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23 novembre 2014 7 23 /11 /novembre /2014 08:46

Loin des parcs d'attractions à la Walt Disney !

C.J. BOX: Piégés dans le Yellowstone.

Deux mois, cinquante-neuf jours et quelques heures plus exactement, sans boire une goutte d'alcool, et Cody Hoyt replonge à cause d'un assassinat. Du moins pour lui, c'est un meurtre avéré, pour le shérif, il s'agirait plutôt d'un suicide.

Cody Hoyt est un policier, enquêteur criminel dans le comté Lewis& Clark, Montana, et le soir, même s'il est de permanence alors qu'il devrait rester chez lui au cas où, il parcourt la campagne à bord de son véhicule banalisé, fumant cigarette sur cigarette et rêvant de bières. En cette nuit de juin, il est appelé à bord de sa voiture par Edna, la standardiste du bureau du shérif de la ville d'Helena. Des randonneurs ont signalé depuis un bar l'incendie d'un chalet situé dans la forêt nationale et un cadavre calciné serait sous les décombres. Cody connait ce chalet, et il est angoissé à l'idée d'y trouver quelqu'un qu'il connait. Son partenaire Larry doit le rejoindre sur place.

Au début de leur association Larry avait tenu à mettre les points sur les I à défaut de mettre son poing dans la figure de son partenaire. La réputation négative de Cody lorsqu'il était en poste à Denver l'avait précédé. Ses écarts d'humeur et sa violence dus à son alcoolisme chronique et ses antécédents familiaux ne plaidaient guère non plus en sa faveur. Pourtant ils sont devenus amis sans oser se le déclarer tout en s'engueulant pour un oui ou un non.

En effet ce que Cody redoutait s'est bien produit. Hank Winters, son parrain aux Alcooliques Anonymes, est mort dans l'incendie partiel de son chalet. Aussitôt Larry pense à un accident ou à un moindre degré à un suicide, thèse qui sera reprise par Tubman le shérif et son adjoint Bodean. Mais pour Cody, il s'agit bel et bien d'un meurtre. Une bouteille vide de bourbon est retrouvée près du cadavre, et d'autres faits confirment l'assassinat, dont la fracture enregistrée à l'arrière du crâne. Evidemment il se pourrait que celle-ci soit due à un madrier tombé sur sa tête, mais plus étonnant, c'est la disparition des pièces que Hank Winters collectionnait, des sortes de jetons de présence aux réunions des AA.

Skeeter, le coroner arrivera plus tard, puis Carrie, une journaliste avec laquelle Cody a couché et dont les relations ont tourné rapidement court. Entre Tubman et Skeeter c'est la guerre froide, car dans quelques mois, des élections seront organisées pour élire le nouveau shérif. Et Skeeter est sur les rangs.

Le lendemain soir Cody retourne au chalet en compagnie de quelques bières et d'une bouteille de bourbon. Il tend un piège car il pense que le tueur est susceptible de retourner sur les lieux du crime. Mauvaise pioche, car si effectivement deux personnes arrivent, il s'agit du coroner et de la journaliste. Comme Cody et Skeeter sont armés, surpris de se trouver nez à nez, et Cody légèrement embrumé par l'alcool, inévitablement ils se tirent dessus. Heureusement Skeeter porte un gilet pare-balle. Résultat Cody est suspendu de ses fonctions de policier. Cela ne l'empêche pas de poursuivre ses investigations en enquêteur "libre" malgré les interdictions qui lui sont faites et grâce également à l'aide précieuse de Larry qui peut accéder à certains sites.

Par exemple celui du Vicap, qui recense les affaires criminelles dans tous les états. Et il se trouve que des assassinats similaires ont été perpétrés depuis quelques semaines dans divers états sans que les policiers fassent une corrélation entre les différentes affaires. Ensuite en consultant le disque dur de l'ordinateur de Hank il se rend compte que le dernier utilisateur, Hank ou son meurtrier, serait allé consulté un site proposant des randonnées dans l'immense parc de Yellowstone. Manque de chance, alors que Cody se trouvait le premier soir dans le chalet de Hank, il avait reçu un appel téléphonique de Justin, son fils, lui annonçant son intention de partir pour une semaine justement dans une randonnée en compagnie du nouvel ami de sa mère dont Cody est séparé. Aussitôt Cody décide de partir pour le siège de l'organisateur avec en poche le nom des participants à cette excursion qui devrait créer des liens relationnels entre Justin et l'ami de sa mère. Seulement en cours de route il est arrêté par un policier, ce qui le retarde, puis passant une nuit dans un hôtel de Bozeman il manque d'être brûlé vif dans l'incendie criminel de sa chambre.

Pendant ce temps, Jed Mcarthy s'affaire activement aux préparatifs en compagnie de sa jeune assistante Dakota Hill tandis les nouveaux Indiana Jones arrivent. Une douzaine d'aventuriers en herbe sont prévus, dont trois adolescents. Justin et son éventuel futur beau-père, et deux filles, Gracie et Danielle dont le père qu'elles ne voient que par épisode est là lui aussi. Un couple de sexagénaires, dont le ménage est largement fissuré, trois amis new-yorkais qui travaillent à Wall Street, un homme solitaire bourru et une jeune femme complètent le lot. Le plan de route est établi, le chargement est placé sur les mules, tout ce petit monde part plus ou moins bien installé sur le cheval qui lui est attribué, pour quelques uns c'est une première, et l'aventure peut commencer. A eux les grands espaces, le bivouac sous la tente, les repas en plein air, les joies de la pratique de l'halieutique, éventuellement des rencontres aimables (?) avec des loups ou des ours qui ne sont pas en peluche.

Seulement, tout ne se passe pas comme prévu. Certains regimbent, surtout lorsque Jed décide de changer d'itinéraire prétextant les pluies qui sont tombées en abondance durant le printemps. Et les défections commencent à être enregistrées. Cody, aidé par Bull Mitchell l'ancien propriétaire du centre, arrive trop tard, la petite troupe est déjà sur le sentier de l'aventure. Mais il ne désespère pas les rattraper.

 

Les amateurs de romans policiers ne manqueront pas d'établir un parallèle entre Matt Scuder, le héros de Lawrence Block, et Cody Hoyt, tous deux en proie aux affres de l'alcoolisme et émargeant aux Alcooliques Anonymes, à leurs essais d'échapper à cet éthylisme provoqué par des causes différentes, aux rechutes de Cody Hoyt à la suite de contrariétés provenant de soucis familiaux et affectifs. De même ces disparitions concernant des randonneurs dans le parc Yellowstone nous plongent dans l'univers christien des Dix petits nègres. Disparitions qui peuvent s'expliquer par des meurtres ou par des envies d'échapper à un individu, à moins que ces absences soient le fait d'un personnage mué en tueur. Enfin nous voyageons dans l'univers des grands espaces américains qui attirent de nombreux auteurs fascinés par la nature complexe de régions plus ou moins désertiques et qui recèlent de profonds mystères.

Profonds mystères comme dans ce roman qui marie suspense et énigme dans une atmosphère étouffante, ainsi qu'une étude de mœurs avec les réactions des divers participants à cette randonnée insolite. Pour certains, ce qui devait être l'occasion de mieux faire connaissance, d'établir ou rétablir des liens, de ressouder des familles, est une véritable faillite. Des antagonismes divisent les excursionnistes, et leur caractère se dévoile ainsi que les motivations secrètes de leur présence. Et des fois ça ne plane pas haut...

