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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 14:47

Malgré son statut de religieux, le cardinal Rodrigo Borgia, d’ascendance espagnole, possède maitresse et enfants. Mais comme c’était une coutume à l’époque,sang-des-Borgia.jpg nous ne jugerons pas la moralité de cet homme et découvrons ce destin gravé dans le sang.

Rodrigo Borgia récupère auprès de sa maîtresse du moment, Vanozza, trois de ses enfants, César, Juan et Lucrèce, lui laissant en garde le petit Geoffroi qui tète encore le sein maternel. César est âgé de sept ans, Juan six et Lucrèce trois. Le jeune Geoffroi les rejoindra plus tard. Entre César et Juan, ce ne sont qu’anicroches, les deux frères ressentant l’un envers l’autre une vive antipathie. Les enfants sont élevés avec les meilleurs précepteurs de Rome, entourés par Adriana Orsini, sa cousine veuve et par Julia Farnèse et sa jeune et belle nouvelle maîtresse. Déjà plane sur la famille Borgia les jalousies et les tentatives d’empoisonnement.

Ainsi un jour, alors que toute la famille se prépare à manger ensemble, le cardinal Borgia propose à Juan de goûter son verre de vin. Mais celui-ci est empoisonné. Heureusement Juan n’a fait qu’en prendre juste une toute petite gorgée, trouvant le breuvage amer. Juan est plongé dans l’inconscience durant de longues journées mais il parvient à s’en sortir. Le coupable est rapidement découvert. Il s’agit d’un valet qui était précédemment au service de la famille Rimini. Le cardinal fait venir d’Espagne un sien cousin, Don Michelotto chargé de protéger les enfants.

Après moult tractations, Rodrigo Borgia parvient en aout 1492 à se faire élire pape, en remplacement d’Innocent VIII, sous le nom d’Alexandre VI. La bataille a été rude car d’autres prélats espéraient revêtir la tiare pontificale dont Ascanio Forza de Venise et Della Rovere de Naples. Le nouveau pape est un homme de caractère, et pense à l’avenir de ses enfants. César est nommé cardinal, Juan devenant militaire. Le petit Geoffroi est celui dont il s’occupe le moins, car plus faible de caractère que ses frères. Quant à Lucrèce il envisage de la marier à Giovanni Sforza de Milan, le neveu du More. Giovanni vient de perdre sa femme et il serait un bon parti pour une Borgia. Lucrèce, quoique fort attachée à son père, un attachement fusionnel, accepte ce marché dans l’intérêt des familles. Elle n’a que treize ans et est déjà une belle jeune fille au physique prometteur. Mais auparavant il lui faut apprendre comment coucher avec un homme. C’est César qui est chargé de l’instruire, de lui montrer comment se comporter sous la couette en plumes. Ce dont il s’acquitte volontiers et les enseignements qu’il a prodigué à sa sœur semblent avoir été de bons conseils puisqu’ils récidivent pour le plus grand plaisir des deux partenaires. Malgré son mariage avec Giovanni, Lucrèce continue à avoir des rapports charnels avec son frère.

César se morfond dans son statut de cardinal. Il rêve de devenir militaire, le commandant de l’armée pontificale et ainsi prendre officiellement femme. Le ménage de Lucrèce est bancal et elle obtient auprès de son père l’annulation de son mariage. Pourtant lors de la nuit de noce, trois témoins étaient présents afin de confirmer que son mari avait bien possédé sa jeune épouse et que l’union avait déclarée valable. Alexandre VI accède à la demande de sa fille. Seulement Lucrèce est enceinte des œuvres de son frère et il faut cacher son état de parturiente primipare. Avant d’organiser une nouvelle union, au grand désespoir de son frère.

sangborgia.JPGCocufiages, viols, incestes, guet-apens, empoisonnements, meurtres et tentatives de meurtres, empoisonnements, tortures, prévarications, concussions, trahisons, simonies, alliance, guerres entre royaumes italiens, le tout sur fond de prières, tels pourraient les mots-clés de ce roman dont la première publication en France remonte à 2002. La diffusion à la télévision de la série des Borgia a sûrement influencé l’éditeur de le rééditer, sous une nouvelle couverture, et cela permet de prolonger le plaisir des images. Mario Puzo a longtemps mijoté ce roman qui lui tenait à cœur. Au départ ce n’était qu’une passion historique qu’il a fini par coucher sur le papier. Peu de temps avant sa mort, survenue en 1999, Mario Puzo avait demandé à sa compagne de terminer son œuvre, ne désirant pas que ce soit quelqu’un d’autre qui touche à son manuscrit. Durant des années Mario Puzo et Carol Gino avaient parlé de cet engouement pour cette période italienne, durant des heures, échangeant leurs impressions, de ce besoin d’écrire, de relater la vie des Borgia, laissant macérer, mijoter et enfin se décider à rédiger. Carol Gino était donc à même de peaufiner et terminer ce roman qui comporte quelques longueurs, à mon avis, tant on est happé par l’histoire et qu’on souhaite en connaître l’épilogue au plus vite. On retrouve les figures emblématiques de l’époque, les rois de France Charles VIII et Louis XII dont les troupes font des incursions afin de récupérer de nouveaux territoires, Savonarole, le prédicateur jetant ses anathèmes contre la corruption, Machiavel qui s’inspirera de César Borgia pour écrire Le Prince, et Michel-Ange dont la renommée commence à s’imposer, alors que la Renaissance balbutie.

Mario PUZO : Le sang des Borgia. (The Family – 2001. Traduit de l’américain par Jean-Paul Mourlon). Editions de l’Archipel (première édition 2002). 384 pages. 19,95€

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