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9 janvier 2021 6 09 /01 /janvier /2021 05:35

Le régent, c’était le gérant de la maison royale ?

Alexandre DUMAS : Une fille du régent.

Ah! Dubois! ma fille cadette janséniste, ma fille aînée philosophe, mon fils unique théologien; je suis endiablé, Dubois! Ma parole d’honneur; si je ne me retenais, je ferai brûler tous ces êtres malfaisants.

C’est ainsi que s’exprime, en ce 8 février 1719, le régent Philippe d’Orléans à son fidèle abbé Dubois qui rêve d’obtenir la barrette de Cardinal, tout comme son célèbre prédécesseur le duc de Richelieu. Il vient de rendre visite à ses deux filles libertines, l’une après des frasques se reconvertit en religion dans un couvent, l’autre se marie en catimini, tandis que le fils de quinze ans et quelques mois se réfère à Saint-Augustin au lieu de s’occuper des jeunes filles qui participent à un repas prétendument orgiaque en compagnie d’un de ses amis.

Dépité, Philippe d’Orléans écrit à sa fille issue d’une liaison non officielle et qui est confinée dans un couvent à Clisson près de Nantes. Il veut la retrouver près de lui et lui offrir un meilleur avenir que celui de nonne. Mais Hélène de Chaverny ne s’ennuie pas trop dans sa retraite dorée, d’autant que depuis quelques mois un soupirant vient lui conter fleurette le soir alors qu’elle est accoudée à son balcon. Hélène et Gaston de Chanlay s’aiment mais bientôt ils vont être séparés. Ils ne sont pas maîtres de leur destin.

Alors qu’Hélène s’apprête à partir pour Paris, Gaston a rendez-vous avec quatre amis, des complotistes bretons qui veulent éliminer le régent. De Pontcalec, de Montlouis, du Couëdic et Talhouët font partie d’une conjuration drainant de nombreux nobles bretons et l’heureux élu à qui a été confiée cette mission n’est autre que Gaston. Ceci ne l’enchante guère mais il n’a qu’une parole et son honneur en dépend, aussi lui aussi se prépare-t-il pour se rendre à Paris. Un dernier rendez-vous avec Hélène à qui il avoue devoir se rendre à la capitale mais sans lui fournir plus de détails, et le tour est joué. Presque.

Car l’infâme Dubois, le ministre de l’Intérieur du régent et son confident, possède des agents de la police secrète un peu partout. Et il est au courant non seulement de la venue d’Hélène mais également de la rencontre programmée de Gaston avec le capitaine La Jonquière, lequel doit fournir des renseignements au chevalier afin que celui-ci puisse exécuter son devoir et ainsi honorer sa parole.

Par un heureux hasard, provoqué par Gaston, les deux amants voyagent de conserve jusqu’à Rambouillet, ne se doutant de rien. Hélène qui ne connait rien de sa filiation et a perdu sa mère à sa naissance, est mise en présence d’un personnage important qui se cache dans l’ombre. C’est le régent qui a organisé une mise en scène afin de découvrir sa progéniture après dix-sept ans d’abandon.

Mais la nuit à Rambouillet n’est pas de tout repos. Les agents de Dubois enlèvent La Jonquière et Dubois de substitue au capitaine. Gaston est mis en sa présence mais il se méprend et révèle en toute bonne foi le complot, ainsi que les noms de ses amis Bretons, pensant être en face du commanditaire. Une méprise fort dommageable pour tous. Alors qu’il pense être en face d’un complice, Gaston n’a devant lui qu’un ennemi qui se montre implacable sous des dehors cauteleux et serviles.

 

Cette histoire est tirée d’un épisode réel de l’Histoire de France, peu connue mais dont les noms des quatre protagonistes bretons, Pontcalec et consorts, survivent en Morbihan et qui participèrent auparavant à la conspiration de Cellamare, autre épisode décrit dans Le chevalier d’Harmental, du même Dumas.

Mystifications, manipulations, embrouilles, naïveté des deux principaux protagonistes, Gaston et Hélène, fourberies de Dubois qui mène le régent par le bout du nez, sont les ressorts essentiels de ce roman historique.

Mais l’amour, la passion entre les deux jeunes amants (dans l’acception du terme de l’époque, c’est-à-dire les amoureux), Hélène n’a que dix-sept ans et Gaston vingt au début du récit puis vingt-cinq par la suite, s’inscrit dans la longue liste des amants maudits, que tout oppose, et dont Roméo et Juliette sont les représentants les plus connus.

