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25 avril 2015 6 25 /04 /avril /2015 16:26

Hommage à Paul Sala né le 25 avril 1921

Paul SALA. Un portrait.

Né d’un père mi-jurassien, mi-parisien, le 25 avril 1921 à Paris, René Mérillon, véritable patronyme de Paul Sala, connait bien ce dont il écrit car il fut policier.

Et comme il ne voulait pas mélanger travail et loisir, il emprunta le nom de sa femme comme pseudonyme pour la publication de ses romans, tous au Fleuve Noir. S’il s’est servi du nom de son épouse pour signer ses romans, c’est par pudeur, pudeur qui englobe sa carrière de fonctionnaire de l’état dont il ne parle quasiment jamais dans les entretiens qu’il a accordés.

Il est nettement plus prolixe lorsqu’il parle de sa passion, l’écriture. A Georges Rieben, il confiait en 1973 (Mystère Magazine 308) : « S’il n’y a pas d’aventure dans un roman, ce n’est pas un roman », refusant les étiquettes, que ce soit roman policier, roman d’aventure ou roman d’espionnage. « Il n’y a que le roman, comme il n’y a que l’homme, qu’il soit noir, blanc ou vert, maçon, psychiatre ou truand. Si le roman est lu et s’il passe la barrière des générations, alors c’est aussi de la littérature ».

Et Paul Sala de préciser un peu plus loin : « Un livre qui n’est pas un roman d’aventures, qui est une dissertation sur je ne sais quel phénomène ou sujet, n’a pas droit au titre de roman : il n’entre pas dans la littérature de loisirs ».

Paul SALA. Un portrait.

Paul Sala pense qu’un roman lu par un public nombreux, et relu avec plaisir vingt ans après, est un bon roman. Le reste étant une histoire de technique, de dissertation et de culture. Et lorsqu’il rédige un roman, Paul Sala en est le premier lecteur en même temps que le premier protagoniste. C’est donc tout évidemment que son héros est Le Savoyard, Paul Sala étant savoyard de cœur et habitant près des berges du lac Léman, il peut apercevoir les contreforts de ces monts qui furent le berceau de sa famille.

Cette osmose entre auteur et personnage oblige Paul Sala à une petite gymnastique intellectuelle. « Son point de départ est rarement une chute finale mais plutôt un climat, une ambiance, l’envie de faire se rencontrer à un moment deux personnages semblables ou opposés et voir ce qui en résultera ». Et « lorsqu’il s’attaque à la première page blanche, Paul Sala ne sait en principe pas où il va, afin de vivre lui aussi cette aventure, à mesure qu’il la crée ». Et s’il possède déjà en tête son intrigue « je mets très longtemps à l’écrire parce que ça ne m’intéresse plus guère : je connais toute l’histoire. Cela devient du travail, et même une corvée. Et le lecteur risque de ressentir la même impression ensuite ».

Précisons qu’il est gaucher mais qu’il écrit de la main droite. Qu’il est culturiste, yogi, athlète, footballeur, cyclotouriste, adepte des sports d’hivers, bon tireur d’arme au poing, pêcheur, montagnard, peintre. D’ailleurs cette envie d’écrire lui venue par cette pratique de la peinture. Outre ses quarante-deux romans parus dans la collection Spécial Police, publiés entre 1970 et 1983, il a rédigé un copieux ouvrage : Le Roy des Coquillards, une histoire aventureuse de François Villon dans la collection Grands Succès. Un personnage dans lequel il se retrouve. Il a connu la disette pendant la guerre comme le célèbre chroniqueur du Moyen-âge au lendemain de la guerre de Cent Ans. « Le martèlement des bottes sur les routes de France évoquera pour lui le vers célèbre : En mon pays, suis en terre lointaine ».

Paul SALA. Un portrait.

Il cumule avec son célèbre héros les points communs. Turbulent, rouspéteur, il a horreur de la contrainte, et l’on ne s’éloigne guère du chantre des escholliers qui descellaient le Pet du Diable, du chenapan qui s’abouchait avec les compagnons de la Coquille. Villon n’avait pas de plus fervent admirateur que le Prévôt de Paris. Et l’aventure est toujours nichée au coin de la rue de la Grande Truanderie où les traditions subsistent : cours des miracles, ribaudes, tire-laine, crocheteurs, lieutenant criminels, Châtelet ». Seuls les termes ont changé, tout comme la langue verte qui a évolué.

Ma dernière correspondance avec Paul Sala date de novembre 2004, et malheureusement, son écriture était tremblotante, quasi illisible. Aujourd’hui il aurait plus de quatre-vingt dix ans. Est-il encore en bonne santé ?

Ce portrait a été réalisé grâce à une correspondance personnelle, à Fleuve Noir Information 77/78 daté de 1971 et Mystère Magazine N°308 de 1973.

 

Paul SALA. Un portrait.

Collection Spécial Police

773 : Le Savoyard (1970)

851 : Le Savoyard prend ses patins (1971)

922 : Alerte à toutes voitures (1972)

968 : Les Braqueurs (1972)

1012 : Le Journal d'un juge (1973)

1032 : Le Savoyard et la Vaudoise (1973)

1061 : Le Savoyard a le punch (1973)

1100 : L'Indic a tort (1974)

1147 : Interpol (1974)

1158 : Les Dépouilleurs (1975)

1183 : L'Héroïne d'Amsterdam (1975)

1262 : Code vénal (1976)

1271 : Faubourg Montmartre (1976)

1285 : Miss flic (1976)

1317 : Filière blanche pour l'ami noir (1977)

1321 : Une Bande décimée (1977)

1337 : Un Loubar (1977)

1347 : La Mort en petites coupures (1977)

1361 : Au nom du flair (1977)

1387 : Des Cendres à chaque otage (1978)

1404 : Trafic d'âmes (1978)

1421 : Une Garce (1978)

1428 : Le Savoyard au Canada (1978)

1434 : Au nom du vice (1978)

1449 : Le Forcené de Chibougamau (1978)

1463 : Monsieur Lucien (1979)

1484 : Le Monstre de la Vanoise (1979)

1490 : Ma canaille au Canada (1979)

1499 : Les Voraces et les coriaces (1979)

1523 : Tueries Pigalle (1979)

1535 : On va tuer le Président (1979)

1546 : Tel père, tel flic (1980)

1567 : La Châtaigne... faut aimer (1980)

1581 : Contre deux rançons (1980)

1613 : Le Disparu de Montparnasse (1981)

1649 : Les Marionnettes de Manhattan (1981)

1667 : C'est pas fait pour les chiens (1981)

1698 : Cauchemar blanc (1982)

1719 : Brooklyn, 14e district, j'écoute... (1982)

1750 : Jusqu'au dernier (1982)

1778 : Bon flic, bon genre, etc. (1983)

1834 : Le Cimetière des éléphants (1983)

 

Collection Grands Succès

Le Roy des Coquillards

Paul SALA. Un portrait.
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25 avril 2015 6 25 /04 /avril /2015 14:52

Une hirondelle ne fait pas le printemps, elle fait l'enfer.

