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4 novembre 2014 2 04 /11 /novembre /2014 15:37

Attention décollage immédiat...

Serge BRUSSOLO : La route de Santa-Anna.

Ancien cascadeur automobile de haut vol, Markh est recruté par un parrain de la drogue pour effectuer une mission bien particulière. Il s'était fait connaître dans des rodéos automobiles fort prisés, des confrontations au cours desquelles les spectateurs pouvaient lancer des boulons et autres projectiles sur les véhicules, provoquant ainsi des accidents spectaculaires, ou en se propulsant de rampes de lancement pour essayer d'atterrir sans dommage. Il a connu Jana lors de ces rodéos houleux et mortifères, ils se sont aimés, elle est morte mais dans sa tête résonne encore sa petite voix qui le guide, le réprimande, mais justement il n'en fait qu'à sa tête.

Donc Waldo lui a proposé un travail de conducteur de voiture volante. Il doit s'élancer d'une sorte de piste d'envol à partir de Maxon Bull City au Texas pour arriver de l'autre côté du Rio Grande au Mexique sur une piste similaire. En réalité il s'agit d'un monument commémorant l'amitié entre le Mexique et les Etats-Unis, construit de chaque côté de la frontière, et qui ressemble vaguement à deux pistes d'envol dressées comme deux bras à la rencontre de deux pays. Ces allers et retours doivent permettre quelques échanges non autorisés par la loi, dont des sacs bourrés de billets de banque, de bons et vrais dollars, en contrepartie de la marchandise.

Pour établir cette performance, un véhicule est assemblé spécialement afin de défier les lois de la gravité, de posséder la puissance requise pour un envol, et surtout d'être invisible aux radars et autres systèmes de repérages. Après avoir examiné le lieu où doit être exécutée l'opération, des essais sont réalisés, et réussis. Il ne leur reste plus qu'à attendre le moment adéquat.

 

A Maxon Bull City, légèrement en dehors de la ville, un camp accueille des caravanes à l'année. Il s'agit d'un immense bidonville et parmi les résidents, des marginaux, une petit famille s'est installée, vivant chichement. Elle est composée de Julius, le grand-père, qui vit avec en tête ses exploits d'ancien parachutiste dans l'armée américaine, mais qui a peut-être émargé dans des services plus ou moins secrets. Sa pension aide à payer les vivres indispensables pour s'alimenter. Sa belle-fille Wichita, surnommée Wittie, bientôt quarante ans, se débrouille comme elle peut à élever ses deux enfants, Sue et Timmy, en effectuant des petits boulots. Dans une vie antérieure, elle paradait dans les arènes, pom-pom-girl agitant ses colifichets et sa petite culotte afin de détourner l'attention des taureaux vindicatifs et pour le plus grand plaisir des spectateurs, mais la roue a tourné, son mari est décédé, et depuis elle travaille de-ci de-là, refusant toute compromission et relations sexuelles avec ses employeurs. Et comme elle a les yeux légèrement bridés et le teint hâlé, elle est la proie des miliciens qui surveillent la zone et la prennent pour une immigrée. Heureusement elle est détentrice de papiers en bonne et due forme, prouvant qu'elle est américaine pur sang.

Sue, l'aînée, seize printemps prometteurs, est employée comme guide et technicienne de surface au monument, et elle sort avec, ou plutôt elle subit la présence de Floyd, un jeune milicien qui se considère plus futé qu'il l'est en réalité et se prend pour un petit caïd, alors qu'il ne sert qu'au ravitaillement. Quant à Timmy, légèrement plus jeune, selon l'état-civil, il l'est beaucoup plus dans sa tête depuis un accident de skate-board. Depuis il réagit comme un gamin ce qui ne l'empêche pas de faire des bêtises. Au contraire. Comme de dévaler avec son skate la rampe du monument. Et ce jour là Sue a beau le morigéner, il n'en a rien à faire. Car il a entendu des hommes parler de leur projet de transport aérien et le plus intéressé semble bien être Grand Pop Julius. Tellement qu'au lieu des jeux familiaux habituels et vespéraux, Julius entreprend d'en inventer un autre, celui du braquage. Et Wittie malgré ses réticences se surprend elle aussi à participer à ces simulacres qui peu à peu vont prendre corps.

Tout est au point de chaque côté et le grand soir arrive. Mais tout ne se déroule pas exactement comme prévu et l'histoire s'emballe, même si auparavant c'était déjà passionnant.

 

Serge Brussolo possède le don de captiver le lecteur avec ce qu'il semble être au début une histoire banale. Presqu'un roman noir à la James Hadley Chase. Seulement son imagination est inépuisable et il met en scène toutes sortes de complications abracadabrantesques, de retournements de situations, insérant des personnages décalés, décrivant des paysages grandioses, jouant aussi bien avec la science-fiction qu'un fantastique léger, et une intrigue policière dans laquelle tous les protagonistes se jouent les uns des autres, avec quiproquos et manipulations en série.

Parmi ces situations on relèvera la description d'une montagne creuse qui abrite un ancien monastère, une vieille femme paranoïaque qui entretient son ressenti envers des universitaires qui auraient pillé ses travaux (ce qui est une bien sûr une affabulation), de nids de crotales gardant un trésor, d'actes dignes du Grand-Guignol, d'explosions apocalyptiques, et autres nombreuses et variées joyeusetés qui prouvent que depuis ses débuts en littérature populaire en 1979, Serge Brussolo n'a rien perdu de sa fougue d'écriture.

