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19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 06:30

La triche : une nouvelle discipline enseignée dans des universités américaines ?

 

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Si les auteurs du meurtre d’Elise Freeman pensaient avoir réalisé un homicide maquillé en suicide, ils se sont lourdement trompés. En effet la jeune, enfin plus tout à fait jeune, femme qui gît dans la baignoire a bel et bien été assassinée. Il lui aurait fallu une sacrée dose de courage pour prendre un bain de neige carbonique, une substance qui occasionne des brûlures irréversibles. De plus la police scientifique n’a découvert aucun sachet ayant contenu ce produit dans son bungalow. Seul un DVD a été trouvé qui fournit des perspectives intéressantes à Milos Sturgis, le policier, et Alex Delaware son ami psychologue.

Sur cet enregistrement Elise accuse trois de ses collègues de la Windsor Preparaty Academy de Brentwood, un quartier de Los Angeles, affirmant que depuis deux ans elle subit de leur part des gestes inconvenants et des harcèlements sexuels.

L’enquête menée par Milos ne plait guère, ni à son chef, ni au directeur et son adjointe de l’université californienne. Il serait plus simple de classer l’affaire, et ils font tout pour que les renseignements demandés par Milos ne lui soient pas révélés, ou du moins retardés, ou même qu’ils interrogent le personnel et les étudiants. Peut-être parce que le fils du directeur de la police fréquente le même établissement Mais Milos ne lâche pas si facilement l’os qu’il a trouvé. Evidemment Milos et Alex, qui le suit partout comme un petit chien, convoquent les trois enseignants qui tombent des nues. Selon eux, c’est au contraire Elise Freeman qui leur aurait fait des avances, parfois poussées. Et elle était connue pour sa propension à la boisson.

Elise avait un ami, Sal Fidella, qui ne correspond pas au profil de l’amant idéal. D’ailleurs s’ils couchaient ensemble, ils habitaient chacun chez soi. Il est représentant, en instruments de musiques ou tout autre marchandise qui peut être achetée par des gogos, mais il s’en trouve de moins en moins. D’après lui, Elise lui aurait avoué quelques semaines avant sa mort qu’ils lui en voulaient. Mais qui sont ces ils ? Il est incapable de le préciser. Tout ce qu’il sait, c’est que l’humeur d’Elise changeait, comme si elle était devenue bipolaire.

Auprès des consommateurs du bar qu’ils fréquentaient régulièrement et selon d’autres témoins, Milos et Alex recueillent des avis partagés. Certains affirment qu’Elise buvait régulièrement et beaucoup sans qu’il y ait vraiment influence sur son comportement, d’autres avaient remarqué qu’elle prenait un verre, mais ne le finissait pas la plupart du temps. Sa boisson rituelle était la vodka, et pas du bas de gamme. Ensuite les avis concordent concernant son attrait pour les mâles, des jeunes de préférence, souvent des étudiants ou des anciens élèves. Des amants de passage recrutés lors des heures de soutien qu’elle leur prodiguait.

Peu à peu le personnage d’Elise prend de la consistance et Milos, toujours accompagné d’Alex qui sait poser les bonnes questions au bon moment, cernent son entourage, remontant pas à pas le parcours relationnel et professionnel de l’enseignante.

tricheurs2.jpgSi l’épilogue est convenu, d’ailleurs le titre est assez explicite, ce qui retient l’attention c’est le système éducatif américain, modèle qui inspire quelques technocrates français attachés plus à l’aspect financier que pédagogique. Une véritable diatribe sous la plume de Jonathan Kellerman qui enrobe son ton vindicatif dans une intrigue policière.

Les universités américaines sont de véritables stabulations dans lesquelles sont élevés et gavés des bêtes à concours. Souvent contre le gré de ces adolescents qui ne demandent rien mais sont forcés d’obéir à un paternel fortuné qui pense que la réussite dans la vie passe forcement par Yale et autres fabriques de têtes pensantes. Et si ces futurs responsables politiques, diplomatiques, financiers, militaires, ou autres, n’arrivent pas à ingérer ce que les enseignants tentent de leur fourrer dans le crâne, il y a toujours d’autres solutions.

Les enfants dont les parents sont aisés intègrent d’office ces établissements, mais en dilettante. Et pour se donner bonne conscience, la société, les responsables éducatifs invitent des gamins issus de milieux dits défavorisés et qui n’ont rien demandé, à effectuer des études poussées. Et tout le monde doit réussir. Il en va de la notoriété des universités et des enseignants. Et parfois il y a des dérapages.

Tout le monde n’est pas de cet avis, heureusement : Je pense qu’à dix-sept ans un jeune devrait avoir son mot à dire sur son avenir et que c’est jouer avec le feu que de négliger son avis.


Jonathan KELLERMAN : Les tricheurs (Deception – 2010. Traduction de Frédéric Grellier). Première édition Le Seuil. Mai 2013. Réédition Editions Points. Parution le 14 mai 2014. 408 pages. 7,60€.

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18 mai 2014 7 18 /05 /mai /2014 16:52

Mousquetaires contre Bricoleux.

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Il ne s'agit pas de deux groupes de rock des années 1960 qui se confrontent (de nos jours on parle de battle !) mais cela aurait pu l'être.

En ce mois de juillet 1961, la bonne ville de Roubaix vit encore au rythme des filatures. Pas celles des détectives, mais des manufactures qui tissent pour confectionner ensuite les vêtements qui seront proposés à la vente par correspondance.

usine-roubaix3.jpgCharles est prié du jour au lendemain par Marcel, le sous-directeur de l'entreprise, de vider son placard, de passer à la comptabilité et de laisser sa place à quelqu'un d'autre. Pourtant Charles est un ouvrier honnête, qui ne fainéantise pas, toujours ponctuel, aussi il ne comprend pas ce qu'il lui arrive. Mais il est bien obligé d'obtempérer et c'est le cœur gros qu'il quitte l'usine après dix-sept années de bons et loyaux services. Il était entré à quinze ans, et le voilà à trente-deux ans à la rue. Le chômage n'était pas ce qu'il est devenu de nos jours, mais s'il y avait du travail, les places étaient quand même prises. Pas de trous à boucher et pas de sonnette à la porte d'une quelconque madame Paule Emploi.

Il a honte Charles, alors tous les jours il part de la maison laissant croire à sa femme et à ses enfants qu'il va rejoindre les collègues, sa gamelle à la main. Il a reçu un petit pécule consécutif à un plan de sortie concocté sans son aval, mais il s'aperçoit au bout de quelque temps que l'enveloppe se vide sans qu'il connaisse la solution des vases communicants. Et communicant avec quoi d'ailleurs, et qui aussi. Dans un sursaut d'orgueil, comme un bon cheval, et de honte aussi, il décide de se suicider. Une pendaison pas trop propre qui oblige sa femme à passer la wassingue. De quoi la rendre encore un peu plus en colère.

