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16 juin 2015 2 16 /06 /juin /2015 09:40

Bon anniversaire à François Darnaudet né le 16 juin 1959.

François DARNAUDET : Les ports ont tous la même eau.

Sur un coup de tête, et parce qu’il en marre d’être commandé par de jeunes loups arrogants, sans foi ni loi, incompétents et vulgaires, Marsal claque la porte de la boîte d’informatique dans laquelle il travaille puis il quitte Bordeaux.

Il part un peu à l’aventure avec toutefois l’idée de revoir Anna-Maria, son ex et leurs deux filles. En compagnie de Rémy, qui a plaqué son emploi dans un fast-food, direction la Catalogne. Ils s’installent à Collioure, et Marsal flâne, visite les galeries, fait la connaissance des peintres locaux. Il effectue pour le plaisir une recherche sur un tableau pour le compte d’un détective privé.

Francis, le peintre chez lequel loge Marsal à Collioure, est prié par son ami Charly de venir le rejoindre dans le bassin d'Arcachon, afin de peindre le portrait de sa fille Audrey. Une jolie fille d’une vingtaine d’année. Mais Marsal soupçonne bientôt que le désir de Charly n’est qu’un prétexte et que derrière ce motif ce cache quelque chose de plus grave. Charly est né des amours de sa mère et d’un Allemand durant la seconde guerre mondiale. Un épisode douloureux qui soixante ans plus tard ressurgit avec violence dans la vie de Charly.

 

Cette histoire, dans laquelle s’imbrique la relation des amours coupables de la mère de Charly, est elle-même ensachée dans les tribulations de Marsal et en filigrane s’intercale le récit de la destinée de Charles Rennie Mackintosh, architecte décorateur écossais du début du XXème siècle.

Comme à son habitude François Darnaudet fait partager aux lecteurs sa passion pour les arts plastiques et la peinture en particulier. Il s’attache également à montrer les à-côtés de la guerre, celle d’Espagne ou la dernière guerre mondiale, avec un esprit d’humanisme bourru, celui qui manquait aux belligérants, surtout ceux qui se réclamaient de la Résistance de la dernière heure.

Des effets pervers qui aujourd’hui encore marquent la conscience d’un bon nombre d’hommes et femmes et de leur descendance. Un roman simple, parfois émouvant, auquel on pardonnera volontiers une légère faiblesse de l’intrigue. Le propos n’étant pas justement de focaliser sur une intrigue mais d’être le vecteur de ses démons.

A signaler que le début de ce roman cannibalise une nouvelle que François Darnaudet avait écrite pour le CCASINFO, (journal d’information du personnel des industries électriques et gazières) en décembre 2003, sous le titre Les hommes vivent, une nouvelle à connotation fantastique.

 

Quelques articles sur les romans de François Darnaudet :

 

 

Une bande dessinée :

Et un portrait de François Darnaudet :

François DARNAUDET : Les ports ont tous la même eau. Collection Les Polars catalan. Mare Nostrum Editions. Parution 15 juin 2007. 272 pages.

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16 juin 2015 2 16 /06 /juin /2015 08:12
Pierre LEON : Comme de la peste.

Un journaliste pestiféré ?

Pierre LEON : Comme de la peste.

Chroniqueur, responsable dans un journal d'une rubrique sur les manifestations musicales, le narrateur découvre au lendemain d'une cuite carabinée sa chère tante Vitamine étendue au pied de son lit, un couteau dans le cœur.

Le cerveau encore embrouillé par ses libations nocturnes, il se demande, pas trop longtemps, s'il est le meurtrier. Alors, en mémoire de sa chère tante Vitamine mais également pour se disculper, il se lance sur les traces d'un problématique meurtrier.

D'abord il y a l'argent que la vieille dame devait remettre à ses parents et qui se prélasse dans son sac à main. Et puis il y a le portefeuille d'où s'échappe un fragment de photo avec au dos l'inscription Panthère agile. Le plus urgent est de se débarrasser du cadavre encombrant malgré tout le respect qu'il lui porte.

