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24 février 2019 7 24 /02 /février /2019 05:46

Mais bon pied, bon œil ?

Gilbert GALLERNE : Mauvaise main.

Il suffit de traverser la rue pour trouver du travail, qu’il a dit, l’homme aux piques plus nocives que le frelon asiatique.

Alors Eric, informaticien au chômage, et sa femme Elise, employée dans une boutique de chaussures, renvoyée par son patron parce qu’elle est enceinte, peut-être n’avait-il pas trouvé chaussure à son pied, ont décidé de quitter Annecy pour se rendre dans les Vosges. Mais retrouver sa famille vingt ans après l'avoir quittée, pour Eric c'est comme un espoir de repartir d'un bon pied à défaut d'une bonne main.

Suite à un accident à l’âge de cinq ans à la scierie familiale, il avait été envoyé chez une tante qui l’avait élevé et servait également de famille d’accueil. C’est là qu’il a rencontré Elise, une enfant de la DASS. Vingt-cinq ans, une prothèse à la place d'une main perdue dans un accident, Eric n’a guère de débouché et c’est pourquoi il revient dans ce coin des Vosges, près de Saint-Dié, perdu dans la nature et la scierie ne tourne qu'au ralenti.

Il retrouve la tribu avec appréhension. Et il faut avouer qu'il arrive un peu comme un chien dans un jeu de quilles. Eléonore, sa mère lui affirme qu'il a fait un mauvais choix en revenant, mais de toute façon s'il ne l'a pas vue depuis l'âge de ses cinq ans et son accident à la scierie, c'est un peu sa faute.

Eléonore, c’est la matriarche mais elle n’a pas réussi à dresser Léo, le lion, son frère aîné, dix ans de plus que lui, marié avec Rose-Marie et père de quatre enfants dont Bernard, qui est un peu le chef de bande des gamins. Michel, son autre frère, fait ce que Léo commande. C'est un être frustre marié avec Annabelle, et ils ont trois gamins dont Ludovic et Solange. Enfin Marcel, son oncle qui ne sait pas parler. Il couine, il glapit, il végète et est considéré comme le simplet de la famille. Pourtant il en aurait des choses à dire, Marcel, qui s'accroche comme un pantin à la grille d'entrée, pour voir au-delà, mais rien ni personne ne passe.

Léo s'érige en maître incontesté de la scierie. Il décide pour tout le monde, impose sa loi et éventuellement exerce le droit de cuissage. Comme les tyranneaux du temps jadis. A croire que le temps s'est arrêté à la scierie. D'ailleurs la scie ne tourne plus guère, juste pour faire du bruit. Pourtant la famille ne manque de rien, et Léo possède même une Peugeot 607 qu'il remise dans l'un des bâtiments. Parfois ils sortent ensemble le soir, Michel et lui, pour aller Dieu, ou le Diable, sait où. Eric se rend à Saint-Dié, effectue une petite visite à madame Paule Emploi, il rédige des CV, des lettres, mais rien n'y fait, il ne reçoit aucune proposition d'emploi.

L'ambiance dans la scierie est lourde, délétère, et Elise souhaite repartir, mais sans argent comment survivre. Et puis l'enfant frappe à la porte et c'est Eléonore qui procède à l'accouchement, comme pour les autres femmes de la famille. Heureusement Elise trouve en Annabelle une complice ainsi qu'avec Ludovic. Mais Annabelle possède elle aussi un fil à la patte. Quant à Ludovic, contrairement à son cousin Bernard, c'est un enfant calme, qui aime lire, souhaite pourvoir prolonger ses études. Léo l'oblige à manquer parfois l'école, pour aider à la scierie, mais il se demande bien pourquoi, car il n'y a que peu de travail. C'est le dédain et la jalousie qui guident Léo.

Chaque famille possède son habitation, en bois, et les dépendances se dressent tout autour d'une cour centrale, donnant l'impression d'un village de western. Afin de justifier son appartenance à la famille Eric est sollicité, avec autorité, par Léo à participer à une des virées nocturnes. Le côté obscur des rentrées financières.

 

Le lecteur entre de plain pied dans une ambiance qui ne sera pas sans lui rappeler quelques romans de Pierre Pelot. Le décor, les forêts vosgiennes, un lieu quasi abandonné en pleine nature; les personnages, des hommes âpres, durs, avec un chef de famille qui s'érige en dictateur sans scrupule, imposant sa loi par tous les moyens, une véritable brute qui aime broyer ceux qui sont sous sa coupe. On pourrait également évoquer Jim Thompson dans certains de ses romans âpres et durs.

Mais peu à peu, l'histoire bifurque, et le lecteur se lance sur la route, à pleine vitesse, s'arrête à une aire de parking et assiste à des actes illégaux. Puis c'est le début d'une lente décomposition familiale qui explose dans un cataclysme que l'on pouvait pressentir tout en le redoutant. Pourtant un jour à Saint-Dié, une sorcière l'avait lu dans les lignes de la main d'Elise, mais peut-on croire une vieille femme un peu folle.

Véritable roman noir, violent parfois, qui malgré la nature environnante ne joue pas dans le thème bucolique (ce serait plutôt Bu, alcoolique) Mauvaise main conte l'histoire d'un homme qui abandonné recherche avec espoir une famille à laquelle se raccrocher. Si au départ on apprend pourquoi il possède une prothèse plastique, les conditions dans lesquelles il a perdu sa main sont peu à peu dévoilées, même si au cours du prologue certains éléments sont mis en place.