Les habitants des courées aimeraient pouvoir aider Philomène, couree-Roubaix.jpgla veuve, mais ils sont aussi mal lotis qu'elle. Alors, quatre collègues de Charles décident de se venger en rançonnant un patron, car la faute est bien imputable aux propriétaires d'usines et autres grossiums qui s'enrichissent sur le dos de leurs ouvriers. Le profit ne disait pas son nom ouvertement comme aujourd'hui, mais c'était la base même de l'enrichissement des gros sur le dos des petits. Stan, le contremaître, et trois autres compagnons, Victor, Etienne et Jeannot, le moins futé de la bande, réfléchissent à la façon de dépanner financièrement Philomène et la seule idée qu'ils arrivent à cogiter dans leurs têtes est de prendre en otage une femme de patron.

Il ne leur reste plus qu'à mettre en exécution ce concept pharamineux seulement ils choisissent en fonction de l'apparence. Et comme dit l'adage, l'habit ne fait pas le moine. Ils enlèvent Solange, la femme d'un des Bricoleux, qui ont connu leur heure de gloire quelques mois auparavant lors de l'affaire dite  Le Mystère du fort de Bondues. Mais si nos quatre Mousquetaires avaient un peu mieux étudié la personnalité de Solange, il est évident qu'ils auraient, soit abandonné cette idée, soit choisi une personne plus malléable. Car Solange est une forte femme, pas physiquement, mais elle a ce que l'on peut appeler un caractère trempé. Ce qui tombe bien d'ailleurs, car Stan et ces compères l'enferment dans une péniche de remise dans un coin désaffecté du port de dédouanement de Mortagne-en-Nord.

cartes-postales-Le-Pont-sur-la-Scarpe-MORTAGNE-DU-NORD-5915.jpgIls vont s'en souvenir de la détention de Solange les quatre Mousquetaires et leurs geôliers, et ils sont même prêts à abandonner leur contrat moral envers Philomène qui elle ne sait rien de ce qui se trame. Seulement ils ont leur fierté.

Et pendant ce temps, Emile, le mari de Solange, est content d'être débarrassé d'une épouse devenue par trop encombrante. Ce ne sont plus les grands amours. Les fâcheries quotidiennes commençaient à lui tournebouler le ciboulot. Mais c'est comme tout, il y était habituée, et ce moment de liberté devient un moment de solitude. Alors avec ses amis de toujours, Fernand et Gérard, leurs épouses Christiane et Mireille et Edmond son ex beau-père, le voilà sur le sentier de la guerre.

 

Même si l'auteur, Bernard Thilie, nous propose un casting, au cas bien improbable où le film serait tourné par un réalisateur hollywoodien, avec en vedettes principales Burt Lancaster, Kirk Douglas, Ellie Wallach et Mickey Rooney dans le rôle des Mousquetaires de Roubaix, moi ce roman m'a plutôt fait penser à une pochade (dénominatif amical et nostalgique) des Branquignols avec Robert Dhéry, Jean Carmet, Louis de Funès, Jean Lefèvre, Michel Serrault, Pierre Tornade, Colette Brosset, Jacqueline Maillan, Micheline Dax, Annette Poivre et j'en passe. Ceci pour le visuel. Mais en ce qui concerne l'écriture en elle-même, la description des situations et les dialogues, Bernard Thilie se rapproche de l'humour parfois teinté de non-sens britannique, et l'on peut s'empêcher d'établir un parallèle avec Charles Dickens dans des romans comme Les papiers posthumes du Pickwick club et à Jérôme K. Jérôme et son inénarrable roman Trois hommes dans un bateau (sans parler du chien).

Au-delà de l'impression de légèreté, de futilité, qui se dégagemongy.jpg de ce roman, Bernard Thilie s'attache à décrire une époque. On ne parlait pas encore de seuil de pauvreté, mais les ouvriers y étaient déjà et stationnaient à l'entrée. Ils vivotaient, se déplaçaient en tram, le fameux Mongy, à vélo ou dans des caisses à sardines rouillées sur roulettes. Mais l'entraide existait, la camaraderie n'était pas un vain mot.

Bernard Thilie s'amuse et effectue un clin d'œil à un jeune chanteur qui entendant une réflexion dans un bar, l'adoptera et l'adaptera en chanson. Il s'agit de Nino Ferrer. Quant aux Surfs et à Franck Alamo, qui sont également évoqués dans ce roman, dont l'action se déroule je le rappelle en juillet et août 1961, ils ne se feront connaître avec leurs premiers disques qu'en 1963. Mais c'est juste pour le plaisir que j'ai relevé cette petite erreur de datation.


Dernière petite précision : le roman devait à l'origine être titré : Règlements de compte à OK Courées, ce qui était peut-être plus explicite que le titre qui lui a été attribué par l'éditeur.


 A lire du même auteur chez le même éditeur : Nuit de chine, L'attaque du casino de Malo et Le mystère du fort de Bondues.


Bernard THILIE : Les desperados de Roubaix. Editions Ravet-Anceau, collection Polars en nord n° 158. Parution 14 avril 2014. 192 pages. 10,00€.

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16 mai 2014 5 16 /05 /mai /2014 14:15

Prix de Beaune 2014.

 

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Pensez au ravitaillement !


Moi qui suis plus habitué au sprint de 100 ou 200 mètres, me défoulant en 400 mètres, m'éclatant au 1500 mètres voire au demi-fond genre 3000 ou 5000 mètres, voilà que j'ai participé à un véritable marathon de lecture. J'avoue que j'ai eu du mal à retrouver mon souffle, mais ça y est, les jambes encore un peu flageolantes mais la main ferme, je peux attaquer maintenant ma chronique en petites foulées.

Juste quelques jours avant la réouverture au public du Zoo de Vincennes, qui s'est déroulée le 12 avril, Cloé Mehdi nous invite à visiter un parc zoologique particulier situé dans le cœur d'un Paris plus vieux de quelques années. Le Safari des Monstres propose aux visiteurs en quête de sensations fortes l'exposition, dans des cages protégées par du verre théoriquement incassable, des détenus enfermés pour des raisons diverses à perpétuité. Parmi l'un des pensionnaires Damien, dix-neuf ans, considéré comme un psychopathe. Il est maigre, limite anorexique, bourré de médicaments, et à la moindre peccadille, les gardiens emploient un fusil à seringue épidermique afin de le calmer. Il est devenu mutique, n'ayant personne à qui parler, et pour dire quoi. Il a végété à la prison des Lauriers durant six ans après avoir été condamné pour avoir tué son père et sa sœur à coups de hachette. C'est sa mère qui a découvert le drame lorsqu'en rentrant elle a vu Damien tenant entre ses mains en coupe la tête de la gamine.

Parfois les pensionnaires de ce Safari des monstres peuvent se défouler les jambes en se promenant dans le parc, sous la surveillance épidermique des gardiens. C'est ainsi qu'il parle, peu, mais écoute, beaucoup, Natalia qui lui parle du pays des neiges émeraude, sensé être un pays abri pour criminels, et de tchingalé, police en langue tzigane. Il ne peut s'empêcher de penser, à cause de la prononciation, à chiens galeux.

