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15 juillet 2012 7 15 /07 /juillet /2012 15:37

violents.jpg

Les sanglots longs des violents de l'automne blessent mon cœur d'une longueur monotone et résonnent sur les arbres, les terrasses, les toits et la Tramontane s’en donne à cœur joie !

Je sais, ce n’est que de l’à peu près (je demande pardon à Paul Verlaine), mais ce n’est pas Gilles Sebag, inspecteur au commissariat de Perpignan, qui me jettera le premier vers, lui qui est habitué à détourner les proverbes, maximes et autres aphorismes. Genre, lors d’un repas, la pépie vient en mangeant. Un humour potache qui lui permet de mettre de côté ses petits problèmes familiaux et professionnels. Toujours hanté par une éventuelle infidélité de sa femme Claire, il est sollicité par sa fille Séverine pour s’immiscer dans une enquête non officielle. En effet Matthieu, le frère d’une de ses amies d’école, a été tué dans un accident alors qu’il roulait en scooter. Il a été percuté par une camionnette mais selon la sœur de Mathieu, tout n’est pas clair dans cet accident et les policiers jugent l’affaire close. D’ailleurs le conducteur de la camionnette, qui est un alcoolique avéré, jure qu’un véhicule blanc a brûlé un stop l’obligeant à dévier de sa trajectoire, engendrant l’accident malheureux et tragique. Sebag promet à sa fille d’étudier le dossier et voir s’il peut dénicher quelque chose qui infirmera les conclusions de ses collègues, durant ses temps libres. Seulement une autre affaire plus délicate requiert pour l’heure toute son attention.

Le cadavre d’un vieil homme, Bernard Martinez, d’origine pied-noir, a été retrouvé bâillonné, menotté, assassiné d’une balle dans la nuque. L’assassin a laissé ses empreintes un peu partout mais elles sont inexploitables car non recensées, non référencées. Détail intrigant, sur la porte d’entrée les lettres OAS ont été dessinées à la peinture noire. Pour ceux qui, comme le jeune inspecteur Lambert, ne connaissent pas le sigle OAS, cela signifie Organisation Armée Secrète, des militaires rebelles qui essaimèrent les attentats et les cadavres entre 1961 et 1962, voulant à tout prix que l’Algérie resta dans le giron de la France. Le meurtre remonte à une semaine.

stele_perpignan3-42c96.jpgUne stèle érigée, dans le cimetière du Haut-Vernet de Perpignan, où figure l’inscription "aux fusillés, aux combattants tombés pour que vive l’Algérie" ainsi que les noms des principaux chefs de l’OAS qui furent condamnés à mort après la signature du traité qui mettait fin à la guerre d’Algérie et conférait à ce pays son indépendance, cette stèle a été endommagée. Or tout comme dans la pièce où a été assassiné Martinez, un cheveu blanc est retrouvé dans les graviers par la police scientifique. Les premiers soupçons se portent sur une association de pieds-noirs et Sebag s’informe auprès du président ainsi que du trésorier. Ils affirment n’être en rien dans le meurtre et les dégradations mais les doutes subsistent. Il faut remonter le temps, envoyer un policier à Marseille afin que celui-ci se renseigne auprès d’un historien spécialiste de la guerre d’Algérie, effectuer un travail de recherche minutieux. D’autant qu’un deuxième cadavre est retrouvé mort, abattu par la même arme qui a servi à envoyé Martinez au pays de ces ancêtres. Presque, car il sera inhumé en France tandis que ces ancêtres reposent en Algérie. Une photo ainsi que l’apport non négligeable de témoignages vont permettre à Sebag et ses collaborateurs, Llach, Molina, Ménard et quelques autres, de remonter le fil d’une enquête particulièrement retorse. D’autant que Sebag n’oublie pas la promesse faite à sa fille.

Différents types de personnages gravitent dans ce récit, comme dans la vie courante : les profiteurs, les opportunistes, les idéalistes et ceux qui veulent protéger leur statut de victimes afin de se sentir vivants et non absorbés dans la masse. Une nostalgie qui confine à la mélancolie étreint les uns tandis que la vengeance anime les autres.

Sebag est en proie aux doutes : dans ses enquêtes, car il suit souvent ses intuitions alors qu’il ne possède aucune preuve pour étayer ses présomptions et ses soupçons. Les mêmes doutes concernent la fidélité de sa femme Claire, pourtant il n’a rien à lui reprocher mais il se pose des questions. Des questions d’ailleurs il s’en pose souvent, mais il est réceptif aussi. Ainsi, ce qui choquait le plus Sebag dans la France d’aujourd’hui, ce n’était pas l’indifférence ou l’égoïsme, c’était qu’on y trouve plus de donneurs de leçons que de donneurs d’exemple. Mais certaines tâches qui sont confiées aux policiers deviennent des routines auxquelles il a du mal à s’habituer. Le procès-verbal est à la réalité sensible et complexe ce que le camembert industriel est à la gastronomie normande.

Philippe Georget met l’accent sur une situation qui perdure, cinquante ans après les événements, celle des pieds-noirs et du rejet des métropolitains à leur encontre. Nés en Algérie, obligés de quitter leur pays, ils vivent en communautés et Albouker, le président des anciens d’Algérie explique cet état de fait. Il y a deux choses qui unissent encore aujourd’hui notre communauté. La première est l’amour de ce pays perdu. La seconde est l’incompréhension, voire l’hostilité des autres Français devant cet amour encore intact. Philippe Georget ne juge pas, il ne prend partie ni pour les uns ni pour les autres, il ne se pose pas en juge ou en avocat, il explique les conditions dans lesquelles évoluent ces expatriés ou exilés. Et comme le déclare l’un des protagonistes : En période de guerre, les repères et les valeurs ne sont plus les mêmes qu’en temps de paix. Quant tout est calme, c’est facile d’avoir des idées généreuses et de grands principes moraux. En période guerre, c’est une toute autre affaire… Vous avez quatre heures pour me rendre votre copie. Et vous pouvez vous inspirer des Bretons, des Auvergnats et autres représentants de l’hexagone obligés de quitter leurs régions afin de trouver du travail et qui ne sont pas toujours accueillis bras ouverts.