C.J. BOX: Piégés dans le Yellowstone. (Backof Beyond - 2011. Traduction de Freddy Michalski). Première édition Collection Seuil Policiers. Editions du Seuil. Réédition Points. Parution le 11 novembre 2014. 504 pages. 8,00€.

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22 novembre 2014 6 22 /11 /novembre /2014 13:32

La nostalgie, cette foutue maladie qui commence à nous ronger quand on se rend compte qu'on a plus de passé que d'avenir...

Michel FORCHERON : Michel, de Georges Bayard.

Avec Enyd Blyton, Paul-Jacques Bonzon, Lieutenant X (Vladimir Volkoff), Caroline Quine, Georges Chaulet, Anthony Buckeridge, Olivier Séchan (le père de Renaud, auteur de romans policiers seul ou en collaboration avec Igor Maslowski), Georges Bayard fut l'un des auteurs prolifiques de la Bibliothèque Verte deuxième série. Et les aventures de Michel Thérais enchantèrent bon nombre de préadolescents dès la fin des années 50 jusqu'au milieu des années 80.

Michel Forcheron a découvert cette série à la faveur d'une hospitalisation en 1959. Bien entendu la lecture était le moyen privilégié pour un enfant de s'évader. Pas de télévision dans les foyers, ou rarement. Les jeux vidéos et les subtilités d'Internet, les films sur DVD étaient encore à l'état de fantasmes. Alors les livres étaient offerts en cadeaux à l'occasion des Noëls, anniversaires, récompenses scolaires, séjours à l'hôpital, un plaisir toujours renouvelé et souvent attendu, pour peu que la lecture fut le passe-temps favori. Et là commençait l'étrange contradiction des parents qui déclamaient va jouer, il fait beau dehors, ou tu vas t'abîmer les yeux, et autres billevesées tendant à culpabiliser le jeune lecteur avide d'émotions.

 

Michel Forcheron dans son prologue nous narre sa découverte de Michel, le héros de Georges Bayard, véritable patronyme d'un instituteur qui écrivit bon nombre de romans juvéniles sous son véritable nom, qui à lui seul sentait déjà l'épopée aventureuse et intrépide, ou sous ses alias de J.P. Delmain pour des publications pour la jeunesse, Georges Travelier ou Jean-Pierre Decrest.

Après avoir décrit sa rencontre avec Georges Bayard par le biais de la lecture, Michel Forcheron s'attache d'abord à présenter la série Michel, trente neuf romans au total. Une description d'ensemble impartiale montrant son enthousiasme à la lecture des premières aventures de Michel, puis continuant à les acheter et à les lire l'âge adulte venu. L'auteur reconnait que les derniers épisodes ne sont plus aussi captivants, mais le penchant est toujours là, ce livre en est la preuve. L'amour se transforme au fil des ans en amitié et en affection.

Michel FORCHERON : Michel, de Georges Bayard. Michel FORCHERON : Michel, de Georges Bayard.

Ensuite on passe au chapitre de la biographie de Georges Bayard, qui comme bon nombre de ses confrères était issu du milieu de l'Education nationale, anciennement Instruction publique, ce qui permettait à des éditeurs tels que Hachette de publier des romans pédagogiques et didactiques. Seulement tout résidait dans la mesure de la narration, et cela était moins voyant et moins oppressif que dans certains romans de Jules Verne par exemple. Georges Bayard fréquenta Paul-Jacques Bonzon, instituteur lui aussi qui avait été affecté dans la Drôme pour des ennuis de santé.

 

Enfin la partie la plus conséquente de l'ouvrage est consacrée à Michel et ses amis, aux différents personnages récurrents ou non, à leur statut professionnel, à l'importance de leur présence au cours des intrigues, aux lieux de résidences, habituelle ou de villégiature, et bien d'autres encore dont notamment les sources d'inspiration de l'auteur, et bien évidemment en référence à la profession d'instituteur de l'auteur, didactisme et morale, références littéraires et historiques, citations et proverbes, humanisme et tolérance ou encore le socialement correct.

Michel Forcheron rappelle avec justesse une donnée qui a quelque peu été oubliée de nos jours, même si parfois dans certains magazines pour enfants elle est toujours indiquée : il s'agit de la fameuse loi de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse qui interdisait toute apologie de la violence et de l'immoralité, de proscrire les références politiques ou partisanes de toutes sortes, ainsi que toute scène jugée scabreuse ou ambigüe. Sinon la guillotine de la censure passait par là. Ce qui explique les intrigues lisses, voire puériles des romans destinés à la jeunesse de l'époque. Un carcan dans lequel les auteurs étaient enfermé, ne leur laissant que peu de champs pour s'exprimer véritablement. Une des astreintes littéraires qui de nos jours ne s'applique vraiment plus, heureusement car les auteurs peuvent dénoncer quelques problèmes inhérents à notre société. Par exemple Georges Bayard n'aurait jamais pu évoquer les Enfants de la Creuse, ces gamins issus de la Réunion qui ont été enlevés à leurs parents sous le principe fallacieux de pouvoir leur assurer une instruction publique de qualité mais qui étaient placés chez des paysans contents d'avoir de la main d'ouvre à bon marché. Voir à ce propos le roman de Jean-Paul Nozière : Que deviennent les enfants quand la nuit tombe...

 

Michel FORCHERON : Michel, de Georges Bayard. Michel FORCHERON : Michel, de Georges Bayard.

Toujours dans le domaine du socialement correct, Georges Bayard, et ses confrères, seraient dans l'obligation de nos jours de bannir certains mots ou expressions de leur vocabulaire. On ne parle plus d'invalide, d'infirme ou de paralytique mais d'handicapé ou de personne à mobilité réduite. De même ils n'écriraient plus Prospectus ou Tracts mais Flyers, Macaron mais Badge, Trame d'un roman mais Pitch. Il faut s'adapter à l'anglicisation du langage, ce qui n'est pas toujours heureux.

Ces romans n'ont pas vieillis, ils sont ancrés dans leur époque. Les lecteurs eux ont vieilli, et les progrès scientifiques et technologiques ont relégués aux oubliettes ce que les "seniors" ont connu. Par exemple dans le chapitre consacré aux PTT (Poste Télégraphe Téléphone et non pas Petit Travail Tranquille ou Paye Ta Tournée), l'adolescent d'aujourd'hui serait étonné en lisant que l'oblitération d'un timbre puisse fournir un indice géographique dans une enquête. En effet le nom de la ville dans laquelle une lettre était postée figurait en toutes lettres, avec parfois une flamme représentant un édifice religieux, un monument, un site remarquable, une manifestation à venir, ce qui faisait le bonheur des marcophiles.

 

De même le bon vieux temps des Demoiselles du téléphone qui mettaient en communication deux correspondants, les numéros à deux chiffres, les obligations de se rendre au café du village pour demander au docteur de venir pour une auscultation à domicile. Les adolescents habitués au portable ne se rendent pas compte du parcours du combattant qu'ont subi leurs grands-parents. Et bien évidemment il est plus simple de s'immerger dans des romans qui décrivent la réalité sociale et technologique actuelles, ou alors de s'immerger dans des mondes imaginaires.

 

En feuilletant rapidement cet ouvrage, avant de le lire en profondeur, je regrettais le manque iconographique, abstraction faite deux clichés, l'un représentant Georges Byard, l'autre l'entrée de la Marguillerie, la propriété familiale. Michel Forcheron explique cette absence dans son chapitre sur les illustrateurs.

