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16 janvier 2015 5 16 /01 /janvier /2015 14:02

Bon anniversaire à Jean-Jacques Busino né 16 janvier 1965.

Jean Jacques BUSINO : Un entretien.

Le business de Busino

A l'origine la collection Rivages/Noirs ne devait être consacrée qu'à des auteurs noirs américains, connus ou non. Louable intention qui nous réserva de bonnes et belles surprises ou révélations telles que Chesbro, Ellroy, Willeford, Bunker, et quelques autres dont la liste serait plus fastidieuse à énumérer que de lire leurs romans, qui permit la traduction intégrale des œuvres d'auteurs cultes comme Thompson, Goodis et qui confirma de réels talents que d'autres éditeurs négligèrent, ne pouvant continuer à alimenter les éventaires des libraires à cause de difficultés financières ou jetant l'éponge par manque d'ambition.

Ainsi Tony Hillerman, Marc Behm, et des intrus comme De Wetering ou Robin Cook, qui devinrent pensionnaires à part entière. Les frontières s'ouvrirent alors sans difficulté à des romanciers dont la nationalité ne prédisposait pas de prime abord à ce genre de littérature mais qui surent s'affirmer comme de réels talents, attisant la convoitise de maisons d'éditions qui lorgnèrent vers les Amériques Centrale et du Sud. Voir Paco Ignacio Taïbo El Secundo dont la primeur de la découverte revient toutefois à l'évanescente revue Nouvelles Nuits. L'intrusion, presque sournoise, d'auteurs français se fit par la bande. Hugues Pagan ouvrit une brèche dans laquelle s'infiltra après mûre réflexion Marc Villard, bientôt suivi par Tonino Benacquista, Michel Quint ou Michel Lebrun. Que des auteurs confirmés. L'idée européenne creusait son chemin en catimini, relayée par les ardentes féministes, et Pieke Biermann marchait glorieusement sur les ruines du mur de Berlin. Coincée entre l'Allemagne, la France et un transfuge d'origine italienne, La Confédération Helvétique boudait et trouva la parade en proposant sur les fonds baptismaux de l'Europe naissante et polardeuse, un francophone inconnu: Jean Jacques Busino. Son roman Un café, une cigarette arrachant des larmes àMargot, pourtant habituée à la noirceur de ses lectures, nous avons décidé de faire plus ample connaissance avec ce personnage trublion par le truchement d'une correspondance dont parfois l'humour détonne en comparaison de la noirceur de son livre.

Retrouvailles à Naples entre André, seize ans, qui a quitté la Suisse pour revoir sa fille Poupi, et Massimo, guère plus âgé, chef de bande. Ils vont accueillir dans une maison délabrée quelque quatre-vingts orphelins, leur fournir un toit, leur donner à manger, leur apporter l'espérance de constituer ensemble une famille et contrer la toute puissante Mafia sur ses terres. Une histoire qui oscille entre les aventures d'Oliver Twist, le documentaire implacable sur le monde du crime napolitain et la révolte d'enfants confrontés à des adultes qui ne s'embarrassent ni de principes ni d'états d'âme.

 

Qui est Jean Jacques Busino ?

Je suis né en Suisse le 16 Janvier 1965 d'un père et d'une mère Italienne. (Concevez que cela aurait pu être autrement, peut-être pire, par exemple d'une mère noire et d'un colon Israélite). J'ai suivi une scolarité médiocre et fort peu instructive en usant mes fringues sur des bancs blancs d'où je rêvais de monde Léonien et Eastwodien.

Actuellement J.J. Busino est disquaire. Parallèlement il s'occupe de production musicale et possède un studio d'enregistrement . La littérature et la musique sont complémentaires pour Busino qui ne conçoit pas l'une sans l'autre. Il utilise la musique comme stimulateur. Mais qu'est-ce qui l'a amené à écrire ?: 

Entouré de conteurs de génies, j'ai écouté des histoires d'un autre âge et d'une autre époque. Plus tard j'ai remarqué que ces conteurs étaient des pourvoyeurs de réalités. Alors je me suis demandé si ces conteurs étaient des menteurs ou des poètes... J'ai cru que mon père mentait, que les bons ne gagnaient jamais et que les faibles étaient toujours plus faibles. Les poux font des poux et les sous font des sous. Le monde qu'on m'avait fait miroiter n'était que du domaine du rêve et la réalité avait une odeur de faisandé. Dans la musique où je martyrise plusieurs instruments, j'ai recherché les sons qui expriment la rupture. J'ai toujours continué d'écrire, toujours plus, toujours plus vite. L'écriture est un vice qui vous empêche de dormir et d'aimer. Malgré ces certitudes, j'ai cédé aux charmes d'une femme et à l'attrait de la procréation. J'ai ressenti la même joie que Dieu lors de la naissance de mon fils que je n'ai pas laissé sans petite sœur. Imaginer une ville, un monde créer des humains revient à se prendre pour Dieu. Vous faites et défaites des vies en fonction de vos envies et de vos humeurs.

Jean Jacques BUSINO : Un entretien.

L'écriture pour J.J. Busino est une activité annexe qui lui prend la plupart de son temps et Un café, une cigarette n'est pas son premier roman. Il en a déjà écrit 9 ou 10 qu'il a systématiquement jeté à la poubelle.