Michel VIGNERON : Un vent printanier.

En ce 16 juillet 1995, une petite foule se presse auprès du monument rappelant la Rafle du Vélodrome d'hiver le 16 juillet 1942. Cinquante trois ans se sont écoulés et Jacques Chirac, le nouveau président de la République va s'adresser en public lors de cette commémoration. Parmi les personnes venues l'écouter de nombreux Juifs composent cette assemblée. La gamine qui accompagne son arrière-grand-père en fauteuil roulant aurait préféré être avec ses amis aux Champs Elysées, car il faut l'avouer il ne lui adresse quasiment jamais la parole, ses pensées tournées vers le passé. Pourtant peu à peu, en entendant les paroles de Jacques Chirac, elle sent qu'il se passe un événement sans précédent.

D'ailleurs son papé en a les larmes aux yeux et elle l'entend qui prononce ces mots : Il l'a dit. Pour la première fois depuis cinquante-trois ans, La France reconnait son implication entière dans cette rafle, seuls les policiers français ayant participé à cette ignominie. La France fait acte de repentance.

Une vieille dame, plus jeune que l'homme assis dans un fauteuil roulant, a elle aussi assisté à ce discours, accompagnée de son petit-fils. Il est bon que la jeunesse, dont l'enseignement de l'histoire de France est aléatoire, apprenne qui furent les véritables artisans de cette rafle. Des Français et non pas des Allemands. A un mouvement de foule, elle aperçoit le vieux monsieur et le reconnait, plus de cinquante ans après. Il faut absolument qu'ils se parlent et joignent leurs deux bouts d'étoile juive afin de renouer en évoquant un passé douloureux.

 

Le 15 juillet 1942, la rumeur court. Une rafle va être organisée, contre les Juifs. Une de plus. Seulement à l'encontre des Juifs étrangers. Allemands, Autrichiens, apatrides... De toute façon pour les bons Parisiens, les bons patriotes, ceux qui adhèrent au système de Vichy et même aux catholiques intégristes, cela ne peut qu'être utile. Mais ce qu'ils ignorent, c'est que René Bousquet et ses sbires, dont Emile Hennequin, vont organiser cette opération que seules les forces policières françaises mèneront. Ils vont même aller plus loin que ce que désiraient les Allemands, c'est à-dire que dans un louable sentiment d'humanisme (!!!) les enfants et les femmes ne seront pas séparés des hommes et tous seront conduits au Vélodrome d'Hiver avant d'être dirigés vers des camps en Allemagne. Mais les événements sont plus tragiques que ce que pouvait imaginer l'opinion publique même si certains auraient voulu encore beaucoup plus dans cette forme d'épuration. Que tous les Juifs soient arrêtés, Français ou non, et exterminés.

De cette narration douloureuse, émouvante, poignante, violente, émergent quelques figures auxquelles l'auteur va s'attacher à reconstituer le parcours sur quatre journées sans fin.

Rachel malgré ses treize ans est la chef incontestée de la petite bande des Etoiles de Shérif, un gang composé de Michel, Simon et Samuel. Ils s'amusent dans le quartier et souvent ils sont confrontés à une bande de Goys. Les échanges sont musclés et parfois même scatologiques. Mais le 16 juillet au petit matin il n'est plus l'heure de s'amuser.

Les policiers, imbus de la mission qui leur est confiée, investissent les immeubles, munis de listes d'habitants juifs, et défoncent les portes lorsque les locataires n'ouvrent pas assez vite. Souvent il ne reste plus que les femmes et les enfants, les pères s'étant évanouis dans la nature. Parmi ces policiers vindicatifs, hargneux et profondément antisémites pour des raisons dont ils ne connaissent pas forcément l'origine, mais obéissants aveuglément aux ordres reçus, les devançant même dans certaines occasions, François. Il ne réfléchit pas, il exécute ce que l'on lui a demandé de faire, et il veut montrer, démontrer qu'il est un bon Français, selon les exigences vichystes édictées par Pierre Laval. Alors il arrête dans la foulée des Juifs Français, pour faire bon poids, et à la moindre velléité de résistance il les tue. Il a toujours une bonne excuse auprès de ses responsables qui préfèrent fermer les yeux sur ces agissements.

Mais dans son aveuglement et son inconscience, le képi lui mélange les neurones, il va outrepasser les ordres, et organiser, avec deux autres collègues dépassés par les événements et soumis à son influence néfaste, des tortures dans une enceinte cachée du Vélodrome d'Hiver à des fins de vengeance personnelle.

Jean est lui aussi policier. Il obéit mais il est bouleversé par le regard d'une jeune mère, par un enfant confiant qui lui tient la main. Tous ne sont pas comme François et certains policiers vont fermer les yeux lorsque des Juifs parviennent à prendre la fille de l'air. Et Jean à un certain moment va se transcender, chercher à sauver des vies.

Dans l'enceinte du Vel d'Hiv où sont confinés hommes, femmes, enfants de tous âges, la tension monte et les conditions de survie se dégradent.

 

C'est dans cette ambiance délétère que Michel Vigneron raconte au travers des déboires et des confusions, des certitudes et des regrets, des amours et des amitiés perforées, les pérégrinations d'une dizaine de personnes prises dans la tourmente, la subissant, l'avalisant, l'avilissant aussi. Des personnages, héros en puissance et monstres affirmés, qui ne pourront pas quitter votre esprit le livre refermé.

L'opération Vent Printanier, tel était le nom donné à cette manifestation d'horreur commanditée par Bousquet, mais plus de soixante dix ans après, la mentalité n'a pas changé. Les Juifs sont toujours la cible de quelques excités qui prennent de plus en plus d'hardiesse devant la montée du racisme et de l'antisémitisme prônée par des individus dont les discours ne sont même pas pointées du doigt ou si peu. Et ce ne sont pas les déclarations démagogiques, ou des lois, qui y changeront quelque chose. Ce sont les mentalités qui doivent être éduquées en profondeur.

