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27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 10:22

Bon anniversaire à François Muratet, né le 27 janvier 1958.

François MURATET : La révolte des rats

En 2049, l’Europe, élargie à quarante membres, voit arriver au pouvoir Pim Head, le leader du Rassemblement des Milices, une importante société prestataire de services tournée vers la politique.

Les Etats-Unis de toute l’Amérique du Nord ont vu le regroupement du Canada et du Mexique aux USA. Mais pour autant le contexte économique est en régression, et les grèves, les contestations, les manifestations se développent sur les deux continents, sans oublier les guerres d’indépendance qui fleurissent ça et là.

En Europe la Milice prend le relais, musclé, de la police. En Amérique du Nord, c’est le spectre de la guerre civile qui se profile, avec à la tête des contestataires, un nommé David, insaisissable. Le libéralisme à outrance est le maître mot tant en Europe qu’aux Etats-Unis.

Pourtant dans la communauté européenne, certains se révoltent, appartenant à une section politique bannie, les Hypercommunistes. D’autres travaillent sur des programmes de micro-ordinateurs à l’intelligence artificielle extrêmement développée puisqu'un dialogue peut s’échanger entre la machine et l’homme. Des sommes considérables d’argent transitent sur des comptes parfois au grand dam de leurs bénéficiaires. Quant aux politiciens, ce sont toujours les mêmes : ils rêvent d’asseoir une suprématie impérialiste au détriment de ceux qu’ils dirigent, bafouant le social sans état d’âme.

 

Dans ce roman de politique-fiction, construit comme un puzzle, François Muratet nous dépeint ce que pourrait être l’Europe et le monde en général dans une quarantaine d’années. On ne peut dire que ce soit du pessimisme, mais il s’agit d’une vision inquiétante et crédible de notre avenir, peut-être plus proche que nous le pensons.

Une analyse et une projection pertinentes que des événements récents, lors de la parution du roman, mais François Muratet avait déjà bouclé son roman, confirment. Les personnages se croisent, se rencontrent, se perdent de vue, d’autres surgissent, évoluent au fil du temps, des tueurs à la solde de l’Agence parcourent l’Amérique lisant Jack London, mais tous sont plus ou moins des pantins alors qu’ils pensent se mouvoir, régis par leurs propres idées, leurs propres convictions. Un livre dense, mais pas ardu, qui fait réfléchir et envisager le pire.

 

François MURATET : La révolte des rats. Collection Serpent noir, éditions du Serpent à plumes. Parution Juin 2003. 418 pages.

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27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 08:59
Albert CONROY : Coups de gomme.

Après le coup de crayon ?

Albert CONROY : Coups de gomme.

Fort mécontent des agissements, jugés illégaux, du gouverneur Kensington à l'encontre des différents établissements de jeux qu'il dirige, Bruno Hauser décide d'aider à s'évader de prison Ed Driscoll.

Drisc avait proféré, six ans auparavant, des menaces de mort envers Kensington, alors district attorney, qui lui imputait le cambriolage d'une banque. Drisc a toujours nié être l'auteur de ce cambriolage. Hauser, avec l'aval du Consortium new-yorkais qui lui prête Arno, un tueur, mise sur cette vengeance. Seulement Drisc, une fois évadé, ne répond pas à cette espérance, refusant d'abattre le gouverneur.

Hauser se rend, en apparence, aux raisons de Drisc, lui propose des vêtements et une cachette. Une capitulation en trompe-l'œil car Drisc, innocemment, laisse ses empreintes sur un pistolet, le chargeur et les balles ad-hoc.

Dans le refuge qui leur est assigné, la tension monte entre Steve Shay, ancien complice de Drisc, Norma, une jeune fille d'origine mexicaine, Arno, l'homme du Consortium, et Drisc. Arno s'érige en maître, une attitude mal supportée par ses compagnons. Il tente même d'abuser de la jeune femme mais heureusement Drisc veille au grain.

Malgré l'interdiction d'Arno, Drisc retourne en ville avec Norma et rend visite à son ex-épouse, mais celle-ci est remariée.

Pendant ce temps Hauser embauche Seal, un drogué, lui remet l'arme manipulée par Drisc et lui enjoint de tuer Kensington. Seal, excité, brise dans un mouvement incontrôlé la seringue qui devait lui permettre de se faire une injection avant la réalisation de son contrat. Seal blesse grièvement le gouverneur et termine son existence dans un tonneau de ciment. Drisc apprend la tentative de meurtre grâce aux journaux et comprend que son soi-disant bienfaiteur, dont il ne connait pas l'identité, a voulu lui faire porter le chapeau.

