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25 août 2012 6 25 /08 /août /2012 12:34

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Né le 24 avril 1942 au Havre, Philippe Huet se tourne vers le journalisme et entre en 1966 au Havre Presse, l’un des deux quotidiens de la ville. Puis en 1972 il passe à Paris Normandie, quotidien régional où il est successivement grand reporter puis rédacteur en chef adjoint. Il fait la connaissance de celle qui deviendra sa femme, Elizabeth Coquart, alors qu’elle était stagiaire de vacances et qu’il en était le chef de service. En 1989 il démissionne et Elizabeth alors directeur départemental adjoint des éditions de l’Eure en fera autant en 1993.

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Dès sa démission, Philippe Huet et son épouse envisagent d’écrire ensemble leur premier livre. Leur choix se porte tout naturellement sur Jacques Gaillot, alors évêque d’Evreux qu’Elizabeth, de par ses fonctions, suit depuis des années. Leur but est de permettre, grâce à un livre d’entretiens, de développer la pensée de Jacques Gaillot sur les sujets sensibles et souvent effleurés dans les médias. Cet ouvrage, Ma liberté dans l’église remporte un succès Bourvil.jpgde librairie important et sera suivi par d’autres ouvrages quelques années plus tard, signés Jacques Gaillot seul ou en commun : Chers amis de Partenia, Les cris du cœur… tous publiés chez Albin Michel. Le succès enregistré par ce premier livre les encourage à poursuivre dans cette voie et ils décident tout naturellement d’écrire la biographie d’un enfant célèbre du pays : Bourvil, ou la tendresse du rire, paru en 1990.

 

jour-fou.jpgIls ne s’arrêtent pas en si bon chemin et paraitront au fil des ans d’autres biographies ou documents : Le jour le plus fou édité à l’occasion du cinquantenaire du Débarquement (récits et témoignages de civils pris dans la tourmente du débarquement allié du 6 juin), Mistinguett, la reine des années folles (1996), Le monde selon Hersant en 1997 (grande figure de la presse dont l’ombre plane sur Nuit d’encre, le dernier roman paru en date de Philippe Huet).

 

Leur méthode de travail habituelle consiste à un travail d’enquête sur le terrain, interviews, recherches, étude de documents, qui s’établit conjointement. Ensuite, suivant un plan précis, ils se partagent les différents chapitres du bouquin, selon leurs affinités et leur sensibilité. Puis ils rédigent alors chacun de leur côté pour finalement remettre tout en commun. Ce qui leur permet de comparer leur approche du sujet et d’ajuster l’ensemble, aussi bien sur le fon que dans la forme (style d’écriture, cohésion du récit notamment).

 

hersantConcernant l’ouvrage sur Robert Hersant, Philippe Huet précise : même si notre méthode de travail n’a pas varié, le cas Hersant est un peu particulier. Au travail d’investigation habituel, s’est ajouté un vécu important. Ainsi le livre est-il émaillé d’anecdotes personnelles et de portraits mordants de ceux qui ont compté dans le groupe. Il y a de l’inédit à tous les chapitres ! Ce que nous avons voulu faire : non pas un ouvrage de spécialistes à l’intention exclusive des journalistes, mais au contraire un bouquin tous publics traité avec recul, et sous la forme d’un roman… La vie de RH n’en était-elle pas un ?

 

Philippe Huet n'oublie pas son passé de grand reporter et il écrit des romans noirs qui lui permettent de transposer des enquêtes qu'il a vécues en les imprégnant de l'atmosphère portuaire du Havre (Atmosphère, atmosphère...) et raconter la vie d'un localier lors de la mainmise de Hersant sur les journaux régionaux et la fusion du Havre Presse quai-oubli.jpget du Havre Libre. Lui et sa femme ont connu Hersant et subi sa façon de procéder. Ils étaient bien placés pour en parler, et bien en parler, à défaut d'en parler en bien. C’est ainsi qu’il crée Gus Masurier, le journaliste héros de ses premiers romans policiers. Gus c’est un peu lui, mais c’est un peu de chacun des fait-diversiers avec qui il a travaillé. Et pour ceux qui ont connu Le Havre dans les années 60, ils reconnaitront sans mal quelques épisodes réels. Par exemple, deux quotidiens concurrents de la ville du Havre se partageaient le lectorat. Hier rivaux et indépendants, ils étaient aujourd’hui jumelés. Plus que ça encore, siamois. Il s’agissait du Havre Libre et du Havre Presse. C’est ce qui l’a motivé pour démissionner. Aujourd’hui il y a confusion des genres. On mélange la presse avec le pouvoir. Il n’est pas rare de voir quelqu’un acheter un journal pour parvenir au fauteuil de maire. Philippe Huet ne se reconnaissait plus dans ce métier : Un matin, je me suis dit : Si je veux continuer à pouvoir me regarder dans la glace, il faut que j’arrête. Je ne veux pas devenir un notable. Je ne voulais pas me retrouver le soutier de rédacteurs en chef de pacotille.

 

bunker.gifQuai de l’oubli, son premier roman, est inspiré d’un fait-divers dramatique qu’il a traité dans les années 70 : trois policiers tués au Havre. J’ai décidé d’en faire un roman policier, ce qui m’a permis de dire souvent avec détachement ce que j’avais sur le cœur. Mon héros, Gus, peut prendre des distances alors que moi, je ne le pouvais pas : Je suis trop impliqué. Suivront La main morte (Grand Prix de littérature policière 1994), Cargaison mortelle, La nuit des docks puis d’autres romans ou recueils de nouvelles dans lesquels Gus n’apparait plus (l’exorcisme a-t-été salutaire ?) : Un jour sang, Les démons du comte, Souk à Marrakech… tous publiés chez Albin Michel. Après un petit passage poubellechez Rivages (Bunker, L’inconnue d’Antoine, L’ivresse des falaises) ou chez Baleine pour un Poulpe, La poubelle pour aller danser, dont l’histoire prend pour décor l’ouest Cotentin et son usine de retraitement des déchets nucléaires de La Hague, Philippe Huet revient chez Albin Michel avec Nuit d’encre, une nouvelle plongée dans le journalisme selon Hersant.

Depuis de longues années Elizabeth Coquart et Philippe Huet vivent dans le nord du Cotentin, non loin de Cherbourg, face à la mer, près de chez Didier Decoin et des jardins de Jacques Prévert.

Sources : correspondance personnelle avec l’auteur et Normandie Magazine n°104 de janvier 1993.

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