Mais l’intrigue, ou plutôt les intrigues qui s’imbriquent les unes dans les autres, n’est pas linéaire et le lecteur peut suivre en même temps quelques épisodes qui s’échelonnent de décembre 1961 à mai 1962. L’ombre du lieutenant Degueldre de sinistre mémoire plane sur ce roman tout comme dans le roman de Maurice Gouiran, Sur nos cadavres ils dansent le tango.

Que dire de ce roman : Philippe Georget confirme agréablement les espoirs que nous nourrissions en lui dans ces deux premiers ouvrages, et nous attendons avec une impatience nous déguisée sa prochaine livraison. Mais un livre de cette ampleur, de cette profondeur ne s’écrit pas en quelques semaines, il faut du temps pour construire une intrigue habilement maîtrisée et intégrer la vérité historique à la fiction.  

A lire sans retenue : L'été tous les chats s'ennuient et Le paradoxe du cerf-volant.

Philippe GEORGET : Les violents de l’automne. Collection Jigal Polar, éditions Jigal. 344 pages. 18,50€.

challenge régions

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commentaires

S
Bienvenue au Programme humanitaire Hôpital Dave Gray, conçu pour fournir aux participants un soutien qui permet aux personnes, les activités et services qui répondent aux besoins humains de plus en plus complexes et de l'assistance qui facilite le stress de la vie condition de difficultés. Faire un don de rein pour les nécessiteux et obtenir un précieux retours de 48,670,00 $ et vous sauver des vies. Dr. Dave Gray. Tel: + 91-8050773651. courrier davegray@davegrayhospital.com<br /> <br /> Je vous remercie.
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S
Bienvenue au Programme humanitaire Hôpital Dave Gray, conçu pour fournir aux participants un soutien qui permet aux personnes, les activités et services qui répondent aux besoins humains de plus en plus complexes et de l'assistance qui facilite le stress de la vie condition de difficultés. Faire un don de rein pour les nécessiteux et obtenir un précieux retours de 48,670,00 $ et vous sauver des vies. Dr. Dave Gray. Tel: + 91-8050773651. courrier davegray@davegrayhospital.com<br /> <br /> Je vous remercie.
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G
et moi aussi j attends sa prochaine livraison !!! (et le dénouement avec cette histoire concernant la femme de Sebag...)
Répondre
O
<br /> <br /> Mais il faut donner aux auteurs le temps de rédiger et à l'éditeur celui de publier. Tout comme toi je suis également impatient<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
G
J'avais raté cet article pour cause de vacances!! et dire qu'on parle de moi dans les commentaires...Oui j'ai fait une outrageuse promo à Georget ( tout ça parce que je suis tombée amoureuse du<br /> petit Pierre le boxeur du paradoxe du cerf-volant et je ne m'en suis pas remise!!)<br /> J'avais oublié cette phrase "ce qui choquait le plus Sebag dans la France d’aujourd’hui, ce n’était pas l’indifférence ou l’égoïsme, c’était qu’on y trouve plus de donneurs de leçons que de<br /> donneurs d’exemple." Elle m'a fait rire dans ton article et probablement aussi dans le roman.<br /> Il est temps que je découvre aussi ce fameux Gouiran (publié chez Jigal également).
Répondre
O
<br /> <br /> Merci Gridou ! J'aime ces petites phrases qui en disent plus que de longs chapitres. Quant à Maurice Gouiran, tout comme pour Fortin, La mort du scorpion, son nouveau roman, est prévu dans mes<br /> prochaines lectures...<br /> <br /> <br /> <br />
P
ah non j'aime!! J'adore même!
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O
<br /> <br /> Je peux continuer alors ?<br /> <br /> <br /> <br />
P
Ah!!! quel bel humour!!
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O
<br /> <br /> C'est un défaut ou une qualité (certains aiment, d'autres non) mais j'assume <br /> <br /> <br /> <br />
P
je connais des retraités bien plus actifs et impossibles à joindre que des "actifs" (je n'aime pas ce terme!! ça sous entend que les autres ne font rien ou même... pire...brr)
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O
<br /> <br /> Alors disons que je fais partie des rétroactifs...<br /> <br /> <br /> <br />
P
je pars le 25 et reviens le 11 Aout.<br /> Et toi? Pars tu?
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O
<br /> <br /> Non, je ne pars pas en vacances, pas le temps, et puis il parait que les retraités sont toujours en vacances !<br /> <br /> <br /> A bientôt nous aurons l'occasion de nous revoir avant ton départ...<br /> <br /> <br /> <br />
P
je vais tâcher de la faire avant mon départ.<br /> bonne journée Paul
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O
<br /> <br /> Tu pars en vacances ? Reposes-toi bien alors avec plein de bons romans dans les valises<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
P
j'en suis à son 1er. Oui, agreable découverte avec un flic qui se pose des questions sur la société.Ce n'est pas souvent que cela arrive!
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O
<br /> <br /> Et je pense que tu n'en resteras pas là... Bonnes lectures et au plaisir de lire ta chronique<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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