Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
Les années passent, les vieux démons restent... !
En l'an de grâce 1306, la foire de Troyes commence à battre son effervescence. Les frères Abner sont emmenés en prison sous le prétexte fallacieux d'un sauf-conduit périmé.
Aaron Mayerson, l'un des meilleurs lapidaires de France, attend un envoyé spécial de la République de Venise, devant lui transmettre un diamant à remettre à Philippe le Bel et scellant des accords entre les deux états. Depuis que sa femme est morte en donnant naissance à Rachel, vingt trois ans auparavant, Mayerson vit seul, prodiguant à sa fille une éducation alliant culture intellectuelle et maniement d'armes.
Thibaut de Champagne, le seigneur de la Province est en déplacement et c'est son cousin Philippe, un débauché, qui le remplace secondé par Jean le Pieux, son demi-frère, un fanatique religieux. Mayerson, venu plaider le sort des frères Abner est emprisonné lui aussi, Agnetti le messager ayant été retrouvé sur ses terres, égorgé, torturé, et dépouillé. Le diamant a disparu.
Rachel se promet de sortir son père de la geôle sinistre ou il est enfermé. Elle se rend à la commanderie des Templiers, dernière étape d'Agnetti avant son rendez-vous, puis demande à Philipe de libérer son père. Il est démontré qu'Agnetti a été tué à l'aide d'un poignard à la lame courbe comme celle des Arabes.
Jacques de Vitry, commandeur du Temple, un ordre religieux sur la sellette tout comme l'avenir des Juifs, enquête auprès d'Ymbert le précepteur de la commanderie dont bon nombre de frères d'armes ont combattu à Jérusalem. Tous sont quasi persuadés de l'innocence de Mayerson mais c'est le coupable idéal. Guillaume de Paris, le grand inquisiteur, est chargé de lui faire avouer son forfait. Rachel, déguisée en écuyer, parcourt la région en compagnie de Salomon, à la recherche d'indices pour démasquer le coupable. Dans les rangs des Templiers on s'interroge également sur la présence du meurtrier dans leurs rangs.
Ce roman est une parabole historique sur l'anathème jeté sur l'étranger, le fanatisme religieux, la jalousie, la corruption, dans le cadre trouble du Moyen Age. L'Histoire se répète mais les leçons n'en sont pas tirées. L'on pourrait mettre en parallèle cette histoire avec des événements actuels tels que la montée du fascisme, les déclarations de certains hommes ou partis politiques, l'intégrisme déployé par une frange religieuse, etc. Le personnage de Rachel, jeune fille indépendante, énergique, qui ne s'embarrasse pas de préjugés sur les relations entre sa congrégation et les Chrétiens, est remarquable et pourrait s'ériger en symbole de la liberté d'esprit et de la condition féminine. Un roman qui se démarque avec la production de Maud Tabachnik et qui devrait faire réfléchir.
A lire également de Maud Tabachnick : Je pars demain pour une destination inconnue.
Et lire mon entretien pétillant avec Maud Tabachnik.
Maud TABACHNIK : L'étoile du temple. Collection Chemins Nocturnes, Editions Viviane Hamy. Mars 1997. 320 pages. 15,50€.