Dumas joue avec le personnage de Dubois, dont il n’apprécie guère les manigances qui ressemblent à des facéties mais dont les conséquences s’avèrent dramatiques. D’ailleurs, une célèbre chanson enfantine peut se transformer, via une contrepèterie, en : Il fourre, il fourre, le curé, le curé Dubois joli…, montre bien comment était perçu celui qui n’était qu’abbé et devint Cardinal rejoignant ainsi son célèbre prédécesseur, Richelieu. Le personnage du régent est évoqué avec plus d’amabilité, de sympathie que dans certains récits historiques.

Ce roman, souvent facétieux, est empreint de dialogues inspirés ne manquant pas d’humour, et la conclusion est un épilogue à l’humour noir inattendu et morbide.

Auguste Maquet est le collaborateur attitré mais non accrédité pour l’écriture de ce roman, ou du moins de son scénario et des recherches historiques entreprises pour la rédaction.

 

Alexandre DUMAS : Une fille du régent.

La collection Gerfaut des éditions Gérard et Cie, qui n’a vécu que le temps d’une trentaine de titres, semble avoir été créée simultanément avec la collection Marabout Géant qui a repris les titres de Dumas. A moins qu’elle n’en fut que l’ébauche de cette collection Marabout Géant que bien des collectionneurs recherchent, autant pour les ouvrages historiques, classiques que fantastiques.

L’inconvénient avec les Editions Gérard et Cie réside dans le fait qu’aucune date d’impression des ouvrages apparait, et donc on ne peut dater exactement leur parution.

Alexandre DUMAS : Une fille du régent. Préface de Bertrand Tavernier. Editions du Cherche-Midi. Parution 5 novembre 2020. 400 pages. 21,00€.

ISBN : 978-2749166162

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8 janvier 2021 5 08 /01 /janvier /2021 05:12

Dommage que la quatrième de couverture en dévoile un peu trop!

M.A. RAYJEAN : Le sang et la chair.

Il fait froid et pourtant Auguste Corvac, dit Guste, et son compère Julien Chaumet transpirent. Ils sont en train de creuser la tombe du père Jerrin qui est décédé contre toute attente. A soixante-dix sept ans, il était encore solide, mais la mort a ses raisons que la raison ignore.

Pour se donner du courage, les deux hommes se désaltèrent en buvant au goulot du bon rouge de chez eux, des côteaux du Vivarais. La tombe est prête, deux mètres de profondeur, et le cercueil pourra reposer à l’aise sur sa couche de terre.

Le lendemain, Auguste s’aperçoit que la fosse a été violée et que le cadavre a disparu emportant avec lui son cercueil. Comme Auguste déguste un peu trop de vin local, il ne peut s’empêcher de parler et le lendemain, les pandores sont au courant de cet incident de parcours du cadavre. Ils font procéder à une vérification, le paletot de bois est revenu dans sa douillette fosse.

Seulement, d’autres villageois sont victimes d’accidents inopinés. On commence à se poser des questions, car de plus en plus les macchabés sont jeunes, et habitués aux travaux qu’ils effectuaient lors des accidents.

Le docteur Vessec est appelé au chevet des mourants comateux et leur injecte un liquide, soi-disant pour les stimuler. Rien n’y fait, et le curé a du travail sur l’autel.

Un journaliste qui émarge à un canard parisien, L’Echo-Noir, un magazine qui ne publie que des trucs bizarres, s’installe à l’un des deux hôtels-restaurants-bars du village. Il passait par hasard, paraît-il, et la rumeur lui étant venue aux oreilles, sa main l’a démangé de rédiger un papier sur ces événements qui occupent les esprits.

Nous donnons à grignoter à nos lecteurs des histoires de tables qui tournent, de maisons hantées, de gens possédés… Vous voyez le genre ? Mais nous essayons, dans la mesure du possible, de donner une explication logique, scientifique, à ces événements.

Effectivement, une explication logique se dessine, notamment lorsqu’une femme est retrouvée morte dans la neige, en dehors du chemin qu’elle devait parcourir pour rentrer chez elle. Certains l’ont vue divagant auparavant comme un zombie.

Henri Gil, le journaliste, prend cette affaire au sérieux et il enquête en compagnie de Julien Chaumet, plus jeune et surtout plus sobre que son ami Auguste. L’aide-fossoyeur lui avoue avoir une nuit voulu éclaircir ces mystérieuses disparitions et s’être endormi contre le mur du cimetière. L’hypothèse d’une hypnose est avancée.

