas la Une des médias, alors que les pays du Proche et Moyen Orient sont très souvent critiqués négativement pour leur concept machiste. Avant d’aller balayer devant chez les autres, il faudrait regarder si son porche n’est pas crasseux.

Face à mon étonnement, il soutint que la femme irlandaise ne pesait pas lourd dans la communauté catholique et républicaine. Elle était là pour pondre des gosses, les élever, prier Dieu et obéir à son mari.

 

Mais l’Irlande et ses déboires, ses combats politiques et religieux, n’empêchent pas Maurice Gouiran d’émettre des réflexions sur l’être et le paraître. Montrer ce qui est beau aux touristes, dans les médias, et délaisser les quartiers défavorisés marseillais.

Ici, on ne gère pas le problème. On se contente de regarder ailleurs. Ce quartier est pourri, qu’importe : on focalisera les caméras sur le Mucem, la corniche ou l’ombrière du vieux port. Les stades de foot des quartiers sont à l’abandon, on montrera le stade vélodrome refait à neuf mais qui n’appartient même pas à la ville. Les piscines se délitent et ferment mais on s’en fout, on a la mer…

 

Un jour le projet Euroméditerranée s’étendra jusque là, expliqua-t-elle avec de grands gestes. Alors des messieurs bien habillés viendront nous expliquer qu’il est urgent de détruire ces logements insalubres et dangereux pour construire du beau, du neuf, du confortable afin d’accueillir de jeune cadres propres sur eux, imposables et sans accent qui ne viendront jamais. Mais entre temps on aura viré toute la populace. Pour la repousser où ? Plus loin, toujours plus loin.

 

Alors que reste-t-il ? Que peut-on faire ? Que ce soit en Irlande, à Marseille, ou ailleurs ? Se réfugier dans des bars et déguster des bières brunes ou des mauresques.

L’alcool, c’est quand même ce qu’on a fait de mieux pour, l’espace d’une ivresse, oublier les misères du monde et croire en la fraternité.

 

Maurice Gouiran trempe son pinceau dans l’encrier de l’Histoire et peint une grande fresque humaniste en vert et rouge, avec chaleur.

 

Maurice GOUIRAN : L’Irlandais. Editions Jigal. Parution le 15 mai 2018. 240 pages. 18,50€.

ISBN : 978-2377220366

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14 juin 2018 4 14 /06 /juin /2018 11:10

Ils sont foot, ces auteurs !

Spécial coupe du monde de foot, vu à travers la

littérature !

Match d’ouverture !

Jean-Michel RIOU : Le Mille-pattes.

Qui ne se souvient de "A mort l'arbitre" d'Alfred Draper, paru en Série Noire (N°1560) et adapté au cinéma en 1983 par Jean-Pierre Mocky sous le titre éponyme avec Michel Serrault, Eddy Mitchell et Carole Laure dans les principaux rôles. Ou encore de Kop de Dominique Manotti chez Rivages en 1999. Moins connu peut-être "Un tueur dans la foule" de George Lafountaine qui fut également adapté par Larry Peerce en 1977 avec Charlton Heston et John Cassavetes.

En cette période où le ballon rond est promu hostie du supporter, où les stades sont les nouvelles chapelles édifiées en l'honneur du football, où les matchs seront les messes largement retransmises par la télévision entièrement vouée à ce culte, il fallait bien que quelques iconoclastes sacrifient à la mode tout en s'en gaussant.

 

En lever de rideau Jean-Michel Riou avec Le mille-pattes.

Jean-Michel RIOU : Le Mille-pattes.

César National, l'avant-centre de l'équipe de France reconverti dans le journalisme pour cause de blessure grave à la jambe, doit commenter le match inaugural en compagnie de son ami Thierry Zachs, le grand prêtre des ondes de Channel A.

C'est en rendant visite à ses ex-coéquipiers qu'il apprend que la France doit perdre ce match qui l'oppose à une sélection mondiale. Un chantage exercé à l'encontre de certains de ses amis, ce qui le révolte et le pousse à enquêter.

En compagnie de Bill Rey, un jeune journaliste aux dents longues et à la caméra fouineuse, il se lance dans une course contre la montre car si les supporters apprennent cette défection, obligée, des joueurs français, cela risque d'entraîner une émeute susceptible de tourner en carnage.