Un récit flamboyant !

Serge BRUSSOLO : La route de Santa-Anna. Le Masque Poche N°52. Editions du Masque. Parution le 8 octobre 2014. 400 pages. 6,90€.

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3 novembre 2014 1 03 /11 /novembre /2014 13:16

Infirmière, infirme aujourd'hui...

Jean-Jacques REBOUX : Il était moins une.

Un panache de fumée qui s'échappe, le signal qu'une panne bête et méchante se profile. Au lieu d'ouvrir le capot de sa bagnole, et d'attendre que quelqu'un s'arrête, il préfère rouler jusqu'à un parking pour se garer. Puis il rejoint la route et tente d'attendrir un voyageur qui compatirait à ses problèmes. Hélas, les auto-stoppeurs n'ont plus la côte sur la RN13. De plus il pleut, le vent souffle en rafales. Pas un temps à mettre un conducteur dehors. Alors il réintègre l'habitacle de son véhicule et s'endort.

Il est réveillé par une jeune femme qui frappe à la vitre. Elle lui tend un verre, mais son apparence est froide, pourtant ça déménage dans les organes vitaux d'Hubert. D'ailleurs si elle l'appelle ainsi, comment connaît-elle son prénom ? Et puis elle porte une blouse blanche, un stéthoscope autour du cou, parle d'accident, d'une gauche qu'elle aurait réussi à sauver, et autres balivernes dont il ne comprend pas la signification. Des reproches aussi, mais pour quelles raisons... Et elle lui montre un pansement placé sur le bas-ventre.

Une hallucination qui se transforme en véritable cauchemar lorsque déboulent dans la pièce dix flics, cagoulés, habillés de noir. Un hôpital cette fois avec une vraie infirmière.

 

Une nouvelle qui fait froid dans le dos et ailleurs, et qui ne donne pas envie de prendre à son bord une auto-stoppeuse. On n'est en sécurité nulle part, mais il faut prendre tout cela avec philosophie. Et se dire que cela aurait pu être pire. Petit conseil, surtout si vous devez circuler entre Caen et Lisieux : prenez vos précautions. Vérification de l'état du véhicule indispensable avant de partir en voyage et un téléphone portable avec une batterie chargée afin d'éviter toute défaillance technique qui vous empêcherait de prévenir la personne de votre choix.

Jean-Jacques Reboux manie l'humour noir avec virtuosité, cette virtuosité indispensable par exemple à un chirurgien qui pratiquerait une ablation.

 

Vous pouvez commander cet ouvrage à la Librairie Ska qui vous accueille avec un sourire virtuel mais chaleureux.

 

Jean-Jacques REBOUX : Il était moins une. Collection Noire Sœur. Editions Ska. 1,49€.

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3 novembre 2014 1 03 /11 /novembre /2014 08:44

Une histoire gigogne ?

José NOCE : Sniper Bleu.

L’histoire s’enchaine un peu comme la publicité de la peinture Ripolin, célèbre affiche des années 1913 et suivantes.

Erri avait préparé le terrain soigneusement afin que les occupants dégagent et lui laissent place nette, en bordure de la plage près de Dannes, une petite commune du Boulonnais.

C’est qu’il voulait être seul, avec son chien, pour mener à bien sa mission. Mais il est pris en défaut par une jeune femme qui n’a pas froid aux yeux, normal, puisqu’elle est gradée dans les Douanes volantes, et accessoirement fournit des relevés ornithologiques. Et elle assure qu’elle-même est surveillée par un troisième personnage dissimulé dans les dunes.

Qui ne va pas être à la noce, dans ce texte de José Noce ?

 

Cette nouvelle est la réédition version numérique d'un petit livre publié dans la collection Petit Noir N°5 des éditions Krakoen en février 2012. Elle constitue le premier volet d'une série intitulée Snipper. Et bientôt sur vos écrans : Snipper au ventre.

 

Et je ne me lasse pas de le répéter, vous pouvez commander cet ouvrage à la Librairie Ska qui vous accueille avec un sourire virtuel mais chaleureux.

 

José NOCE : Sniper Bleu. Collection Noire Soeur. Editions Ska. 0,99€.

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2 novembre 2014 7 02 /11 /novembre /2014 14:40

A lire en écoutant Tell me more and more...

Marc VILLARD : La pierre noire.

Andy Parker est infirmier au Metropolitan Hospital et lorsqu'il ne soigne pas ses patients, il dessine des portraits à la pierre noire, plus propre que le fusain. Des personnes rencontrées dans le métro, sur son lieu de travail également. Surtout. Ce jour-là il vient de croquer Costello, un vieil homme qui est décédé quelques minutes auparavant lorsqu'il apprend que Billie Holiday a été admise dans les locaux.

Andy se souvient d'avoir vu et entendu la chanteuse au Five Spot où elle avait interprété en compagnie du contrebassiste Mal Weldron quelques airs en échange de verres de bourbon. Emu il avait puisé dans sa maigre réserve afin de s'acheter les vinyles de la diva du jazz.

Avant de se rendre dans la chambre où Billie Holiday repose, il téléphone à un nommé Weinstein qui lui demande de passer le voir. Car Andy outre son statut d'infirmier fournit à Weinstein, un paralytique directeur d'une galerie, des portraits de personnes décédées, connues du grand public de préférence.