Depuis dix ans, j'ai du faire naître des dizaines de monde différents jusqu'à ce que ma femme me demande de ne pas les jeter. Pour lui faire plaisir, j'ai fais lire le manuscrit à d'autres personnes qui y ont trouvé Dieu sait quoi. Monsieur Guerif, qui pourtant a l'air d'un homme sérieux, s'est joint au concert de voix qui m'encourageait à publier et j'ai accepté. Dorénavant, j'enverrai mes manuscrits à Rivages plutôt que de les mettre à la poubelle. Monsieur Guerif a reçu deux manuscrits, dont il dispose à sa convenance, et je finis un autre livre en travaillant sur La dette du Diable. Je ne souhaite pas à mes pires névroses de vivre le moment où il faut mettre le mot fin à quelque chose qui ne l'est jamais. Mes histoires sont de purs produits de mon "imagination" et, comme tel, sont des histoires vraies. La réalité se perd et les couleurs s'estompent. Il ne restera que le Noir. Il y aurait tellement de choses à dire. La littérature noire est un bon prétexte. Je choisis un de mes problèmes et je l'illustre par une histoire qui arriverait à quelqu'un d'autre. Après neuf mois de grossesse et d'innombrables recherches et vérifications, je tape le texte que je ne retravaille presque pas - la plupart des phrases ont été préparées à l'avance. Puis je perds le contrôle de mes écrits et si cela peut faire plaisir, rire ou amuser quelqu'un, Monsieur Guerif aura mérité sa place chez les grands.

Comment est né Un café une cigarette, comment naît un roman en général ? La question type dans un entretien et à laquelle l'auteur est parfois bien en peine de répondre.

Je ne sais pas si je peux encore me souvenir de comment est né Un café une cigarette. Je vais essayer de vous expliquer sans me poser la question si cela peut avoir un sens pour quelqu'un d'autre. J'ai commencé ce livre il y a environ cinq ans. Je cherchais deux réponses. Peut-on, au nom d'une cause, faire n'importe quoi ? Et quelles sont les motivations des personnes qui pensent faire des choses "pour les autres". L'histoire en gros m'est apparue rapidement en écoutant le Don Giovanni de Mozart. Il me manquait des détails, des certitudes, des "odeurs sonores ". Les images ne me sont rien, seules les ambiances sonores restent dans ma mémoire. Je ne me rappelle jamais d'un visage, toujours d'une voix. J'ai alors utilisé des livres sérieux sur l'histoire de la Mafia italienne. Des livres de sociologie, des traités économiques, ou des grands reportages. Devant la complexité des données, j'ai décidé de travailler sur une histoire simple entre des "petits" et une ville. Comme si la ville était une mère et les "petits" ses enfants. Comme pour tous les autres de mes bouquins, la période de recherche et de mise en forme m'a pris neuf mois (je vous laisse le soin d'interpréter, ma psychiatre favorite s'en est déjà chargé). Après neuf mois de gestation, je passe quelques mois d'insomnie complète à écrire. Les personnages deviennent un "autre moi". Je les laisse prendre la place qu'ils veulent. Les quelques mois d'écriture sont terribles, infernaux, pour tout le monde et pour moi-même en particulier. Chaque personnage est travaillé au burin et c'est seulement lorsque je les réunis sur le papier qu'ils prennent leurs formes définitives. Les personnages "d'un café une cigarette" sont logiques : le naïf, le simple, le pragmatique, le terre à terre et le play-boy. Je n'avais aucune idée du caractère des enfants et je les ai laissé "évoluer" librement. Et la nuit, lorsque je suis seul, je laisse aller, je décroche. Je cherche depuis longtemps à savoir où me mèneront mes dérives. Passé les premières angoisses, de ne pas revenir, je me promène dans un nouveau monde où j'ai le pouvoir d'anticipation. Lorsque tout va bien, les sons se transforment et la pièce se modifie. Je vois des humains évoluer et je peux même sentir leurs odeurs.

Jean Jacques BUSINO : Un entretien.

Etre édité amène-t-il un auteur à se remettre en question, à faire plus attention à son style, son écriture, à vouloir s'améliorer ?

Vous me demandez si le fait d'être édité chez Rivages change quoique ce soit à mon mode d'écriture... Je ne sais pas... Je ne sais même pas si je sais écrire et combien de temps j'aurai encore des histoires à raconter. Je mesure mal la chance que l'ai d'être entouré de si grands noms du polar. J'écris sans savoir pourquoi, mais certainement pour moi. Chaque fois que quelqu'un me parle de ce que j'écris, je ne reconnais rien. Ma seule échelle de valeur, pour arriver à mettre le mot fin à un texte, est de retrouver les sensations, en relisant, que j'ai eues en écrivant. C'est ma seule unité de mesure. Sans savoir comment, je travaille jusqu'à ce que je sente les personnages d'un livre me quitter. (Le jour se lève, je vais m'étendre un peu et je reprendrais cette lettre demain). Pour compléter ma réponse, l'édition d'une de mes petites histoires chez Rivages m'a pris de vitesse. J'ai écrit pratiquement quatre livres entre le moment où j'ai fini Un café une cigarette et sa publication chez Rivages. J'ai amélioré mon style et je maîtrise mieux les personnages. Naturellement ce n'est que mon avis et je conçois parfaitement que quelqu'un d'autre peut être d'un avis contraire. Mais malgré tout, je ne conçois l'écriture que comme une forme d'onanisme et l'avis de tiers, malgré tout le respect que je lui dois, n'a que peu d'influence sur mon écriture. Les histoires sont des cancers et l'écriture est ma chimiothérapie. Je recherche une sorte de liberté, une sorte d'absolu. Je tends à cet idéal tout en sachant que la liberté est infinie et, comme telle, inaccessible.