Un roman, souvent dur, dont l'action principale se déroule du 15 juillet au 18juillet 1942, qui emprunte à la réalité. Un roman-document réaliste qui devrait faire réfléchir toute une frange de la population alors que l'antisémitisme progresse. Mais les religions elles-mêmes sont souvent à l'origine de ces débordements par leur intransigeance, leur intégrisme, leur intolérance, leur certitudes et leur fanatisme.

Cette chronique n'est qu'un petit aperçu de ce roman qu'il faut lire pour comprendre toute l'ignominie développée durant ces quelques jours qui restent une tache dans l'histoire de la police.

 

Dans cette même collection [39-45] dont je n'aurai de cesse de vanter et de vous conseiller de découvrir, lire également :

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25 avril 2015 6 25 /04 /avril /2015 13:00
André GEX: M.I.R.

MIR à belles ?

André GEX: M.I.R.

Afin de faire libérer leurs camarades emprisonnés, le M.I.R. - mouvement d'extrême gauche vénézuélien - prend en otage le consul général français à Caracas et demande à Alain Michel, directeur de l'Alliance française et à Monseigneur Crosetti, nonce apostolique, d'intercéder auprès du président de la république.

Celui-ci refuse de céder aux ravisseurs et le consul est abattu. Grâce à l'aide de Spéciaux américains, les révolutionnaires sont rapidement démasqués ainsi que leur lieu de villégiature, près de la frontière colombienne. Seule une ressortissante du nom de Claudia échappe aux mailles du filet. Alain Michel est promu attaché culturel au Guatemala, puis rentre en France en 1971 pour jouir d'une retraite bien méritée dans sa ville natale de Valaucourt (Meurthe et Moselle). Le 8 octobre de l'année suivante il est abattu au cours du banquet annuel de l'Association des anciens élèves du lycée.

Philippe Chauve, agent du SDECE, est chargé d'enquêter sur ce crime, le Quai d'Orsay pensant à une relation possible entre ce crime et l'affaire vénézuélienne. Il enquête à Nancy et à Valaucourt. Il étudie les discours du président de l'Association, de l'invité honneur, Alain Michel en l'occurrence, et du second hôte d'honneur, mademoiselle Soler, sans trouver matière à réflexion. Seules parmi la correspondance de Michel des lettres en provenance du Guatemala, signées Tenchita et se terminant par un énigmatique "Saint Thomas veille sur toi et moi" attirent son attention.

Ensuite il se rend au Venezuela où il apprend que Michel aurait eu une liaison avec une certaine Tenchita, Guatémaltèque de nationalité et entraîneuse de profession. La demoiselle serait repartie pour son pays d'origine au moment de la nomination de Michel pour le Guatemala. Il rend également visite à Monseigneur Crosetti. Le brave homme ne lui révèle rien qu'il ne sache déjà, à part une allusion à Edison. Chauve réfléchit puis se renseigne auprès de l'Alliance franchise qui possède un magnétophone. Il se rend au Guatemala, dans la capitale d'abord puis à Chichicastenango, petit village d'où provenaient les lettres adressées à Alain Michel. Seulement Tenchita vient d'être assassinée.

Dans le cimetière où il se recueille Chauve est pris pour un lapin. Il ne doit la vie sauve qu'à l'intervention du lieutenant Castaneda qui le surveillait. Détail qu'il ignore, Chauve a été repéré au Venezuela et sa couverture ne vaut plus rien. Un gamin lui conseille de visiter l'église, et il découvre avec un brin de réussite et un minimum de réflexion une bande de magnétophone cachée entre les jambes de la statue de Saint Thomas. Cette bande est l'enregistrement de la conversation entre la révolutionnaire du Mir et le Président vénézuélien, enregistrement réalisé par Alain Michel.

Chauve rentre à Paris sans incident et l'un de ses collègues affirme que cet accent est celui d'une pied noir d'origine espagnole. Direction Valaucourt où Chauve épluche la liste des invités et leur discours.

 

Ce roman qui au début laissait supposer une histoire d'espionnage tourne peu à peu au polar et au thriller avec un épilogue décevant et déconcertant. Là où on s'attendait à de mystérieux affrontements entre nations, on tombe dans un drame de province.

Un mélange des genres qui n'est pas une totale réussite, malgré les explications laborieuses de l'auteur. Quant à Chauve, il n'est guère à l'aise et se montre moins convaincant que ses pairs et confrères.

L'auteur a fait mieux en matière de romans, sous le pseudonyme de Maxime Delamare notamment.

André GEX: M.I.R. Série Noire N°1622. Parution octobre 1973. 256 pages.

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24 avril 2015 5 24 /04 /avril /2015 13:05

Bon anniversaire à Sur Grafton née le 24 avril 1940.

Sue GRAFTON : K... COMME KILLER.

Lorna Kepler, une jeune fille indépendante, a été retrouvée morte quinze jours après son décès. Les circonstances sont mal définies et les policiers n'ont pu déterminer s'il s'agit d'une mort naturelle ou d'un crime.

Dix mois plus tard sa mère, Janice, reçoit une cassette pornographique dont Lorna était la vedette principale. Elle demande à Kinsey Millhone d'enquêter pensant sa fille victime d'un chantage ou d'une pression quelconque. Kinsey se met en relation avec Cheney, l'inspecteur chargé de l'affaire à l'époque, ce qui lui permet d'avoir accès au dossier.

Elle interroge les proches de Lorna : Hector, animateur d'une émission nocturne dans une radio privée; puis J.D. Burke, son propriétaire qui lui louait une baraque au fond d'un immense parc et sa jeune femme, Léda, la fille d'un détective privé indélicat spécialiste des écoutes téléphoniques illégales; enfin Roger, son patron officiel qui l'employait comme secrétaire à mi-temps dans une usine de traitement des eaux, et Serena, sa femme dont il est séparé.

Lorna servait de temps à autre de "baby-sitter" au père souffrant de Serena. Kinsey découvre que Lorna était une prostituée de haut vol, ne dépendant de personne, au compte en banque confortablement garni.

Elle rencontre également Danielle, une collègue officieuse de Lorna, puis se rend à San Francisco voir le producteur du film porno, un film jamais diffusé. De retour à Santa Térésa, Kinsey épluche les comptes de Lorna. La jeune fille avait retiré la veille de sa mort 20 000 $, or cet argent a disparu. Selon Serena, Robert le propriétaire serait entré dans le chalet lors de la découverte du corps. Quant à Trinny, l'une des sœurs de Lorna, elle avoue avoir déposé la cassette, par vengeance posthume.

