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22 septembre 2012 6 22 /09 /septembre /2012 12:25

Les faux aussi !

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En cette fin de juillet caniculaire, c’est l’hécatombe chez les légionnaires. Quatre décès sont enregistrés chez les képis blancs en retraite, mais le soleil n’y est pour rien. Ils ont été retrouvés avec le sourire kabyle et les choses de la vie dans la bouche. Biscottin, l’ami de Clovis l’ancien grand reporter, est inquiet. Son voisin, Le Polack, a disparu après lui avoir remis une reproduction de la Madone à l’enfant de Botticelli, ainsi qu’une boîte à chaussures emplie de documents.

Rapidement le tueur de légionnaires est mis sous les verrous. Il s’agit d’un Algérien, Mourad Boualem, qui aurait agi par vengeance. La police est discrète sur ses motivations mais Clovis apprend que sa mère aurait été violée dans les années cinquante par des soldats. Parmi les documents du Polack, des lettres. Celles qu’il a reçu durant des années de Lé, sa femme, lui donnant des nouvelles de leur fils Marcel, appelé aussi Trunq, et d’autres missives qu’il a rédigées mais jamais envoyées. Clovis est tout content de retrouver Alexandra qui rentre au bercail. Elle exerce un métier qui touche à la finance à Paris et couche avec un avocat, mais pour l’heure elle revient, ce qui n’empêche pas Clovis entre deux galipettes de s’intéresser à cette affaire. Le Polack le contacte. Il pensait que le tueur étant arrêté, il pourrait réapparaître mais les ennuis continuent. Sa maison a été visitée et deux trois trucs le turlupinent.

Rendez-vous est pris le soir près d’un yacht sur les quais. Clovis s’y rend mais il est assommé et il se réveille à l’hôpital. Le bateau a été incendié et une victime a été découverte. Probablement Le Polack, mais Clovis garde l’info pour lui. Même s’il a un contact à l’Evêché il ne désire pas galvauder ses informations. Il décide donc d’aller fouiner du côté de Sainte-Livrade, dans le Lot-et-Garonne. Un camp dans lequel ont été parqués plus de mille ressortissants Vietnamiens, après Diên Biên Phu.

Lé est décédée l’année précédente, mais Marcel y réside toujours. Hans, l’ami du Pollack a été assassiné, et Tham, sa veuve, ne sait pas grand chose. Ses deux garçons, Ai Quôc et Quy, bricolent du côté de Toulouse. Roger, natif du Tonkin, leur explique l’origine du camp et comment ont été, et le sont toujours, traités les ressortissants Vietnamiens qui vivent dans ce village, méprisés par la population locale. Il a été compagnon d’armes du Polack, alias Wilhelm, et de Hans. Il avait assisté en 1955 à une algarade entre deux légionnaires qui voulaient faire avouer où Wilhelm avait caché quelque chose. Quoi, il ne sait pas mais il sait que Klaus, le sergent-chef qui avait défendu l’agressé vit au village de Puyloubier, dans une maison de retraite allouée aux légionnaires. Quant à Trunq il montre un chagrin et une affection à retardement envers son père, qu’il n’avait jamais revu depuis sa naissance, soit plus de cinquante ans auparavant. De retour à Marseille, aidé d’Alexandra, Clovis dépiaute plus en profondeur la boîte qui contient outre les lettres des photos, des documents, une brochure sur l’Autriche, et autres babioles.

Si le fil conducteur réside en la résurgence du mythe d’un trésor de guerre nazi, enfoui quelque part en Autriche ou autre pays accueillant, le propos principal de Maurice Gouiran tourne autour d’un fait méconnu car honteux. L’état a longtemps mis sous silence le camp, le ghetto pourrait-on dire, des déracinés Vietnamiens, des Indochinois à l’époque, des femmes qui mariées avec des militaires, ont été parquées avec leur famille, père mère et enfants. Les oubliés, les délaissés de ce conflit qui était entamé la seconde guerre mondiale à peine terminée et qui sera suivi par la guerre d’Algérie. Ce sont également les tortures, pratiquées par les belligérants des deux côtés, qui sont dénoncées. L’auteur refuse, par l’intermédiaire de ses personnages, d’accepter le principe du œil pour œil, dent pour dent. Et ne se voile pas la face comme le désireraient certains historiens, ou pseudo historiens, qui rejettent toutes les fautes sur un seul camp. Un roman qui au delà de l’histoire donne à réfléchir.

A lire du même auteur : Et l'été finira, Sur nos cadavres ils dansent le tango, Franco est mort jeudi. Vous pouvez également découvrir mon entretien avec Maurice Gouiran.

Maurice GOUIRAN : Les vrais durs meurent aussi. Editions Jigal. 292 pages. 17,24€.

challenge régions

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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 13:27

A ne pas confondre avec la cabane au fond du jardin…


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En ce mois de juin 1979, pour Thierry qui habitait la barre Guillaume Apollinaire, c’est un pan de sa vie qui s’effondre. Mais aussi pour tous ceux qui y vivaient depuis de longues années. La barre Guillaume Apollinaire implose dégageant un énorme nuage de poussière. Un an auparavant, la cité où tous les habitants ont été relogés n’était qu’un terrain vague. De nombreux projets avaient été avancés pour transformer ce terrain qui était un peu le chancre de la ville.

La municipalité avait pensé aménager un parc de loisirs et de sports, avec stade de foot et de rugby, des aires de jeux ou une piscine. Mais les besoins changent et les impératifs prennent parfois le pas sur les bonnes idées. L’avis des gamins ne compte pas, personne ne se soucie de leur opinion.