Jean Jacques BUSINO : Un entretien.

Si 1275 âmes de Jim Thompson reste l'univers de référence pour J.J. Busino, ses préférences littéraires sont assez éclectiques.

Tout écrivain qui raconte une histoire à laquelle je peux m'identifier m'intéresse. En vieillissant, j'ai tendance à préférer des auteurs qui soignent "aussi" la forme. Par exemple Pirandello, Sciascia ou le merveilleux livre d'étude comportementale d'Henri Laborit. Je passe aussi beaucoup d'heures dans le DSM-3R, manuel de psychiatrie qui me permet de mieux travailler sur des personnages éloignés de ma psychologie.

L'entretien est terminé. Il ne me reste plus qu'à mettre cet échange de correspondance en forme. Quant à Busino, il me confie : ... je retourne voir un Monsieur qui m'attend pour cuire le visage d'une femme qu'il vient de tuer.

 

Entretien publié dans la revue 813 N°47 de Juin 1994.

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16 janvier 2015 5 16 /01 /janvier /2015 09:12
Day KEENE : Le canard en fer-blanc.

N'est pas un canard laqué, quoique...

Day KEENE : Le canard en fer-blanc.

Emprisonné pour avoir tué au cours d'une rixe un colonel d'armée, Jim Bishop se morfond dans sa cellule, attendant son passage devant le peloton d'exécution.

Un jour par semaine les prisonniers peuvent recevoir la visite de leur femme, de leur fiancée, ou d'une prostituée. Le jour de l'amour.

La veille de son exécution, Conchita, une jeune femme, rend visite à Bishop lui prodiguant quelques manifestations amoureuses. Ce n'est qu'un subterfuge. Dans le secret de la cellule, elle lui apprend que son exécution sera tronquée. On a acheté le commandant de la place, les fusils seront chargés à blanc et Bischop pourra s'évader.

Tout se déroule comme prévu et une voiture le conduit dans une villa. Quelques personnages l'attendent, des Argentins péronistes en exil qui fuient le nouveau régime de leur pays. Crégo, le chef du groupe, Don Diego, la señorita Valdez, Mike et Jaime les deux frères, Conchita plus quelques hommes de main. Bishop doit convoyer Crégo, Don Diégo et Conchita jusqu'à Buenos Aires afin de retrouver Maria, la sœur de Conchita.

Bixhop récupère son vieil avion, le Canard en fer-blanc, le remet plus ou moins en état de voler et c'est le départ. Après quelques aventures périlleuses et des journées de vol, Bishop se pose près d'une hacienda non loin de la capitale. Don Diégo et Crégo rejoignent la ferme tandis que Conchita et Bichop bivouaquent près de l'avion. La nuit un inconnu tente de les tuer. Bishop et Conchita se rendent à Buenos Aires pour y apprendre que Don Diégo a été arrêté par la police et a mis fin à ses jours. Puis ils manquent de se faire coffrer dans un cabaret par des policiers commandés par le capitaine Umbria. Conchita conduit alors Bishop dans l'appartement où elle vivait en compagnie de sa soeur.

 

Le canard en fer-blanc est plus un roman d'aventures qu'un roman policier ou un roman noir. Day Keene utilise tous les ingrédients utiles à cette sorte d'ouvrage. le trésor, l'aventurier au grand cœur taraudé par un amour malheureux, la jeune fille amoureuse et farouche, les pannes d'avion, les réparations en pleine brousse, etc. Il met en scène les péronistes et le fantôme du dictateur déchu, mais s'il fustige celui-ci c'est moins pour mettre en cause sa politique que sa propension à s'entourer d'adolescentes, en organisant des ballets roses.

Il faut remarquer que Bishop et Conchita ne consomment pas leur amour avant de voir leur union consacrée par un prêtre, comme dans En ménageant ma petite santé, même si parfois leur envie est difficile à réfréner.

 

Citations :

Toutes les femmes ont, au fond d'elles-mêmes, un petit côté catin.

 

Il n'y a pas de vitamines plus utiles à la croissance et au développement d'un régime sain et honnête qu'une presse libre, à condition qu'elle raconte la vérité, évidemment.

Day KEENE : Le canard en fer-blanc. (Red Star south - 1956. Traduit par F.M. Watkins). Série Noire N°345. Parution décembre 1956. 190 pages.

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15 janvier 2015 4 15 /01 /janvier /2015 14:34
Un week-end à Sorgues dans le Vaucluse

La Société Littéraire de Sorgues est la doyenne des rencontres autour de la littérature policière. Mais ses moyens limités, je parle de finances et non de compétence de la part de ses organisateurs, ne lui permettent pas de concurrencer les manifestations poids lourds qui fleurissent un peu partout depuis quelques années.

 

Cette année elle fêtera le 31 janvier sa 32e convention autour de la littérature policière avec la présence de Zolma, de Xavier-Marie Bonnot et de Roger Martin.

 

Un hommage sera rendu à Maurice Frydland, réalisateur de cinéma, avec la projection de :

Les rats de Montsouris et Du Rebecca rue des Rosiers.

Un week-end à Sorgues dans le Vaucluse
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15 janvier 2015 4 15 /01 /janvier /2015 08:22
Robert O SABER : Le tango des alambics

Mieux que la danse des canards...

