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7 septembre 2014 7 07 /09 /septembre /2014 08:44

Hommage à Tristan Bernard né le 7 septembre 1866.

 

Mathilde.jpg


Célèbre pour ses pièces de théâtre et ses romans, ses mots d'esprit et ses mots croisés, inventeur du Jeu des petits chevaux en 1936, Tristan Bernard fut un prosateur prolixe. Mais connaissez-vous ce roman policier, Mathilde et ses mitaines, qui a bénéficié de nombres rééditions ?

Le jeune Firmin Remongel, dont le père est fabricant de chapeaux de paille à Vesoul, s'est installé dans le quartier parisien de Belleville afin de poursuivre ses études de droit. Austère et laborieux il ne sort pas le soir comme la plupart de ses condisciples. Pourtant il faut bien se résoudre à quelques compromissions et il a participé ce soir là à un dîner trimestriel d'une société d'étudiants francs-comtois. En rentrant chez lui il n'est guère rassuré car il lui faut traverser quelques rues inquiétantes. La veille il avait été réveillé par un cri venant de la rue et avait aperçu deux silhouettes s'enfuir au coin de la rue.

mathilde1.jpgArrivé près de son logis il aperçoit derrière lui quelques individus et il court, tremblant de peur car le concierge ne lui ouvre pas assez rapidement la porte. Enfin à l'abri dans son studio, il peut se coucher jusqu'à ce qu'il entende à nouveau un cri dans la rue. Il redescend immédiatement et trouve une jeune femme allongée près d'un bac de gaz. Elle est choquée. Il la monte dans ses bras jusqu'à sa chambre et la soigne. Deux scarifications en forme de croix lui balafrent l'épaule. Elle dit se prénommer Rose sans plus d'explications et lorsqu'elle apprend l'heure elle s'affole. Il lui faut rentrer chez elle. Il l'accompagne jusqu'à une ruelle où se tient une maison basse. Elle frappe à la porte d'une boutique et requiert auprès du vieil homme qui ouvre l'huis son chapeau. Puis ils affrètent un cocher non loin et Rose demande de la conduire à l'Etoile. En bas de chez lui deux hommes qui semblent chercher quelque chose, là où gisait peu de temps auparavant Rose. S'ensuit un bref entretien au cours duquel les deux individus lui demandent s'il n'aurait rien vu d'anormal, puis enfin Firmin peu remonter chez lui.

Le lendemain Firmin, tombé amoureux de Rose, décide d'éclaircir ce mystère avec l'aide d'un de ses compatriotes, un inspecteur de la Sûreté nommé Gourgeot. Auparavant il fouine près de la boutique. La raison sociale est cachée par un calicot et la concierge qui procède à la lessive lui apprend que la boutique est fermée. Elle a été louée mais les locataires sont partis le matin même alors que le terme n'était pas arrivé.

Au cours du repas avec Gourgeot il fait connaissance de Mathilde, la femme du policier. Mathilde, contrairement à son mari qui est assez imposant pour ne pas dire gros et blond, ressemble à une petite paysanne du Morvan, au teint basané, aux durs yeux noirs, vouvoyant son mari. Mais sous des dehors revêches elle se montre particulièrement perspicace et sert souvent d'aide précieuse à son mari lors de ses enquêtes.

Et c'est ainsi que Firmin et Mathilde remontent la filière, découvrent Mathilde2.jpgenterré dans la cave de la boutique miteuse un cadavre dont l'épaule porte les mêmes stigmates que Rose, trouvent un passage secret que viennent d'emprunter quelques individus, recherchent le domicile de Rose, ainsi que son identité, et partagent d'autres péripéties parfois savoureuses ou périlleuses. Et Firmin se rend compte que sous des dehors parfois peu amènes, Mathilde est redoutablement efficace dans sa façon de procéder pour délier les langues, se sortir de situations délicates, et obtenir des renseignements. D'ailleurs Gourgeot ne tarit pas d'éloges sur sa femme : C'était désormais pour lui une bonne chercheuse de vérité, qui n'avait pas à sa disposition des moyens d'investigations bizarres ou merveilleux, mais qui se servait admirablement de ses ressources humaines. De nos jours, les ressources humaines ont une tout autre signification, qui n'est pas à l'honneur du technocrate qui a imposé cette appellation politiquement correcte mais qui cache une nouvelle forme d'esclavagisme.

Toutefois l'estomac de Mathilde lui joue des tours, le brûle, et elle est astreinte à absorber diverses concoctions. Son mari possède des médicaments plus efficaces puisqu'il lui donne comme traitement un petit verre de Kirsch, les remèdes de grand-mère s'avérant, dans l'esprit de bien des gens plus efficaces que les produits pharmaceutiques.

 

Sous la plume alerte de Tristan Bernard, le Paris d'avant-guerre, la première guerre mondiale je précise, se dévoile avec ses quartiers plus ou moins mal famés, ses ruelles et ses boutiques vétustes, ses concierges qui ouvrent les portes de chez eux à l'aide d'un cordon, ses becs de gaz censés éclairer les rues, et ses apaches. Aujourd'hui on appelle plus volontiers ces tristes individus voyous, malfrats ou loubards. La conversation entre un patron de bar et un client est assez édifiante à ce sujet.

C'est égal ! Qu'est-ce que fait la police ?