 

Les romans d'Al Conroy, plus connu sous le nom de Marvin H. Albert, ne laissent jamais indifférents. Drisc, après son passage en prison, ne désire pas reprendre sa vie de petit truand mais acquérir une virginité en devenant un honnête homme et fonder une famille. Il subit les événements sans rancune, avec une certaine pointe d'amertume. Il a tiré un trait sur le geste de Kensington qui l'a envoyé en prison pour une faute qu'il n'avait pas commise. Il comprend que sa femme ait désiré se remarier malgré l'enfant qu'ils avaient eu ensemble, une enfant qu'il n'avait pas vu naître. Mais il s'insurge lorsqu'il se rend compte qu'il est au cœur d'un complot, d'une machination.

Drisc est l'exemple type du truand au noble cœur sur la voie de la rédemption. Une intrigue simple, limpide, linéaire et efficace.

 

Curiosité :

Le début de cette histoire ressemble fortement au premier chapitre du roman de Day Keene Le Canard en fer-blanc (voir ma chronique ici). Alors qu'il se morfond en prison, un homme est avisé qu'une jeune fille qui se prétend être de sa famille désire avoir un entretien avec lui. Or le prisonnier ne connait la visiteuse ni d'Adam ni d'Eve. Elle lui indique le moyen de pouvoir s'évader. La ressemblance s'arrête là ? Non, le prisonnier et la jeune femme tomberont amoureux l'un de l'autre, c'est le côté rose du roman noir.

Albert CONROY : Coups de gomme. (The Mobs says murder - 1959. Traduction de G. Sollacaro). Série Noire N°479. Parution février 1959. 256 pages.

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26 janvier 2015 1 26 /01 /janvier /2015 11:04

Toute la musique que j'aime, elle vient de là, elle vient du blues...

Peter GURALNICK : A la recherche de Robert Johnson.

Dans une mise en scène de Peter Guralnick, avec la participation amicale de Johnny Shines, Robert jr Lockwood, Son House et Mack McCormick, ainsi que quelques figurants gravitant dans la communauté du blues issu du Delta, la vie de Robert Johnson défile comme une météorite, dense et nébuleuse à la fois, un passage éclair elliptique.

L’existence de ce musicien, qui deviendra une référence et une légende dans le monde musical, à l’instar de James Dean dans le domaine du cinéma, comporte bon nombre de mystères. Ainsi, alors qu’âgé de 19 ans, il joue de la guimbarde et de l’harmonica, il s’essaye à la guitare. Un véritable fiasco.

Il décide alors de partir, sans dire où il va et lorsqu’il revient, quelques semaines plus tard, il joue de l’instrument à cordes en véritable virtuose. Que s’est-il passé ? Par quel prodige est-il devenu un excellent guitariste du jour au lendemain, ou presque ? Certains supposent un pacte passé avec le Diable.

Mais cet homme considéré comme pratiquement illettré était également un parolier dont les chansons souvent sombres, se révélaient parfois osées pour l’époque. C’était également un timide, au point de refuser de jouer avec un orchestre, ou leur tournant le dos.

Au contraire de bon nombre de ses confrères, il était toujours habillé, tiré à quatre épingles, comme le montre la photo de couverture. Et observez bien cette reproduction : ses doigts sont ceux d’un pianiste, effilés, souples, flexibles, des doigts de fée.

Né le 08 mai 1911, Robert Johnson était le onzième enfant de Julia Major Dodds, conçu hors du lit conjugal. Jeune marié en 1930, sa femme n’a que seize ans et décède en accouchant, il meurt en aout 1938, probablement empoisonné par un mari jaloux. Heureusement Robert Johnson aura eu le temps de graver vingt neuf titres en novembre 1936 et juin 1937. Mais la plupart du temps il jouait dans de petites salles de bals, sillonnant la campagne en vagabond, en routard du blues.

 

Peter Guralnick se contente de s’attacher à décrire la vie et l’œuvre de ce musicien mythique sans entrer dans les détails de la vie privée. Et grâce aux différents témoignages qu’il a glanés il nous offre un livre fort documenté et vivant, fascinant comme son personnage.

A lire en écoutant l’album édité par Columbia en 1996 qui propose l’intégrale de Robert Johnson.

 

Peter GURALNICK : A la recherche de Robert Johnson. Editions du Castor Astral; collection Castor music. Parution juin 2008. 112 pages. 12,15€.

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26 janvier 2015 1 26 /01 /janvier /2015 07:55
Harry WHITTINGTON : Faut que ça craque.

Craque ? boum hue...

Harry WHITTINGTON : Faut que ça craque.