Damien va profiter d'un remue-ménage dans le Safari des monstres pour s'évader. Des policiers investissent le parc et courent après un individu, tirant n'importe où et semant une pagaille monstre. Deux balles viennent étoiler la vitre de la cage où Damien éberlué assiste au spectacle. De loin Natalia lui fait un signe. Il prend un siège et en frappant fort fait dégringoler la vitrine et c'est ainsi qu'il se trouve au grand air, un peu déboussolé. Une gamine, qui se nomme Cab, un peu perdue elle aussi, lui prend la main et lui demande de l'aider à sortir. Malgré sa répulsion, il n'aime pas toucher les gens, et surtout il aime encore moins qu'on le touche, le frôle, le caresse. La foule paniquée s'empresse aux grilles d'entrée qui du coup deviennent les grilles de sortie, et les vigiles ne font pas attention à eux. Ils sont deux, donc moins voyants que seuls.

Cab avait rendez-vous avec Zacharia, mais il n'est pas là. Zacharia est un ami de ses parents, Antony et Rosario Cassidy. Par la télévision, Damien a appris l'histoire de ceux qui ont été surnommé les Bonnie & Clyde français. Lors du braquage de la banque centrale, Antony a été abattu mais Rosario a réussi à s'enfuir. Zacharia a donc en charge la gamine et il veut récupérer son frère Vania, qui a été placé. La première partie du plan effectuée avec brio il ne reste plus aux quatre fuyards qu'à s'évaporer dans la nature. Car Damien, après quelques réserves de la part de Zacharia, est adopté. Ils ne connaissent rien de lui, et ce n'est pas Damien qui va se vanter de ses exploits. Il ne parle pas, ou presque plus, mais il réapprend petit à petit au contact surtout de Cab, il s'apprivoise. Sa gorge lui fait mal mais tant pis.

Une longue cavale commence. D'abord se rendre chez Vicenze afin que celui -ci fournisse à tout ce petit monde des passeports afin de pouvoir se rendre à l'étranger et retrouver Rosario, la mère des deux gamins, peut-être au pays des neiges émeraude. Ce n'est pas l'argent qui manque car depuis des années les Cassidy ont accumulé un joli pactole, et Zacharia détient dans sa musette de quoi subvenir à toutes les demandes ou besoins. Seulement des policiers sont sur leurs traces. Celle de Cab et Vania, tandis que d'autres recherchent activement Damien. Heureusement le portrait robot de Damien, réalisé d'après une photo alors qu'il avait treize ans et vieillie grâce à un logiciel, ne lui ressemble pas du tout. Il est resté malingre, fluet, quasi anorexique.

La route est longue, les embûches nombreuses, d'un côté de la route la prison les guette, de l'autre c'est la liberté qui leur fait un clin d'œil.


beaune-cloe-mehdi-en-dedicace.jpgRoman au long cours, écrit avec une plume intarissable, Monstres en cavale est foisonnant, ébouriffant, et nous ramène aux feuilletons du XIXème et début XXème siècle et qui ne semblaient jamais se terminer. Cloé Mehdi possède cette faculté d'envoûter le lecteur et l'obliger à la suivre dans cette cavalcade dont on se demande si elle se terminera un jour. Peu à peu le lecteur découvre un peu mieux Damien, pourquoi il s'est ainsi comporté. il est bourré de médicaments, il en ressent depuis le besoin pour combattre son stress, ses phobies. Sa mère est en fauteuil roulant mais elle n'est pas nette. Cab est une gamine délurée, mature, tandis que son frère Vania, un peu plus vieux qu'elle est plus posé. Et Zacharia se montre comme un père de substitution, d'ailleurs il est amoureux de Rosario sans vouloir l'avouer. Le profil psychologique de tous ces personnages se dévoile peu à peu au fur et à mesure que le récit avance.

Ceci est ne forme d'anticipation également. Le néo-franc est la monnaie officielle tandis que l'Union européenne a explosé en éclats et désormais il faut un passeport pour franchir les frontières. C'est pour cela que Zacharia espère pouvoir passer d'un pays à l'autre sans trop de problèmes. Seulement Les ministres européens des affaires étrangères de cinq pays européens, dont la France, se réunissent demain à Bruxelles pour évoquer la possible réouverture de l'espace Schengen. Et ça c'est pas bon pour le moral, car la collaboration entre les polices des différents pays sera plus facile à exercer et pas voir de fait plus efficace.

Tout comme les feuilletonistes qui n'hésitaient pas à placer quelques coups de griffes et aborder le côté politique et social dans leurs œuvres, Cloé Mehdi extrapole mais si peu. Comme le déclarait Geneviève Tabouis dans ses éditoriaux radiophoniques, attendez-vous à savoir que ... : Les chiffres des bavures policières étaient à la hausse, en même temps que baissaient le budget accordé aux prisons et le degré d'indulgence des citoyens envers les criminels.

Espérons que Cloé Mehdi n'aura pas mis toute son énergie, tout son imaginaire dans ce roman et qu'il lui reste d'autres idées à développer. Il serait dommage qu'elle devienne, comme beaucoup d'autres, l'auteur d'un roman unique et qu'elle disparaisse corps et lettres.


Cloé MEHDI : Monstres en cavale. Collection Le Masque Poche N°41. Editions Le Masque. Parution le 2 avril 2014. 624 pages. 7,90€.

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15 mai 2014 4 15 /05 /mai /2014 13:46

Les sanglots longs des violents de l'automne blessent mon cœur d'une longueur monotone et résonnent sur les arbres, les terrasses, les toits et la Tramontane s’en donne à cœur joie !

 

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Je sais, ce n’est que de l’à peu près (je demande pardon à Paul Verlaine), mais ce n’est pas Gilles Sebag, inspecteur au commissariat de Perpignan, qui me jettera le premier vers, lui qui est habitué à détourner les proverbes, maximes et autres aphorismes. Genre, lors d’un repas, la pépie vient en mangeant. Un humour potache qui lui permet de mettre de côté ses petits problèmes familiaux et professionnels. Toujours hanté par une éventuelle infidélité de sa femme Claire, il est sollicité par sa fille Séverine pour s’immiscer dans une enquête non officielle.

En effet Matthieu, le frère d’une de ses amies d’école, a été tué dans un accident alors qu’il roulait en scooter. Il a été percuté par une camionnette mais selon la sœur de Mathieu, tout n’est pas clair dans cet accident et les policiers jugent l’affaire close. D’ailleurs le conducteur de la camionnette, qui est un alcoolique avéré, jure qu’un véhicule blanc a brûlé un stop l’obligeant à dévier de sa trajectoire, engendrant l’accident malheureux et tragique. Sebag promet à sa fille d’étudier le dossier et voir s’il peut dénicher quelque chose qui infirmera les conclusions de ses collègues, durant ses temps libres. Seulement une autre affaire plus délicate requiert pour l’heure toute son attention.

Le cadavre d’un vieil homme, Bernard Martinez, d’origine pied-noir, a été retrouvé bâillonné, menotté, assassiné d’une balle dans la nuque. L’assassin a laissé ses empreintes un peu partout mais elles sont inexploitables car non recensées, non référencées. Détail intrigant, sur la porte d’entrée les lettres OAS ont été dessinées à la peinture noire. Pour ceux qui, comme le jeune inspecteur Lambert, ne connaissent pas le sigle OAS, cela signifie Organisation Armée Secrète, des militaires rebelles qui essaimèrent les attentats et les cadavres entre 1961 et 1962, voulant à tout prix que l’Algérie resta dans le giron de la France. Le meurtre remonte à une semaine.