Robert O SABER : Le tango des alambics

Phil Cooper, capitaine de la police de Chicago, est chargé par son supérieur et ami Jack Noreen de remettre de l'ordre dans le quartier nord de la ville. Le lieutenant Flynn et ses adjoints s'adonnent à la prévarication avec ostentation, touchant des pots de vin des tenanciers de tripots, de salles de jeux et contrebandiers d'alcool.

Max Keene, détective privé, est contacté au téléphone par une jeune femme. Elle lui propose d'acheter du Scotch à plus de moitié prix. Il accepte mais regrette vite son achat qui s'avère être du tord-boyau. Par réflexe il a relevé le numéro minéralogique de la camionnette de livraison.

Pour Jewel Weiland, contacter des clients, dont Max Keene, par téléphone, c'était un boulot facile et rémunérateur. C'était car elle est étranglée par un inconnu. Un véritable coup dur pour Peter Paulson son patron, contrebandier de petite envergure. Paulson se sent obligé de tuer un de ses employés, Harry, petit ami de la jeune femme afin de détourner l'attention de la police. Quant à sa femme, Lynn, elle est contactée par son ex-employeur pour servir les desseins du Consortium représenté par Maxie Roth et Mugsy O'Donnell.

Mugsy jette dans les bras de Flynn une rousse flamboyante, Joan Nicholson. Celle-ci estime que mille dollars c'est peu payé, et au lieu de partir dans l'Ouest met Flynn au courant de quelques magouilles. Cooper, l'intègre, perturbe tout ce beau monde en entrant dans le jeu des truands et des flics véreux. Il augmente même taxes et pots de vin. Les distillateurs clandestins du Consortium pensent le contrer en kidnappant sa femme. En effectuant des comparaisons, des déductions, des recoupements, Cooper est arrivé à une certitude : la distillerie clandestine ne se peut se tenir qu'à Aurora, une petite ville située à une soixantaine de kilomètres de Chicago. Max Keene qui surveillait et filait Lynn Paulson et Maxie Roth ainsi que Joan et Flynn, est arrivé aux mêmes conclusions.

 

Sans grande prétention, sauf celle de faire passer un bon moment au lecteur, Le tango des alambics est un roman solide, écrit par un professionnel consciencieux. En auteur consommé Robert O. Saber tisse sa trame comme l'araignée sa toile.

 

Robert O SABER : Le tango des alambics (A time for murder 1956. Traduction de F. M. Watkins). Série Noire N°339. Parution novembre 1956. 190 pages.

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14 janvier 2015 3 14 /01 /janvier /2015 12:01

Même si un jour à Knocke-le-Zoute
Je deviens comme je le redoute
Pianiste pour femmes finissantes

Roland SADAUNE : ... de bar.

S'il y a bien quelque chose qui énerve Raoul Dupuis, c'est que le patron du bar le Stringate, l'appelle Debar. Mais ça ne sert à rien de le remettre en place, il continue alors le pianiste laisse courir ses doigts sur le clavier de son piano. Et c'est parti pour une danse, taxis-boys enlaçant mémères énamourées.

Tous les après-midis il met son talent au service de ces danseurs cherchant le grand frisson ou l'argent facile. Mais en même il ne peut s'empêcher, tout en jouant des airs de jazz plaqués sur de vieilles rengaines, à Chloé, sa muse, partie valser avec un arbitre de foot plus riche que lui.

Georgius le surveille, ne lui laisse pas le loisir de s'émanciper sur des notes qui ne sont pas au répertoire, et les gigolos réclament d'autres tempos, heureusement Mauricette est là qui lui fournit ses trois doigts de whisky accompagné d'un duo de glaçons. Et les airs de guimauve s'enchaînent jusqu'à ce que Georgius s'affale près du piano. Ses deux disc-jockeys ne peuvent venir prendre la relève pour de fallacieuses raisons, et De bar, pardon, Raoul Mauduit, cinquante-sept ans, doit prolonger sa séquence vespéral jusqu'au milieu de la nuit en fourbissant des vinyles façon frisbee à la console.

Mais le succès enregistré par le Stringate ne plait pas à tout le monde. Et De bar va l'apprendre à ses dépends.

En incrustation une petite voix raconte son séjour prolongé dans un établissement spécialisé et les dominos remplacent des touches de pianos, un jeu de dupes en compagnie de Paul Nord et Léon Napo. Mais la musique n'est pas loin, toujours présente au moins dans la tête sinon sous les doigts.

Roland Sadaune joue du clavier, d'ordinateur, tout en souplesse, en finesse, un toucher de touches subtil, dans une ode à Nat King Cole. Il décrit l'ambiance de ces boîtes style café-concert pour femmes vieillissantes en mal de toucher de hanches et plus si affinités. A croire qu'il a fréquenté assidument ces apéros dansants, comme artiste bien évidement. Et en pratiquant l'humour, noir. Roland Sadaune change de registre, il abandonne ses pinceaux pour la musique et c'est une heureuse surprise. A noter que le patron se nomme Georgius comme le célèbre chanteur de cabaret qui a également signé quelques Séries Noires sous le pseudo de Jo Barnais (Jobard né !).

 

Roland SADAUNE : ... de bar. Collection Noire Sœur. Editions Ska. Nouvelle numérique. 1,49€.