Chargé d'une mission, Ric Durazo arrive à Los Solanos au terme d'un voyage légèrement mouvementé. Il a pris en charge un auto-stoppeur adolescent, mais il a été obligé de virer celui-ci de sa voiture, le gamin devenant par trop insupportable, le braquant même de son pistolet.

Au El Pueblo, le motel où il a rendez-vous, il est réceptionné par une nymphomane. Ric repousse les avances de son hôtesse, Peggy, ce dont elle lui garde rancune. De la fenêtre de son bungalow, il assiste à une tentative de meurtre : un homme après avoir fait absorber une quantité non négligeable d'alcool à sa femme simule le suicide de son épouse par le gaz puis part en voiture.

Ric réanime sa voisine, Eve, qui lui demande de la prendre sous sa protection. Ric embêté refuse, arguant que le père de la jeune femme et un avocat seraient plus à même de la défendre. Martin Kimball fait alors son intrusion, jouant au mari bafoué. Ric décide de quitter le motel.

Peggy, qui lui en veut toujours, lui apprend qu'un certain Saül Rehan a posé de nombreuses questions à son sujet. En sortant de l'établissement, Ric trouve sur son chemin Eve, et ne peut que la prendre  bord de son véhicule. Suivi par la police et Martin, le couple traverse le désert et se cache dans un canyon. Eve joue de son charme et Ric succombe. Après un divertissement sexuel, qui est une révélation pour la jeune femme, Eve trouve 250 000 dollars dans le coffre de la voiture. Ric se confie, il doit négocier le kidnapping du bébé du sénateur Ironside.

Sa mission : remettre l'argent aux ravisseurs et ramener l'enfant sain et sauf à ses parents. Cependant cette mission possède un goût d'amertume. Ironside, alors juge, l'avait condamné quelques années auparavant pour un forfait que Ric n'avait pas commis. Ironside poussant l'indélicatesse de se marier avec Ann, la femme que fréquentait Ric à l'époque.

 

Cette histoire, rapidement menée, possède parfois des accents rocambolesques, à la limite du vraisemblable. Cependant Whittington reste dans le domaine du plausible. Ses personnages révèlent tous à un moment ou un autre un côté antipathique, parfois compensé par une action d'éclat ou l'aveu de leurs égarements et leur contrition. Les personnages féminins ne sont pas décrits à leur avantage, mais à leur décharge, les circonstances ne s'y prêtent pas toujours non plus.

 

Curiosité :

D'après l'étude de Jean-Jacques Schléret parue dans la revue Les amis du crime N°5 consacrée à Harry Whittington, ce roman n'aurait pas été édité aux Etats-Unis mais en Grande-Bretagne.

Harry WHITTINGTON : Faut que ça craque. (Something's got to give - 1958. Traduction par Alain Glatigny). Série Noire N°469. Parution décembre 1958. 256 pages.

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25 janvier 2015 7 25 /01 /janvier /2015 16:08

Mais auparavant, ils se sont ouverts ! Logique non ?

John Dickson CARR : Trois cercueils se refermeront

Tous les soirs de la semaine, ou presque, ils retrouvent dans la confortable arrière-salle d'un pub afin discuter en toute liberté. Ils, ce sont le docteur Charles Grimaud, Stuart Mills, qui deviendra l'interlocuteur privilégié de Gideon Fell et de l'inspecteur Hadley, ainsi que Pettis, Mangan, Burnaby. En général c'est surtout Grimaud qui tient le crachoir.

En ce soir du 6 février, après que Grimaud a accaparé la parole comme à son habitude, imposant son avis sur les fausses histoires de fantômes, tout en affirmant croire justement à ceux-ci, un individu s'introduit dans leur petite pièce et s'interpose dans la conversation, ou plutôt le monologue de Grimaud.

Les propos tenus par l'homme sont assez hermétiques pour la plupart de cette petite assemblée. Il parle d'un frère qui représente un grand danger pour Grimaud, d'un frère qui se serait levé de son cercueil, et qui pourrait lui rendre visite. En fait il y aurait trois cercueils, précise-t-il. Avant de partir il laisse sa carte sur laquelle sont inscrits son nom et sa profession, Peter Fley illusionniste, et son adresse, Cagliostro Street.