 

La lecture de ce roman est quelque peu gâchée par la quatrième de couverture un peu trop explicite.

Le médecin, par petits coups, accentue cette incision, place des écarteurs. Il fend littéralement en deux le thorax. Les chairs apparaissent, molles, flasques, baignées de sang. Vessec farfouille avec une sorte de frénésie, de volupté, dans ces entrailles glacées...

Une scie grince affreusement sur les os. Ce bruit énervant perce littéralement les oreilles et peut être est-il plus éprouvant pour les nerfs que les hurlements démoniaques. Il rend fou !

Rugge scie les côtes comme il scie des rondins. Son outil est beaucoup plus fin, voilà tout, mieux adapté. Il scie comme un boucher dépouillant un bœuf, avec un ricanement perpétuel, horrible...

Mais la fin est assez étonnante et réserve quelques surprises. Heureusement.

Tous les lieux cités par M.-A. Rayjean existent réellement et les habitants deviennent à leur insu des personnages de roman. Sauf quelques-uns qui sont totalement issus de l’imagination de l’auteur lequel nous offre un bon roman de suspense et d’angoisse.

L’atmosphère est légèrement fantastique, mais pourtant tout est cartésien, ou presque. L’auteur joue surtout sur la montée de l’angoisse et ce roman préfigure ce qui sera développé plus tard dans des romans composant la collection Gore. Mais seulement dans quelques passages, significatifs certes, mais qui n’encombrent pas le récit. Et qui justifient l’extrait placé en quatrième de couverture.

M.A. RAYJEAN : Le sang et la chair. Collection Angoisse N°178. Editions Fleuve Noir. Parution 1er trimestre 1970. 240 pages.

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7 janvier 2021 4 07 /01 /janvier /2021 05:07

Un bunker, l’idéal pour se confiner ?

Georges-Jean ARNAUD : Bunker-parano.

Trente ans, divorcée, au chômage depuis quelques années, Alice s’est réfugiée dans l’alcool, principalement le cognac.

Pour survivre et payer son liquide favori elle se prostitue à l’occasion. Un employé de la mairie lui offre de reprendre son ancien métier, assistante sociale, et de s’installer dans un immeuble promis à la démolition dans le cadre de la rénovation du quartier.

Peu de temps auparavant un couple s’est suicidé par peur de l’expulsion et un journaliste qui a couvert l’affaire a été licencié. Elle doit se renseigner sur les locataires, armés, qui amassent les provisions comme s’ils devaient tenir un long siège. A aucun moment la maison est vide.

Arbas, un cadre au chômage, fixe les règles de vie, les sorties des autres locataires. Alice, aidée par le journaliste qui va s’installer chez elle, enquête, perquisitionne, intriguée par le comportement de ses voisins et découvre des anomalies comme le logement vide dont les pièces ont été redistribuées.

 

Outre le problème immobilier, ce sont les difficultés d’intégration et le racisme qui sont évoqués dans ce roman qui baigne dans une atmosphère d’angoisse permanente et feutrée.

Et l’on retrouve dans ce roman l’un des thèmes chers à G.-J. Arnaud, celui de l’immeuble, où vivent des habitants solitaires ou en délicatesse avec leur entourage, dont l’un des plus représentatif est Le coucou.

Cet ouvrage a été réédité dans la collection Crime N°7 au Fleuve Noir en 1991

Cet ouvrage a été réédité dans la collection Crime N°7 au Fleuve Noir en 1991

Réédité chez Zulma en 1998.

Réédité chez Zulma en 1998.

Nous n’oublierons pas Georges-Jean Arnaud, décédé le 20 avril 2020, quelques semaines après l’hommage à lui et à ses romans dans la revue Rocambole 88/89.

Georges-Jean ARNAUD : Bunker-parano. Collection Spécial Police N°1743. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1982. 192 pages.

ISBN : 2265020427.

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6 janvier 2021 3 06 /01 /janvier /2021 05:29

Hommage à Claude Bolling, décédé le 30 décembre 2020.

Claude BOLLING et Jean-Pierre DAUBRESSE. Bolling Story.

Le Magnifique, Borsalino & Co, Flic Story, Trois hommes à abattre, La ballade des Dalton, Les Brigades du Tigre, autant de musiques de film et de dessins animés ou de séries télévisées qui trottinent dans les oreilles sans être pour cela cinéphile. Autant de morceaux composés et interprétés par Claude Bolling et qui sont indissociables des films précités, à se demander si ce sont les airs qui ont forgé les succès cinématographiques, ou le contraire.

