Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !

Serge JANOUIN-BENANTI : Les trains du crime.

trains-du-crime.jpg


Les incidents qui émaillent les faits-divers concernant la SNCF, qui à l’origine étaient des compagnies ferroviaires privées, ne datent pas d’aujourd’hui. Des incidents comme les retards dus à des problèmes techniques, à des actes de malveillance, à des sabotages, les vols, les agressions dans les voitures de voyageurs ou d’employés, plus ou moins rugueuses et qui se terminent parfois par mort d’homme, tout ceci existe depuis les la construction des premières voies ferrées. Serge Janouin-Benanti recense en treize nouvelles romancées, issues d’incidents ayant réellement existés, quelques uns de ces épisodes qui ont marqué pendant plus de cent ans l’univers ferroviaire.


Ainsi dans Pas de rails chez moi !  qui se déroule au début des années 1830 nous assistons au combat entre une vieille fille, la demoiselle Dumarest, et les représentants de la Compagnie du chemin de fer de la Loire lors de la construction de la troisième ligne réalisée en France entre Andrézieux et Roanne. Déjà se retrouvent tous les ingrédients qui aujourd’hui tiennent une place prépondérante dans notre société et deviennent générateurs de conflits sociaux : l’expropriation, les propriétaires non indemnisés, les mariniers en colère, le train devenant une concurrence au transport fluvial. Mais l’un des administrateurs est persuadé « que le progrès social passe par le progrès technique ».

Première malle sanglante, la plus longue nouvelle de ce recueil, est une enquête à double inconnue. Une malle contenant le cadavre d’une femme a été oubliée dans une gare de la ligne Mulhouse-Strasbourg. Il était enfoui sous des linges, et afin de caler le corps le meurtrier l’avait amputé des deux jambes. Pour le commissaire Roata, le problème consiste non seulement à découvrir le criminel mais également l’identité de cette femme.

A bas le chemin de fer !  se déroule fin février 1848, alors que le petit peuple s’enflamme contre Guizot, qui refuse les réformes électorales et qui devant les revendications du prolétariat déclare « enrichissez-vous ! ». Sans pour autant préciser s’il faut travailler davantage. Excédés les ouvriers se rebellent et vengent en détruisant des lignes de chemin de fer, des gares de la proche banlieue parisienne et des ponts. Car là aussi, ils pensent que le train est source de destruction d’emplois.

Le train des plaisirs nous offre une autre (ré) jouissance des bienfaits charnels du chemin de fer. Mais là ou le bât blesse, c’est lorsque les deux personnages incriminés sont une jeune femme réputés pour sa pudeur et un responsable de l’ordre des capucins partis en guerre contre les livres qu’il juge licencieux et qu’il brûle sur la place publique.

Dans Assassinat en wagon, il s’agit d’un ancien prisonnier qui pense gagner sa vie en détroussant des voyageurs solitaires dans les voitures de 1ère classe, tandis que Affaire d’état qui narre aussi l’assassinat d’un voyageur, va plus loin puisque le défunt n’est autre qu’un préfet de l’Eure qui convoyait de l’argent afin d’indemniser sur des fonds issus de la caisse noire du ministère de l’Intérieur des candidats à la députation. Ce qui engendre naturellement un scandale. D’autant que ce préfet était réputé pour sa propension à dilapider la fortune familiale entre les jeux et ses maîtresses. Survolons allègrement les décennies et rendons-nous durant la seconde guerre mondiale, pendant la résistance en 1942, alors que les cheminots favorisent les passages à la frontière d’Espagne de résistants et autres, désirant quitter le sol français et gagner l’Angleterre, dans cette nouvelle intitulée Sacrifice ultime et dont l’héroïne, Colette, voyage en vélo, ce qui nous ramène légèrement à « La bicyclette bleue » de Régine Deforges.


Dans ces treize nouvelles qui parcourent une période allant de 1832 à 1942, Serge Janouin-Benanti nous emmène à la rencontre de faits-divers qui se sont réellement déroulés, en leur donnant une saveur historique et des relents d’escarbilles, avec des épilogues qui ne sont pas toujours en faveurs des enquêteurs. Treize nouvelles qui ont alimenté l’imaginaire d’auteurs de romans policiers et parfois suppléé à leur inspiration.

 

A lire du même auteur : Si ce sont des hommes... et  Les empoisonneurs, 13 affaires criminelles.


Serge JANOUIN-BENANTI : Les trains du crime. Treize affaires criminelles ferroviaires. Editions L’Apart. Collection Crimes et Mystères. 390 pages + 16 pages iconographiques en noir et blanc. 22€.

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article