 

Cette onzième aventure de Kinsey Milhonne s'inscrit dans une routine largement éprouvée par son auteur. La détective est toujours seule, sans liaison sexuelle, ce qui ne lui manque pas trop.

Elle découvre une nouvelle facette de sa ville, obligée cette fois de changer ses habitudes et ses heures de travail. Elle enquête de nuit, ce qui la perturbe quelque peu. Elle sait se montrer autoritaire, de mauvaise foi, et prodigue son amitié sans se préoccuper du quand dira-t-on.

Un honnête roman qui se lit avec plaisir même si l'effet de surprise n'est plus au rendez-vous.

Sue GRAFTON : K... COMME KILLER.

Sue GRAFTON : K... COMME KILLER. ("K" is for Killer - 1994) traduction de Ben Zimet. Collection Seuil Policiers. Editions du Seuil Parution mars 1996. Réédition Pocket Juin 2002.

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24 avril 2015 5 24 /04 /avril /2015 08:04
Mark McSHANE: Fluides

Esprit es-tu là ?

Mark McSHANE: Fluides

A trente six ans, William, bibliothécaire, est un solitaire, refusant les responsabilités, un peu naïf, insignifiant. Sa mère l'ayant élevé seule il aime être dominé, surtout par les femmes.

La personnalité de Myra Savage, médium, auteur avec Bill, son mari, de l'enlèvement de la petite Clayton et responsable en grande part du décès de la gamine l'impressionne fortement. Il tombe amoureux de la ravisseuse, ne perdant pas une miette du procès. Myra dont le mari asthmatique est décédé, sort de geôle avec la ferme intention de rejoindre l'au-delà.

William est là à l'attendre et lui propose de venir vivre chez lui. William possède des dons psychiques qu'il ignore mais dont Myra se rend compte à son contact. Elle accepte la proposition de son fan et décide de reporter à plus tard son suicide. Elle veut connaître ses possibilités en qualité de médium, son expérience avec la petite Clayton ne s'étant pas révélée concluante.

Elle organise des séances de spiritisme avec William et atteint la fameuse Porte. Elle consigne par écrit le futur qu'elle a entrevu mais William désireux de bien faire ouvre les lettres qu'elle a rédigé et précipite les évènements. Myra constate que ses prédictions se sont réalisées mais elle n'est pas satisfaite pour autant, redoutant les coïncidences. Elle prépare une nouvelle séance au cours de laquelle elle voit un assassinat sur le candidat travailliste des prochaines élections.

Une fois de plus Wilson se substitue au destin, se munit de la carabine dont il se sert à l'entrainement au tir aux pigeons d'argile et se rend à la réunion publique. L'orateur est apostrophé par un contestataire et dans la bousculade qui s'ensuit, Wilson abat malencontreusement Webster, le candidat. Myra afin de peaufiner son personnage rencontre la femme de Webster et lui raconte qu'elle a vu en rêve l'attentat contre son mari. Wilson, déboussolé, retourne chez lui et Myra se rend compte qu'il n'est pas dans son état normal.

 

L'histoire de l'enlèvement de la petite Clayton et les démêlés de Myra Savage et de Bill son mari avec les policiers ont été narré dans le roman Le rideau de brume. D'ailleurs le premier tiers de ce roman est consacré à la présentation de William Wilson et du résumé des avatars de Myra Savage dans l'affaire du kidnapping de la gamine.

Myra à sa sortie de prison ne désire pas prendre une revanche sur le sort mais elle est contrainte un peu à son corps et à son esprit défendant de se replonger dans le spiritisme par les dons qu'elle découvre en William, un admirateur qui ignore ses possibilités. Le contraire du macho puisque William aime être dominé, commandé par des femmes, refusant toute initiative, ce qui est un peu l'anti thèse du roman policier américain des années cinquante.

 

Travailler dans une librairie, c'est seulement faire du commerce. Travailler dans une Bibliothèque qui prête gratuitement des livres, c'est servir la société, William. Œuvrer pour une noble cause.

Curiosité :

Les séances de spiritisme ne sont plus décrites comme dans Le rideau de brume mais simplement évoquées

Mark McSHANE: Fluides (Séance for two - 1972. Traduction de Roger Guerbet). Série Noire N°1619. Parution septembre 1973. 256 pages. 4,00€. Disponible sur le site Série Noire

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23 avril 2015 4 23 /04 /avril /2015 14:12

Photos à l'appui...

David LECOMTE : L'œuvre de sang.

Un soir d'été finissant, une vieille ferme isolée dans la campagne, un couple qui se dispute, deux coups de feu, l'homme qui tombe à terre, un inconnu égaré qui a tout vu.

Paul Cardon a assisté à toute la scène. Justine, la compagne de l'homme étendu au sol, se défend auprès du visiteur. Il ne la battait pas, il la manipulait. C'est du moins ce qu'elle avance au témoin involontaire. Mais Paul Cardon la tue, et sort son appareil photo qu'il porte en permanence dans sa sacoche. Il photographie le couple étendu, puis des fleurs sauvages qui poussent entre les jointures du carrelage dans un coin de la pièce. Des fleurs aux pétales vertes bordées de rouge semblables à des clochettes. Paul ressent comme une présence, puis il met le feu à la ferme abandonnée.

Deux ans plus tard, environ, le jeune Jérémie Bauchelard quitte sa Bourgogne natale pour rejoindre le Nord en compagnie de sa grand-mère Odette. Son père est décédé dans des circonstances mal définies deux ans auparavant et l'aïeule a décidé de revenir à Lille, auprès de ses amis, et de continuer à élever Jérémie. Il entrera au collège, se fera des copains, des amis, et suivra le cours de sa vie comme si de rien n'était ou presque. Il est accueilli par un couple de circassiens et un autre homme à l'aspect nettement plus réservé.

Dans le même temps, Paul Cardon et sa compagne Chloé annoncent deux grandes nouvelles à leurs amis Saïd et Julie. Paul est professeur dans le même collège que Chloé, tandis que Saïd est journaliste émargeant au journal local et Julie coiffeuse. Ils s'entendent bien : Saïd coupe les cheveux en quatre dans ses articles et Julie répare les dégâts dans son salon. Paul et Chloé attendent un heureux événement, surtout Chloé d'ailleurs. C'est pour dans quelques mois. L'autre nouvelle réside dans le fait que Paul, photographe amateur dont les clichés sont particulièrement réussis, va exposer à la galerie Fernbach. La reconnaissance de son talent particulier et l'exposition se nommera Printemps.