Outre l'alcool, Billie Holiday est dépendante d'une autre substance, la drogue, et son biographe indique qu'il faudrait lui en faire parvenir, malgré son état délabré, et l'interdiction d'en introduire en milieu hospitalier. Andy est accablé lorsqu'il voit Lady Day gésir dans ce lit et il refuse à Weinstein de faire le portrait d'une femme qu'il vénère, allongée, moribonde.

 

En amateur (dans le sens noble du terme) éclairé du jazz, Marc Villard se penche sur les derniers jours d'une icône du jazz. Ce n'est pas la première fois qu'il exprime sa compassion envers ces jazzmen, hommes ou femmes, qui ont joué d'un instrument, de leur voix et avec leur vie. Il nous les restitue dans des moments particuliers de leur existence, leur rend hommage, avec cette indulgence et cette affection tendres et affectueuses de l'amoureux qui pardonne tout et veut transmettre ses sentiments, ses sensations, ses émotions à un large public, passionné du jazz ou non.

Le lecteur habitué des romans policiers américains relèvera une référence cachée à Ed McBain, puisqu'il y est question du commissariat du 87ème.

Cette nouvelle a été pré publiée dans le défunt magazine Jazzman au début des années 2000.

De Marc Villard, voir également parmi les dernières parutions : Scènes de crime; Sharon Tate ne verra pas Altamont; El Diez.

Vous pouvez commander directement cette nouvelle numérique à la Librairie Ska, la livraison est gratuite.

 

Marc VILLARD : La pierre noire. Collection Noire Sœur. Editions Ska. 1,49€.

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1 novembre 2014 6 01 /11 /novembre /2014 10:26

Le Poulpe se mouille...

Gilbert GALLERNE : Les salauds du lac.

En voulant récupérer le corps d'un touriste tombé dans le lac d'Annecy, désarçonné de son pédalo, les sapeurs-pompiers gagnent le jackpot. Au lieu d'un cadavre ils remontent à la surface trois noyés. Mais aucun n'est le bon. Et il faudrait une grosse dose de mauvaise foi de la part des sauveteurs retardataires pour affirmer qu'il s'agit de banales noyades. Les trois cadavres sont troués comme des passoires, des blessures fatales provoquées par une arme de gros calibre, genre fusil de chasse pour abattre le sanglier.

Ce qui remet en question les disparitions non résolues et encore moins expliquées de quelques personnes de la région. Mais au moins l'identité du cadavre le plus récent peut être établie, il s'agit d'un certain Lucien de Samossat, authentique truand et descendant d'une lignée d'aristocrates. Et ancien militaire ayant servi dans un bataillon disciplinaire à la demande de son père afin de lui forger le caractère. Opération réussie, car Lucien avait tourné le dos à la famille et à la loi.

C'est avec un certain trouble que Gabriel Lecouvreur, alias le Poulpe, apprend cette triste nouvelle conjointement par Gérard, le patron du café-restaurant Au pied de Porc à la Sainte-Scolasse, et par le Parisien, journal qui traîne toujours sur le comptoir pour l'édification des clients. Lucien de Samossat et lui s'étaient connus et devenus copains au bataillon disciplinaire. Le Poulpe avait atterri là après avoir attaqué une librairie d'extrême-droite dont le père de Lucien était un fidèle client. Un haut fait qui avait rapproché les deux hommes. Ils s'étaient perdus de vue à la fin de leur séjour sous les drapeaux, tout en correspondant parfois.

Une bonne occasion pour Gabriel d'aller faire un petit tour du côté d'Annecy où Cheryl est partie en stage depuis quelques jours afin de se perfectionner dans la coiffure haut de gamme auprès d'un professionnel. Lui qui préfère ne pas avoir de relations avec les forces de l'ordre, il demande quelques renseignements à Sapienza, un commissaire de la DCRI qui tout comme lui à maille à partir avec Vergeat, un homme des RG avec qui ils entretiennent des incompatibilités d'humeur.

Avant de se rendre à Annecy, muni des renseignements fournis par Sapienza, Gabriel flâne dans le quartier huppé où résidait Samossat. La maison ne possède plus la splendeur de son passé. Décrépite, elle mériterait un bon ravalement. Seul signe détonnant, un voiture de sport allemande rouge, rutilante même, est garée dans la cour. Alors Gabriel sonne et il est reçu par une jeune femme, enceinte, à moins qu'elle soit la proie de flatulences excessives. Cécile n'est autre que la femme, enfin la veuve, de Samossat, de moitié son âge. Mais, et Gabriel est forcé d'en convenir, elle l'aimait et c'est bien un enfant qu'elle attend du noyé. Eplorée certes, Cécile est aussi une femme de combat et elle exige d'accompagner Gabriel à Annecy, afin de connaître les tenants et aboutissants, si possible.

Arrivés sur place, Gabriel commence à enquêter tandis que Cécile se repose quelque peu. Il essaie de voir Chéryl à la sortie de son stage, mais la coiffeuse a fait faux bond à ses camarades. Elle a disparu, son portable ne daigne pas répondre, Gabriel est inquiet et mortifié. Il a donné par le passé des coups de canif dans un contrat qui n'a pas été signé et ratifié devant monsieur le maire, et Cheryl n'est pas en reste d'aventures non plus, mais quand même, il attendait autre chose de son séjour alpin. La devanture d'un bouquiniste l'interpelle doucement : un exemplaire du Chevalier de la charrette de Chrétien de Troyes y est exposé, ouvrage que lisait Samossat et qui traînait dans son salon. Alors Gabriel entre dans la boutique et il est obligé de malmener quelque peu le bouquiniste et son aide pour que les renseignement tombent comme les fruits d'un pommier dûment secoué.

