Liées d'une petite faveur...
Bernie Rhodenbarr possède pignon sur rue comme libraire et bouquiniste. Profession fort honorable s’il en est. Mais ce n’est qu’une de ses activités, car il se transforme à l’occasion en cambrioleur. Théoriquement il a raccroché son passe et son attirail au clou, mais lorsqu’une jeune femme avenante et semble-t-il désemparée lui demande un petit service, il s’exécute.
Et c’est ainsi qu’il réserve une chambre d’hôtel afin de s’emparer d’une liasse de lettres écrites sur du papier mauve par Gulliver Fairborn à son agent littéraire Anthéa Landau. L’écrivain mythique, dont le premier livre paru dans les années 60 a bouleversé plusieurs générations d’étudiants, est une sorte d’anachorète, changeant très souvent d’adresse, refusant de se laisser photographier, bref un inconnu célèbre. Et comme miss Landau a décidé de mettre sa correspondance aux enchères, Bernie est comme qui dirait réquisitionné.
Seulement, ce qu’il ne pouvait deviner, c’est que, au lieu des missives, il trouverait dans la chambre de la peu scrupuleuse Anthéa le corps de celle-ci sur son lit. Et s’il n’avait pas été aperçu par une résidente, cela aurait pu bien se passer, mais voilà, le petit grain de sable enraye la mécanique.
Dans ce nouvel opus, machiavélique à souhait, avec moult rebondissements, réunion des différents protagonistes comme dans les bons vieux whodunit, épilogue plus ou moins moral, Bernie Rhodenbarr va essayer de ne pas trop perdre de plumes, et surtout ne pas entacher plus une réputation déjà bien établie au sein de la police. Cambrioleur, certes, mais sympathique quand même, comme l’étaient en leur temps Arsène Lupin, Le Saint ou encore Le Baron.
Lawrence BLOCK : Les Lettres mauves. Editions Points. 352 pages. 6,50€.