Oui, dis-moi un peu qu'est-ce qu'elle fait ? On a beau penser : c'est des apaches, ils s'abîment entre eux et ça n'offre pas d'inconvénients, n'empêche que toi, dans ton métier, qui rentres tard, tu vas tomber dans une dispute d'un de ces voyous, tu ne t'occuperas pas de prendre parti pour l'un ni comme pour l'autre, mais il suffit que tu soyes là pour que ces petits propres à rien, dont il y en a beaucoup qui n'ont même pas seize ans, ils vont s'amuser, toi qui ne leur dit rien, à te faire ton affaire.

Ceux qui pensent qu'aujourd'hui nous vivons un siècle bizarre où tout est permis et que les gamins ne devraient pas sortir le soir, peuvent se rendre compte qu'avant c'était pareil. Rien n'a changé, seule la mémoire est sélective et défaillante.

Tristan_Bernard_160x192.jpgTristan Bernard décrit le Paris qu'il a sous les yeux tous les jours mais avec la naïveté d'un provincial. Firmin ne connait que le Faubourg du Temple de par les voyages effectués depuis vingt-cinq ans par son père. C'est à ses yeux un endroit sûr et comme Belleville n'est pas loin, il a décidé de s'y installer. Pour le reste de la capitale, il s'agit d'un vaste Paris mal connu et suspect. Un préjugé sur lequel Firmin reviendra en compagnie de Mathilde lorsqu'il est amené à découvrir le boulevard de Courcelles, le parc Monceau et leurs environs. Un Paris dans lequel Léo Malet a évolué et qu'il a restitué dans ses romans, mais déjà cela avait bien changé.

Au passage, Tristan Bernard égratigne l'administration, la police, montrant un commissaire de quartier se reposant sur ses secrétaires, imbu de lui-même, préférant parader dans des concerts plutôt que de s'occuper réellement des affaires qui lui incombent. Monsieur le commissaire observe fidèlement les prescriptions du repos hebdomadaire.

Un roman plaisant à lire comme tout roman qui restitue une époque vécue par l'auteur.


Tristan BERNARD : Mathilde et ses mitaines. Préface de René Blum. Illustrations intérieures de J.-G. Daragnès. Première publication 1912. Réédition Calmann-Lévy, collection illustrée à 2 Francs. 1921. 96 pages.

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6 septembre 2014 6 06 /09 /septembre /2014 13:40

 

Y'a comme un lézard !

 

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Franchement, il y en a qui n'ont vraiment rien à faire de leurs journées. Téléphoner au bureau du shérif pour signaler qu'un type se balade en ville avec un lézard long d'un mètre, cela ressemble à une bonne farce. Et quand dix minutes plus tard une autre personne affirme que le bestiau mesurait deux mètres, qu'il était tenu en laisse, c'est à se demander s'ils n'ont pas un peu trop abusé de l'alcool de grain. Et s'il n'y avait que ces deux là ! D'autres vont même jusqu'à affirmer qu'un de leur concitoyen se laisserait aller à quelques privautés à l'encontre d'un... Chacun trouve son plaisir comme il le peut, ceci ne nous regarde pas !

Dan le shérif a autre chose à faire, plongé qu'il est dans ses revues Marvel, se délectant des aventures des supermen issus de l'imagination baroque d'auteurs cherchant toujours et de plus en plus le sensationnel. Et Dan n'aime pas être dérangé pour des futilités.

Il se sent toutefois obligé d'aller vérifier les assertions téléphoniques, ses adjoint étant indisponibles. Sam est cloué au lit par des crises de colique néphrétiques frénétiques, Frank fête dignement la venue au monde de son sixième bambin et Marty est affecté à la bonne tenue de la boutique, c'est à dire standard, paperasserie et intendance.

La dernière personne à avoir vu la bestiole est quelqu'un de fiable. D'ailleurs elle précise que l'animal ressemble plus à un iguane qu'à un lézard et que le type qui le promenait circulait à bord d'un Dodge noir. De pérégrination en périple à travers la petite ville, Dan arrive chez sa sœur. Seulement un problème se présente là aussi. Il entend des coups de feu. Ce n'est que sa nièce qui tire avec un fusil. La complication réside dans ce que Mary est aveugle. La sœur de Dan, pour justifier l'usage de l'arme à feu argue qu'une semaine auparavant l'état de l'Iowa a décidé d'autoriser les malvoyants à posséder une arme. D'ailleurs c'est inscrit dans le deuxième amendement de la constitution. Dan a beau rétorquer qu'ils ne sont pas dans l'Iowa mais dans le Mississipi, rien n'y change. Parfois les autorisations font tâche d'huile. Mais la question n'est pas là, il faut mettre la main sur le conducteur de lézard.

Entre les chapitres, une petite voix s'élève, comme une prière, une invocation, une quémande insistante.

 

Comme à son habitude Marcus Malte enrobe un sujet grave dans une atmosphère humoristique et burlesque qui décontenance et déconcerte au premier abord. Le lecteur peut se croire dans une histoire de western pas terne mais ce n'est juste que pour mieux l'appâter. Car au fur et à mesure qu'il avance dans le récit il se rend compte que si le lézard, ou quel qu'il soit comme animal, n'est pas vraiment à sa place, c'est que celui qui le mène, comme Marcus Malte mène son lecteur, est l'un des éléments primordiaux de l'histoire. Animal hors d'âge, oui, mais pour un comportement ancestral qui n'a pas lieu d'être dans un pays sensé être civilisé.

Quant aux illustrations de Juillard, elles sont toujours aussi sobres, précises, minutieuses, évocatrices.


Marcus MALTE & André JUILLARD : Les Cow-boys. Petits Polars du Monde 2014 N°7. 64 pages. 2,50€.

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6 septembre 2014 6 06 /09 /septembre /2014 09:20

Bon Anniversaire à Andréa Camilleri né le 6 septembre 1925.

