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Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !

Max OBIONE : Boulette.

Bon anniversaire à Max Obione né le 13 février 1944.

 

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Ce n’est pas parce qu’il ingurgite à forte d’innombrables bouteilles de bière, qu’il a perdu son esprit vindicatif et raciste. Au contraire. Essoufflé, les tuyaux de sa bonbonne d’oxygène greffés sur la lèvre supérieure en guise de moustaches, il arrive quand même à agoniser sa fille d’injures. Et il se joint au concert de récriminations de ses voisins lorsque ceux-ci vitupèrent contre les étrangers sans papiers et la lâcheté du gouvernement qui n’arrive pas à canaliser tous ces migrants en transit. Sa fille, qu’il appelle la Grosse, avec maman c’était moins pire, juste Boulette. C’était avant qu’elle décède et que les frangins ne viennent plus à la maison, parce que le père a remplacé la photo de Lénine par celle de Le Pen.

Ce soir là pourtant, le père est allé trop loin. Boulette, alors qu’elle allait procéder à une miction dans le jardin, entend du bruit. Elle est inquiète, pensant à un chenapan venu l’épier, l’espionner. Il n’en est rien. Juste un étranger, un Kurde, qui s’exprime comme il peut en anglais. Il a faim et Boulette tombe sous le charme de ce jeune homme qu’elle trouve beau. Un hélicoptère survole le quartier et les voisins sont agglutinés devant la porte d’entrée du père. Ils sont en train de fulminer contre ces étrangers qui n’hésitent pas à s’introduire chez eux, violer leurs femmes et leurs filles et je ne sais quoi d’autre.

Boulette est exaspérée et dans ces conditions là, on ne se contrôle plus. On fait des actes irréparables mais oh combien apaisants. Et avant d’inviter son nouvel ami chez elle, elle procède à un serrement de vis. M’enfin, les enfants aussi ont le droit de serrer la vis à leurs pères, surtout lorsqu’ils se montrent ignobles !

 

Max Obione s’inspire, non pas vraiment d’un fait-divers mais extrapole avec la noirceur qui caractérise ses romans sur le problème des réfugiés qui s’agglutinent autour d’un Sangatte aujourd’hui interdit. En quelques pages il nous raconte comment une vie peut basculer à cause de plusieurs éléments : le racisme de certains adultes face à des événements qui les dépassent, la pitié, l’émoi d’une jeune fille en butte à la cruauté parentale et qui découvre l’amour envers un jeune étranger, amour exacerbé par les virulences d’un père alcoolique, et d’autres facettes pas trop propres de ce racisme latent qui imprègne toutes les couches de la population, l’appât du gain aussi. En un peu plus de vingt pages Max Obione décrit en phrases courtes, en rafales staccato de mitraillette, cette histoire somme toute misérable, sauf en certains paragraphes dans lesquels les phrases s’allongent comme les langueurs océanes et les joutes amoureuses débutantes. Max Obione joue dans la sobriété, tout est dit avec force et il n’y a pas de passages superflus.

A lire de Max Obione : Gun, Le jeu du lézard, Scarelife, Ironie du short et Gaufre royale.

Voir également mon entretien en deux parties avec Max Obione.


Max OBIONE : Boulette. Collection La Porte à côté N°58. Editions Atelier In8. Parution février 2011. 32 pages. 4,00€.

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C
Salut Paul<br /> La vache, 70 au compteur pour Papy Max ? Et dire que je ne peux même pas lui envoyer un mot gentil, parce qu'il croit qu'on est fâchés. Comme si, dans ce cas ou hors SKA, deux barbus ne pouvaient<br /> pas s'embrasser fraternellement ! Ben ouais, y a de ces malentendus.<br /> Amitiés.
Répondre
O
<br /> <br /> Deux barbus qui s'embrassent ? Attention aux propos qui ne vont pas manquer de faire hérisser les poils de Nadine M. mon cher Claude<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
M
Mon cher Paul, touché que tu puisses souhaiter mon anniversaire. 70 balais, un bail et pourtant il me reste tant à faire ! La jeunesse ce sont les projets, c'est l'activité fournie comme la tienne.<br /> Je m'étonne et j'admire ta capacité à publier régulièrement des posts toujours de très haute pertinence. Avec toute mon amitié.
Répondre
O
<br /> <br /> Merci Max !<br /> <br /> <br /> <br />