Tilt !
La pluie qui tombe en abondance en cette fin de mois de septembre sur Cergy-Pontoise et ses environs n’arrange pas l’humeur du commissaire Stanislas Chimay. Sa vie familiale a été profondément perturbée et ses relations avec le nouveau commissaire divisionnaire sont particulièrement tendues. Pour autant les délits ne connaissent pas la trêve.
Sous une pile de pont enjambant l’Oise, des vêtements sont retrouvés. Pas déposés au hasard mais bien pliés. Après examen, il s’avère qu’ils appartenaient à une jeune adolescente de quinze ans disparue trois semaines auparavant.
Mais une autre affaire bouscule le commissariat, celle du gang des Mouse, des individus portant un masque de Mickey et dévalisant, torturant et tuant de braves personnes qui ne demandaient qu’à regarder tranquillement la télé chez elles. La routine.
Ce qui change de l’ordinaire, c’est bien le courrier sibyllin et anonyme reçu par Chimay à son domicile, ainsi que le message laissé sur son répondeur téléphonique. « Bonjour mister commissaire, un little game avec moi vous dirait-il ? » lui a proposé son correspondant au téléphone, tandis que le courrier comporte deux feuillets. Sur le premier est écrit « Ma proposition vous tente, mister cop ? Okay ! Voici le support du jeu, étudiez-le ». Est adjointe à la missive une photocopie du plan d’Auvers sur Oise.
Le corps de la jeune Laury est retrouvé près des berges de l’Oise mais selon les premières constatations elle serait morte suite à une strangulation opérée quelques jours auparavant. Et tandis que ses hommes courent après le gang des Mouse, Chimay doit répondre à des questions sous forme de Quizz énoncées par le Player, son correspondant anonyme qui lui téléphone aussi bien de portables volés que de cabines téléphoniques.
La première série de questions porte sur Van Gogh, le peintre qui a marqué de son empreinte la petite ville. Mais soit précipitation de Chimay dans ses réponses, soit vantardise de la part de Player, celui-ci revendique l’assassinat de Laury. Une seconde gamine est retrouvée quasiment dans les mêmes conditions et l’exploration des ordinateurs des deux jeunes filles apprend aux policiers qu’elles se connectaient sur site d’échange avec un dénommé Stetson. Chimay préfère jouer en solo dans son enquête sur la recherche de l’identité de Player mais il requiert toutefois les services d’une profileuse tandis que Carine, une journaliste locale essaye de renouer le contact avec lui.
Peintre, Roland Sadaune brosse son décor et son intrigue dans son département natal où il vit toujours. Il nous offre un tableau où le noir et le gris dominent, intérieurement et extérieurement.
Chimay, grand amateur de bières, vit avec des fantômes, ceux de sa femme et de sa fille décédées quelques années auparavant. Et pour préserver ses souvenirs toujours présents, il garde des objets qui font partie de son quotidien. Il porte deux alliances, les pantoufles de ses « femmes » sont placées près des siennes et autres réminiscences. C’est un homme bourru, vindicatif, soupe-au-lait, tenace, qui se moque de la hiérarchie pour mener à bien son enquête. Car il est convaincu que Player lui en veut personnellement et que le jeu proposé n’est pas dû au hasard. La confrontation avec un être insaisissable qui risque de tourner au drame, heureusement il peut compter sur une forme d’amitié de son adjoint qui effectue des recherches à sa place sans savoir de quoi il retourne. De tous petits indices vont se révéler déterminants et son opiniâtreté fera le reste. Un bon roman qui mériterait une plus grande diffusion.
Du même auteur lire : Le loup d'Abbeville et Deauville entre les planches.
Roland SADAUNE : Game Auvers. Val d’Oise éditions. 328 pages. 13,80€.
les hori 18/11/2012 16:31
Oncle Paul 19/11/2012 09:01
Patrick 18/11/2012 06:08
Oncle Paul 18/11/2012 11:52