 

Ce n'est pas le ballon rond qui est au centre de ce roman telle l'hostie présentée en offrande mais les agissements nébuleux des officiants, hommes politiques, responsables de clubs de supporters créés à l'occasion de cette manifestation et course à l'audimat, qui sont la cible de Jean-Michel Riou. Mais l’on sait bien que ceci n’est qu’une fiction. Dans la vie réelle, cela n’arrive jamais. Si ? oh, si peu…

A propos, le mille-pattes évoqué par le titre n'est autre que les onze joueurs piétinant avant d'entrer sur le terrain. Vingt deux joueurs si l'on additionne les deux équipes. Plus les arbitres.

Jean-Michel RIOU : Le Mille-pattes. Collection Sueurs froides. Editions Denoël. Parution le 6 janvier 1998. 240 pages.

ISBN : 978-2207247006

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13 juin 2018 3 13 /06 /juin /2018 13:16

Cela ne devrait pas l’empêcher de jouer au foot !

Maurice LIMAT : Le manchot.

Être frustre, Pascal est en proie à une obsession, qu'il impute à sa main. Il a des envies de trancher des têtes, une impulsion qu'il essaie de contrôler avec peine.

Il a sauvé la vie, lors d'une battue au sanglier, à monsieur Velier, le maire du village, en abattant la bête à coups de couteau. Il est devenu une gloire locale mais n'a pas pris la grosse tête pour autant. Il n'est guère instruit, désolant sa vieille institutrice. Alors il demande à monsieur Féras, le retraité lepidoptérophile qui possède également des milliers de livres, de lui en prêter. Pas des romans, non, des ouvrages instructifs, pédagogiques.

Pascal travaille à la scierie de la Plaine, mais pas comme ouvrier qualifié. C'est ce que l'on appelle une petite main, avec toujours comme unique pensée, celle de se couper la main droite avec une hache. En entendant un de ses compagnons d'atelier se vanter de ses bonnes fortunes auprès des femmes, une envie soudaine de l'occire à coups de bûches le prend. Heureusement il ne peut passer à la réalisation de ce souhait mortifère. Mais une autre idée lui traverse l'esprit en voyant la scie circulaire débiter des troncs d'arbres.

Il se coupe délibérément la main à l'aide de la scie, profitant d'un moment d'inattention du personnel. Après quelques semaines de convalescence, Pascal ne pouvant plus travailler à la scierie est employé comme jardinier chez monsieur Féras ainsi que chez les voisines du vieil homme, les dames Vaison, la mère et Corinne, sa jeune et belle-fille veuve. Corinne a vécu en Asie de longues années avec son mari et a acquis par mimétisme la particularité physique de ce continent. Pascal, malgré son handicap, effectue toutes sortes de petits boulots de jardinage chez ces particuliers, et sa main gauche devient habile et forte.

Une fin d'après-midi, alors que l'orage menace, Loulou, une gamine de dix-sept ans, et son ami Renaud, un peu plus vieux, batifolent dans une grange. Elle veut bien mais pas trop et alors qu'elle s'apprête à quitter son ami, tous deux aperçoivent une silhouette. Pour Loulou et Renaud, aucun doute, il s'agit de Pascal qui traîne dans les parages. Le jeune homme sort de la grange à la poursuite de cette silhouette mais lorsqu'il revient bredouille, c'est pour constater que Loulou est morte étranglée. Les examens médicaux concluent qu'elle a été étouffée par une seule main, la main droite.

Pascal est soupçonné mais la présomption d'innocence est rapidement avancée. Il ne peut avoir tenté à la vie de Loulou pour cause de main droite manquante. Un main qu'il croit toujours posséder, les terminaisons nerveuses le travaillant. De plus cette fameuse main n'a pas été retrouvée lors de l'incident à la scierie. Une véritable obsession qui le tenaille.

Un soir il entend Corinne crier. Aussitôt il se précipite. Quelqu'un a tenté de l'étrangler. Une main sans visage. Il possède un alibi, mais pas Renaud qui est arrêté puis relâché, faute de preuve. Puis c'est au tour de Renaud de subir une tentative d'étranglement. Là encore Pascal possède un alibi irréfutable. A sa demande il était attaché par des chaînes à la cave lorsque l'incident s'est produit.