A évoquer la série Michel, on ne peut faire abstraction d'une de ses composantes essentielles : les illustrations. Même si on n'est pas autorisé à en reproduire quelques-unes ici, et c'est bien dommage... Mais les instances du groupe Hachette d'aujourd'hui ne prennent même pas le temps de répondre à ceux qui sollicitent l'autorisation de reproduire quelques images de leurs éditions anciennes...

 

Cet ouvrage a été écrit par un passionné dont le propos est clair, limpide et enrichissant, surtout pour ceux qui ont gardé une âme d'enfant. Nous sommes loin des phrases absconses d'universitaires qui se font plaisir en rédigeant des articles pour la plupart du temps illisibles pour la moyenne des lecteurs. Ceux qui ont lu tout ou partie des romans composant la série des Michel retrouveront avec plaisir les petits bonheurs qu'ils ont ressentis lors de leur adolescence. Quant aux autres, ceux qui ne connaissent pas cet héros sympathique et ses compagnons, ils pourront découvrir les ressorts qui permettent à une intrigue de se développer, et leur donnera peut-être envie, au détour d'une brocante, d'en acheter quelques-uns, pour voir, histoire de se plonger dans un passé qu'ils ont connus et qu'ils regrettent quelque peu. Comme dit l'autre, c'était mieux avant...

 

Michel FORCHERON : Michel, de Georges Bayard. Monographie. Coëtquen éditions. Parution le 17 mai 2013. 298 pages. 15,00€.

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21 novembre 2014 5 21 /11 /novembre /2014 13:52

Le mystère Georges Tiffany

Georges TIFFANY : un portrait

Dans son excellent blog Action-Suspense, Claude Le Nocher a disséqué quelques ouvrages de Georges Tiffany, auteur du Fleuve Noir de 1964 à 1972 pour quatorze romans dans la collection Spécial Police et un dans la collection Grands Romans en 1966. Mais qui est (ou était) Georges Tiffany ? Jacqueline de Boulle, son véritable patronyme, est née en 1922 et est probablement d’origine belge.

De cet auteur féminin, on ne connait presque rien, sinon qu’elle a écrit en collaboration avec son mari, Lino Matassoni, quelques nouvelles dont L’homme qui voyait la mort, publié dans Fiction N° 101 (avril 1962). Lino Matassoni fut assistant de production notamment pour « Le feu aux poudres », film franco-italien réalisé par Henri Decoin en 1957, avec entre autres Lino Ventura, Raymond Pellegrin, Françoise Fabian et Jacqueline Maillan.

Georges TIFFANY : un portraitGeorges TIFFANY : un portraitGeorges TIFFANY : un portrait

En 1954, Jacqueline de Boulle reçoit le Prix Rossel décerné sur manuscrit pour Le Desperado, publié l’année suivante aux éditions René Juilliard. Ce roman narre l’aventure tragique de Luis Miguel Pereiro, un ancien séminariste devenu héros de l’armée espagnole républicaine puis résistant monarchiste. Fait prisonnier par les troupes de Franco il s’attend à être condamné à mort et s’attend à être exécuté, lorsque son père, pourtant incroyant, porte la croix dans la procession de Bilbao. Sa peine est commuée et lorsqu’il sort de prison, il est déconnecté des réalités de son siècle. Il devient paria, errant dans les groupuscules de résistance royalistes. Puis il exerce divers métiers plus ou moins humiliants à Paris. Il mourra, ne pouvant échapper au destin, sur le sol natal, en sautant d’un train en marche, voulant éviter les policiers qui le poursuivent.

Jacqueline de Boulle publie ensuite aux éditions Del Duca quelques romans sous son nom dont Chuquimata en 1957, Rossana plus douce qu’un péché (1958), L’amour est un serpent gris (1958), Lilo (1960), L’allumeuse (1963), ainsi qu’aux éditions Marabout, dans la collection Mademoiselle Flavia, jeune fille romaine (n°23 – 1957) puis toujours dans la même collection une dizaine de romans sous le pseudonyme de Tim Timmy dont La famille Andrieux (n°27), Les locataires de madame Andrieux (n°52), Les Andrieux aux sports d’hiver (n°61), Les mensonges de Jo Andrieux (n°73). Elle écrira aussi sous son nom des ouvrages pseudo-pédagogiques : La cuisine facile, simple, imaginative, économique en 1973 et Recevoir facilement en 1976 aux éditions belges Rossel.

 

Sources diverses dont le journal Le soir du 18 mai 1961.

Georges TIFFANY : un portraitGeorges TIFFANY : un portraitGeorges TIFFANY : un portrait

Dans la collection Spécial Police du Fleuve Noir

426 : Le Singe bleu (1964)

461 : Un Meurtre dans les yeux (1965)

481 : La Main tranchée (1965)

510 : La Morte dans la lagune (1966)

539 : La Tragédie du Viking (1966)

593 : Etes-vous Emilie? (1967)

636 : Le Château du margrave (1968)

652 : La Boutique aux pendues (1968)

714 : Le Masque nègre (1969)

744 : Les Papiers du mort (1969)

785 : La Dame aux corbeaux (1970)

821 : La Cage de verre (1970)

895 : La Mort en chaîne (1971)

948 : Le Bouillon d'araignées (1972)

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21 novembre 2014 5 21 /11 /novembre /2014 09:08

Ne se trouve pas sous la semelle d'un prêtre rural.

Joseph FARNEL : Le butin du Vatican.

Détective privé, Georges Lernaf s’occupe surtout d’adultères, et cela lui rapporte assez pour vivre. Il possède ses habitudes auxquelles il consacre son temps libre avec plaisir : dégustation de Côtes du Rhône et autres breuvages en compagnie de son ami le commandant Emile Dujardin et séances de massages améliorées chez sa belle voisine Elodie. Pourtant l’appel téléphonique qui le perturbe ce matin ne manque pas de la surprendre.

Un prêtre, qui prétend être délégué par le Vatican, requiert ses services. Rendez-vous est pris pour le lendemain, et Lernaf suppose, à juste titre, que cette fois il ne va pas être embauché pour une histoire de cocufiage. Le lendemain matin, à peine sorti des brumes dans lesquelles Bacchus l’a complaisamment enveloppé la veille au soir en compagnie de ami de comptoir Emile, Lernaf aperçoit dans la rue, cherchant l’immeuble dans lequel il gîte, son client potentiel. Lernaf n’aura jamais l’heur de converser avec le religieux. Celui-ci est abattu par un homme qui tient une arme munie d’un silencieux (plus exactement un réducteur de son) et qui tient à la place du passager dans un véhicule immatriculé en Italie. L’homme veut descendre de la voiture mais il n’en a pas le temps car deux motards arrivent pleins gaz. Les chevaliers des temps modernes glissent sur la chaussée glacée et se fracassent le crâne. La voiture repart précipitamment tandis que la police et les secours arrivent uniquement pour constater les dégâts. Sur place, tandis que tout ce petit monde s’agite, Lernaf en profite pour récupérer un tube en cuir, le cache sous ses vêtements et remonte chez lui. A l’intérieur du cylindre en cuir est enroulé un tableau. Vérification faite il s’agit d’une œuvre d’un certain Frans Hals, né au milieu des années 80. 1580 pour être précis. Et voilà Lernaf embarqué à nouveau dans une sombre histoire de tableaux. Mais cela n’est pas forcément pour lui déplaire car il va faire de nouvelles connaissances à la plastique parfaite.