Trois jours plus tard, le 9 février, alors que le docteur Fell célèbre l'arrivée de ses jeunes amis, Ted et Dorothy Rampole, il commence à se disputer avec le superintendant Hadley à propos de méthodes scientifiques en criminologie. Rampole s'immisce dans la conversation en demandant à Fell s'il connait la signification des mots Trois cercueils. Il a vu récemment Mangan qui lui a narré la soirée du 6 février. Fell connait bien Grimaud et s'intéresse à l'histoire. Mangan est amoureux de la fille de Grimaud lequel depuis quelques jours reçoit des lettres, qu'il déchire sans un mot. Grimaud aurait demandé à Mangan d'être présent ce soir du 9 février et a commandé un tableau à Burnaby. Ce tableau représente un paysage bizarre avec des arbres et des pierres tombales. Il s'est fait livrer cette peinture et il a fallu pas moins de deux hommes pour monter l'emballage à l'étage.

Fell est intrigué par cette histoire : Quand un prétendu dément menace un homme sensé, vous êtes libre de le prendre au sérieux ou pas. Mais quand un homme sensé se conduit exactement comme un dément, je sais que moi, je prends l'affaire au sérieux.

 

Fell et ses compagnons, Rampole et Hadley, se rendent immédiatement au domicile de Grimaud. La neige tombe et le seuil est vierge. Ils sont reçu par la gouvernante de Grimaud, ainsi que par sa fille et Stuart Mills qui sont dans tous leurs états. Ils ont entendu un coup de feu. La porte de Grimaud est fermée de l'intérieur et grâce à une petite pince, ils parviennent à forcer la serrure. Grimaud est agonisant mais il parvient à bredouiller quelques mots. Il faut souligner ici le travail de la traductrice qui effectue une véritable gymnastique entre anglais et français pour nous révéler ces paroles, alors que bien évidemment Fell et consorts n'ont pas besoin eux de traducteur. Mais ce bafouillis est pour le moins incompréhensible même pour Fell.

Une fenêtre est entrouverte mais donne sur une cour intérieure. D'après la hauteur, le meurtrier présumé n'aurait pu sauter sans en subir des conséquences fâcheuses, et d'ailleurs il n'existe aucune trace de réception dans la neige. La cheminée non plus n'aurait pu servir de moyen d'évasion. De plus des papiers finissent de brûler dans l'âtre, cendres que s'empresse de prélever Fell afin de pouvoir les étudier plus à loisir. Le fameux tableau représentant trois pierres tombales a été lacéré. Toutefois un embryon d'idée se coagule dans le cerveau du détective, surtout après avoir examiné la bibliothèque

L'origine de l'histoire se trouve en Transylvanie, c'est ce que déduit le docteur Gideon Fell. Mais toutes les déclarations, déductions, raisonnements, voire démonstrations, sont à prendre au conditionnel.

Le lendemain, Hadley annonce un nouveau meurtre, en plein air cette fois. Celui de Fley, retrouvé dans mort dans sa rue, un pistolet à quelques mètre de lui. Tout autour la neige est vierge. Or ce meurtre aurait été perpétré environ une heure après la tentative d'assassinat, réussie, de Grimaud.

 

Outre les deux résolutions de cette double énigme qui en réalité n'en font qu'une, on lira avec plaisir et intérêt une mini conférence de Fell sur les fantômes, et l'on peut se demander à juste raison si derrière le détective se cache J.D. Carr lui-même.

Ensuite le point de vue de O'Rourke, collègue de Fley dans un minable cabaret, sur les réactions des spectateurs lorsqu'ils apprennent le truc des illusionnistes. Peut-être comme le lecteur lorsque la solution lui est formulée et qu'il décide, en fin de compte, de penser et de déclarer que finalement ce n'était pas si compliqué que cela en avait l'air.

Enfin le chapitre sur les problèmes de meurtre en chambre close, qui donne lieu à une longue dissertation de Fell, est riche d'enseignement en tout point, surtout pour le lecteur qui s'intéresse au roman policier d'énigme et de meurtre(s) en chambre close plus particulièrement. A noter cet échange entre Pettis et Fell.

- Mais, si vous voulez disséquer des situations impossibles, l'interrompit Pettis, pourquoi choisir la fiction policière ?

- Parce que, dit le docteur Fell avec franchise, nous sommes dans un roman policier, et quoi qu'on lui dise, le lecteur ne s'y trompe pas. Inutile d'inventer des prétextes compliqués pour introduire un débat sur les romans policiers. Glorifions-nous franchement de nous adonner à la plus noble des quêtes offertes à un personnage de roman.

 

Inutile de préciser que là encore, derrière Fell se profile l'ombre de John Dickson Carr, sa pensée et sa conviction d'écrivain. Et le lecteur français peut être fier car Fell déclare :

La solution la plus satisfaisante à ce type d'intrigue, et qui inclut un meurtrier, se trouve dans Le mystère de la Chambre Jaune, de Gaston Leroux, le meilleur roman policier jamais écrit. Cocorico !