S'emparant sans vergogne d'un fauteuil roulant dans lequel il installe la défunte, notre quidam entame un périple dans les rues de Paris. Pendant ce temps la famille attend l'argent avec impatience. Le père, grognon et vindicatif, comme à son habitude. La mère qui se retranche derrière les décisions paternelles. Et les deux autres tantes, Agathe et Amélie. Et le cousin Elie, que notre héros malgré lui ne peut décidément pas encaisser en peinture. De plus il lui faut subir les humeurs de Réquichot, le rédacteur en chef. Pendant ses tribulations parisiennes notre narrateur fait de drôle de rencontres, des profiteurs, et d'autres qui débarquent comme des cheveux sur la soupe.

Le cadavre déposé dans un cinéma porno, il subit dans la salle les avances de George, un Américain homosexuel, et l'accompagne dans un hôtel. Puis il se cache dans un autre hôtel, tenu par une Anglaise russophile, puis se rend chez sa grand-mère. Il ne découvre que son cadavre. Trahi par sa famille il est aidé par son amie Gudule, d'Albert son chef de rubrique, de Bertha l'hôtelière et de George.

 

Pierre Léon, petit nouveau de la Série Noire, happe le lecteur par la main et l'entraîne dans un tourbillon duquel il ressort un groggy. Un peu comme le malheureux pékin qui déboule dans un drame sans en connaître les tenants et les aboutissants. Pourtant il existe de bonnes choses dans ce roman prometteur et il en reste plus à espérer que l'auteur parviendra à canaliser ses idées et se montrer un peu moins brouillon dans une trame mince comme un filigrane.

 

Ah, c'est assommant ce que les gens peuvent être aimables. Surtout quand on ne leur demande rien.

Pierre LEON : Comme de la peste. Série Noire N°2302. Parution septembre 1992. 176 pages.

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15 juin 2015 1 15 /06 /juin /2015 10:42

Hommage à Pierre Siniac né le 15 juin 1928.

Pierre SINIAC : Sombres soirées chez Madame Glauque.

Un sinistre individu rôde la nuit dans cette petite sous-préfecture de la Charente, et, lors de la pleine lune, ne peut s'empêcher de satisfaire ses besoins de meurtres.

Un homme affublé d'un chapeau, d'un foulard blanc, au visage couturé de cicatrices, s'adonne à cette répréhensible occupation d'envoyer ad patres des innocents qui ne lui ont rien demandé.

Pendant ce temps, dans une espèce de gargote, refuge d'âmes en peine, se réunissent quelques épaves de la cité. Leur souhait, justement se faire trucider. Ils en ont marre de la vie et de son cortège de soucis. Ils ont trop payé et désirent se décharger de leur fardeau.

Alors, si le tueur veut bien d'eux, ils sont candidats.

Leur souhait semble bien avoir été entendu de Satan puisque l'un d'eux rejoint ses ancêtres, abattu par celui qui est surnommé le Maudit. Puis un deuxième, un troisième. Parfois les rouages se grippent quelque peu, mais il ne faut pas se décourager.

 

Dans ce roman, Pierre Siniac laisse libre cours à son imagination diabolique et machiavélique. Un texte noir à l'humour ravageur.

Une farce dont Siniac a le secret et comme à l'habitude l'épilogue prend le contre-pied d'un déroulement qui semble logique.

Tous ceux qui connaissent Siniac et son univers débridé, ne se laisseront pas abuser par une histoire sans faille et avidement aborderont le final avec la curiosité d'un amateur de rebondissements littéraires.

Sinic sortait, à l'occasion de la parution de ce roman, de sa coquille dans laquelle il paraissait hiberner depuis quelques années, et s'épanouissait à nouveau telle une fleur chatoyante et vénéneuse.

Pierre SINIAC : Sombres soirées chez Madame Glauque. Le Masque Jaune N°1983. Parution le 16 novembre 1989. 220 pages.

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15 juin 2015 1 15 /06 /juin /2015 08:05
Stuart KAMINSKY : La case de l'oncle atome

Et l'oncle atome n'avait pas de cases vides...

Stuart KAMINSKY : La case de l'oncle atome

Stuart Kaminsky aime le cinéma, d'ailleurs c'est le titre de l'un de ses romans parus à la Série Noire. Il s'amuse à mettre en scène acteurs et personnalités du 7ème art des années 1940 avec une verve, un humour jamais démentis.