C’est ainsi qu’est projetée la construction d’une cité et le terrain est transformé en chantier entouré de palissades. Seulement en déplaçant une des planches Thierry peut se faufiler à l’intérieur. Se souvenant d’une phrase de son père, décédé quelques mois plus tôt, Ce que je ne t’ai pas donné, construis-le !, Thierry décide d’appliquer à la lettre ce conseil philosophique.

Alors il envisage de construire sa cabane, un endroit qui lui permettrait de retrouver ses copains, ailleurs qu’à l’école ou dans un hall d’immeuble. Car ils ne vont jamais les uns chez les autres, les appartements restent réservés à la famille. Chacun chez soi, telle est le devise de ces locataires d’origine cosmopolite.

Ils sont venus, ils sont tous là, même Soufia dont le frère est incarcéré, pour construire la cabane. Il y a Eric, Noémie, Soufia, Nabila, Marine et Colin. Ils ont entre douze et quatorze ans, et le projet qui au départ ne fait pas l’unanimité bientôt les enchante. Ils auront un chez eux, sans avoir les parents sur le dos. Avec l’aval d’Alban, un ancien contremaître qui à cause d’un accident du travail depuis boite et a été élevé au grade de gardien du chantier, ils peuvent mettre leur idée à exécution.

Alban leur propose de se servir de vieilles palettes, et quoi que n’ayant jamais touchés aux outils de leur vie, les gamins parviennent à édifier leur cabane. Seulement un jour Alban, qui était toujours accompagné de son chien, refuse à Thierry de continuer à s’introduire dans le chantier. Bizarre ! D’autant que le fidèle compagnon d’Alban ne l’accompagne pas. Que faire ? En épiant par hasard l’entrée, Thierry et Marine reconnaissent Méziane, le frère de Soufia, qui soi-disant végète en prison en attendant le procès pour meurtre, s’infiltrer par leur entrée. Il va leur falloir mettre les choses au clair.


Thierry, le narrateur, se souvient trente-trois après de cette période avec un pincement au cœur. En effet, en 1979, la banlieue n’était pas ce qu’elle est devenue. On n’y parlait guère de drogue, tout juste de petits trafics de cannabis de temps à autre, des cigarettes fumées en cachette des parents et des bières, en petit nombre, bues par quelques adolescents qui voulaient imiter les parents. Cela n’allait guère plus loin. Les mômes ne trainaient pas dans les rues, ou rarement. Seules quelques petites bandes se réfugiaient sur les toits pour déguster la bibine à bon marché, mais les cages d’escaliers ne foisonnaient pas d’oisifs. Pourtant la police, ce n’était pas notre culture. Surtout, mais n’est-ce que qu’une vision erronée d’un chroniqueur sur le retour d’âge, surtout leur ambition n’était pas de détruire mais de construire.


Loin de toute démagogie ou de pédagogie exacerbées, La cabane au fond du chantier est un roman pour adolescents, simple, frais comme une bouffée d’air pur dans un square de banlieue où les arbres daignent encore pousser. Comme une scène de cinéma juvénile auquel Christian Roux aurait participé. Comme s’il avait puisé dans ses réminiscences d’adolescent et nous contait une tranche de vie.

A lire du même auteur, Kadogos, roman pour adultes.

Christian ROUX : La cabane au fond du chantier. Souris Noire, éditions Syros. 160 pages. 6€.

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19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 12:07

Et deux dans l’Enfer. Le compte est bon !


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Dans cette partie nord de la Caroline du Sud, non loin de sa petite sœur la Caroline du Nord et de la Géorgie, les paysans cultivaient dans les années 50 le maïs, le tabac, les haricots et les choux. C’étaient de petites parcelles travaillées à la main et à l’aide d’un cheval de labour, le terrain en pente ne se prêtant guère aux engins motorisés et les cultivateurs n’ayant pas les moyens de s’en acheter.

Et en ce mois d’août 1952, à Jocassee, la sécheresse guette les récoltes, sauf celle du tabac et des choux car les plantations jouxtent la rivière et sont donc irriguées. Billy Holcombe entretient ses parcelles malgré un léger handicap dû à une poliomyélite contractée alors qu’il était tout jeune. Il sarcle ses plants de tabac, un travail pénible à être à longueur de journées le dos plié, à surveiller l’apparition de maladies et d’insectes nuisibles. Le shérif Alexander le surprend dans cette tâche harassante mais Billy n’a pas l’air étonné de recevoir cette visite impromptue.

La veuve Winchester s’est plainte de la disparition de son fils Holland jeune homme bagarreur, de retour de Corée, obtenant la Golden Star, et elle a accusé Billy de l’avoir tué. Holland avait enfilé ses affaires militaires, laissant son pick-up dans la cour. Elle assure avoir entendu un coup de fusil. Trois raisons pour affirmer que son gars a été assassiné et que Billy en est le meurtrier.

Le shérif Alexander demande donc à Billy s’il a aperçu Holland, lui posant des questions pièges, mais à chaque fois Billy s’en sort avec une pirouette. Alexander est persuadé que Billy a perpétré un meurtre, mais il n’a rien sous la main pour étayer son intime conviction. Des buses dans le ciel ? Ah oui, c’est à cause de mon cheval que j’ai dû abattre. Peux-tu m’emmener sur place ? Oui, pas de problème. Ton cheval blessé à la patte, il a traversé quand même la rivière ? Oui, le l’ai aidé.

Le lendemain, accompagné de son adjoint et de quelques gars, Alexander participe aux recherches mais pas de corps. Il traîne bien le cadavre du cheval sur quelques mètres, mais pas la moindre trace de terre fraîchement remuée. Une intime conviction, pas de preuves, pas de cadavre, rien, il ne possède rien de tangible, de concret.