John Dickson CARR : Trois cercueils se refermeront

John Dickson CARR : Trois cercueils se refermeront (The Hollow Man - 1935. Traduit pas Hélène Almaric). Première édition Le Masque N°1923. Parution le 26 octobre 1988. Réédition Le Masque Poche N°54. Parution le 7 janvier 2015. 300 pages. 7,50€.

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25 janvier 2015 7 25 /01 /janvier /2015 08:05
Day KEENE : Deuil immédiat.

Et quand on dit Immédiat, c'est tout de suite...

Day KEENE : Deuil immédiat.

A peine sorti de l'asile, où il avait été interné sur sa demande, Barney Mandell découvre une jeune femme assassinée dans sa chambre d'hôtel.

Il se souvient très bien avoir été accosté par elle dans un bar, avoir refusé de coucher avec, puis ingurgité un nombre impressionnant de whiskies dans un autre troquet. De retour à sa chambre, il avait été assommé par un individu.

Lorsqu'il sort de son état comateux, c'est pour contempler cette macabre découverte. La peur le tenaille, pensant être atteint d'une nouvelle crise de folie. Il alerte cependant les policiers. Le lieutenant Rose et l'inspecteur Carlton l'inculpent et son ami d'enfance Joe Mercer, un journaliste, le vilipende.

Libéré grâce à une caution versée par Curtiss, un agent du Trésor, il suit celui-ci dans son bureau. Au moment où Curtiss l'interroge sur son oncle Vladimir, ex-professeur polonais de physique émigré au Brésil, et commence à lui expliquer pourquoi le Trésor américain veut le contacter, un inconnu tire des coups de feu sur les deux hommes. Miraculeusement Barney n'est pas atteint mais Curtiss est tué.

Le tueur, blessé, réussit à s'échapper. De nouveau écroué, Barney est libéré grâce à l'influence de son beau-père le juge Ebbling. Avant de retrouver sa femme Gale, qui devait l'accueillir à sa sortie de l'hôpital psychiatrique mais a été retardée dans son voyage de retour des Bermudes, Barney rend visite à sa mère dans le quartier derrière les abattoirs. Il est fraîchement reçu par Pat et John, ses amis d'enfance devenus policiers, et par Rosemary, leur sœur secrètement amoureuse de lui. Quant à sa mère, elle n'a jamais reçu les 37 000 dollars que Gale devait lui faire parvenir par petites sommes toutes les semaines. Il retrouve enfin sa femme qui lui joue son numéro de charme.

En compagnie d'André, le chauffeur, ils partent pour la résidence du juge Ebbling à Lake Forest. Celui-ci semble mal en point tandis que Barney est en proie à de nouveaux délires qu'il met sur le compte d'une résurgence de ses crises de folie. Drogué, il se réveille avec dans la main un revolver, le juge Ebbling tué à ses pieds.

 

Deuil immédiat reprend le schéma classique de la dualité entre le Bien et le Mal, incarnés par deux femmes gravitant autour d'un homme aveuglé et manipulé par l'amour charnel et physique.

 

Curiosité :

Sous forme d'introduction, Marcel Duhamel et ses collaborateurs précisent : Le présent livre a été publié en 1954, dans la collection Oscar. C'est la qualité de l'ouvrage et son faible tirage à l'époque, qui nous ont décidé à le réimprimer. D'autres romans de Day Keene mériteraient aujourd'hui de connaître le même sort.

 

Citation :

C'étaient les yeux d'une vierge amoureuse, sur le point de connaître l'amour pour la première fois, redoutant et anticipant à la fois l'aventure; calculant les possibilités du plaisir et celles de la douleur, et leurs conséquences.

Day KEENE : Deuil immédiat.

Day KEENE : Deuil immédiat. (To Kiss or to Kill - 1951. Traduction de Robert Scipion) Série Noire N° 436. Parution juin 1956. 256 pages. Réédition Carré Noir N°109. Mars 1973. 256 pages.

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24 janvier 2015 6 24 /01 /janvier /2015 14:55

Hommage à Michel Jeury, décédé le 9 janvier.

Michel JEURY : Aux yeux la lune.

Il était une fois...

Non, il sera une fois... un ordinateur sémiologique, nommé Sem.

Il donnera l'immortalité à quelques hommes et femmes, qu'il appellera ses enfants.

Sem a la possibilité de se métamorphoser en jeune homme, en adulte et il rend alors visite à ses protégés.

Parmi ceux-ci, Brass, Carolo le rêveur, Mio et Ania, des amis qui, lorsqu'ils ne chassent pas les finges sortes d'animaux ressemblant à des mains, jouent entre eux, endossant pour cela un corps d'enfant.