Né à Cannes le 10 avril 1930, son père y tenait un hôtel, le jeune Claude Bolling, son vrai nom, commença son éducation musicale à l’instigation de sa grand-mère maternelle. Pourtant il avait une prédisposition naturelle pour le dessin et l’assemblage de maquettes dont il construisait les pièces.

A douze ans, le jeune Claude « infligeait à tous les claviers qui [lui] passaient sous la main, au grand étonnement des adultes devant le petit garçon qui jouait du jazz » son interprétation de Saint-Louis Blues, empruntée à un pianiste en vogue à l’époque, Charlie Kunz, grand pontife des pianos bar.

Jusqu’au jour où l’un de ses proches lui dit : « Tu sais, le jazz ce n’est pas ça. Le VRAI jazz, c’est Fats Waller ». Pourtant, c’est entendant sur un phonographe à manivelle un 78 tour de Duke Ellington, Black and Tan Fantasy et Créole Love Call datant de 1927, qu’il ressentit ses premiers émois de futur musicien et compositeur. Duke Ellington qui après être un mythe devint son modèle et son maître.

C’est en remarquant une affiche annonçant le Tournoi des amateurs du Hot Club de France que le destin va basculer. Il n’a que quatorze ans, compose un peu et dispose déjà de solides connaissances musicales. Charles Delaunay qui l’entend interpréter un morceau de sa composition, décide de le programmer, et c’est devant un public enthousiaste qu’il obtient un franc succès et les encouragements du jury.

Comme il ne maîtrise pas complètement les subtilités des accords de septième, il est recalé au concours d’entrée à la SACEM. Claude travaille avec opiniâtreté et l’année d’après il remporte ce tournoi des amateurs du H.C.F. devant des candidats adultes dont Eddy Barclay, repasse le concours d’entré à la SACEM et en devient à quinze ans le plus jeune sociétaire.

Mais, infatigable, il ne s’arrête pas là. Il participe à des jam-sessions avec les vedettes de l’époque, les frères Fol, Claude Abadie, Claude Luter et Boris Vian. Pendant un certain temps il fait partie du groupe de Claude Luter, mais bientôt leurs chemins se séparent, pour incompatibilité musicale, ce qui ne les a pas empêchés de conserver une solide amitié.

Lorsque des pianistes prestigieux se produisent à Paris, Claude se renseigne auprès d’eux afin de s’imprégner de leurs techniques musicales. C’est ainsi qu’il s’améliore au contact de Errol Gardner, de Willy « the Lion » Smith et quelques autres, tout en gardant une préférence pour Duke Ellington.

Tout s’enchaîne très vite. Disques qu’il enregistre dans différentes formations en trio ou en grand orchestre, accompagnant des musiciens renommés : Guy Lafitte, Albert Nicholas, Roy Elridge, Lionel Hampton, Bill Coleman, Cat Anderson et même Coleman Hawkins, composant de très nombreuses musiques de film, et la création d’un groupe devenu mythique de la fin des années 60 début 70, Les Parisiennes.

Seulement comme Claude Bolling accompagne aussi des chanteurs de variété, dans des salles comme L’Alhambra, salle aujourd’hui disparue, Zizi Jeanmaire, Petula Clark, Gilbert Bécaud, Charles Aznavour, Dario Moreno, puis plus tard Brigitte Bardot, qu’il sacrifie à la mode en enregistrant des disques de Madison ou de Bossa Nova, du classique aussi avec le Jazz Gang Amadeus Mozart (l’Air de Chérubin extrait des Noces de Figaro ou le Rondo de la Marche Turque, La petite sonate de nuit…), en véritable touche-à-touche virtuose, il est rejeté par certains puristes du Jazz qui le considèrent en dehors du sérail.

Je ne voudrais pas trop déflorer ce livre de souvenirs, vous laissant le plaisir de la découverte, mais je tiens toutefois à remarquer que Claude Bolling est l’un des rares musiciens qui garde sa sympathie à Milton « Mezz » Mezzrow, clarinettiste décrié par l’intelligentsia jazzistique, apportant un éclairage sur les quelques couacs lors de ses prestations en sa fin de carrière.

Un livre intéressant à tous points de vue et qui mérite de figurer en bonne place près de vos disques favoris.

