Bon anniversaire à Patricia MacDonald née le 1er août 1949.
Après avoir passé douze ans en prison, Maggie Frazer trouve un emploi dans le journal local de Heron's Neck, petite île à une heure de la Nouvelle Angleterre. Emmet, le directeur, est absent. Des trois employés seul Jess, le rédacteur en chef, lui fait bon accueil. Les deux autres, Evy et Grace, font grise mine.
Evy, 18 ans, est secrètement amoureuse de Jess. Grace a peur que Maggie la supplante dans sa fonction de secrétaire. Maggie trouve un pavillon à louer mais aussitôt des distorsions se profilent dans sa vie quotidienne. Chez elle des objets changent de place. Alors qu'elle désire effectuer un achat, elle ne trouve plus son portefeuille et manque passer pour une voleuse.
Elle se refuse à répondre aux avances de Jess car elle se rend compte que cela peine Evy, mais succombe bientôt sous le charme du journaliste qui est divorcé. Elle ment mais cette attitude aggrave la situation. Owen, un photographe, est persuadé avoir déjà vu son visage. Lors d'une kermesse, elle propose de tenir un stand avec Evy et de confectionner un gâteau qui s'avère truffé de morceaux de verre. Elle soupçonne Evy de lui avoir joué ce tour pendable qui lui vaut l'hostilité de la population.
Sa liaison avec Jess lui rappelle un mauvais souvenir : sa liaison avec Roger, un homme marié, plus âgé qu'elle, et qui a été assassiné alors qu'ils rentraient après une escapade amoureuse au court d'un tempête de neige. Ce crime qu'elle n'a pas commis l'a conduite en prison. Elle ignore qu'Evy, qui vit avec sa grand-père infirme qu'elle maltraite, possède un dossier sur cet évènement. Roger n'était autre que le père de la jeune fille qui a décidé de se venger lors de la libération de Maggie. Evy enlève Jess à qui elle ne pardonne pas sa liaison avec Maggie et l'enferme dans sa cave en compagnie du cadavre d'Emmet. Elle a incité Maggie à venir dans l'île, en se faisant passer pour le directeur pour mieux exercer sa vengeance.
Ce roman gigogne, l'énigme principale découlant d'une autre énigme prépondérante dans le désir puis dans l'accomplissement d'une vengeance ruminée et transposée, contient également des éléments de psychanalyse freudienne avec l'attrait que ressentent les personnages féminins envers des hommes, mariés ou non, mais plus vieux, attrait issu d'un inceste frustré. Si le lecteur découvre, par les éléments disposés ça et là par Patricia Macdonald, le rôle d'Evy dans cette trame et son machiavélisme, il se demande toutefois si cette histoire peut aboutir dans une issue heureuse, sans être décevante. Un roman dont l'atmosphère nous rappelle quelque peu celle de William Irish, un compliment.
Patricia MACDONALD : Expiation. (The unforgiven - 1981) Trad. de l'américain : Roxane Azimi. Première édition Albin Michel, Spécial Suspense Aout 1996. 312 pages. Réédition Le Livre de Poche Septembre 1998. 320 pages.