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14 janvier 2015 3 14 /01 /janvier /2015 08:45

Il faut toujours ranger ses effets soigneusement !

André DUQUESNE : Une paire d'ailes au vestiaire.

Sorti de prison depuis peu de temps, Victor Lancel monte à Paris . Il laisse la Grosse Lola, sa mère, et ses deux protégées, ses tapineuses, à Toulouse.

Voyou de petite envergure mais aux dents longues, Victor débarque dans la capitale afin de faire "chanter" son père qu'il n'a jamais connu. A son grand étonnement il est reçu par son géniteur, Demaillet, gros industriel, maison cossue dans le 16e, à bras ouverts ainsi que par Germaine, sa demi-sœur qui lui fait des avances plus qu'affectives. Quant aux autres membres de la famille, Jean son demi-frère et Marthe sa belle-mère, leur accueil est pour le moins mitigé.

Un peu déboussolé par les remords et repentirs affichés par son père, Victor découvre que Jean est victime d'un chantage de la part d'un certain Beltramini, un caïd du milieu, et que sa belle-mère est soumise au même problème par un petit vieux miteux dénommé Fournier.

Victor cédant aux instances de Germaine délivre Jean des griffes de trois sbires de Beltramini en leur flanquant une dérouillée. Jean devrait cinq cents sacs au truand et s'adonne à la drogue. Motif un peu mince pour un chantage !

Dans la boîte de nuit dirigée par Beltramini, Victor aperçoit Fournier le maître-chanteur de belle-maman. Y'aurait-il corrélation ? Beltramini propose à Victor de faire équipe afin de s'approprier la fortune et la puissance de Demaillet.

Le lendemain nouveau rendez-vous avec Beltramini et Fournier. Ce dernier serait le patron et dévoile quelques unes de leurs activités. Contrebande et trafics de drogue et d'armes. De retour au domicile avenue Henri-Martin, Victor reçoit un appel téléphonique de sa belle-mère lui demandant de la rejoindre dans une villa de Saint-Cloud. Sur place il se rend compte qu'il vient de tomber dans un piège. Sa belle-mère est morte, assassinée d'un coup de poinçon. Beltramini et Fournier font porter le chapeau à Victor mais celui-ci parvient à prendre la fuite.

Pensant reprendre en main la situation, Victor dévoile à son père les derniers événements. A charge de revanche, Demaillet avoue à son fils que Fournier était, il y a bien longtemps, l'amant de Marthe. Victor décide de se débarrasser des truands et de leurs comparses. Fusillades, cavalcades et révélations au programme : Fournier serait le père de Germaine (ouf, pas d'inceste !) et Demaillet le chef occulte de cette bande de malfrats.

 

Comme à son habitude, André Duquesne mène son histoire tambour battant, ne s'embarrassant pas de descriptions oiseuses et tablant sur des retournements de situations fréquents. Par l'emploi moins systématique de l'argot ce roman a mieux vieilli que Freudaines par exemple, mais le personnage principal se montre toujours aussi cynique envers les femmes. Quant à l'épilogue, les lecteurs assidus de Peter Randa, alias d'André Duquesne au Fleuve Noir, ils sauront tout de suite l'imaginer.

André DUQUESNE : Une paire d'ailes au vestiaire.

Curiosité : Ce roman a été réédité sous le titre Secret de famille sous le pseudonyme de Herbert Ghilen en 1972 aux éditions Transworld Publications, dans la collection International Pocket N°7.

 

Citation :

Les poules, c'est toujours quand elle se déshabillent qu'elles sont les plus dangereuses.

André DUQUESNE : Une paire d'ailes au vestiaire. Série Noire N°278. Parution novembre 1955. 184 pages.

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13 janvier 2015 2 13 /01 /janvier /2015 13:18

A ne pas confondre avec la pyramide du Louvre...

Jean-François PAROT : La pyramide de glace.

En cette fin du mois de février 1784, il gèle à pierre fendre. L'hiver est rude pour les Parisiens qui subsistent comme ils peuvent. Louis XVI et Marie-Antoinette prennent en compte cette famine qui se dessine et procèdent à quelques largesses alimentaires. Pourtant la révolte commence à gronder tandis que des pyramides de glace sont érigées sur des places par certains habitants de la cité en guise de reconnaissance.

En cette soirée du 23 février, Nicolas Le Floch, commissaire de police, Aimée d'Arranet, sa maîtresse, et quelques autres invités discutent de tout et de rien, bavardages badins, et de la situation actuelle avant de se mettre à table, déguster un potage au vin, puis des œufs en matelote et quelques autres mets propres à réchauffer l'estomac, préparés par Catherine Gauss, la cuisinière d'Aimé de Noblecourt leur amphitryon.

Le lendemain Nicolas est réveillé par Aimée qui lui signifie que Bourdeau, un inspecteur de police, l'attend. Une affaire grave le requiert. En effet durant la nuit, mais il avait autre chose à faire avec Aimée que d'entendre la pluie tomber, le dégel a entamé quelques-unes des pyramides. Or l'une de ces pyramides de glace, située boulevard du Midi (aujourd'hui boulevard des Invalides) non loin de la rue de Sèvres, ne s'est pas contentée de commencer à fondre. Elle recélait en son sein le cadavre d'une femme dont les cheveux cachent le visage.