La rentrée se passe relativement bien pour Jérémie, mais toutefois des incidents plus ou moins graves se produisent dans son entourage. Ainsi Kiki, le singe Magot, un vrai trésor, des circassiens, est un animal hargneux et vindicatif. Pourtant au contact de Jérémie, le sauvageon s'apprivoise et il se blottit même dans les bras du garçon, ce qui est presqu'un exploit. L'autre fait, beaucoup plus grave, s'est déroulé en salle de classe alors que Paul, le professeur de maths, commence l'appel des élèves. Jérémie reconnait l'individu qui s'est introduit dans la ferme deux ans auparavant et qui a tué la marâtre, la compagne de son père.

Jérémie est un être sensible et la moindre contrariété peut déclencher des effets imprévisibles. Les fenêtres de la salle explosent, et les dégâts sont nombreux et pour certains tragiques. Une gamine est borgne et un autre est emmené à l'hôpital. Ses neurones depuis jouent au chamboule-tout dans son cerveau.

Odette et ses amis ne peuvent que conclure que Jérémie possède le pouvoir, ce qu'ils redoutaient depuis des années.

Paul Cardon, lui continue sa quête nocturne pour ses photos. Un soir il emprunte un taxi, et se fait conduire là où il pense réaliser des clichés qui viendront s'ajouter à ceux qu'il a déjà réalisé. Le lendemain le chauffeur de taxi est retrouvé mort, égorgé. Mais surtout il fort étonné de découvrir sur son réseau social, Face au Book, un message de Jérémie, qu'il avait reconnu dès le premier jour dans la cour de l'école, un message l'invitant à rejoindre son groupe d'amis. Les bonnes manières n'étant pas encore perdues, chacun d'eux se félicitent de cette initiative, et pour clore la conversation virtuelle, Jérémie le remercie d'avoir vengé son père.

 

Les quatrièmes de couvertures sont souvent trompeuses et donc je m'en méfie. Par exemple cette simple ligne :

Un mini Stephen King à la française. Critique Libre.

Alors là, je ne suis pas du tout d'accord ! Mini, oui par le nombre de pages, mais maxi par l'intensité qui se dégage du roman. J'oserai même plus : Alors qu'il faut au moins deux cents pages à Stephen King pour entrer dans son sujet, le lecteur attendant impatiemment que l'intrigue se décante (voir par exemple Misery), ici le lecteur est dès les premières pages happé par le récit qui continue sur sa lancée, sans temps mort.

Et ce qui aurait pu au début n'être qu'une bluette pour adolescent, sauf le prologue, s'intensifie au fur et à mesure que l'on suit les nombreuses péripéties de cette intrigue haletante. De nombreuses scènes, parfois humoristiques, parfois assez violentes, voire poétiques, émaillent le récit.

Juste un petit exemple, lorsque Grandjean, le proviseur du collège entre dans la salle condamnée où s'est déroulé le bris violent de vitres, il se retrouve comme dans un paysage enchanté peuplé de fleurs. Et il faut souligner les relations entre Grandjean, étouffé psychiquement par sa mère autoritaire, et Agnès sa secrétaire, qui évoluent progressivement. Le quinquagénaire devenant Fleur bleue au contact de sa secrétaire et celle-ci belle jeune femme qui ne pensait pas au loup, heureuse de faire sa connaissance avec avidité. Quant à Jérémie, il canalise parfois ses émotions grâce à Nadia, sa condisciple qui devient peu à peu son amie. Et Saïd se contente d'exercer sa mission de journaliste. Ce qui lui occasionnera bien des désillusions.

Le final est à la hauteur, et ne déçoit pas. Tout au plus quelques éléments laissent à penser que les aventures de Jérémie ne s'arrêteront pas là.

David LECOMTE : L'œuvre de sang. Editions Fleur Sauvage. Première parution 24 novembre 2012. 240 pages. 17,00€.

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23 avril 2015 4 23 /04 /avril /2015 07:43
Erle Stanley GARDNER : L'hirondelle éplorée

Rien à voir avec les policiers en pèlerine !

Erle Stanley GARDNER : L'hirondelle éplorée

L'hirondelle éplorée ( The case of crying swallow - 1947 ).

Ex play-boy, aviateur durant la Seconde guerre Mondiale, millionnaire, le Major Claude L. Winnett requiert les services de Perry Mason. Sa femme Marcia a disparu lui laissant un message d'adieu.

Marcia a été acceptée à contrecœur par la mère de Winnett qui aurait préféré que son fils se marie avec Daphné Rexford. Les bijoux de Marcia ont été dérobés peu de temps auparavant alors que la jeune femme venait de résilier son contrat d'assurance. La nuit du vol, Winnett a entendu un cri d'hirondelle, les oiseaux nichant au dessus de la fenêtre de la chambre ayant pense-t-il été dérangés par le cambrioleur.

Mason s'installe chez Winnett en compagnie de sa secrétaire, Della Street et du détective privé Paul Drake. Il fait la connaissance de la mère du major et de son infirmière. Mason fouille l'habitation et trouve dans un nid une broche et le reste des bijoux dans les canons d'un fusil de chasse. Dans une tour aménagée en observatoire, des jumelles sont pointées sur le bosquet. Della découvre dans cet observatoire un papier comportant de mystérieuses annotations chiffrées.

De son côté Drake relève dans un bosquet des traces de pneu récentes appartenant à une caravane. Les détritus laissés par le campeur permettent de remonter à un certain Drummond, recherché par sa femme. La caravane est repérée dans un camping. A l'intérieur gît le cadavre de Drummond assassiné de deux balles de révolver. L'un des voisins affirme avoir vu la veille au soir une femme dont le signalement correspond à Marcia.

La jeune femme est retrouvée sans connaissance dans une chambre d'hôtel. Elle a tenté de se suicider persuadée d'être l'assassin de Drummond. Victime d'un chantage elle lui a remis les bijoux en simulant un vol. Mariée en premières noces à Drummond, le divorce n'avait pas été prononcé et elle se retrouvait bigame. Seulement elle ne se rappelle pas tout et Mason la fait conduire dans un hôpital en lui conseillant de simuler une amnésie.

 

Une intrigue classique que Mason résout un peu à tâtons après avoir suspecté tous les candidats possibles et qui se révèle, à cause de concours de circonstance en cascade, trop complexe pour être crédible. Toutefois le scénario n'est pas ressembler en partie aux Bijoux de la Castafiore, une aventure de Tintin écrite par Hergé, ou le contraire puisque la bande dessinée date de 1961.