Son héros le détective privé Tobias Pevsner, dit Toby Peters, a travaillé pour la Warner en qualité de gardien, de vigile, puis il s'est mis à son compte, ce qui lui a permis de sauver parfois d'une situation périlleuse ou compromettante des acteurs tels que John Wayne, Errol Flynn, Judy Garland, Gary Cooper, Mae West, Bela Lugosi ou encore les Marx Brothers. Mais il ne se contente pas de secourir des célébrités du grand écran, il lui arrive d'enquêter pour des personnalités comme Joe Louis ou Franklin Delanoe Roosevelt, le président des Etats-Unis de l'époque.

Dans ce roman, l'homme qui a recours aux bons offices de Toby Peters, ne fait pas partie du monde cinématographique, puisqu'il s'agit tout simplement d'Albert Einstein lui-même, qui dans une Amérique traumatisée par les effets de la guerre contre les Nazis, requiert les qualités de déduction du détective.

Le roman débute, comme tous ceux de la série, par nous montrer Toby et son ami le dentiste arracheur de dents Shelly Minck dans une fâcheuse posture.

Toby, une balle dans le bras, essaye de retenir et remonter Shelly qui pend dans le vide. Une dégringolade de vingt-huit étages avant d'atterrir, c'est beaucoup pour un simple mortel. Comment en sont-ils arrivés là, c'est ce que le détective des stars va nous narrer en décrivant humoristiquement ses aventures mêlées de situations dramatiques, cocasses, bizarres, naïves, inextricables.

Nous avons droit à d'aimables digressions sur le golf, la chirurgie dentaire en pleine expansion, à des scènes burlesques, comiques, candides, mais elles sont trop nombreuses pour être recensées. Sachez toutefois que si Einstein à recours au talent d'enquêteur de Toby Peters, c'est qu'une sombre machination se trame autour de lui. Et être Juif et Allemand en 1942, n'est pas toujours perçu d'un bon œil, surtout si l'on détient les secrets d'une bombe révolutionnaire.

Mais qui en veut à sa vie ?

Encore un excellent roman de Stuart Kaminsky qui connait la recette pour nous faire passer des heures agréables à la lecture d'un livre.

Stuart KAMINSKY : La case de l'oncle atome (Smart movies - 1986. Traduction de Madeleine Charvet). Série Noire N°2123. Parution février 1988. 320 pages.

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14 juin 2015 7 14 /06 /juin /2015 13:54

On prend les mêmes et on recommence, ou presque...

David LECOMTE : ECHOeS. L'Œuvre de sang 2.

Deux ans environ après les événements qui sont décrits dans L'œuvre de sang, nous revenons à Lille et sa région.

Joseph Méneul, vingt-quatre ans, borgne par sa faute, assiste dans le train qui le mène de Lens, où il travaille, jusque chez lui à Isbergues, à une scène mettant aux prises, une grosse femme, son gamin turbulent prénommé Thomas, et un homme qui lui offre des bonbons affirmant avoir lui aussi un enfant du nom de Thomas.

L'homme avoue que le garçon est le sien, mais qu'il ne le voit jamais. L'enfant ne sait même pas qu'il est son père. Joseph lui propose alors de l'aider à rencontrer son fils. Le lendemain Joseph ne va pas à son travail, l'homme l'emmène chez Thomas. Tandis que Joseph frappe à la porte de la maison, l'homme s'infiltre par l'arrière. Sous un prétexte fallacieux Joseph retient la femme un certain temps, mais des détonations suivies de cris éclatent dans la maison. La mère s'engouffre chez elle mais elle est elle aussi abattu par l'homme en pleurs qui s'enfuit laissant le borgne seul devant les cadavres.

Joseph se présente au commissariat de Lille où il est reçu par le commissaire Lutgen, une ancienne connaissance. Cela ne fait que deux jours que Lutgen est en poste, mais il est natif de la région et Joseph fut son plus proche voisin des années auparavant. Joseph s'accuse des crimes.

