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11 janvier 2015 7 11 /01 /janvier /2015 13:58

...est moins sympa que la voisine d'à côté !

Joseph FARNEL : Le voisin du dessus.

Depuis leur première rencontre, le jour de son installation dans l'immeuble, Georges Lernaf n'a jamais vraiment apprécié ce voisin qui habite à l'étage au dessus de son appartement.

Octogénaire, François Saler est un homme sec, élancé, impassible, maniaque, possédant ses habitudes, affichant un air de condescendance attristée, peu aimable et dédaignant toutes relations même de voisinage. La seule personne qui accède à son appartement est la concierge, laquelle procède au ménage quelques heures par semaine, tout comme chez Lernaf d'ailleurs. Il a un fils, la cinquantaine, antithèse du père physiquement et à l'abord aimable. Selon la bignole, évidemment.

Sa voisine de palier, elle, possède tous les charmes, les atours et les atouts pour attirer son attention. Elodie est masseuse et ses clients n'ont apparemment pas à se plaindre de ses manipulations, car ils repartent enchantés, et la bourse plus vide qu'en arrivant. Je voulais dire le portefeuille, mais vous m'avez compris. Elle est souvent en combinaison de travail, petite tenue affriolante, ou nuisette entrebâillée sur ses appas et ses appâts.

Ce jour-là, alors que Lernaf s'apprête à descendre l'escalier comme s'il était pressé, il se retrouve nez à nez avec une apparition à couper le souffle, lui qui l'a déjà court. Cette délicieuse quadragénaire aux mensurations prometteuses se prénomme Nathalie, et outre qu'elle est une amie d'Elodie, elle venait précisément le rencontrer pour lui proposer une petite affaire. Une enquête si vous préférez. Et elle ne manque pas d'arguments traduits en bons billets de banque qui rejoignent illico le tiroir du bureau de Lernaf, celui-ci préférant garder par devers lui l'argent plutôt que de le confier à son banquier qui, il le sait, l'engloutirait aussitôt pour combler son trou bancaire.

Nathalie est persuadée connaître le voisin du dessus qui vient de les croiser. En fouillant dans sa mémoire, tout revient. Une vingtaine d'années auparavant, alors qu'elle travaillait dans un réseau de call-girls, sa patronne l'avait envoyée dans une soirée spéciale. Etaient présents à cette petite sauterie Français et Allemands. Et François Saler, qui à l'époque s'appelait Franz Schwanz, avait voulu jouer à la cravache avec elle. Nathalie ne s'était pas laissée faire et c'était elle qui avait fouetté l'homme complètement bourré. Elle avait perdu sa place mais pas la face. Lernaf avait un peu raison quand il avait catalogué son voisin comme un vieux collabo avec sa dégaine de pète-sec, béret et parapluie en guise d'accessoires. Il s'était tout simplement trompé de nationalité et Saler/Schwanz était un ancien nazi.

Le problème qui amène Nathalie à demander l'aide de Lernaf réside à la suite des mésaventures de la jeune femme. Virée donc, elle est présentée à un homme qui devient son amant avant d'être arrêté pour le braquage d'une bijouterie qui tourne mal. Ensuite elle fait la connaissance d'un autre homme, marié, qui la met enceinte mais meurt dans un accident d'automobile. Nathalie se retrouve une fois encore seule avec une gamine âgée aujourd'hui de huit ans. Heureusement l'homme, prévoyant et riche, avait assuré l'avenir de sa maîtresse et de sa fille et Nathalie n'est pas vraiment dans le besoin. Seulement, si elle a envoyé quelques mandats à son ex julot au début de son incarcération, peu à peu elle a tourné la page, mais il se manifeste à nouveau. Il se nomme Pierrot le Dingue, a longuement eu les honneurs des journaux et il vient d'être libéré, assigné à résidence en Bretagne. Et il est bien décidé à récupérer beaucoup d'argent. D'autant que Pierrot le Dingue était impliqué dans deux braquages de bijouteries, qu'il avait chargé un complice d'apporter le magot à Nathalie, mais qu'elle ne les avait jamais vu, ni le complice ni le magot.

 

Commence alors une enquête qui va mener Lernaf dans une combinaison familiale quelque peu complexe. En effet Nathalie et Elodie sont cousines mais d'autres membres plus ou moins proches de la famille gravitent autour de cette affaire alambiquée. Surtout que lorsque le lendemain matin Lernaf sort péniblement d'un sommeil profond engendré par une soirée alcoolisée. Le barouf qu'il entend à la porte n'est que le résultat des coups de poings assenés par son ami le commissaire Emile Dujardin et appuyés par sa voix de stentor. Le voisin du dessus est mort, pas de vieillesse mais d'une balle en plein front. Et dans la chambre de ce brave homme sont disposées des armes et des reliques nazies. Lernaf en profite pour demander à Dujardin de lui rendre un petit service, pas grand chose, juste localiser Pierrot le Dingue.

Si tout était facile, il n'y aurait plus besoin de détectives privés, de commissaires de police, de concierges même ou de masseuses gentillettes. Mais comme nous sommes dans un roman, l'auteur s'amuse à compliquer les situations, pour le plus grand plaisir des lecteurs, et de faire passer le goût amer de certaines situations à l'aide de grands verres de pastis, de whisky, et autres alcools qui réjouissent les papilles mais emberlificotent parfois les neurones. Exemple de situation compliquée, Nathalie, la pulpeuse Nathalie, la Vénus non démembrée, n'est autre que la fille de François Saler alias Franz Schwanz ! Elle a eu chaud lors de sa rencontre avortée vingt ans auparavant !