D’abord Maria, sœur Maria, qui se présente comme appartenant aux services secrets du Vatican et souhaite récupérer le tableau. Les dénégations de Lernaf n’y font rien. La belle, oui j’ai omis de vous préciser que la religieuse est belle à se faire damner un saint, la belle donc l’a photographié en train de récupérer le tube de cuir. Lernaf affirme, et il peut en jurer qu’il ne possède pas, plus, l’objet. En effet il l’a confié à sa voisine masseuse, mais ça il omet de l’avouer. Une première incursion féminine dans cette histoire qui est suivie par une autre jeune et belle femme, dont les atouts, là encore, se présentent avantageusement grâce à son opulente poitrine. Tout comme la première. Elle possède un ami commun avec Lernaf qui vit en Israël. En réalité elle émarge au Mossad, Lernaf ne l’est pas pour autant. Maussade !

Rachel en effet s’invite dans un imbroglio qui devient une partie carrée à cinq : Dujardin et son adjoint Gérard, bousculés par le divisionnaire Fabre, Sœur Maria et ses compagnons, Rachel et ses gardes du corps, une représentante de la DCRI plus quelques islamistes qui jettent la pagaille dans l’embrouillamini créé par ce tableau. En effet celui-ci serait l’un des très nombreux objets précieux entreposés au Vatican depuis la seconde guerre mondiale, un trésor confié ou récupéré auprès des Nazis afin de les aider à échapper à la justice.

 

Parmi tous ces personnages savoureux qui gravitent dans ce roman haut en couleurs, je retiendrai Emile Dujardin, un commissaire avec qui l’on passerait volontiers à table étant donné son coup de fourchette phénoménal, et son gosier en pente qui ingurgite bières sur bières, verres de Côtes du Rhône sur ballons de Côtes du Rhône. Et Lernaf – avez-vous remarqué l’anagramme avec l’auteur – n’est pas en reste, partageant les agapes avec voracité, d’une façon moins prégnante que celle de Dujardin concernant les solides mais tout aussi gloutonne pour les liquides. Autre particularité de Dujardin, il assène à satiété proverbes, dictons et autres maximes, mais en en changeant un mot, ce que relève Lernaf qui corrige les erreurs. Le lecteur amusé pourra essayer de rétablir ces sentences dans leur forme originelle même si, comme le détective, il peut être amené à penser que le policier est parfois un peu lourd.

Ce roman roboratif (pour une fois ce mot justifie entièrement le contexte) possède l’ambiance, toutes proportions gardées, qui imprégnait les œuvres de Peter Cheney avec un héros avalant à fortes doses du whisky sans être véritablement incommodé le lendemain. Une atmosphère dans laquelle les protagonistes provenant de milieux divers évoluaient, se catapultaient, mêlant l’espionnage et le policier.

A lire et à déguster, vous n’en sortirez pas la tête embrumée par des vapeurs d’alcool délétères. Et peut-être est-ce dû à la consommation effrénée de boissons alcoolisées que le héros, qui s’exprime à la première personne du singulier, est transporté à un certain moment à l’hôpital de la Salpêtrière et quelques pages plus loin se trouve coincé, en compagnie avec une infirmière accorte, à l’hôpital Lariboisière.

 

Joseph FARNEL : Le butin du Vatican. Editions Pascal Galodé. Réédition Format Poche. Parution le 19 novembre 2014. 296 pages. 9,90€.

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 16:33

On répond aussi que les livres coûtent chers, alors qu'on dépense en plaisirs futiles et de mauvais goût plus d'argent qu'il n'en faudrait pour se composer une riche collection d'ouvrages.

Frédérique VOLOT : 59, passage Sainte-Anne.

Afin de reprendre des forces après une blessure qui l'a laissé dans le coma durant quatre jours, Achille Bonnefond, qui professe le métier de détective privé en dilettante, n'ayant pas besoin de rentrées d'argent subséquentes pour vivre, Achille Bonnefond se rend en sa propriété en Touraine. Le Joli Domaine des Rosiers est propice à une remise en forme des plus bucoliques. Il a auprès de lui ses fidèles compagnons, Félix, détective comme lui et son épouse Cécile, Tamara sa nourrice et gouvernante, Pakoune son chat borgne, Baise-la-mort et son chien Totor la Guillotine, ainsi que Marthe, sa maîtresse aujourd'hui mariée au riche mais vieux et laid Hubert de Germonville. Ce bonheur simple et reposant est troublé par l'arrivée d'un télégramme annonçant le décès de Mimi Pattes-Maigres.

Aussitôt Achille décide de regagner Paris afin d'assister à l'enterrement. Il va en profiter pour inciter, voire obliger Marthe à s'installer chez son époux car il commence à s'en lasser. Mimi Pattes-Maigres était une danseuse comédienne qu'Achille et Marthe connaissaient bien. Aussi son décès le surprend même si Mimi Pattes-Maigres arrivée à la trentaine n'avait plus le même succès auprès des hommes qu'auparavant et que la misère la guettait. Il pense à un suicide mais Marthe ne se range pas à son avis. Elle est persuadée, son intuition ne la trompe pas, que leur amie ne s'est pas supprimée. Après l'enterrement, la vie continue, sans Marthe qui est priée de rester avec son mari.

Les semaines passent jusqu'au jour un gamin lui amène un message. Un inconnu lui demande de le rencontrer en l'église Saint-Laurent, le soir tard et d'amener une forte somme d'argent. Il aurait des révélation à lui faire concernant la mort de Mimi. Il aurait, car lorsqu'Achille se présente au rendez-vous en compagnie de son ami Félix, l'homme est mort, portant des traces de griffures sur le visage et le corps. Un individu mort ne peut plus parler, aussi afin de connaître son identité, il est décidé de l'exposer à la morgue. Un passant curieux finira bien par lui donner un nom. Et c'est ce qui arrive, un voisin du défunt peut apporter un nom et une adresse. mais entretemps les événements se sont s'enchaînés, de même que le cœur d'Achille qui est son talon faible.

Il retrouve, vingt-cinq ans après les avoir vu pour la dernière fois, son oncle et sa tante et surtout sa cousine Garance qui est devenue une très belle jeune fille, fiancée à un homme qu'aussitôt il prend en grippe. Ils habitent dans l'Est de la France et pour une fois la famille est réunie, sans se faire la tronche. Ce n'est pas pour autant qu'Achille oublie les affaires courantes. Afin d'en avoir le cœur net, Achille demande à Tardieu son ami légiste de procéder à une autopsie, après avoir procédé à l'exhumation du corps de Mimi, puis il se rend chez l'ex-danseuse et découvre à l'intérieur de l'ourlet d'une robe un petit mot, composé de lettres découpées dans un journal, citant un passage du Siracide dans la Bible.

Achille n'a pas trouvé cela tout seul, c'est Cécile, la femme de Félix qui le lui a annoncé, comme si c'était tout naturel. Ce qui est plus naturel, c'est l'annonce de sa grossesse, mais Achille n'y est pour rien. C'est Félix l'heureux époux. Félix qui en profite pour suggérer à Achille d'aller rencontrer un spirite qui commence à se faire une sérieuse renommée sur la place de Paris et d'ailleurs. Et c'est ainsi qu'Achille va faire la connaissance d'Allan Kardec, mais également d'un autre personnage qui deviendra par la suite célèbre par ses écrits et ardant défenseur de la vulgarisation des sciences positives, l'astronome Camille Flammarion, dont le frère Ernest fut le fondateur de la librairie et des éditions du même nom. Mais j'anticipe et restons en cette année 1861 dans l'antre d'Allan Kardec.

