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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 07:06

Quand la mer monte, j'ai honte, j'ai honte, quand elle descend...


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Le mythique 204 de la rue des Siliques à Bruges, là où est établie la Cellule spéciale de recherches, est en effervescence. Le déménagement pour de nouveaux locaux plus spacieux s’accompagne de petits tracas tels que ordinateurs déjà emballés, pièces vidées, mobilier réduit au minimum.

C’est dans cette ambiance qu’une jeune fille, Miriam Dobbelaere, se présente au commissaire Van In pour déclarer qu’elle a été victime d’un viol par un homme cagoulé. Le père, huissier de justice qui fait partie des notables de la cité, est en colère tout autant auprès de sa fille que des policiers. Et comme Miriam ne veut pas déposer plainte, Van In ne peut que laisser la jeune fille rentrer chez elle sans qu’il y ait une suite à l’affaire.

L’adolescente repousse toujours un éventuel examen gynécologique et désigne comme agresseur possible un homme qui porterait un tatouage sur le bras, tatouage qui est attribué à un certain Colombier, surnommé King-Kong. Mais le père Dobbelaere, sa femme l’a quitté depuis huit ans le laissant seul pour élever la gamine, est en proie à une fureur qui le guide depuis sa jeunesse ou presque. Il s’en prend violemment à Miriam. Résultat elle est transportée à l’hôpital pour des ecchymoses et surtout pour des marques suspectes autour du cou.

Dans le même temps ou peu s’en faut, le cadavre d’un homme est retrouvé enfoui dans le sable de la plage de Zeebrugge, petit port de pêche et balnéaire situé non loin de Bruges. Et ce n’est pas un suicide car seule la tête dépasse, la bouche est agrémentée d’un sparadrap et contient une balle servant dans les séances de sadomasochisme. Et quand les spécialistes le dégagent de sa gangue, ils s’aperçoivent qu’il a les pieds et poings liés. Il ne risquait pas de se faire la belle ou d’appeler d’éventuels secours. Un correspondant anonyme a prévenu la police judiciaire qui se présente en la personne de Bultinck, et Van In n’apprécie pas du tout que quelqu’un, fut-il de la PJ, à la réputation sulfureuse qui plus est, vienne piétiner ses plates-bandes, ou son carré de sable en l’occurrence.

Autre précision qui est apportée, Carlos Minne, le cadavre, aurait été vu dans la nuit en compagnie de Roger Daems, un importateur de bimbeloteries asiatiques. Or Daems a purgé une peine de prison quelques années auparavant, peine de prison écourtée, et il a monté sa boîte d’import du jour au lendemain, une entreprise florissante derrière laquelle pourrait se terrer un trafic juteux de contrefaçons. Carlos Minne quant à lui était ancien chef de cabinet adjoint au ministère de la justice et membre de la commission des mises en liberté conditionnelles. Chez lui, dans une pièce réservée uniquement pour son usage personnel, les enquêteurs trouvent une multitude de magazines pornographiques ainsi que des cassettes vidéo. Van In ne délaisse pas pour autant l’affaire Miriam Dobbelaere, et il subodore, à tort ou à raison que les deux affaires sont liées.

Si Maigret et son géniteur Georges Simenon sont présents à l’esprit du lecteur au début de l’intrigue, le lien entre Van In et le célèbre commissaire du 36 quai des Orfèvres est si ténu, qu’il se rompt au bout de quelques pages. Il y a bien une petite ressemblance entre les deux hommes : la boisson. Comme dit sa compagne, Hannelore qui prend une part active à cette enquête puisqu’elle est juge d’instruction, Van In est un boit-sans-soif. « Van In jeta un coup d’œil à la bouteille. De sa silhouette à l’étiquette, tout indiquait un bourgogne. Il préférait le bordeaux, mais ce n’était pas le moment de faire le difficile ».

Mais en ce mois de juillet, le soleil tape fort, et il faut le comprendre aussi, même si son adjoint et ami Guido Versavel se cantonne à l’eau. D’ailleurs Van In organise assez souvent des séances de travail en compagnie de Versavel à l’Estaminet, son bar favori. Lorsqu’il le faut Van In sait se montrer doux ou hargneux, humaniste ou vindicatif, et comme son chien, pourtant patelin, lorsqu’il a crocheté dans un os, il est difficile de le lui retirer. Il ne dédaigne pas non plus reluquer les belles jeunes femmes, mais ça cela entre dans le domaine privé. Pieter Aspe ne s’étend pas trop sur le côté touristique de la cité flamande, ni sur l’antagonisme qui existe entre les deux communautés belges, même s’il l’évoque. Il est plus prolixe sur la ville de Rome, qui accueille pour quelques heures Van In et consorts. Et comme tout bon romancier de littérature policière qui se respecte, il donne parfois de petits coups de griffe, genre : « Certains fonctionnaires sont ainsi constitués que, même s’ils sont indéboulonnables, ils ne peuvent pas s’empêcher de lécher les bottes de leurs supérieurs ». A moins qu’il s’agisse tout simplement de lucidité.


Pieter ASPE : La mort à marée basse. (Editions Albin Michel – 2010) Le Livre de Poche Policier/Thriller. 336 pages. 6,90€.

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commentaires

G
Oh la la!!! tu vas te fâcher avec les fonctionnaires toi...
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O
<br /> <br /> Mais j'en suis un ancien alors je sais de quoi je parle, mais ce n'est pas une généralité...<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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