Dire qu'il y a des réminiscences de San-Antonio dans ce roman serait un euphémisme. Il existe de grandes ressemblances, physiques notamment entre Dujardin et Bérurier et leur goût pour la nourriture. Lernaf lui lorgne du côté du commissaire San-Antonio, avec cette attirance qu'exercent sur lui les femmes. Et puis cet humour quasi permanent, avec toutefois des passages très sombres. Mais là s'arrête la comparaison du double de Frédéric Dard, car Joseph Farnel fait du Farnel et il le fait bien. Ce n'est pas du prêt à porter mais de la haute couture.

Joseph FARNEL : Le voisin du dessus. Editions Pascal Galodé. collection Poche. Première édition Editions SAFED - 2004. Parution le 29 septembre 2014. 232 pages. 9,90€.

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11 janvier 2015 7 11 /01 /janvier /2015 08:48
Antoine DOMINIQUE : L'archipel aux gorilles.

Gare au goriiillle... !

Antoine DOMINIQUE : L'archipel aux gorilles.

Lors d'une plongée sous-marine sur les bords de la Méditerranée, Géo Paquet, dit le Gorille, découvre un cadavre et dans un petit étui une assiette en métal. Celle-ci, une fois nettoyée, laisse apparaître en surimpression un château, un chemin en pointillé et une croix.

Il s'agit du château de Madrid qui domine la montagne de Beaulieu-sur Mer. Facile dès lors de repérer le lieu indiqué par la croix; Géo se sert d'une carte qui le conduit à une grotte. Il visite le lieu peuplé de chauve-souris en compagnie de sn ami le commissaire Blavet de la Sécurité du Territoire.

Une nouvelle assiette est mise au jour avec une fois de plus sont représentés un château, un chemin et une croix. Ces ustensiles mènent le Gorille, ses amis du port de Beaulieu, Mature, Marc-Aurèle et Blavet jusqu'au Chant des Oliviers. Une maison située près de Fayence dans laquelle vivent Loison, le propriétaire, Lionelle, sa fille dite la Biche, Pistrel, le gardien, et son fils Pascal.

Toutes ces allées et venues ne passent pas inaperçues de la part des estivants, principalement des touristes étrangers. Hollamburger, un Hollandais, Rock Sillepan, un Américain, et un couple de Britanniques, Dany et Diana dite la Divine.

Pascal a disparu de la circulation. De forte corpulence il ne peut cependant pas être confondu avec le cadavre retrouvé en pleine mer. Géo rencontre Bibi, une forte femme, tante de Pascal, mais elle déclare ne rien savoir. Pourtant, dès que le Gorille a le dos tourné, elle court au Chant des Oliviers et sur le port de Beaulieu. Commence un chassé-croisé entre tous ces protagonistes, touristes inclus. Le but de ce signe de piste pour adultes : découvrir un trésor de guerre enfoui par un Allemand à la fin de la Deuxième guerre Mondiale.

Antoine DOMINIQUE : L'archipel aux gorilles.

 

L'Archipel aux Gorilles date et a mal vieilli. Une histoire légèrement abracadabrante et farfelue qui, réécrite, pourrait figurer parmi les ouvrages pour adolescents. Seuls pôles d'attraction, seuls centres d'intérêts, tous les passages ayant rapport avec les évolutions sous-marines. Qu'il s'agisse de la découverte du cadavre ou du combat entre Pascal et le Gorille. Un roman découpé en deux parties, la seconde étant nettement plus violente et réaliste que la première.

 

Curiosités : Sillepan, le nom de l'Américain, est l'anagramme de Spillane, auteur à la mode à cette époque. Et c'est peut-être le premier roman édité en Série Noire dans lequel le lesbianisme est évoqué. Bibi et la Divine se connaissent et pratiquent le culte de Lesbos.

Le titre le plus connu de cette série est sans conteste Le Gorille vous salue bien. Il a été adapté au cinéma par Bernard Borderie en 1958 avec Lino Ventura dans le rôle du Gorille. Deux autres romans furent adaptés mais cette fois c'est Roger Hanin qui endossait le rôle de Géo Paquet.

 

Citation :

Le Gorille entendait son cœur faire boum dans sa gorge.

 

Antoine DOMINIQUE : L'archipel aux gorilles. Série Noire N°265. Parution août 1955. 190 pages.

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10 janvier 2015 6 10 /01 /janvier /2015 13:52

Moi je ne doute pas de mon âge. Quoique, parfois, j’ai l’impression d’avoir trente ou quarante ans de moins. Dans quelles circonstances, vous me permettrez de ne pas le préciser.

Andrea CAMILLERI : L’âge du doute.

La journée commence mal pour le commissaire Montalbano. D’abord il a rêvé qu’il était mort et qu’il assistait aux préparatifs de son enterrement. Ensuite, alors qu’il se rend à son bureau à Vigata, son véhicule est immobilisé, coincé entre deux autres voitures. Il tombe des trombes d’eau et se rendant aux renseignements il rend compte que la voie a cédé sous les caprices météorologiques. La chaussée est coupée par un mini précipice. Le véhicule de tête est sur le point de plonger dans le creux et il aide la conductrice à se dépatouiller.