Une stèle érigée, dans le cimetière du Haut-Vernet de Perpignan, où figure l’inscription "aux fusillés, aux combattants tombés pour que vive l’Algérie" ainsi que les noms des principaux chefs de l’OAS qui furent condamnés à mort après la signature du traité qui mettait fin à la guerre d’Algérie et conférait à ce pays son indépendance, cette stèle a été endommagée. Or tout comme dans la pièce où a été assassiné Martinez, un cheveu blanc est retrouvé dans les graviers par la police scientifique. Les premiers soupçons se portent sur une association de pieds-noirs et Sebag s’informe auprès du président ainsi que du trésorier. Ils affirment n’être en rien dans le meurtre et les dégradations mais les doutes subsistent. Il faut remonter le temps, envoyer un policier à Marseille afin que celui-ci se renseigne auprès d’un historien spécialiste de la guerre d’Algérie, effectuer un travail de recherche minutieux. D’autant qu’un deuxième cadavre est retrouvé mort, abattu par la même arme qui a servi à envoyé Martinez au pays de ces ancêtres. Presque, car il sera inhumé en France tandis que ces ancêtres reposent en Algérie. Une photo ainsi que l’apport non négligeable de témoignages vont permettre à Sebag et ses collaborateurs, Llach, Molina, Ménard et quelques autres, de remonter le fil d’une enquête particulièrement retorse. D’autant que Sebag n’oublie pas la promesse faite à sa fille.

Différents types de personnages gravitent dans ce récit, comme dans la vie courante : les profiteurs, les opportunistes, les idéalistes et ceux qui veulent protéger leur statut de victimes afin de se sentir vivants et non absorbés dans la masse. Une nostalgie qui confine à la mélancolie étreint les uns tandis que la vengeance anime les autres.

Sebag est en proie aux doutes : dans ses enquêtes, car il suit souvent ses intuitions alors qu’il ne possède aucune preuve pour étayer ses présomptions et ses soupçons. Les mêmes doutes concernent la fidélité de sa femme Claire, pourtant il n’a rien à lui reprocher mais il se pose des questions. Des questions d’ailleurs il s’en pose souvent, mais il est réceptif aussi. Ainsi, ce qui choquait le plus Sebag dans la France d’aujourd’hui, ce n’était pas l’indifférence ou l’égoïsme, c’était qu’on y trouve plus de donneurs de leçons que de donneurs d’exemple. Mais certaines tâches qui sont confiées aux policiers deviennent des routines auxquelles il a du mal à s’habituer. Le procès-verbal est à la réalité sensible et complexe ce que le camembert industriel est à la gastronomie normande.

automne1.JPGPhilippe Georget met l’accent sur une situation qui perdure, cinquante ans après les événements, celle des pieds-noirs et du rejet des métropolitains à leur encontre. Nés en Algérie, obligés de quitter leur pays, ils vivent en communautés et Albouker, le président des anciens d’Algérie explique cet état de fait. Il y a deux choses qui unissent encore aujourd’hui notre communauté. La première est l’amour de ce pays perdu. La seconde est l’incompréhension, voire l’hostilité des autres Français devant cet amour encore intact. Philippe Georget ne juge pas, il ne prend partie ni pour les uns ni pour les autres, il ne se pose pas en juge ou en avocat, il explique les conditions dans lesquelles évoluent ces expatriés ou exilés. Et comme le déclare l’un des protagonistes : En période de guerre, les repères et les valeurs ne sont plus les mêmes qu’en temps de paix. Quant tout est calme, c’est facile d’avoir des idées généreuses et de grands principes moraux. En période guerre, c’est une toute autre affaire… Vous avez quatre heures pour me rendre votre copie. Et vous pouvez vous inspirer des Bretons, des Auvergnats et autres représentants de l’hexagone obligés de quitter leurs régions afin de trouver du travail et qui ne sont pas toujours accueillis bras ouverts.

Mais l’intrigue, ou plutôt les intrigues qui s’imbriquent les unes dans les autres, n’est pas linéaire et le lecteur peut suivre en même temps quelques épisodes qui s’échelonnent de décembre 1961 à mai 1962. L’ombre du lieutenant Degueldre de sinistre mémoire plane sur ce roman tout comme dans le roman de Maurice Gouiran, Sur nos cadavres ils dansent le tango.

Que dire de ce roman : Philippe Georget confirme agréablement chats.jpgles espoirs que nous nourrissions en lui dans ces deux premiers ouvrages, et nous attendons avec une impatience nous déguisée sa prochaine livraison. Mais un livre de cette ampleur, de cette profondeur ne s’écrit pas en quelques semaines, il faut du temps pour construire une intrigue habilement maîtrisée et intégrer la vérité historique à la fiction.

Le mois de mai est faste pour Philippe Georget, car outre la réédition de ce roman chez Pocket, il enregistre également la réédition du Paradoxe du cerf-volant chez son primo éditeur, Jigal, en format poche, et de plus, ce qui va faire du bien à l'économie française, il s'exporte aux USA avec L'été tous les chats s'ennuient !  


Philippe GEORGET : Les violents de l’automne. Première édition Collection Jigal Polar, éditions Jigal. Réédition Pocket collection Thriller. Parution 15mai 2014. 512 pages. 7,90€.

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14 mai 2014 3 14 /05 /mai /2014 12:34

Trois rééditions de fort bon aloi.

Avant de vous présenter en temps voulu les nouveautés Jigal, je vous propose de vous pencher sur trois rééditions de fort bon aloi.

 

paradoxe.jpgPhilippe Georget : Le paradoxe du cerf-volant. 416 pages. 9,80€

Vingt-sept ans, toutes ses dents, mais les yeux tuméfiés, les muscles endoloris, le corps meurtri, Pierre Couture vient d’encaisser une flopée de coups et une nouvelle défaite. Un combat de boxe qui a tourné à son désavantage, une leçon donnée par un adversaire, plus jeune il est vrai, mais surtout mieux préparé.

Pourtant Pierre lors de ses débuts pugilistiques était promis à un fort bel avenir, mais les aléas de la vie et du cœur en ont décidé autrement. Son amie, son amour, Sarah est partie, et Pierre est orphelin. Son père diplomate est décédé dans un accident et sa mère s’est suicidée peu après. Du moins c’est ce qu’il affirme, et il en est persuadé. Il a vécu dans des familles d’accueil. Arrivé aux portes de la gloire, il a négligé les entraînements et l’entretien de sa forme physique. Et ce soir-là Emile, son entraîneur, pense que Pierre vient de livrer son dernier combat.

La suite ici

 

Janis Otsiemi : la vie est un sale boulot. 144 pages. 8,00€.