Un roman qui se décline comme un quintet, cinq voix pour narrer ce qu’il s’est véritablement passé, et la suite vingt ans plus tard. Après le récit du shérif, c’est Billy qui donne sa version, plus complète, incluant le passé, le présent et l’avenir, sa version, celle qu’il peut raconter car il ne connait pas tout. Ensuite sa jeune femme prend la parole, approfondit cette version, l’enrichit d’éléments nouveaux, mais l’histoire ne s’arrête pas en si bon chemin. Le fils lui aussi apporte sa pierre à l’édifice vingt ans plus tard, enfin l’adjoint du shérif Alexander offre sa touche finale.

rash2.jpgDans une ambiance profondément rurale, ce roman se démarque profondément de ce que l’on peut lire actuellement. Pas de violence et de scènes de sexe gratuites. Tout est dans le suggéré, parfois dans le non dit, avec une forme de tendresse envers les personnages. Billy Holcombe et Amy sa femme, mariés jeune, surtout elle, qui sont confrontés aux difficultés de la terre et de la semence, Holland Winchester, un gars hâbleur qui jouit de sa participation à la guerre de Corée, sa mère persuadée, sûrement à raison, du meurtre de son fils mais ne pouvant qu’évoquer des suspicions, la veuve Glendower, pratiquant la médecine phytothérapique.

Et par-dessus tout ça plane le spectre de la Carolina Power, une compagnie qui met tout en œuvre pour édifier un barrage. Car en ce coin d’Amérique profonde, les Holcombe par exemple ne sont pas reliés à l’électricité. Et s’il fallait placer un parallèle, comme en quatrième de couverture est évoqué Giono, je pencherai aussi en gardant le contexte français pour Jean-Pierre Chabrol. Un roman dur et tendre à la fois, dans lequel l’enquête policière ne sert que de support, chacun des protagonistes se dévoilant peu à peu telle une strip-teaseuse pudique. A signaler que Jocasssee est devenu un lac dans les années 70, situé non loin de Salem et fut un ancien territoire Cherokee, comme le précise dans son livre Ron Rash qui part donc d’un élément concret pour écrire son histoire.


Ron RASH : Un pied au Paradis. (One foot in Eden – 2002, traduit de l’anglo-américain par Isabelle Reinharez. Réédition Editions du Masque). Le Livre de Poche Policier 32043. 320 pages. 6,60€.

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18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 15:08

possèdent-ils la lumière ?

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Partant du postulat qu’un romancier peut écrire une œuvre de fiction sans être obligé de respecter les vraisemblances, la réalité, et autres contraintes, cela offre un livre qui s’affranchit de toute contingence. Mais pour que le lecteur adhère, il lui faut accepter le choix de l’auteur.

Depuis qu’il a été licencié de son travail, pour cause de restructuration, que sa femme l’a abandonné parce qu’elle ne supportait plus la vie avec lui, Marek vit seul dans son appartement, face à son écran d’ordinateur. C’est l’unique dérivatif qu’il s’est découvert, ne sortant que pour des ravitaillements express. Son épouse lui a laissé dans un grand élan de générosité son ordinateur, alors il se connecte souvent sur Internet, visite de nombreux sites, effectue sa revue de presse, puis d’images en images se tourne vers les sites pornographiques, et surtout se rend sur les chats et les forums.

Il y avait toujours un chat, un forum. Il y découvrait d’anonymes internautes échangeant insultes et anathèmes sur les sujets les plus variés : l’intégrale de Bach par Glenn Gould, l’allaitement maternel, l’enseignement dans les écoles primaires. La moindre théorie, la moindre opinion était aussitôt, réfutée, ridiculisée. Les plaidoyers pleins de fougue succédaient aux réquisitoires impitoyables, tous n’ayant qu’une chose en commun : leur orthographe approximative.

Bref, s’il a de quoi s’amuser, il s’ennuie profondément, ne parvenant pas toutefois à décrocher. Jusqu’au jour où il reçoit un message. Pas un de ceux qui vantent des produits destinés à revigorer la virilité défaillante, ou supposée telle, et autres logorrhées électroniques, non. Un vrai message émanant d’un gamin nommé Cleto, âgé de cinq ans et atteint d’une maladie rare. Il lui est juste demandé de faire suivre ce message à ses contacts. Une contribution modeste puisqu’il n’y a pas d’argent en jeu, et comme son carnet d’adresse est très réduit, l’opération de transfert est facilement et rapidement réalisée. Puis un nouveau message arrive dans sa boite l’informant qu’un virus se propage et qu’il doit avertir ses contacts. Durant quelques mois ce petit jeu se déroule régulièrement puis les messages deviennent plus politiques, dénonçant les agissements d’une société secrète, le Nouvel Ordre Mondial. Un terme qui désigne des mondialistes impérialistes décidant à l’insu du peuple. Des messages qui se réfèrent à un maître nommé Barruel, lequel serait un prêtre ayant vécu deux siècles auparavant. Mais ce sont également des diatribes envers les financiers qui dirigent le monde à la place des politiques.