 

Pélican sous roche ( Something like a pelican - 1942 revu en 1970 )

Une cape de fourrure balancée par la fenêtre d'un magasin situé au troisième étage d'un immeuble par une cliente, ce n'est pas courant.

Spectateur de cet incident Lester Leith, qui aime résoudre à son profit ce genre d'intrigue, ne croit pas à l'hypothèse d'une cliente désirant se faire un peu de publicité. En planque devant l'immeuble il assiste à l'enlèvement d'une jeune femme employée dans les bureaux d'une compagnie travaillant pour la marine nationale. Il charge son valet de chambre Scuttle, qui en réalité est un policier dont la tâche est de surveiller ses moindres faits et gestes, de se renseigner sur les ravisseurs qui s'avèrent être des détectives privés.

Des plans ont été dérobés à la Pidico et Bernice Lamen est soupçonnée d'avoir participé à ce vol. Leith pense que les deux événements, jet de la cape par la fenêtre et vol des plans, sont liés. Se faisant passer pour un écrivain désirant analyser les impressions d'une femme se débarrassant d'un objet de valeur par une baie, il engage une comédienne, monte une mise en scène au cours de laquelle il procède à un nouveau lâcher de fourrure. Un photographe fixe sur pellicule les mouvements engendrés par cet acte dans les bureaux de la Pidico, situés en face du magasin.

Leith examine les tirages et remarque un homme se tenant devant le coffre-fort de la société, un fusil à la main. Il rencontre Frank Paterson, l'homme en question, responsable du journal de l'entreprise, et propose de lui vendre deux armes, dont une identique à celle que celui-ci possède déjà, à bas prix, et la nouvelle qu'il a écrite contre une somme d'argent conséquente. Paterson, tenté, vérifie l'arme à sa fenêtre mais mis devant l'obligation d'acheter les écrits de son interlocuteur il refuse l'offre.

Leith a remis un double de sa prose à Scuttle lui demandant de ne la remettre à la police que le lendemain. Evidemment Scuttle s'empresse de la faire parvenir à son supérieur. Selon Leith, Paterson se serait emparé des plans au moment de la diversion de la cape puis les aurait cachés dans l'un des canons de son fusil. Vérification faite, il s'avère, à la grande stupeur de Paterson, que Leith a échangé les armes emportant avec lui les documents.

 

Ersatz d'Arsène Lupin, Lester Leith se joue de la police et des truands en véritable prestidigitateur. Tout est orchestré selon le bon plaisir de Erle Stanley Gardner qui manipule lui aussi ses personnages avec maîtrise et métier.

Un scénario trop bien soigné qui laisse peu de place à l'improvisation, et c'est peut-être ce qui rend exaspérante la lecture de ce genre d'énigme car l'on sait, tout comme dans les romans de John Dickson Carr, qu'il y a un truc. Pourtant l'on marche, ne serait-ce que pour le plaisir de voir les malheureux représentants de l'ordre tournés en bourrique.

Et Gardner en profite également pour philosopher sur le labeur de l'écrivain. On remarquera que dans ces deux nouvelles les fusils jouent un rôle inhabituel.

Il me semble avoir lu quelque part que les meilleurs écrivains ne prennent pas leur stylo pour aligner des mots à toute vitesse, mais travaillent énormément, font de nombreuses corrections, choisissent leurs mots avec le plus grand soin. (page 150).

Erle Stanley GARDNER : L'hirondelle éplorée - Recueil de deux nouvelles traduites de l'américain par Robert Hervé. Série Noire N°1612. Parution août 1973. 192 pages.

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22 avril 2015 3 22 /04 /avril /2015 12:37

 

Prière de ne pas rire, pas encore !

 

Retour sur le Prix Polar en séries 2015 décerné lors de la dernière édition de Quais du Polar.

La profession de foi de ce nouveau prix, décerné dans le cadre de Quais du polar de Lyon 2015 est déclinée ainsi :

 

Le prix « Polar en séries » récompensera un roman noir ou polar francophone pour ses qualités propres et son potentiel d’adaptabilité en série télévisée.

Nous sommes également fiers de pouvoir compter un nouveau partenaire média de poids autour de cette nouvelle initiative du festival : Le Monde des Livres qui sera associé au Prix et présent sur l’ensemble de la manifestation. Un comité de présélection composé de membres de Quais du Polar, de Rhône-Alpes Cinéma, d’Initiative Film, a étudié les ouvrages et établi une liste de 6 finalistes :

 

  • Après la guerre, Hervé Le Corre (Payot Rivages, 2014),
  • Bunker Parano, Georges-Jean Arnaud (Réédition French Pulp Édition  2014, Fleuve Noir 1991),
  • Commandant Achab, Stéphane Piatzszek et Stéphane Douay (Série BD - Casterman, 2013/2014 ),
  • Et qu’advienne le chaos, Hadrien Klent (Le tripode, 2010),
  • Le Partage des terres, Bernard Besson (Odile Jacob, 2013),
  • Poulets grillés, Sophie Hénaff (Albin Michel, mars 2015).

 

Un jury composé de professionnels du livre, du cinéma et de l'audiovisuel, est chargé de départager ces 6 ouvrages retenus, et de désigner parmi eux le roman qui fournirait le meilleur scénario pour une série télévisée.

Il est constitué de :

  • Patrick Baudot, chef d’état major à la Brigade Criminelle de Paris, conseiller technique pour le cinéma et la télévision,
  • Gilles Cahoreau, scénariste, notamment de Pigalle, la nuit, PJ,
  • Didier Dutour, responsable du pôle livres et traduction à l’Institut Français,
  • Laurence Herszberg, directrice du Forum des Images, organisateur de SériesMania,
  • Arnaud Jalbert, chargé de programmes Arte France Unité Fictions,
  • Arnaud Louvet, producteur (Aeternam Films), notamment Disparue en Hiver et Virage Nord,
  • Véra Peltékian, chef de projet de l’Unité Fiction Canal Plus,
  • Macha Séry, journaliste, Le Monde des Livres.
  •  

Ce premier prix « Polar en Séries » sera remis à Lyon lors du festival Quais du Polar, le vendredi 27 mars pendant la journée professionnelle « Polar Connection » et en présence du public le samedi 28 mars, lors de la remise des prix décernés par le festival.

Initiée l’an dernier, « Polar Connection » rassemble les différents professionnels de la filière du livre, nationaux et internationaux, pour célébrer l’attrait et la vitalité de la littérature policière. Elle souhaite également tisser des liens avec les secteurs connexes du cinéma et de l’audiovisuel, du numérique et des jeux vidéo.