Noël. Chez Odette Bauchelart, une petite fête est organisée en honneur de Jérémie, son petit-fils qu'elle a recueilli, et de ses amis Raoul et Huguette, les anciens circassiens, et Martin, huissier en retraite. Jérémie offre des cartes, des collages les représentant, mais ce n'est pas franchement réussi. Mécontent Jérémie appelle au téléphone son amie Nadia. Sept jours plus tard, Jérémie, Nadia et quelques copains passent le réveillon du Nouvel An dans une nouvelle discothèque, à l'initiative de Marc Antoine dont le père est préposé au service d'ordre. Ils commandent des vodkas (à leur âge !, à peine quinze ans) avec l'approbation du paternel, mais bien évidemment, au bout de quelques heures Jérémie s'enferme dans les toilettes, malade. Nadia, titubante est a sa recherche. Un des fêtard, qui n'appartient pas à leur groupe s'en prend à Nadia, voulant lui faire goûter un appendice qu'il se trimballe entre les jambes. L'adolescente lui remonte les gonades jusque dans la gorge, et l'agresseur ne peut que s'esbigner. Jérémie ressort et Nadia préfère taire ce qu'elle vient de subir. Le lendemain, premier janvier, la jeune femme de ménage préposée au nettoyage n'est pas interloquée par l'état crasseux des toilettes. Elle est habituée. Mais ce qu'elle découvre dans le cabinet qu'a utilisé Jérémie la laisse coite et émerveillée. Des fleurs magnifiques, majestueuses, une véritable féérie s'offre à ses yeux éblouis.

Une autre femme et son gamin sont abattus dans les mêmes conditions que les premières victimes, et Lutgen est chargé de l'enquête.

 

 

Véritable roman noir, dans le sens anglo-saxon du XVIIIe siècle, et que l'on appelle aujourd'hui le roman gothique, Echoes possède l'arsenal surnaturel (apparitions, fantômes, etc.) et argument moral, le genre se spécialise dans la peinture de l'excès et de l'horreur, et produit un récit à grands effets qui dit la force et la cruauté du mal, ainsi que la misère (mais aussi la victoire) de l'innocence. Le roman gothique est ainsi une perversion de l'esthétique du sublime, et illustre un imaginaire obsédé de claustration, présentant le passé comme une détermination pathologique (article extrait de l'ouvrage Larousse Dictionnaire mondial des littératures). Roman noir donc dans l'acception ancienne et moderne du terme, Echoes s'inscrit dans une démarche à la fois violente et poétique, frôlant, ou l'intégrant, le fantastique, avec toujours une part d'inconnu feuilletonnesque.

On retrouve quelques-uns des protagonistes du premier volume de cette série entamée avec L'œuvre de sang soit de façon perpétuelle tels que Jérémie et Nadia, lesquels jouent un rôle primordial dans l'histoire, Odette la grand-mère et ses amis les circassiens ainsi que l'huissier en retraite, soit de façon diffuse comme Grandjean, le principal du collège et Agnès sa secrétaire maîtresse. D'autres personnages font une apparition plus ou moins fugace dont Monsieur Formose, dont le statut n'est pas encore bien défini, mais qui semble être l'un des rouages essentiels de cette trilogie puisque l'on retrouvera tout ce petit monde dans Soli†udes, le troisième tome de L'Œuvre de sang.

Un suspense qui monte en puissance au fil des pages, mais qui dès le premier chapitre est déjà présent, qui absorbe le lecteur, l'amenant vers des scènes aussi maléfiques que vénéneuses comme les fleurs nées sous la pulsion de Jérémie, dont le pouvoir est de plus en plus prégnant.

David LECOMTE : ECHOeS. L'Œuvre de sang 2. Editions Fleur Sauvage. Parution 5 septembre 2013. 238 pages. 16,80€.

 

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14 juin 2015 7 14 /06 /juin /2015 10:31
Tonino BENACQUISTA : La Maldonne des sleepings.

Couché dans le train avec la nuit pour témoin...

Tonino BENACQUISTA : La Maldonne des sleepings.

Antoine est couchettiste. C'est à dire qu'il travaille à la compagnie des Wagons-lits et non pas qu'il se couche n'importe où et avec n'importe qui. Il est employé, pas forcément pour son plaisir, sur le Galiléo, Paris-Venise ou Paris Florence, selon les cas, des voyageurs tarifés 2ème classe. Il réceptionne les clients, s'occupe des passeports, des billets, fournit la literie, sert d'intermédiaire avec les douaniers et les contrôleurs français, suisses ou italiens, fait office de réveille-matin.

Dans les bons jours, ou plutôt les bonnes nuits, il peut se reposer un peu. Et comme le veut la légende accrochée aux pompons des marins, une femme au départ et une à l'arrivée.

