Hommage à Maurice Limat né le 23 septembre 1914
Maurice Limat est un vieux routier de la littérature populaire. Il a œuvré aussi bien dans le roman policier, notamment sous les pseudonymes de Maurice Lionel ou Maurice d'Escrignelle pour des petits fascicules dans les différentes collections des Editions Ferenczi, mais également pour des romans d'aventures, des romans fantastiques ou de science-fiction. Etant donc un vieux routier il possède à fond les ficelles du métier et ses romans s'en ressentent.
Une imagination fertile déclenchée par un tout petit rien, une image, un article, et tout de suite on assiste à une histoire solidement charpentée, structurée, enchanteresse. Certes il a passé sa vie à écrire des histoires afin de divertir bon nombre de lecteurs, et comme bien d'autres, il n'a pas toujours été récompensé, n'a pas toujours été montré en exemple, mis peut-être même mis à l'index par certains intellectuels de la SF française qui l'ignorent dans leurs anthologies ou leurs études.
Ce qu'on lui reproche, c'est de savoir écrire des histoires passionnantes. Ce n'est pas l'hermétisme dans l'écriture qui amènera de nouveaux lecteurs. Les romans de Maurice Limat sont limpides, faciles à lire certes, mais au combien prenants, attachants, intéressants. Ce sont des romans que l'on dévore jusqu'à la dernière ligne et après on a les yeux pleins d'images. Fournisseur de rêves et de détente Maurice Limat sera peut-être reconnu un jour par ses pairs, l'étant déjà par ses lecteurs durant des décennies.
J'ai écrit que ses romans étaient limpides. Ce roman l'est doublement puisqu'il traite d'un thème cher au roman d'aventures : les cités antique et mythiques perdues, les continents sous-marins engloutis suite à un cataclysme et dont l'Atlantide est l'exemple le plus souvent utilisé. Dans ce roman, c'est une autre civilisation que nous fait découvrir Limat, une civilisation vivant au milieu du Pacifique et ayant un rapport avec l'île de Pâques.
Francis, jeune ingénieur, et son ami Rerehi, un Polynésien, sont envoyés en éclaireurs parmi les quelques mille et un atolls qui parsèment l'Océan Pacifique à la recherche d'un galion espagnol ayant appartenu à l'expédition de Magellan. Ils préparent le terrain pour la venue d'un navire océanographique et d'une espèce de char sous-marin. En plein milieu du Pacifique, alors qu'ils pêchent, ils aperçoivent une femme blonde à la chevelure abondante, à l'épiderme étonnamment blanc, fendant les flots avec une facilité déconcertante et à une vitesse incroyable. Rerehi ne peut échapper à l'appel de la sirène et Francis plonge à sa suite afin de porter secours à son ami. Commence alors une fantastique aventure sous-marine.
Maurice Limat est décédé le 21 janvier 2002 à Sèvres après avoir écrit e, cinquante trois ans (de 1935 à 1988) 472 romans. Atoxa-des-abysses est son dernier roman publié.
Dans cette chronique écrite lors de la sortie du roman, et j'insistais sur la non reconnaissance de Maurice Limat comme véritable auteur populaire. Pourtant quelques études étaient parues dans de petites revues confidentielles comme Le Fulmar en 1983. Depuis, Maurice Limat a eu l'honneur d'articles publiés dans le Dilipo coordonné par Claude Mesplède, ou le Dictionnaire du roman populaire francophone sous la direction de Daniel COmpère.
La revue L'Œil du Sphinx a édité un remarquable ouvrage, Maurice Limat, L'entreprise du rêve (264 pages; 16,00€; mars 2002), comprenant entre autres une bibliographie complète, chronologique, par éditeurs et collection et par titre.
Les éditions Rivière Blanche ont réédité sous format E-Books 26 titres de Maurice Limat et c'est à consulter ici
Maurice LIMAT :Atoxa-des-Abysses. Fleuve Noir Anticipation N° 1599. Editions Fleuve Noir. 192 pages. Décembre 1987.