Les drôles d'animaux de Noé !
Dans une ambiance noire et sordide à la James Hadley Chase, version ibérique, avec des personnages principaux qui ressembleraient à Bud Spencer et Terence Hill, le tout dans une mise en scène genre tragicomédie musicale, avec des mélodies des années 80 et une prose qui parfois se décline en vers libres, vous avez le nouvel Oyola, l’auteur de Golgotha, mais en plus fort, en plus déjanté, en plus cynique, en plus insolent, en plus ébouriffant, en plus iconoclaste.
Il s’appelle Ovejero, ça veut dire berger,
Mais tout le monde lui dit Perro, le chien.
Il déteste.
Le seul qui l’a jamais appelé « Ovejero » ( ?) c’est le pasteur Noé.
Respectueux Noé, il l’a toujours appelé par son nom, jamais avec mépris.
Ils se sont connus en prison, Noé le bassinait avec ses paroles et son prosélytisme à la petite semaine. Et pourtant ils ont fait équipe ensemble. A plusieurs reprises. Avant Noé était marié, puis il s’est promu pasteur, évangéliste. Mais ce n’est pas pour ça qu’il a perdu sa hargne, et tout en dégoisant la bonne parole, il garde près de lui son fidèle Pasteur Jiménez, une arme blanche redoutable qui ne sert pas qu’à bénir ses ouailles.
Car des ouailles, il en a dans la prison, le dimanche, quelques-uns qui assistent à ses logorrhées mystiques au lieu de jouer au foot dans la cour comme la plupart des détenus. Et puis il a fallu que Kitty Kat, le giton de Pombero Vega, vienne leur faire des propositions pas très catholiques. Alors Noé a protesté, et ça s’est terminé en bagarre générale avec éclaboussures de raisiné un peu partout. Juste la veille où Perro allait être libéré.
Mais faut pas croire, Noé a toujours eu envie de récolter de l’argent pour fonder son église, et Perro suit, comme un petit chien. Une idée tenace, chevillée au corps. Plus que les femmes.
C’est Noé qui a eu l’idée.
Gun N’Roses *
Juste que Madariaga Ledesma, qui a acquis une jolie petite fortune en vendant des tracteurs, lui refile un peu de blé.
Madariaga, veuf, vit avec sa mère et sa fille. Et Noé veut prendre en otage la fille et pour la récupérer le père devra leur donner une rançon. Simple non ? Seulement, cela ne se passe jamais comme c’est prévu. La poussière du chemin grippe le moteur de leur machination.
Et puis Noé est gourmand. Commence une chasse à l’homme entre les deux complices, avec quelques policiers accrochés à leurs ponchos. C’est ainsi que Perro tout en essayant de suivre la piste tracée par Noé revoit ses dernières années de galère.
Les fuites, les amours, les amis, la bande, les rixes, les empoignades avec les hommes de Pombero, les meurtres, les petites joies et les grandes souffrances.
Entre tendresse, bouffonnerie, violence, rage, vengeance, combats homériques et petites rixes de quartier, scènes d’anthologie grandiloquentes ou d’intimités émouvantes, ce roman-film est jalonné de plages musicales anglo-saxonnes ou hispaniques, dans un pot-pourri joyeux et enlevé qui va aussi bien de Bon Jovi aux Fabulosos Cadillacs, de Los Visitantes à Van Halen, des Beatles au générique du film d’animation Georges de la Jungle, de Def Leppard à Jerry Lee Lewis.
*Gun N’Roses, qui est le nom d’un groupe musical, signifie également en argot argentin : Espèce de gros caïd, une expression péjorative.
Voir également l'avis de Black Novel.
Et n'oubliez pas de visiter le site des éditions Asphalte afin de consulter et écouter la playlist.
Leonardo OYOLA : Chamamé (Chamamé – 2007 ; traduction d’Olivier Hamilton) Editions Asphalte. 224 pages. 18€.