Fortement appréciée l’an passé, cette journée de rencontres professionnelles, rythmée par des tables-rondes et des masterclass, aura lieu en présence de 200 éditeurs, agents, traducteurs, mais aussi producteurs, scénaristes et réalisateurs, journalistes et bien sûr... auteurs.

Ce prix « Polar en Séries » est initié par Quais du Polar avec le soutien de La SCELF, l’Institut Français, Rhône-Alpes Cinéma, Initiative Film. En partenariat avec Le Monde des Livres et Séries Mania.

 

Bien. Très bien même. Très très bien, avec toutefois quelques couacs qui méritaient d'être relevés.

En premier lieu, je pensais, naïvement sûrement, que des séries comme Les Frères Roquebère de Georges-Jean Arnaud, justement, celle de Victor Legris de Claude Izner, et bien d'autres que je n'énumérerai pas ici, auraient pu connaître les faveurs du jury, mais non. Alors je me demande sur quels critères les ouvrages ont été sélectionnés. Simple question qui méritait d'être posée, mais la réponse importe peu en réalité puisque je ne l'ai pas.

 

Après la guerre, Hervé Le Corre (Payot Rivages, 2014), a obtenu le Prix Polar en Séries, catégories mini séries. Bravo ! Mais c'était dans la catégorie mini séries. Mais les autres ouvrages sélectionnés dont certains dataient quelque peu, pouvaient tout aussi bien concourir pour cette catégorie.

Je me pose également des questions quant au choix de Bunker Parano qui, s'il a été réédité chez Zulma dans la collection Quatre-Bis en 1998, avait déjà été publié aux éditions Fleuve Noir dans la collection Spécial Police, non pas en 1991 comme précisé, mais en 1982 sous le numéro 1743 !!! Et franchement ce roman aurait-il pu s'inscrire dans le cadre d'une série télévisée !

Mais n'ergotons point puisque la grande gagnant est :

 

Sophie Hénaff avec Poulets Grillés paru aux éditions Albin Michel le 8 avril 2015 !

C'est à dire que le roman n'était pas encore paru en librairie lors de la proclamation de ce prix, tandis que les autres sélectionnés possédaient pour certains quelques années de carrière.

 

Conclusion :

Vous pouvez rire maintenant !

 

Pour moi ce prix est une farce, une énorme farce, un Poisson d'avril, voire un gros coup de pub, sachant que l'attachée de presse de Quais du Polar travaille également pour les éditions Albin Michel.

Alors loin de moi l'idée d'une corrélation tout juste constater une drôle de coïncidence...

Etonnant, non !

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22 avril 2015 3 22 /04 /avril /2015 10:58
Scott MITCHELL : Furie à Babylone

Comme aux Dames ou aux échecs : les Blancs contre les Noirs...

Scott MITCHELL : Furie à Babylone

Depuis six mois la chanteuse Cynthia Karlson est sujette à une série, au début anodine, de malchances mais qui peu à peu s'avère préjudiciable à sa santé physique.

A la perte d'objets usuels s'ajoutent des incidents qui menacent sa vie: absorption d'une dose importante de sédatifs, incendie dans sa chambre provoqué par une cigarette... Dans ces deux cas, elle doit la vie sauve à la présence d'esprit de Russ, son mari. Pire, elle croit avoir revu Concord, leur chauffeur noir qui a péri carbonisé dans un accident de voiture.

Sa sœur, Lee Enders, s'inquiète et accuse Russ d'être à l'origine de ces ennuis. Elle demande à Devlin, détective privé, de protéger Cynthia à son insu. La première journée de filature est riche en évènements. Tandis que Cynthia est attablée à un café, sa voiture dévale une rue en pente et Devlin ne croit pas au hasard d'autant que peu après il est agressé par deux hommes, un Noir et un Blanc, et qu'il s'aperçoit que la jeune femme est suivie par un homme à la carrure imposante.

L'ex-associé de Russ apprend au détective que le mari de Cynthia est volage, arnaqueur et ne l'a épousée que pour son argent. De nouveau agressé par les deux compères, Devlin ne doit la vie sauve qu'à l'intervention d'un inconnu qui lui demande de ne pas fourrer son nez dans cette histoire. Il se résout à mettre Cynthia dans la confidence. Elle accepte à contrecœur cette protection. Devlin décide d'enquêter sur Concord et apprend que sa petite amie Sophie, danseuse dans un club, a déménagé le jour de la mort du chauffeur. Il retrouve sa trace dans un autre cabaret où elle se produit sous le nom de Pearl Duboise. Russ rend visite à la danseuse. Devlin le suit mais tombe dans un traquenard. Il soupçonne Russ de s'adonner à un racket et sent que ses hommes de main, des Noirs, ne portent pas une grande estime pour leur patron.

Russ parti en compagnie d'un des ravisseurs surnommé Gorille, Devlin réussit à fausser compagnie à ses gardiens qui s'entre-tuent. Il se précipite chez Cynthia et découvre le corps de Russ criblé de balles. Parmi les flics venus constater le meurtre, il reconnait en Feldman, lieutenant à la Brigade des Stupéfiants, l'homme qui l'avait mis en garde. Devlin lui annonce que le meurtre de Russ pourrait être le fait de Concord, mais le policier ne le croit pas. Toutefois l'homme des Stups lui confie que Concord était à la tête d'un trafic de drogue aidé en cela par Russ. Devlin n'a qu'une confiance mitigée envers le lieutenant qui se montre comme un horrible raciste. Gorille est appréhendé et Feldman l'accuse d'avoir tué Russ. Mais les méthodes qu'il emploie ne sont pas du goût de Devlin.

 

Narré à la première personne, ce roman ne manque pas d'humour, surtout dans la première partie. Le ton devient nettement plus grave lorsque se précisent les rôles de certains personnages, mais surtout au moment où le racisme prend une place plus prépondérante qu'il y parait dans l'enquête.

La haine des Noirs envers les Blancs est aussi prononcée que celle des Blancs à l'encontre des Noirs. Devlin ne juge ni les uns ni les autres, il ne cherche pas non plus à approfondir leurs motivations, il se contente de constater un état de fait qui amène parfois des erreurs irréparables.

Les querelles des Noirs ne sont pas les querelles des Blancs.

 

Curiosité:

L'action se déroule à Los Angeles, et pourtant tout comme Chase, Scott Mitchell était Britannique. S'il a choisi la Californie comme décor pour ses romans, c'était en hommage à Chandler. A noter une allusion à Reagan qui à l'époque était gouverneur de la Californie.