Un roman qui s'articule autour de la famille, l'explore, la dissèque, l'analyse, les parts d'ombres étant mises au jour avec subtilité et sans concession. Pourtant il existe quelques scènes où l'humour se fraie une petite place, mais un humour pathétique comme la scène au cours de laquelle Marcel, qui ne se lave jamais, est nettoyé à l'aide d'un jet d'eau dans la cour devant la tribu réunie.

Gilbert GALLERNE : Mauvaise main. Collection Polar. Editions French Pulp. Parution le 10 janvier 2019. 272 pages. 18,00€.

ISBN : 979-1025104613

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23 février 2019 6 23 /02 /février /2019 05:57

Que peut-on murmurer dans une chambre ?

Dean KOONTZ : La chambre des murmures

Dans un comté reculé du Minnesota, Cora est la victime de rêves récurrents mais surtout elle se sent la proie d’une araignée qui s’est installée dans son cerveau. Et parfois elle a des visites impromptues.

Cette enseignante quadragénaire, célibataire et sans enfant, est fort estimée par ses concitoyens. Elle a même été désignée comme meilleure enseignante de l’année. Elle possède un adorable chien, un teckel nommé Dixie Belle, qui déguste en sa compagnie des tranches de bacon frit. Sans oublier sa principale occupation, écrire. Elle écrit beaucoup, a rempli de nombreux carnets, et pour l’heure elle rédige son journal, sans se raturer, sans chercher ses morts.

Jane Hawk ancienne du FBI en cavale possède à son compteur quelques petits assassinats. Si cela avait été exécuté dans le cadre de ses fonctions, elle ne serait pas embêtée. Mais voilà, depuis que son mari a été tué ou s’est suicidé, elle a mis son garçon à l’abri et recherche activement les protagonistes de son malheur. Elle change régulièrement d’aspect physique, prend toutes les précautions possibles, mais elle sait que ceux qui sont à ses trousses ne vont pas désarmer si facilement.

Elle s’installe dans une maison vide de tout occupant, dans l’un des nombreux quartiers de Los Angeles, face à celle d’un journaliste, et tandis qu’il est sorti, elle piège ses téléphones fixes. Et la conversation entre ce journaliste et un avocat est assez édifiante. Les renseignements qu’elle recueille ne lui suffisant pas elle oblige l’avocat à compléter ses informations par la manière forte. Et elle échappe de peu aux sbires de ceux qu’elle traque.

Elle sait que la NSA, le FBI et de hautes personnalités richissimes disposent d’un procédé scientifique asservissant ceux qui ont subi une injection de nanomachines, des nanoparticules spéciales qui annihilent le mental des receveurs, les transformant en esclaves au service de prédateurs, une confrérie secrète qui s’intitule les Arcadiens.

Pendant ce temps, dans le Minnesota, Cora a soigneusement préparé, sous influence, des jerricans d’essence déposés dans voiture et elle fonce dans un hôtel de prestige, un attentat occasionnant la mort d’une quarantaine de personnes, dont le gouverneur de l’Etat et quelques autres notables. Le shérif Luther Tillman est abasourdi. Cora était une amie de longue date, et il ne comprend pas son geste. Ce qu’il comprend encore moins, ce sont les réactions des responsables dépêchés sur place pour enquêter. Ils se conduisent comme s’ils voulaient étouffer l’affaire.

La maison de Cora est incendiée et il ne reste plus rien. Sauf les quelques cahiers dans lesquels l’enseignante rédigeait romans et nouvelles, et surtout l’un d’eux, le dernier, sorte de journal sur lequel figurent toujours les mêmes lignes. Avec parfois de petites variantes, infimes mais assez révélatrices pour l’inciter à se rendre dans une petite ville du Kentucky.

Cora a obtenu, non sans difficulté, l’endroit dénommé Haut-Fourneau-le-lac et incidemment elle va faire la connaissance du shérif Luther. Ils vont unir leurs forces pour combattre leurs ennemis.

 

Ce roman est la suite de Dark Web, paru en 2018 aux mêmes éditions de l’Archipel, mais ceux qui, comme moi, ne l’ont pas lu, ne seront pas perdu pour autant dans cette histoire.

Les chapitres sont courts, comme si l’auteur avait découpé son récit en séquences cinématographiques. Une écriture très visuelle et les scènes d’actions s’enchaînent sans répit. Le lecteur est aspiré dans cette histoire et il a du mal à effectuer quelques pauses physiologiques de temps à autres, tant il est absorbé par cette succession d’événements parfois tragiques.

Des images et des personnages se sont incrustés dans mon esprit en lisant ce roman. D’abord celui de Mack Bolan, dit l’Exécuteur, une série de romans initiés par Don Pendleton, qui met en scène un ancien marine vengeant la mort de sa famille en traquant les membres de la Mafia. Et l’on pourrait juxtaposer le personnage Jane Hawk à ce héros de papier, avec toutefois quelques différences notables puisque la jeune femme, si elle poursuit une vengeance, c’est à l’encontre de chercheurs, de membres du FBI et autres individus bien placés.

Le village de Haut-Fourneau-le-Lac m’a rappelé le Village, cet endroit calme et paisible en apparence, dont le Numéro 6, le Prisonnier cherche par tous les moyens de s’évader dans une célèbre série télévisée des années 1960.

