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5 janvier 2014 7 05 /01 /janvier /2014 07:03

En matière de crime comme de cuisine, les seuls vrais chefs-d'œuvre sont exécutés à domicile.

 

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Dans son avant-propos, Ange Bastiani tient à mettre les points sur les I et déclarer ne pas vouloir donner des recettes pour effacer son prochain :

... Que nul ne s'y trompe, sous couvert de prendre langue avec de virtuels assassins, c'est aux éventuelles victimes que nous avons songé, avec une pieuse sollicitude.

Plus d'une sera épargnée pour avoir appris par nos soins le sort qui l'attendait au hasard périlleux d'une table, d'un lit, d'une plage ou d'un fauteuil Voltaire.

De A comme Aconit, dangereux poison que l'on trouve dans la nature, jusqu'à Z comme Zoo, Ange Bastiani décline les différentes façons de procéder afin d'effacer son prochain sans encourir les foudres de la justice et s'occasionner des frais inutiles et dispendieux en honoraires d'avocat. Mais bien évident ces diverses méthodes sont proposées avec un humour noir ravageur qui lui valut en 1968 le Grand Prix de l'Humour Noir. Mais tous les conseils disséminés dans cet ouvrage, les mises en garde obligatoires, les façons de procéder et les méthodes préconisées ne sont pas obligatoirement à prendre au pied de la lettre.

Le poison, quel qu'il soit, aconit, arsenic, mort-aux-rats et autres produits utilisés ont la préférence des meurtriers en herbe. Mais ce sont les différentes manières de l'injecter décrites ici qui offrent une panoplie pouvant être habilement mise en place. Par exemple un piano peut très bien servir de vecteur à du curare, mais tout le monde ne possède pas un tel meuble, même en décoration dans son appartement. Le plus simple est de fourrer une friandise, gourmandise appréciée le plus souvent par des personnes âgées, ou de verser quelques gouttes dans une bouteille qui n'est destinée qu'à l'usage exclusif de la victime désignée. Des précautions sont à prendre toutefois afin d'être sûr que le produit sera ingéré par la bonne personne.

L'amour peut se révéler une recette agréable, pour ne pas dire jouissive, de faire trépasser son prochain, ou plutôt sa prochaine. La procédure est d'enduire le réceptacle d'amour de sa partenaire d'un mélange d'arsenic et de farine, à l'aide d'un doigt, sans que celle-ci s'aperçoive, non point de l'introduction digitale mais de la substance dont celui-ci est maculé. Il est bien sûr déconseillé ensuite d'offrir une gâterie linguale. Cette preuve d'amour assassine est appuyée par l'exemple d'un fermier danois qui s'est ainsi débarrassé de trois épouses successives avant d'être dénoncé par une quatrième élue.

L'avion et l'automobile sont deux moyens de transport propices à l'élimination d'un concurrent ou d'une personne gênante. Mais l'automobile est préférable occasionnant moins de victimes innocentes. Et pour étayer son propos, Ange Bastiani se réfère à deux de ses confrères talentueux, Charles Exbrayat et Alain Page.

Dans l'article consacré à l'habillement, les effets vestimentaires les plus insolites peuvent servir à trucider son prochain. Le foulard est l'une des armes préférées, mais d'autres paraissent plus innocentes comme la chaussette par exemple qui doit être emplie de sable. Les marques sur le corps sont moins prononcées, à l'instar des annuaires téléphoniques, en voie de disparition, que les policiers, pas tous, utilisent pour faire parler un suspect récalcitrant. L'exemple cité fait référence à James Hadley Chase.

Et comme de nombreux personnages célèbres sont mis en avant, principalement des auteurs de romans policiers mais pas que, Ange Bastiani narre une confidence de José Luis de Villalonga, romancier et acteur, qui avouait un crime parfait commis à l'âge de quatorze ans. Dans quelles conditions, me demanderez-vous, impatient d'obtenir une solution simple à vos problèmes de ménage. La réponse est dans le livre à la page 64.

Le tout est présenté avec élégance, humour et dérision. Mais dans un langage châtié, avec des tournures de phrases frôlant parfois la façon de parler Vieille France, ce qui nous change, pour ceux qui ont lu par exemple ses romans signés Zep Cassini et publiés dans les années cinquante dans la collection Spécial Police du Fleuve Noir : Mollo sur la joncaille ou encore en Série Noire sous le nom d'Ange Bastiani avec Arrête-ton char, Ben-Hur ou encore Polka dans un champ de tir dont l'argot reflétait toute une époque et une frange de la société mais qui n'est plus de mise aujourd'hui.

 

Entre ce recensement original sont glissées quelques nouvelles réjouissantes, sauf pour les victimes. Le thème du trio, le mari riche et vieillissant, le bel amant (supposé ou réel) et la jeune épouse, thème cher au théâtre vaudeville, se retrouve dans la plupart de ces historiettes qui auraient pu figurer dans les années soixante dans les journaux humoristiques tels que Marius ou Le Hérisson. Mais l'épilogue est à chaque fois différent, et réserve de bonnes surprises, la chute s'avérant primordiale.

Ainsi Anaconda mon amour met en scène un peintre quinquagénaire qui a épousé deux ans auparavant Anna-Maria, superbe jeune femme de vingt ans sa cadette. Anna-Maria a déjà été mariée quatre fois et a perdu ses maris dans des conditions troubles. Ils passent leurs vacances dans une villa luxueuse sise près de la plage. Mais Anna-Maria est accompagnée de son cousin Patrice et le peintre se demande si les deux complices auraient l'intention de se débarrasser de lui.

La farce ou la méprise peuvent aussi servir de ressort à l'écriture d'une nouvelle. Dans Poison d'avril, un employé de bureau est appelé au téléphone. Il apprend par le directeur d'un hôtel situé sur la Côte d'Azur que sa richissime tante vient de décéder. Aussitôt il exulte, faisant partager sa joie à ses collègues. Joie qui est de courte durée car la secrétaire avait omis d'arracher la page de la veille de l'éphéméride. Or la date du jour est le 1er avril. C'est la consternation mais l'homme décide de ne pas en rester là.