Scott MITCHELL : Furie à Babylone (Rage in Babylone - 1972. Traduction de Marcel Frère. Série Noire N°1607. Parution août 1973. 192 pages. 4,00€. Disponible sur le site de la Série Noire.

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21 avril 2015 2 21 /04 /avril /2015 13:24

Grillés mais pas carbonisés !

Sophie HENAFF : Poulets grillés.

Difficile de se refaire une virginité lorsqu'on a envoyé une balle en dehors du terrain, ou plutôt sur un individu, alors que la commissaire Capestan n'avait aucune raison de plaider la légitime défense, même si elle était en service.

Depuis elle ronge son frein, écartée du service depuis l'obtention de divers blâmes et six mois de suspension administrative. C'est qu'on ne rigole pas dans la police. Heureusement son mentor, le divisionnaire Buron nommé au 36 quai des Orfèvres, pense à la sortir de l'Enfer pour la plonger dans un Purgatoire qu'elle va partager en compagnie de quelques bras cassés. Une brigade non officielle chargée de résoudre des affaires non élucidées. Alors elle n'officiera pas au 36 mais dans un appartement situé rue des Innocents (tiens donc !) et une quarantaine de collaborateurs issus de différents services devraient la rejoindre.

Comme le signale Valincourt, directeur des Brigades centrales : on nettoie la police pour faire briller les statistiques. Les alcoolos, les brutes, les dépressifs, les flemmards et j'en passe, tout ce qui encombre nos services mais qu'on ne peut pas virer, on le rassemble dans une brigade et on l'oublie dans un coin. Capestan disposera de quelques subsides, de matériel de bureau disparate en provenance des rebuts, mais à cœur vaillant, rien d'impossible.

Ils ne se bousculent pas au portillon ces déchus de l'administration policière dont les noms des prétendants possibles ont été déclinés par Buron, mais ils arrivent timidement sur leur nouveau lieu de travail.

Le premier José Terrez, dit la Scoumoune, lieutenant de son état. Quasiment tous ceux qui ont été amenés à constituer un binôme avec lui ont connu un pépin, plus ou moins grave, lors d'interventions. Pas la recrue idéale pour une brigade en construction mais Capestan ne rejette aucun bonne volonté. Ensuite se présente à elle Lebreton, issu de l'IGS, celui qui l'a mise sur la touche. Mais à l'IGS, le ménage se fait entre amis, et le voilà promu commandant de placard. Il faut taire ses rancœurs car ils vont devoir travailler ensemble. Eva Rosière connait une belle carrière... comme romancière et scénariste de télévision. Elle a créé le personnage de Laura Flammes qui enregistre un gros succès d'audience après avoir cartonné chez les libraires. Seulement sa mise en disponibilité se termine et puis il faut renouveler les idées. Quoi de mieux que de se retrouver sur le terrain. Elle est constamment accompagnée de Pilote plus communément appelé Pilou, un chien qui sait apprivoiser les humains. Les autres membres du groupe, peu à vrai dire, arrivent au compte-gouttes, tel Merlot, qui porte bien son nom puisqu'il est catalogué comme alcoolique.

Mais ce n'est pas le tout de jouer aux fléchettes, des cartons emplis de dossiers attendent d'être déballés et étudiés. Foin des banales affaires de vols de portables, il leur faut du solide, du concret. Le premier, Lebreton met au jour un dossier remontant à 1993, estampillé Orfèvres. Yann Guénan, tué par balles, repêché dans la Seine, le corps coincé dans une hélice. Comme Capestan possède un sérieux contentieux avec Lebreton et que personne ne souhaite faire équipe avec Torrez, elle désigne d'office Eva Rosière qui remonte ses manches, prête à se plonger dans les archives. Capestan déniche une autre enquête sur laquelle se plonger. Une vieille dame, Marie Sauzelle, soixante-seize ans, retrouvée étranglée lors d'un cambriolage en 2005 en prche banlieue parisienne.

Toutefois en examinant les clichés pris sur le lieu du drame, des anomalies, insignifiantes, l'incitent à se pencher un peu plus ce problème non résolu. Une enquête qui semble bâclée et qu'elle va reprendre en compagnie de Torrez, le chat noir. Elle assume.

Tout le monde sur le pont, car trois où quatre autres éléments toquent à la porte de l'appartement afin d'intégrer cette brigade vraiment spéciale, et chacun va se répartir les taches, allant même jusqu'en province, afin de recueillir des témoignages aléatoires de proches encore vivants.

Mais cela ne va pas s'avérer une partie de plaisir pour cette brigade qui pourrait s'appeler, comme dans les recueils de nouvelles de Roy Vickers : le Service des affaires classées. Et peu à peu les inimitiés qui auraient pu pourrir les relations entre les différents protagonistes de cette brigade vont se tasser et même au contraire une complicité va s'établir, encouragée par la présence canine de Pilou.

Des moments amusants, humoristiques même, et parfois l'émotion, parsèment cette intrigue admirablement construite même si l'on se demande où l'auteur veut entraîner son lecteur, lorsqu'à un détour des pages on se retrouve sur l'île de Key West en Floride en 1991.

Evidemment ceci n'est pas anodin, et l'on se doute que Sophie Hénaff tente de nous emmener en bateau. Mais nous partageons ce voyage en toute confiance, même si l'on sait que ce ne sera pas de tout repos et que les embûches guettent au coin des rues et sur mer.

Merlot afficha une seconde de contrariété, puis reporta toute son attention sur la cuillère qu'il lécha avec délectation :
- Le miel, mes enfants, le miel ! N'est pas merveilleux, ce que donne la nature ?
La truffe de Pilou approuva, il attendait que ça tombe.
- Elle donne rien du tout, répliqua Rosière en pointant un doigt dodu sur son interlocuteur. Ce sont des centaines de petites abeilles qui bossent comme des acharnées pendant des mois pour se fabriquer leurs réserves et dès qu'elles ont terminé, y a un humain qui passe par là et taxe tout comme le dernier des mafieux. Les abeilles, elles se retrouvent une aile devant, une aile derrière, retour à l'usine les cocottes. La nature "donne". Mon œil ! On la pille et c'est tout.

 

Ce roman a obtenu le premier Prix Polar en séries 2015 décerné lors de la dernière édition de Quai du Polar.

 

Sophie HENAFF : Poulets grillés. Editions Albin Michel. Parution le 8 avril 2015. 340 pages. 18,50€.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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