Un beau matin il est réveillé en sursaut par des policiers qui s’infiltrent chez lui, l’accusant de tous les maux, d’être un porc (il est vrai que son appartement jonché de papiers gras ressemble effectivement à une porcherie), le traitant de délinquant potentiellement dangereux, de conspirateur, et autres reproches qui lui valent de nombreux coups et un embarquement immédiat pour un commissariat. Il est menotté, enchaîné, réduit comme une loque et interrogé par un certain commandant Gédéon Karadzic du N.O.S. Jusqu’au jour où des hommes cagoulés viennent le délivrer, tuant et abattant ses geôliers. Marek pense avoir basculé de Charybde en Scylla et être aux mains de terroristes. C’est alors que le chef du groupe lui annonce se nommer Barruel, qu’il était aux mains d’affidés du N.O.S., Novis Ordo Sœculorum. Une nouvelle vie commence pour Marek, une vie dédiée aux entrainements façon légionnaires, en compagnie de trois autres personnages, deux hommes et une femme, et il se voit confier ensuite des missions de plus en plus difficiles et dangereuses.

Il doit combattre Ceux qui règnent dans l’ombre, car selon Barruel, celle-ci est omniprésente et pratiquement omnipotente. S’ensuit une longue diatribe envers les banques : Les banques sont nos ennemies, ce sont les ennemies de l’humanité ; les banques spolient les petites gens et accroissent les avoirs des plus riches. Les banques constituent le premier relais, les premiers et fidèles serviteurs du mal. Aucune morale, aucune humanité dans l’action incessante des cartels financiers. Les banques se regroupent, elles s’entendent illicitement et décident de qui doit s’enrichir ou de qui doit rester dans la pauvreté, non seulement chez les individus mais aussi chez les Etats.

Marek se transforme peu à peu, prenant une épaisseur psychique, absorbant les enseignements du maître mais devenant en même temps plus dur, plus volontaire, presque déshumanisé. Pour arriver à ce résultat il doit se plier aux exigences de Barruel ce qu’il fait volontiers même si parfois il se pose des questions.

Seulement, si j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman, je suis perplexe quant à certaines scènes. Malgré cette déclaration Tuer un chien. Il fallait être malade pour imaginer un pareil exercice, l’auteur décrit avec une certaine complaisance une scène de torture de canidés. Or Marek, malgré sa répulsion, effectue quand même le « travail » exigé par Barruel, tout comme ses trois compagnons. Une initiation pour Marek, mais qui laisse un goût amer et l’on de demande si véritablement quelqu’un peu obéir à ce genre d’injonction sans être malade mentalement. Nonobstant, cette scène ne fait pas tout le bouquin. Il s'agit plus d'une parabole sur le combat du Bien et du Mal, sans tomber dans le manichéisme, avec des ouvertures sur la mégalomanie, la schizophrénie, les méfaits d'Internet lorsque cet outil est mal maîtrisé, et des idées malsaines qui peuvent être propagées, et engrangées par des individus faibles ou oubliant de réfléchir sur la véracité des informations colportées.

Du même auteur lire également  Colonies parallèles.

Voir aussi l'avis de Claude Le Nocher sur  Action Suspense.


Nicolas BOUCHARD : Ceux qui règnent dans l’ombre. Collection Zone d’ombres, éditions Asgard. 272 pages. 17€

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17 septembre 2012 1 17 /09 /septembre /2012 08:22

Un cadeau, gosse ?

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Qu’est-ce qu’un Kadogo ? La signification de ce titre énigmatique trottinait dans ma tête jusqu’à ce que, enfin, la solution m’apparût au détour d’une page. Un kadogo, c’est une petite chose, une chose sans importance en swahili. C’est le nom donné aux enfants soldats en Afrique subsaharienne. Dès lors je pouvais poursuivre ma lecture en toute sérénité. Une lecture normale, qui débute au premier mot à gauche de la première page jusqu’au dernier mot à droite de la dernière page. Car il existe une autre forme de lecture suggérée par le diabolique Christian Roux. Mais comme il n’y a pas de sommaire je n’ai pas osé, de peur de me perdre dans les méandres des chapitres.

Trois personnages ou groupes de personnages dont le destin va se percuter dans une trajectoire en dents de scie, avec fulgurance, comme trois éclairs qui se télescoperaient. D’abord Marnie, qui officie pour le bien des familles. Sa dernière mission, supprimer en douceur un patient en phase terminale dans une clinique près de Rambouillet, clinique dont accessoirement il est propriétaire. Mais elle ne pensait pas retrouver sa commanditaire, Catherine Bermann, la belle-fille du défunt, assassinée, atrocement mutilée, ainsi que ses jardiniers et gardiens. Eustache Lerne, officier de police, est chargé de l’enquête qui s’avère délicate d’autant que des événements imprévus se greffent sur cette histoire à priori incompréhensible. Le cadavre du vieux monsieur est retrouvé dans le parc de la clinique, éviscéré et non loin de son cadavre gît celui d’un jeune noir. Et que viennent faire là dedans ces jeunes kadogos, qui ont pour noms Cobra le Dur, Zig la Folle, Tigre affamé, La Mort dans les Yeux ou encore Gyap ? Chacun de leur côté, Marnie et Eustache vont tenter de cerner la vérité tout en essayant de gérer leur vie privée. Marnie hérite d’une étrange compagne, tandis que Eustache qui a recueilli un gamin perturbé, est bien embêté par le comportement renfermé et vindicatif de celui-ci. Heureusement il est aidé dans ses recherches par une spécialiste de la police scientifique, ancienne membre des ONG ayant travaillé en Afrique et qui en garde des traces indélébiles.

Traitant de sujets sensibles comme l’euthanasie, les abus sexuels, les guerres en général et guerres tribales en particulier, guerres tribales dont le nom a bon dos puisque fomentées par des politiques et des lobbies mercantiles, Christian Roux ne joue pas avec les sentiments, ne grattant pas la corde sensible avec faux effets de sensiblerie à bon compte. Il ne dénonce pas, ou si peu, il énonce des vérités que beaucoup voudraient voir recouvertes d’un voile pudique. Il apporte sa vision, sa touche, sa sensibilité, sa fougue humaniste et un bon sens dénué de démagogie, sans tomber dans la grandiloquence de philosophes de bazars. Un roman puissant qui amène le lecteur à réfléchir sur certaines déclarations qui ne sont que de la poudre aux yeux jetée par des politiciens qui veulent se donner bonne conscience sans véritablement désirer réfléchir à la réalité.