En vieux routier de la littérature d’action et de suspense, d’angoisse teintée de science-fiction et de terreur, Dean Koontz joue avec les nerfs de son lecteur et il nous propose une fois encore un roman troublant, aux nombreux personnages, que l’on croit secondaires mais qui jouent un rôle non négligeable dans cette histoire qui n’épargne pas certaines institutions.

Il égratigne, il gratte là où ça démange, et ce qu’il dénonce ne se limite pas aux Etats-Unis mais peut être élargi à bon nombre de pays, dits démocratiques.

Dean Kootz n’apprécie pas la politique et ses représentants, et il ne se prive pas de l’écrire.

Mes mômes font ce qu’ils veulent, tant qu’ils jurent sur la Bible de ne jamais entrer en politique. Je les ai pas élevés pour qu’ils se salissent.

Et naturellement les premiers visés sont les médias…

Je répète ce que nous serinent les médias. Ils se servent des mots à tort et à travers

tout autant que les réseaux sociaux et surtout Internet :

Aucune information hostile aux autorités ne se retrouve sur le Net sans raison. Si elle est disponible à tous, c’est qu’il y a une bonne raison, sinon ils l’auraient fait disparaître ou l’auraient maquillée depuis longtemps.

Ce que l’on appelle de la manipulation de masse. Manipulation relayée par les journalistes :

Les journalistes sont les rois du baratin, c’est bien connu.

Mais eux-mêmes ne croient pas à ce qu’ils écrivent :

Si je croyais toutes les idioties que colportent les médias, je ne serais pas journaliste.

Et on en revient à la politique, l’engrais du journaliste :

Il n’y a plus de place pour le moindre sentimentalisme dans le journalisme actuel, sauf lorsqu’il est question de politique.

Et que penser des présentateurs des journaux télévisés ?

Les seuls journalistes bien payés étaient ceux des journaux télévisés, et ceux-là méritaient autant le titre de journaliste que la qualification d’astronaute.

L’on s’en rend compte en écoutant, si on les écoute, les chaînes d’informations françaises, qui défilent en boucle ou non, des informations expurgées, ne laissant apparaître que ce qui plait au gouvernement. On citera naturellement les non-dits ou la rétorsion d’images lors des manifestations des gilets jaunes, des vidéos amateurs par exemple qui sont diffusées mais tronquées.

 

Dean KOONTZ : La chambre des murmures (The Whispering Room – 2017. Traduction de Sébastien Danchin). Editions de l’Archipel. Parution le 6 février 2019. 462 pages. 24,00€.

ISBN : 978-2809825626

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22 février 2019 5 22 /02 /février /2019 05:11

Quand Dean R. Koontz, sous l’alias de Leigh Nichols, dénonçait le sectarisme et le fanatisme.

Leigh NICHOLS : L’heure des chauves-souris

Ce roman ne veut pas être un uniquement un réquisitoire des sectes quelles qu’elles soient, mais surtout dénoncer un état de fait : démontrer que le fanatisme religieux d’une personne et de son pouvoir de persuasion, sa croyance, ses convictions auprès de personnes facilement impressionnables, malléables spirituellement, peuvent engendrer une situation de quasi hystérie collective allant jusqu’à la traque et le massacre d’innocents.

Mais aussi prouver que l’amour d’une jeune mère pour son enfant peut lui révéler des forces et des ressources insoupçonnées, aussi bien physiques que morales.

 

Christine et son fils Joey sont abordés, un dimanche ensoleillé, par une vieille femme sur le parking d’un centre commercial.

Cette vieille femme, tout de vert vêtue, aux cheveux gris enchevêtrés, au visage blafard, aux yeux gris couleur d’eau sale gelée, profère à l’encontre du jeune Joey des menaces de mort. Bientôt les événements se bousculent, le chien de l’enfant est massacré, et Christine et son enfant échappent de peu à un attentat.

Aidés par un détective, qui prend sous sa coupe l’enfant et tombe amoureux de la mère, ils vont fuir devant la meute lancée à leurs trousses. Cette cavale les mènera de la douceur de la Californie du Sud jusque dans le cadre glacial et grandiose des montagnes du Nevada.

 

Autant roman policier que roman d’épouvante, L’heure des chauves-souris est prenant et tient en haleine le lecteur de bout en bout. Comme quasiment tous les romans de Dean R. Koontz et cette histoire est intemporelle, du moins son thème.

 

Réédition sous le nom de Dean R. Koontz. Collection Terreur N°9189. Editions Pocket. Parution octobre 1998. 478 pages.

Réédition sous le nom de Dean R. Koontz. Collection Terreur N°9189. Editions Pocket. Parution octobre 1998. 478 pages.

Leigh NICHOLS : L’heure des chauves-souris (Twilight / The Servants of Twilight - 1984. Traduction d’Alain Dorémieux). Collection J’ai Lu épouvante N°2263. Editions J’ai lu. Parution septembre 1987. 480 pages.

Réédition sous le nom de Dean R. Koontz. Collection Terreur N°9189. Editions Pocket. Parution octobre 1998. 478 pages.

ISBN : 2-277-22263-1

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21 février 2019 4 21 /02 /février /2019 05:31

Ah, les joies d’une sieste, non crapuleuse… !

