Bon anniversaire à Romain Slocombe, né le 25 mars 1953 !
Harold William Gray est un photographe d’art, particulièrement attiré par l’esthétique japonaise dans la pratique du bondage, ou pour parler plus crûment du masochisme. Il rencontre une jeune Japonaise, Sayoko Murakami, photographe elle aussi, qui s’intéresse à ses travaux. L’action se passe en 2003.
John Terence Boyle est lui aussi photographe, correspondant de guerre. Il vient d’écrire un livre et narre à une journaliste ses avatars lors de la guerre qui opposait les Américains aux Vietnamiens, les épreuves qu’il a endurées, les images fortes qu’il a emmagasinées dans ses différents appareils photos, ses loupés, ce qu’il a ressenti, vécu, et ce qu’il a tenté d’exprimer au travers des instantanés qui ont jalonné son existence. Un parcours difficile mentalement et physiquement. Ceci se passait en1966 et sa relation avec la journaliste lors de la sortie de son livre, dont la couverture est ornée d’une des photos qu’il a prise, date de 2003. Un plongeon dans le passé qui extirpe des fantômes. Peut-être.
Quel peut être le lien qui relie ces deux histoires, sinon la photographie, une passion pour laquelle les chercheurs d’émotions sur pellicule donneraient leur âme au diable ? C’est ce que Romain Slocombe nous dévoile dans un roman photo, construit comme un document, où lettres, photos, souvenirs, chroniques s’imbriquent comme s’il s’agissait d’un reportage ou d’une confession. A part quelques passages qui peuvent choquer le lecteur non averti sur les pratiques sadomasochistes, et quelque peu leur apologie extrême-orientale, ce livre est à tout point de vue incomparable et le lecteur ne peut s’empêcher d’établir une corrélation entre les évènements qui se sont déroulés au Viêt-Nam durant les années soixante et la main mise américaine actuellement en Irak
Un roman, richement illustré de photographies, qui invite à réfléchir, plus profondément que ne peuvent le faire les maîtres à penser philosophiques cantonnés dans leur tour d’ivoire et qui jettent un regard d’entomologiste sur les réactions guerrière de leurs congénères sans avoir eux-mêmes mis la main à la pâte.
Un voyage entre Saïgon et Londres dont les étapes figurent les thèmes chers à Romain Slocombe exploités dans divers romans : le Japon et l'Asie en général, la photographie, le roman reportage, le masochisme et plus particulièrement le bondage qui est une pratique à vocation sexuelle dont le principe est de lier sa (ou son) partenaire à l'aide de cordes ou de chaînes.
Romain Slocombe : La Japonaise de St John’s Wood. Editions Zulma. Parution le 17 mars 2004. 140 pages. 15,30€.