Il n'est pas question de mettre en pratique ces conseils ou informations mais rien ne vous empêche de puiser des idées afin d'écrire une nouvelle destinée à un concours en puisant dans ce bréviaire et peut-être en serez-vous l'heureux gagnant.

La couverture et les illustrations intérieures sont dues à Alfred qui signe également d'autres ouvrages chez L'Arbre Vengeur éditeur. Un site que je vous conseille de visiter car cet éditeur publie des ouvrages méconnus d'auteurs d'hier comme Gilbert Keith Chesterton (le créateur du père Brown) et d'aujourd'hui comme Jean-Yves Cendrey.


Ange BASTIANI : Le bréviaire du crime. Comment supprimer son prochain à moindre risque. Préface de Florian Vigneron. Première édition éditions Solar 1968. Grand Prix de l'Humour Noir 1968. Réédition Editions de L'arbre Vengeur. Parution 15 novembre 2013. 450 pages. 23,00€.

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3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 10:03

Mais qui sont ces cloportes qui clopinent ?

 

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En ce mois d'août les affaires marchent bien pour la DIJP (Direction Interdépartementale de la Police Judiciaire) de Lille. Trop bien même car la commissaire Emma Telier est débordée et n'a pas assez d'agents sous sa coupe pour tout régler. Elle se résigne à envoyer Etienne Lalouze, ancien agent administratif devenu lieutenant stagiaire et dont l'occupation principale et unique consiste en la rédaction des divers documents inhérents au bon fonctionnement du service.

Etienne Lalouze, à peine la cinquantaine, est un individu falot, introverti, hypocondriaque et qui se déplace dans un pot de yaourt sans permis. Son aversion pour les véhicules dits normaux provient que tout jeune, il avait vingt-cinq ans, il s'est planté avec son véhicule tuant du même coup sa passagère qui était également sa fiancée. Il ne peut qu'obéir, en apparence, à sa chef et il conduit donc le véhicule de fonction pour se rendre sur le lieu du drame. Mais aussitôt hors du vue d'Emma Telier, il récupère son engin personnel et arrive enfin chez la vieille dame qui a été retrouvée morte dans son appartement loué par une association caritative, la Fondation Insula.

Il est vrai que le tableau qui se présente à ses yeux est plutôt triste et indécent à regarder. Mathilde Hardelin, soixante-douze ans, est attifée comme une jeune première désirant attirer l'œil d'un producteur de cinéma. Selon les premières constatations elle aurait dansé avec ses escarpins sur la table, se serait emmêlé les pinceaux et tombée la tête la première au pied d'un évier. Le tableau n'est guère affriolant : Elle porte un déshabillé arachnéen - poncif habituel des littératures érotico-pornographiques - par dessus un soutien-gorge transparent qui laisse voir les aréoles fripées de ses seins que la rigidité cadavérique n'empêche pas d'être flasques comme de gros préservatifs usagés. Un petit détail attire l'attention du timide Lalouze. Du sexe de la défunte émerge une ficelle grisâtre et intrigante. Mais Lalouze ressent comme un manque sur cette dame, quelque chose qu'il ne parvient pas à définir.

khatchkar.jpgPendant ce temps Emma Telier est en compagnie de son adjoint Franck sur le lieu d'un autre drame. Deux individus circulant en moto ont arraché sur le parking d'une supérette le collier d'une vieille femme ainsi que son sac à main. Mais celle-ci tenait à son maigre bien, et entraînée sa tête a heurté une balise, son crâne ne résistant pas au choc. Ce n'est pas le premier incident de ce genre mais pour la première fois, la victime est décédée. D'après les premiers témoignages, le conducteur pourrait être une jeune femme quant à son passager il portait un blouson de cuir, ou simili, avec dans le dos une étrange croix, celle d'un khatchkar (à ne pas confondre avec quatre-quarts) ou croix arménienne, avec une aile au bout de chacune des deux branches horizontales.

Emma est la maman d'une petite Océane, qu'elle doit souvent donner en garde car son mari est un agent immobilier travaillant en Belgique et qui possède un pied-à-terre à Bruxelles. Et elle soupçonne Maxime, son conjoint, de différer ses retours à Lille afin de pouvoir batifoler à son aise avec une maîtresse. Mais heureusement son travail l'accapare, ce qui l'empêche de penser à autre chose, quoique dans ses rêves...

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Lalouze vit chez sa mère Lydia, artiste peintre. Son père était friand de lecture, et de pêche, et il avait aménagé en surplomb à l'étage une pièce en avancée et qui est devenue son refuge. Sa mère, elle, peint selon son inspiration, selon ses options du moment, passant d'un artiste à un autre. Longtemps elle a eu sa période Soulages. Des trucs bizarres difficiles à interpréter, mais ça soulage.

Le médecin légiste, une femme, apprend à Telier et Lalouze que la ficelle était attachée à un substitut de virilité masculine fonctionnant à l'aide d'une télécommande. Ce que les Anglo-Saxons dénomment un sex-toy et qu'en bon français on dénomme un jouet érotique. De plus elle a relevé sur le corps de la défunte des marques, assez anciennes, comme peuvent en porter des femmes battues. Lalouze, que l'attitude du procureur énerve, celui-ci ayant le désir de classer l'affaire en banal accident, décide d'enquêter seul, et pour cela demande à son généraliste habituel un congé de maladie. Il débute par se renseigner à la Fondation INSULA et l'un des SDF qui le prend pour un compère, Lalouze étant vêtu hiver comme été des mêmes vêtements, quoique possédant une garde-robe uniforme, des costumes de la même marque et de même couleur, et s'en fait un ami, un copain de comptoir, en lui offrant quelques pintes de bière. C'est ainsi qu'il apprend que la fondation INSULA est dirigée, comme d'autres œuvres caritatives dont le Secours Chrétien, par un certain Swindoo qui a perdu un bras lors d'une mission humanitaire dans le Haut-Karabagh région située entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, déchirée par des guerres ethniques et religieuses. Il fait la connaissance de deux permanents de la fondation puis visite à nouveau l'appartement de la défunte. Et il rend compte que non seulement la télécommande destinée à mettre en mode vibreur le jouet sexuel est absente mais qu'en outre il n'y a pas trace de bijoux ce qui est anormal, car les personnes âgées gardent toujours par devers elles quelques reliques d'une vie précédant leur déchéance. Ne serait-ce que de la bimbeloterie.


cloporte1Son nouvel ami qui fut un éditeur d'ouvrages libertaires lui décline sa théorie des Cloportes prenant pour exemple un ouvrage de Bernard Mandeville (1670 - 1733), homme de lettres et médecin hollandais, La fable des abeilles. Muni de ces renseignements, Lalouze en fait part à Emma, qui était fort mécontente de l'attitude de son stagiaire mais lui ouvres des horizons sur d'autres affaires en instances et sur le vol du collier et du sac à main.