Jean-Pierre ANDREVON : Ce qu’il y avait derrière l’horizon…

Lorsque Jo se réveille de sa sieste vespérale en cette fin d’après-midi d’un dimanche tranquille, auprès d’une rivière, alors que sa canne à pêche et surtout l’hameçon accroché au bout de la ligne attendent un poisson suicidaire, il pense avoir passé un après-midi calme et paisible, comme bien d’autres.

Pourtant le retour vers la grande ville ne se déroule pas exactement comme d’habitude. Aucun bruit ne trouble la sérénité du paysage. Il ne rencontre aucune âme qui vive, aucune voiture.

Silence et solitude semblent s’être donné la main. Cela ne l’inquiète guère, juste un certain trouble l’habite. Quelques trous de mémoire également. Comme des absences.

Mais chez lui, l’horreur l’attend. D’abord son fils qui inexplicablement tente de l’électrocuter, puis sa jeune fille, encore un bébé, qui le mord cruellement, puis sa femme qui elle aussi veut attenter à sa vie.

Mais la terreur ne fait que commencer et tout bascule comme s’il était entré dans un monde parallèle.

Le héros se débat contre des entités qu’il ne peut maîtriser. Il ne doit son salut que dans la fuite. C’est l’incompréhension la plus totale qui le guide.

 

Débutant de façon fort bucolique, l’angoisse s’installe très vite dans ce roman de Jean-Pierre Andrevon.

Malheureusement, l’épilogue ne concrétise pas tous les espoirs, toutes les promesses du début et le lecteur ressort légèrement frustré de cette histoire.

 

Réédition : Collection Anticipation N°1836. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1991. 192 pages.

Réédition : Collection Anticipation N°1836. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1991. 192 pages.

Réédition L’Atelier de Presse. L’Atelier du Futur. Parution 2008.

Réédition L’Atelier de Presse. L’Atelier du Futur. Parution 2008.

Jean-Pierre ANDREVON : Ce qu’il y avait derrière l’horizon… Collection Science Fiction n°2. Editions Patrick Siry. Parution septembre 1988. 160 pages.

Réédition : Collection Anticipation N°1836. Editions Fleuve Noir. Parution septembre 1991. 192 pages.

Réédition L’Atelier de Presse. L’Atelier du Futur. Parution 2008.

ISBN : 2-7391-0001-9

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20 février 2019 3 20 /02 /février /2019 05:16

Il n’y a pas d’âge pour devenir détective,

même pour de faux…

Romain SLOCOMBE : Le faux détective.

Assister en direct à une tentative d’étranglement dans une voiture, recueillir le numéro minéralogique de la voiture dans laquelle une femme se fait tabasser par un homme, voilà de quoi déclencher une vocation.

Un écrivain de romans policiers intervient dans la classe de Jo Bical, mais l’attention des élèves est perturbée par un cri poussé par leur enseignante. Elle aperçoit dans le parking face à l’école un homme en train d’essayer d’étrangler une femme puis de la bourrer de coups. Ce n’est pas une façon de s’attirer les bonnes grâces de celle qui est au volant. Pourtant, elle démarre le véhicule précipitamment. Jo, qui n’a pas les yeux dans ses poches, relève le numéro du véhicule. On ne sait jamais. C’est comme ça que sa vocation est née.

Il recherche un endroit calme et tranquille afin d’installer son bureau. L’endroit idéal, il le découvre dans l’ancienne usine Métallunic, désaffectée depuis des années et à l’abandon. Il s’introduit dans le bâtiment et s’installe dans une pièce, où justement le mobilier semble l’attendre. Il va apporter des livres, des romans policiers, genre littéraire qu’il préfère, et à lui le calme et la sérénité.

Seulement, en ressortant, il croit percevoir des regards l’observant. Le début de sa formation peut-être. Peu après il revient avec les romans qu’il va dévorer et s’aperçoit que la chaîne et le cadenas fermant la grille d’entrée ne sont pas replacés tels qu’il les avait mis en repartant la fois précédente.

Des inscriptions lui signifiant qu’il n’est qu’un intrus, qu’il n’a rien à faire dans le bâtiment, dépareillent la pancarte qu’il avait accrochée à la porte du bureau qu’il s’était annexé, puis une adolescente, un peu plus vieille que lui, accompagnée d’un chien, un Doberman, le genre de canidé qui ne pose pas de questions en général, lui intime de dégager.

Et c’est comme ça que débutent ses ennuis. Non seulement il se fait manipuler par Vesna, d’origine Yougoslave, mais il découvre le véhicule qui porte la même plaque minéralogique que celle de l’agression, stationnée dans le parking. Et il se retrouve enfermé dans une cave.

 

Nous ne sommes pas loin des aventures pour juvéniles écrites par nombre de romanciers dans les années 1950 ou 1960, dans le fond mais pas dans la forme. Les gamins s’expriment avec des mots de tous les jours, employant sans vergogne les grossièretés qui sont le lot quotidien des petits voyous, ou des mal embouchés comme aurait dit ma grand-mère.

Pour le reste, il s’agit d’une histoire convenue, avec toutefois un regard sur la société, cette fameuse usine Métallunic fermée par son propriétaire pour la transplanter ailleurs, dans un pays où la main-d’œuvre est nettement moins préjudiciable aux portefeuilles des patrons.

Il me semble que ce roman a été écrit bien des années avant sa parution, à moins que l’auteur ait voulu ne pas le dater, car le numéro minéralogique du véhicule, 488 PR… nous ramène au début des années 1970, selon les départements.