Vanna Digiulio, la jeune personne en question, est âgée d’à peine trente ans. Ses lunettes en cul de bouteille lui donnent l’air d’un scaphandrier perdu dans un bathyscaphe. Pas vraiment jolie, mais comme elle semble en perdition, Montalbano la prend sous son aile tutélaire. Il l’emmène chez lui afin qu’elle puisse enfiler des vêtements secs, Livia, l’éternelle fiancée de Montalbano habitant sur le continent, disposant d’une garde-robe de rechange. Vanna, qui dit résider à Palerme, se rendait au port, ayant appris que sa tante qui voyage à longueur d’années à bord d’un bateau doit y faire escale.

 

Petit exercice de style afin que le lecteur entre dans l’univers linguistique de Montalbano par Camilleri interposé.

Il areçoit ‘n appel tiliphonique de l’acapitainerie annonçant que l’Havanna vient de signaler qu’il entre au port avec un naufragé à son bord. Enfin, pas lui pirsonnellement en pirsonne mais l’un de ses adjoints qui a une forte propension à déformer les noms propres. Le Vanna a donc arepêché un cadavre gisant dans ‘n canot.

 

Fin de la récréation, et reprenons notre présentation.

Madame Giovannini, propriétaire du yacht le Vanna, est tout étonnée lorsque Montalbano lui parle de sa nièce. Le commandant Sperli itou, mais ils prennent avec philosophie l’annonce. Le cadavre n’est pas mort noyé et l’assassin, ou les assassins, l’ont défiguré avant de le placer dans un canot. Un autre yacht entre dans le port, L’As de cœur, qui s’amarre bord à bord au Vanna. Intrigué par cette histoire de nièce, Montalbano téléphone au numéro indiqué sur l’annuaire et est tout étonné d’apprendre que la dame en question femme est décédée depuis des années.

Le cadavre devait bien demeurer sur l’île, pense-t-il, du moins depuis un certain moment. Et c’est ainsi que le propriétaire d’un hôtel luxueux lui apprend qu’en effet il y avait bien un pensionnaire qui n’a pas donné signe de vie depuis quelques jours. Une ébauche de piste surtout lorsqu’il met la main sur un passeport au nom de Lannec, passeport qui après un examen attentif semble un vrai faux papier d’identité.

Au-delà de l’intrigue, de facture somme toute classique et qui nous change un peu de la production policière actuelle, c’est le rôle dévolu à Salvo Montalbano dans cette histoire qui retient l’attention du lecteur. Osons l’écrire, ce sont les à-côtés qui donnent une dimension humaine à cette fiction, avec les bons moments, l’humour efficace, mais aussi les affaires de cœur dans lesquels il se trouve plongé ou encore la dramaturgie élaborée par l’auteur. Il est attiré par Laura, lieutenant à la capitainerie, un sentiment réciproque, mais combattu par l’un et l’autre.

Les petites tracasseries administratives auxquelles Montalbano est confronté et avec lesquelles il se dépatouille tant bien que mal tiennent aussi une place non négligeable. Sous l’impulsion de la pluie qui s’infiltre dans son bureau, ses dossiers sont trempés, bons à jeter à la corbeille. Et comme tout n’est pas mouillé, il en humidifie le reste afin d’en être débarrassé. Ce qui l’oblige à trouver des échappatoires lorsque le questeur lui demande de les reconstituer. Ou encore lorsque celui-ci, qui est persuadé à tort que Montalbano est marié et possède des enfants, lui demande des nouvelles de sa progéniture. Il joue avec cette méprise, quitte à inventer des imbroglios, des tragédies familiales.

Enfin Montalbano est un grand lecteur, surtout de Simenon, et c’est en se souvenant d’une de ses lectures, Les Pitards, qu’il met le doigt sur le défaut de la cuirasse.

Serge Quadruppani traduit depuis de longues années les romans de Camilleri, respectant autant qu’il peut l’écrit dans la forme et le fond. Certains lecteurs sont agacés par cette démarche, personnellement je trouve cette langue savoureuse. J’ai essayé d’en pasticher un petit paragraphe, mais cela ne reflète que grossièrement le texte du roman. La traduction de Serge Quadruppani est beaucoup plus subtile et aérée.

Dernière petite précision concernant le parler sicilien. Il ne faut pas oublier que les Normands se sont installés en Sicile au XIème siècle, principalement avec l’arrivée de Robert Guiscard, fils de Tancrède de Hauteville, petit seigneur de la région de Coutances. Et j’ai retrouvé certaines similitudes avec le parler normand, principalement celui de la Haute Normandie. En effet, mais peut-être n’est-ce guère plus employé aujourd’hui, les Hauts Normands avaient pour habitude d’ajouter des A au début de certains mots. D’ailleurs, il était courant de dire qu’on était d’Arouen, le pays des Aremorqueurs (on était de Rouen le pays des remorqueurs). Et donc il ne serait pas absurde de penser qu’il reste des traces linguistes de l’implantation normande en Sicile.

Andrea CAMILLERI : L’âge du doute.

Andrea CAMILLERI : L’âge du doute. (L’éta del dubbio - 2008. Traduction de Serge Quadruppani). Première édition Editions Fleuve Noir. Réédition Pocket. Parution le 8 janvier 2015. 264 pages. 6,80€.