 

Gilbert Gallerne prend pour ressort de son intrigue un thème connu, mais peu souvent utilisé plus souvent au cinéma qu'en littérature, le dernier roman que j'ai lu traitant de ce sujet étant L'Ogre des Landes de Pascal Martin, et qui s'apparente à La chasse du comte Zaroff. De très nombreuses péripéties émaillent ce nouvel opus des aventures du Poulpe et le lecteur est tenu en haleine constamment. D'aucuns diront qu'il s'agit d'une lecture facile. Une lecture facile certes, entraînante, qui demande peu d'effort, et c'est justement ce que l'on attend d'un roman de détente. Reposant et en même temps passionnant, captivant. Préférable à certains pavés truffés de considérations intempestives, pseudo-philosophiques ou psychologiques.

Et j'ajouterai que cette histoire pourrait offrir une explication, plausible, aux nombreuses disparitions qui sont enregistrées tous les ans en France et dont les enquêtes n'aboutissent jamais.

 

Gilbert GALLERNE : Les salauds du lac. Le Poulpe N° 278. Editions Baleine. Parution le  170 pages. 8,00€.

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31 octobre 2014 5 31 /10 /octobre /2014 07:59

Ruth Rendell n'est pas seulement romancière, elle est également une nouvelliste de talent un peu trop rare à mon goût. Et les cinéastes, Claude Chabrol en tête, ne s'y trompent lorsqu'ils adaptent un de ses textes.

Ruth RENDELL : Une nouvelle amie.

Le 5 novembre sortira le nouveau film de François Ozon, qui s'intitule Une nouvelle amie, dont le scénario a été tiré d'une nouvelle qui a l'origine s'appelait Une amie qui vous veut du bien. Romain Duris, Anaïs Demoustier et Raphaël Personnaz interprètent les rôles principaux.

Une nouvelle amie, met en scène deux couples amis surtout représentés par Chris, une jeune femme mariée à peine sortie de l'adolescence avec Graham, et David, son ami marié avec Angie, laquelle parfois s'absente pour diverses raisons. Chris, perd facilement toute contenance lorsqu'elle est en présence d'un homme, quel qu'il soit. Une phobie qui la panique. Graham le sait et il ne l'entraîne guère dans les mondanités. A se demander comment elle s'est mariée. Mais depuis quelque temps Chris sort avec David, le seul homme avec lequel elle se sente bien, en phase, en confiance. Ils commettent ensemble un acte qui pourrait ternir leur relation si leurs conjoints respectifs, leurs voisins, se rendaient compte de ce qu'ils font. Elle est heureuse lorsqu'il parvient à lui téléphoner, lui proposant un rendez-vous chez lui, Angie étant partie soigner sa mère par exemple. Quant à Chris elle se justifie auprès de son mari en déclarant avoir trouvé une nouvelle amie. Ils prennent moult précautions afin de se retrouver pour...

Si vous désirez connaître la suite, découvrir ce dont il s'agit, et frissonner jusqu'à l'épilogue, vous pouvez lire cette nouvelle GRATUITEMENT sur le site de Ruth Rendell, qui je le précise, est en français. Vous pourrez visionner également la bande annonce du film.

Ruth RENDELL : Une nouvelle amie.

Une amie qui vous veut du bien, renommée pour l'occasion Une nouvelle amie, figure dans le recueil éponyme publié en 1989 dans la collection Le Masque jaune, numéro 1951, aux éditions de la Librairie des Champs Elysées. Elle a été traduite par Jean-Paul Gratias et son titre original est The new girlfriend. A signaler que cette nouvelle a obtenu en 1985 le prix de la meilleure nouvelle policière de l'année.

Et maintenant je vous laisse voyager dans l'univers de Ruth Rendell via Internet, mais auparavant je vous rappelle toutefois la parution de Un rossignol sans jardin aux éditions des Deux Terres, la chronique étant ici.

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30 octobre 2014 4 30 /10 /octobre /2014 13:16

Comme s'il ne pouvait pas se garder tout seul...

François-Xavier CERNIAC : Les Gardiens de Dieu.

Mars 2013. Un homme titubant arrive dans un hôpital de Poitiers, pupilles dilatées, pas de d'effluves d'alcool dans son haleine, du sang sur une main, un hématome provoqué par une piqûre sur la cuisse. Il est aussitôt dirigé vers les urgences. Le lendemain matin, il s'est enfui, sans laisser de petit mot expliquant son départ précipité. Seule indication, il se nomme Philippe Mezzo.