 

Andrea_Camilleri_2010_by_Marco_Tambara.jpg


Andréa Camilleri est devenu à la fin des années 1990 l’auteur fétiche du Fleuve Noir avec Sandra Scoppettone, pour le domaine polar, est à l’honneur avec un recueil de nouvelles : La démission de Montalbano.

Nous retrouvons donc ce commissaire opérant à Vigata, petite ville imaginaire de Sicile, entouré de son équipe composée de l’adjoint Augello, de Gallo, Galazzo, Fazio et du gaffeur Catarella, dans des aventures qui s’apparentent à celles vécues par le commissaire Maigret ou encore celles du commissaire Joubert, héros imaginé par J.C. Aschéro et dont les exploits furent diffusés sur France Inter et dans une série éditée au Fleuve Noir à la fin des années 80 (1980 je précise).

demission.JPGMontalbano est un solitaire, un humaniste, un gastronome et s’il prend son métier à cœur, il possède d’autres pôles d’attraction. Toutefois ses relations avec Livia, qui vit sur le continent, sont houleuses, épisodiques, charnelles parfois, lorsqu’il en a le temps et l’envie.

Un petit cambrioleur qui assiste à une drôle de mise en scène jouée par les occupants d’un appartement jouxtant celui qu’il allait violer; un berger qui découvre le corps d’une femme et alerte la police à l’aide d’un portable; un individu qui tire sur de vieilles dames dont il vient d’arracher le sac à main, les premières fois à blanc; un appel au secours écrit sur un bout de papier et retrouvé dans une jarre de terre cuite achetée sur le marché; un interlocuteur qui enjoint le commissaire, alors qu’il déjeune dans un petit restaurant où il possède ses habitudes, d’exécuter proprement un travail pour lequel il aurait déjà perçu une avance; un employé de mairie décédé à la suite d’un accident de la circulation alors qu’il rentrait chez lui en état d’ébriété, ce qui peut arriver à tout un chacun sauf que le mort en question ne pouvait pas boire une goutte d’alcool, voici quelques-unes des enquêtes confiées à notre héros. Sans oublier la nouvelle éponyme du recueil, dans laquelle le héros se confronte à son créateur.

Un régal que ce recueil composé de vingt nouvelles qui se dégustent comme ces gourmandises que l’on achète. On en prend une, puis deux, puis trois, puis bientôt le sachet est terminé alors que l’on se promettait d’en garder pour le lendemain. Humour, humeur, pour les aventures pittoresques d’un commissaire épicurien qui privilégie les instants de méditation sur la plage aux mouvements de foule.

 

 

Andrea CAMILLERI : La démission de Montalbano. (première édition Grand Format, Fleuve Noir - 2001. Traduction Serge Quadruppani). Réédition Pocket mai 2005. 352 pages. 6,80€.

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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 14:00

Rêveries ou cauchemars ?

 

roche-lalheue-copie.jpg

 

Grand-Mère est vraiment impossible. Marie et Jeanne, ses petites filles ont beau faire, grand-mère se conduit en vieille dame indigne, se rendant infecte auprès d'elles. Elle les tyrannise, les persécute, leur en fait voir de toutes les couleurs et même de toutes les odeurs.  

Marie surtout subit la mauvaise humeur de cette grand-mère acariâtre, tandis que Jeanne, elle, court le guilledou allègrement. Le vieux castel délabré dans lequel elles vivent manque de présence masculine, et il faut bien rechercher ailleurs le réconfort ou l'épaule tutélaire qu'on n'a pas à la maison. Quant au point de vue voisinage, ce n'est guère folichon. Jusqu'au jour où Marie rêve d'un pays et d'un homme, inconnus tous deux. Un homme attirant physiquement, et à qui apparemment elle produit une forte impression.

Et réciproquement. Ses phantasmes se libèrent. Un rêve troublant qui la poursuit éveillée, et Marie ne sait plus dans quel monde étrange elle évolue. Deux mondes oscillent en elle, se partageant son corps. Un phénomène qui fait tâche d'huile et Jeanne également se trouve en proie à ces curieux phantasmes. Marie la Sage et Jeanne la délurée, si dissemblables dans la vie réelle se rejoignent au travers de leurs rêveries érotiques.  

La Mort rôde, sanglante, barbare, et les faits corroborent la fiction. Imagination de jeune fille frustrée ou diversion démoniaque ? Réalité ou vision ? Les chimères gangrènent la raison, à moins que tout ne soit qu'interférence.

Rêveries ou cauchemars ? 

 

roche-lalheue2.jpgDans ce roman à essence onirique, Hugues Douriaux utilise les thèmes récurrents du fantastique: le mythe de la vie éternelle et celui de la dimension parallèle. Deux mythes qui perdurent à travers les âges, fascinant le commun des mortels et non seulement l'écrivain. Deux allégories au service d'un combat plus vieux que le monde, celui du Bien et du Mal. Entre les Ténèbres et la Lumière, entre le Chaud et le froid, entre le Négatif et le Positif, Entre Satan et Dieu, entre le Nord et le Sud, entre ces deux entités qui se partagent la Mort et la Vie, les jeunes filles sont ballotées, trimbalées, manipulées, et le cartésianisme d'un officier de police ne pourra résoudre leur dilemme. Seule la force de caractère l'emportera, mais qui sera le vainqueur ?

 

Réédition version numérique chez L'ivre-Book au prix de 2,99€.

 

 

Hugues DOURIAUX : Roche-Lalheue. Editions Fleuve Noir, Collection Anticipation N° 1844. Parution novembre 1991. 192 pages. Réédition L'Ivre-Book. Parution le 5 septembre 2014.