Après quatre années passées, alors qu’il purgeait une peine de sale-boulot.jpgsept ans, dans la prison de Libreville au Gabon, Chicano est libéré du jour au lendemain, à la faveur d’une grâce présidentielle. Il ne s’y attendait pas et pense que cette bienveillance n’est que le fait d’une homonymie. Il avait participé à un braquage dans une boutique tenue par un Libanais mais ses comparses avaient réussi à se défiler. Donc lorsqu’il se retrouve à l’air libre Chicano n’a qu’une idée en tête revoir Mira puis trouver du boulot, mais pas chez son frère Gaby installé comme garagiste après des déboires avec la police, devenir quelqu’un de bien. Seulement il lui faut compter sur les impondérables. Par exemple Mira qui l’a oublié dans les bras d’un autre dont elle est enceinte. Ou encore se retrouver nez à nez avec ses anciens comparses, Ozone, Lebègue et Petit Papa. Justement ceux-ci préparent un mauvais coup et ils enrôlent Chicano. Le but du jeu, s’emparer de la solde des soldats à la caserne du camp Baraka. Cinquante millions, de quoi assurer leurs vieux jours. Mais Chicano apprendra bien vite, et à ses dépens, que les amis ne sont pas toujours fiables.

La suite ici

 

Gilles Vincent : Beso de la muerte.264 pages. 9,50€.

beso.jpgIl faut que Claire se manifeste le jour même de son mariage, mais apparemment cela semble sérieux. Pas le genre de blague que pourrait faire une ancienne épouse qui a quitté avec pertes et fracas son mari.

Mais remontons quelque peu le temps.

Thomas Roussel, commissaire de police à Pau, est un dipsomane, addiction qu’il avait réussie plus moins à juguler. Mais lorsqu’il a appris que la petite Marie Langevin, qui allait avoir huit ans, avait été retrouvée au bord d’un gave violée, éventré, étranglé, il n’a pu tenir ses engagements. Un coup dur qui l’a fait replonger dans la bouteille d’alcool, quitte à s’y noyer. Marie était sa fille non officielle. Claire en a marre et après cinq années de vie commune, elle a décidé de partir, de poser ses valises et son cartable d’enseignante ailleurs.

Grâce à Délia, Thomas a refait surface et c’est le jour de ses noces que Claire a décidé de lui lancer un appel au secours. En pleine nuit, son portable sonne et Thomas entend Claire qui l’adjure de venir la délivrer. Elle est à Marseille, enfermée dans une cave, près d’une gare ou d’une voie ferrée. Des hurlements puis plus éloignée sa voix qui crie : El Capitan, El Capitan.

La suite ici

 

Bonnes lectures et à bientôt pour les nouveautés.

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13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 12:13

L'exotisme, paraît-il, est un phénomène culturel de goût pour l'étranger.

 

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Et nul doute que la Bretagne est une province exotique pour les Allemands. Pour preuve ce phénomène littéraire outre-rhin à l'encontre d'un roman ayant pour cadre Concarneau et Pont-Aven. L'auteur qui se cache derrière un pseudonyme breton, Bannalec est une aimable commune de Cornouailles proche de Pont-Aven justement, est un Allemand qui réside quelques mois par an en Bretagne et s'est épris de cette région au point de pouvoir se présenter comme germano-breton et de bluffer ses compatriotes.

bannalec2.jpgCe roman s'est vendu en effet à plus de 440 000 exemplaires depuis sa parution au printemps 2012. Succès confirmé par la sortie en poche estimée à 150 000 exemplaires. Et ce n'est que le premier de la série consacrée au commissaire Dupin, le deuxième marchant sur la même voie du succès. Le troisième doit paraître incessamment sous peu (source Ouest-France du 29 mars 2014).

Mais qu'est-ce qui a provoqué cet engouement ? Le décor sans aucun doute, car Concarneau et Pont-Aven méritent le détour des touristes et offrent une ouverture vers le large, l'inconnu, les îles lointaines. Le personnage de Dupin qui, outre ce nom qui a marqué la littérature policière sous la plume d'Edgar Poe, possède l' aspect physique et certains traits de caractère du commissaire Maigret.

Après une carrière parisienne, Dupin a été muté dans le Finistère pour des raisons personnelles et depuis trois ans qu'il est en poste, il s'est pris à aimer, apprécier et s'intéresser à ce bout de terre et à ses habitants. Quelques enquêtes rondement menées lui ont acquis l'estime des autochtones, mais faut avouer qu'il possède en Nolwenn une secrétaire efficace, dévouée, toujours sur la brèche et capable de résoudre tous les problèmes en un tour de main et deux appels téléphoniques. Mais Dupin possède ses tics. Par exemple il coupe souvent son téléphone portable, ce qui énerve ses adjoints. Seule Nolwenn dans ce cas peut le joindre. Enfin, il consigne sur un petit carnet, toujours la même marque et le même format, ses notes, importantes ou non, et ne sait plus parfois à quoi ses écrits correspondent.

 

Alors qu'il s'apprêtait à assister, contre son gré, à unepontaven_centre.jpg manifestation en remplacement du Préfet, le commissaire Georges Dupin est mandé pour une affaire de meurtre à Pont-Aven. Normalement ce n'est pas sa circonscription, puisqu'il est en poste à Concarneau, mais son collège étant en vacances, il le remplace au pied levé.

Le défunt n'est autre que Pierre-Louis Pennec, propriétaire de l'hôtel Le Central, fondé par sa grand-mère Marie-Jeanne, célèbre figure locale qui accueillit dès le milieu des années 1860 des peintres dont Henri Bacon qui incita ses confrères américains à s'installer ou à séjourner dans la petite cité puis en 1886, Paul Gauguin dont le nom est indéfectiblement attaché à la cité des peintres. Pierre-Louis Pennec avait quatre-vingt onze ans, mais il dirigeait de main de maître l'hôtel, efficacement secondé par madame Lajoux, la gouvernante, depuis plus de trente ans à son service. Sinon il avait un fils, Loïc, la soixantaine, marié, qui toute sa vie a subi l'emprise de son père. Et il a aussi un frère, André, qui vit depuis des décennies dans le sud de la France et pas mal réussi puisqu'il est député. Les deux frères ne se voyaient guère, un différent les opposant depuis la nuit des temps ou presque.

pont-aven-jour-02.jpgIl ne faut pas oublier Fragan Delon, le seul ami de Pierre-Louis Pennec, un taiseux, peut-être est-ce pour cela qu'ils s'entendaient bien ensemble. Et Frédéric Beauvois, professeur d'art en retraite, président de l'association des peintres du village et guide conférencier auprès des invités de marque en visite dans le village. L'une des première chose à faire est de demander au notaire le contenu du testament, contenu qui ne laisse pas de surprendre Dupin. Mais une autre surprise attend le commissaire : son médecin traitant tente de le joindre, vainement au téléphone. Dupin pense à une mauvaise surprise concernant sa santé, il avoue être une cafetière ambulante. Non, ce n'est pas lui qui est en cause mais Pennec. Le toubib l'avait ausculté quelques jours auparavant et selon lui, son patient n'avait plus que quelques jours à vivre. Bref l'assassin aurait dû se montrer patient, justement, et la maladie aurait fait le travail à sa place.

Bientôt un tableau de Gauguin va perturber les neurones de Dupin et il demande à une jeune professeur d'art de Brest Marie-Morgane Cassel de l'aider à débrouiller un imbroglio pictural. Il s'agit de La vision après le sermon, dont tout laisse à penser qu'il s'agit d'une copie.