Mars 2014. Poitiers. Claire ne va pas bien, psychiquement. L'année précédente, son ami Philippe est parti sans rien dire, sans laisser de trace, quittant l'hôpital où il était soigné suite à une altercation avec une folle qui voulait faire la peau de Claire. De plus elle avait appris que celui qu'elle croyait son père et qui était chirurgien n'était pas son géniteur. En voulant sauver physiquement et moralement la vie de Claire, Philippe a peut-être perdu la sienne. Depuis Claire suit des séances de psychanalyse auprès de son amie Astrid. Mais ce soir là, rien ne va plus et après avoir bu quelques bières en compagnie d'un inconnu, elle a décidé de tout plaquer. Elle se jette d'un pont dans le Clain, mais est sauvé de la noyade par un type encapuchonné qui la confie à des passants avant de se fondre dans la nuit. En compagnie de ses sauveteurs elle rentre chez elle. Sur sa porte une inscription leur saute aux yeux : Ne recommencez pas. Il a besoin de vous. Claire est persuadée que Philippe est vivant

Mars 2014. Le policier Lionel Negat planche sur trois dossiers qui lui ont été confiés avec l'injonction de débrouiller ses enquêtes rapidement. Premier dossier, celui d'un homme assassiné l'année précédente et dont le corps a été retrouvé sur l'autel d'une église à Poitiers. L'homme était éventré, près du cadavre avait été posé une coupe de charpentier. Le deuxième meurtre avait été perpétré à peu près dans les mêmes circonstances, à Annecy, quelques jours après le premier, en mars 2013 également. L'homme avait ingurgité de force, ses dents cassées peuvent en témoigner, un mélange de sang de bœuf, d'eau et de sel. Une coupe de charpentier avait été disposée tout près. Et tout comme pour le premier ses cordes vocales assez été prélevées. Afin probablement pour que les voisins ne soient pas dérangés par ses cris durant leur sommeil. Le troisième meurtre vient de se produire. A Poitiers une nouvelle fois. Cette fois l'homme n'avait eu droit qu'à du sang de bœuf mélangé à de l'eau. Sinon, le processus avait été le même, jusqu'à cette coupe de charpentier retrouvée non loin. Dans les trois cas, les effets des défunts avaient été mis dans un sac plastique près d'un conteneur à déchets. Toutefois d'autres éléments sont susceptibles de rapprocher les trois individus. Le dernier en date se nommait Damien Ecker, fondateur d'une société informatique, le premier travaillait pour lui.

Le lendemain, Astrid débarque chez Claire. Elle lui montre sur son ordinateur les infos de la veille. Le portrait du coupable présumé s'affiche sur l'écran. Il s'agirait d'un certain Michael Besse qui aurait eu des démêlés avec la justice une décennie auparavant. Il a été confondu par des traces d'ADN relevés auprès de Damien Ecker. Or Claire reconnait nettement en ce Michael son ami Philippe.

 

Intercalé dans le récit des recherches de Lionel Négat qui rencontre Claire et Astrid, celui du jeune Yan, âgé de dix ans environ. La mère de Yan s'est déparée de son mari. Elle a une phobie de la saleté. Il faut que tout soit pur, propre, net chez elle. Le gamin en est traumatisé. Un jour elle décide de l'emmener avec elle dans une secte en France puis en Suisse. L'enfant est confié à un chirurgien, qui procède à des attouchements, mais surtout il doit être opéré. Il est considéré comme un être salvateur, et il est mis en présence de sept hommes, nommés les Gardiens, qui lui enseignent l'art du combat. Un beau jour il parvient à s'enfuir.

 

Ce roman dit de fiction va nous entraîner dans une affaire qui a fait grand bruit il y a quelques années, près de deux décennies, les suicides collectifs en Suisse et dans le Vercors des membres de l'Ordre du Temple Solaire. Suicide ou tuerie collective, les avis divergent, mais surtout les conclusions. D'ailleurs les enquêtes n'ont jamais défini comment ce drame s'est réellement accompli, ni pourquoi. François-Xavier Cerniac s'engouffre dans ce drame et l'aménage à sa façon, faisant intervenir le SAC, service d'Action Civique, un organisme pseudo policier censé protéger le Général de Gaulle à l'époque et créé dans le milieu des années 60 par Charles Pasqua, mais dont les dérives ont entaché l'image de la France. S'incrustent également des services secrets, français et étrangers dans ce roman qui ouvre des perspectives scientifiques. Car outre ces basses manœuvres politiciennes, un ou des savants dits fous exercent leur art pour des raisons ésotériques.

 

Tout ce qui est décrit dans la mise en scène des meurtres ramènent à l'Apocalypse et à son interprétation. Personnellement, je ne suis pas fan des romans traitant de l'ésotérisme, mais l'auteur déploie une telle conviction dans son intrigue que je me suis laissé envoûté, comme les membres d'une secte devant les belles paroles de leur gourou. Au fait, pourquoi certaines personnes se laissent-elles embringuer dans ce genre de groupuscule ? En parlant de Joseph di Membro et de Luc Jouret, les créateurs de l'OTS, François-Xavier Cerniac écrit : Ils sont tous les deux de grands passionnés d'ésotérisme, et ils sont surtout dotés d'une facilité d'expression qui transforme des inepties en quelque chose de fascinant. Il en découle que les personnes devenues membres de l'OTS se font extorquer de l'argent, sont lésées et surtout sont conditionnées pour avaler des mises en scène incroyables. Et comment peut-on en arriver là ? Tout simplement : Si vous avez un esprit ouvert sur les curiosités de ce monde, si vous êtes attiré par la spiritualité, si vous aspirez à un monde meilleur, eh bien, vous êtes un client parfait. Il ne reste plus qu'à vous dire que vous êtes une personne extraordinaire et que vous faites partie des élus qui méritent d'avoir la connaissance suprême. Si on vous dit que vous avez été choisie, alors vous allez vous sentir flattée. Mieux vaut rester simple et surtout savoir résister à la flatterie, même si votre égo en prend un coup.

 

François-Xavier CERNIAC : Les Gardiens de Dieu. City Editions. Parution le 20 aout 2014. 304pages. 18,00€.

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 08:31

Bon anniversaire à Jean-Jacques Reboux, né le 29 octobre 1958.

