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18 octobre 2013 5 18 /10 /octobre /2013 10:03

Moi, je préfère les caves à vin ! Et vous ?

 

cave charbon


Quoi de mieux que la retraite pour s'adonner enfin à ses plaisirs favoris, comme la lecture et la musique. Eventuellement à la déambulation pédestre, exercice favorable par ailleurs pour résorber une légère prépondérance à une surcharge pondérale.

Tel est le programme concocté par l'ex-inspecteur Wexford qui a pris sa retraite depuis six mois. Deux faits insignifiants, en apparence, vont toutefois bouleverser le bon ordonnancement de ses loisirs.

Le premier résulte de la proposition de Sheila, la fille de Wexford et de Dora son épouse, de venir loger dans le pavillon de cocher qu'elle possède dans sa demeure londonienne de Hampstead. Wexford, qui, lorsqu'il était à Kingsmarkham n'aimait pas marcher, a découvert qu'en flânant dans les rues de Londres il pouvait s'intéresser à beaucoup de chose, les façades des maisons, visiter les musées, par exemple. C'est ainsi qu'il rencontre lors d'une de ses déambulation Tom Ede, aujourd'hui commissaire et qu'il a connu trente ans auparavant lorsque le policier débutait dans la profession.

Le second fait réside en l'achat d'une amphore en Italie afin de remplacer le vieux demi-tonneau qui sert de bac à fleurs sur le dallage de leur luxueuse demeure de Saint John's Wood, Orcadia Cottage. Rokeby accède à la demande de sa femme, et la curiosité aidant, en déplaçant le bac devenu inutile, il découvre une plaque d'égout. La soulevant, il aperçoit au fond du trou des cadavres. Quatre au total, deux hommes et deux femmes. Il appelle tout naturellement les policiers et le légiste déclare que trois corps résident là depuis douze ans environ, la dernière femme depuis trois ans à peu près. Rokeby n'est propriétaire que depuis quelques années et il avait envisagé des travaux sous le patio, la construction d'une pièce souterraine, une idée vite abandonnée.

Wexford, qui attendait secrètement un appel téléphonique de Tom Ede est soulagé lorsque celui-ci le contacte lui proposant de l'aider. Wexford ne peut reprendre du service, aussi il sera considéré comme un conseiller spécial. Les deux hommes visitent Orcadia Cottage, et Wexford remarque qu'une porte située à côté de la cuisine et menant à la cave à charbon a été murée. Ils s'en rendent compte en passant par le trou sous la plaque d'égout.

Drôle de couple que formaient Harriet et Franklin Merton. Franklin avait divorcé de sa femme Anthea pour se marier avec sa maitresse Harriet. Ce mariage dura vingt trois ans, mais cinq seulement en cohabitation. Puis Franklin divorça à nouveau pour retourner vivre avec Anthea. Harriet avait la propension à coucher beaucoup, surtout avec des petits jeunes. Merton était parti sans rien dire, puis lorsqu'il voulu localiser Harriet à la demande d'Anthea, celle-ci avait disparu, en emportant ses vêtements et ses bijoux les plus coûteux. Mais les policiers ne connaissent pas encore cette histoire, Ruth Rendell ne la dévoilant au début qu'à ses lecteurs.

Revenons à nos cadavres pour signaler que les policiers découvrent dans la poche d'un des hommes des bijoux, un bout de papier sur lequel est inscrit Francine, puis en français La Punaise suivi d'un numéro à quatre chiffres. Les dentures de trois des cadavres, les plus anciens, sont sérieusement abimées.

En compagnie de Tom Ede, Wexford rencontre Anthea Gardner, qui vit dans les Boltons. Elle s'était remariée avec Robert Gardner, et lorsque celui-ci est mort, retrouvant par hasard Franklin, elle s'était remise avec lui. Mais elle n'a jamais eu l'occasion de rencontrer Harriet. D'après une voisine, Harriet serait partie avec un jeune d'une vingtaine d'années du nom de Kenneth Hill, ou quelque chose comme ça. Lors de l'enquête de voisinage, une voisine, répondant au Edsel-Corsairnom de Mildred Jones, qui est en voyage en Afrique du Sud et à qui ils ont téléphoné se rappelle très bien, mais approximativement, de ce Keith Hill, qui habitait à Liphook, et roulait à bord d'une Edsel jaune tirant sur le vert. Rentrée de voyage, elle indique à Wexford que La Punaise, Pin en anglais et les quatre chiffres correspondaient à un mot de passe, peut-être d'une carte bancaire. Il ne reste plus aux policiers à remonter la trace de cette voiture de collection. Selon l'un des garagistes spécialisés dans ce modèle, le véhicule pourrait appartenir à un certain Gray ou Greig, que le jeune homme lui aurait dit que c'était celle de son oncle mais l'homme en doute.

Wexford, quelque peu délaissé par Tom Ede, effectue des allers retours entre Londres et Kingsmarkham. Son autre fille Sylvia, divorcée et vivant avec sa fille Mary est agressée par un inconnu. Il lui plonge un couteau dans la poitrine évitant le cœur de quelques millimètres et est parti avec le véhicule de la jeune femme, ne s'emparant ni du sac à main ou autres objets.