Quant à l’illustration, signée Christophe Merlin, je ne la trouve guère attirante et incitative pour découvrir le contenu. Mais ce n’est qu’une appréciation tout à fait personnelle qui n’engage que moi.

Romain SLOCOMBE : Le faux détective. Collection Souris Noire. Editions Syros. Parution le 20 janvier 2011. 94 pages.

ISBN : 978-2748510379

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19 février 2019 2 19 /02 /février /2019 05:10

Aven que pourra, et pour la galette on repassera…

François LANGE : La bête de l’Aven.

Il pleut toujours en Bretagne ? Préjugé ! Car en ce début de mois de juillet 1858, il fait chaud et beau. Ou inversement.

L’inspecteur de police François Le Roy est assoiffé et pour éteindre le feu qu’il a dans la gorge, il se rend à l’Auberge du Lion d’or, déguster avidement quelques bolées de cidre rafraîchissant. Nonobstant, il remarque que trois individus attablés au fond de la salle semblent tenir un conciliabule dont il aimerait connaître la teneur.

Comme le patron est une mouche (un mouchard ou indic en argot) il lui demande d’écouter ce qu’ils se disent et de lui en rapporter la teneur. Car l’un des hommes, un borgne, ne lui dit rien qui vaille. Et c’est ainsi qu’il apprend que le borgne envisage l’attaque d’une malle-poste, chargée d’or et d’argent destiné à des banques de Bretagne, du côté de Pont-Aven. Un braquage qui devrait se dérouler à la Croix Saint-André très exactement. Voilà une affaire qui l’intéresse au plus au point et qui va le changer de la monotonie dans laquelle il commence à s’engoncer.

Alors qu’il s’apprête à exposer à son supérieur hiérarchique, le commissaire Montépin (qui ne se prénomme pas Xavier), sa décision d’enquêter sur une possible attaque de diligence, son patron lui signifie qu’il est chargé d’aller résoudre une affaire de meurtres de jeunes filles dans la région de Pont-Aven. Normalement cela ne ressort pas de sa juridiction, mais l’ordre vient d’en-haut, du ministère via le préfet.

Alors direction Pont-Aven et François Lange espère bien faire d’une pierre deux coups. Contrer le ou les dévaliseurs de diligence dans la plus pure tradition du Far West breton aux pruneaux (oui, il y aura échange de coups de feu !) et résoudre le mystère des jeunes filles attaquées par une mystérieuse bête aux griffes acérées.

L’inspecteur de police sera aidé dans son enquête par un lieutenant de gendarmerie, un ami dont il a fait la connaissance lorsque tous deux étaient sur le front de Crimée. Ce qui aide dans les relations, parfois difficiles, entre les représentants de la gendarmerie et ceux de la police.

 

Comme souvent, l’une des deux affaires se trouve opportunément résolue en conclusion de l’autre. Hasard heureux, oui, mais l’on sait que le hasard est le Dieu des policiers. Sans le hasard, souvent, ils passeraient à côté d’indices troublants. Et il ne faut pas oublier qu’à cette époque, ils ne possédaient pas l’arsenal technologique dont ils disposent maintenant, avec la police scientifique qui déblaie bien le terrain.

Un récit intéressant qui mêle histoire et terroir, sans pour autant que l’un de ces deux thèmes empiète sur l’autre et affadisse ou ralentisse le roman. Le suspense est soutenu et l’angoisse s’infiltre doucement, même si le lecteur sent dès le départ que l’animal est une bête humaine. L’auteur joue sur l’ambigüité du personnage qui pourrait évoluer aussi bien aujourd’hui, peut-être dans des conditions différentes mais avec une approche similaire.

Plaignons ces pauvres gendarmes qui, si j’ai bien lu et bien compris, sont des vétérans des campagnes napoléoniennes. Comme il semble que ces références ne soient pas relatives à celles de Napoléon III, il est donc nécessaire de se reporter à celles de Napoléon 1er. La dernière, celle de Waterloo, datant de 1815, soit quarante trois ans auparavant, on peut penser sans se tromper que nos braves gendarmes sont alors âgés d’au moins soixante-trois ans. Bigre ! Et on se plaint !

Ce petit point d’histoire éclairci, ou non, reste que ce roman est plaisant, agréable, et l’on suit les aventures de François, dit Fañch, Le Roy avec intérêt, tout autant pour l’aspect historique que pour le développement de l’intrigue. Et personnellement, j’ai découvert un peintre, Camille Bernier, aux toiles naturalistes classiques et minutieuses, qui ne fut pas l’un des peintres de l’école de Pont-Aven mais exerça son art dans la région bien avant l’heure.

 

François LANGE : La bête de l’Aven. Série Fañch Le Roy 2. Editions du Palémon. Parution le 15 février 2019. 208 pages. 10,00€.

ISBN : 978-2372605519

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18 février 2019 1 18 /02 /février /2019 05:21

Les auteurs aboient, le Caravage passe…

Les sept œuvres de Miséricorde. Recueil collectif.

Pour établir une anthologie, il faut, de préférence, un thème, mais un thème porteur, qui échappe à la rengaine. Trouver un tel sujet relève parfois d’une profonde réflexion, parfois il s’impose de lui-même grâce à une parole, un son, une image.

Le concepteur de cette anthologie ne pensait certes pas en se promenant dans Naples être à la recherche d’un sujet, pourtant celui-ci s’est gravé dans son esprit en découvrant un tableau du Caravage : Les sept œuvres de la Miséricorde.