Gabriel LECOUVREUR : Parkinson le glas.

On l’attendait depuis des années et enfin il paraît, comme l’enfant attendu dans un foyer : un volume du Poulpe signé Gabriel Lecouvreur himself (en français dans le texte) !

Gabriel qui commence en avoir marre des bastons, de la castagne, des retours de bâton, qui aspire enfin à quelques jours de vacances. La preuve, c’est qu’il se fait enlever par des malotrus alors qu’il dégustait un délicieux sandwich près de la pyramide du Louvre. Un incident qui ne passe pas inaperçu, un Japonais amoureux de sa femme et de son caméscope filmant ce kidnapping réalisé en plein jour.

Un séjour à Belle-Île avec Chéryl, accompagnée d’Odile, grande prêtresse de la télévision, catégorie reality show, c’est synonyme de farniente, de repos, de douceurs, de gastronomie locale, le tout arrosé de bière comme il se doit. Avec dans ses bagages un roman d’Hemingway. Sauf que quelques individus déplacés dans le paysage s’acharnent à lui pourrir la vie, que Vergeat des R.G., son ennemi intime, s’attache à ses basques, et qu’il va se découvrir père d’un adolescent à peine majeur. Antoine, c’est le prénom du rejeton.

Et voilà notre Poulpe embringué dans une vilaine histoire salée, embrumée, sur une île enchanteresse qui se transforme en endroit cauchemardesque. Heureusement Bruno Masure est là pour détendre l’atmosphère, avec ses jeux de mots, ses calembours, et ses relations télévisuelles.

L’intérêt d’un tel ouvrage, c’est théoriquement de démêler l’intrigue, de se laisser porter dans une nouvelle aventure d’un Robin des bois moderne. Oui, sauf que pour une fois, une autre intrigue s’attache au récit : qui a écrit sous le pseudo de Gabriel Lecouvreur. Un nom a été avancé : Thierry Jonquet. Cela a été démenti, officiellement ou officieusement. Alors reste à rechercher qui aurait pu écrire cette histoire fort bien menée. Des noms me viennent à l’esprit, tels que Tonino Benacquista, dont dans ses romans un héros s’appelle toujours Antoine, ou Tonio ; Bruno Masure lui-même, se mettant en scène avec cette dérision qui le caractérise ; Hervé Claude, lui aussi ancien journaliste à la télévision, ou pourquoi pas Jean-Hughes Oppel. Ou d’autres. Toutes les supputations sont acceptées. Quoiqu’il en soit, ce roman vaut d’être lu pour la façon dont l’intrigue, l’histoire est développée, et pas uniquement pour l’écrivain qui se cache derrière le pseudo de Gabriel Lecouvreur.

Ça, c'était ce que j'avais écrit dans la revue L'Annonce-bouquins 191 lors de la sortie du roman. Depuis, l'identité de l'auteur a été révélée : il s'agissait ni plus ni moins de Jean-Jacques Reboux, grand amateur de poules mais pas de poulets.

Si ce roman existe en version numérique, il serait bon de le rééditer en version papier. Mais, ça, c'est à l'éditeur d'y penser.

 

Gabriel LECOUVREUR : Parkinson le glas. Le Poulpe 234, éditions Baleine. Paru le 1er février 2002. 266 pages.

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28 octobre 2014 2 28 /10 /octobre /2014 16:17

Pour écrire un bon roman d'aventures, il faut de l'aventure, de grosses louches d'action, du suspense en quantité égale, quelques cuillerées d'exotisme, un soupçon d'amour et beaucoup de talent et d'imagination de la part de l'auteur.Pour écrire un bon roman d'aventures, il faut de l'aventure, de grosses louches d'action, du suspense en quantité égale, quelques cuillerées d'exotisme, un soupçon d'amour et beaucoup de talent et d'imagination de la part de l'auteur.

Alexis AUBENQUE : Le secret de Stone Island.

Alexis Aubenque possède talent et imagination, il ne lui restait plus qu'à mélanger les autres ingrédients, ajouter un gros bouquet garni de dialogues vifs et incisifs, pas de ces longs monologues qui affadissent la sauce, et chauffer la marmite à gros bouillons, tout en mélangeant bien au cours de la cuisson et servir chaud. C'est tout simple, mais consistant tout en étant digeste, et qui ne laisse pas sur sa faim, même qu'en tant que gourmet gourmand on en redemande.

Lorsque Sally Hall débarque sur l'île de Stone Island, elle a en tête une raison inavouée et une mission liée à ses engagement de vétérinaire écologiste. Elle participe à des mini-croisières sur le Flipper en compagnie des membres d'équipage et ce jour-là elle plonge en compagnie de William, le caméraman. Ils viennent de repérer deux baleines à bosse et ils filment la parade nuptiale. Seulement elle aperçoit sur une nageoire pectorale de l'un des deux mégaptères deux harpons enfoncés dans la chair. Pas vraiment de quoi faire mal, mais tout de même. Rentrée à Pacific Town, la capitale de Stone Island, elle effectue des recherches sur Internet en compagnie d'Edouard, spécialiste animalier, et ils tombent sur une vidéo montrant quatre adolescents en train de s'amuser à tirer sur les cétacés. Ils parviennent à trouver l'identité des quatre garnements et elle s'empresse de se rendre à l'hôtel de police où elle est reçue comme un chien dans un jeu de quilles par le peu aimable inspecteur Coupland. Il est vrai qu'il a autre chose sur le feu, un triple meurtre qui accapare également son chef, le commandeur Jack Turner.