Christian Roux : Kadogos. Rivages/Noir N° 749. Editions Rivages. Octobre 2009. 316 pages. 8,65€.

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16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 13:43

Tous à vos claviers !

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A l'occasion d'imaJn'ère 2013 (qui aura lieu du 6 au 9 juin aux salons Curnonsky à Angers), l'association éditera deux recueils de nouvelles. Un lié à la science-fiction, le fantastique et la fantasy ayant pour thème : « après l'apocalypse ». L’autre lié au roman noir avec pour thème « apocalypse sociétale ».

Vous souhaitez participer ? Tous les détails sont là !

SFF

 

21 décembre 2012, fin d’un cycle de 5.125 ans selon le calendrier Tzolk’in, élaboré par les Mayas ?

Fin du monde ?

Rien n’est moins sûr. Mayanistes new age, scientifiques, millénaristes et survivalistes ont tous des manières différentes d’interpréter cette date fatidique et d’y réagir.

Alors que se passera-t-il le 21 décembre 2012 ? Invasion d’extra-terrestres, cataclysmes mondiaux, collision de la Terre avec la planète Nibiru, inversion du champ magnétique ou aspiration de notre planète par un trou noir ?

Et si l’alignement galactique faisait que les astres soient, enfin, propices ?

L’ère du cinquième soleil débutera le 22 décembre 2012, à vous de dire de quoi elle sera faite.

Et si les tapisseries d’Angers avaient la réponse ?

Dans la cadre de la 3è convention des littératures populaires et de l’imaginaire, imaJn’ère 2013, l’association imaJn’ère organise un concours de nouvelles gratuit, ouvert à toutes les personnes majeures résidant sur la planète Terre ou en orbite immédiate.

Le thème retenu cette année est « Post-apocalypse, la fin du monde ? Même pas peur ! » Les nouvelles devront être inédites, libres de droit et relever des genres liés à la science-fiction, au fantastique ou à la fantasy (ou de tout mélange s’y rapportant). Il n’y a pas d’obligation à ce que le récit se place précisément le 22/12/12. Faites preuve d’imagination. Une référence ou un clin d’œil aux tapisseries d’Angers « L’apocalypse » ou « Le chant du monde » serait un plus mais c’est la qualité du texte qui primera avant tout (écriture, style, originalité…)

 

Noir

Le second NOIR, est intimement lié au roman noir et le thème retenu cette année est « Apocalypse sociétale ». Notre société n’a jamais attendu les prévisions  apocalyptiques des fin-du-mondistes de tous poils pour concocter les pires atteintes aux droits fondamentaux de l’Homme et l’imagination diabolique des hommes de pouvoir surprend chaque jour un peu plus le commun des mortels. La notion d’apocalypse ou de fin du monde se décline sous des formes les plus diverses selon sa propre perception du cataclysme ultime. Les nouvelles devront être inédites, libres de droit et relever des genres liés au roman noir, policier, à énigme, thriller, épouvante (ou de tout mélange s'y rapportant).

 

Règles communes aux deux concours

Il ne sera accepté qu’un seul texte par participant MAIS il est possible de participer aux deux concours.

La taille du texte ne devra pas excéder 25.000 signes. Pour déstresser les pointilleux, sachez que nous ne sommes pas à 10% près mais qu’un excellent texte court primera sur un bon texte long.

Format des textes : police classique (pas de trucs tordus et illisibles) corps 12, interligne 1.5, paginé.

L’en-tête rappellera uniquement le titre de la nouvelle à l’exclusion de toute mention permettant de le relier au nom de l’auteur. Une page de garde indépendante précisera le titre de la nouvelle et les coordonnées de l’auteur (Titre de la nouvelle, nombre de signes, nom et prénom de l’auteur, si besoin pseudonyme de publication, adresse postale, téléphone et courriel).

Les participants ont jusqu’au 21/12/12 inclus (date de la fin du monde au-delà de laquelle il ne sera plus possible d’envoyer quoi que ce soit) pour transmettre leur participation. Cet envoi se fera exclusivement par courriel au format .doc à l’adresse suivante : imajnere@phenomenej.fr (préciser en objet Concours imaJn’ère 2013 + SFFF ou Polar (selon le thème choisi) + titre de la nouvelle)

Un jury (dont les décisions impitoyables seront sans appel) sélectionnera les textes gagnants pour publication dans l’anthologie à paraître pour imaJn’ère 2013 qui se déroulera à Angers du 6 au 9 juin 2013.

Sachant que la publication aux côtés de prestigieux écrivains est déjà un honneur en soi, et compte tenu du fait que l’association imaJn’ère n’a pas les moyen de la philanthropie, il n’est pas question que les gagnants du concours partent avec la caisse (ils risqueraient d’ailleurs d’être déçus). Néanmoins, dans sa grande mansuétude, l’association dotera chaque gagnant de trois exemplaires du recueil et de 30% de réduction sur les exemplaires supplémentaires qu’ils souhaiteraient acquérir.

Les auteurs conservent tous les droits associés à leur texte mais s’engagent à ne pas les republier avant six mois à compter de la date de parution du recueil.

La participation au concours implique l’adhésion sans restriction au présent règlement (sous peine d’être livré aux zombies qui ne manqueront pas de sévir après le 21 décembre 2012).