ISBN : 978-2-36892-082-4

 

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5 septembre 2014 5 05 /09 /septembre /2014 08:17

Tu seras la poubelle... Pour aller danser...

 

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Affecté depuis six mois à la brigade du 9-3, c'est à dire en langage non codé en Seine-Saint-Denis, Yvan ne pensait que la simple arrestation d'un proxénète allait l'emmener jusqu'à Marseille et mettre les pieds dans la merde.

Arrêté alors qu'il relevait les compteurs, le maquereau avait passé un marché avec Yvan. Il lui refilait une affaire qui ne sentait vraiment pas bon, et en échange le policier fermait les yeux sur l'origine de ses revenus. Après mûre réflexion Yvan avait accepté.

Une usine du coin chargée de collecter les résidus se débarrasse de ses produits dangereux et toxiques en les convoyant par camions vers des décharges illégales au lieu de les répartir vers les sites officiels de traitement. Et cela rapporte beaucoup à l'usine de récupération ainsi qu'aux industriels qui se débarrassent de leurs cochonneries à moindre coût. L'homme sait de quoi il parle ayant travaillé deux mois dans le site incriminé, seulement il ne sait pas où sont envoyés les détritus encombrants et dangereux. Une affaire autrement plus coriace que de s'attaquer à de petits marlous et qui peut signifier un avancement appréciable.

Yvan en informe son supérieur mais les preuves faisant défaut il faut établir un système de surveillance. Au bout de plusieurs semaines, enfin le grand voyage va commencer.

Deux équipes sont sur le pont, ou plutôt sur les routes. Yvan et Franck forment la première paire tandis que deux autres collègues sont chargés de les remplacer et de superviser.

Commence un long périple de la banlieue jusque dans le sud, peut-être Marseille, à se relayer, la première voiture roulant à quelques centaines de mètres du camion, l'autre se déplaçant allègrement devant le petit convoi ainsi formé. Ils communiquent via un portable, sauf lorsque celui-ci est éteint pour une raison indéterminée, et sont aidés grâce à un GPS mouchard. Puis le dispositif de surveillance est inversé.

Mais tout ne se déroule pas tout le temps comme prévu. Il faut compter sur les aléas, les arrêts, les coups de gueule des uns et des autres, et surtout ne pas se faire repérer lors des haltes imputables aux nécessités de la nature. Remplissage d'estomac et vidage de vessie.

 

Cette pérégrination n'est pas sans danger, mais le convoyage de déchets toxiques ne l'est guère moins. On pourra rapprocher ce thème à des affaires récentes qui empoisonnent l'existence de bons nombre de citoyens à cause des décharges sauvages ou celles qui sont crées avec l'aval des pouvoirs publics afin de complaire à des industriels qui pensent en priorité au confort de leur bourse. Les habitants de l'Orne peuvent en témoigner avec l'histoire de Nonant-le-Pin, et je vous invite à lire à ce propos le roman de J.M. Brice, Infiltration, paru aux éditions Territoires Témoins.

Comme pour tous les titres de cette collection l'éditeur s'entretient avec l'auteur. L'origine de ce roman, qui s'inscrit dans un épisode réel, les exportations, les raisons des trafics et autres éclairages, le tout avec un grand nombre de références que le lecteur pourra consulter avec profit, pédagogique et intellectuel, via les nombreux sites proposés.

Dans la même collection des Romans de la colère on pourra également diriger le curseur de sa souris vers les liens suivants :

Zina et Lechien de Marc Villard; L'honneur perdu du commandant K de Roger Martin.

Voir également l'avis de Claude Le Nocher sur Action-Suspense.
J. ZOLMA : Les poubelles de Babylone. Collection Osaka, Les romans de la colère. Oslo éditions. Parution le 19 juin 2014. 74 pages. 9,00€.

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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 09:53

Curieusement Ginette Briant, une soixante de romans à son actif, n'a pas eu les honneurs du DILIPO ou du Dictionnaire du roman populaire francophone . Pourtant elle le mériterait, son œuvre étant influencée par la littérature policière britannique.

 

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Journaliste criminel par goût, par passion, et un peu en hommage à son père qui fut détective privé, Smart Wilson, à 28 ans vit seul dans un grand appartement de Dublin. Célibataire, élégant, agréable physiquement et spirituellement, Smart ne compte plus ses conquêtes féminines. Pourtant il ne jure que par sa profession. Des enquêtes dans lesquelles il se jette corps et âme, et dont il en extrait jusqu'à la moindre substance afin de rédiger des articles violents, moralisateurs, humoristiques, corrosifs, mais surtout, accusateurs, dénonçant les magouilles de toutes sortes.  

Deux affaires le préoccupent à des stades d'iintérêt différent, mais qui mettent en émoi la cité de Dublin. D'abord un scandale immobilier qui risque de mettre sur la paille bon nombre de petits propriétaires. Ensuite une vague de crimes perpétrés sur des jeunes femmes par un tueur mystérieux et fétichiste.