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10 janvier 2015 6 10 /01 /janvier /2015 09:08

Et celle des autres...

Day KEENE : En ménageant ma petite santé

Après douze ans d'absence, Cade revient au pays. Avec sa prime de démobilisation de colonel de l'armée de l'Air, il s'est acheté un bateau, le Sea Bird.

Il vient de passer deux ans dans un camp de prisonniers à Pyongyang, sa femme Janice l'a quitté, aussi il ne demande qu'un peu de tranquillité. Par exemple pêcher et gagner de quoi subsister en organisant des excursions pour touristes dans le delta du golfe du Mexique.

A terre il est accueilli à bras ouverts par tout le monde, sauf par Joe Laval et La Méduse. Deux hommes à la solde de Tocko Kalavitch le caïd local. Si Cade n'est pas parti de Bay Parish le lendemain midi, il risque de s'attirer de gros ennuis. Le moral assez bas et des questions plein la tête, Cade retourne sur son yacht.

Une jeune femme, Mimi, entrée en fraude dans le pays trouve refuge à bord. Malgré deux ans d'abstinence et les charmes presque dévoilés de la belle clandestine, Cade se montre chevaleresque et respectueux. Mimi Trujillo Estepar a quitté son Venezuela natal afin de rejoindre son époux disparu, un nommé Moran. Cade et Mimi redescendent le lendemain à terre, malgré les risques que cela comporte, problèmes avec l'immigration et autres, afin de dénicher l'adresse de Moran.

De retour sur son bateau Cade se heurte au cadavre de Joe Laval. Sachant pertinemment qu'il sera accusé de meurtre, Cade lève l'ancre en compagnie de Mimi, jette le corps du défunt sheriff et rejoint la Nouvelle-Orléans.

Dans un hôtel ils retrouvent la trace de Moran et de Janice. Janice ne s'est pas contentée de divorcer, elle a vendu à Tocko la maison familiale de Cade. Reste à celui-ci un terrain à Barataria Bay, sur lequel son père et lui-même ont construit bien des années auparavant une cabane. En fait de cabane, il s'agit d'un hôtel tout neuf, pas encore ouvert aux touristes et dont Janice est propriétaire associée à Moran. Cade et Mimi sont tombés dans le piège.

Entre Moran et Tocko c'est la guerre, Janice choisissant son camp en fonction du vainqueur. Cade assommé est jeté à la mer à quelques miles de la côte et sans Mimi, il pourrait dire adieu à la vie.

 

Les bons gagnent et la morale est suave. Cade malgré sa faim de chair fraîche et la proximité affriolante de la jeune et désirable Mimi, qui n'accepte de succomber aux plaisirs de la chair que dans le cadre du mariage, Cade réussit à réfréner ses désirs.

Day Keene, par misogynie ou connaissance profonde de l'âme féminine, nous régale de quelques aphorismes qui aujourd'hui prêtent à sourire. Par exemple :

Un homme averti en vaut deux, surtout quand il a affaire à la police ou à une femme.

ou encore :

Décidemment, se dit Cade, les hommes sont des créatures complexes, presque aussi compliquées que les femmes. Les exemples ne manquent pas, mais les traducteurs ont-ils respecté le texte originel ou ont-ils apporté leur petite touche, seul celui qui peut lire ce roman en version originale pourra infirmer ou confirmer ces quelques lignes.

 

Curiosité :

Alors que selon une règle non écrite mais respectée pratiquement par tous les écrivains de romans noirs, Day Keene en tête, les Brunes représentent le Mal incarné et les Blondes la pureté et l'innocence même, pour une fois les rôles sont inversés. Janice la Blonde se dresse en garce, en être fourbe, tandis que Mimi la Brune s'érige en femme vertueuse et sincère.

 

Day KEENE : En ménageant ma petite santé (The big kiss off - 1954. Traduction de H. Collard et R. Guillot). Série Noire N° 244. Parution avril 1955. 254 pages.

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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 13:18

Hélas... !

Malcolm MACKAY : Ne reste que la violence

Lorsqu'il sort de son bureau, sa journée terminée, Richard Hardy, comptable sans histoire apparemment mais qui monnaie ses services auprès de truands afin de falsifier leur comptabilité, est abordé sur le parking par deux hommes. L'un d'eux se présente comme l'inspecteur Lawrence Mullen et lui demande de les accompagner au commissariat afin de répondre à quelques questions concernant l'un de ses clients.

En réalité Mullen n'est autre que Calum MacLean, tueur à gages de Jamieson, truand qui a la haute main sur la voyoucratie locale et les différents trafics. Hardy, avant d'embarquer dans le véhicule de Mullen, avait déjà ouvert la portière de sa voiture. Il balance son téléphone portable à l'intérieur, ferme les portières et en avant. Hardy petit ! Seulement le chemin emprunté par les deux hommes lui semble bien long et ne pas se diriger directement vers le commissariat. Effectivement arrivé dans une zone isolée, il est abattu par Mullen, lequel ne fait pas demi-mesure puisque le tueur se débarrasse également son coéquipier Kenny. Auparavant il a chargé celui-ci de creuser un trou et les deux corps sont balancés dedans.

