Qui pourrait être le revenant !
Ayant confié Absalom, son chien, à une clinique vétérinaire des environs de Francfort, Bodo Cohen est persuadé reconnaître, en l'un des hommes qui dirigent l'établissement, Kuhn surnommé le Boucher de Dachau.
Il en avise immédiatement Karl Heinz, son ami et propriétaire de trois boîtes de nuit. Après la guerre Bodo s'est refait une santé aux Etats-Unis, après un passage en Israël, tandis que Karl purgeait une peine de prison pour avoir tué l'un des tortionnaires du camp. Karl lui ayant demandé s'il voulait bien s'associer avec lui, Bodo est revenu en Allemagne.
Les journaux avaient annoncé la mort de Kuhn dans un accident, ainsi que la disparition de sa femme. Mais il semble bien qu'il s'agissait d'une mystification. Un tableau représentant un chien, accroché dans le bureau de la secrétaire, s'il ne porte pas la signature de Kuhn, constitue une preuve aux yeux de Bodo par sa facture.
Lors d'une nouvelle visite de Bodo à la clinique, il apprend que son chien est mort et a été incinéré. Fritz, le chauffeur de Karl, se présente à la clinique vétérinaire comme inspecteur des impôts. Kuhn qui se fait appeler Vogel est parti mais Klatt, l'un des employés, lui montre une lettre sur le dos de laquelle figure l'adresse de la fille du criminel de guerre à Berlin. Bodo se rend dans cette ville où il rencontre Helga, incarcérée pour un délit mineur. Célibataire elle est mère d'un bébé de huit mois qu'elle a eu avec un militaire américain. Un Noir.
Tout d'abord elle réfute le fait que Vogel soit son père puis peu à peu elle avoue. Karl et Bodo se présentent une nouvelle fois à la clinique où ils sont reçus par le professeur Harme, son épouse et leur neveu, qui ne sont autres que respectivement Frau Kuhn et Victor le fils. Ils suivent Victor en pleine nuit jusqu'à un cimetière juif. Bodo et Karl se séparent pour mieux l'attraper, mais Bodo est agressé par Victor. Péniblement Bodo regagne son appartement. Le lendemain les tombes sont recouvertes de graffitis. Lorsque Bodo se réveille Helga veille à son chevet. Il reçoit un appel téléphonique de Harme lui précisant qu'ils détiennent Karl.
Ce roman eut gagné en force s'il avait été plus concentré, élagué de certaines scènes qui semblent répétitives. Les souvenirs des exactions nazies hantent les esprits avant que l'Algérie et le Viêt-Nam prennent le relais. Mais ce n'est qu'une toile de fond. Les tortures et les persécutions ne sont qu'évoquées. La traîtrise de Karl à Dachau est contrebalancée par l'acte d'Helga, fille du Boucher, qui s'accouple avec un Noir américain, et en a un enfant.
Mais si le sujet est grave, le style lui dérape de temps en temps et on a l'impression de lire une parodie. L'humour y est sous-jacent, ce qui là aussi fait perdre de sa rigueur au roman. Peut-être ce que l'on nomme l'humour juif.
Curiosité :
Ce roman est narré à la première personne. Bizarrement Bodo parfois s'efface devant le Je, parlant de lui à la troisième personne.
Citation :
Avant Absalom, je n'avais pas été indispensable à un animal, et je savais que je ne le serais jamais.
Christopher DAVIS : Le déterré (The shamir of Dachau - 1966. Traduction de Gérard Dosithé). Série Noire N°1181. Parution février 1968. 256 pages.