Claude BOLLING et Jean-Pierre DAUBRESSE. Bolling Story. Avant-propos d’Alain Delon. Editions Alphée/Jean-Paul Bertrand. Parution janvier 2008. 334 pages.

ISBN : 9782753802728

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5 janvier 2021 2 05 /01 /janvier /2021 04:27

Hommage à Robert Hossein, décédé le 31 décembre 2020.

Frédéric DARD et Robert HOSSEIN : Le sang est plus épais que l’eau.

La liberté des uns passe par le sacrifice des autres, même si au bout de ce sacrifice la mort est au-rendez-vous.

Les volontaires sont nombreux et il faut choisir, sélectionner ceux qui iront à l’abattoir en vertu de critères bien établis. Pas forcément de cœur mais parce que la survie d’un réseau de résistants et de l’incognito de son chef dépend de la force d’âme de ceux qui ont osé se révolter contre l’occupant.

Un épisode tragique, parmi tant d’autres, qui s’est déroulé durant la Seconde Guerre Mondiale, à la veille du Débarquement, dans un petit village normand, et mettant en scène des acteurs qui ne sont que des figurants, mais dont le rôle sera primordial pour reconquérir une liberté bafouée.

Un épisode qui restera marqué à jamais dans la mémoire des auteurs et des lecteurs de ce roman, roman qui est également le récit de l’abnégation des combattants de l’ombre.

 

Le sang est plus épais que l’eau est paru en 1962 dans la défunte collection Espionnage du Fleuve Noir.

Un choix anachronique puisque ce roman se démarquait totalement de la production de l’époque. D’ailleurs il ne s’agit pas vraiment d’espionnage, même si les résistants le pratiquaient selon leurs faibles moyens. Pas vraiment policier non plus, dans le sens communément appliqué à ce genre.

Suspense certainement, mais surtout hommage et témoignage envers tous ceux qui se sont dévoués et ont offert leur corps pour la France. Tout un symbole puisque, lorsque ce livre a été édité, le mur de Berlin venait d’être érigé, et au moment de sa réédition, ce même mur tombait au nom de la liberté.

Un roman injustement englouti dans les oubliettes littéraires et dont l’exhumation ne peut-être que bénéfique. A mettre entre tous les mains.

 

Le point de départ est une idée de Robert Hossein et non de Frédéric Dard : des résistants sont capturés par les Allemands qui menacent de tous les fusiller s’ils ne dénoncent pas leur chef. Dans ce huis-clos, chacun sera mis devant ses responsabilités. Frédéric Dard écrit le roman qui sera publié au Fleuve Noir en 1962 avec la co-signature de Robert Hossein, qui est déjà un ami de longue date. Il écrira ensuite la pièce de théâtre qui prendra pour titre Les six hommes en question et qui sera créée au Théâtre Antoine le 6 mars 1963 dans une mise en scène de Robert Hossein. Une dramatique télévisée s’inspirant de ce livre et de la pièce de théâtre sera réalisée en 1971-72 par Abder Isker.

Une nouvelle adaptation théâtrale verra le jour en 1989 sous le titre Dans la nuit la liberté avec une mise en scène, on s’en serait douté, de Robert Hossein.
Enfin, un téléfilm français réalisé par Henri Helman sortira en 2009 sous le titre La saison des immortelles pour le festival de la fiction TV de la Rochelle. Ce téléfilm sera diffusé le 1er juin 2010 sur France 3 pour le grand public. (Source : https://www.toutdard.fr/book/1375/)

 

Frédéric DARD et Robert HOSSEIN : Le sang est plus épais que l’eau.
Réédition Hors collection. Editions Fleuve Noir. Parution octobre 1989. 204 pages.

Réédition Hors collection. Editions Fleuve Noir. Parution octobre 1989. 204 pages.

Frédéric DARD et Robert HOSSEIN : Le sang est plus épais que l’eau. Collection Espionnage N°330. Editions Fleuve Noir. Parution 2ème trimestre 1962. 224 pages.

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4 janvier 2021 1 04 /01 /janvier /2021 05:42

2020 est mort, vive 2021 !

VŒUX 2021

L’année 2020 aura marqué les esprits mais nous sommes tous contents de la savoir enterrée. Mais Il court, il court le virus…, comme dans la chanson enfantine.

Il ne s’agit pas de ressasser tout ce qu’il s’est déroulé durant cette année écoulée, et je ne garderai que deux événements survenus les deux derniers jours de l’année. La disparition de deux personnages, deux artistes, un musicien et un homme de théâtre, qui sont devenus célèbres grâce à leurs talents multiples : Claude Bolling et Robert Hossein.

