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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 16:26

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En lisant les avis enthousiastes de mes confrères et néanmoins amis blogueurs, Pierre ou encore Claude, puis en découvrant à travers leurs chroniques l’univers de ce roman, un univers qui heurte ma sensibilité, n’étant pas un adepte de la violence, de téléréalités débiles, du sadisme, je me suis dit, ce livre n’est pas pour moi. Le titre en lui-même me heurtait légèrement. Trash Circus. Circus, qui renvoie aux jeux du cirque romains. Trash, qui selon mon petit dictionnaire franco-anglais, signifie rebut, camelote, fadaise. Bref pas véritablement engageant, mais pas vraiment décourageant non plus. Pourtant, vraisemblablement l’influence de mon côté masochiste, lorsque Babelio me l’a proposé en lecture, peut-être parce qu’aucun lecteur ne s’était senti le courage de le chroniquer, je accepté. Avant donc de vous donner mon opinion, sans complaisance, entrons donc dans le vif du sujet, si je puis me permettre, car le « héros » lui ne s’en prive pas.

Frédéric Haltier, qui porte bien mal phonétiquement son patronyme, est directeur de la programmation sur Canal7, une chaine télévisée dont la renommée s’est construite sur des émissions de téléréalités douteuses. Dernière en date imaginée conjointement avec son collègue Thierry Muget : inviter sur le même plateau un Japonais cannibale qui avait défrayé la chronique des années auparavant et le père d’une de ses victimes. Mais Haltier possède un pénis qui lui sert de cerveau et il réagit en fonction des envies et des besoins de son attribut synonyme de virilité. Alors il s’en sert, ou essaie, en toutes circonstances, en tous lieux et avec n’importe qui, collègues consentantes ou non, jeunes femmes carriéristes, ou hétaïres tarifées, ou employés (au masculin) de salons de massages spécialisés. Il sert également de rabatteur pour son patron.

Toujours sapé costards de luxe, possédant une montre présidentielle, une voiture de sport allemande, il aime aussi troquer ses costumes de ville contre des tenues vestimentaires plus prolétaires et pseudo sportives. Quoiqu’il apprécie les boissons alcoolisées et les drogues dures, les médicaments énergisants, il est également adepte des salles de musculation où il peut évacuer ses toxines. Mais surtout il se mêle avec plaisir aux supporters du Paris Saint Germain, participant avec volupté aux bastons les opposant aux casseurs des équipes visiteuses.

Un différent l’oppose à un informaticien de Canal7 et il l’entraîne, afin de sceller soi-disant une paix précaire, à un match au Parc des Princes. Le pauvre Mourad, qui ne doute de rien, sera sérieusement blessé dans l’altercation. Un guet-apens organisé. Un policier qui avait à l’œil Haltier lors d’une précédente échauffourée lui demande de coopérer, de servir de sous-marin.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là et d’autres péripéties attendent Haltier, qui à force de jouer avec un boomerang pourrait bien voir ses petites manigances se retourner contre lui.

Archétype de l’antihéros, franchement odieux, abject, Haltier n’engendre pas la sympathie. Loin de là. Ce n’est pas tellement le personnage en lui-même qui m’a importuné, provoqué des nausées, mais les descriptions complaisantes de l’auteur, l’ambiance délétère qui se glisse comme des fumerolles méphitiques. Je suis sorti de ce livre mal à l’aise, et je ne comprends pas que l’on puisse aimer. Certains glosent sur les Brigades Mondaines, les aventures érotico sadiques de SAS, cataloguant ces ouvrages basses catégories destinés à des prolétaires en mal de sensations fortes. Pour le peu que j’en ai lu, ce n’est pas pire que dans ce roman, ils seraient même à classer dans la catégorie bière sans alcool.

Ce roman réponds peut-être à un besoin, comme les émissions de téléréalités qui sont suivies par des millions de téléspectateurs, de se sentir racaille par procuration, d’assouvir des phantasmes. De toute façon, que ce roman ait du succès ou non, je pense que d’ores et déjà les frais d’impression du livre ont été amortis, si les annonceurs jouent le jeu, car c’est un véritable catalogue publicitaire.

Joseph INCARDONA : Trash Circus. Collection Noir 7.5. Editions Parigramme. 228 pages. 14 €.

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commentaires

V
Trés peu pour moi...je ne suis pas amatrice de ce genre de bouquin. Par contre son "220 volts" a plu à plusieurs de mes collègues qui l'ont lu mais le sujet est tout autre.<br /> <br /> Amitiés
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O
<br /> <br /> Je suis peut-être le seul dans la blogosphère à ne pas avoir apprécié ce roman. Et cela ne m'incite pas à en lire un autre.<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
P
Salut Paul, ton article est clair, net et précis, et nos avis divergent complètement. J'ai du mal à argumenter, sachant que j'avais mis dans mon billet que le roman pouvait choquer et n'était pas à<br /> mettre entre toutes les mains. Avec moi, il a marché. J'ai adhéré dès le départ, je l'ai avalé d'un trait. Je ne suis pas fan de violence gratuite, mais ce roman m'a scotché. Amitiés
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O
<br /> <br /> Bonjour Pierre<br /> <br /> <br /> J'aime bien quand tu écris que tu l'as avalé d'un trait. J'espère que tu l'as bien digéré.<br /> <br /> <br /> Mais nos goûts peuvent diverger parfois, au moins on ne peut pas nous taxer de complaisance et de collusion. Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
H
Pas lu. Mais y a-t-il une chance qu'il faille prendre ça au second (voire au Xième) degré ? Où vraiment c'est comme tu le dis une complaisance prononcée de l'auteur pour la violence ? Je ne<br /> l'achèterai pas mais si il passe entre mes mains un jour, je verrai par curiosité. Je n'ai rien contre la violence (voire l'hyper-violence) si elle est justifiée. Si ce n'est pas le cas, il faut<br /> peut-être chercher du côté de l'humour noir... ou pas ;-)
Répondre
O
<br /> <br /> Bonjour Herveline<br /> <br /> <br /> Oui on peut toujours prendre ça au 36ème degré, mais il y manque le trait d'humour qui pourrait nous faire croire qu'il s'agit d'une pochade. La violence, je ne suis pas contre non, j'ai lu<br /> beaucoup de romans parus dans les collections Feu du Fleuve Noir, Guerre de Gerfaut, Baroud de l'Arabesque, mais cette violence était justifiée. Ici il s'agit de violence gratuite, sexuelle,<br /> flattant l'égo malsain du héros.<br /> <br /> <br /> Maintenant si tu as l'occasion de lire ce roman, on pourra sûrement en reparler. Bon weekend<br /> <br /> <br /> Paul<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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