Souvent il tombe sur des grincheux, des inquiets, des bavards, des exigeants, des malades, mais il est habitué et d'un ton rogue, rembarre les importuns. Mais ce voyage Paris-Venise, il s'en rappellera.

Que n'a-t-il changé avec Eric, un de ses collègues qui désirait permuter de destination. D'abord un des voyageurs se plaint de ce que son portefeuilles a pris la fille de l'air. Ensuite il en découvre un autre dans sa cabine, sous son lit. Crime de lèse-majesté ! Viol de propriété privée ! Foi d'Antoine, cela ne se passera pas comme ça.

Mais l'autre s'accroche comme une sangsue, et les ennuis déboulent, s'accumulent, une cascade niagaresque dans son compartiment.

Les douaniers, des truands et d'autres personnages louches aux prétentions mal définies se passent le relais, à croire que la Terre entière s'est liguée contre lui.

 

Ce roman de Tonino Benacquista, le premier à la Série Noire, mais le deuxième dans l'œuvre de l'auteur après Comme une pin-up épinglée dans un placard de G.I, démarre un peu à la vitesse d'une micheline, mais prend bientôt un rythme de croisière pour s'achever comme un TGV brûlant les étapes.

Il nous fait découvrir les aspects d'un métier qui pour beaucoup signifient vacances, soleil et Dolce Vita. L'envers, l'enfer ? du décor n'est guère reluisant et couchettiste n'est vraiment pas un métier de tout repos.

 

Tonino BENACQUISTA : La Maldonne des sleepings.
Tonino BENACQUISTA : La Maldonne des sleepings.
Tonino BENACQUISTA : La Maldonne des sleepings.

 

Curiosité :

Ce titre a également été utilisé par Gilles Soledad en 1981 pour un roman publié à La Brigandine.

 

Tonino BENACQUISTA : La Maldonne des sleepings.

Tonino BENACQUISTA : La Maldonne des sleepings. Série Noire N°2167. Parution février 1989. 256 pages. Réédition Folio Policier N°3. Parution octobre 1998. 288 pages. 8,00€. Folio Policier N°340. (contient 4 romans). Parution mai 2005. 896 pages. 12,40€.

Une version illustrée par Jacques Ferrandez a été publiée chez Futuropolis/Gallimard en octobre 1991. 456 pages. 9,30€. Retrouvez ces ouvrages sur le site de la Série Noire.

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13 juin 2015 6 13 /06 /juin /2015 13:37

Et de miroirs...

Ivan ZINBERG : Jeu d'ombres.

Tricher s'avère plus long, plus fastidieux et demande plus d'énergie afin de connaître les bonnes réponses lors d'un concours ou d'un examen que de réviser. Mais certains ne peuvent s'en empêcher et parfois cela débouche sur des conséquences imprévisibles.

Scott Borland est un élève qui ne panique pas lors des examens. C'est un tricheur professionnel de l'université de Seattle, état de Washington, qui arrive décontracté et sait qu'il obtiendra un A+ comme résultat. Pirate informatique il déniche les sujets soit en s'infiltrant dans les ordinateurs des professeurs, soit en les écoutant discourir grâce à un astucieux système de micros disposés un peu partout dans le campus et les salles des enseignants. C'est ainsi qu'il apprend que le prochain devoir proposé par le professeur Thompson traitera des induction embryonnaires mais autre chose attire son attention. Miller, prof de génétique végétale, et Thompson se donnent rendez-vous à minuit dans une salle située en sous-sol d'un des bâtiments de l'université. Scott se promet fort d'y faire un petit tour afin de savoir ce que trament les deux enseignants.

Il vit dans un studio qu'il partage avec un condisciple, devenu son ami, Thomas Ellory, studio qui est un véritable foutoir. Si Scott est d'apparence cool et conventionnel, Thomas lui plutôt du genre hard rock gothique. Et ils ne s'embarrassent pas du ménage, laissant trainer partout canettes de soda, reliefs de pizzas et autres bricoles dont slips et chaussettes sales. Que voulez-vous, un étudiant, ça étudie (ou ça triche), ce n'est pas programmé pour le rangement.