Parfois, Sem les envoie en mission sur Terre parmi l'humanité ou ce qu'il en reste.

Mais Sem va bientôt s'endormir, peut-être pour toujours et Ania se voit confier une mission exceptionnelle.

 

Michel Jeury joue avec un thème, son thème de prédilection, et amasse, accumule autour d'Ania, son héroïne, des situations insupportables, dans un espace temps indéterminé, malgré une certaine datation, et ce n'est pas la solution finale qui résoudra tous les problèmes posés au lecteur.

Peut-être ne faut-il voir, discerner dans l'œuvre de Michel Jeury, une parabole mystique, plus qu'utopique et peut-être hermétique, qui relève plus d'une extrapolation spirituelle que de la science-fiction pure.

Un roman à lire et à relire pour s'imprégner, s'investir de cette atmosphère unique et jeurienne.

Michel JEURY : Aux yeux la lune. Michel JEURY : Aux yeux la lune.

Michel JEURY : Aux yeux la lune. Collection Anticipation N°1623. Editions Fleuve Noir. Parution Avril 1988. 188 pages. Réédition Collection SF Métal N°29. Janvier 1998.

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24 janvier 2015 6 24 /01 /janvier /2015 09:26
Jake PAGE: La case de l'oncle Tomahawk

Bon anniversaire à Jack Page né le 24 janvier 1936.

Jake PAGE: La case de l'oncle Tomahawk

Enquêteur pour une commission sénatoriale, officiellement photographe, Robin Dana est convié par Dvorak, son chef, à se rendre au Nouveau Mexique effectuer un reportage sur un vieux shaman zatago. Une mission qui en cache une autre, Robin s'en rend compte lorsqu'il lit dans un journal à Albuquerque qu'un journaliste s'est fait assassiner sur le territoire Zatago.

Il contacte d'abord Sally, une ancienne maîtresse, qui lui prodigue avertissements et informations peu rassurants et lui conseille de rencontrer Thomasina, secrétaire au Bureau des Affaires Indiennes. La réserve est en effervescence et il doit composer avec le président de la tribu et ses sbires, le M.A.R. - Mouvement des Américains Rouges - et ses jeunes énervés, ainsi que le F.B.I.

En cours de route il est pris à partie par trois jeunes qui se réclament du M.A.R. et le tabassent. Sa rencontre avec le shaman centenaire qui se déroulait en toute sérénité est perturbée par l'intrusion d'agents du F.B.I. qui recherchent un Indien, arrière-petit-fils du shaman, accusé du meurtre du journaliste. Mais au delà de ce meurtre et de cette accusation sans preuve, c'est l'existence de la nation qui est en jeu. La Navajo Corporation a passé un contrat pour installer une usine de gazéification à partir de la houille et elle a besoin des terres des Zatagos. Le shaman est retrouvé égorgé ce qui n'apaise pas les esprits.

Afin de justifier sa présence, Dana trouve un autre sujet de reportage photographique : l'aide à l'enfance, ce qui lui permet de rencontrer Thomasina, la nièce du shaman, et Darrell son jeune frère, en toute impunité. Les relations entre Dana et les représentants du F.B.I. ne sont guère cordiales, de même qu'avec le président de la nation Zatago et Olpin, un prêtre mormon, qui accusent le M.A.R. de tous leurs maux. Le M.A.R, ou de jeunes voyous qui se réclament du M.A.R., agresse à nouveau Dana. Il est recueilli par Thomasina qui le soigne et tente de lui démontrer que le M.A.R. n'est pas si malfaisant qu'on tente de lui faire croire.

Dana est prié de regagner ses pénates et il en profite pour prendre rendez-vous avec son chef et lui demander de procéder à quelques vérifications. La Navaro Corporation n'a pas besoin uniquement des terres des Zagatos, mais également de l'eau et un contrat aurait été signé entre le président de la nation Zatago et le bureau des affaires indiennes. Cela sous entend paiement de pots de vin, or Olpin reçoit des versements non justifiés. De retour au Nouveau Mexique, Dana rencontre, grâce à Thomasina, Moss le chef du M.A.R. qui ne lui révèle pas grand chose, sauf que le FBI a tendance à envenimer les choses.

 

Seul roman policier de Jake Page, La case de l'oncle Tomahawk dénonce les corruptions, les prévarications, et les préjugés de l'administration policière envers le peuple indien. C'est l'éternel conflit entre les traditionalistes et les progressistes, chacun se cantonnant sur ses bases, sans oublier le problème écologique soulevé par toutes modernisations effectuées dans le but du profit au détriment de l'homme.