Ce roman, plaisant à lire, de facture classique, possède son220px-Paul_Gauguin_137.jpg charme mais l'auteur ne peut s'empêcher de procéder à quelques poncifs. Mais les romanciers français n'en font-ils pas autant lorsqu'ils placent l'action et le décor de leurs romans aux Etats-Unis, par exemple. Le point de détail qui m'énerve quelque peu, c'est que ce soit le préfet qui tanne le commissaire pour que celui-ci enregistre de rapides résultats, alors que ce rôle est généralement dévolu au procureur. Autre petit détail, sans conséquence, Pennec n'a pas augmenté les tarifs des chambres depuis des années, pourtant il possède quatre maisons, décrépites mais quand même, et il a réalisé des travaux assez couteux dans son établissement.

On ne peut s'empêcher de penser aux romans d'Yves Josso, plus particulièrement à Eté meurtrier à Pont-Aven dont l'action se déroule en partie dans la cité des peintres, durant les années 1880. Mais Jean-Luc Bannalec s'inspire de la vie locale et historique et le fantôme de Gauguin plane continuellement sur cette histoire. Maintenant il ne nous reste plus qu'à attendre la parution en France du second volet des enquêtes du Commissaire Dupin.

 

A lire également les avis de Yv sur son blog  ainsi que celui de Claude sur Action Suspense.


Jean-Luc BANNALEC : Un été à Pont-Aven (Bretonische Verhältnisse -2012. Traduit de l'allemand par Amélie de Maupeou). Presses de la Cité. Parution le 3 avril 2014. 382 pages.21,00€.

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12 mai 2014 1 12 /05 /mai /2014 12:32

Ferrat chantait : Ma môme...

 

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Belle comme un tournesol perdu dans un champ de pommes de terre. Blonde, les yeux bleus, elle détone dans cette cité de Sarcelle, au bloc F, plus précisément. Elle n'a que seize ans, et pourtant elle sait tant de choses. Le narrateur n'a d'yeux que pour elle.

Elle est même devenue son amie, Laurine, peut-être parce qu'il ne se conduit pas en goujat comme les autres, qui ne font que rigoler comme des gamins que la puberté démange. Il a dix-neuf ans, et a tout à apprendre de Laurine.

D'abord sa gentillesse, et puis sa conversation, son envie de partir, de découvrir le monde. Elle a un quelque chose en elle qui la rend différente, attirante, un peu comme une reine. Mais attention, elle ne snobe pas, elle n'est pas bégueule, elle vit juste dans son monde à elle. Les autres elle les ignore. Ils sont tellement bêtes avec leurs sifflets d'approche, leurs lazzis, leurs remarques déplacées.

Avec le narrateur, c'est pas pareil. Il lui parle de cinéma, de Matrix, de La Grande évasion, elle répond Jacques Tati ou Wim Wenders. Il ne comprend pas qu'au lieu d'apprécier les chanteurs (?) de la Star'Ac, elle préfère écouter des trucs et des gens qu'il ne connait pas dans ses casques audio qui lui font comme des boucles d'oreilles.

La première chanson parlait de montagne et de ciné, de vieux qui bouffent de la tomme de chèvre, de vol d'hirondelles et de Formica. Bonjour la misère ! Grave de chez grave ! Le second morceau valait guère mieux. Des niaiseries du style tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil : « Le vent dans tes cheveux blonds, le soleil à l'horizon, quelques mots d'une chanson, que c'est beau, c'est beau la vie ! » Des trucs de gonzesse, quoi ! 

Jusqu'au jour où tout dérape. Nous ne sommes pas dans un conte de fées, genre la Princesse et le crapaud.

Avec ses mots parfois frustres, parfois empreints de poésie, un langage de banlieue qui est celui de tous les jours, de ses gamins habitués à évoluer dans la rue, à la recherche de quelque chose qu'ils ne peuvent même pas définir, le narrateur explique son attirance pour Laurine, pour cette perle rare échouée dans la cité, une perle qui voudrait vivre ailleurs, dans un décor moins triste, moins affligeant, et surtout moins consternant.

Eric Fouassier nous offre un véritable exercice de style, tranchant totalement de ses œuvres précédentes, s'imprégnant de ce vocabulaire fleuri des banlieues, sans que son personnage pour autant se montre grossier ou vulgaire dans la narration de cette histoire écrite à la première personne. Un forme littéraire qui rappelle quelque peu Francis Carco dans Jésus la caille, par exemple, mais qui a évolué au fil des ans.

A lire également d'Eric Fouassier : Morts thématiques, Le Traducteur, Rien qu'une belle perdue et Bayard et le crime d'Amboise.


Eric FOUASSIER : Sa meuf. Editions SKA, collection Noire Soeur. E.Book. 0,99€.

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12 mai 2014 1 12 /05 /mai /2014 07:54

Alexandrie, Alexandra...

 

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Parfois à la lecture de romans des réminiscences littéraires s’invitent dans votre esprit sans que vous sachiez vraiment pourquoi. Le style peut-être, les lieux évoqués sûrement. Ainsi mes pensées s’envolaient au départ, au départ seulement car ensuite la trame m’en a détournées, mes pensées donc s’envolaient vers Joseph Kessel, Pierre Benoit, à une moindre mesure Anatole France. Une écriture travaillée, ciselée, mais claire et limpide au service d’une histoire simple et intense qui taraude le narrateur, lequel décide de se confier au crépuscule de sa vie et de coucher sur le papier un événement qui l’amena à perpétrer un assassinat.

A vingt et un ans, Sébastien Violette est un jeune homme riche, orphelin et vivant de ses rentes issues de parents notables niçois. Son oncle qui est également son tuteur gère l’entreprise familiale, un commerce prospère de dattes et de café. Afin de lui donner quelques responsabilités il expédie Sébastien en mission à Alexandrie contrôler les comptoirs locaux de la compagnie. Un travail de tout repos qui ne l’occupe guère que les matinées. Il fréquente le Club Champollion, haut lieu de réunion des personnalités françaises désirant tromper leur ennui. Un après-midi, alors que chacun vaque à ses petites occupations favorites, bridge, lecture ou dégustations de cocktails, une rumeur enfle et perturbe le calme qui règne.

Gabriel Prometh est de retour après deux ans d’absence. Désirant devenir écrivain, Prometh s’était tourné vers la médecine par la volonté de ses parents. C’est un digne héritier d’Esculape, praticien remarquable et à l’origine de nombreux dispensaires dans la région d’Alexandrie. Mais un jour, probablement sous l’emprise de la boisson, il s’est conduit scandaleusement dans le club, injuriant les personnes présentes, les insultant de médiocres, ce qui évidemment n’eut pas l’heur de plaire aux membres guindés. Curieux, intrigué par la personnalité de cet original, désirant en connaître davantage, Sébastien Violette se présente chez le revenant et se trouve bombardé secrétaire sans avoir eu le temps de dire ouf, de réfléchir à cette proposition.

L’homme, féru de Rimbaud, n’a qu’une idée en tête, retrouver un manuscrit enfoui dans le territoire amodéen, le Livre de Pao, qui serait une partie manquante de la Bible. C’est ainsi qu’il devient le factotum, secrétaire et garde du corps de Prometh et le suit à Djibouti puis dans l’enfer du désert. Les réactions de Prometh ne sont pas toujours prévisibles, et des faits insolites se produisent auxquels Violette ne prête guère attention. Seul le but compte, surtout pour Prometh qui ne s’embarrasse guère de principes. Un an plus tard l’homme deviendra la coqueluche du tout Paris, mais à quel prix.