Le lendemain matin, le professeur Thompson est retrouvé mort par le gardien au milieu de l'encombrement indescriptible qui règne au premier sous-sol. L'assassin s'est acharné car les rotules, les bras ont été brisés par des coups de revolver et il a achevé sa victimes par deux balles dans la tête. Selon le légiste, l'agonie aurait duré au moins une demi-heure. Peu après les disparitions de Miller et d'un autre professeur sont enregistrées. Le capitaine Fleming est chargé de l'enquête. Fleming, qui doit faire valoir ses droits à la retraite dans quelques mois, sait qu'il doit conclure rapidement et avec brio cette affaire car il brigue la mairie de Blackstone, petite ville de la banlieue de Seattle où il vit avec sa femme dans une luxueuse villa.

 

Un peu près au même moment, à Portland dans l'Oregon, à près de trois cents kilomètres de Seattle, un cadavre calciné est découvert dans une forêt. Or bizarrement le corps a été déterré après avoir séjourné dans la terre pendant près de quatre ans. Près de lui des papiers, eux aussi a moitié brûlés sont retrouvés. Un peu plus loin, une pelle et deux jerricans ont été oubliés, sciemment sans aucun doute. Le lieutenant Lorenzo arrive aussitôt sur place et procède aux premières constatations en compagnie de ses adjoints. Grâce à l'informatique et une recherche sur les personnes disparues depuis quatre ans, ainsi qu'à l'étude du crâne par comparaison, il s'avère que le défunt est un peintre assez renommé disparu sans laisser de traces. Il s'agit de Joseph Ziegler dont l'art pictural lorgnait du côté gothique, inventant une nouvelle tendance, le Crash. De même les papiers permettent de découvrir l'identité supposée de celui qui a défoui le corps. Et cela mène les enquêteurs sur la piste de Martin Bosc, un adolescent qui n'a plus donné de ces nouvelles le même jour que la disparition du peintre.

Lorenzo est un dipsomane, consommant jusqu'à deux litres de Bourbon ou whisky par jour. C'était un roc, il l'est encore apparemment, mais il est en proie à des vertiges et des tremblements lorsqu'il n'a pas ingurgité sa dose quotidienne d'alcool. Cette addiction a été provoquée trois ans auparavant par la perte de sa femme et de deux de ses enfants. Un chauffard les avaient fauché dans la file d'attente du cinéma. Seul Miles, le petit dernier âgé maintenant de cinq ans a survécu. Et une suspension plane sur sa tête, qui par ailleurs est toujours abritée par un bonnet noir informe. Et la suspension va tomber quelques jours plus tard, à cause d'une grosse bavure funeste, ce qui ne va pas l'empêcher de continuer coûte que coûte son enquête. Toutefois, il réussit auparavant à contacter la tante de Martin Bosc et découvre quelques éléments qui vont l'aider dans son enquête, une photo notamment. Martin Bosc avait perdu ses parents une dizaine d'années auparavant, d'un accident de voiture, et il s'en était sorti miraculeusement. Lorenzo rencontre également Anouk Stern, la psychothérapeute qui a eu Martin Bosc comme patient.

 

Bientôt ces deux affaires vont se rejoindre et Lorenzo, accompagné de la psychothérapeute, se rend à Seattle où Fleming sue sang et eau, il pèse cent-quarante kilos pour un mètre quatre-vingts, pour traquer le coupable. Heureusement Fleming est aidé par Scott le pirate, qui lui délivre des infos, des conseils, des marches à suivre, des pistes, par messages téléphoniques. Et il ne peut se rebeller ni se retourner contre son informateur trop bien renseigné, car celui-ci connait trop de secrets sur sa vie privée et ses comptes bancaires.

 

Une intrigue tirée au cordeau, millimétrée et surtout minutée dans le temps. L'histoire débute le mardi 24 juin 2014 à 10h23dans le comté de Hood River, dans l'Orégon, lorsque Lorenzo arrive sur les lieux de la crémation de cadavre, mais dans le chapitre suivant, nous somme invité à suivre Scott à l'université de Seattle, état de Washington, le lundi 23 juin 2014 à 13h55. Ensuite par le jeu subtil entre les allers et retours de lieux et dans le temps, nous arrivons jusqu'à la fin de l'enquête, assez brutale, jusqu'au lundi 30 juin 11h45. Entre-temps, le lecteur n'aura guère le temps de souffler en suivant notre trois protagonistes principaux.