 

L'auteur (ou plutôt le couple d'auteurs puisque ce roman a été écrit par Patrice Dauthie et Maryse Cherruel) donne de petits coups de griffe envers des auteurs de romans policiers ou des spécialistes de telle ou telle profession. Les mandarins de sa profession (médecin légiste) trouvent dans l'exposé du compte rendu de leurs analyses l'occasion d'étaler les arcanes de leur vocabulaire, et les auteurs de romans noirs reprennent ce travers en nous encombrant par trop de transsudation du sang dans les partie déclives avec apparition de pétéchies.

Mais l'amusant là-dedans réside dans ce que le récit est émaillé de mots qui s'ils figurent dans le dictionnaire sont peu utilisés par le commun des mortels : l'électuaire préconisé par le toubib ou le journal solipsiste de Lalouze, et de nombreux autres.

Des allusions à des événements récents, à des sujets politiques ou pseudos politiques, à des hommes politiques, avec à la clé quelques égratignures, ou à des phénomènes de société, fustigeant les philosophes et les économistes. A croire que les universités n'étaient plus désormais que de gigantesques couveuses d'où sortaient des types avec des avis sur tout et n'importe quoi, qui écrivaient des livres dont elle se demandait bien qui pouvait les acheter.

Il est évident que le titre de ce roman policier sociologique, psychologique, philosophique et lexicologique, mais très sympathique au demeurant avec par-ci par-là des traits d'humour noir, est un clin d'œil à Alphonse Boudard et à son roman La métamorphose des cloportes


DAUTHIE-CHERRUEL : La fable des cloportes. Collection Riffle Noir. Editions du Riffle. Parution novembre 2013. 310 pages. 15,00€.

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2 janvier 2014 4 02 /01 /janvier /2014 10:24

 

Bon anniversaire à Jean-Bernard Pouy, né le 2 janvier 1946.

 

cinq naze


Il y a ceux qui se sentent mal dans leur peau et qui par timidité, par refus, par manque de courage, par masochisme presque, se complaisent dans leur état de délabrement mental.

Et puis il y a les autres. Ceux qui osent. Ceux qui un beau jour balancent une torgnole à leur destin, se rebiffent, claquent la porte et se mettent à arpenter le bitume pour une destination inconnue ou un avenir prometteur qu'ils supposent meilleur que ce qu'ils côtoient quotidiennement.

C'est ainsi que cinq individus vont faire un pied de nez à leur routine devenue insupportable : une rock'n'rolleuse poétique, émule de Patty Smith ; un recteur breton en mal d'amour ; deux préadolescents qui terminent ce que leurs parents solitaires ont essayé de construire ; un cycliste pour qui la tête ne remplacera jamais les jambes.

Jeanne, la rockeuse s'identifiant à Kerouac et Cendrars a suivi deux spaghettis métalliques parallèles un jour de déprime et s'est réveillée face à l'océan. Edmond préférant l'amour charnel, plus exaltant que la dévotion spirituelle, jetant sa soutane aux orties enfile un pantalon pour rejoindre une hypothétique et piquante Dulcinée. L'amour aussi titille Clément et Anne-Marie, ces deux préadolescents qui se regardent en chiens de faïence pendant que leurs parents tentent d'unir une destinée boiteuse. Leurs cœurs s'embrasent en même temps que leur villégiature estivale et c'est la débandade. Loïc, comptant plus sur ses jambes que sur les calculs de son directeur sportif jette sa gourme, se révolte dans un critérium et prend le chemin des écoliers. Quatre chemins qui conduisent là où Cinq nazes errent en quête d'étoile.

En filigrane de ce récit, en fil rouge conducteur, le journal intime d'Arthur Kelt, un auteur culte pour Jean-Bernard Pouy qui a construit son roman d'après un extrait de la seule œuvre, Die Amsel, de cet écrivain autrichien.

Au contraire de nombreux romans ce n'est pas tout à fait à une errance que le livrent les personnages mais à une convergence de destins. le ton diffère de ses précédentes œuvres et Jean-Bernard Pouy s'y montre plus sensible, moins agressif, moins sarcastique, jonglant quelque peu avec les mots.

Mais le héros de cette histoire, ou plutôt l'héroïne, c'est Saint-Nazaire, qui par son statut de port est une ouverture vers l'évasion, se montre en même temps le rassembleur, le catalyseur, un peu comme une mère poule qui étend ses ailes afin de protéger ses poussins perdus dans un monde qu'ils découvrent avec plus d'appréhension que d'émerveillement.


Jean-Bernard POUY : Cinq nazes. Editions de l'Atalante. 176 Pages. 10,50€.

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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 16:10

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En 2013 je n'aurai lu que 180 livres soit 7 de moins qu'en 2012, des inédits, des rééditions, ou des exhumés de ma bibliothèque, se positionnant dans tous les genres de la littérature dite populaire. Des romans de suspense et d'énigme comme il se doit, des romans d'aventures et des thrillers, des romans noirs mais aussi de science-fiction et de fantastique, de cape et d'épées, historiques et même quelques érotiques mais quoique cette production ne m'attire guère préférant être participant que voyeur.

J’ai essayé de sélectionner ceux qui m’avaient le plus intéressé, ce qui ne veut pas dire que ce sont les meilleurs, mais bien ceux qui m'ont procuré le plus de plaisir. Et souvent ce n'est pas dans les grandes maisons d'édition que la dégustation est la plus intense. Les petits éditeurs, appellation qui n'est nullement péjorative, possèdent parfois en leurs catalogues des auteurs sur lesquels il serait bon de se pencher même s'ils ne font pas partie de la coterie des éditeurs germanopratins.