 

La tension monte, l'angoisse est palpable et cette main qui lui fait toujours défaut mais qu'il accuse des méfaits qui se produisent. Tout tourne autour de monsieur Féras, de Corinne et sa belle-mère, de Renaud et Pascal. Et de cette main invisible comme maniée par un fil de marionnettiste, gravée comme une empreinte indélébile dans son esprit. Sans oublier le fidèle chien de Pascal, Faraud, qui le suit partout, malgré un incident au cours duquel il aurait pu perdre la vie.

A de rares exceptions près, comme la séance de batifolage dans le foin entre Loulou et Renaud, tout est narré à la première personne par Pascal. Il se décrit lui-même comme un simplet, un demeuré, n'ayant guère d'instruction même s'il en acquiert auprès de monsieur Féras. Or il s'exprime avec un vocabulaire assez riche, en légère contradiction avec ce qu'il est sensé être.

 

Réédition collection Super Luxe N°165. Editions Fleuve Noir. Parution février 1985. 192 pages.

Réédition collection Super Luxe N°165. Editions Fleuve Noir. Parution février 1985. 192 pages.

Maurice LIMAT : Le manchot. Collection Angoisse N°117. Editions Fleuve Noir. Parution 1er trimestre 1965. 224 pages.

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12 juin 2018 2 12 /06 /juin /2018 07:55

T’as le bonjour d’Alfred ?

Renée BONNEAU : Meurtres chez Sir Alfred.

De chaque côté de l’estuaire de la Rance, deux villes se font face, attirant les touristes, mais pas pour les mêmes raisons.

Saint-Malo, la cité corsaire, célèbre pour ses remparts, le Grand Bé où est enterré Chateaubriand, sa gloire locale, Robert Surcouf et son salon littéraire Etonnants voyageurs.

En face Dinard, la ville qui fut la station balnéaire préférée des touristes britanniques depuis le milieu du XIXe siècle, avec ses villas Belle époque, et surtout, depuis 1990, son festival du film britannique. Avec Alfred Hitchcock qui se dresse tel un Monsieur Loyal dresseur de goélands. Une référence au film Les Oiseaux, dont le scénario était signé Evan hunter, plus connu en France sous le nom d’Ed McBain, d’après une nouvelle de Daphné du Maurier.

En ce mercredi 4 octobre, le festival débute sous d’heureux auspices pour les nombreux festivaliers. La présence de Sean Connery et d’Hugh Grant est annoncée dans le cadre de présentation du nouveau James Bond, Bons baisers d’Egypte, du réalisateur Charles Hamilton. Des animations, non prévues au programme, se déroulent sur la voie publique. Un homme, déguisée en Charlot, arborant une pancarte amuse la galerie. Ce n’est pas méchant, mais il ne faudrait pas qu’il perturbe le bon ordonnancement de la manifestation justement par une manifestation inappropriée. Et un briquet a été collé sur la statue d’Alfred Hitchcock, l’on se demande bien pourquoi.

Toutefois un incident jette le froid au cours de la soirée. Guy Brandon, un scénariste, accuse la productrice et le réalisateur de l’avoir évincé lors du tournage de Bons baisers d’Egypte, et Simon Leigh, le scénariste qui l’a remplacé au pied levé de l’avoir plagié. Le lendemain, un cadavre est découvert sous un manège. Il s’agit de Simon Leigh et il ne s’agit pas d’un suicide, les marques de pneu relevées sur son corps en attestent.

Le commissaire Le Goff est en charge de cette affaire de meurtre, ainsi que ses deux adjoints Hébert et Corre. Un juge d’instruction rennais doit venir en compagnie d’un lieutenant nommé Bertrand afin de les aider dans l’enquête.

Naturellement Brandon est soupçonné. Le lendemain la statue d’Alfred Hitchcock est protégée de la pluie par un rideau de douche. Une attention délicate pense-t-on de la part de Charlot, mais celui-ci se défend d’avoir placé l’objet. Seulement l’annonce d’un autre meurtre détourne l’attention qui s’était focalisée sur le comédien amateur ainsi que sur Brandon. Norma Gray, agent d’assurance, est retrouvée sur les rochers au pied de la tour Solidor à Saint-Servan.