Assisté de Semacgus, chirurgien de marine reconverti en médecin légiste, de Sanson le bourreau qui lui sert d'assistant, de ses adjoints et de ses mouches (mouchards, ancêtre des indics) et de quelques autres dont l'ancien lieutenant général de police et ancien ministre, monsieur de Sartine, Nicolas Le Floch va devoir enquêter afin de découvrir l'identité de cette morte congelée, et le pourquoi du comment de cet assassinat. Auprès de la tombe de glace les curieux affluent de même que quelques individus qui prêchent la révolte contre le régime.

Dégagée de son suaire de glace et mise à l'abri au Châtelet il apparait que cette personne du sexe féminin possède une ressemblance troublante avec la reine Marie-Antoinette. Commence un long travail qui consiste à recueillir les témoignages du voisinage. La maison la plus proche de la pyramide en déliquescence appartient à Philippe de Vainal (vénal ?), président à mortier (du nom de la toque dont ils sont coiffés et non parce qu'il font de la maçonnerie) au Parlement de Paris.

Nicolas Le FLoch est reçu par Hermine Vallard, la prétendue servante de Philippe de Vainal, mais elle est trop bien vêtue pour n'être qu'une domestique. De plus elle s'empêtre dans ses mensonges, affirmant d'abord ne pas connaître l'existence de cette pyramide puis revenant sur ses déclarations. En fouillant un peu plus et grâce à ses mouches, Nicolas établit bientôt que cette résidence sert à Vainal comme maison de plaisirs fréquentée entre autres par le duc de Chartres, le cousin honnis du roi, qui connait des problèmes de dette et a recours à des arrangements financiers.

L'autopsie de la malheureuse congelée n'est pas sans surprises. En effet un morceau de porcelaine de Sèvres est fiché dans sa nuque, et pas n'importe quel fragment. L'objet provient de la collection royale, composée de pièces uniques et il semblerait que des disparitions inexpliquées de la vaisselle de Versailles entacheraient des membres de la cour.

 

Il existe un lien entre nobles haut placés et modestes courtisanes, une magicienne surnommée Voit la mort, une revendeuse à la toilette, un ouvrier à la manufacture de Sèvres, le duc de Richelieu, madame de la Motte, Cagliostro, Casanova, une maquerelle, une autre sosie de la reine, un moine, et quelques autres personnages gravitent dans cette enquête menée par Nicolas Le Floch.

Outre l'enquête, l'auteur s'attache à dépeindre l'atmosphère, l'ambiance du Paris qui manque de tout, bois de chauffage, nourriture, à cause des rigueurs de l'hiver. Et bien entendu, il évoque quelques problèmes qui fâchent et qui de tout temps ont alimenté des récriminations et des plaintes de la part du petit peuple mais dont les grands gagnants étaient les nantis : les impôts. Ainsi

On crée toujours des impôts nouveaux, remarqua Aimée. Pourquoi n'en supprime-t-on pas ?

Ah ! Ma mie, dans le cas où le contrôleur général parlerait de supprimer un impôt, soyez assurée qu'il aurait projet deux ou trois autres.

Plus loin :

Encore une taxe ! Mais quel est ce royaume où l'on estime que tout problème doit être réglé par une taxe !

On sent poindre sous les récriminations et les plaintes des Parisiens la Révolution, alimentée en cela par l'aversion envers la Reine, son "amitié" avec le Suédois Fersen, et surtout les frasques de nombreux nobles. Mais si Nicolas Le Foch et ses compères regrettent cet état de fait, la pénurie notamment, ils ne se privent pas pour autant et participent à de somptueux repas roboratifs décrits complaisamment par l'auteur.

Je regrette toutefois que Jean-François Parrot n'applique pas à lui-même cette phrase : Nicolas rendit compte avec cette capacité rigoureuse d'aller à l'essentiel. A mon avis il y a un peu trop de délayage et enlever le surplus de gras eut été le bienvenu. Mais évidemment ce n'est que mon avis que tous les lecteurs ne partageront certainement pas.

 

Jean-François PAROT : La pyramide de glace. Les enquêtes de Nicolas Le Floch. Editions Jean-Claude Lattès. Parution le 1er octobre 2014. 480 pages. 19,00€.

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13 janvier 2015 2 13 /01 /janvier /2015 10:09
Ron GOULART : La chasse à la BD.

Bon anniversaire à Ron Goulart né le 13 janvier 1933.

Ron GOULART : La chasse à la BD.

Dessinateur de bandes humoristiques, Jack Deacon planche sur sa feuille vierge et tente de trouver l'inspiration.

Et lorsque celle-ci fait défaut, tout est bon pour distraire et perturber le travail d'un caricaturiste. D'abord l'appel téléphonique d'un raseur quelconque, puis une détonation. A travers les carreaux de la fenêtre il reconnait Mutt Shermer également dessinateur de bandes dessinées sur le retour qu'il n'a pas vu depuis des années.

Mutt Shermer vient de déguster quelques pruneaux qu'il ne parvient pas à digérer. Il en meurt le pauvre, mais il a le temps toutefois de confier un message sibyllin à Jack.

La clé c'est la Bible de Tijuana.

Jack n'a pas le temps de se poser de questions, quelqu'un l'assomme traîtreusement par derrière. A son réveil Mutt a disparu. Nouvelle surprise, Jack découvre dans sa penderie une jeune femme bien vivante et qui lui donne la clé de l'énigme.