Ce roman n’est pas un polar, mais un livre plaisant à lire, écrit comme lorsque les auteurs prenaient le temps de rédiger avec un vocabulaire riche, construisant leurs phrases avec patience et subtilité. C’est aussi pour Eric Fouassier le plaisir de reconstituer une époque, celle de l’après première guerre mondiale, celle des comptoirs français à l’étranger, celle de l’insouciance. Pour donner plus de crédit à cette histoire, Eric Fouassier évoque certains personnages célèbres, ainsi qu’un aventurier, trafiquant et écrivain qui ne peut être autre que Henri de Monfreid.


Eric FOUASSIER : Le traducteur. Editions Pascal Galodé. Parution le 19 aout 2010. 192 pages. 18,00€.

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11 mai 2014 7 11 /05 /mai /2014 17:55

Certains se prennent vraiment pour des personnages importants !

 

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La découverte d’un cadavre au pied d’un mausolée, et plus précisément au Panthéon, cela fait désordre. Normalement les dépouilles gisent à l’intérieur, pas à l’extérieur. Et puis le Panthéon, ce n’est pas le premier reposoir venu.

Le macchabée reposait sur un banc, poignardé à l’aide d’un objet pointu, genre pic à glace, et sur sa poitrine était épinglé un mot, une sorte de poème arithmétique en référence à Diophante considéré comme le père de l’algèbre. Le cadavre était placé dans la crypte du mathématicien Lagrange.

Pour le commandant Gaspard Cloux, attaché au 36 quai des Orfèvres, cette énigme se révèle un excellent dérivatif pour ses problèmes familiaux. Sa femme Clara est décédée quatre ans auparavant dans un accident de la route et depuis il se culpabilise. Ses beaux parents gardent sa fille Estelle, mais les regards qu’ils portent sur lui sont lourds d’accusation. Il leur rend visite en fin de semaine et trop souvent la sarabande infernale des démons qui font le sabbat dans sa boite crânienne perturbe les rares journées des retrouvailles.

Un deuxième cadavre est découvert au cimetière du Père-Lachaise, le corps d’une femme accroché au caveau de Gaspard Monge, autre éminent mathématicien. Un petit mot accompagnant la dépouille comporte une liste de chiffres. Ces rébus n’inspirent guère Cloux et Matthieu Van Phuoc, un stagiaire dont il a la charge, mais de leur résolution pourrait venir la solution. Les recherches dans la vie privée des défunts permettent d’envisager quelques pistes, ainsi que l’enregistrement vidéo des caméras placées au Panthéon.

Bouchereau, le premier défunt, était un homosexuel notoire et son dernier amant en date, un certain Nouredine Choukry qui le fréquentait depuis un plus d’an est actuellement introuvable suite à une dispute. Il semblerait que ce n’était pas l’amour qui avait attiré ce compagnon, mais l’argent. Aurélie Franval, la morte du cimetière, était connue pour ses mœurs libres, n’hésitant pas à aguicher les mâles, passant de l’un à l’autre comme on change de slip, soulevant le gibier sur des sites de rencontres. Ce ne sont pas leurs frasques qu’ils avaient en commun, mais leur spécialité professionnelle, les chiffres. L’un était professeur de math en retraite, l’autre ingénieur météorologue. Lorsque le jeune président fantasque d’un club d’énigmes mathématiques avertit les policiers qu’un paquet contenant un livre a été déposé dans sa boite aux lettres, un embryon de piste est susceptible de se dégager. Seulement il faut interpréter correctement les indices, sinon c’est le fiasco. D’autant que le patron de la brigade de Gaspard Cloux veut, exige des résultats rapides, sa promotion de fin de carrière en dépendant.

Malgré un titre quelque peu rébarbatif qui peut laisser penser que l’intrigue sera absconse et aride, ce roman laisse la part belle aux jeux de l’esprit, sans que les neurones du lecteur soient par trop sollicités. L’intrigue est solide, habilement menée, avec en fond d’histoire, ce que je ne qualifierai pas d’effet de mode mais de coïncidence curieuse, les problèmes familiaux de l’enquêteur. Epouse décédée dans un accident de la route, et un enfant sur les bras, de préférence une fille afin de mieux rendre ambigus les relations.

Seul petit hic dans ce récit par ailleurs maitrisé, c’est le regard posé sur les homosexuels. S’il ne s’agissait que du commun des mortels, on pourrait penser que si l’un des personnages est homophobe, cela fait partie des réalités quotidiennes et que tout un chacun est confronté à ce genre d’opinions négatives. Mais que cela soit exprimé par un homosexuel lui-même, cela sonne faux. L’auteur se substitue à son personnage, et ce genre de remarque gêne, provoque de fausses notes comme des reliquats de chiures de mouches sur un miroir récemment nettoyé.


Eric FOUASSIER : Morts thématiques. Pascal Galodé Editeurs. Parution le 5 novembre 2009. 320 pages. 17,90€.

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11 mai 2014 7 11 /05 /mai /2014 12:38

On voit la paille qui est dans l’œil du voisin mais pas la poutre qui est dans le sien.

 

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C’est ce qu’aurait pu rétorquer Zoya à Mikhaïl Ivanov, l’un des accompagnateurs de la délégation russe composée d’étudiants, venue donner un concert pour la Paix et le rapprochement entre l’URSS et les USA. Alors qu’elle regarde dans sa chambre d’hôtel les programmes télévisés, des dessins animés, Ivanov, jeune agent de la propagande communiste émargeant au Service A, vitupère, lui affirmant que les émissions télévisées ne servent qu’à abrutir les citoyens. Ce n’est pas un simple divertissement, mais une arme essentielle pour se maintenir au pouvoir. On laisse les gens s’évader devant des programmes débiles pour les empêcher de se poser des questions gênantes. Oui, il oublie aussi qu’en URSS la propagande sévit. Sa mission a pour objectif de convaincre les Américains de la supériorité du communisme sur le capitalisme, d’attirer leur attention sur les inégalités inhérentes au système capitaliste et de promouvoir le communisme autrement que par la force ou l’intimidation. Et pour cela il va utiliser Elena, la jeune sœur de dix-sept ans de Zoya, pour convaincre un ancien chanteur noir américain de sortir de sa retraite.

Mais transportons-nous le 21 janvier 1950, à Moscou, place de la Loubianka, au siège de la MGB, ancêtre du KGB. Leo Demidov, vingt-sept ans, ancien militaire couvert de médailles, apprend à Grigori, l’un de ses élèves, à lire entre les lignes un journal intime, à rechercher les sous-entendus cachés, afin de démontrer que le scripteur voulait écrire autre chose que ce qu’il a noté. C’est ainsi qu’il repère des failles ou qu’il interprète à sa façon quelques lignes dans le journal intime d’une jeune femme qui est l’objet d’une enquête de routine. Puis alors que Grigori avait placé le dossier en bas d’une pile, il le place en évidence afin qu’il soit traité en priorité. Il ne sait pas trop pourquoi il agit ainsi, peut-être parce qu’il s’est rendu compté que Grigori était tombé amoureux de la suspecte. Mais une autre tâche l’attend. Il doit accompagner Jesse Austin, chanteur noir américain, acquis à la cause communiste, célèbre aux USA par ses prises de position et ses déclarations lors de ses concerts.