Dont un petit hommage leur sera rendu très prochainement.

 

En 2019, j’écrivais : Cette année, j’ai décidé de prendre ma retraite de chroniqueur (n’applaudissez pas trop vite !) de nouveautés, et de me consacrer à tous les romans populaires que je possède et n’ai pas encore eu le temps de lire depuis plus de soixante ans.

Il y a de la place pour tout le monde, mais il me semble que les blogs consacrés aux nouveautés font florès alors que l’on écrit peu sur tout ce qui a été publié depuis des décennies. Souvent les auteurs sont oubliés, perdus dans la jungle des étagères. Ce qui est fort dommage car des romanciers de talent mériteraient souvent qu’un œil, voire les deux, relisent leurs écrits. Nostalgie quand tu nous tiens !

Une façon comme une autre également pour ne pas vieillir. Retrouver les livres de son enfance, de son adolescence, de sa maturité, ce n’est point régresser, mais entretenir la mémoire littéraire. Et, avouons-le, c’est également se faire plaisir.

Comme les bonnes résolutions que l’on prend tous, ou presque, à la même époque tous les ans, j’espère les tenir. Et les jours défilent comme les pages d’un livre qu’on lit avec avidité.

Alors quelques nouveautés quand même de temps à autre, mais point trop n’en faut.

Je reprends ma liberté de lire ce que j’ai envie, quand j’ai envie, et d’écrire ou non des chroniques… 

Sur ce, je me replonge dans ma bibliothèque, des livres m’attendent…

 

Meilleurs vœux à tous et à chacun en particulier !

 

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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 05:40

Il portait des culottes, des bottes de moto,

un blouson de cuir noir…

Serge SEGURET : Le cri de l'asphalte.

Nous sommes en 2034. Les individus sont programmés mais Chuck, informaticien, ne répond pas aux normes. Une anomalie s'est glissée dans son programme éducatif et depuis il pense en marge de la société.

Les Automobiles ont laissé la place à des mobiles, des voitures électriques guidées par des rails, comme les tramways. Seulement Chuck s'amuse à jouer à "sauterail", et évidemment il ne perçoit pas la prime de ponctualité, car il arrive tous les jours quelques minutes en retard à son travail. D'autant qu'il est fasciné par un "scoter", un conducteur de "scot", la nouvelle génération de scooters réservée aux livreurs de "Hams, de "Pidézas" et de "Pliurgents".

Quant aux motos, elles existent encore, mais conduites par les parias. La moto n’est pas interdite, mais la production est prohibée. Car en cette période où l'écologie règne en maître absolue, ces engins qui roulent à l'essence dégagent une fumée nocive pour la santé du citoyen.

Chuck, donc, est fasciné par les scooters et plus particulièrement par l'un d'eux qu'il a surnommé le Voltigeur à cause de son habileté à se faufiler entre les mobiles, les chevauchant, exécutant pirouettes et sauts périlleux. A la faveur d'une panne électrique, Chuck fait la connaissance de son "héros" qui l'invite à monter sur son engin et à participer dans sa tournée de distribution de Hams puis à venir manger chez lui. Pour Chuck c'est la révélation. Le Voltigeur remet en état une moto mythique et Chuck quitte son emploi. De toute façon, les cops, des délinquants reclassés comme flics, ont perquisitionné chez lui. Adieu le travail et vive l'aventure.

Ce premier roman de Serge Séguret, paru dans Moto-Revue, et qui constitue une saga (suivront dans la même collection La cité des motards et Hors piste, est un hommage aux motards, et dans le même temps une amusante diatribe envers les écologistes intégristes, les purs et durs, les intransigeants.

Les bonnes intentions dégénèrent parfois en carcan, et s'il faut placer des bornes, elles ne doivent pas être toutefois trop rigides.

Chronique rédigée en avril 1997.

Serge SEGURET : Le cri de l'asphalte. Cycle premier - Chuck Shakelton. Couverture de ZAPHOD Prod.Collection SF Zone Rouge N°4. Editions Fleuve Noir. Parution mars 1997. 224 pages.

ISBN : 2-265-06076-3

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19 décembre 2020 6 19 /12 /décembre /2020 05:07

Dans le temps on prenait un vermifuge…

Brian LUMLEY : Le seigneur des vers.