Jack Turner qui venait de passer sa nuit avec son amie Jennifer est appelé d'urgence sur le théâtre d'un triple meurtre. Un couple et leur unique fils ont été retrouvés morts. Pour le couple aucun doute, ils ont été assassinés, quand à l'adolescent il gisait dans la piscine. Noyé mais sans aucun blessure apparente. Son téléphone portable est récupéré mais pour les enquêteurs nul doute qu'il est à l'origine de la tuerie et qu'il se serait ensuite suicidé. Mais lors des analyses par le médecin légiste, il apparait qu'il était sous l'emprise d'une nouvelle drogue qui provoque des pulsions meurtrières.

Sally Hall, refoulée de l'hôtel de police, se rend à la bibliothèque municipale car la raison secrète qui l'a conduite sur l'île réside dans la consultation d'anciens manuscrits. C'est ainsi qu'elle demande à consulter Mes voyages à bord de l'Endeavour, relatant l'expédition du capitaine Cook et écrit par un de ses capitaines, John Phillip. Or, alors qu'elle pense enfin avoir découvert le passage qui l'intéresse, elle se rend compte qu'il manque des pages. Celles-ci ont été arrachées. Elle ne saura donc jamais la nature de ce trésor dont lui avait parlé son grand-père. Elle est bousculée par un vieux monsieur qui se confond en excuses, M. Trenton auquel elle aura l'occasion d'être confrontée à plusieurs reprises par la suite et à qui elle devra notamment la vie.

La suite est un enchaînement infernal qui va mettre aux prises Sally à des énergumènes revanchards, une visite dans l'île de Rimatora où elle est devenue à plusieurs reprises et acceptée par les Mao'his. Elle aide une jument malade à mettre bas recevant en échange de la part d'une vieille femme un collier avec un fanon de baleine en pendentif. Un porte-bonheur, parait-il. Une rencontre avec Benjamin, lequel lui offre la possibilité d'entrer dans une boîte de nuit, sera suivie de quelques autres à des moments où elle s'y attend le moins. Enfin elle vivra, subira d'autres avatars tous plus dangereux ou émouvants les uns que les autres.

Pendant ce temps, Jack Turner est à la recherche du fournisseur de Speeder, cette drogue néfaste pour les nerfs qui entraîne son consommateur loin des paradis artificiels, assisté de Jerry Coupland, toujours aussi désagréable et qui préfère parfois s'abroger de la légalité lors de ses investigations, le tout dans une ambiance délétère. Le premier ministre de l'île exige des résultats immédiats, sinon Turner passera à la trappe et sera destitué de son statut de commandeur.

 

Ce roman est comme un film d'aventures frénétiques, les images fortes se succèdent à un rythme échevelé, sur terre et sur mer. Nous retrouvons à cette occasion quelques-uns des protagonistes qui avaient déjà fait une apparition dans le précédent roman consacré à Stone Island. Jade, par exemple, détective privée. Joyce, la petite sœur de Turner, qu'il a élevée lors de la disparition de leurs parents. Jennifer qui est revenue au foyer mais repart, ses obligations la conduisant en Australie, ce dont se désole Turner qui n'a guère de nouvelles de la jeune femme durant son absence. Le Cardinal, qui n'avait été qu'évoqué dans Stone Island s'impose dans un second rôle déterminant. Et d'autres personnages font leur apparition dont Dexter, un adolescent spécialiste en informatique et qui en débloquant le téléphone portable du noyé va permettre de mettre les enquêteurs sur une piste. Enfin Buxton, le nouveau voisin de Turner, un homme affable, prévenant, dont Jade s'éprend.

En ce qui concerne la psychologie des personnages, point n'est besoin de longs chapitres à Alexis Aubenque pour les définir. En quelques lignes ils sont présentés aux lecteurs qui cernent leur comportement, leur caractère, leurs mensonges, grâce à leurs actes et aux dialogues.

 

Quelque chose me dit que nous devrions retrouver Jack Turner et Jerry Coupland dans de nouvelles aventures palpitantes.

 

Outre Stone Island, découvrez également d'Alexis Aubenque chez le même éditeur, Toucan Noir, Les disparues de Louisiane.

 

Alexis AUBENQUE : Le secret de Stone Island. Editions du Toucan. Collection Toucan Noir. Parution le 22 septembre 2014. 464 pages. 9,90€.

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27 octobre 2014 1 27 /10 /octobre /2014 13:47

Le 4 mars 2004 disparaissait Jean-Pierre Goiran, plus connu des amateurs de romans policiers et de science-fiction sous le nom de Jean-Pierre Garen, l’un des piliers du Fleuve Noir, du temps où cette maison d’édition fondée par Armand De Caro privilégiait dans ses multiples collections populaires de poche les auteurs francophones.

Jean-Pierre Garen : Un portrait.

Né le 10 novembre 1932 à Paris dans le 8ème arrondissement, Jean-Pierre Goiran effectue des études classiques au lycée Condorcet puis se dirige vers la médecine. Externe, puis interne des hôpitaux de Paris il devient chef de clinique à la faculté, qualifié en chirurgie générale, gynécologie et obstétrique. Il exerce la chirurgie en clientèle libérale aux environs de Paris à partir de 1966.