Dans le langage des professionnels de la bande dessinée, la Bible de Tijuana est une BD érotique. Mais celle-ci possède une particularité. L'un des dessins représente la Californie où figurent trois croix correspondant chacunes à l'emplacement d'un trésor, c'est à dire des caisses de magazines BD. Une collection estimée à environ deux millions de dollars.

Jack et Sally, la jeune femme de la penderie, partent à la chasse au trésor, chasse toute légitime puisque tous ces comics étaient la propriété du père de Sally et qu'elle en a hérité. Seulement Sally n'est pas la seule à vouloir mettre la main sur ces caisses.

Quelques malfrats sont dans la course, ce qui nous vaut une histoire épique, haute en couleurs, parfois complètement démente, hilarante, parodique et même caricaturale.

 

Ron Goulart, écrivain professionnel depuis 1968, est un véritable touche à tout, spécialiste de la paralittérature. Il a écrit une trentaine d'ouvrages de science-fiction, des scenarii de bandes dessinées et de séries télévisées américaines, des novellisations de films, des romans policiers, des nouvelles ainsi que de nombreux articles et essais sur tout ce qui concerne la paralittérature.

La chasse à la BD est certes un livre pastiche mais fort bien mené, une récréation et un clin d'œil farfelus. Ce qui nous change des histoires morbides ou par trop politiques habituelles.

 

Ron GOULART : La chasse à la BD. (The Tijuana Bible - 1989). Traduction de Noël Chassériau) Série Noire N° 2252. Parution janvier 1991. 256 pages.

 

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12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 13:43

Les noms de Hetzel et Jules Verne sont indissolublement liés. Et réciproquement. Leur association l'un comme éditeur, l'autre comme romancier les a portés au Panthéon des Lettres. Pourtant, l'un sans l'autre, ils auraient sûrement existés mais pas forcément de la même manière ni avec la même longévité.

La Revue Rocambole : Hetzel éditeur populaire.

La revue Rocambole n° 68/69 datée Automne-Hiver 2014 rend hommage à Pierre-Jules Hetzel à l'occasion d'un double anniversaire. En effet le libraire éditeur nait le 15 janvier 1814, et en 1914 c'est la vente des éditions Hetzel à Hachette par son fils Louis-Jules.

Mais si la popularité de Hetzel doit beaucoup à Jules Verne et ses Voyages Extraordinaires, il ne faut pas non plus oublier qu'il édita également Balzac, reprenant la succession de Charles Furme, qui n'avait plus les moyens financiers de poursuivre la publication de La Comédie Humaine en 1842. Mais également bien d'autres, dont André Laurie, Proudhon, Hector Malot, Alexandre Dumas, George Sand ou encore un certain P.J. Stahl qui n'est autre que Hetzel lui-même, soit en les éditant soit en facilitant leur publication chez d'autres éditeurs et dans les journaux de l'époque. Etant fervent républicain, Hetzel tâte de la politique et devient même chef de cabinet de Lamartine, en 1848, qui est alors ministre de l'Intérieur. Mais le retournement de situation avec le coup d'état du 2 décembre 1851 par Louis Napoléon Bonaparte, l'oblige à s'exiler en Belgique. Cela ne l'empêche pas de continuer son travail d'éditeur et il publie clandestinement Napoléon le petit, les Châtiments et les Contemplations de Victor Hugo.

Son apport à l'édition est considérable. Il crée notamment la Bibliothèque illustrée des Familles, qui devient Le Magasin d'éducation et de récréation en 1864 auquel participe Jean Macé qui fut enseignant, journaliste et homme politique (1815-1894). Son ambitieux projet est de faire collaborer dans une même revue savants, écrivains et illustrateurs, mariant les domaines de la science et de la fiction, ce qui amènera tout naturellement à la publication des ouvrages de Jules Verne qui allient ces deux domaines.

Il est un domaine dans lequel Hetzel est précurseur : la création, l'invention même, de l'album illustré pour la jeunesse : les Albums Stahl. Et comme pour bien d'autres collections dont notamment les Voyages extraordinaires, Hetzel les propose simultanément en plusieurs versions. La première dite économique et qui ne comporte pas d'illustrations, une deuxième de petit format mais cette fois avec quelques illustrations et enfin l'édition de luxe, d'une format plus grand, richement illustrée, celle que nous connaissons tous mais ne possédons pas ou rarement, car très recherchée par les bibliophiles et les collectionneurs, et qui est reprise dans certains fac-similés. Hetzel publiera aussi de nombreuses romancières, parfois sous des pseudonymes masculins, mais dont l'œuvre aujourd'hui est quasiment oubliée. Pourtant certaines d'entre elles figureront dans la catalogue Hachette, prenant le même chemin que Jules Verne, Erckmann-Chatrian, André Laurie, soit dans la Bibliothèque Verte Première série, ou dans d'autres collections.

Tout ceci est décortiqué dans le copieux dossier qui est consacré à Hetzel au travers de son œuvre, d'éditeur et de romancier.

La Revue Rocambole : Hetzel éditeur populaire.