Vous pouvez vous rendre également sur le site de PhénomèneJ et vous y retrouverez par exemple la version PDF de La Tête en Noir, à la Une de J avec un hommage à Roland C. Wagner, la revue La Tête en l'ère et bien d'autres infos.

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16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 09:13

La cité d’YS, paraît… La chasse au Dahut est lancée !

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Tout comme l’Atlantide, la cité d’Ys a alimenté l’imaginaire des conteurs qui ont puisé dans le drame de cette ville engloutie pour écrire moult histoires. Gabriel JAN nous propose sa version qui n’est pas dénuée de charme et d’enchantement, malgré le dénouement cataclysmique que tout le monde connait, ou presque.

Trois druides, Merghon, Zyord et Asthor, ont l’habitude de se rencontrer régulièrement et pour se donner rendez-vous ils utilisent la messagerie colombophile. Ce soir là, ils se retrouvent attablés autour d’un roboratif ragout de fèves et de mouton. Mais ce n’est point tant pour déguster ce plat en bonne compagnie que Zyord les a mandés mais pour délivrer un message important et inquiétant. Galtrémoor, l’astrologue et conseiller du roi Gradlon, nécromant à ses heures, prédit l’engloutissement de la cité sous les eaux. Mais surtout le Trémillon est menacé.

Le Trémillon, appelé aussi Aigue Bleue, est une pierre censée protéger la cité des flots. Zyord possède un pouvoir, celui de sentir les choses, de les deviner, de les prévoir. Or il est persuadé, il le ressent, quelqu’un va arriver, un inconnu qui va contrarier leur supériorité.

Cheminant tranquillement avec son fier destrier Albéran, Gelan d’Edarpt s’approche de la cité d’Ys, au bout de la Cornouaille bretonne (je précise pour ceux qui confondraient avec la Cornouailles Britannique). Attiré par l’onde fraîche d’une rivière, il se dénude et se décrasse de la sueur et de la poussière accumulées au long du chemin. Seulement, lorsqu’il regagne la berge, ses vêtements ont disparu. Un jeune homme apparait alors, déclarant qu’il a mis les malandrins en fuite et a récupéré ses effets. Il se présente : Céryl, fils de Maître Gravlor Hoëlmeur, grand tailleur à Ys. Gélan, lui est médecin, et il espère pouvoir s’installer à Ys. Tous deux rejoignent donc la cité et Céryl en profite pour décrire la ville et ses habitants, surtout parler de Dahut, la fille du roi Gradlon. Dahut est connue pour ses frasques, changeant d’amants comme de chemises, plus souvent même peut-être. Mais surtout Dahut se comporte en mante religieuse. Oh, elle ne mange pas ses amants, mais elle les fait jeter à la mer où ils se noient.

Gélan s’installe dans une petite remise près de chez Gravlor. Et là il est subjugué par Cipée la sœur de Céryl. Il recueille des herbes sous les remparts et c’est lors d’une cueillette de mandragore qu’il fait la connaissance de Nashaben le barde. Mais bientôt, lors d’une fête, un incident se produit et il va pouvoir démontrer ses connaissances médicales, en usant de pouvoirs magiques.

Fuite_de_Gradlon.jpgIl est difficile de dater à quel moment se déroule cette histoire, mais on peut raisonnablement supposer qu’elle se passe au début de la christianisation. En effet les druides s’évertuent à dénigrer les moines qui se sont installés dans la région. Leurs prérogatives sont en jeu, mais aussi le mode de vie de la plupart des habitants de la cité. Les fêtes, nombreuses, donnent lieu à des débordements charnels, ce qui n’est guère au goût des religieux chargés de répandre la bonne parole. Le syndrome du péché de chair n’est pas ancré dans les mœurs qui sont libres.

Et c’est avec délicatesse que Gabriel Jan décrit la vie de cette cité légendaire, apportant sa touche personnelle. Tout en suivant les grandes lignes fixées par ses prédécesseurs, notamment Charles Guyot qui le premier en rédigea un récit complet, mais aussi de nombreux historiens et conteurs bretons comme Anatole Le Braz ou Emile Souvestre au XIXème siècle, il nous offre une histoire riche et vivante, incorporant magie, merveilleux et histoire. Dans toute légende, existe un fond authentique que l’imaginaire amplifie. Des chercheurs trouveront peut-être un jour des vestiges de cette cité légendaire dans la baie de Douarnenez. En attendant ne boudez pas votre plaisir en découvrant cette version pétillante comme le cidre breton.

Vous pouvez retrouver les chroniques précédentes : Le réveil des menhirs et Qui veut tuer le roi Henri ? ou encore Par le rêve et la ronce, ainsi qu'un portrait de l'auteur.

Gabriel JAN : Ys, le monde englouti. Liv’éditions. 240 pages. 10€.

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15 septembre 2012 6 15 /09 /septembre /2012 13:38

bouchard

Avant de vous présenter le nouveau roman de Nicolas Bouchard, Ceux qui règnent dans l’ombre, lequel avait déjà écrit Terminus Fomalhaut, roman fort remarqué par la critique paru chez le même éditeur ainsi que L’ombre des Cataphractes et Astronef aux enchères aux éditions Fleuve Noir je vous propose de découvrir un roman qui date de 1999, une incursion dans un univers dédié à la science-fiction : Colonies parallèles.

La jeune Marie-Aïno est excitée, malgré les rebuffades que ne manquent pas de lui prodiguer ses cousins. Elle est appelée à succéder un jour à son père, étant la seule héritière directe. Ce qui n’a pas l’heur de convenir aux mâles de la famille car pour eux ce n’est pas la place d’une femme, et encore moins d’une gamine, d’être appelée à diriger un jour la tribu.