Il ne s’agit pas d’un accident, et le présumé coupable du premier meurtre possède un alibi qui le dédouane. Alors il faut trouver ailleurs, et les meurtres se suivent et ne se ressemblent pas. Tout comme les objets qui sont apposés sur la statue d’Alfred. A quoi cela peut-il bien correspondre ?

Heureusement que le festival ne dure que quatre jours sinon combien de morts y aurait-il à déplorer ? Et Le Goff, ses adjoints, le juge d’instruction qui effectue la navette, ou encore le lieutenant Bertrand, naviguent entre les présumés coupables, les soupçons se déplaçant ou se focalisant au fur et à mesure que les cadavres se récoltent.

Parmi les nombreux protagonistes qui évoluent dans ce roman-hommage, on notera que, pour une fois, les acteurs célèbres qui gravitent dans ce roman sont réduits au rôle de figurants, mais ils font, au moins pour l’un des deux, de la figuration intelligente.

Figuration moins intelligente de la part de certains individus, tel Robert Davis, le jeune amant de la productrice quinquagénaire, qui s’amuse à jouer au casino et perdre de l’argent qu’il n’a pas, et se moque publiquement de sa maîtresse qui saura le remettre à flot en compensation de quelques prouesses. Il ne faut jamais se moquer d’une femme qui vous prend sous son aile, sinon elle peut vous voler dans les plumes. D’autres personnages jouent un rôle plus ou moins prépondérant dans cette intrigue, ainsi ce journaliste du quotidien régional qui est également membre du jury, ou cette jeune starlette qui débute mais ne cherche pas à coucher pour faire carrière.

Un roman habilement concocté, un peu comme aurait pu le réaliser Sir Alfred, avec son lot d’angoisse, de suspense, d’humour, de tergiversation et de fausses pistes.

 

Une première version a été publiée chez Alain Bargain en 2000 sous le titre Séquence fatale à Dinard.

Une première version a été publiée chez Alain Bargain en 2000 sous le titre Séquence fatale à Dinard.

Renée BONNEAU : Meurtres chez Sir Alfred. Collection Bande à part. Editions Cohen & Cohen. Parution le 3 mai 2018. 244 pages. 21,00€.

ISBN : 978-2367490496

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11 juin 2018 1 11 /06 /juin /2018 06:35

Allongés sur la plage

Les cheveux dans les yeux

Et le nez dans le sable

On est bien tous les deux…

Alexis AUBENQUE : La fille de la plage.

Dès les premières pages, le lecteur quinquagénaire ou plus se retrouve plongé dans des images issues de son passé de téléphage amateur de séries américaines. Des séries qui comme Happy Days ou Santa-Barbara ont marqué leur imaginaire, à cause de leur ambiance, leur atmosphère, leurs décors.

En ce samedi 6 juin, quatre amis se préparent pour la petite fête organisée pour la fin de l’année universitaire. Jason, riche et beau, Keith, beau mais pas riche, Nathan, riche mais qui à la place des tablettes de chocolat abdominales de ses amis possède des rondeurs de pâtes à tartiner, et Sandy, le garçon manqué. Tous quatre ont gravé leur amitié lorsqu’ils avaient douze ans dans leurs mains et les cicatrices sont encore présentes. Maintenant, à vingt ans, ils se protègent, se conseillent, s’encouragent toujours, sans une once de jalousie entre les uns et les autres.

Jason a une petite amie, Tiffany, un peu peste. Keith aussi a une petite amie, mais comme elle est en voyage, on la délaissera. Nathan aimerait bien, mais il est timide et il n’ose pas avouer à Laura qu’il est fort attiré par elle. Quant à Sandy, elle redoute cette épreuve de la fête, car il va lui falloir s’habiller en robe, elle qui néglige sa touche de féminité.

Pourtant, au cours de la soirée, elle se laisse entraîner par Peter, et au grand étonnement de ses amis, elle danse merveilleusement. Elle a pratiqué la danse quelques années auparavant, mais elle s’est détournée de cette pratique pour diverses raisons. Bref, à part un accrochage avec Victor, le mauvais garçon, et une interruption momentanée dans les toilettes alors que Tiffany avait entrepris une gâterie à Jason, mais ceci ne nous regarde pas, tout se passe bien.