Si ce dossier, copieux et complété par une iconographie réduite au maximum à cause des nombreux textes, représente environ la moitié de la revue, la seconde partie est consacrée à une revue devenue mythique : Encrage. De octobre 1984 avec la sortie du numéro 0 jusqu'en 1990 avec le numéro 24, cette revue qui ne vivait que par les abonnements aura marqué le paysage de l'exploration de l'autre-littérature. L'innovation tenait en fiches consacrées à des auteurs, des personnages, des collections, des romans, des études, des bibliographies avec en complément Encrage-Actua rédigé par Jean-Claude Alizet traitant des nouveautés dans les différents genres de la littérature populaire. Ce complément deviendra l'Année de la fiction, et qui sera publié durant seize ans. Aujourd'hui les jolis volumes cartonnés ont été remplacés par un outil internet : Fiction-bis que tout un chacun peut consulter, voire éventuellement compléter en devenant rédacteur. La seule contrainte étant de rédiger une notice qui résume l'ouvrage jusqu'à son épilogue.

Des quelques fiches représentatives de la revue Encrage qui sont donc proposées aux lecteurs du Rocambole qui n'auraient pas connu cette merveilleuse aventure, je retiens deux travaux de longue haleine :

Du Moulin Noir à Détective Pocket, les curieuses collections des éditions Baudelaire, fiche établie par Pierre Turpin qui décortiquaient les différentes rééditions issues d'autres collections, des pillages, avec changement des noms des auteurs, des titres, ou des inédits d'auteurs différents regroupés sous un nom maison, retravaillés par la suite lors de la réédition dans les diverses collection, lors de leur imbrication dans ce méli-mélo derrière lequel se cachaient les sulfureux Guerber et Dermée. Des romanciers qui avaient pour nom Robert Debeurre plus connu sous les alias de Georges Mera et Irving Le Roy par exemple, ou encore André Héléna, Claude Ferny, et même Léo Malet.

Autre fiche importante et conséquente rédigée par Jean-Luc Buard : le dépouillement systématique des feuilletons dans le Journal L'Œuvre avec la liste auteurs publiés sur une période de vingt-neuf années avec, bien entendu le ou les titres de leurs romans. Et on y trouve pêle-mêle Henri Barbusse Vicky Baum, Rodolphe Bringer, Christian Brulls (Simenon), A. Conan Doyle, Maurice Genevoix, Restif de la Bretonne, H. de Vere Stackpoole, bref un bel échantillonnage de la production littéraire tous genres confondus. Un travail de longue haleine réalisé par un amoureux de la culture littéraire ancienne et qui offre de nombreux débouchés pour tous ceux qui traquent des feuilletons qui n'ont pas forcément été édités en romans par la suite.

La Revue Rocambole : Hetzel éditeur populaire. La Revue Rocambole : Hetzel éditeur populaire.

Quelques autres rubriques complètent ce numéro ainsi que deux textes, qui datent de 1874, de P.J. Stahl.

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12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 08:50
Gérard LECAS : Le syndrome du volcan.

Bon anniversaire à Gérard Lecas, né le 12 janvier 1954.

Gérard LECAS : Le syndrome du volcan.

Du jour au lendemain Antoine de la Bernerie, qui dirigeait une entreprise familiale et l'avait même consolidée, décide de tout plaquer et de consacrer son temps aux déshérités.

Il s'engage dans la lutte contre le faim et la misère dans le tiers monde en adhérant à une société caritative. Il va même sur le terrain afin de vérifier si tout se passe correctement. Il assiste Daniel Bretzer, le responsable de SOS Planète, dans ses déplacements. Ce qui l'amène à faire la connaissance de Catherine Cardi, une infirmière qui travaille au Soudan.

Celle-ci est enlevée en pleine nuit mais elle a eu le temps de glisser dans les bagages d'Antoine une enveloppe contenant des documents. Et de lui signaler que des expéditions de fours micro-onde et de pizzas surgelés au Soudan ne sont pas du meilleur goût alors que tant de produits de première nécessité font défaut.

Antoine ne peut s'éterniser au Soudan mais il a promis à la jeune femme de remettre ces papiers à sa famille et il s'acquitte de cette tache, aussi scrupuleusement que toutes celles qu'il entreprend. Ce qu'il découvre à Miami dans l'une des antennes de SOS Planète le laisse songeur. D'autant que Terry, le beau-frère de Catherine, est victime d'un meurtre déguisé en accident. Un hasard pour le moins bizarre puisque Terry travaillait dans un laboratoire pharmaceutique qui fournissait des médicaments à l'association.

 

En refermant ce livre, on se dit que tout cela n'est que de la fiction, mais le lecteur ne peut s'empêcher de se demander si les fonds qu'il envoie aux sociétés caritatives sont réellement employés à sauver les nécessiteux et s'il n'y a pas parfois évasion de capitaux et autres filouteries.

Antoine de la Bernerie se révèle non seulement comme un aventurier mais également un épigone de Mac Gyver. Il est vrai qu'il possède des notions certaines d'armement puisqu'il dirigeait une fabrique d'armes à feu et avait imaginé un nouveau procédé. Mais dans les cas désespérés, il sait faire fonctionner ses petites cellules grises.

Gérard Lecas est un auteur qui livre ses romans au compte-gouttes, il a donc le temps de les peaufiner. Et je dois dire qu'à ce jour, Le syndrome du volcan est l'un des romans le plus achevé de sa production, et celui qui prend peut-être le plus aux tripes. Ce qui n'empêche pas Gérard Lecas de placer quelques traits d'humour, ne serait-ce que cette pauvre Suzie, bénévole à SOS Planète et qui doit recourir aux bons soins d'une célèbre société d'amaigrissement pour remédier, sans succès, à son problème de surcharge pondérale.

 

Gérard LECAS : Le syndrome du volcan. Série Noire N°2311. Parution le 11 février 1993. 352 pages.

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Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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