Mais à chacun ses goûts et ses couleurs, ses coups et ses douleurs, ses égouts et ses odeurs….

Voici donc mon TOP 12 de romans français ou francophone pour 2013, par ordre alphabétique et si vous désirez retrouver la chronique afférente, cliquez sur le nom de l'auteur.

AUBENQUE Alexis : Stone Island. Editions du Toucan.

CLUYTENS Lucienne : Miss Lily-Ann. Editions Krakoen.

CONTRUCCI Jean : La Vengeance du Roi-Soleil. Editions Jean-Claude Lattès.

DARNAUDET/GIRODEAU/WARD : De Barcelona à Montségur (saga Xavi EL Valent 2). Editions Rivière Blanche.

DAVID-MARTIN Véronique : Le Vertige du Rhombus (Les maîtres de l'orage 2). Pascal Galodé Editeur.

EMBAREK Michel : Avis d'obsèques. Editions de l'Archipel.

FARNEL Joseph : Escort Girls à louer. Pacal Galodé éditeur.

GAY Olivier : Les mannequins ne sont pas des filles modèles. Editions Le Masque

JACQUIN  Bruno : Le jardin des puissants. Editions les 2 Encres

OTSIEMI   Janis : African tabloïd. Editions Jigal.

QUINT Michel : Veuve noire. Editions de l'Archipel.

SUTRA Samuel: Kind of Black. Editions Terriciae.

 

Et comme pour les œufs ou les huitres (de saison) le petit treizième, qui est mon joker :

LANGANAY Anouk : Même pas morte ! Editions Albiana.

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Tous ne figurent pas ici, pourtant j'aurais aimé les mettre en valeur. Mais pouvez les retrouver en effectuant un petit travail de recherche sur Les Lectures de L’Oncle Paul : Brigitte Aubert, Jacques-Olivier Bosco, Odile Bouhier, Philippe Bouin, Michel Bussi, Didier Fohr, André Fortin, Sébastien Gendron, Bernard Guérin, Hervé Jaouen, Aude Lhotellais, Henri Loevenbruck, Roger Martin, Patricia Rappeneau, Hervé Sard, Bernard Thillie, Gilles Vidal, Frédérique Vollot...

 

Parmi la production étrangère (ouvrages traduits):

ATKINS Ace : Retour à Jericho. Editions du Masque.

BARR Robert : Lord Strangleigh. Editions Rivière Blanche.

BORRMANN Mechtild : Rompre le silence. Editions du Masque.

BOX C. J. : Piègés dans le Yellowstone. Editions du Seuil.

COBEN Harlan : A quelques secondes près. Editons Fleuve Noir.

FITZEK Sebastian : Le voleur de regards  . Editions de l'Archipel.

GAINES Ernest J. : Le nom du fils. Editions Liana Lévi.

GAUTREAUX Tim. Le dernier arbre. Edition du Seuil.

MACKAY Malcolm. Comment tirer sa révérence. Editions Liana Levi.

MILLAR Sam : On the brinks. Editions du Seuil.

MILOSZEWSKI Zigmunt. Les Impliqués. Editions Mirobole.

STEVENS Chevy. Il coule aussi dans tes veines . Editions de L'Archipel.

Et comme pour les romans francophones, j’ajoute un petit treizième afin de faire bonne balance.

VANCE Louis-Joseph : Faux visages (Loup Solitaire 2). Editions Rivière Blanche.

 

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Enfin, ce recensement serait incomplet si ne figuraient pas des études, des biographies, des ouvrages de référence.

SADAUNE Roland : Facteurs d'ombres. Val d'oise éditions.

ARTIAGA & LETOURNEUX : Fantômas ! Biographie d'un criminel imaginaire. Editions Prairies Ordinaires.

GABET & CHARLIER : Henri IV, l'énigme du roi sans tête. Librairie Vuibert.

MESPLEDE Claude : 1982 - 2012. Trente ans d'écrits sur le Polar. Editions Krakoen.

TREPS Marie : Enchanté de faire votre plein d'essence. Librairie Vuibert.

Quelque soit notre choix, aux uns et autres, le principal est de lire ce qui nous fait plaisir…

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31 décembre 2013 2 31 /12 /décembre /2013 13:14

Les Lectures de l’Oncle Paul et son modeste animateur vous présentent, à vous tous visiteurs impromptus ou amis fidèles, leurs meilleurs vœux pour 2014.

 

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Que 2014 soit synonyme de paix, joie, santé, prospérité et vous apporte plein de bonnes lectures qui réjouiront vos jours et vos nuits.

L’Oncle Paul vous guide dans vos choix mais en aucun cas ne vous impose des titres. La caverne d’Ali-Baba littéraire est riche et vous trouverez sûrement la ou les pépites qui satisferont vos goûts, chacun étant libre ensuite d’apprécier ou non tel ou tel titre, de piocher dans les suggestions et de se délecter des nouveautés, des rééditions ou des exhumés de la bibliothèque personnelle de l’Oncle Paul.

Bonne année (exotique) à tous !

 

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29 décembre 2013 7 29 /12 /décembre /2013 15:42

A ne pas confondre avec les poules de Loué !

 

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Parfois on est amené à effectuer un travail peu intéressant mais qu'on accepte, la situation financière nous y obligeant.

Ainsi George Lernaf, détective privé de son état, n'apprécie guère les enquêtes ayant pour motif l'adultère. Mais comme son compte en banque est régulièrement dans le rouge, rouge sang même pour rester dans ce qui va suivre, il veut bien s'occuper d'une histoire de cocufiage proposée par Maître Bellet avocat.

Entrons dans le vif du sujet comme diraient quelques personnages hauts placés, dont nous ne connaîtrons pas les noms, et qui ont recours à des hétaïres comme il était de bon goût de baptiser les prostituées de luxe aux siècles précédents.

