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25 novembre 2012 7 25 /11 /novembre /2012 14:59

L’Enfer d’un Paradis fiscal !

 

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Attendant d’être reçu par Monseigneur Di Roggero en son bureau du Vatican, le père Swift, Jonathan Swift, ressent l’impression d’incarner Gulliver au pays de Brobdingnag, le pays des géants, lui qui n’est qu’un modeste missionnaire dans une paroisse située au fin fond du Burkina-Faso.

Swift, dont son père Irlandais revendiquait une filiation lointaine avec l’auteur d’Instructions aux domestiques et L’art du mensonge politique, a connu avant de passer une quinzaine d’années dans la brousse un parcours chaotique. Proche de son père il n’a jamais aimé sa mère. A peine sorti de l’adolescence, il est devenu un activiste, un terroriste, recherché par la police. Il s’est réfugié dans un couvent puis, converti par un religieux, ayant trouvé sa voie dans la foi, il est devenu missionnaire en Afrique, sous une nouvelle identité. Et voilà qu’un haut dignitaire de l’église veut bien le réhabiliter, mais à une condition.

Sa mission, s’il l’accepte et il n’a guère les moyens de la refuser, est de démontrer que Lisa Lytton, la femme de René IV, décédée dans un accident de la route et ancienne actrice de cinéma ayant côtoyé les plus grandes stars masculines, ne possède pas la réputation de sainte que la Principauté de San Bernardo veut lui attribuer. Et donc de trouver le moyen de refuser le procès en béatification qui a été demandée auprès du Saint-Père.

La Principauté de San Bernardo est une île rocheuse méditerranéenne, un véritable paradis… fiscal. René IV, Renato pour les intimes, gère son domaine avec une apparente bonhomie, les affaires courantes de police et de sécurité étant confiées au colonel Ferrandi, ancien mercenaire responsable de la garde du Palais et Graglia responsable de la sécurité. Sans oublier Monseigneur Pippo, qui possède ses antennes au Vatican. Des antennes efficaces car il vient d’apprendre qu’un enquêteur doit venir sur l’ilot afin de déterminer si le procès en béatification est justifié. Il en informe immédiatement Renato lequel répercute le renseignement auprès de ses hommes de confiance et de sa secrétaire particulière. Parallèlement il a reçu un télégramme l’avertissant qu’un certain Jonathan Swift doit arriver. Or en effectuant des recherches il apprend que Swift a été amnistié de tout ce qui pouvait lui être reproché et même plus. Nonobstant tout doit être mis en œuvre pour intercepter en douceur le délégué du Vatican.

Swift a prévu que son arrivée comme diplomate du Vatican ne serait pas vue d’un bon œil. Aussi il demande à Marco, un de ses anciens compagnons, de l’accompagner à San Bernardo. Tous deux débarquent sur l’aéroport de San Bernardo, en s’ignorant, Swift habillé en banquier respectable, costume de marque, Marco en curé de brousse, soutane mitée et brodequins avachis. Tout naturellement Ferrandi et Graglia vont s’attacher à suivre les faits et gestes de Marco, tandis que Swift est accueilli au Palais par Renato.

Accueilli à bras ouverts même, car Renato et Swift sont cousins, et comme Swift est très riche, il a pu récupérer son héritage paternel en même temps que son amnistie, s’il pouvait placer une forte somme à la banque Espirito Santo, banque d’obédience religieuse dont une agence est implantée sur l’île, cela arrangerait le Prince.

Il est évident que toute ressemblance avec des lieux ou des personnages existant ou ayant existé serait purement fortuite et le lecteur qui oserait établir une comparaison devrait réviser son jugement sous peine d’excommunication.

Renato a perdu sa femme dans un accident de voiture, il a trois enfants, un garçon effacé, deux filles dont une est avide de la vie et conduit à merveille, sa principauté est un paradis fiscal, trouvez-vous une analogie avec quoi que ce soit qui pourrait faire les grands titres des médias ? Non, bien sûr.

Penchons-nous plutôt sur le personnage de Swift qui ressemble à s’y méprendre à un baroudeur et s’avère un homme distingué, distingué d’apparence mais distingué aussi par quelques personnes de l’entourage du Pape et de Renato. Et en bon héros de romans d’aventures, il picole sec (on devrait plutôt dire mouillé dans ce genre de situation, mais bon, passons). Il est abonné à la vodka, ce qui au lieu de l’inciter à se blottir dans les bars de Morphée, le tient éveillé certaines nuits. Et pour échapper à ses pensées, dont celles qui le ramènent à sa jeunesse lorsqu’il avait connu Lisa, il essaya de se réfugier dans la prière, mais l’alcool le faisait déraper comme si son cerveau tout entier n’était plus qu’une immense plaque de verglas sur laquelle ses pensées glissaient dans tous les sens et partaient en tête-à-queue chaque fois qu’il tentait de les retenir.

Dans ce roman cocasse et irrévérencieux, à prendre au premier ou au second degré selon les sensibilités des lecteurs, Patrick Raynal garde la fraîcheur d’esprit qui animait ses premières œuvres, et il use des métaphores pour garder une once d’humour dans un sujet qui pourrait être grave.

Il était aussi dépourvu d’humour qu’un pit-bull à jeun. Le genre d’image que vous pouvez placer n’importe où dans une conversation, en parlant par exemple de votre chef, du policier qui vient de vous dresser une prune, de votre belle-mère (en plaçant la phrase au féminin) ou toute autre personne à votre convenance.

Car il ne faut pas oublier que la réalité n’est qu’une hallucination provoquée par le manque d’alcool.

A lire également de Patrick Raynal : Nice-est


Patrick RAYNAL : Au service secret de sa Sainteté. Editions L’Ecailler. 288 pages. 17€.

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commentaires

C
Salut Paul<br /> Zut, pas repéré la sortie de celui-là, il faut que je me renseigne...<br /> Amitiés.
Répondre
O
<br /> <br /> Bonjour Claude<br /> <br /> <br /> Pour une fois que je te grille la politesse ! Mais toi aussi tu me fais repérer des ouvrages qui avaient échappé à mon oeil d'hibou et je trouve ça chouette.<br /> <br /> <br /> A bientôt donc<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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