Calum MacLean est bien décidé à ce que ce travail soit le dernier qu'il ait à effectuer et il prépare son départ avec l'aide de William, son grand-frère, lequel a des accointances pour lui fournir de nouveaux papiers d'identité et peut l'aider à passer à l'étranger en l'emmenant à l'aéroport d'Edinbourg.

Jamieson s'inquiète de la concurrence et de la montée en puissance que représente Shug Francis. Francis est propriétaire d'un réseau de voitures et de garage, couverture officielle, mais qui en réalité recèle un trafic de voitures volées. Une petite entreprise qui marche bien grâce à son associé Fizzy Waters. Francis veut s'allier avec MacArthur pour se débarrasser de Jamieson, avec l'aide de Greig, policier qui mange à tous les râteliers, et éventuellement de Fizzy en lequel il n'a plus guère confiance.

Mais comme toujours dans ces cas là, les rouages se grippent et l'élément perturbateur se nomme Deana. Deana est la compagne de Kenny, le chauffeur complice dans l'enlèvement de Hardy et abattu par Calum MacLean. Jamieson n'avait plus confiance en Kenny qu'il jugeait peu fiable. Deana contacte donc Fisher, un policier qui prend au départ la disparition de Richard Hardy comme une blague. Seulement sur le parking où est garée la voiture du comptable, force lui est de constater que quelque chose cloche : il téléphone sur le portable de Hardy et entend la sonnerie à l'intérieur du véhicule. Alors il entreprend une visite dans les locaux du comptable et épluche les dossiers, dont un au nom de Shug Francis. Seulement il faut compter avec les fuites qui brouillent l'enquête, au grand dam de Fisher.

 

Troisième et dernier volet des aventures de Calum MacLean, Ne reste que la violence sent le réchauffé. Si Il faut tuer Lewis Winter et Comment tirer sa révérence étaient fort et âpre comme un whisky tourbeux écossais et pétillant comme une Scottish Ales, une bière brune caractéristique des Highlands. Mais cette fois, la magie n'a pas fonctionné, et ce roman manque de pétillant, avec même une impression d'éventé. Pourtant les phrases sont toujours sèches, épurées, avec un mélange de narration à la troisième personne et de déclinaisons de pensées à la première personne. Mais il existe un aspect répétitif, aussi bien dans la narration, la même phrase étant triturée afin de dire la même chose mais différemment dans le même paragraphe, que dans cette confrontation entre policiers et malfrats, entre gangs eux-mêmes, reliée par un trait d'union qui est le policier véreux. Noir, certes, dénué d'humour, mais un peu trop dilué dans l'aspect descriptif et l'analyse. Dommage. Ne reste que la violence des mots mais pas le plaisir ressenti avec les deux premiers volumes. Heureusement chaque titre peut se lire séparément.

Vous pouvez également, et je vous le conseille fortement, prendre connaissance des chroniques de deux amis blogueurs qui ne partagent pas forcément mon opinion, et c'est heureux :

Malcolm MACKAY : Ne reste que la violence (The Sudden Arrival of Violence - 2014. Traduction de Fanchita Gonzales Batlle). Editions Liana Levi. Parution le 2 octobre 2014. 320 pages. 19,00€.

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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 08:50

La psychologie de comptoir.

André DUQUESNE : Freudaines.

Paris. Minuit. Après un repas bien arrosé et afin de défendre la vertu d'Henriette, Philippe Montigny frappe d'un coup de poing ajusté Arsène. Le patron du café s'écroule contre un coin de table et ne se relève pas.

Dégrisé, Philippe réalise qu'il vient de commettre un meurtre. Seuls témoins de cette algarade : Henriette, à peine seize printemps et Bernard, dix sept ans. Aussitôt Philippe prend les choses en main. Il décide de simuler un vol, prend les économies du cafetier et procure à chacun de solides alibis. Pendant que Bernard restera dans le café, Philippe et Henriette vont s'éclipser et faire croire à un retour.

Deux points en leur faveur : ils rencontrent une vague connaissance et tandis uils frappent au rideau de fer deux agents cyclistes qui effectuent leur ronde les surprennent et entendent Bernard à l'intérieur imiter Arsène.

Suite à cet "exploit" Philippe attrape quelque peu la grosse tête. Il se mesure à Frédo, le souteneur d'Irma, le bat et annexe celle-ci. De statut officiel d'étudiant, en réalité il passe plus de temps dans la rue qu'à la fac, le voilà devenu mac et meurtrier. Cependant les nuages s'amoncellent sur sa tête fragile.

Bernard désire plus rapidement que prévu sa part de galette et le commissaire Barrois se retrouve trop souvent sur son chemin. Quant à la belle-mère de Philippe, Marie-Madeleine, pas encore la quarantaine, elle lui fait des yeux doux.  Ce qui est nouveau mais compréhensible. Le père de Philippe, ex sénateur, a mal passé le cap de la soixantaine et néglige sa jeune femme.

Philippe se trouve à la tête d'un cheptel. Sa belle-mère pour l'hygiène, Irma pour le fric, et Henriette pour le cœur. Quoique celui-ci soit assez versatile.

Bernard devient de plus en plus encombrant, glouton, influencé par un ami homosexuel quadragénaire. Philippe décide de se débarrasser de ces deux parasites. Peut-être une erreur, d'autant plus qu'il est sujet à des vertiges, des dédoublement de personnalité, et mesure de moins en moins les risques encourus.