 

Paris est en plein bouleversement et effervescence avec la démolition des vieux bâtiments insalubres afin de faire place à la reconstruction d'immeubles plus harmonieux et à des rues dégagées permettant une circulation plus aisée. C'est également le début du spiritisme sous l'impulsion d'Allan Kardec qui prône la philosophie spirite et est déjà célèbre, ayant à son actif quelques écrits qui enregistrent un grand succès. Le spiritisme qui quelques décennies plus tard conquerra de nombreux adeptes dont Arthur Conan Doyle. Et Frédérique Volot nous montre avec réalisme Allan Kardec dans ses œuvres, assisté de deux médiums, comme si elle avait participé elle-même à ces séances. Mais ce n'est en aucun cas ennuyeux ou pédant. Et que nous soyons ou non convaincus par les mystères du spiritisme, il faut avouer que ces représentations en petit comité sont d'un réalisme bluffant.

Nous suivons en même temps les débuts des relations entre Achille et sa cousine Garance, tout d'abord fort timides et épistolaires.

 

Parfois humoristique, le ton devient grave dans certaines situations :

Nous entrons dans une ère de progrès, de sciences, de connaissance, d'élévation !

Tu as raison, mortel. Une ère de folie aussi.

Frédérique Volot souligne l'antagonisme qui règne entre les bienfaits et les progrès de la science qui justement peuvent se retourner contre l'humanité, entraînant des effets néfastes.

Humour ai-je écrit ? oui, si l'on se réfère à ce petit passage qui vous remémorera sûrement quelque chose ou quelqu'un :

Achille leva son verre.

-Ton enthousiasme fait plaisir à voir ! Et la politique, ça t'intéresse ?

Garance éclata de rire.

-Oh que non. Je laisse ça aux hommes qui aiment se donner de l'importance et s'imaginent en se rasant le matin qu'ils ont un destin national ! C'est si petit, cela, mon cousin.

 

Autre petit passage, ce sera le dernier, que j'ai relevé et qui reflète particulièrement notre époque.

La plupart des hommes prétendent aimer l'étude et objectent que le temps leur manque pour s'y livrer. Cependant, beaucoup d'entre eux consacrent des soirées entières au jeu, aux conversations oiseuses. On répond aussi que les livres coûtent chers, alors qu'on dépense en plaisirs futiles et de mauvais goût plus d'argent qu'il n'en faudrait pour se composer une riche collection d'ouvrages.

On ne peut qu'applaudir qu'à cette déclamation d'Allan Kardec à l'encontre d'Achille qui l'écoute fasciné. Un homme qui aime les livres, et la lecture, ne peut être foncièrement mauvais.

 

Dernière petite remarque : Nombreux sont les protagonistes dont les initiales sont A.B. Achille Bonnefond, le personnage principal, mais également Amalia de Briseuil une "vieille" amie d'Achille, Adrien Bouchard, trésorier d'une Société, Anatole Bernier...

Frédérique VOLOT : 59, passage Sainte-Anne.

Frédérique VOLOT : 59, passage Sainte-Anne. Editions Presses de la Cité, collection Terres de France. Parution le 9 octobre 2014. 336 pages. 21,50€.

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20 novembre 2014 4 20 /11 /novembre /2014 08:50

Une librairie qui meurt, ce n'est pas une page qui se tourne, c'est un livre qui se ferme, à jamais.

Henri LŒVENBRUCK : Le mystère Fulcanelli.

Depuis le temps qu'elle le pressentait, qu'elle le redoutait, Lola est au pied du mur. Son patron, un vieil anarchiste bolivien, propriétaire-gérant de la Librairie Le Passe-muraille située près de la Bastille, a décidé de fermer boutique. Personne ne voulait reprendre l'échoppe et il s'est vu contraint de la céder à une chaine de téléphonie mobile.

Lola est mère d'un petit Maxime, quatorze mois, et vit avec Thomas, cameraman qui donc émarge comme intermittent du spectacle et dont les revenus sont aléatoires. Quatre ans auparavant elle sortait avec Ari Mackenzie, un policier de la DCRI. Elle voulait un enfant, lui n'en voulait, comme chantait Nougaro. Mais elle se rend compte que Thomas la trompe et dépitée, déçue, elle quitte le domicile emportant quelques affaires et son fils Maxime. Elle téléphone à un ami, Krysztov, garde du corps et ami de son ancien compagnon Ari, le priant de les héberger elle et son fils.

Mais que fait Ari pendant ce temps ? Il vit de ses rentes qui fondent plus rapidement que neige au soleil (cliché). Et l'entrepreneur à qui il avait demandé de restaurer une vieille maison, sise dans l'Héraut, qu'un incendie a ravagé l'année précédente, vient de le lâcher pour des problèmes de finances. Il déguste régulièrement quelques whiskies au Sancerre (le nombre ne nous importe peu, c'est lui qui paie) et c'est là qu'un ancien camarade, policier de son état, fait irruption. Radenac, brigadier-chef au poste de police du Palais-Royal, connaissant le penchant qu'Ari entretient pour l'ésotérisme et l'alchimie lui demande des renseignement sur Fulcanelli.

Ari Mackenzie est à l'aise pour lui répondre car il s'est fortement intéressé à ce personnage mystérieux lorsque, adolescent, un jardinier dans un square près du Sacré-Cœur le voyant lire un ouvrage de Gérard de Sède, lui a prêté Le Mystère des cathédrales de Fulcanelli. Or règne sous ce pseudo un mystère qui n'a jamais été élucidé. L'alchimiste aurait signé deux livres en 1926 et 1930, un troisième intitulé Finis Gloriae Mundi étant prévu pour paraître mais qui le fut jamais. La préface était signée Eugène Canseliet et les dessins de Julien Champagne.

Radenac désire qu'Ari l'accompagne chez Gabriella Mazzoleni, dont le père, célèbre galeriste, vient de décéder. L'homme possédait une bibliothèque composée d'ouvrages précieux, sur l'alchimie et l'ésotérisme, datant pour certains de plusieurs siècles. L'appartement est protégé par une porte blindée, pour autant un carnet de Fulcanelli, un exemplaire unique, de seize pages dont seules trois ont été écrites, a disparu. Sceptique au début, Ari va bientôt fortement s'intéresser à cette disparition, lorsqu'en lisant dans un journal le décès de Jacques Caillol, poignardé alors qu'il visitait de nuit, étant entré par effraction, l'église de la Santa Caridad à Séville. Un meurtre qui relance l'intérêt d'Ari car ce meurtre a été perpétré devant un tableau de Juan de Valdès Leal dont le titre est Finis Gloriae Mundi. Ce ne peut être une coïncidence. Gabriella propose à Ari de le rétribuer grassement pour enquêter, ce que le policier accepte.

Aussi il se rend à Séville afin de glaner des renseignements qui peuvent s'avérer précieux et prendre des photos du tableau et de l'endroit où il est apposé. Radenac, resté à Paris, a un doute sur la mort supposée naturelle de Mazzoleni, et effectivement le galeriste n'est pas décédé d'une crise cardiaque mais bien empoisonné. Chacun de leur côté ou ensemble Radenac et Ari vont donc procéder à des recherches, d'autant qu'un nouveau meurtre est découvert. Le nom de Caillol titille l'esprit d'Ari qui demande à une de ses relations d'effectuer des informations dans les fichiers de la police. Caillol faisait partie d'une association, la Fraternité d'Héliopolis, dont les membres sont connus sous des pseudonymes comme Archo (Caillol), Sophronos, Orthon, Epistemon. Si le véritable patronyme de certains d'entre eux est connu, il n'en est pas de même pour tous. Et ces Frères Chevaliers d'Héliopolis ont une corrélation avec Fulcanelli. Si Ari possède encore des amis susceptibles de pouvoir l'aider Radenac aussi et il s'en servira, pas conscient que cela pourra leur être préjudiciable.