En compagnie de sa parentèle elle doit quitter le Dévonien, où elle ne se plait guère, pour une nouvelle destination située dans une colonie parallèle. Tout ce petit monde embarque à bord d’une barge anti-gravité et s’enfonce sous Terre, convoqué par le Bureau des Affaires Coloniales.

Les hauts fonctionnaires ont décidé d’envoyer une famille à Sumer, pays situé en Mésopotamie, quelques trois mille ans avant J.-C. La parentèle Svinkoïnen a été choisie pour de multiples raisons, la première étant que les autres familles de même rang ont dû décliner l’invitation, ou plutôt n’ont pu accepter l’invitation car selon toute apparence, ils ont disparu. Pourtant coloniser une nouvelle terre est synonyme de gain facile. Le père de Marie-Aïno accepte le contrat mais la fillette, curieuse et c’est bien normal à son âge, a surpris une conversation édifiante et lu un papier confidentiel. Elle n’a pas tout bien compris aussi elle se montre plutôt méfiante et réticente.

Les pontifes du Bureau des Affaires Coloniales n’ont pas joué le jeu, ils ont menti au père de Marie-Aïno. Si les autres familles ont refusé de participer au voyage c’est parce qu’elles auraient été anéanties. N’empêche, le voyage dans les mondes parallèles s’effectue sans heurt et à leur atterrissage, tout le monde est accueilli à Sumer comme le Messie. Mais ce n’est pas de tout repos et surtout ce n’est pas sans danger. Marie-Aïno l’apprendra à ses dépens même si elle est sacrée reine par les Sumériens.

Entre voyage dans les mondes parallèles, thème cher aux auteurs de Science-fiction et une approche du style Steampunk fort à la mode actuellement, Colonies parallèles mêle habilement humour et cours de gestion, avec à la clé la mise en place d’un système économique complexe, est plaisant. Ce roman, écrit par un jeune auteur prometteur qui devrait nous réserver d’autres bonnes surprises, est une bouffée d’oxygène que je vous recommande vivement.

Nicolas Bouchard : Colonies parallèles. Collection Lettres SF N°13, éditions Encrage. Mai 1999. 168 pages. 11€.

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14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 14:05

Et s'il était tout seul à trop en vouloir !


pelissier.JPG

En cette fin de novembre, le massif auvergnat essuie une tempête de neige dont les anciens ne se souviennent pas en avoir connu une identique depuis des décennies. Un qui est content et se frotte les mains, c’est bien Jean Deschamps qui va pouvoir sortir son chasse-neige afin de déblayer la route qui traverse le hameau des Combes, au cœur du Sancy. Son enthousiasme est rapidement refroidi, c’est le mot qui convient, lorsqu’il arrive sur place. Le corps d’une femme blonde est étendu dans la neige ensanglantée, le ventre perforé à l’aide d’une fourche. Aussitôt il appelle les gendarmes et les secours.

Arrivés sur place les représentants de la maréchaussée et les pompiers ne peuvent que constater le décès de la jeune femme. Seulement leur surprise va croissant lorsqu’en visitant les cinq ou six maisons du hameau ils découvrent d’autres cadavres. Une femme gît au bas d’un escalier, le cou rompu, un homme a été égorgé, une autre femme a le crâne fracassé, probablement à l’aide d’une bûche retrouvée non loin, un vieillard n’a pas digéré une salve de carabine. Cinq cadavres auquel s’ajoute un autre, retrouvé sur son lit dans une chambre, décédé de mort naturelle selon les premières constatations. Un inconnu du capitaine Feyrat et du gendarme Delaire qui connaissaient tous les résidents du lieu-dit.

D’abord Julia, une Hollandaise, la quarantaine prononcée, alerte et enjouée, qui écrivait des romans pour enfants publiés dans son pays natal. Considérée comme une croqueuse d’hommes depuis son installation cinq ans auparavant et son veuvage. Ensuite Noémie Auch qui avait transformé sa maison en gîte après avoir plaqué son travail dans une grande société d’audit parisienne. Ensuite un couple, Claude Tinto et Sylvie Mauresm, lui instituteur et elle infirmière libérale. Enfin André, un vieux grognon, porté sur l’alcool et particulièrement l’armagnac qu’il améliorait avec une eau-de-vie locale dépassant hautement le taux d’alcool autorisé. Il se murmurait qu’entre lui et Noémie, il se passait des choses, mais ne nous éternisons pas sur des ragots qui sont peut-être des véracités. Il n’entretenait pas sa maison, uniquement dans un esprit de vengeance à l’encontre de sa sœur propriétaire. Sinon tous les autres avaient restauré leurs domiciles afin de vivre plus confortablement, quoique pour certains les travaux n’étaient point terminés par manque d’argent.

Une véritable bouteille à l’encre rouge versée dans un désert de neige pour des enquêteurs qui ne savent pas par quel bout prendre l’enquête. D’autant que des sommités de l’administration, hauts fonctionnaires de la République et gradés impatients de la gendarmerie piaffent d’impatience. Il faut un résultat à tout prix, même si la vérité n’est pas au bout du chemin, ne serait-ce que pour contenter les journalistes et l’opinion publique. Chacun possède sa thèse, parfois en contradiction avec celle de leurs subordonnés ou des représentants de l’Etat, dans un esprit de conflit larvé. Est-ce le fait d’un seul meurtrier qui aurait utilisé différents moyens pour supprimer ses semblables, ou une guerre de clan de laquelle personne ne serait sorti vivant ? Personne ? Si, enfoui dans la neige à quelques dizaines de mètres du hameau est retrouvé un homme. Eventré lui aussi, mais vivant. Enfin, plongé dans le coma, mais à la médecine rien n’est impossible. Les secours et les gendarmes aimeraient pouvoir s’en persuader.