L’éditeur, je suppose que c’est lui, a donc confié à quelques auteurs la tâche de s’atteler à la rédaction de nouvelles pouvant décrire en quelques pages ces sept œuvres de miséricorde corporelles. Lesquelles sont ainsi définies :

Donner à manger aux affamés (Marc Villard)

Donner à boire à ceux qui ont soif (Anne Céline Dartevel)

Vêtir ceux qui sont nus (Jean-Bernard Pouy)

Accueillir les étrangers (Laurence Biberfeld)

Assister les malades (Denis Flageul)

Visiter les prisonniers (Marion Chemin)

Ensevelir les morts (Jean-Hugues Oppel)

Le tout avec une préface signée Patrick Raynal.

Que du beau monde !

 

Toutes ces nouvelles possèdent en commun un tueur, à gages ou non, qui va se charger de punir le responsable d’action malfaisante afin que les victimes retrouvent leur honneur, leur dignité, leur sérénité, leur confiance, leur intégrité, leur raison de vivre via la mort de leur bourreau. Mais elles sont également musicales, chaque auteur partageant avec le lecteur ses goûts musicaux, ou ceux de leurs protagonistes. Des chansons en phase avec les textes.

Un exercice pas si facile à mettre en pratique, mais chacun des auteurs a su développer le sujet qui lui était confié avec son habituelle verve, ironie, compassion, envers des proies désignées comme des souffre-douleurs par des hommes dont le seul but est de se montrer odieux, avilissants, égoïstes, voire monstrueux.

Chacun trouve le décor adéquat, celui qui lui convient le mieux pour développer le thème, et l’on ne s’étonnera guère par exemple de la mise en scène imaginée par Marc Villard qui transpose son récit dans l’Amérique des Amérindiens, chez les Navajos et leurs coutumes. Et tout ça parce qu’un des protagonistes s’est entiché de jouer au casino, et a perdu. Celui qui va exercer la vengeance ne le fait pas contre rétribution mais parce qu’il n’accepte pas que l’on puisse user et abuser de la naïveté de l’un de ses compatriotes, pour de l’argent, et détruire une famille.

Le texte d’Anne Céline Dartevel se fonde dans le thème de l’harcèlement sexuel, un choix qui n’est pas anodin. Le tueur pressenti aurait accepté, pour une fois, de travailler gratis, mais cela aurait peut-être nuit à son prestige. Car le fait de supprimer, proprement, un prédateur, s’impose dans la tête de toute personne possédant un minimum de morale.

Pour Jean-Bernard Pouy, c’est l’occasion de nous emmener dans un musée, celui d’Orsay. L’on connait sa prédilection pour les arts plastiques, d’ailleurs il a été entre autres, prof de dessin, et le regard qu’il porte sur une toile de Manet vaut à lui seul le détour. Le tueur pense pouvoir exercer son contrat perdu parmi la foule des visiteurs, écoutant la guide débiter son laïus, mais à ce moment, la cible désignée intervient, prenant la place de la conférencière et décrivant cette toile de maître à sa manière, le fameux Déjeuner sur l’herbe avec une femme nue au premier plan, tandis que les messieurs peuvent aller se rhabiller.

Pour Laurence Biberfeld, un migrant ce n’est pas uniquement une personne en perdition désirant trouver un coin d’accueil et de la dignité. Des pontes, des personnalités de premier plan, des directeurs d’entreprises fort bien cotées, surtout à la bourse, alors qu’ils n’ont pas su se servir des leurs, se servent de jeunes Erythréennes comme réceptacles pour donner la vie, eux qui n’hésitent pas à couper les vivres de leurs employés en dégraissant les effectifs.

Lorsqu’on vieillit, on rabâche certains souvenirs qui ont pourri la jeunesse. Et lorsque l’on est aux portes du cimetière, il est des rancœurs qui doivent s’évacuer, par l’absolution par exemple. Mais pas n’importe comment et c’est ce que démontre Denis Flageul.

Lorsqu’une jeune femme demande à un tueur, le narrateur, de supprimer quelqu’un, c’est pour une bonne raison. Pourtant au départ, l’homme n’était pas chaud. Mais il se rend vite compte que la jeune femme, qui pourrait accomplir elle-même ce qu’elle lui demande, ne le veut pas pour des raisons personnelles tout à fait compréhensibles, est une ancienne punk qui a dû être martyrisée par la vie, il accepte. Marion Chemin s’affirme de plus en plus comme une nouvelliste de talent.

Enfin, parole, ou écrit, est donné à Oppel, lequel nous entraîne en Bretagne, à bord d’un break transportant des cadavres. Mais pas n’importe lesquels. Surtout un.

 

Des textes parfois ironiques, souvent poignants, touchants, émouvants, qui reflètent la société actuelle et ses dérives.

 

Sommaire :

Préface de Patrick Raynal.

Villard Marc        : Le canyon de Chelly

Dartevel Anne-Céline : Time's up !

Pouy Jean-Bernard : Torse poil

Biberfeld Laurence : Dans la chaleur de mon corps

Flageul Denis : Aide-soignant

Chemin Marion : Pour la cause

Oppel Jean-Hugues : Le Colonel fait un break

Les sept œuvres de la Miséricorde.

Les sept œuvres de la Miséricorde.