Mais d'autres portes s'entrouvrent et le lecteur pourra s'immiscer dans le domaine des savants fous, des biologistes et chercheurs agronomes dans une exploration des organismes génétiquement modifiés pour des profits mercantiles. Bien entendu, le FBI n'est pas loin, et le lecteur ne sera pas déçu de se rendre compte que derrière l'agence fédérale, le gouvernement états-uniens joue un double-jeu. Enfin, et c'est une découverte pour moi, l'un des sujets traités est celui du syndrome de Beckermann, ou Trouble de la Personnalité Glissante, qui explique les motivations du tueur, et ce sans vouloir entrer dans des détails qui défloreraient trop l'intrigue.

Un roman qui n'a rien à envier aux formatés Américains, et qui promet de beaux jours à son auteur.

Ivan ZINBERG : Jeu d'ombres. Première édition : Editions Critic. Collection Thriller. Parution le 6 mai 2014. 510 pages. 20,00€. Réédition Editions Points. Parution 11 juin 2015. 504 pages. 8,30€.

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13 juin 2015 6 13 /06 /juin /2015 12:35
Jack EARLY : La mort dans l'art

Combien ce mannequin dans la vitrine ?

Jack EARLY : La mort dans l'art

Fortune, diminutif de l'italien Fortunato, Fortune est un détective privé et ancien policier.

Mais s'il a quitté son ancien métier, ce n'est pas à cause d'une blessure ou d'un renvoi, mais uniquement parce qu'il a hérité d'une somme d'argent assez conséquente.

En réalité il est détective par plaisir et parce qu'il faut bien s'occuper dans la vie, bien que la garde de ses deux enfants, suite à son divorce, lui procure pas mal de soucis et de travail.

Il vit à Soho, un quartier new-yorkais envahi peu à peu d'artistes et de boutiques dans le vent.

Or justement un jour, dans l'échoppe de vêtements sise en face de chez lui, en vitrine un mannequin fait plus vrai que nature. Mais un mannequin qui saigne de la tête, ce n'est pas vraiment normal. Il s'agit d'une jeune fille qui a quitté le domicile familial, à la recherche de son jeune frère, fugueur lui aussi.

Fortune est chargé par leur oncle de rechercher, primo le meurtrier de Jennifer, secundo, Patrick qui avait donné de ses nouvelles à Jennifer peu de temps auparavant et qui de nouveau a disparu.

 

Une enquête qui fera découvrir à Fortune des endroits et des personnages dont il ne soupçonnait pas l'existence. Il fera la connaissance d'une voisine, jeune femme, divorcée elle aussi, qui saura lui remonter le moral au bon moment.

 

Sous l'alias de Jack Early se cache Sandra Scoppettone qui écrivit également avec succès les aventures Lauren Laurano, détective privée lesbienne. Ses romans ont été édités au Fleuve Noir, et celui-ci a été réédité sous le même titre en 2003 mais sous le nom de Sandra Scoppettone, puis chez Pocket.

Jack EARLY : La mort dans l'art
Jack EARLY : La mort dans l'art

Jack EARLY : La mort dans l'art (A Creative Kind of Killer - 1984. Traduction de France-Marie Watkins). Série Noire N°2033. Parution janvier 1986. 256 pages.

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12 juin 2015 5 12 /06 /juin /2015 13:19

Hommage à Robin Cook, le Britannique, né le 12 juin 1931.

Robin COOK : Mémoire vive.

Le roman noir n'a pas pour objectif de distraire; sa fonction est d'informer la société sur certains de ses aspects en lui montrant la mauvaise image dans le miroir, l'image d'elle-même qu'elle refuse de voir comme l'ont fait Edwin Drood, Le Procès, Thérèse Raquin, Erostrate, Le grand Sommeil ou Les copains d'Eddie Coyle. On ne peut pas séparer le meurtre, le chantage et les représailles du reste de la réalité, car sinon, vous obtiendrez un résultat bâtard qui passera à côté de tout ce qui a une chance d'éveiller, même confusément, les sentiments et la conscience du lecteur.

 

Ce credo, cette profession de foi, Robin Cook va tenter de l'expliquer tout au long de ses mémoires cachant ses années de jeunesse, ses années d'errance derrière la pudeur de l'homme secret.