Nathan et Laura se sont trouvé des affinités réciproques et ils décident de comparer leurs atomes crochus sur une plage à l’écart de Santa-Barbara. Alors qu’ils sont entrain de batifoler et Nathan conclure ce qu’il n’avait jamais osé espérer, il aperçoit une ombre sur un rocher. Comme si quelqu’un les épiait. Nathan, n’écoutant que son courage, et peut-être pour épater sa copine va voir. Il s’agit d’une jeune fille, vivante, ayant probablement échappé à la noyade et ayant reçu un coup sur la tête. Et lorsqu’elle reprend ses esprits, cette jeune fille déclare ne se souvenir de rien, s’appeler Chelsea, et puis c’est tout. De tout ce qu’il s’est déroulé avant, elle ne se souvient plus. C’est quand même embêtant, d’autant qu’elle ne possède pas de pièces d’identité.

Nathan fait appel à ses amis et en attendant décide de la cacher dans son yacht, pardon, le yacht de son père. L’un des plus beaux du port. Et durant quarante huit heures, nous assistons à cette histoire qui développe plusieurs intrigues, car tour à tour les actions de chacun des quatre amis sont développées.

Ainsi Jason se voit remettre les clés d’un petit appartement en ville et il ne va plus subir la famille à son grand soulagement. Mais en même temps il va accueillir sa grand-mère Dodi, qui malade s’est échappée d’une clinique. Elle est atteinte d’un symptôme rare, se déclare en rémission et veut profiter d’un week-end au soleil.

Keith va tomber amoureux de Chelsea, tandis que Nathan se voit rabrouer par Laura. Elle reçoit des photos, via son téléphone, la montrant nue sur la plage, avec des messages d’intimidation. Elle en est toute déboussolée et se retranche dans sa chambre. Quant à Sandy, sa prestation comme danseuse a laissé des traces et Peter la conjure de venir rencontrer un professeur de danse qui a connu bien des vicissitudes familiales.

Dans un commissariat où Chelsea se rend accompagnée, elle distingue au mur la photo d’un délinquant recherché par la police. Des images l’agressent, des souvenirs qu’elle ne peut canaliser, mettre en concordance, jusqu’à ce que tout se mette en place, peu à peu grâce à des événements extérieurs.

Quarante huit heures dans la vie de quatre amis et de leurs compagnons, de leur famille, parents, sœurs, qui vont les marquer, et qui se déroulent à un rythme effréné, sans aucun temps morts. Quarante huit heures intenses qui mêlent amour, humour, tension, angoisse, peur, et qui pourraient se révéler dramatiques, voire tragiques.

 

La fille de la plage aurait pu être une romance, mais l’auteur joue avec les sensations, les sentiments, entraîne le lecteur dans un tourbillon qui s’emballe peu à peu pour devenir une véritable tornade infernale. Une nouvelle réussite à mettre à l’actif d’Alexis Aubenque, quelque soit le domaine qu’il aborde.

Avec un pincée de drogue, quelques caresses érotiques, une larme d’alcool (les moins de vingt et un ans aux USA n’ont pas le droit de boire des boissons éthyliques dans les bars et lieux publiques), et une grosse dose de suspense et d’angoisse assaisonnée d’humour, d’émotions et de nostalgie, telle est recette pour écrire un bon roman. Encore faut-il que le maître queux soit à la hauteur et réussisse à marier tous ces ingrédients et leur exhausser la saveur. Alexis Aubenque mérite amplement ses quatre étoiles. Il est encore un peu jeune pour en obtenir cinq.

Quelque chose me dit qu’on devrait retrouver tout ou partie des différents personnages de ce roman dans un prochain ouvrage.

 

Ne cherche jamais à comprendre les filles, tu auras plus vite fait d’apprendre le chinois.

Les flics sont parfois des abrutis, mais pas des assassins.
Va dire ça à tous les Noirs qui se font tirer comme des lapins chaque année.

Je te l’ai dit, il n’y a rien de plus apaisant qu’un cimetière. Il n’y a plus de souffrance, plus de violence, plus de guerre. Il n’y a que de la paix et de la sérénité.

Alexis AUBENQUE : La fille de la plage. Editions Hugo. Parution le 16 mai 2018. 480 pages. 17,00€.

ISBN : 978-2755637021

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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