Christian Domaine, le client de l'avocat, soupçonne sa femme de s'adonner aux plaisirs charnels sans son consentement et en compagnie d'inconnus. A Lernaf donc d'enquêter et éventuellement selon le résultat fournir les preuves permettant d'entamer une procédure de divorce. Ce n'est pas trop le truc de Lernaf mais quand l'avocat lui propose une rémunération conséquente pour ses services, il ne peut qu'accepter. Ne serait-ce que pour amadouer son banquier. Et comme il est prévoyant, il ne place pas tout, une petite entorse à l'administration fiscale. En quittant l'avocat, il remarque que la secrétaire de celui-ci, une jolie petite grassouillette lui fait de l'œil, ce qui flatte son égo mais elle n'est pas son genre. Lui il serait plutôt attiré par les jolies femmes minces, telle Angélique Domaine, dont nous ferons bientôt connaissance. Mais auparavant il propose à son ami Emile Dujardin, le commandant de police du 3ème arrondissement parisien de déjeuner ensemble. Une invitation que celui-ci accepte avec d'autant plus de plaisir que le repas se déroulera chez Dédé, une cantine où l'on ne sert pas de la cuisine dite moderne, celle où il y a des dessins dans l'assiette et rien à manger dedans. C'est du roboratif à l'ancienne, longuement mijoté, accompagné de vins gouleyants en provenance directe de petits producteurs. Mais Lernaf, en contrepartie, demande à son ami d'enquêter sur Domaine via la DCRI, l'ancienne appellation des RG ce qui ne change en rien le travail pour lequel des agents fouineurs sont rémunérés.

Le soir même, dans une autre gargote, devant un plantureux couscous, les deux compères se retrouvent. Dujardin annonce que Domaine est déjà fiché et qu'il traîne derrière lui quelques casseroles tintinnabulantes aux oreilles des policiers. D'abord ce serait plutôt lui qui ferait sa femme cocue, mais avec un homme, ce qui n'est pas répréhensible en soi, mais jette le discrédit sur la mission confiée à Lernaf. Plus graves ce sont les affaires douteuses qu'il conclurait avec des marchands de canons et des agressions sexuelles dans lesquelles il aurait été impliqué. La mission semble plus périlleuse que prévue au départ.

Le lendemain, Lernaf entame sa filature. A la vue d'Angélique sortant de chez elle, un châssis de Formule 1 pour une démarche féline, Lernaf est subjugué, mais ce n'est pas fini car la gente dame entre dans un institut de beauté, comme si elle en avait besoin. Marylin, la réceptionniste, a été coulée dans le même moule, et grâce à son bagout, ses belles paroles, et la promesse d'un repas au restaurant le soir même, le détective obtient quelques informations non négligeables. Puis il attend la sortie d'Angélique, la suit à nouveau jusqu'à un immeuble cossu sis près du parc Monceau. Il repère une bombe, enfin une jeune femme, habillée de vert écolo entrer dans l'immeuble. Il se rendra vite compte qu'un des appartements sert d'agence sociale non déclarée pour hommes en peine de liaisons du genre simulacre de la reproduction.

Un nouveau repas en compagnie de Dujardin, du commissaire Fabre, son supérieur, et d'un représentant de la DCRI, Valois, est organisé. Mais le travail de Lernaf ne se résume pas qu'en repas copieux et arrosés. L'amant de Domaine est localisé, il s'agit d'un Iranien qui fréquente un bar homo, bar dont je ne vous donne point l'adresse car il ne s'agit pas ici pour moi de servir d'indicateur pour fredaines. Puis une horrible découverte est signalée au cabinet de Maître Bellet : le coffre-fort a été ouvert de même que la gorge de la replète secrétaire. Celle-ci ne servira plus de maîtresse au bavard (surnom argotique des avocats) et ne fera plus de l'œil à Lernaf. Près du corps ensanglanté git un couteau dont l'origine est l'atelier d'un artisan coutelier d'Objat en Corrèze. Or, ayant laissé tombé accidentellement son briquet, Lernaf retrouve son bien sous la chaise de la défunte ainsi qu'un bout de papier sur lequel est inscrite une adresse en Corrèze.

Lernaf semble être la cible d'individus vindicatifs et Valois lui adjoint un garde du corps, une jeune femme fort avenante et qui a du répondant.

Une piste islamiste est évoquée sans pour cela mettre au rebut la petite entreprise d'Angélique et ses jeunes femmes à louer (et louées par leurs pratiques qui ne tarissent pas d'éloges) pour une nuit et plus si affinité. Mais les cadavres s'amoncellent, toujours trucidés par des couteaux émanant de la même origine et laissés sur place, donnant du fil à retordre à Lernaf, Dujardin, et les autres.

farnel1.jpgDans une ambiance joyeuse, conviviale, roborative et rafraichissante, grâce aux nombreuses bouteilles de vin et alcool divers qui transitent par les gosiers de Lernaf et Dujardin, lequel Dujardin n'est pas un nain mais plutôt un ogre, le lecteur déambule dans cette histoire qui est aussi un véritable dictionnaire des maximes, proverbes, sentences et aphorismes dont se gargarise Dujardin, les écorchant ou les estropiant au passage. Lernaf, qui lui est cultivé, sait remettre en bon ordre les déclarations de son ami.

Un roman qui sent bon les années cinquante ou soixante mettant en scène des femmes de petite vertu ou non, toujours belles à couper le souffle et un détective qui sait user de son charme pour leur faire visiter gratuitement et à plusieurs reprises le septième ciel. Certains jugeront que cette histoire n'est pas crédible, et alors ! Les romans de Rabelais, San-Antonio et autres amuseurs littéraires sont-ils crédibles ? Pour moi oui, puisqu'ils chassent la morosité, et remplacent avantageusement les électuaires antistress .

Ce roman est une ode à la bonne chère et à la belle chair, et Joseph Farnel s'amuse à se mettre en scène, non seulement par l'anagramme du nom de son détective, mais parce que celui-ci s'habille chez un couturier nommé Farnel. Or Joseph Farnel a dirigé une maison de couture durant de longues années, une petite visite sur internet le démontrant.

Et n'hésitez pas à visiter, puisque je parle (façon de dire) d'internet, le site de  Joseph Farnel.


De Joseph Farnel  lire également : Le Butin du Vatican et Il court, il court, le privé.

 

Joseph FARNEL : Escort Girls à louer. Pascal Galodé éditeur. Parution 9 octobre 2013. 298 pages. 20,00€.

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27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 15:47

Même pas vrai !

 

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Les campagnes de communication, de promotion ou publicitaires parfois sont un flop ou vont à l'encontre de ce qui était prévu.