Lire un livre, un recueil de nouvelles de Lumley, c’est un peu replonger dans son enfance, se retremper dans l’atmosphère bizarre, envoûtante, fantastique de ces contes pour adolescents qui jonglaient avec les dieux, les diables, les vieux grimoires, la magie énigmatique toujours à la limite des rêves ou de l’inconscience éthylique.

C’est faire une cure de jouvence rafraîchissante qui nous libère un peu de la production de fantastique, d’épouvante, de terreur moderne qui puise ses inspirations plus volontiers dans le sang et l’horreur que dans la poésie, le délire onirique.

Né l’année de la disparition de Lovecraft, en 1937, Brian Lumley s’est inspiré profondément du Maître de Providence, du moins dans ses débuts, et on retrouve dans ses ouvrages des personnages issus de l’imagination féconde du célèbre créateur de Cthulhu.

Des cinq nouvelles présentées, deux longues et trois courtes dont une inédite même en anglais, il est difficile d’en détacher une, de dire je préfère celle-ci ou celle-là. Parce que toutes sont remarquables et différentes.

Dans la première nouvelle, qui donne d’ailleurs son titre au recueil, Le seigneur des vers, nous retrouvons Titus Crow, le détective de l’occulte dont les aventures sont parues dans la collection Super-Fiction chez Albin Michel. Quel plaisir de le suivre dans cette bibliothèque de l’étrange, chez un personnage non moins étrange qui verse généreusement un vin capiteux.

Que dire de Tante Hester qui joua avec les sentiments et l’enveloppe corporelle de son frère jumeau.

Laissez-vous entraîner dans le grand nord Canadien, et avec le météorologiste David Lawton, comme nous le conseillait un chanteur des années 1960, Ecoute mon ami, écoute dans le vent…, dans Né des vents.

Lorsque vous aurez lu Les Emaciés, en sortant le soir dans la froidure nocturne, vous poserez-vous peut-être la question de savoir pourquoi tel réverbère n’est point allumé.

Et si un jour en rentrant chez vous, vous n’êtes pas sûr de retrouver votre paysage habituel, sachez que dans d’autres mondes, la vie est peut-être meilleure… ou pire. Impossible de rentrer à la maison.

 

Sommaire :

Richard D. NOLANE : introduction

Le Seigneur des vers (Lord of the Worms). Traduction Jean-Daniel Brèque

Tante Hester (Aunt Hester). Traduction Jean-Daniel Brèque

Né des vents (Born of the Winds). Traduction Jacques Potot

Les Émaciés (The Thin People). Traduction Jean-Daniel Brèque

Impossible de rentrer à la maison (No way home). Traduction Jean-Pierre Galante

 

Brian LUMLEY : Le seigneur des vers. Recueil de nouvelles. Couverture de Nicollet. Collection Fantastique/SF/Aventure N°195. Nouvelles Editions Oswald. Parution octobre 1987. 176 pages.

ISBN : 2-7304-0451-1

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18 décembre 2020 5 18 /12 /décembre /2020 05:45

Profitez-en, les rêves ne sont pas imposables !

Jean-Marc LIGNY : Les semeurs de mirages.

Les gens ne savent plus rêver et pourtant ils ont besoin de ces évasions nocturnes.

Plusieurs sociétés se partagent ce marché florissant et Dan Tiger est un créateur de rêves. Il imagine des séquences qui alimentent les nuits de ses concitoyens à l’aide d’appareils sophistiqués.

Mais parallèlement, comme dans toute société de consommation qui se respecte, sévissent les voleurs de rêves. Des êtres en marge de la société, recherchés par la justice, et qui ne doivent leur salut que grâce à leur faculté de créer des mirages et de s’y engouffrer, damnant le pion ainsi à leurs poursuivants.

Une nuit, après de longues heures d’un travail passionnant mais épuisant, en rentrant chez lui, Dan Tiger est enlevé par les semeurs de mirages, et à son tour il devient un voleur de rêves.

 

Les semeurs de mirages, premier titre d’une série intitulée Les voleurs de rêves comportant six tomes, est un peu confus et laisse sur sa faim. Mais il ne faut pas se limiter à ce premier roman car la suite à l’évidence est prometteuse. Toutefois l’idée de départ est intéressante, à savoir comment elle sera exploitée par la suite.

C’est un peu comme nos politiciens, ils s’engagent à des jours meilleurs, nous font rêver, mais tiennent pas toujours leurs promesses.