Jake Page ouvre la voie, en France, à Tony Hillerman qui s'inscrira comme le chantre de la nation Navajo.

 

Curiosité:

Le copyright mentionne le nom de Suzanne Page, femme de Jake Page, elle-même photographe et avec qui il a écrit un livre sur les Indiens Hopis.

 

Citation:

Vous et les crétins pour qui vous travaillez, vous êtes une bande de petites natures arriérées, pleines de sensiblerie et de complexes de culpabilité, plus soucieux des soi-disant minorités opprimées que de justice.

 

Jake PAGE: La case de l'oncle Tomahawk (Shoot the moon - 1979. Traduit de l'américain par Rosine Fitzgerald). Série Noire N°1804. Parution décembre 1980. 220 pages.

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23 janvier 2015 5 23 /01 /janvier /2015 13:38

P comme Pouy... V comme Villard...

Jean-Bernard POUY & Marc VILLARD : L'alphabet du polar.

Les auteurs de la littérature policière et du roman noir sont joueurs ! Ils apprécient tout particulièrement les lettres, ce qui ne veut pas dire qu'ils soient indifférents aux chiffres, mais ce n'est pas leur préoccupation première.

Marc Villard et Jean-Bernard Pouy se sont installés autour d'une table, surveillés de près par José Correa qui faisait l'arbitre avec son fusain. Dans un sac, les vingt-six lettres de l'alphabet inscrites sur un papier plié en quatre qu'ils ont tirées chacun leur tour, soit treize lettres par tête de pipe, puis essayé trouver un mot commençant par les lettres attribuées ainsi à leur vis-à-vis. Amphétamine pour A, Balance pour B, Copropriétaires pour C et ainsi de suite jusqu'à Zone pour Z. Et pendant qu'ils planchaient à rédiger une nouvelle correspondant à chaque mot, José Correa mettait en image leurs résultats.

 

Bon d'accord, ce n'est peut-être pas ainsi qu'ils ont conçu cet ouvrage, mais j'aime bien extrapoler. Vous sentant impatient, je dévoile donc la première lettre qui n'est autre que le A, attribuée à Jean-Bernard Pouy, lequel nous offre quelques Amphétamines.

Patrick a voyagé dans les Etats-Unis, se liant avec une bande de motards dans le Nouveau-Mexique puis lorsque qu'il est reparti vers le Texas, un endroit plus civilisé, il a caché dans un sachet d'acide acétylsalicylique deux grammes de Crystal meth, une drogue dure réservée aux hommes, aux vrais. A ce qu'il paraît. Il avait ramené sa fraise et sa dose en France et ayant rendez-vous avec un banquier, il a pensé qu'il lui fallait un petit remontant pour se calmer, ce genre de rencontre portant en général sur les nerfs.

Tout au bout de l'alphabet, se trouve la lettre Z, Z comme Zone. Pas vraiment une trouvaille pour Marc Villard, habitué de ces quartiers dits difficiles qu'il arpente régulièrement tout au long de ses romans et nouvelles.

Depuis quelques jours Henri a remarqué le manège d'une petite voleuse dans le métro parisien. Elle paraît vingt ans, il l'appelle Laura, et il l'observe passer entre les voyageurs, leur dérobant en catimini leurs portefeuille. Laura, cela remonte à loin, et les souvenirs surgissent en pagaille et en désordre dans l'esprit perturbé d'Henri à la vue de celle qu'il appelle Ma fille, mon amour.

 

Présenter des nouvelles qui s'étalent sur trois ou quatre pages n'est pas un exercice facile, à moins bien entendu de tout dévoiler, mais le charme de la lecture en serait alors oblitéré. Tout réside dans la chute qui réserve des surprises, des retournements de situation ancrés dans un registre humoristico-dramatique.

Sachez toutefois que Jean-Bernard Pouy et Marc Villard ne dérogent pas à leurs marques de fabrique. La dérision pour l'un, quelque soit le thème choisi par l'auteur, Paris et le plus souvent le XVIIIe arrondissement avec dans la besace de la drogue pour l'autre. Et pourtant, malgré tout ils savent se renouveler offrant des textes pétris d'humanisme.

 

Petit sommaire par auteur :

Jean-Bernard Pouy est donc l'auteur de

Amphétamines, Copropriétaires, Daïquiri, Evasion, Flic, Jivaro, Kafka, Outing, Quéquette, Satanique, Vivisection, Warhol, Xylophone.

Marc Villard s'est amusé à décliner

Balance, Gériatrie, Hold-up, Immigrés, Lame, Maniaque, Nibards, Panique, Rafle, Taxi, Uchronie, Yakusa, Zone.