 

André Duquesne, ne signe à son premier roman à la Série Noire. Ecrit à la première personne du singulier, dans un style sec, nerveux, rapide dénué de fioriture, que l'on retrouvera tout au long de son œuvre. Seulement l'empoi systématique de l'argot marque l'époque et le roman a mal vieilli. De plus pour ses dix-neuf ans, Philippe Montigny semble trop adulte, trop mûr pour son âge, trop cynique envers les femmes, plus particulièrement dans ses relations avec Irma et sa belle-mère. Quant aux retournements de situations, ils ne sont guère crédibles.

 

Curiosité :

Tous les romans d'André Duquesne parus à la Série Noire ont été réédités en 1972 sous le patronyme de Herbert Ghilen chez Transworld Publications ou France Sud Publications. Ainsi Freudaines a été réédité sous le titre : Rencart avec personne.

 

Citation :

Pour croire dur comme fer à l'honnêteté, il faut être riche.

 

André DUQUESNE : Freudaines. Série Noire N°237. Parution février 1955. 184 pages.

 

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 09:37

Face à la montée du fanatisme, de l'intégrisme, de la barbarie, le meilleur moyen de rendre hommage aux disparus de l'attentat perpétré envers Charlie Hebdo, de ses quatre dessinateurs, mais également aux autres victimes, c'est de continuer le combat pour la démocratie.

Ne baissons pas les bras !

Aussi contrairement à quelques confrères qui préfèrent ne pas publier d'articles aujourd'hui, je continue et ne m'arrête pas au bord du chemin, en ne laissant pas des assassins croire qu'ils ont réussi à nous boucler le bec.

Ne baissons pas les bras !

La liberté d'expression, c'est aussi cela, et il ne faut pas se taire face à des tueurs qui veulent nous imposer une loi inique, celle d'une religion. Ceux qui se prétendent serviteurs d'un dieu quelconque se cachent derrière un étendard pour mieux assouvir leurs instincts de meurtre, derrière un livre, Bible ou Coran, dont ils déforment souvent les préceptes pour mieux se justifier. Mais il n'y a aucune justification aux meurtres et à la guerre de religion. L'esprit de tolérance est bafoué, et s'ils déplorent quelques dessins, qu'ils prennent à leur tour un crayon. Ce n'est pas par le feu et la violence que les problèmes d'incompréhension seront résolus, mais par la parole et le dessin aussi virulents peuvent-ils être.

Ne baissons pas les bras !

Les dessinateurs de presse ne baissent pas les bras.

Faisons comme eux !

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 08:54

...à l'hôtel des courants d'air !

Giles JACKSON : Charmante soirée

Nil Boyd et Anne Warriner, tous deux journalistes au Clarion, ont décidé de passer quelques jours de vacances dans la propriété de la jeune femme à Oldfield dans le Connecticut.

Afin de ne pas exciter la curiosité des voisins, mais surtout pour éviter tout commérage malveillant, Anne propose de prendre deux chambres à l'Hôtel du lac. Il fait nuit, la lune vient de se lever, un dernier verre serait le bien venu tandis que Nil ferait la cour à la jeune femme dans la chambre de celle-ci.

Tandis qu'ils lisent les prédictions concernant leur signe astrologique, un cri retentit. Boyd s'élance à travers la fenêtre, passe sur le toit de la véranda, glisse à terre et découvre le cadavre d'un inconnu.

Curieux hôtel qui abrite des pensionnaires enclins à sacrifier au Dieu Bacchus. D'abord monsieur Huguenot qui systématiquement rentre le soir dans un état d'ébriété avancée et lance un petit caillou dans l'une des fenêtres de l'hôtel. Ensuite madame Convoy et sa fille Eleanor qui s'adonnent également à l'absorption de boissons alcoolisées. Madame Convoy, funeste lubie, décidera ce soir-là de danser sur le toit de l'établissement. Madame Harris, elle, passe son temps à espionner ses voisines, Mary West et Ida Hampton, toutes deux institutrices. D'ailleurs elle s'est aménagé dans un placard un emplacement d'où elle écoute à l'aise ce qui se passe dans la chambre contigüe.

La curiosité est un vilain défaut : madame Harris aura la gorge tranchée ! Dudley Barnes, journaliste localier à Oldfield et Everett Macy, homme de loi venu de l'Ouest, complètent ce recensement. Enfin le couple Monaham préside aux destinées de l'hôtel.

Nil Boyd décide d'enquêter sur ces meurtres, en marge de la police et Anne Warrimer s'avèrera une aide précieuse et efficace, à défaut de se montrer amoureuse.

Ce roman, dont l'action se déroule dans la nuit du vendredi 12 août au samedi 13 au matin - d'après le calendrier perpétuel cela correspondrait à l'année 1938 - ce roman possède de forts accents browniens. La facilité avec laquelle les différents protagonistes ingèrent toutes sortes de boissons alcoolisées, le ton humoristique employé pour décrire les faits et gestes des personnages, ainsi que les dialogues; enfin l'aura de fantastique qui plane sur les événements de cette charmante soirée, tous ces ingrédients font irrésistiblement penser à Fredric Brown.

 

Curiosités :

Ce roman a été achevé d'imprimé un 1er janvier !

Giles Jackson, Albert Leffingwell de son véritable patronyme, a également écrit sous le pseudonyme de Dana Chambers, dont deux romans ont été traduits en France : Mignonne, voici la mort, La Main rouge no12 (1951), La Mort contre Vénus, Éditions Diderot.