S'inquiétant pour la vie de sa femme Mégan, Robert J. Malcolm, célèbre et richissime homme d'affaires britannique qui partage son temps entre l'Angleterre et l'Irlande, afin de faire plaisir à sa femme native de la verte Erin, Malcolm requiert les services de Smart en raison de sa probité, de sa hargne, de son sérieux, et de ses antécédents. Depuis quelque temps un inconnu la harcèle au téléphone, mais plus que les paroles ce sont les silences qui inquiètent et jettent la perturbation. Au bout du fil un souffle, une respiration saccadée qui plonge dans l'angoisse son interlocutrice. Smart accepte cette mission pour 1es beaux yeux de la jeune femme et bientôt il se sent irrémédiablement entraîné, happé, comme englouti dans ces deux lacs couleur de ciel. Son cœur se partage entre la raison et la folie; la raison représentée par Bella, une authentique représentante de la noblesse qui par goût, consacre son temps aux animaux du Zoo, et la folie personnifiée par Mégan, cette mariée anxieuse, délaissée, instable, d'origine roturière. 

Pendant ce temps le Tueur fou de Dublin continue ses méfaits.  

Dans une ambiance typiquement britannique, où la lande, l'atmosphère, l'amour des animaux prennent une grande place, Ginette Briant nous entraine dans une double histoire.  

Roman criminel, Un loup sur la lande est surtout un roman d'amour dans lequel Smart Wilson se débat confronté à deux éléments féminins, aussi attachantes l'une que l'autre. Quant à la trame policière, malgré l'utilisation de certains poncifs et thèmes ayant largement faits leurs preuves depuis des décennies, et que je n'évoquerai pas afin de préserver le mystère et ménager le suspense, elle est développée sur un rythme soutenu. Ginette Briant a du métier et sait décrire ses personnages, leurs sentiments, relancer l'action au bon moment, et si la conclusion est convenue, le dénouement évolue par paliers, comme dans tout bon suspense qui se respecte.


ginette briant1Ginette Briant semble préférer le rôle dévolu à Watson dans les aventures de Sherlock Holmes à celui du détective, ou à tout le moins, reconnaitre ses apports positifs dans le déroulement et l'épilogue des enquêtes. Ainsi page 84 elle fait dire à l'un de ses personnages : Sherlock Holmes sans Watson n'aurait pas eu le succès que l'on sait. Ou encore page 100 : Sherlock Holmes était intuitif, mais Watson ne manquait pas d'opportunité.


Et comme je suis friand de citations, que pensez-vous de celle-ci : Il crut bêtement ce qu'elle lui disait, en vertu du fait qu'un amant fait confiance à la femme qu'il aime, du moins dans les premiers temps.

 

 

Ginette BRIANT : Un loup sur la lande. Collection Les Maîtres de la Littérature Policière. Editions du Rocher. Parution 15 juin 1991. 224 pages.

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2 septembre 2014 2 02 /09 /septembre /2014 14:05

La guêpière, aujourd'hui le frelon...

 

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Se retrouver à la baille, un soir de cuite, cela peut arriver. Se noyer par la même occasion, aussi. Mais laisser vierges de toutes empreintes, le volant de son véhicule et les poignées des portières, c'est vraiment dépasser les bornes.

Le cadavre retrouvé dans les eaux de la Deûle n'a pas apprécié ce bain de minuit. Il s'agit de Magnard, un jeune loup aux dents longues qui fêtait sa toute nouvelle promotion à CPT (Crédit pour Tous), en compagnie de quelques collègues. Vaillant et Ponçon n'ont pas participé aux libations, frustrés de s'être laissés distancés alors que la place leur était promise par voie de ricochet. Un avancement qui tombe à l'eau. Ils se sont vaguement réconfortés dans un autre bar et éméchés ils sont rentrés chez eux. A près de 1 heure du matin pour Vaillant qui ne l'était guère mais a réussi à faire croire à sa femme Marie-Noëlle qu'il n'était que 23h15. Enfin c'est ce qu'il pense car subrepticement elle a consulté son réveil.

Le capitaine Marc Flahaut de la PJ de Lille hérite de ce dossier à peine rentré du Québec où il a passé quelques jours en compagnie de son amie, restée elle sur place. Normalement ce sont les agents de la Sûreté qui devaient démêler tout ça mais ils sont débordés, manque récurrent d'effectifs. Tout naturellement il entame son enquête en se rendant sur place, recueillant le témoignage de la vieille dame qui a signalé la présence inhabituelle d'une voiture sur les berges de la Deûle, un endroit calme et guère fréquenté. Outre le manque d'empreintes, des fils de tissu, provenant probablement d'un costume bleu, ont été relevés sur la banquette par la Scientifique. Puis il interroge les deux principaux intéressés, les bénéficiaires de cette mort, les sieurs Vaillant et Ponçon, ainsi que leurs femmes.

Marie-Noëlle se contente de réciter la leçon apprise concernant l'heure de rentrée ainsi que sur quelques petits détails. Elle a travaillé comme enseignante avant son mariage mais depuis son mari préfère qu'elle reste à la maison à élever leurs trois enfants. Toutefois elle s'est dégottée une petite occupation. Elle donne des cours d'alphabétisation à Lambersart à des personnes en difficulté, des adultes principalement. Elle y a fait la connaissance de Nassima, fille d'émigrés, la trentaine avancée, qui la prend sous sa coupe. Or Nassima, qui travaille dans une boîte d'informatique connait bien les cadres de CPT car elle est amenée à installer des logiciels sur les ordinateurs. Et elle surprend certaines conversations qui l'interloquent.

Flahaut fait la connaissance de Nassima et c'est un peu grâce à elle qu'il va continuer son enquête, en marge car non seulement d'autres affaires le requièrent mais de plus il en est dessaisi au profit de la Sûreté qui a récupéré son effectif.