Les sept œuvres de Miséricorde. Recueil collectif. Nouvelles. Collection Goater Noir N°25. Editions Goater. Parution le 15 novembre 2018. 132 pages. 14,00€.

ISBN : 979-1097465124

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17 février 2019 7 17 /02 /février /2019 05:14

C’est ce que l’on appelle le ruissellement ?

P.G. WODEHOUSE : Une pluie de dollars

Pour avoir un jour aidé un joueur de golf à corriger un défaut, William Fitz-William Delamere Chalmers, lord Dawlish, que dorénavant nous appellerons Chalmers tout court (tout court n’étant pas inclus dans le patronyme), se voit à la tête d’un héritage fabuleux.

Malgré son titre nobiliaire, Chalmers ne roule pas sur l’or, aussi il a trouvé un emploi de secrétaire dans son club de golf, ce qui lui laisse quand même du temps libre pour baguenauder et prodiguer ses conseils. Il a une petite amie, Claire, mais sa situation ne convient guère aux deux jeunes gens. Jusqu’au jour où il mandé par un notaire qui lui signifie qu’il vient d’hériter d’une forte somme d’argent, don de son obligé. Pour cela l’homme a déshérité ses neveux.

Bon prince, et estimant qu’il ne peut moralement toucher, du moins en totalité, cet héritage, il décide d’aller retrouver les neveux qu’il a spolié involontairement à l’insu de son propre gré et de leur rendre une partie de l’argent. Les deux neveux, qui sont frères et sœurs, résident à Long Island, la presqu’il new-yorkaise. Alors direction l’Amérique, afin de faire leur connaissance et de leur restituer leur dû. Une partie, car il espère bien en garder une portion non négligeable.

Un de ses amis qui habite dans la grande métropole américaine lui propose de s’installer chez lui durant un certain temps, puisque lui-même sera absent. C’est ainsi qu’il fait d’abord la connaissance de Nutcombe Boyd, le neveu, qui s’introduit dans l’appartement où s’est installé Chalmers. Il pensait retrouver un ami commun. Les deux hommes sympathisent, et ils partent pour Long Island retrouver Elizabeth, la nièce qui vit dans une petite ferme et soigne ses abeilles.

Mais Chalmers est gêné, n’osant pas proposer à Elizabeth sa part d’héritage, car tant le neveu que la nièce sont fort remonté contre ce lord Dawlish qui a accaparé leur succession. Comme il s’est présenté sous le nom de Chalmers, il préfère attendre un moment favorable.

Débute alors une succession de situations cocasses, d’imbroglios apparemment insolubles, aux nombreux quiproquos, surtout qu’en présence d’Elizabeth il ne se montre pas aussi snob ou incapable que sa condition pourrait le laisser supposer. Et entre les deux jeunes gens, une amitié s’établit, amitié qui se transforme rapidement en un sentiment plus profond. Et comme si cela ne suffisait pas, Claire, son amie Claire, est elle aussi à New-York, invitée par une amie. Elle s’est entichée d’un des passagers du paquebot sur lequel elle a voyagé, ce qui n’aplanit pas les différents qui se sont élevés entre eux.

 

Une histoire burlesque dans laquelle se trouvent confrontés les différents protagonistes, transformant ce récit en une sorte de vaudeville aux situations absurdes. Les dialogues sont souvent très amusants, et le lecteur ne peut s’empêcher de sourire aux bons mots, aux dialogues parfois farfelus, ou aux situations compliquées à l’excès.

P.G. Wodehouse porte au pinacle l’humour anglais, la dérision dans la description des situations, dans les dialogues, dans ce fameux nonsense, sans jouer sur la vulgarité, les jeux de mots laids comme disent les cyclistes.

Et sans vouloir abonder dans le sens d’Eric Neuhoff, qui écrivit dans Madame Figaro en 1985 : Une invention perpétuelle un sens inouï du rebondissement, des dialogues à se rouler par terre…, car il me semble que cette analyse est excessive, on ne peut que se réjouir à la lecture de ces romans qui délassent, qui détendent, qui relativisent, qui offre des moments d’ineffables bonheur dans des circonstances déprimantes et pourtant qui nous montrent la réalité portée à des sommets d’intenses boutades. On peut rire de tout mais pas avec tout le monde disait Pierre Desproges, avec juste raison. Il suffit de savoir se moquer mais avec tact de ses compatriotes et de mettre sous la loupe leurs défauts, leurs dérives, leurs contradictions. Des imperfections dont nous sommes également les représentants, et c’est un peu comme si l’on se regardait dans une glace.

Jeeves a éclipsé bon nombre de romans de P.G. Wodehouse, et c’est dommage car il y a de petits bijoux à découvrir ou redécouvrir.

 

-Vous êtes bien tranquille, Claire, dit Polly.

-Je réfléchis.

-Très bonne chose, dit-on. Je n’ai jamais essayé.

 

 

Cela fait partie de l’ironie générale des choses que, dans les misères de la vie, les qualités d’un homme sont souvent celles qui lui servent le moins, si même elle ne le desservent pas traîtreusement.

 

P.G. WODEHOUSE : Une pluie de dollars (Uneasy Money – 1917. Traduction de Marion Gilbert & Madeleine Duvivier). Collection Domaine étranger N°1702. Editions 10/18. Parution le 1er juin1995. 256 pages

ISBN : 9782264021342.

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16 février 2019 6 16 /02 /février /2019 05:57

Assassiner un diplomate n’est jamais bon pour des relations sereines !