Quant à Bruno Martin, le traducteur, il a traduit de nombreux ouvrages pour les éditions Fleuve Noir, notamment dans la collection Feu, collection pour laquelle il a écrit également quelques romans.

 

Giles JACKSON : Charmante soirée (Witch's Moon - 1941. Traduction de Bruno Martin). Série Noire N °230. Parution janvier 1955. 190 pages.

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7 janvier 2015 3 07 /01 /janvier /2015 13:40

Il est fort, Knox !

William Patrick MAYNARD : Le destin de Fu Manchu.

Pour paraphraser la publicité d'un célèbre magasin parisien dans les années soixante-dix, il se passe toujours quelque chose dans ce roman. Et cette affirmation est justifiée !

Surchargé de travail, le docteur Petrie est obligé de rester au Caire tandis que Kara, sa femme, Greba, son infirmière et le fiancé de celle-ci Spiridon Simos, un archéologue, sont partis pour Corfou. La cérémonie de mariage entre Spiridon et Greba doit être célébrée sur l'île grecque. Petrie pense à tous les événements qui se sont déroulés durant les années précédentes, la lutte contre Fu-Manchu en compagnie de Nayland Smith, qu'il ne voit plus que de loin en loin. Il est dérangé dans ses rêveries par l'intrusion de trois Dacoits qui l'enlèvent. Lorsqu'il se réveille, après avoir été assommé en bonne et due forme, il se retrouve en présence de...

Pendant ce temps, à Corfou, le professeur Michael Knox, l'assistant de Spiridon, participe au repas dînatoire en compagnie de son maître et des deux jeunes femmes. Il doit diriger les fouilles à Louxor tandis que Spiridon et Greba partiront en voyage de noces. Infatué, il fait la cour à la belle Kara, tout en sachant que celle-ci est mariée, mais elle le rabroue avec tact. De retour à leur hôtel Kara vient de recevoir un télégramme l'avertissant que son mari a été enlevé. La seule solution qui se présente à son esprit est de demander à Nayland Smith de l'aider.

Il est l'heure de se coucher mais pas question de batifoler avant le mariage. Pas de corps fous à Corfou ! Aussi près un petit bisou, Greba intègre sa chambre et Spiridon en profite pour discuter avec Knox. Knox se plaint de Sir Lionel Barton un ami de Nayland Smith, auquel il ne fait pas confiance et qui doit déjà être sur place à Louxor. Il faut dire que Knox a ingurgité un peu trop d'alcool, et rentré dans sa chambre, il pense à Kara. Alors il se lève, s'introduit dans la pièce de la belle et... Elle n'est pas là ! C'est Spiridon qui l'accueille, une arme à la main. Spiridon est manifestement en colère et Knox se laisse enfermé dans un placard. Nouvel arrivant, un nommé Neapolis. Dans son réduit, Knox peut entrevoir les deux hommes mais surtout entendre la conversation au cours de laquelle il est question du Si-Fan, de Notre-Dame du Si-Fan, et autres objets de discussions qui enveniment l'ambiance. Neapolis parti, Spiridon anxieux libère Knox et lui offre deux possibilités : oublier l'incident et continuer son petit bonhomme de chemin ou se montrer imprudent. Knox pense à sa peau, se montre lâche selon l'opinion de Spiridon et peut regagner sa chambre. Et c'est à partir de ce moment que tous les ennuis vont lui tomber dessus comme une avalanche, l'obligeant à fuir et se rendre en plusieurs pays.

William Patrick MAYNARD : Le destin de Fu Manchu.

Il est réveillé par des cris horribles. Spiridon vient d'être grièvement blessé à l'aide d'un Shuriken. C'est ce que lui apprend Neapolis et paniqué Knox s'enfuit. Il parvient à échapper à ses poursuivants et monte dans l'Orient-Express. Il pense enfin être tranquille mais une jeune femme s'installe dans son compartiment. Elle se présente, Helga Graumann, et commence à s'intéresser à lui, lui posant des questions et fumant une cigarette à l'arôme très particulier. Sans s'en apercevoir il s'endort, fait un rêve merveilleux et sans s'en rendre compte détaillet sa vie, son œuvre, ses fouilles Louxouriantes à Helga et lorsqu'il se réveille, il est seul dans le compartiment. Déambulant dans le couloir afin de satisfaire un besoin naturel il se heurte à une gamine qui dit se prénommer Margarita et l'emmène dans son compartiment, à la recherche de sa mère, qui n'est autre que Helga Graumann, laquelle déclare ne pas le connaître. Margarita se transforme en vilain petit être, en nabot grimaçant, qui veut absolument lui enfoncer une aiguille empoisonnée. Knox court, grimpe sur le toit du wagon sur lequel un individu arrivé par autogire le récupère.

Il s'agit de Nayland Smith qui lui apprend que Helga Graumann s'appelle aussi, selon les jours et les circonstances, Koreani ou Fah lo Suee et est la fille de Fu-Manchu. Bon sang ne saurait mentir !