Si le lecteur se doute dès le départ de l'identité du ou des meurtriers de Magnard, l'intérêt du roman se porte non seulement sur la façon de procéder et les circonstances de découvertes des preuves mais également sur les à-côtés. L'ambition démesurée d'un jeune cadre dynamique qui veut tout révolutionner, afin d'obtenir de l'avancement en marchant sur les pieds de ces collègues. Mais aussi sur cette antinomie comportementale entre deux femmes, Nassima et Marie-Noëlle. Nassima est une femme libérée, émancipée mais en proie au doute et au stress, se rongeant les ongles à longueur de temps. Marie-Noëlle est soumise au diktat de son mari, un peu nunuche, simple et naïve. Et Nassima va la bousculer, lui insufflant le goût d'écrire des textes afin de lui permettre de se rendre compte qu'elle est capable de s'extérioriser, de sortir d'une léthargie peut-être confortable mais guère enthousiasmante. Des nouvelles gentiment érotiques qui comblent un vide charnel. Et comme Marie-Noëlle n'est guère délurée Nassima va même jusqu'à l'emmener dans un commerce de vente de lingeries fines et coquines. Ce qui justifie le titre de ce roman qui à l'origine devait s'appeler La guêpière de velours rouge. Ce qui eut été pas mal non plus. Elles représentent les deux facettes sociales qui vont à l'encontre des idées reçues.

cluytens1.jpgMais certains événements éclairent aussi les débordements des cités et surtout l'origine de certaines de ces manifestations dont la genèse n'est pas souvent imputables à des énergumènes ciblés par les rumeurs malsaines.

Un roman plus profond qu'il y parait, engagé, et mettant en lumière des idées préconçues qu'il faudrait parfois évacuer. Nous sommes dans le cadre d'un roman humain, humaniste même, qui peut déranger des intégristes confits dans leurs convictions, loin de l'humour qui se déploie avec saveur dans un autre roman de Lucienne Cluytens : Miss Lily-Ann. Et souvenez-vous que souvent les apparences sont trompeuses.


Lucienne CLUYTENS : La mort en guêpière. Editions Ravet-Anceau, collection Polars en Nord N°95. Parution le 18 novembre 2011. 258 pages. 11,00€.

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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 12:34

Bon anniversaire à Tonino Benacquista né le 1er septembre 1961.

 

benacquista.jpg


Il y a des services qu'on ne peut refuser à un ami, même si cette amitié s'est effilochée au fil des ans. Et c'est alors qu'on se dit qu'on aurait mieux fait de ne jamais avoir appris à lire et à écrire.  

Lorsque Dario demande à Tonio de lui rédiger une lettre d'amour destinée à une certaine madame Raphaëlle, pensait-il aux conséquences, et supposait-il que Tonio allait être entrainé dans un engrenage infernal ? Surement pas, et Tonio encore moins. 

Bon prince Tonio rédige donc cette missive pour apprendre quelques jours plus lard non seulement le décès de son ami, mais de plus qu'il en est l'héritier. D'un petit lopin de terre en Italie, d'un mauvais vignoble dont le vin n'est même pas buvable. Les raisins, c'est bien connu, renferment des pépins et ceux-ci tombent sur le coin de la tête de Tonio sous forme de pruneaux. Alors Tonio décide de partir en Italie, de retourner aux sources en quelques sortes. Là-bas le fils de l'émigré Rital sera accueilli comme un touriste, un étranger. D'autres que lui s'intéressent à ces quelques arpents de terre. Il ne faut, pas oublier que l'Italie, outre 1es pâtes. a exporté également des truands. Et ceux-ci lorsqu'ils sentent, l'odeur de l'argent frais n'hésitent pas à retourner sur la terre de leurs ancêtres.  

Tonio en fera les frais, mais lorsque le vin est tiré il faut le boire. Tonio ne sait plus à quel saint se vouer.Peut-être à Sant'Angelo, dont une chapelle dédiée à sa mémoire a été élevée sur l'un des vignobles de Tonio. El il n'est pas dit que Tonio aura effectué le déplacement en vain. En vin, serait plus exact.  


Tonino Benacquista était un peu mon auteur fétiche. Celui qui a débuté en littérature alors que je balbutiais mes premières chroniques devant un micro. Et, depuis je l'ai suivi avec un intérêt croissant.

benacquista1.jpgParce que Tonino Benacquista s'améliore à chaque roman. Mais parce que ses romans reflètent une justesse de ton rarement utilisée. Tonino Benacquista puise dans le réel, dans le vécu pour y imbriquer sa portion d'imaginaire. Les personnages qu'il met en scène sont crédibles. Tonino est tout ou partie du héros et les protagonistes ne sont uniquement issus de son imagination. L'histoire qu'il raconte est imprégnée de faits réels, qui sont arrivés à lui ou à sa famille. De son expérience, de ses souvenirs il alimente la trame de ses ouvrages, et il est difficile de dissocier l'imaginaire, la fiction de La réalité, tant ceux-ci sont en symbiose.

D' le parfum d'authenticité qui s'en exhale. De plus Tonino Benacquista écrit pour le plaisir, même s'il accouche dans la douleur. Il prend son temps, peaufine ses phrases, tout en restant sobre dans la narration. Lire Benacquista est un réel plaisir, une dégustation que l'on savoure, comme ses recettes de pâtes ou son café. Je pourrais vous entretenir de Tonino pendant des heures, mais à quoi bon, le talent parle pour lui et nettement mieux que je ne saurais le faire.

Chronique radiophonique écrite en avril 1991.

Ce roman a obtenu le Grand Prix de Littérature Policière 1992.

Existe également en format Kindle.

Tonino BENACQUISTA: La commedia des ratés. Série Noire No 2263. Parution avril 1991. Réédition Folio policiers. 1998. 240 pages. 6,20€.