Un homme qui se déplace en moto de marque italienne s'attache à suivre Ari dans ses déplacements, ce qui nous offre quelques belles pages de poursuite et l'intrusion d'un collègue de Radenac, à l'apparence de motard, tatoué, cheveux longs et au parler argotique.

 

Construisant son énigme autour de protagonistes ayant réellement existés, Henri Lœvenbruck traite bien sûr de l'alchimie, de l'ésotérisme et de l'hermétisme mais d'une façon détournée, sans s'appesantir dessus. Il passionne le lecteur en proposant deux enquêtes en une. D'abord l'enquête criminelle que l'auteur dénomme enquête Scoubidou et que moi j'appelle Marabout de ficelle : un individu A est tué par un personnage B qui lui-même est assassiné par C et ainsi de suite. Mais cette intrigue est sujette à dénouer le mystère qui plane sur le personnage de Fulcanelli, en apportant sa solution, en l'étayant, en insérant dans son histoire épisodes réels et fictifs, en les liant d'une manière harmonieuse grâce aux différents protagonistes qui évoluent d'une façon naturelle. Il entremêle les différentes histoires, Lola et ses amours et déceptions, la double recherche de Radenac et de MacKenzie sur les crimes de sang qui sont perpétrés, et la recherche des mystères qui entourent Fulcanelli et les liens entre les événements qui se déroulent. Les protagonistes fictifs sont en relation plus ou moins étroites à travers le temps avec des personnages ayant réellement existés, Camille Flammarion, Anatole France, Victor Hugo, ou la famille de Ferdinand de Lesseps.

Mystère et suspense sont au rendez-vous. Mais mystère surtout avec ses ingrédients naturels : carnet secret et messages à décrypter. Une ambiance digne des anciens romans de mystère qui offraient aux lecteurs des moments de lecture de pur plaisir. Un peu une atmosphère à la Blake et Mortimer.

Mais le véritable héros de cet ouvrage, toujours présent mais qui ne s'exprime pas, c'est le Livre. Au début avec cette librairie qui s'étiole, mais aussi dans les différentes bibliothèques somptueuses, celle d'Ari Mackenzie, celle de Mazzoleni dont les ouvrages, des exemplaires uniques, des incunables, doivent être donnés selon le testament rédigé par le galeriste, aux Archives Nationales, mais également au travers d'œuvres évoquées au cours du récit comme Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, La Rôtisserie de la Reine Pédauque d'Anatole France, Du côté de chez Swann de Marcel Proust sans oublier les vedettes que sont les livres ésotériques publiés de Fulcanelli, Le Mystère des Cathédrales et l'interprétation ésotérique des symboles hermétiques du Grand-Œuvre et Les Demeures philosophales et le symbolisme hermétique dans ses rapports avec l'art sacré et l'ésotérisme du Grand-Œuvre et celui qui ne l'a jamais été et fait l'objet de toutes les supputations : Finis Gloriae Mundi.

Bien sûr ceci n'est qu'une fiction mais ce panachage entre faits réels et historiques et l'imagination de l'auteur offre une histoire savoureuse qui n'aborde en aucun cas le fantastique ou le surnaturel, et nous change agréablement des romans noirs actuels.

Chacun de nous possède ses passions, que l'on cultive avec plus ou moins d'ardeur, mais sans pour autant vouloir se montrer pédant. C'est le cas d'Henri Lœvenbruck qui d'ailleurs précise en fin de volume ses références bibliographiques et dresse une chronologie historique de cette affaire qui intéresse de nombreux chercheurs.

Henri LŒVENBRUCK : Le mystère Fulcanelli. (Première parution Editions Flammarion). Réédition J'ai Lu Thriller. Parution le 8 octobre 2014. 508 pages. 8,00€.

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19 novembre 2014 3 19 /11 /novembre /2014 13:22

Lorsque Polar et Anticipation font bon ménage

Jean MAZARIN : Poupées.

Publiées à l'origine en deux romans à quelques mois de distance, dans la collection Anticipation du Fleuve Noir sous les numéros 1386 en juin 1985 et 1447 en avril 1986, voici enfin réunies en un volume les aventures de Face Wilson, dans une version revue et corrigée par l'auteur.

 

Poupée tueuse :

Los Angeles 2195.

Lorsque ses collègues évoquent sa compagne Face, Samuel Lance est quelque peu gêné. Ils lui demandent pourquoi, depuis les cinq ans qu'il vit avec elle, qu'ils ne se sont pas encore mariés, mais surtout s'il n'a pas peur qu'elle le trompe durant ses longs déplacements. Faut comprendre : Face est plus que belle, fine, élégante, racée. Sam affirme qu'il a toute confiance en elle, et pour cause.

Super-pompier, il est envoyé avec son équipe sur tous les fronts, là où les incendies de plates-formes pétrolières peuvent mettre la planète en danger. Il part parfois pour plusieurs semaines, et lorsqu'il rentre il retrouve Face toujours disponible. Car il faut préciser qu'il a choisi Face sur catalogue et qu'il paie une location pour la garder un temps donné. Face est un clone, une réplique, une création comme préfère les appeler l'Human' Figure, la firme qui commercialise ces poupées quasiment humaines. Aussi quand il doit quitter son domicile, il procède à une petite intervention sur Face. Il lui retire de la nuque une plaquette informatique, programmée pour une fonction érotique, et la remplace par une plaquette neutre.

Ce qui n'était pas prévu c'est le décès de Sam et de quelques compagnons dans l'incendie d'une Centrale Atomique en Afrique du Sud. Face apprend la mauvaise nouvelle par la télévision.

Lorither, le patron de Sam, reçoit la visite de Latona, représentant la Human's Figure. L'homme veut récupérer Face, car pour cette entreprise elle n'est qu'un objet. Celui qui l'avait en location étant décédé, le loyer ne peut plus être encaissé, et donc Face doit être recyclée. Lorither prévient la jeune femme et lorsque Latona se présente chez Face, celle-ci l'attend de pied ferme. Ce n'est pas parce que ses fonctions érotiques lui ont été ôtées qu'elle ne réfléchit pas. Latona va en faire la douloureuse et mortelle expérience. Sam avait entraîné sa compagne au tir à la carabine et au pistolet, des enseignements que Face avait assimilés. Latona décède et Face s'enfuit emportant avec elle l'arme à feu qui lui a permis de se débarrasser de l'importun.

