Tremblez dans les chaumières, Fu Manchu revient !
L'ex-révérend père Eltham a décidé d'écrire ses pérégrinations du temps qu'il était missionnaire en Chine, et il soumet quelques bonnes feuilles à son ami le docteur Petrie. Ce passage dépeint la révolte des Boxers avec une précision étonnante, mais Petrie est mal à l'aise, quoique étant à l'origine involontaire de ce manuscrit. Eltham a perdu sa femme quelques années auparavant lors de cette guerre, et il n'a plus de nouvelles de sa fille Greba. Il vit avec une certaine Ursula et ayant jeté sa robe de bure aux orties il est devenu membre d'une secte théosophique, la Fraternité des Mages.
Le lendemain, après une nuit agitée, Petrie narre à son ami Nayland Smith sa rencontre avec Eltham. Nayland a eu lui aussi un passage du manuscrit sous les yeux et il ne veut pas qu'il soit publié. Cela pourrait réveiller de vieux démons, ceux du Fu Manchu et de ses sicaires du Si Fan. Ils décident de se rendre à Redmoat, le château forteresse où vit Eltham. Dans trois ou quatre semaines Noël fera le bonheur des enfants. Il a neigé et dans le parc se dresse un curieux bonhomme de neige. Curieux et macabre car il s'agit du cadavre d'Eltham, assassiné.
Smith téléphone à leur ami l'inspecteur Weymouth, puis visitent la bibliothèque. Des livres, principalement des bréviaires, des ouvrages religieux manquent sur les rayonnages. Soudain ils entendent du bruit à l'étage. Il s'agit juste d'Ursula Trelawney, la maîtresse d'Eltham et première femme à avoir été admise dans la secte et que certains membres considèrent comme la réincarnation de la fondatrice de la Théosophie. Ursula est jeune, belle... et nue. Elle tient négligemment une serviette de bain à la main. Entre la jeune femme et Smith de vifs propos sont échangés et tout à coup, plus personne. Enfin si, Smith est toujours là mais Ursula s'est évaporée. Les deux amis ouvrent la porte qui était derrière elle et ils se retrouvent dans une pièce décorée comme une fumerie d'opium. Ursula est allongée alanguie et semble les inviter. Il ne s'agit que d'une statue d'albâtre avec des pierreries remplaçant les yeux. Mais près de la femme se terre le serpent qui attaque nos deux compères. Ils ne doivent la vie sauve qu'à l'intervention de Weymouth.
Petrie est assailli de rêves nocturnes ayant pour sujet la belle Karamaneh dont il est amoureux mais qui est l'esclave de Fu Manchu. D'ailleurs Fu Manchu lui apparaît le mettant en garde, ainsi que Smith. Ils doivent absolument arrêter leurs recherches. Smith et Petrie n'en ont cure et ils se rendent chez Neville McBride l'éditeur qui doit publier le manuscrit d'Eltham. Ils assistent à une orgie organisée par McBride et Ursula (oui elle est là !) entre quelques hommes bien mis, des notables sans aucun doute, et une vingtaine de jeunes chinoises. Un peu plus tard dans le parc de McBride des cadavres déguisés en bonhommes de neige sont disposés comme autant de sentinelles.
Les ennuis continuent pour Petrie : rêves ou plutôt cauchemars récurrents dans lesquels Fu Manchu et Ursula prennent une part active. Eltham aussi, ou plutôt son fantôme, lui apparait et lui remet un pentacle en précisant que ceci pourrait lui sauver la vie. Mais en même temps il doit prononcer le mot Bismillah. Il est assommé à plusieurs reprises, participe à des aventures effrénées, retrouve la belle Greba dans letrain qui les conduit à Paris, la fille d'Eltham qui elle aussi est en proie aux agressions des membres du Si Fan et de leur maître le terrifiant Fu Manchu, Ils doivent rejoindre le fameux policier de la Sécurité Gaston Max mais dans le train qui les emmènent vers la capitale française, Greba manque d'être empoisonnée par un plat qui lui est servi. Le passager qui lui faisait face meurt dans d'horribles souffrances. Quand on vous dit qu'il faut se méfier de la restauration ferroviaire !
A Paris les mésaventures continuent. Thomas Valley, l'associé de McBride, lui aussi à la recherche du manuscrit s'invite dans leurs pérégrinations. Petrie et Gaston Max se rendent à Montmartre et plus précisément au cabaret du Lapin Agile, qui doit son nom au dessinateur de l'enseigne Gill, le nom de Lapin à Gill devenant rapidement celui de Lapin Agile. Entre la Fraternité des mages et les dacoits de Fu Manchu Petrie ne sait pas trop s'il y a alliance ou guerre entre deux factions. Mais les deux communautés s'acharnent à vouloir le faire passer de vie à trépas.
William Patrick Meynard reprend avec bonheur la suite des aventures et mésaventures de Nayland Smith, du Docteur Petrie et de leur ennemi juré Fu Manchu. L'esprit est là, le rythme aussi, peut-être même encore plus effréné que dans les romans de Sax Rohmer, seuls quelques petites réflexions par-ci par-là dues à divers protagonistes lui donnent un ton actuel.
Tous les moyens sont bons pour Fu Manchu et ses sicaires pour contrecarrer les enquêtes des deux amis. Le moindre n'étant pas l'hypnose subie par Greba, la jeune femme tentant de se débarrasser de Petrie à l'aide d'une hache. Heureusement Gaston Max se trouve sur place fort à propos. Et William Meynard joue avec les personnages créés par Sax Rohmer puisque Gaston Max est le héros d'autres aventures indépendantes de la série Fu Manchu.
Son attirance pour Karamaneh joue des tours pendables à Petrie, malgré les avertissements de Smith : L'amour est une voie de souffrance, et il signifie la défaite de l'homme depuis le jour où lui a fait goûter au fruit défendu dans le jardin d'Eden. Pourtant il a tenté à plusieurs reprises de convaincre Fu Manchu de libérer Karamaneh et de les laisser convoler ensemble, et de ne plus jamais croiser son chemin avec le bandit. Refus catégorique du terrible Chinois : Le moucheron ne peut promettre de ne plus troubler l'éléphant.
Gaston Max possède son opinion sur la nature humaine : L'homme est le même partout, qu'il soit Français, Anglais, Africain... Seule change sa couleur de peau, jamais son cœur. Il passe son temps à se chercher toutes les raisons pour dominer ses semblables. Une nation l'emporte sur une autre nation, une religion en surpasse un autre...
Et de nombreux conflits auraient pu ou pourraient encore être évités si les religions et surtout ceux qui se montrent intégristes ne s'obstinaient pas à vouloir imposer leurs idées. Combien de fois au nom de Dieu, quelque soit le nom qui lui est donné selon les langues, des guerres ont été déclenchées, n'apportant que le malheur et la désolation, bafouant en cela même le principe religieux de la tolérance.
William Patrick MAYNARD : La terreur de Fu Manchu. Traduction de Martine Blond avec la participation de Jean-Marc Ligny. Préfaces de Xavier Mauméjean et du Dr Lawrence Knapp. Bibliographie d'Alain Sprauel. Collection Noire N° 59, éditions Rivière Blanche. 304 pages. 20,00€.