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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 08:04

Des reliques du Débarquement, il en existe encore...

 

le-jour-j-du-jugement.jpg


La guerre est terminée depuis plus de trente ans. Pourtant dans ce petit coin de la Suisse Normande, pas loin de Falaise, un char américain, un Sherman, reste abandonné sur le bord de la route. Et s'il est là en sentinelle, ce n'est pas pour rappeler les ravages de la guerre et du Débarquement, comme ceux stationnés à Utah Beach. Non, en fait les autochtones en parlent souvent avec réticence et, d'après eux, il servirait de prison.

Dan Mac Cook cartographe qui établit des relevés topographiques afin d'illustrer le livre d'un ami, ne se contente pas de ces vagues explications et, curiosité aidant, veut approfondir ce mystère.

La tourelle est scellée et posé dessus se dresse un crucifix. Pourquoi ce char de combat n'a-t-il point été récupéré par les Américains à la fin de la guerre ? Quelle était cette étrange compagnie dont il faisait partie et qui officiellement n'existait pas ? Pourquoi ces tanks étaient-ils tous peints en noir ? A qui appartiennent les voix que l'on peut entendre parfois s'échappant de l'intérieur de l'engin de guerre ? Autant de questions que se pose Dan et auxquelles il se promet de répondre en compagnie de Madeleine, une paysanne de la région.

Une aventure qui les entraînera jusqu'à Londres en un final grandiose et démoniaque.


masterton.pngGraham Masterton auteur du plaisant Portrait du Mal fait partie de la nouvelle génération des auteurs talentueux et prolifiques de fantastique cauchemardesque. Cependant j'ai relevé quelques bizarreries dans ce roman, bizarreries dues soit à l'auteur soit au traducteur. Ainsi tous les paysans normands que rencontre Dan parlent anglais. Ensuite ils boivent du calvados en guise d'apéritif, une coutume que j'ignorais. En réalité, à cette époque où l'apéro n'était pas encore devenu un rite, à toute heure du jour un café était proposé au visiteur. Bien entendu le cruchon de calva était déposé sur la table et une lichette était versée dans le café pour le refroidir. Puis en milieu de dégustation une nouvelle lichette était ajoutée car le café était toujours un peu trop chaud. Lorsque la tasse était vide une dose de calva était transvasée afin de rincer la tasse et une dernière tournée était proposée pour apprécier à sa juste valeur cette boisson revigorante.

Enfin, cette petite phrase que ne manqueront pas d'apprécier nos douces et tendres jouvencelles : Elle était très jolie pour une Normande. Cela laisserait-il supposer qu'en règle générale ne vivraient en notre belle province que des laiderons ? Pour finir erreur de traduction ou faute d'inattention de la part du traducteur : J'avais payé ce magnétophone 189 francs. Une petite phrase suivie de cette note : en ancien francs bien sûr puisque ce livre est paru en 1978. Bon disons que le magnéto coûte 1,89 francs et n'en parlons plus, d'autant que maintenant cela ne dira plus grand chose à nos adolescents, puisque nous évoluons dans le monde de l'Euro. Mais ceci n'enlève en rien le plaisir de la lecture.


Graham MASTERTON : Le Jour J du Jugement (The devils of D Day, 1978. Traduction de François Truchaud). Première édition NEO fantastique N°189. 1987. Réédition Pocket Terreur N° 9018. Parution le 02/01/1990. 190 pages.

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31 août 2014 7 31 /08 /août /2014 13:05

Un credo et une profession de foi : N'importe quelle littérature pourvu qu'elle soit POPULAIRE ! Ecrite pour le plus grand public et à un prix bon marché, à portée de toutes les bourses.

 

Max-Andre-RAYJEAN.JPG

Jean Lombard est né le 21 octobre 1929 à Valence (Drôme). Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le pseudonyme de Rayjean n'est pas un hommage à Jean Ray mais une contraction des prénoms de sa femme (Raymonde) et du sien. Max-André étant un souvenir envers un écrivain lyonnais, Max-André Dazergue. Après son B.E., il poursuit des études secondaires dans l'espoir de passer son bac, mais d'origine modeste il lui faut gagner sa vie. Il entre aux P.T.T., très peu de temps car licencié après des compressions de personnel (déjà), ce qui le réjouit secrètement. Il effectue ses obligations militaires en Allemagne où il s'occupe de la Poste. Parallèlement il songe sérieusement à écrire et envoie des textes à Fripounet, Cœurs Vaillants et Ames Vaillantes. Sa première nouvelle parait en mars 1948 dans Le Journal des Voyages. Il tâte également du livre pour enfant et écrit plus de quatre cents scénarii de bande dessinée pour Artima avant d'entrer au Fleuve Noir en 1956. A vingt six ans il devient écrivain professionnel, avec une moyenne de trois à quatre romans par an. Il a produit deux ouvrages pour Le Puits Pelu, collection le Glaive : Le dernier acte (1951) et La morte du métropolitain (1956). Chez Jacquier Loupe Espionnage : Epreuve de force (1960 sous le nom de Jean Lombard, l'alias de Max-André Rayjean étant réservé au Fleuve Noir depuis 1956. Et il est parfois confondu avec un auteur homonyme produisant à la Corne d'Or).