Le voisinage n'est pas sourd et la police est immédiatement prévenue. Le directeur des relations extérieures de l'Human's Figure engage un tueur pour détruire Face. La jeune femme entame un parcours périlleux qui va la mener chez Estelle, une artiste peintre qu'elle a connu quelques mois auparavant, lui avouant son statut de création, mais bientôt elle doit s'enfuir de nouveau. Elle s'enfonce dans le Chinese Center, un lieu mal famé, afin de trouver refuge auprès de Liu-Chang, un ami de Sam qui dirige un Libido'Bar. Pas besoin d'explications pour s'imaginer quel est ce genre d'endroit. Liu-Chang lui fournit une nouvelle identité, celle d'une personne ayant réellement existé mais disparue dans un accident deux ans auparavant. Car Face est enregistrée au Fichier Central Unifié. La cavale ne peut se terminer ainsi, d'autant qu'un individu du nom de Mallus l'invite chez lui. Seulement, Face ressent du plaisir à tuer, ce qui n'était pas prévu dans sa programmation informatique, et les cadavres vont s'éparpiller autour d'elle.

 

Poupée cassée :

Toujours en fuite, Face est traquée aussi bien par le maire et les forces de Sécurité Urbaine, que par l'Human's Figure, deux entités à laquelle s'ajoute la Ligue des milices, représentée par le colonel Greencask. Même si la plupart des personnes concernées savent pertinemment que Face est une réplique, une création, tous souhaitent ardemment que ce statut ne soit pas porté à la connaissance du public. Face est une femme, une tueuse, qu'il faut annihiler à tout prix.

Arrêtée, Face doit être présente lors de la reconstitution de sa précédente tuerie. Tous ces acteurs sont présents ainsi qu'une carcérologue chargée d'analyser son comportement meurtrier et que Cosamostra, son avocat réputé comme adversaire implacable face aux juges. Un hélicoptère survole les lieux et deux techniciens, en réalité des hommes de la Human's Figure, aident à l'enlèvement des deux jeunes femmes qui se retrouvent enfermées dans un entrepôt, après un voyage en canot sous-marin et camion frigorifique aménagé. Quant aux deux techniciens, ils ont été froidement abattus. Face cherche une solution pour s'évader, et l'un de ses gardiens va lui faciliter cette issue en compagnie de la carcérologue. Mais et après... ? Que va devenir Face ?

 

Dans ce double roman qui date de 1986 les progrès technologiques, informatiques et autres imaginés par Jean Mazarin ont été depuis réalisés ou sont en passe de l'être. Ce qui signifie que le lecteur ne se trouve pas en face d'un roman d'anticipation farfelu, dans lequel les inventions seraient délirantes. Seul le statut de Face, qui fait face justement à un avenir et des réactions programmées, pourrait faire sourire. Pourtant les émotions ressenties par Face se modifient au fur et à mesure de ses pérégrinations et des épisodes qu'elle va vivre. Mais si l'implant de plaquettes informatiques n'est pas encore à l'ordre du jour, on se rend compte qu'avec l'intégrisme, religieux par exemple, de nombreux jeunes en manque d'idéal ou justement parce qu'ils pensent en trouver un, peuvent devenir des tueurs en puissance par endoctrinement savamment orchestré.

Les pouvoirs politiques et judiciaires sont sous la coupe de financiers et d'entreprises qui dictent leur loi, et seul l'argent règle en sous-main les édiles qui peuvent émettre leurs déclarations dans un sens sachant que de toute façon ils seront obligés de composer face à des pressions occultes. Et ça ce n'est pas nouveau. Les minorités, comme la Ligue, prennent de plus en plus d'importance dans les décisions politiques, malgré leur peu de poids apparent. Mais ça aussi on le voit tous les jours, les hommes politiques s'inclinant devant les désidératas de petits groupes organisés de contestataires à telle ou telle décision, quitte à changer de discours le lendemain devant d'autres électeurs favorables potentiellement.

Mais il ne faut pas croire que ce roman est un pensum comme parfois peut l'être un roman de S.F.

Il n'y a qu'à appuyer sur la touche lecture et se laisser glisser agréablement en pilotage automatique sur l'autoroute, sans péage, des pages jusqu'au dénouement. Parcours agréable assuré.

Jean MAZARIN : Poupées. Jean MAZARIN : Poupées.

Jean MAZARIN : Poupées. Collection Blanche n°2114. Editions Rivière Blanche. Parution 2014. 238 pages. 17,00€.

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18 novembre 2014 2 18 /11 /novembre /2014 10:48

Bon anniversaire à Hervé Jaouen né le 18 novembre 1946

Hervé JAOUEN : Que ma terre demeure.

Roman du souvenir et de la terre, tel est le propos de Hervé Jaouen dans ce roman, vibrant hommage à ceux qui trimèrent sur la lande bretonne. C’est également la dénonciation des dérives d’une agriculture intensive, de la production porcine à outrance, au détriment de la qualité de vie. C’est aussi la recherche d’un passé trouble.

Anna, enfant de la DASS a été élevée chez les sœurs a trouvé une place comme secrétaire de mairie. C’est là qu’elle a connu celui qui deviendra son mari. Pour pas longtemps. Le temps de lui faire un enfant. Trois années de mariage et le bonheur qui bascule à cause d’un accident de tracteur. Anna va tenir les rênes de la ferme, avec l’aide de son beau-père et malgré les convoitises de son voisin, gros éleveur porcin. Le modernisme pointe le bout de son nez et avec lui les dégradations de la nature.

 

Un combat que narre avec pudeur mais force et justesse Hervé Jaouen qui entremêle l’existence d’Anna, attachée à sa terre, à la recherche de son identité et les excès d’une agriculture moderne qui ne répond qu’au seul nom de profit, de production intensive.

Quelques pages épiques émaillent ce récit, constat d’une époque qui oscille aujourd’hui entre qualité et productivité, souvent deux entités incompatibles. Le roman de la terre, le roman d’une femme, un roman noir qui ne s’affiche pas comme tel mais qui révèle le combat houleux et quotidien de ceux qui sont et restent attachés à une nature non défigurée, non spoliée, non empoisonnée.

Un livre qui au delà du roman traditionnel fait réfléchir sur l’avenir, d’une façon moins fracassante, moins médiatique mais peut-être plus incisive que les actions d’éclats de José Bové.

Hervé JAOUEN : Que ma terre demeure. Collection Terre de France, éditions Presses de la Cité. Parution avril 2001. 348 pages. 18,30€.

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18 novembre 2014 2 18 /11 /novembre /2014 08:53

Plus dangereux que la Danse des canards...

Pascal DESSAINT : Le bal des frelons.

Voulez-vous valser, abeilles… ? pourrait chantonner Maxime, l’apiculteur qui commence à procéder à la transhumance de ses ruches. Une opération délicate à effectuer, les hyménoptères n’appréciant guère les déménagements. Parfois certaines d’entre elles, éprises de liberté, s’échappent mais elles rentrent rapidement au bercail. Mais Maxime doit veiller aussi aux prédateurs, les perce-oreilles, les varroas, les frelons asiatiques aussi, le nouveau péril jaune. C’est dans ce contexte que Paul réapparait, Paul son beau-fils, qu’il n’a pas vu depuis une dizaine d’années. Les deux hommes se retrouvent comme si de rien n’était et Paul va même jusqu’à proposer ses services. Mais ceci n’est que l’un des éléments de cette histoire, dans laquelle grouillent quelques personnages dont on ne sait quel diptère les a piqués.

Peut-être que tout ne serait pas arrivé si Viviane n’était pas tombée malade, sclérosée, et si elle n’avait pas incité son mari Michel, le maire du village, d’aller voir ailleurs afin de contenter sa libido. Alors il s’était empressé de faire la cour, tel un paon, à Martine qui apparemment n’en demandait pas plus.