Jean-Marc LIGNY : Les semeurs de mirages. Les voleurs de rêves 1. Collection Anticipation N°1670. Editions Fleuve Noir. Parution février 1989. 192 pages.

ISBN : 2-265-04050-9

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16 décembre 2020 3 16 /12 /décembre /2020 05:45

Vaut mieux ça que pas de coupable du tout ?

Jean des MARCHENELLES : Un coupable de trop.

Lors d’une réunion de médecins organisée par un éminent professeur, le jeune docteur Bauvin est sollicité par ses collègues pour s’enquérir d’un de leur confrère, nommé Francis Bayard. Celui-ci est réputé pour être un personnage assez mystérieux, taciturne, mélancolique et rêveur, excentrique, maussade, désagréable.

Nonobstant Bauvin accepte de le rencontrer chez lui et dès le lendemain matin, il arrive à l’hôtel du Commerce où loge ce confrère. L’établissement est triste et sale, et selon le concierge, la chambre de Bayard se situe au troisième étage, chambre 9.

Le palier est dans l’obscurité et Bauvin frappe à la première porte. Une jeune fille qui semble quelque peu apeurée lui indique la bonne porte en lui demandant s’il se rend chez le fou. Pour autant Bauvin n’est pas inquiet et rencontre Bayard, sans peur et sans reproche, qui le fait entrer. Ils conversent aimablement, les sujets ne manquent pas car Bayard est musicien, écrit et dessine. D’ailleurs Bauvin remarque un fusain représentant une jeune femme souriante et radieuse. Ils sont interrompus par des coups violents frappés à la porte de la chambre voisine.

La jeune fille, qui avait mis Bauvin sur le bon chemin, est aux prises avec des policiers qui l’accusent d’avoir tué son patron, un certain M. Le Kardec, d’un coup de fusil. L’arme a été retrouvée déposée sur son corps. Meurtre ? Accident ?

Jeanne-Marie Landrieux avoue avoir acheté l’arme mais elle était destinée à son père, garde-chasse. De plus, elle avait eu une discussion avec son patron car elle souhaitait une augmentation. Le commissaire Boulard est persuadé de la culpabilité de la jeune fille.

Bauvin propose alors à Bayard d’enquêter afin de démontrer l’innocence de Jeanne-Marie et découvrir le véritable coupable. Dès le lendemain les deux hommes se rendent à Saint-Hilaire où vivait Le Kardec. Le frère de celui-ci est déjà sur place. Ruiné, il pensait que son frère pourrait l’aider. Encore un coupable potentiel. Boulard et son secrétaire, Aris Serrure, sont également présents et acceptent la proposition de Bauvin d’examiner le corps en sa qualité de docteur. Bauvin est fort étonné d’apercevoir dans la demeure un portrait semblable à celui qu’il a pu examiner chez Bayard.

Mais bientôt la liste s’allonge. Les deux nouveaux amis et confrères s’installent dans le village. Un nouveau personnage fait alors son apparition dans ce cirque. Il s’agit de Marceau Tranquille qui se présente en tant que détective privé.

Du côté des policiers, c’est surtout Aris Serrure qui mène l’enquête, mais Marceau Tranquille, Bauvin et Bayard ne laissent pas leur place, fouinant un peu partout et parfois les pas des uns empiètent sur ceux des autres.

 

Si la lecture de ce roman s’avère agréable, il n’en reste pas moins vrai que certaines incohérences surgissent au fil des pages.

Ainsi Bayard ne se montre-t-il point aussi bourru et mutique que sa réputation le laissait croire. Quant à Bauvin, il délaisse allègrement ses patients au profit de l’enquête. Et d’autres petites choses également que le lecteur aura le plaisir de débusquer en tournant les pages.

Francis Bayard qui se promet de consigner cette intrigue et écrire son premier roman policier observe :

Est-ce réellement un roman policier ? Je crois que c’est aussi un roman d’amour.

Et il continue par ces propos :

J’avoue qu’il n’est pas banal. Je suis peut-être sorti du cadre habituel… Comme vous le reconnaissez vous-même, il n’est pas tout à fait comme les autres… Et c’est pourquoi j’aurais pu l’intituler : Un étrange roman policier.

 

Dernière petite précision. Il existe également une incohérence sur le nom de l’auteur figurant sur la couverture et en page 5 !

 

Jean des MARCHENELLES : Un coupable de trop.

Jean des MARCHENELLES : Un coupable de trop. Collection La P.J. N°8. Editions La technique du Livre. Parution 1939. 64 pages.

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