Une aventure de Teddy Verano.
Désœuvré, Teddy Verano se promène nuitamment dans le treizième arrondissement parisien. Il distingue dans le brouillard trois individus avançant avec difficulté. Il suppose que l’homme encadré par ses deux compagnons est sous l’emprise de la boisson. Toutefois le flair du détective le pousse à suivre les trois silhouettes. Ce qui lui permet de prêter l’oreille aux propos tenus par les deux hommes soutenant le troisième, visiblement mal en point, alors qu’ils sont sur le point de l’embarquer à bord d’un véhicule.
Il entend une partie de la conversation où il est question du « baiser de la veuve ». Sa présence est décelée et les malfrats abandonnent ce qui se révèle être un cadavre horriblement transpercé de trous, comme s’il avait été blessé par de multiples coups de poinçons.
Verano averti immédiatement son ami l’inspecteur Farnèse. Peu après la veuve du défunt lui demande d’enquêter sur le décès de son mari. Si elle s’adresse au détective plutôt qu’à la police, c’est pour une double raison. Elle désire faire de révélations pouvant compromettre l’honneur de son ex, ensuite elle pense être suivie. Pourtant elle est sûre que son mari, quoique gravitant dans un milieu quelque peu marginal, n’était ni un voyou, ni un assassin.
Verano intercepte effectivement un homme qui tente de pénétrer chez la malheureuse veuve. Il lui propose un marché : il ne le dénonce pas si le truand lui révèle l’adresse de ses employeurs. Le soir même Verano se rend sur place. Un spectacle digne du grand guignol l’attend. Il découvre le cadavre du malfrat dégoulinant de sang. Un message signifie que Reine Herson, la veuve, subira le même sort s’il ne renonce pas à son enquête. En effet la jeune femme a été enlevée et Verano aura toutes les peines du monde à la sauver des griffes des criminels et à sauvegarder sa propre peau du « baiser de la veuve ».
Plus qu’un roman policier, Mille et unes blessures jour dans le registre gore dont les années 80 seront si friandes. Plus que l’enquête, c’est l’effet sanguinolent qui prime, pimentant l’aspect énigmatique. Quel est ce fameux « baiser de la veuve » ?
Le cadavre ruisselait de sang. Le bruit venait d’une hémorragie qui achevait de se produire, goutte à goutte. Sous la chaise, une véritable mare rouge inondait le plancher. Teddy se rua, souleva le corps pour découvrir le visage. L’homme portait les mille et unes blessures. Un des mystérieux poinçons l’avait atteint en plein dans l’œil. Et la paupière avait été crevée du coup, si bien qu’il n’y avait plus qu’un horrible trou dans l’orbite, ruisselant d’un filet de sang.
Ces poinçons proviennent d’une machine infernale digne des supplices hérités du Moyen-âge, plus particulièrement employée par les tortionnaires allemands et connue sous le nom de Vierge de Nuremberg. Une sorte de caisson en forme de cercueil dont les parois étaient tapissées de longues pointes qui s’enfonçaient dans les corps des suppliciés.
Le détective de l’étrange Teddy Verano, qui traverse toute l’œuvre de Maurice Limat, semble être apparu pour la première fois dans la collection Le Petit Roman d’Aventures des éditions Ferenczi, avec notamment Le mystère des hommes-volants (1937) et Radio-Infernal (1938) passant ensuite d’une collection à l’autre, de Allo Police à Police Express puis Angoisse du Fleuve Noir.
Maurice LIMAT : Mille et une blessures. Société d’Editions Générales. Collection Police Express N°3. 1er trimestre 1945. 20 pages.