Peut-être que tout ne serait pas arrivé si Martine, paniquée à cause des banques qui au lieu de jouer à l’écureuil, voire à la fourmi, ne s’était pas mises à jouer à la cigale, n’avait pas retiré les économies du ménage pour les mettre à l’abri dans une boite en plastique. Antonin son mari, maton à la retraite qui passe ses journées sur un banc près du cimetière, se prenant pour un lézard chauffé par le soleil regardant les habitants vaquer à leurs occupations, Antonin n’apprécie pas ce manque de confiance, d’autant que Martine ne veut pas lui préciser où elle a caché le magot. Ce qu’il ne sait pas c’est que Martine a décidé, telle la mante religieuse, de ne faire qu’une bouchée de son mari en requérant les services de Michel. Antonin n’est plus tout à fait l’étalon qu’elle a connu, même s’il n’a jamais été un chaud lapin, pas encore un bœuf mais quand même. Elle sait se montrer convaincante auprès de Michel grâce à quelques gâteries de son cru, lui insufflant l’idée d’utiliser son fusil de chasse. Coralie, la secrétaire de mairie, qui a entendu quelques bruits de succion et de déglutition derrière la porte, a décidé qu’elle aussi devrait participer à la fête et, pourquoi pas, s’approprier une partie du magot que Martine a proposé à son patron.

Rémi, l’idiot du village, qui comme une larve humaine vit dans un château d’eau désaffecté, joue les bousiers, après avoir déterré le cadavre de son ancienne compagne décédée. Il possède deux poules, une rouge et une noire qui a appelée Sten et Dahl. Quant à Loïk et Baptiste, deux anciens détenus, ils se promettent quelques joies en retrouvant Antonin, leur ancien maton. L’un d’eux est un fan de Status Quo, l’autre ne voit que par Caroline, son hérisson.

 

La tranquillité de ce petit village de l’Ariège est compromise par tous ces personnages qui s’agitent comme si le destin avait donné un coup de pied dans un nid de frelon. Et pour corser ce zoo, un ours se balade dans la nature tandis qu’une vache est retrouvée abattue d’un coup de fusil. Plus loin, se dresse une ancienne usine de Tungstène, dont les effets nocifs ont peut-être perturbé le mental de certains des villageois.

Pascal Dessaint nous entraîne dans une atmosphère limite déjantée, qui emprunte à Siniac, Charles Williams ou encore à Jim Thompson, l’auteur de 1275 âmes, mais décrivant tout ce petit monde avec le regard acéré de l’épervier. Des scènes truculentes, d’autres émouvantes, émaillent ce roman qui aurait pu être dédié à Buffon.

 

Pascal DESSAINT : Le bal des frelons. (Première édition Rivages/Thriller, février 2011). Réédition Rivages Noirs N° 974. Editions Rivages. Parution 12 novembre 2014. 210 pages. 7,50€.

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17 novembre 2014 1 17 /11 /novembre /2014 13:53

Hommage à Pierre Véry né le 17 novembre 1900.

Pierre VERY : M. Malbrough est mort.

Si L’assassinat du Père Noël, Goupi Mains Rouges ou encore Les Disparus de Saint-Agil demeurent les romans phares de Pierre Véry, peut-être grâce aux adaptations cinématographiques dont ils furent l’objet, il ne faut pas oublier d’autres romans tout aussi charmants et empreints de mystères comme celui proposé aujourd’hui.

Enfant trouvé, situation familiale à laquelle il ne trouve que des avantages, créateur de cartes postales artistiques, mais ne roulant pas sur l’or, Simon Laurent vient d’hériter d’un ami décédé une maisonnette en Sologne. Aussi il se rend sur place afin d’en négocier la vente.

Il est amoureux d’une jeune femme qui ne professe envers lui que de l’amitié. Lorsqu’il chemine, comme ce jour-là, dans les sous-bois solognots, il converse avec celle qu’il a surnommé La Dame de Cœur, et elle n’hésite pas à lui donner des conseils ou à lui faire des remontrances. Tout ça se passe dans sa tête, mais il le vit intensément. Un homme en bicyclette le dépasse et au détour d’un chemin perd le colis qu’il transportait sur son porte-bagages. Le paquet a atterri non loin du Vieux Logis, une grande maison bourgeoise surnommée Le Château par les gens du cru. N’écoutant que son intégrité naturelle, Simon suit les traces de pneu et remet aux habitants ce paquet, non sans en avoir auparavant inspecté le contenu.

Il s’agit de vêtements affriolants et de bijoux passablement défraîchis. Tout le monde est interloqué par cet envoi, dont la provenance est anonyme et dont personne ne revendique en être le destinataire. Cette famille gérée par la grand-mère, madame de La Sauve, est composée de la fille Geneviève, célibataire et triste qui ne chante plus malgré des cordes vocales bien réglées depuis une déconvenue, de Jérôme, dont la femme est décédée ou supposée telle, de son fils Gil auquel il sert de précepteur, du cousin Bernard, un homme irascible et peu sympathique aux yeux de Simon, et qui se montrera adepte de la luxure, et enfin Désiré, un benêt d’une vingtaine d’années.

Simon met une sourdine sur ces activités réelles dont il a un peu honte et se présente comme un homme d’affaires, chargé d’effectuer des transactions pour diverses personnes, et ayant suivi quelques temps des cours de médecine. Spécialité maladies nerveuses, ça n’engage à rien et grâce à la lecture de quelques ouvrages de psychologie, tout un chacun peut se montrer plus ou moins compétent dans ce domaine. Et voilà, ça n’engage à rien sauf que justement madame de La Sauve lui propose une place, celle de s’occuper de Désiré qui ressent une vive et soudaine sympathie à l’encontre de Simon. Simon accepte après avoir tergiversé, mais après tout il n’a rien à perdre et une rentrée d’argent régulière ne peut faire de mal à son portefeuille. De plus il est intrigué par cette famille au comportement parfois bizarre et il ne veut pas contrarier Désiré dont il sent qu’un refus pourrait lui être préjudiciable. Mais Simon n’est pas au bout de ses surprises et je ne parlerai pas du jardinier débonnaire, de sa femme pète-sec ou encore de la jeune bonne, Maclovie, dont la cuisse est plus légère qu’un duvet d’oisillon. Ce n’est qu’une image.

 

Roman à l’atmosphère mystérieuse, où l’étrange se le dispute au rationnel, M. Malbrough est mort est une œuvre peut-être pas majeure mais représentative de l’univers de Pierre Véry. Souvent onirique, poétique, humoristique, ludique, empruntant des chemins de traverse, l’histoire se révèle énigmatique à souhait pour le lecteur qui recherche le moyen de s’évader à moindre coût. La première édition date de 1937 et pourtant certaines réflexions émises par l’auteur, via ses personnages, sont toujours d’actualité. Ainsi :

  • Les affaires…
  • Très, très dures !... Les gens n’ont guère envie d’acheter, et moins encore de prêter ! L’argent se cache.
  • A l’étranger de préférence ! lança Odet, d’un ton agressif. Avouez qu’il n’a pas tort !...
  • Avec ce gouvernement…

Et dans un autre registre : Pourquoi lui interdisait-on de fumer ? C’était ridicule ! (Mais ça seuls les fumeurs apprécieront cette boutade).

Editions Gallimard 1937 et Pierre Horay 1950Editions Gallimard 1937 et Pierre Horay 1950

Editions Gallimard 1937 et Pierre Horay 1950

Pierre VERY : M. Malbrough est mort. Le Masque jaune N°2038. Dernière parution 13 janvier 2010. N° 2038. 192 pages. 6,10€.

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