 

L'enquête s'étire en longueur, les témoins, ou ceux qui pourraient éventuellement apporter des précisions, étant récalcitrants. Ils ne délivrent leurs informations qu'au compte-gouttes, se souvenant après coup de petites informations qui peuvent se révéler capitales dans les recherches. D'autres se présentent spontanément aux policiers, Wexford assistant aux déclarations, mais ils s'avèrent que ce sont des mégalomanes. De témoignage en témoignage, auprès d'ouvriers, d'entreprises, d'architectes ayant été susceptibles d'avoir eu la possibilité de se rendre à Orcadia Cottage à un moment ou un autre, Wexford parvient à reconstituer le dédale des années. Il faut se montrer patient, tourner comme dans un labyrinthe afin d'apercevoir la porte de sortie, espérer sans trop l'attendre un coup de pouce du destin. Les fausses pistes et les hypothèses, souvent vaines, ponctuent cette enquête qui s'étire en longueur. Et Wexford a en outre les problèmes familiaux de sa fille Sylvia à régler. Lorsque les trois cadavres sont identifiés et que Wexford a défini le processus qui les a amenés à être placés dans cette cave, il ne reste plus qu'à comprendre comment la femme plus jeune est arrivée en leur compagnie.

Le parcours de cette jeune femme que reconstituera Wexford est particulièrement touchant et émouvant, en phase avec l'actualité. Et il est surprenant dans cette histoire que pratiquement tous les couples ont rompu, avant le mariage, ou ont divorcé, que les époux sont décédés, des familles décomposées mais pas forcément recomposées.

Tom Ede s'exprime par des poncifs, lesquels agacent prodigieusement Wexford. Mais il se rend compte lui aussi est amené à en émettre parfois, à son plus grand déplaisir. Son statut de conseiller qui lui a été attribué par Ede, lui fait penser à ces détectives amateurs, qu'il aimerait bien devenir, Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Lord Peter Wimsey, Albert Campion, Roderick Allen... Et dans les démarches qu'il entreprend, entre deux séjours à Kigsmarkham et ses rencontres avec son ami Mike Burden, le commissaire de la petite ville, Wexford est accompagné dans ses démarches d'une policière, le plus souvent Lucy Blanch, une agréable jeune femme qui ne se montre pas arrogante.


Ruth RENDELL : La cave à charbon (The Vault - 2011. Traduction d'Isabelle Maillet). Editions des Deux Terres. Parution le 2 octobre 2013. 320 pages. 21,50€.

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commentaires

S
Bonjour Paul.<br /> Le titre original de "Sage comme une image" est "A Sight For Sore Eyes" (1998). Il n'est pas rare qu'un auteur prolixe reprenne la trame d'une même histoire. Les grands ancêtres (Hammett, Chandler<br /> et ,en SF, Van Vogt) ont ainsi "cannibalisé" certaines de leurs nouvelles pour les transformer en romans.<br /> Prolixe, Ruth Rendell l'est indéniablement. D'où des textes forcément plus faibles. Parfois, des longueurs comme tu le soulignes ici. Mais, dans ce que je connais d'elle, rien de médiocre. J'ai lu<br /> cet été "Un amour importun", le premier Wexford/Burden. Déjà des qualités d'écriture, une intrigue élaborée, une finesse psychologique. Et Ruth rendell aborde un théme gonglé dans l'Angleterre de<br /> 1964: l'homosexualité féminine.<br /> Mais là où elle est à mon sens la meilleure, c'est dans le registre de la nouvelle. Je l'ai découverte dans les colonnes du "Mystère Magazine" des années 70, avec des textes courts regroupés<br /> ensuite pour la plupart dans "Ces choses-là ne se font pas" (Le Masque), un de mes livres de chevet...<br /> Amitiés.
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O
<br /> <br /> Bonjour Serge et merci pour ce complément d'enquête. Je pensais aussi à Ed Mac Bain qui a cannibalisé certains de ses nouvelles, mais bien sûr aux grands anciens que tu cites.<br /> <br /> <br /> J'aimais beaucoup Rendell dans les années 80/90 puis je l'avias quelques peu oubliée. Sous le nom de BarbaraVine également, même si ses romans étaient plus psychologiques et donc trainaient en<br /> longueur. Celui que je préfèreest peut-être L'Analphab^te adapté au cinéma avec Isabelle Hppert et Sandrine bonnaire. MAis jene l'ai pas vu car comme tu le sais je ne suis pas cinéphile<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
D
L'histoire de trois des personnes qui ont fini en cadavres emmurés à Orcadia Place, est racontée dans le roman " Sage comme une image" (qui n'est pas une enquête de l'inspecteur Wexford) ;j'ai<br /> chroniqué ce roman. Pour le quatrième, j'en ignorais l'existence.
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O
<br /> <br /> Bonjour Dominique<br /> <br /> <br /> Je ne connais pas Sage comme une image, mais d'après ce que vous en dites, il se pourrait que la cave à  charbon (The Vault en anglais et donc à vérifier avec le titre de Sage comme une<br /> image) pourrait être une nouvelle version enrichie.<br /> <br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> <br /> <br />

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