Jason Evans, publicitaire chez Tanner & Preston, se voit confier la campagne publicitaire de Tommy Jones, le Roi de l'Occasion. Il forme une bonne petite équipe avec Barbara, Carole, Donald et Anthony, mais rien n'y fait, il ne peut accoucher la moindre idée. Peut-être parce que quelques années auparavant il s'est fait avoir en achetant un véhicule chez Tommy, véhicule qui a rendu l'âme peu après. Il est déjà dix-huit heures en ce lundi 13 juillet, pourtant Georges, le coursier de la tour Roosevelt, à Los Angeles, lui remet une enveloppe qui lui est adressée malgré l'heure tardive et anormale. Jason ouvre néanmoins le pli et découvre à l'intérieur une photo Polaroïd représentant une grille rouillée flanquée de grands chênes avec en arrière-plan des pierres tombales érigées de guingois. Une mauvaise farce sans aucun doute, d'autant qu'au verso figure l'inscription TU ES MORT !

Le genre de blague pour le moins macabre sur laquelle il préfère ne pas s'attarder. Il passe chez son père, Edward, afin de mettre au point les derniers préparatifs pour le lendemain soir. En effet Edward doit fêter son anniversaire et il recevra de nombreux amis. Et il est hors de question de mettre sur le tapis le décès, le suicide récent par pendaison de Chris, son oncle. Mais en rentrant chez lui, une autre enveloppe du même acabit attend Jason. Un Polaroïd représentant des pierres tombales avec au dos cette inscription pour le moins douteuse : TU CROIS ETRE VIVANT, MAIS TU N'EXISTES PAS... Il s'empresse de cacher cet envoi, ne voulant pas affoler sa femme.

Le lendemain, après la soirée d'anniversaire, ils rentrent chez eux en voiture. Bientôt Jason et sa femme se rendent compte qu'ils sont suivis par un véhicule, phares éteints, qui les percute et les envoie dans le décor. Ils ont la vie sauve, malgré l'incendie qui commence à se déclarer, mais en ils en gardent des séquelles psychiques.

La pyrophobie qui longtemps a perturbé les nuits de Jason se ranime et les cauchemars le réveillent en sursaut. Quant à Kayla, elle aussi est bouleversée, sans trop vouloir le montrer, car elle a eu un petit ami qui est mort dans ses bras, atteint d'une crise cardiaque alors qu'ils faisaient du camping. Cet incident l'a profondément marquée, même si cela relève du passé et qu'elle connait Jason depuis quatre ans. Et qu'ils s'aiment. Et qu'ils se le prouvent charnellement souvent.

Il découvre une troisième enveloppe avec cette fois la représentation d'une pierre tombale sur laquelle a été ajoutée la lettre M et au dos : 18 AOÛT : JOUR DE TON DECES. Les questions se pressent dans le cerveau embrumé de Jason qui ne comprend rien. Veux-t-on lui signifier qu'il va mourir dans quelques semaines ? Qui peut bien lui en vouloir ? Pourquoi ? N'est-ce point tout simplement qu'une farce macabre ? Ses cauchemars récurrents inquiètent Kayla. Elle est d'autant plus anxieuse et énervée qu'elle découvre les photos et Jason est bien embêté pour lui fournir des explications, pour la calmer, pour essayer de minimiser son mensonge. Et son travail sur le dossier publicitaire.

Jason décide de contacter Lou qu'il a connu un an auparavant via un forum internet. Lou est défiguré, ayant été brûlé par la rupture d'une canalisation de gaz chez ses parents, et l'incendie qui s'est par la suite déclaré l'a laissé dans un piteux état. Depuis Lou ne sort plus, mais vit grâce à ses talents d'informaticiens. Jason lui demande s'il peut découvrir où se trouve le cimetière représenté sur les photos. Et il demande à son patron des jours de congés afin de mener sa propre enquête, entraînant Kayla à sa suite. Mais le ménage commence à se fissurer, à se déliter.

 

L'angoisse teintée d'une aura de fantastique baigne dans ce roman, et le lecteur ne peut s'empêcher lui aussi de s'immerger dans cette sensation qui l'étreint. Progressivement cette angoisse monte en puissance, atteint un véritable paroxysme et Jason est englué, cherchant des réponses, même les plus farfelues comme la réincarnation.

Si Jack Lance est considéré comme le Stephen King néerlandais, j'aurais plutôt tendance à le ranger aux côté d'un Sebastian Fitzek par exemple car si des orientations fantastiques sont évoquées, à aucun moment il n'est fait recours à des subterfuges. Un roman passionnant, haletant, habilement construit et maîtrisé de bout en bout. Une découverte intéressante et il ne reste plus maintenant qu'à découvrir ses autres romans.


Jack LANCE : Tu es mort (Vuurgeest - 2012. Traduit par Sébastian Danchin). Editions de l'Archipel 304 pages. 21,00.

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26 décembre 2013 4 26 /12 /décembre /2013 16:13

 Truands and Co

 

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Dans la cour de l'école, nous jouions volontiers aux gendarmes et aux voleurs, mais peu de mes camarades émettaient le désir d'être dans le camp des représentants de la loi. Moi le premier. Pourquoi cette attirance à vouloir figurer dans les bandes des hors-la-loi ? Je ne saurais trop dire. Peut-être l'attrait de l'aventure, du goût du risque, l'envie de défier la maréchaussée qui représentait la rigidité de l'éducation parentale et celle des instituteurs et d'assumer un côté rebelle, de se prendre pour Robin des Bois, Cartouche, Mandrin, Arsène Lupin et autres héros des romans populaires qui exerçaient sur notre imaginaire une véritable empathie sans que nous sachions vraiment qui étaient ces personnages de cinéma et pour nous de fiction.

Patrick Caujolle narre la vie des quelques-uns de ceux qui ont été désignés comme des Ennemis publics N°1 en détruisant le mythe qui avait été forgé par des romanciers, tel Jules de Grandpré, ou des acteurs comme Belmondo. Les bonnes actions, supposées, masquaient les délits et les crimes dont ces personnages se sont rendus coupables, alimentant souvent la presse friande d'actions d'éclats, et dont les lecteurs souvent se régalaient en lisant leurs prouesses.