 

Si certains titres collent à l'auteur qui les traite, d'autres au contraire sont interchangeables. Ainsi Xylophone aurait pu être dévolu à Marc Villard, vu son penchant pour la musique tandis que j'aurai bien vu Nibards sous la plume de Jean-Bernard Pouy.

C'est ce qui fait le charme de ce recueil qui aurait pu figurer dans vos achats de Noël. Mais d'autres fêtes se profilent à l'horizon, la Saint-Valentin par exemple. Et pourquoi pas une petite historiette chaque soir avant le câlin prélude à une bonne nuit de sommeil.

Jean-Bernard POUY & Marc VILLARD : L'alphabet du polar. Jean-Bernard POUY & Marc VILLARD : L'alphabet du polar.

Jean-Bernard POUY & Marc VILLARD : L'alphabet du polar. 26 histoires inédites illustrées par José CORREA. Editions IN8. Parution le 23 octobre 2014. 160 pages.25,00€.

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23 janvier 2015 5 23 /01 /janvier /2015 08:58
Jack FINNEY : En double

Un seul suffit !

Jack FINNEY : En double

Emprisonné à Saint-Quentin à la suite d'émission de chèques sans provision, Arnie Jarvis demande à son frère Ben et à sa fiancée Ruth de l'aider à s'évader.

Ceux-ci évaluant les dangers et périls de cette opération hésitent. Mais Arnie risque la condamnation à mort ayant agressé l'un des gardiens. Si aucun détenu e veut le dénoncer, un homme libéré sur parole le lendemain de l'altercation se fait fort de reconnaître le coupable lors d'une confrontation.

Ben et Ruth s'établissent donc près de la prison et suivant les instructions très précises du prisonnier effectuent quelques achats, vêtements, vivres et matériel divers. Un soir, rentrant d'une promenade de reconnaissance, ils font la connaissance de leur voisin, Nova, matin à Saint-Quentin. Après quelques préparatifs, c'est le grand soir.

Ben s'introduit dans le quartier des ateliers et se cache dans une caisse. Le lendemain il prend la place d'Arnie parmi les prisonniers rentrant à la prison proprement dite,, tandis que son frère se dissimule. La substitution manque d'avorter au réfectoire après le repas lorsque Ben, dans un moment d'inattention, allume une cigarette. Aussitôt il est le point de mire de tous les geôliers dont Nova qui heureusement ne le reconnait pas.

Pendant ce temps Arnie creuse un trou qu'il recouvre d'une planche de contre-plaqué dérobée dans un atelier. Le lendemain, nouvel échange dans les rôles et Ben réussit à s'éclipser dans la nuit. L'après-midi suivant, un vendredi, grâce à une diversion orchestrée par Arnie, celui-ci gagne le trou qu'il a creusé, et il n'a plus qu'à attendre. Les recherches organisées à l'intérieur de la prison n'aboutissent à rien. Tour le monde est persuadé que le prisonnier à réussi à s'évader. Une impression entretenue par un stratagème : Ben habillé comme un taulard sale et pas rasé, arrête une voiture près de la prison et le conducteur, lâché dans la nature ne peut donner aux policiers qu'un vague signalement. Les efforts fournis par Ben et Ruth, ajoutés à la promiscuité dans laquelle ils vivent, ont rapprochés les deux jeunes gens. Ils vont aider Arnie à faire la belle, mais Ruth ne veut plus le considérer comme son fiancé.

 

Dans En double, Jack Finney ne s'attarde guère sur la description de l'univers carcéral. Il s'attache plus à la mise en œuvre et à la réalisation de l'évasion ainsi qu'à analyser les différences morales existant entre les deux frères. Leur père ayant subi les contrecoups dus à l'indélicatesse financière de ses associés, Arnie a toujours voulu plastronner, se faisant passer pour plus riche, plus élevé dans l'échelle sociale qu'il ne l'était réellement. Utilisant volontiers l'esbroufe. Ben, plus raisonnable, a su accepter les coups du sort et utiliser ses compétences au maximum.

 

Curiosités :

Le lecteur découvre petit à petit le stratagème de l'évasion et le pourquoi des certains achats. L'ingéniosité dans la réalisation de l'évasion fait penser à un épisode de Mac Gyver avant la lettre.

Ce roman est le dernier à être édité sous couverture cartonnée.

 

Nota :

En double a été réalisé au cinéma par Russell Rouse en 1957, sorti en France sous le titre La cage aux hommes, avec Jack Palance et Barbara Lang.

 

Jack FINNEY : En double (The house of numbers - 1957. Traduction de Jean Dufour). Série Noire N°413. Parution Février 1958. 224 pages. 6,65€.

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