John Maddox ROBERTS  : Crime à Tarsis

Les ouvrages publiés dans les collections Lance Dragon et Royaumes Oubliés du Fleuve Noir, collections inspirées aux Etats-Unis de jeux de rôle, sont des romans d’Héroïc Fantasy signés par des maîtres du genre.

Certains avouons-le sont de qualité moyenne, littérairement parlant, mais parfois l’on trouve de petites perles. Ainsi Crime à Tarsis, de John Maddox Roberts, ne se contente pas de plonger dans un univers fantastique médiéval où la sorcellerie et les dragons ne font pas bon ménage.

Tarsis fut jadis une cité prospère située au bord de la mer, mais un Cataclysme a chamboulé les donnes et si elle reste une plaque tournante marchande, la zone portuaire n’est plus.

Dirigée par un marchand qui s’est arrogé le titre de seigneur, Tarsis est assiégée par les armées de Kyaga, un barbare qui a su fédérer les diverses tribus du désert. Le diplomate qu’il a envoyé négocier auprès du Seigneur de Tarsis est retrouvé mort, assassiné et un ultimatum de cinq jours est donné pour trouver le coupable.

Un mercenaire qui ne trouve plus d’emploi, un assassin poète à ses heures et une voleuse, tous désireux de ne pas croupir en prison, se proposent d’enquêter, mais la tâche est ardue et ils risquent de laisser leur peau dans l’affaire.

 

Outre les combats épiques qui parsèment ce roman, les rencontres inopinées entre personnages hors du commun, des dialogues percutants, des situations cocasses, des réflexions pleines de bon sens émises par des philosophes qui s’ignorent (mais après tout ce ne sont pas le poids des bagages qui fait l’intelligence du voyageur) et la révélation surprenante du nom du coupable font de ce roman une véritable réussite prouvant que le mélange des genres est l’avenir de la littérature, et tant pis pour ceux qui préfèrent une classification discriminatoire.

John Maddox Roberts est également l’auteur de quelques suites de la saga de Conan le Barbare mais pas seulement.

En effet il a écrit des romans policiers et historiques dont certains ont été publiés dans la collection Grands Détectives aux éditions 10/18.

John Maddox ROBERTS  : Crime à Tarsis (Murder in Tarsis – 1996. Traduction d’Isabelle Troin). Collection Lance Dragon N° 41. Editions Fleuve Noir. Parution novembre 2001. 256 pages.

ISBN : 2-265-07097-1

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15 février 2019 5 15 /02 /février /2019 05:17

Et pour l’héritage, on fait comment ?

Alain GANDY : Une famille assassinée.

Gendarme à la retraite à Villefranche-de-Rouergue, Joseph Combes s’est reconverti en tant que détective privé, avec pour effectifs, avoués ou non, sa femme et Berthier, un de ses anciens collègues. Sans oublier ses deux enfants qui ne rechignent pas à la tâche lorsque le besoin s’en fait sentir. Un plaisir autant qu’un travail et son agence acquière une réputation assez flatteuse.

Assez pour inciter le lieutenant-colonel Alexandre Dupont-Magloire, en retraite depuis une douzaine d’années, de solliciter un entretien. Dix ans auparavant, le garde-chasse de Dupont-Magloire, Pierre Rougnac, est décédé dans l’incendie de sa maisonnette située dans le parc du château d’Estrelloux, demeure du militaire en retraite. Dupont-Magloire a adopté Martin, le jeune fils du défunt.

Le garde-chasse aurait poursuivi de ses assuidités Julie, la fille aînée de Dupont-Magloire, alors âgée d’à peine quinze ans. Martin ne s’est jamais vraiment intégré dans sa nouvelle famille, exerçant toutefois une emprise certaine sur François et Clémence, les jumeaux benjamins du châtelain. Les aînés, Raoul et Julie, ne peuvent pas sentir Martin, tandis que François en a peur. Quant à Clémence elle est subjuguée.

Martin est un être sauvage et exècre les Dupont-Magloire. Le militaire a peur d’un drame et souhaite que Combes reprenne l’enquête, ne serait-ce que pour le disculper ainsi que sa famille de la mort du garde-chasse, mort considérée comme un accident mais que Martin s’obstine à qualifier de meurtre.

Les événements s’enchaînent, accident de parapente pour Raoul en compagnie d’un de ses amis, sabotage de l’automobile de Dupont-Magloire et autres incidents qui se révèlent tragiques.

 

Roman policier rural, Une famille assassinée reflète une certaine image de la France profonde, loin du médiatique battage des banlieues désespérées, soumises à la violence, à la drogue et au chômage.

Le roman d’une famille déchirée à la suite d’un décès, même si le mort n’est qu’un employé d’une famille bourgeoise, les conséquences qui découlent de ce drame, les heurts, les tensions, les vengeances, les acrimonies qui régissent les uns et les autres, les rancunes.

Avec sobriété Alain Gandy tisse sa toile et ce roman de suspense subjugue le lecteur qui découvre derrière les charmes de l’Aveyron, une frange de la noirceur provinciale. Les préjugés sont tenaces et l’opinion néfaste est rapidement établie par des protagonistes persuadés de leur jugement sans posséder les preuves de ce qu’ils avancent.

 

Alain GANDY : Une famille assassinée. Collection Terre de France suspense. Editions Presses de la Cité. Parution le 1er février 2007. 240 pages.

ISBN : 978-2258070370

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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