Des légendes se sont créées autour de certains de ces malfaiteurs et pourtant, dans un style sec et rigoureux, Patrick Caujolle démontre que Cartouche et Mandrin n'étaient pas de si charmants héros de littérature que ça. Leurs exploits n'entraient pas, ou peu, dans la défense de la veuve et de l'orphelin, dans le désir de spolier les riches afin de donner aux pauvres. Leurs exactions firent de nombreuses victimes, et surtout les crimes de sang étaient perpétrés dans la violence. Même si pour certains les victimes étaient choisies. Adieu le mythe, place à la réalité.

ennemis.jpgMais tous n'ont pas acquis l'aura de Cartouche ou Mandrin. Les Chauffeurs de la Drôme par exemple. Les Chauffeurs de pâturons ou Brûleurs de pieds, sont apparus peu après la Révolution et ils s'introduisaient souvent de nuit chez des gens, leur brûlant les pied afin de leur faire avouer où le magot était caché, lorsqu'il y en avait un. Autre personnage dont l'histoire est narrée dans cet ouvrage, puisque j'évoque le feu, c'est bien évidemment Landru, alias le Sire de Gambais ou encore le Barbe-Bleu de Gambais, village situé non loin de Houdan, et qui s'était forgé une spécialité culinaire au feu de bois.

 


Toujours dans la catégorie des malfaisants qui attirent la sympathie, Alexandre Jacob qui a servi de modèle à Maurice Leblanc pour créer son personnage d'Arsène Lupin. Ce n'est pas forcément en lisant les ouvrages de Jules Verne qu'il va forger son destin, mais ils lui offrent le goût des voyages, des grands espaces. Et c'est ainsi que vivant à Marseille et après avoir obtenu à l'âge de dix ans son certificat d'études, un diplôme prestigieux pour l'époque, que son père lui présente le capitaine d'armement d'un navire. Il embarque comme mousse mais la vie est dure à bord et à treize ans il déserte pour embarquer sur une baleinière qui n'est autre qu'un bateau pirate. Abordages, pillages, massacres, constituent son lot de navigation et il déserte à nouveau. A seize ans revenu à Marseille, il enchaine les petits boulots, et commence à fréquenter les milieux libertaires. Distribution de tracts anarchistes, lancer de boules puantes dans les églises durant les offices, et l'apprentissage de la fabrication des engins explosifs. Dénoncé, il purge une peine de six mois de prison et à sa sortie il trouve du travail chez un imprimeur comme typographe. Il donne toute satisfaction à son employeur jusqu'au jour où des policiers avertissent son patron et le font congédier. Ce que veut la police est simple : qu'il devienne un mouchard, un indic. Une proposition qu'il n'accepte pas et ce sera le début véritable de sa carrière de voleur. Comme quoi la police peut manquer parfois de psychologie et jette dans le ruisseau ceux qui désiraient en sortir.

Mais si on s'identifiait facilement à quelques truands de haut vol, jamais nous ne serions devenus tueurs de vieille dames, comme Thierry Paulin. Il a commis ses nombreux forfaits dans les années quatre-vingts, soit trente ans après nos jeux innocents et juvéniles. Des vieilles dames âgées entre soixante et quatre-vingt-dix ans, qu'il tuait pour les dépouiller de leurs maigres économies, souvent pour des clopinettes.

Dans un autre registre, Emile Buisson, né en 1902 en Bourgogne, n'est pas gâté par la nature du côté parental. Son père alcoolique rentre souvent bourré le soir et pour se défouler de sa journée de travail il tape sur sa femme à bras raccourcis. Ce qui n'empêche pas la brave épouse d'être enceinte à dix reprises, accouchant toujours dans la cuisine, Emile et son frère Nuss s'improvisant sages-femmes. Le premier chapardage d'Emile a lieu lorsqu'il a sept ans, un vol de poule, il faut bien manger. Puis viennent les petits vols de tiroirs-caisses chez les commerçants, les premières condamnations et la roue tourne, toujours dans le mauvais sens.

En tout vingt-deux personnages, considérés comme Ennemis publics N°1, sont passés à la moulinette de Patrick Caujolle, qui connait bien le métier d'enquêteur puisque lui-même est policier. Vingt-deux textes que l'on lit comme on regarderait des courts-métrages, l'accent étant mis sur certains épisodes, d'autres étant rapidement esquissés. Et l'on aurait aimé que ces textes, quitte à ce qu'ils soient moins nombreux, bénéficient d'une plus grande analyse et d'une biographie plus riche.

Malgré la rigueur de la narration, j'ai relevé une petite phrase dans le récit consacré à Emile Buisson, phrase qui, si elle figurerait dans un rapport de police, permettrait à un avocat même débutant de souligner un vice de procédure : Pas de chance, Maurice Yves s'est tué d'une balle dans le dos. Dans quelle condition ceci est arrivé, je vous laisse le soin de la découvrir.


Patrick CAUJOLLE : Ennemis publics N°1. Ces Français que le monde entier a traqués. Préface de Claude Cancès, ancien patron du 36 du Quai des Orfèvres. Le Papillon Rouge éditeur. 288 pages.20,50€.

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24 décembre 2013 2 24 /12 /décembre /2013 17:16

Joyeux Noël

 

lettre-pere-noel 

 

 

à toutes et à tous...

 

Pierre Perret

pour écouter la chanson, cliquez sur le nom de l'interprète

Noël avant terme


(Refrain)
Noël Noël tu vas venir bientôt
Oh ! bon Papa Noël n'oublie pas mes cadeaux
Et pour ce jour si merveilleux
Petit Papa Noël exauce tous mes voeux

Que ma petite maman s'arrête de tousser
Peut-être que notre voisin aura fini de gueuler
Fais que mon p'tit papa sorte enfin de prison
Qu'y me ramène voir les femmes comme au bon temps dans leur maison.

