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7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 07:18

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En mars 1914, à Saint-Pétersbourg, les meurtres se suivent et se ressemblent. Presque. Deux hommes abattent froidement dans la rue un nommé Goulko, le premier utilisant un revolver, l’autre achevant le travail avec un couteau. D’autres meurtres sont ainsi perpétrés, dont celui de Yastrebov.

De nombreuses conjectures sont avancées. Le nom des soi-disant brigades combattantes du Parti socialiste-révolutionnaire, mais également les Centuries noires, des agents allemands, ou même un mari jaloux pourraient être à l’origine de ces crimes. Beaucoup d’hypothèses, mais rien de bien avéré. Les regards sont surtout tournés vers le prochain tournoi d’échec qui doit se dérouler traditionnellement dans la cité.

Rozental, considéré comme un vainqueur potentiel, mais atteint d’instabilité psychologique, devient le client du psycho-neurologue, le docteur Spethman, à la demande d’un ami commun, le violoniste international Kopelzon. Spethman est veuf depuis quelques mois et vit avec sa fille Catherine, âgée de dix-huit ans. Et ce n’est pas sans surprise que celui-ci voit débarquer un jour un policier du nom de Lychev, qui l’accuse du meurtre de Yastrebov. Le jeune homme, un étudiant, détenait parmi ses papiers une carte de visite au nom du psychanalyste. Spethman et sa fille déclarent ne pas connaître ce personnage, aussi Lychev, qui n’est pas convaincu, revient chez eux avec la tête du mort plongée dans un bocal de formol.

Commencent alors les ennuis pour le docteur et fille. Deux individus s’introduisent dans son cabinet, dérobant le dossier Rozental, puis Spethman et Catherine sont emmenés en prison, où Lychev tente de les faire parler. En vain. Ils sont relâchés mais toujours sous surveillance, malgré les interventions du père d’Anna, une jeune femme qui bientôt finit sur le canapé de Spethman. Malgré les assertions de Lychev, qu’il n’avait pas voulu croire, le docteur à la désagréable surprise d’apprendre par sa fille qu’elle couchait avec Yastrebov. Pas pour l’amour, mais pour le sexe a-t-elle soin de préciser. Débute alors pour le lecteur une passionnante mais terrible partie d’échecs, au propre comme au figuré. Spethman n’est qu’un pion entre divers adversaires qui se succèdent, ou s’interférent, se bousculent autour de cet échiquier dont les pièces représentent crime et amour, politique et psychanalyse. Et de pion il doit se transformer en grand maître pour conclure une partie acharnée, dont l’issue oscille entre les divers camps.

De ce roman dont l’histoire se déroule quelques mois avant le début de la Première guerre mondiale, et quelques années avant la chute du régime tsariste et la révolution bolchevique, on retient surtout cette aversion non déguisée des Russes pour les Juifs, et principalement envers les Juifs polonais. Une haine, une répulsion, une hostilité qui se retrouvera quelques dizaines d’années plus tard et dont nous connaissons aujourd’hui encore les méfaits par gestes et paroles, atteintes physiques à la personne et déclarations tapageuses. Une chasse aux sorcières qui se perpétue aujourd’hui, à la plus grande honte de tous. Les non initiés comme moi au jeu d’échec ne seront pas perdus, quant aux amateurs, ils se délecteront avec la partie en cours et trouveront peut-être une solution avant l’épilogue.


Ronan BENNET : Mat. (Traduction de Danièle Mazingarbe. Réédition de Sonatine Editions – 2009). Editions Pocket. 352 pages. 7,20€.

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O
Saint-Petersbourg<br /> <br /> Saint-Petersbourg, situé au nord-ouest de la Russie, est la plus grande ville du pays. Fondée en 1703, Saint-Petersbourg prit, de 1914 à 1924, le nom de Petrograd, puis devint Leningrad de 1924 à<br /> 1991, avant de retrouver son premier nom.<br /> <br /> Saint-Petersbourg, capitale culturelle de la Russie, est riche de monuments grandioses qui témoignent de son prestige architectural et artistique. En séjour à Saint-Petersbourg, vous pourrez avoir<br /> une vue d’ensemble de ces monuments en vous promenant le long des canaux qui traversent le centre historique, comme le canal Griboïedov et le canal Zimni, qui offrent de magnifiques balades au<br /> milieu de rues larges et aérées et de bâtiments colorés et propres.<br /> <br /> Engagez-vous aussi dans la Perspective Nevsky, l’avenue principale de Saint-Petersbourg et la plus animée de la ville, essentiellement dédiée aux boutiques et magasins. Vous pourrez la longer en<br /> partant du célèbre Palais d’Hiver et en marchant jusqu’au monastère Alexandre Nevsky, héros national. Vous y découvrirez de nombreux styles architecturaux, des églises, des palais, parmi lesquels<br /> le palais Stroganov de Rastrelli, érigé dans un magnifique style baroque.<br /> <br /> Le Palais d’Hiver est l’un des monuments incontournables de Saint-Petersbourg. Cet ancien palais impérial, construit au XVIIIe siècle dans un style baroque, abrite aujourd’hui le musée de<br /> l’Hermitage, qui est aussi le musée le plus vaste du monde. Vous pourrez également admirer l’architecture du théâtre Mariinsky, où se tiennent opéras, concerts et ballets. Construit au XIXe siècle<br /> en l’honneur de....LIRE LA SUITE ICI http://saintpetersbourg.fr/
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O
<br /> <br /> Merci Olga pour toutes ces précisions. Je ne voyage pas beaucoup, uniquement en France, et surtout grâce à mes lectures. Je suis casanier mais j'aime quant on m'apporte des informations qui<br /> cultivent mon imaginaire<br /> <br /> <br /> Merci et à bientôt<br /> <br /> <br /> <br />
A
Un roman historique, finalement.
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O
<br /> <br /> Dans un contexte historique, c'est vrai Alex.<br /> <br /> <br /> <br />
P
je ne connais rien aux échecs mais je note quand même ce titre.<br /> la chasse aux sorcières existe toujours, il faut être encore et toujours vigilants,c'est épuisant mais là commence une sorte de résistance car bien des gens "bien" sous tous rapports ont encore ces<br /> sentiments de rejet, de haine de l'autre.
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O
<br /> <br /> Moi non plus Pyrausta, je ne connais rien aux échecs, mais ce n'est qu'un élément du récit. Quant aux chasses aux sorcières, ou ceux qui sont considérés comme telles, je te conseille de lire ma<br /> chronique sur Le double visage du Dr Karl Roos posté il y a deux ou trois jours. Edifiant avec un aparté de mon cru.<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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