Les aventures et mésaventures de Knox vont s'enchaîner sur un rythme infernal, retrouvant sa sœur, brillante zoologiste installée en Abyssinie, se frottant à un gorille appelé Monkey et à l'aspect vindicatif, puis toujours en compagnie de Nayland Smith se retrouvera à Munich, lors de la fameuse conférence de septembre 1938, conférence à laquelle participent Daladier et Chamberlain d'un côté, Hitler et ses séides de l'autre. Avec le résultat que l'on connait. Episode qui est passé inaperçu de la plupart des historiens, c'est le lâcher de papillons semant la mort dans la cité bavaroise.

 

Sans vouloir faire un mauvais jeu de mots, si quand même un peu, cette histoire mettant en scène le fameux Chinois Fu-Manchu est totalement débridée. Et William Patrick Maynard profite de l'absence de réglementation de la vitesse pour dérouler son intrigue à fond les gamelles. Et des gamelles nos héros ne vont pas manquer d'en rencontrer au cours de leurs périples transportant les protagonistes, et les lecteurs, de Grèce en Egypte à la recherche de la chambre mortuaire d'une reine égyptienne, d'Abyssinie en Europe, avec en toile de fond les prémices de la Seconde Guerre Mondiale.

Si le docteur Petrie n'apparait que fugitivement dans ce roman, le rôle principal est dévolu à un nouvel héros, le professeur Knox. Mais tous deux narrent l'histoire à la première personne du singulier. Knox ne se présente pas à son avantage au début du récit. C'est un individu poseur, vaniteux, superficiel, quelque peu lâche, qui n'hésite pas à draguer les femmes mariées et à déclarer à un chauffeur de taxi : Les femmes, vois-tu, sont comme des taxis. Il y en a beaucoup à prendre, et les meilleurs sont ceux qui font les trajets le plus rapidement.

Mais les événements vont l'obliger à se transcender, aidé toutefois par Nayland Smith et de plus au fur et à mesure du déroulement du récit le lecteur en apprend un peu plus sur Knox, sa sœur, et les failles qui ont marqué leur jeunesse.

 

L'antagonisme en Nayland Smith et Fu-Manchu est toujours vivace et les agissements du maître du Si-Fan toujours aussi délétères. Mais le rôle de sa fille, quelque soit le nom dont elle s'affuble selon les circonstances, n'est pas négligeable non plus. Elle fait une leçon de comportement envers Knox, justifiant ses actes ainsi : Il n'y a pas de loi à suivre, ni celle du bien ni celle du mal. Vous autres occidentaux, vous êtes tellement rigides dans votre manière de penser qu'il est bien surprenant que votre civilisation n'ait pas déjà été anéantie, emportée par votre incapacité à vous adapter aux constants mouvements de notre monde.

Ce sera le mot de la fin, ou presque. Fu-Manchu se fait vieux et il n'est pas impossible que l'on retrouve sa fille et le professeur Knox, avec toujours en héros récurrent Nayland Smith, dans de nouvelles aventures.

 

William Patrick MAYNARD : Le destin de Fu Manchu. Traduction de Martine Blond. Collection Noire N°66. Parution 2014. 336 pages. 20,00€.

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7 janvier 2015 3 07 /01 /janvier /2015 08:51

Un bandit manchot...

Tedd THOMEY : La machine à sous.

John Rennick est vraiment en mauvaise posture : attaché par des menottes à une machine à sous, elle-même scellée à une table, il attend les flics. A son corps défendant. Et le spectacle qu'il peut contempler du haut de la terrasse de l'immeuble où il se trouve prisonnier n'est guère réjouissant. Le cadavre d'un policier gît dans le cocktail-bar, à quelques mètres de lui.

Il sait que les collègues du défunt ne vont pas tarder à rappliquer aussi il se démène comme un beau diable. Toujours enchaîné à sa machine à sous - la table a crié grâce - il se réfugie dans une chambre occupée par une jeune femme. Celle-ci le cache et lui sauve la mise. Le problème de Rennick est d'abord de se débarrasser de l'objet par trop encombrant et ensuite de retrouver deux salopards qui l'ont attaché ainsi qu'une jeune femme blonde. Il tient le rôle du traqueur traqué.

Un véritable course contre la montre qui permettra à Rennick de faire la connaissance de nombreuses blondes plus ou moins nymphomanes tandis que des tueurs sont lancés à ses trousses. Un chassé-croisé entre lui et ses deux poursuivants qui se déroule principalement dans l'hôtel résidence Le Charlemagne de Los Angeles et verra son apogée en mer à bord d'un bateau de plaisance. Quant à la machine à sous elle parait jouer un rôle capital dans cette intrigue.

 

Pourquoi et comment Rennick s'est fourvoyé dans ce méli-mélo, le lecteur ne le sait qu'à la page 141. Ce qui entretient certes le suspense, mais en même temps irrite et agace, ce suspense n'étant pas vraiment nécessaire. De même le lecteur ne perçoit la véritable signification de l'obsession de Rennick envers la mort d'un personnage nommé May qu'à la fin du roman.

 

Curiosité :

ce roman noir est une véritable symphonie en jaune. Le blond et le jaune prédominent aussi bien lorsqu'il s'agit de femmes que d'objets divers : papier-peint, chaussettes, enseignes, divan, semelles, corsage...

 

Citation :

- J'ai remarqué que les hommes sont menteurs, en général.

- Ça dépend de la femme.

 

Tedd THOMEY : La machine à sous. (And dream of evil - 1954. Traduction de H. Collard et Y. Viglain). Série Noire N°229. Parution décembre 1954. 254 pages.

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