Austin doit aussi participer à un spectacle et tout doit être fait afin que tout se passe bien durant son séjour de deux jours. Un seul mot d’ordre : garantir l’attachement d’Austin aux idées du parti. Il l’emmène donc dans des endroits soigneusement choisis afin de lui montrer le bon côté du communisme et le conforter dans son opinion politique. Il est logé dans un appartement de luxe, mais Jesse Austin ne l’entend pas de cette oreille, et demande à résider comme les moscovites, dans un petit logement, tout simple. Ensuite, dédaignant les grandes épiceries qu’il doit visiter, il se rend dans des petites boutiques de quartiers, alors qu’une file de clients potentiels attendent d’être éventuellement servis. Leo Demidov encourage le gérant à servir tout le monde, ce qui ravit les chalands, mais une petite grand-mère qui est l’heureuse héritière d’une boite d’œufs la fait malencontreusement tomber. La boite ne contenait en réalité que des galets, impropres bien évidemment à la consommation.

Leo, interrogé par Austin, admet avoir une petite amie, ce qui est faux. Il prétend qu’elle se nomme Lena et est enseignante. Alors puisqu’ils doivent emmener Austin dans une école, il le conduit dans un établissement où il connait vaguement une instructrice. En réalité la jeune femme se nomme Raïssa et elle accepte de jouer le jeu.

Quinze ans plus tard, Leo et Raïssa sont mariés et ont deux filles, Elena et Zoya, deux sœurs qu’ils sont adoptés trois ans après leur union. Leo a démissionné de la police secrète et est devenu le directeur d’une usine. Le train de vie n’est plus aussi confortable mais il presque en harmonie avec lui-même. Parfois les réflexes remontent à la surface, et c’est ainsi qu’il découvre sous le matelas d’Elena un carnet intime dont il a juste le temps de lire les premières lignes. Raïssa doit faire partie de la délégation qui se rend à New-York pour une série de concerts où étudiants russes et américains participeront ensembles. Jim Yates, un agent bien noté du FBI, se rend chez Jesse Austin. Le vieux chanteur et sa femme vivent d’expédiant dans un quartier délabré de Harlem. Sa carrière a brutalement dégringolé à cause de ses opinions politiques. Le FBI a lancé des rumeurs, des insinuations sur la vie privée et sexuelle du chanteur, lui brisant sa carrière. Austin avait tenté de se remettre à flot mais les salles de concerts lui étaient interdites, ses disques retirés de la vente, et les rares patrons de clubs susceptibles de l’accueillir étaient menacés de fermeture définitive en cas d’accueil.

Jim Yates veut savoir si Austin a été contacté par des agents russes à propos du concert donné en faveur de la Paix. Yates sait pertinemment que ses services ont intercepté le courrier qui lui était destiné, mais il redoute que des agents du KGB aient pu lui faire parvenir par un autre moyen leur invitation. Malgré les dénégations d’Austin et de sa femme, Yates reste méfiant. Il reste en embuscade dans la rue. C’est alors qu’il aperçoit une jeune fille, qui n’est autre qu’Elena, mais celle entre dans l’immeuble par les arrières, aidée par un commerçant du quartier. Manipulée par Ivanov, elle persuade Austin que sa présence est indispensable sur les lieux du concert.

Ce qu’elle ne sait pas, c’est que de l’autre côté de la rue, dans une pièce dont la vue donne sur celle où sont Austin et Elena, un homme les prend en photo. La prise est bonne. L’adolescente pose sa main sur le bras du vieux chanteur, et en fond de décor figure un lit aux draps froissés. Toutes les interprétations sont possibles.

Le soir du concert, devant le siège des Nations Unies, Austen est présent et juché sur une caisse il commence à haranguer la foule. C’est alors qu’un coup de feu est tiré en provenance de la foule. Elena qui était non loin du chanteur est bousculée et elle se retrouve avec une arme à feu dans la poche de sa veste. Raïssa est accusée du meurtre mais elle ne pourra jamais se défendre car elle aussi est abattue.

Ensuite nous survolons les années, et nous retrouvons Leo Demidov en 1980, à Kaboul où il réside depuis sept ans comme conseiller soviétique spécialisé dans les services secrets auprès du régime communiste afghan. Il n’a pas revu ses filles depuis des années, n’a aucune nouvelle, et il se morfond, se droguant afin d’oublier Raïssa. Mais les images de sa femme sont trop ancrées dans son esprit pour pouvoir l’effacer de sa mémoire. Il décide alors de se rendre à New-York afin de soulager sa conscience, et surtout de retrouver l’agent 6, qui serait à l’origine de la mort par ricochet de sa femme.


tom-rob-smith1.jpgTom Rob Smith montre dans cet ouvrage copieux, trop copieux même car la seconde partie, principalement celle dévolue aux pérégrinations afghanes, ralentit le bon déroulement de l’intrigue, et ne lui apportant guère plus de suspense. L’intérêt réside dans la relation effectuée par l’auteur entre les agissements du KGB et du FBI qui démontrent des similitudes dans leur accomplissement de leur mission de propagande et de répression. Ces deux agences utilisent les rumeurs, les insinuations, les fausses informations, choisissant avec rigueur ce qu’il faut montrer et ce qu’il faut cacher. La manipulation, les photos truquées, les mensonges éhontés, la répression organisée au service de l’idéologie, les menaces à l’encontre des membres de la famille, tout est bon pour casser psychiquement un opposant au régime. Ou supposé tel.

Austin fait partie des idéalistes sincères aux paupières closes, refusant de regarder la réalité en face, et des victimes de la propagande organisée, véhiculée par des partisans pas forcément intègres. Même si au cours de son voyage à Moscou il désire se plonger au cœur de la ville afin de se faire sa propre opinion. Son engagement politique est porté par l’envie de combattre la ségrégation dont sont victimes ses frères de couleur mais le FBI ne rechigne devant aucune malveillance pour briser toute velléité. Au contraire tout est fait pour le discréditer. Et plus que sur les magouilles, les manigances, les mystifications, les faux-semblants, les manipulations du KGB, l’auteur s’en prend sur celles du FBI, l’agence toute puissante aux mœurs et agissements délétères. Un roman profond, qui ne sombre pas dans l’apologie ou l’idéologie américaine au contraire, et malgré quelques longueurs se révèle une véritable étude comportementale d’un système, qu’il soit russe ou américain, destiné à asservir des citoyens. Seul l’épilogue est un peu convenu sans véritablement impressionner le lecteur qui s’attend à une telle conclusion.

 

 

Tom Rob SMITH : Agent 6 ( Agent 6 – 2011. Traduit par France Camus-Pichon). Première édition Belfond, collection Belfond Noir - 2 mai 2013. Réédition Pocket , collection Romans étrangers. N° 15472. Parution le 7 mai 2014. 608 pages. 8,40€.

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