Certes Robin Cook parle de son enfance, de l'indifférence de son père, du non amour qu'il voue à sa mère, de sa scolarité à Eton et dans une école privée et de ses vagabondages.

Le refus de ressembler à son entourage lui ordonne de vivre différemment, à la recherche d'un Graal de liberté, de justice et de compréhension du monde et de l'humanité en ce qu'elle recèle de plus inquiétant.

Cook est un être torturé, déchiré, sensible. L'amitié, l'amour ne sont pas de vains mots. Il goûte à une joie simple, dénuée de toute hypocrisie. Du milieu huppé de son enfance à la maison d'ermite dans laquelle il vit maintenant la plupart du temps, ses incartades à peine évoquées avec la pègre londonienne, il tisse un voile pudique, s'étendant plus volontiers sur la mort. Celle de ses amis, des femmes qu'il a connu, la mort qu'il a côtoyé personnellement.

Il se réfère souvent à des poètes méconnus, mais également à Sartre ou à Orwell.

 

La lecture de Mémoire vive nous propose l'autre facette de ce grand échalas dégingandé, affublé d'un inamovible béret, à la faconde joyeuse qu'il affiche lors des réunions polardesques.

Le personnage public s'efface devant l'homme. Et l'on comprend le grand débat intérieur qui l'agite et transparait dans ses romans.

 

Robin COOK : Mémoire vive.

Robin COOK : Mémoire vive. Traduit de l'anglais par Jean Esch. Collection Ecrits Noirs. Editions Rivages. Parution décembre 1993. 338 pages. Réédition Rivages/Noir N°374. Parution novembre 2000. 10,65€.

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12 juin 2015 5 12 /06 /juin /2015 12:46
Marvin ALBERT : Le paradis des poulettes.

Le paradis accueille beaucoup de monde, n'est-il pas ?

Marvin ALBERT : Le paradis des poulettes.

Ilona, jeune fille d'origine hongroise, fausse compagnie à son ami resté sur son yacht et demande à Pete Sawyer de remettre un pli à Désiré Brissac.

Le destinataire du pli, lui aussi exilé hongrois, est un camarade de Pete, de même que sa femme Mireille qui fut le premier amour du détective. Lorsqu'il arrive chez Désiré, Pete butte sur Roland, un tueur à gages qu'il a déjà eu l'occasion de rencontrer.

Le Hongrois a disparu depuis quelques jours et Mireille est inquiète. Sawyer prend en charge la jeune femme et sa fille et se fait traduire par une amie la missive destinée à Brissac dans laquelle Ilona prévient l'immigré qu'il est en danger, à cause de son passé et de ses activités annexes de mercenaire. Sawyer rencontre ou téléphone à de nombreuses relations. Désiré est localisé. Blessé il s'est réfugié chez un toubib.

Pete se rend chez le docteur, aperçoit Désiré qui s'enfuit laissant derrière lui le médecin mortellement atteint et un tueur dans le même état. Sawyer est pris en filature mais il parvient à échapper à ses poursuivants. Les indications recueillies l'amènent à la famille Falicon, fort bien connue du milieu policier mais intouchable. La grand-mère, surnommée la Vieille Araignée, a monté une entreprise prospère spécialisée dans l'espionnage industriel, et le petit-fils a élargi ses activités en fournissant des armes et des mercenaires, à des pays africains.

 

La série des Pete Sawyer prend son rythme de croisière, c'est à dire qu'elle ronronne gentiment, et cette septième aventure de Pete Sawyer se déroule tranquillement, écrite par un auteur qui connait bien sa partition.

L'histoire est classique et ne vaut que par le regard porté par un Américain amoureux du Midi de la France qui se complait à distiller ses impressions sociologiques.

 

Il faut que tu apprennes à distinguer entre une fille de joie et une héritière qui donne la joie.

 

Curiosité :

Le Paradis des Poulettes est le surnom donné par une paparazzi à la Côte d'Azur. Ce roman est dédié aux gendarmes d'Eze et de Cap d'Aïl.

 

Marvin ALBERT : Le paradis des poulettes. (Bimbo heaven - 1990. Traduction de Simone Hilling). Série Noire N°2236. Parution juin 1990. 320 pages. 8,55€. Disponible sur le site de la Série Noire.

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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