"Mon but était d'apporter à la science-fiction la simplicité, justement par le truchement d'une collection populaire. J'essaie toujours d'élargirrayjean7.jpg mes thèmes, mais une chose me préoccupe : le secret de la vie.... Tous les thèmes biologiques me tiennent à cœur. J'aurais aimé faire carrière dans un laboratoire de recherche... Je ne trouve pas tous mes ouvrages bons, loin de là... mais ils ont tous un point commun : ils plongent dans le futur immédiat de notre planète" (FNI 75 1971). Tout comme la plupart de ses confrères du Fleuve Noir, il n'a pas été épargné par la critique spécialisée, et n'est guère recensé dans les dictionnaires de S.F. Son appartenance peut-être à une science-fiction populaire, française. Pourtant il a su renouveler un genre, en sortant des ornières anglo-saxonnes : " Je vous dirai sans détour que sans lui [Le Fleuve Noir] la science-fiction serait à l'heure actuelle quasiment inexistante et chaque volume ne tirerait à guère plus de cinq mille exemplaires, en étant optimiste ” (FNI 75 1971).

Jean Lombard a tâté tous les genres : Aventures, Espionnage, Science-fiction, Police, Guerre, Western. En tout environ 400 textes disséminés dans diverses revues de bandes dessinées sous forme de contes.  

 

Il écrit notamment pour le magazine Vigor les aventures de Bob Corton. 42 épisodes dessinés par Cazenave. A ce sujet il ne faut pas se fier aux information du site de La Bédéthèque qui attribue textes et dessins à Cazenave. De même pour la revue Ardan il est le scénariste de 107 épisodes de Tim l'Audace, signés Jean Lombard, M.A. Rayjean, quelques uns n'étant pas signés. Il est l'auteur également des aventures de Tomic dans la revue Téméraire, de quelques épisode de Ray Alcotan, Atome Kid, Tommy Flash...


Tous les romans de Jean Lombard sont du même cru, le style Fleuve Noir, il faut éviter le racisme, le sexe, les guerres spatiales (c'est dépassé !)... (La Tribune Magazine 13 mars 1980).

Parmi sa production il préfère : Les parias de l'atome, Ere cinquième, Terrom, Age un, L'an un des Kréols, Le secret des Cyborg, Retour au néant. Grand Prix du roman d'anticipation en 1957 avec Les parias de l'atome et Le secret des Cybord en 1974.

Max-André Rayjean a également écrit 6 romans pour la collection Angoisse du Fleuve Noir.

Après la grande purge du Fleuve Noir à la fin des années 1980 puis les essais ratés de nouvelles collections, le désert éditorial s'étalait devant eux à l'infini pour M.-A. Rayjean et ses confrères. Heureusement au milieu des années 2000, les Editions Rivières Blanches ont pris la relève, permettant à certains d'entre eux d'enchanter nos nuits. Max-André Rayjean fait partie de ces rescapés et depuis quelques inédits ont vu le jour : Le cycle d'Orga; Complexe 18; Défi à la Terre; Momie de sang et Opération étoile dont j'aurai l'occasion de vous parler.

Bibliographie au Fleuve Noir :rayjean5.JPG
Angoisse

178 - Le Sang et la chair

184 - La Bête du néant

202 - Dans les griffes du Diable

222 - La Malédiction des vautours

229 - La Dent du loup

261 - Le Squelette de volupté

Anticipation

71 - Attaque sub-terrestre

86 - Base spatiale 14

104 - Les Parias de l'atome

108 - Chocs en synthèse

114 - La Folie verte

122 - L'Anneau des invinciblesrayjean6

127 - Soleils: échelle zéro

137 - Le Monde de l'éternité

142 - Ere cinquième

151 - Le Péril des hommes

161 - L'Ultra-univers

167 - Invasion “H”

171 - Puissance: facteur 3

177 - Les Magiciens d'Andromède

189 - L'Etoile de Goa

197 - Planètes captives

217 - L'Oasis du rêve

221 - Terrom, âge “un”

229 - La Fièvre rouge

240 - Projet “Kozna”

247 - Round végétalrayjean1

254 - L'Escale des Zulhs

260 - L'Astre vivant

269 - Les Forçats de l'énergie

274 - Le Cerveau de Silstar

284 - Le Zoo des Astors

291 - Plan S.03

303 - Les Clés de l'univers

311 - Les Anti-hommes

322 - Le Septième continent

333 - Le Quatrième futur

344 - Contact “Z”

353 - Civilisation “Oméga”

364 - Le Zor-Ko de fer

375 - L'An un des Kréois

387 - Relais “Kera”rayjean2

403 - SOS Cerveaux

414 - Prisonniers du temps

431 - Retour au néant

437 - Base Djéos

451 - La Seconde vie

466 - Cellule 217

477 - Les Psycors de Paal Zuick

506 - Les Statues vivantes

512 - L'Arbre de cristal

528 - L'Autre passé

542 - La Loi du cube

565 - La Révolte de Gerkanol

587 - Le Monde figé

610 - Les Feux de Siris

629 - Le Secret des Cyborgsrayjean3

644 - Le Grand retour

653 - Barrière vivante

 670 - L'Astronef rouge

692 - Ségrégaria

712 - Les Géants de Komor

753 - Les Germes de l'infini

778 - Les Irréels

796 - Les Métamorphosés de Spalla

815 - Le Piège de lumière

847 - La Onzième dimension

867 - La Chaîne des Symbios

887 - Génération “Alpha”

896 - Les Maîtres de la matière

925 - Les Singes d'Ulgorrayjean4

1004 - Groupe Géo

1054 - Déchéa

1079 - Jairal

1098 - Le Monde noir

1177 - L'Ordre des vigiles

1253 - Alpha-park

1296 - L'Age de lumière

1329 - Le Flambeau de l'univers

1400 - Les Acteurs programmés

1435 - La Guerre des loisirs

1467 - Citéléem

1587 - Le Dernier soleil

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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