Hommage à Paul Sala né le 25 avril 1921
Né d’un père mi-jurassien, mi-parisien, le 25 avril 1921 à Paris, René Mérillon, véritable patronyme de Paul Sala, connait bien ce dont il écrit car il fut policier.
Et comme il ne voulait pas mélanger travail et loisir, il emprunta le nom de sa femme comme pseudonyme pour la publication de ses romans, tous au Fleuve Noir. S’il s’est servi du nom de son épouse pour signer ses romans, c’est par pudeur, pudeur qui englobe sa carrière de fonctionnaire de l’état dont il ne parle quasiment jamais dans les entretiens qu’il a accordés.
Il est nettement plus prolixe lorsqu’il parle de sa passion, l’écriture. A Georges Rieben, il confiait en 1973 (Mystère Magazine 308) : « S’il n’y a pas d’aventure dans un roman, ce n’est pas un roman », refusant les étiquettes, que ce soit roman policier, roman d’aventure ou roman d’espionnage. « Il n’y a que le roman, comme il n’y a que l’homme, qu’il soit noir, blanc ou vert, maçon, psychiatre ou truand. Si le roman est lu et s’il passe la barrière des générations, alors c’est aussi de la littérature ».
Et Paul Sala de préciser un peu plus loin : « Un livre qui n’est pas un roman d’aventures, qui est une dissertation sur je ne sais quel phénomène ou sujet, n’a pas droit au titre de roman : il n’entre pas dans la littérature de loisirs ».
Paul Sala pense qu’un roman lu par un public nombreux, et relu avec plaisir vingt ans après, est un bon roman. Le reste étant une histoire de technique, de dissertation et de culture. Et lorsqu’il rédige un roman, Paul Sala en est le premier lecteur en même temps que le premier protagoniste. C’est donc tout évidemment que son héros est Le Savoyard, Paul Sala étant savoyard de cœur et habitant près des berges du lac Léman, il peut apercevoir les contreforts de ces monts qui furent le berceau de sa famille.
Cette osmose entre auteur et personnage oblige Paul Sala à une petite gymnastique intellectuelle. « Son point de départ est rarement une chute finale mais plutôt un climat, une ambiance, l’envie de faire se rencontrer à un moment deux personnages semblables ou opposés et voir ce qui en résultera ». Et « lorsqu’il s’attaque à la première page blanche, Paul Sala ne sait en principe pas où il va, afin de vivre lui aussi cette aventure, à mesure qu’il la crée ». Et s’il possède déjà en tête son intrigue « je mets très longtemps à l’écrire parce que ça ne m’intéresse plus guère : je connais toute l’histoire. Cela devient du travail, et même une corvée. Et le lecteur risque de ressentir la même impression ensuite ».
Précisons qu’il est gaucher mais qu’il écrit de la main droite. Qu’il est culturiste, yogi, athlète, footballeur, cyclotouriste, adepte des sports d’hivers, bon tireur d’arme au poing, pêcheur, montagnard, peintre. D’ailleurs cette envie d’écrire lui venue par cette pratique de la peinture. Outre ses quarante-deux romans parus dans la collection Spécial Police, publiés entre 1970 et 1983, il a rédigé un copieux ouvrage : Le Roy des Coquillards, une histoire aventureuse de François Villon dans la collection Grands Succès. Un personnage dans lequel il se retrouve. Il a connu la disette pendant la guerre comme le célèbre chroniqueur du Moyen-âge au lendemain de la guerre de Cent Ans. « Le martèlement des bottes sur les routes de France évoquera pour lui le vers célèbre : En mon pays, suis en terre lointaine ».
Il cumule avec son célèbre héros les points communs. Turbulent, rouspéteur, il a horreur de la contrainte, et l’on ne s’éloigne guère du chantre des escholliers qui descellaient le Pet du Diable, du chenapan qui s’abouchait avec les compagnons de la Coquille. Villon n’avait pas de plus fervent admirateur que le Prévôt de Paris. Et l’aventure est toujours nichée au coin de la rue de la Grande Truanderie où les traditions subsistent : cours des miracles, ribaudes, tire-laine, crocheteurs, lieutenant criminels, Châtelet ». Seuls les termes ont changé, tout comme la langue verte qui a évolué.
Ma dernière correspondance avec Paul Sala date de novembre 2004, et malheureusement, son écriture était tremblotante, quasi illisible. Aujourd’hui il aurait plus de quatre-vingt dix ans. Est-il encore en bonne santé ?
Ce portrait a été réalisé grâce à une correspondance personnelle, à Fleuve Noir Information 77/78 daté de 1971 et Mystère Magazine N°308 de 1973.
Collection Spécial Police
773 : Le Savoyard (1970)
851 : Le Savoyard prend ses patins (1971)
922 : Alerte à toutes voitures (1972)
968 : Les Braqueurs (1972)
1012 : Le Journal d'un juge (1973)
1032 : Le Savoyard et la Vaudoise (1973)
1061 : Le Savoyard a le punch (1973)
1100 : L'Indic a tort (1974)
1147 : Interpol (1974)
1158 : Les Dépouilleurs (1975)
1183 : L'Héroïne d'Amsterdam (1975)
1262 : Code vénal (1976)
1271 : Faubourg Montmartre (1976)
1285 : Miss flic (1976)
1317 : Filière blanche pour l'ami noir (1977)
1321 : Une Bande décimée (1977)
1337 : Un Loubar (1977)
1347 : La Mort en petites coupures (1977)
1361 : Au nom du flair (1977)
1387 : Des Cendres à chaque otage (1978)
1404 : Trafic d'âmes (1978)
1421 : Une Garce (1978)
1428 : Le Savoyard au Canada (1978)
1434 : Au nom du vice (1978)
1449 : Le Forcené de Chibougamau (1978)
1463 : Monsieur Lucien (1979)
1484 : Le Monstre de la Vanoise (1979)
1490 : Ma canaille au Canada (1979)
1499 : Les Voraces et les coriaces (1979)
1523 : Tueries Pigalle (1979)
1535 : On va tuer le Président (1979)
1546 : Tel père, tel flic (1980)
1567 : La Châtaigne... faut aimer (1980)
1581 : Contre deux rançons (1980)
1613 : Le Disparu de Montparnasse (1981)
1649 : Les Marionnettes de Manhattan (1981)
1667 : C'est pas fait pour les chiens (1981)
1698 : Cauchemar blanc (1982)
1719 : Brooklyn, 14e district, j'écoute... (1982)
1750 : Jusqu'au dernier (1982)
1778 : Bon flic, bon genre, etc. (1983)
1834 : Le Cimetière des éléphants (1983)
Collection Grands Succès
Le Roy des Coquillards