Il publie son premier roman au Fleuve Noir en 1960, dans la collection Spécial Police : Justice à rendre (N°246). Suivront 22 autres romans policiers jusqu’en 1982, avec une interruption entre 1966 et 1971. Son deuxième polar sera publié en 1962 (En pâture aux crabes, N°296) et sa production sera d’environ de deux à trois volumes par an jusqu’en 1966. En 1975, parallèlement à la rédaction de ses romans policiers, genre qu’il abandonnera en 1982 avec Vengeance en solitaire, Jean-Pierre Garen se consacre à la Science-fiction, dans la collection Anticipation du Fleuve Noir produisant plus d’une cinquantaine d’ouvrages consacrés pour la plupart au cycle du Service de Surveillance des Planètes Primitives dont le héros principal est Marc Stone. Cette série bénéficiera d'une collection particulière intitulée Marc Stone, qui reprenait les premiers titres ainsi que des inédits dont la numérotation débutait à 39. Seulement cette collection n'aura vécu que quelques mois de juin 1998 à février 1999.

Jean-Pierre Garen a publié également sous son nom deux ouvrages médicaux : Guide de la contraception aux éditions Masson en 1972 et Traiter une stérilité. Il est aussi l’auteur d’une douzaine de nouvelles parues dans diverses petites revues.

Sa préférence en matière de lecture allait naturellement vers des ouvrages sur l’histoire de la médecine, et sur l’histoire en général. Il se défendait d’écrire des romans populaire, n’aimant guère cette locution : “ Je n’aime pas le terme de Littérature populaire qui est péjoratif pour l’auteur et le lecteur ”. Il ajoute “ J’ai commencé puis continué à écrire par jeu avec un discret désir de dédoublement de personnalité. Docteur Jekyll le jour, j’exerce sagement mon activité de chirurgien. Le soir, les weeks-end et pendant les vacances Mr Hyde paraît avec le désir de s’évader et de projeter ses fantasmes dans d’autres univers. Pourquoi une littérature d’aventures ? Je ne suis pas doué pour le nombrilisme, l’introspection, les angoisses métaphysiques. Comme beaucoup de chirurgiens, je préfère une action rapide à l’attente dans le doute”.

Jean-Pierre Garen était notamment président du Groupement des Ecrivains-Médecins français et membre de l’académie Littré.

De sa production policière, on retiendra principalement deux cycles, le premier, le plus important, consacré à l’avocat Johnny Adams, l’autre au juge Pierre-Olivier Dumas. Johnny Adams, avocat à Pine City (qui deviendra au fil des intrigues Big Pine) en Californie, est calqué sur les romans d’Erle Stanley Gardner, quasiment une copie conforme de Perry Mason. Au passage, appréciez la similitude des noms : Gardner/Garen. Adams, ancien de la guerre de Corée, où il a combattu auprès de Joé, son ami propriétaire d’un bar et avec qui il partage les coups durs et les bagarres, est marié à une charmante jeune femme prénommée Sylvia (Notez encore au passage ce clin d’œil au couple Johnny/Sylvie dont le mariage médiatique eut lieu le 12 avril 1965), Adams donc ne rechigne pas à aller au charbon, retroussant ses manches afin de défendre son client (ou sa cliente). La plupart du temps l’audience préliminaire commence un jeudi et Adams a donc le temps de résoudre l’énigme et trouver le coupable du meurtre dont son client est injustement soupçonné, pour ne pas dire accusé par un district attorney (Himes de son nom) plutôt vindicatif et peu désireux d’approfondir son dossier. Il est vrai qu’Adams se révèle sa bête noire et Himes cherche plus à le contrer, le contrarier, le tourner en dérision, qu’à fignoler son accusation. Outre Joé, Adams peut compter sur deux autres amis, Bill le journaliste et Phil Dixon, agent du FBI.

Pierre-Olivier Dumas est lui juge d’instruction à Toulon et habite au Lavandou. Sa femme s’appelle Sylvie (coïncidence ?) et ses enquêtes, disons plutôt ses investigations, sont complétées par le lieutenant Boyer. Nous sommes loin toutefois du gendarme de Saint-Tropez, et de l’ambiance quelque peu farfelue qui se dégage des films interprétés par Louis de Funès.

Jean-Pierre Garen : Un portrait.

Les romans de Jean-Pierre Garen s’inscrivent dans un registre classique et se lisent avec un certain plaisir, même si aujourd’hui ils semblent ancrés dans leur période. Le rythme de production et de parution effaçait le système parfois répétitif sinon des intrigues, du moins de l'ambiance et de la description des personnages. Un auteur que je classerai parmi les bons tâcherons de la littérature populaire, au style limpide, qui voulait se faire plaisir tout en essayant de distraire son lecteur. Et comme tous les auteurs du Fleuve Noir, c’était une figure emblématique de la production à la française, avec ses qualités et ses défauts. Ne retenons que les qualités, les défauts étant mineurs et ne prêtant guère à conséquence.

Les amateurs désirant connaître un peu plus l’œuvre de Jean-Pierre Garen et plus particulièrement ses ouvrages de science-fiction consacrés à Marc Stone et sa saga du Service de Surveillance des planètes primitives peuvent diriger avec profit le curseur de leur souris sur http://jeanpierregaren.free.fr/ et ils auront tous les renseignements qu’ils souhaitent. De même ils pourront découvrir toutes les couvertures des romans de Jean-Pierre Garen ainsi que sa bibliographie complète avec un petit résumé de chaque livre.

Jean-Pierre Garen : Un portrait.
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