(au Refrain)

Je voudrais que grand-mère ne me réveille plus
Quand elle rentre le matin beurrée comme un p'tit Lu
Pardon si je l'ai battue mais qu'elle me répète plus
J?ai une dent contre toi, d'abord il lui en resterait plus

(au Refrain)

Pour faire mes ongles en deuil j'voudrais un p'tit canif
Ça fait quand même plus propre pour se les fourrer dans le pif
Et j'voudrais pour ma tête une tondeuse électrique
Je sens que j'ai le chou farci de p'tits grains de riz mécaniques

(au Refrain)

Je te promets en échange de plus crever les pneus
De plus me laver les nougats dans le truc du pot-au-feu
Et je te jure sur l'honneur de plus gratter sans motif
Les bonbons à liqueur que j'ai chopés sur le tarbouif

(au Refrain)

Paroles: Pierre Perret. Musique: Pierre Perret & Jean Jacques Robert   1964 © Editions Warner Chappell

 

 

 

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23 décembre 2013 1 23 /12 /décembre /2013 08:42

Embaumez, embaumez, il en restera toujours quelque chose !

 

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En ce mois de juillet, alors qu'il pleut sur les routes du Nord, la voiture file. Au volant, Blondasse est en colère. Elle veut absolument voir ou contacter son amie Elisa Deuilh, la journaliste, afin de lui faire des révélations qu'elle ne peut donner par téléphone, ayant égaré son portable. Devant elle se dresse une biche apeurée, éblouie par les phares. L'accident est inévitable ainsi que l'embrassade dans un arbre.

Les secours arrivent rapidement sur les lieux, et qu'elle n'est pas leur surprise lorsqu'en voulant dégager le corps du véhicule, ainsi que les policiers arrivés rapidement sur place également, se rendent compte que la jeune femme blonde n'en est pas une. La perruque glisse sur la tête révélant un homme, ce qui est confirmé peu après par le médecin légiste.

Luc Mandoline, le thanatopracteur, en remplacement d'un confrère à Auchel, dans le Pas de Calais, a plusieurs cadavres sur les bras. Heureusement, Jonathan son assistant, ou plutôt celui de son confrère, est assez débrouillard pour l'aider dans la préparation des corps.

Une jeune fille prénommée Alexandra se présente à Mandoline, désirant voir son père Fabien Velasquez, le mort accidenté déguisé en femme. Il conduisait la voiture de sa concubine. Alexandra est effondrée, affirmant que son père n'aurait jamais eu le désir de se travestir en femme, accusant sa concubine, Véronique Moulty, que d'ailleurs elle n'a pu joindre au téléphone. Mais Luc Mandoline n'a pas que Velasquez, qui entre nous soit dit porte bien son nom puisqu'il était peintre et que ses tableaux connaissaient une estimable notoriété, donc Mandoline n'a pas que Velasquez à s'occuper. D'autres clients doivent être préparés et il doit rencontrer les familles, ce qui n'est pas une partie de plaisir.

Elisa, son amie d'enfance Elisa, le contacte car elle a des choses à lui montrer concernant Velasquez. Quant à Jonathan, Mandoline le retrouve le visage tuméfié. Il avoue sortir avec Alexandra, depuis peu, juste depuis l'annonce du décès de son père, mais ce qu'il apprend à Mandoline est autrement plus grave. Une carte SD était nichée sous la bretelle du soutien-gorge que portait Fabien Velasquez. Alexandra s'en était emparée lors de sa visite dans la morgue, puis elle avait visionné le petit film enregistré sur la dite carte montrant Velasquez subissant les fantasmes de deux débauchés, puis l'intrusion d'un voleur chez Alexandra et patati et patata. Mandoline sent que quelque chose ne tourne pas rond autour du défunt et il a raison. Bientôt il va se trouver sur la trace du Maître, un personnage indéfinissable, manipulateur, démoniaque, à classer dans le domaine des savants fous, domaine extensible pour le plus grand bonheur des auteurs de romans populaires.

Heureusement Mandoline va être aidé dans son enquête par son ami Sullivan Mermet, l'ancien légionnaire avec lequel il a partagé coups et bières, ainsi qu'Elisa, son éternelle amie qui a beaucoup de choses à lui révéler sur Velasquez et Véronique, ainsi qu'Arlock, le spéléologue des disques durs, le traqueur des identités électroniques, le trappeur de l'informatique ainsi qu'un ancien condisciple, devenu commissaire de police, auquel il a fourni l'occasion de perdre son pucelage en lui présentant de gentes demoiselles ce qui n'a pas empêché le dit policier de lorgner par la suite du côté des amants masculins.

 

Dans la pure tradition des romans populaires, le Bon et le Méchant se côtoient, s'affrontent, soit de face, soit par séides interposés, avec moult rebondissements, bagarres, chausse-trappes, coups fourrés, et un zeste d'érotisme incongru. Car il faut bien améliorer le genre et ne pas rester dans des sentiers balisés. Si Mandoline, dont l'auteur Jess Kaan prend quelques références à des aventures déjà publiées, est le prototype d'un nouveau chasseur de crimes, l'archétype du défenseur de la veuve et de l'orphelin, à l'instar de Gabriel Lecouvreur plus connu sous le surnom du Poulpe, et autres dilettantes combattant le crime et ses auteurs, le Maître décrit dans ce roman ressemblerait plus à une combinaison de Fantômas et d'Alias, héros créé par Serge Quadruppani pour une série du même nom dans les années 90 au Fleuve Noir.

Mais être un auteur de romans populaires ne signifie pas forcément se contenter d'écrire une histoire, certes plaisante, mais peut jeter un œil critique sur l'évolution de la société. Ainsi Jess Kaan place ses petits coups de griffe de temps à autre pour démontrer qu'il n'est point besoin de se targuer d'être philosophe, ou économiste, pour énoncer des idées fortes et de bons sens. Pour preuve : Avec deux gars, on fonctionne aussi bien qu'avec trois ; on leur fiche la pression, ils ferment leur gueule, car s'ils l'ouvrent, dix mecs au chômedu ou un Polonais sont prêts à les remplacer. Et les riches patrons du MEDEF, qui ne sont pas des philanthropes, appliquent à la lettre cette pensée profonde, sans aucun scrupule.


Dans la même collection, lire : Harpicide de Michel Vigneron et Ainsi fut-il d'Hervé Sard.


Jess KAAN : Le label N. L'Embaumeur N°6. Editions L'Atelier Mosesu. Parution novembre 2013. 260 pages. 9,95€.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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