Le lecteur possède cet avantage sur les enquêteurs, c’est qu’il connait au moins l’identité d’un des deux inconnus et son parcours jusqu’au hameau. Alex est un parasite, qui use et abuse de sa belle gueule pour se faire entretenir par des femmes en manque… d’affection. C’est ainsi qu’il rencontre dans un café Julia avec laquelle il sympathise. Elle lui propose de l’héberger durant un certain temps, afin de meubler ses soirées. Il s’installe et fait la connaissance des autres habitants du village, lesquels l’adoptent rapidement. La tempête de neige fait rage et l’électricité vient à manquer. Heureusement, Noémie, prévoyante, dispose d’un groupe électrogène, ce qui leur permet de se retrouver le soir pour manger ensemble. Le Blitz, comme appellent les résidents quoique ce mot est inapproprié, est source de désagréments surtout lorsqu’un individu disant se nommer Maurice Jesup fait irruption. Sa voiture est embourbée, et il arrive à pied, une mallette à la main. Cette intrusion dans la petite communauté va générer bientôt une animosité fatale.

Construit comme un huis-clos étouffant, malgré la froidure extérieure, ce roman n’est pas sans nous rappeler quelques œuvres d’Agatha Christie et autres auteurs de suspense. Avec toutefois cette particularité que le présent et le passé s’entrelacent. C'est-à-dire la découverte du corps puis l’enquête qui s’ensuit sont découpés en strates par la narration de la rencontre entre Julia et Alex puis la description des événements dramatiques. Patrice Pelissier, qui fut libraire, ah le beau métier en voie de disparition, à Clermont-Ferrand, connait ses classiques et nous offre un petit bijou. Ce qui ne l’empêche pas de s’intéresser à l’actualité : « A cinq heures du matin, une carte d’état-major sous les yeux, il (Jean Deschamps, le conducteur d’engins de déblaiement) étudia le réseau secondaire, non prioritaire par rapport à l’unique route qui menait à la station. Certains jours, il était préférable d’être skieur qu’élève. Mais ce n’était pas les enfants qui reprocheraient aux élus locaux de privilégier l’argent plutôt que le savoir ».

Un roman rafraichissant (si, si !) dont l’intrigue ne s’envase pas dans des considérations oiseuses.

Patrice PELISSIER : L’homme qui en voulait trop. Collection Terres de France. Presses de la Cité. (Octobre 2011). 288 pages. 18,30 €.

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13 septembre 2012 4 13 /09 /septembre /2012 06:19

Attention aux éclaboussures !

Thomas H. COOK : Du sang sur l’autel.

Thomas H. Cook bénéficie depuis quelques mois d’un regain d’intérêt de la part des lecteurs de romans noirs et policiers. Pourtant ce n’est pas un nouvel auteur débarquant dans la galaxie littéraire tel un météorite. La collection Série Noire avait édité cinq de ses romans dans les 80 et début 90, et il m’a paru opportun et judicieux de fouiller dans mes archives de l’époque et de retrouver quelques notes que j’avais rédigées concernant l’un des premiers ouvrages publiés : Du sang sur l’autel Ce roman vient d’être réédité récemment aux éditions Points.

Dans ce roman Thomas H. Cook effectue une incursion dans le domaine religieux et plus particulièrement s’intéresse à la capitale économique et religieuse de la communauté mormone, Salt Lake City. Pourquoi un dément tue-t-il respectivement une prostituée noire, un journaliste, des personnalités représentatives de cette communauté mormone ? Quels liens les relient ? Un flic exerçant autrefois à New-York, dégouté et cafardeux, mal dans sa peau, mal dans la ville, est chargé de l’enquête. Oui, mais attention, il ne faut pas toujours fouiller trop profond. Parfois de la vase pourrait troubler une eau pourtant limpide. Pas sûr, mais l’on ne sait jamais. Prudence.

Ce gros roman  jamais ennuyeux, nous conte en même temps une petite histoire de la communauté et du mode de vie des Mormons. L’intégration n’est jamais facile, la tolérance est souvent omise, l’illumination, la foi, le sectarisme mettent trop souvent le monde en danger. Du sang sur l’autel est un livre subtil, sans parti pris, mais qui oblige le lecteur à réfléchir sur certains traits de caractère : trop de rigorisme, pas assez de tolérance et de compréhension envers les autres sont néfastes. Que ce soit dans le domaine religieux, politique ou… littéraire.

cook2.jpgUn bon roman de Thomas H. Cook, qui fait preuve d’une certaine originalité sans être exceptionnel. Un auteur que l’on pourrait classer comme un petit maître, ceux dont la préoccupation principale était de divertir le lecteur avant tout. De lui donner envie de lire, parfois de s’interroger, mais pas de se prendre la tête et la cogner contre les murs afin de chasser la migraine déclenchée par la lecture d’ouvrages abscons. Et si je devais établir une comparaison avec la confection vestimentaire, je classerai la production de Thomas H. Cook entre le prêt-à-porter et la haute couture : dans la catégorie du sur mesure, comme travaillaient dans le temps les tailleurs qui coupaient, cousaient, assemblaient des habits pour les particuliers avec une pointe d’imagination tout en respectant l’éthique de la profession.

 

Thomas H. COOK : Du sang sur l’autel. (Tabernacle – 1983. Traduction de Madeleine Charvet). Editions Points. Collection Points Policier. 466 pages. 7,90€. Réédition de Série Noire n°2021, septembre 1985.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
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