Petit hommage, tardif, à Robin Cook, décédé le 30 juillet 1994.
Petit malfrat sans grande envergure, Le Bourdon a connu en prison un vieux pédé du nom de Grindlay, connu pour ses idées fascistes et leader du Parti Angleterre Forte Angleterre Libre. Si Le Bourdon décide d'adhérer à cette nouvelle donne politique montante et d'y associer son ami Spurmaway, c'est plus pour y trouver son content financièrement que par idéologie.
Mais au sein de ce parti les adjoints du Leader jugent celui-ci un peu trop mou, trop laxiste, prônant toute une série de mesures destinées à sensibiliser l'opinion publique. Un journaliste qui mange à tous les râteliers, vendant sa prose au journal le plus offrant s'insère dans ce micmac tandis qu'un jeune prostitué lui aussi exerce un chantage auprès du leader. Un policier qui appartient aux Services Spéciaux se lance dans la chasse aux fascistes mais incompris par ses chefs, il est catalogué comme cinglé.
Robin Cook a choisi la dérision pour écrire ce roman qui date de 1963, alors que la montée du fascisme en était à ses balbutiements. La dérision et l'humour, pour mieux peut-être sensibiliser ses lecteurs et avec un recul de trente ans, on s'aperçoit que notre auteur britannique avait écrit un roman prémonitoire. La causticité qui se dégage de cette œuvre et l'humour parfois pince-sans-rire, à la limite du burlesque, dénoncent des idées aujourd'hui banalisées. Et l'on se dit que ce qu'il décrit n'est pas possible, seulement il suffit de regarder autour de soi pour se rendre compte que Robin Cook n'a rien inventé, tout juste extrapolé avec justesse et intuition les années 90. Un roman léger qui nous change des dernières œuvres de Robin Cook qui s'attache avec une certaine morbidité à analyser le comportement de tueurs en série. Un livre rafraîchissant malgré le sérieux du contexte.
Les assidus de Robin Cook retrouveront Jenny Rofrio, duchesse par alliance, un personnage évoqué dans Crème Anglaise, le premier roman traduit en France en 1966 du plus français des auteurs britanniques.
Robin COOK : Bombe surprise. traduit de l'anglais par Jean Esch. Editions Joëlle Losfeld. Novembre 1993. Réédition Rivages Noirs N° 260. Janvier 1997. 256 pages. 8,15€.