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30 novembre 2013 6 30 /11 /novembre /2013 10:11

Attention au vertige !

 

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Vouloir comparer un romancier à l’un de ses pairs, de ses prédécesseurs, est facile dans l’idée du chroniqueur, surtout lorsque celui-ci veut démontrer le plaisir qu’il a pris à lire un ouvrage écrit par un auteur peu connu du grand public. Mettre en parallèle le style, l’atmosphère, l’intrigue, la force des personnages, les dialogues etc.  

Mais si pour le public cette façon de procéder lui permet de lire un livre qu’il aurait peut-être ignoré, n’est-ce pas frustrant, pour l’auteur qui désire posséder son identité propre, à créer son propre monde, sa propre image d’écrivain ? Vouloir à tout prix coller une étiquette comparative n’est bénéfique que si le résultat est positif.

Ainsi en lisant les romans de Pascal Garnier, je n’ai pu m’empêcher de retrouver une impression qui m’avait déjà effleurée avec Les Insulaires. Il y a du Simenon et du G.-J. Arnaud dans ces textes qui narrent des fêlures, pour ne pas dire des fractures, dans la vie quotidienne des personnages banals en apparence.

Eliette, veuve depuis quelques années, végète dans sa maison ardéchoise, n’ayant de relations qu’avec ses proches voisins, un couple sympathique de fermiers, et ses deux enfants, mariés et vivant au loin. Afin de préserver son autonomie elle s’est acheté une voiturette. Une petite vie tranquille, secouée de temps à autre par une libido de sexagénaire bien conservée. Juste de petites pensées qui traversent son esprit mais qu’elle repousse vite fait, par honte et en souvenir de son mari.

Un jour, alors qu’elle vient de crever au bord de la route, elle est dépannée par un homme qui lui-même est tombé en panne de voiture, quelques kilomètres plus loin. Elle lui offre l’hébergement. Un geste anodin qui l’entraîne dans des complications dont elle ne soupçonnait pas l’existence. Le lendemain matin elle apprend que l’un des fils de ses voisins s’est tué la veille en voiture et une jeune fille débarque d’un taxi, insultant et frappant son invité. Ce qu’elle prend pour une querelle de ménage n’est qu’une altercation entre père et fille.

Ce quadragénaire dont elle s’est éprise et dont elle ne connaît rien, n’est pas si blanc que ça. Et sa prétendue fille, qui l’est en réalité, est également son amante, pas par inceste mais par hasard. Une histoire de drogue plus quelques autres avatars dévoilés au fil des pages, font de cette histoire de dérapage mal contrôlé par les protagonistes, un roman à l’intrigue serrée et à l’atmosphère lourde, gluante, collant le livre dans les mains du lecteur qui ne peut s’en défaire avant d’être arrivé au bout de la dernière ligne.

 

A lire également du même auteur chez le même éditeur : La théorie du Panda et La Place du mort.

 

Pascal GARNIER : Trop près du bord. (réédition de Fleuve Noir et Zulma). Editions Points. Parution le 21 novembre 2013. 144 pages. 6,30€.

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commentaires

L
Bonjour Tonton Paul,<br /> J'ai beaucoup moins de temps pour écrire à tous mes correspondants mais je les suis attentivement.<br /> Trop occupé à ne rien faire (Ce que me répète Dulcinée)<br /> Je te souhaite un bon Noël et une belle année 2014.<br /> Le Papou
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O
<br /> <br /> Bonjour Papou<br /> <br /> <br /> Content de te retrouver après une longue absence...<br /> <br /> <br /> Moi aussi je te souhaite un joyeux noël et une bonne année 2014... avec plein de bons livres.<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
Y
Bonjour Paul, j'aime bien ce que j'ai lu de P. Garnier, avec une petite préférence pour Comment va la douleur ? et L'A 26. C'est finement écrit, et je suis assez d'accord avec toi, que comme<br /> Simenon (je connais moins GJ Arnaud, à tort) ce sont des romans d'atmosphère dans lesquels le contexte est très présent et les personnages très travaillés<br /> Amicalement,
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O
<br /> <br /> Bonjour Yv<br /> <br /> <br /> Des personnages très travaillés, comme tu écris et pourtant les romans sont assez courts. Pascal Garnier s'attachait effectivement à la psychologie de ses héros ou non-héros, d'une façon simple<br /> et efficace. L'A 26, comment va la douleur auxquels il faudrait rajouter Cartons, son dernier romanpsothume, La théorie du Panda, Lune captive dans un oeil mort, et combien d'autres....<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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