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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 13:41

Ce manuscrit a connu un parcours étonnant que Joseph Bialot m’a dévoilé au Mans en novembre 1994, lors des 24 heures du Livre.

 

maincourante.jpg


Voici donc l’anecdote. Alors qu’il était régulièrement publié à la Série Noire, je lui avais demandé comment il se faisait que ce livre soit publié au Fleuve Noir. Il m’a répondu : J’avais envoyé mon manuscrit au Fleuve Noir et chez Rivages. Le Fleuve Noir m’a répondu le premier et j’ai signé aussitôt le contrat. Le lendemain, j’ai reçu une réponse positive de Rivages, mais c’était trop pour revenir en arrière. Pas courant, non ?

 

Balade dans un Paris promis à la démolition, aux promoteurs, et qui ne livre ses secrets qu'à ceux qui savent apprécier ses charmes séculaires, cet unique roman de Joseph Bialot, La main courante a donc été édité aux éditions Fleuve Noir en mars 1994.

Un incendie qui ravage un hôtel dans le faubourg Saint Antoine, ce ne pourrait être qu'un banal fait divers. Seulement la présence d'un truand égorgé retrouvé parmi les victimes fait tiquer le responsable des îlotiers du quartier. D'autant que le propriétaire de cet immeuble dortoir pour immigrés, décédé lui aussi tel une Jeanne d'Arc auvergnate, aurait revendu le bien à un promoteur.

Mais les deux îlotiers, compléments indispensables du commissariat et de la Crim, les Starsky et Hutch de Reuilly, un néo Français issu de Portugais et un Martiniquais fils de sorcier manipulateur de fonds et de paysanne beauceronne, sont aux premières loges de cette enquête et ne pensent qu'à alpaguer le coupable pour l'embastiller.

Les cadavres se reproduisent incongrument, les faux billets de cinq cents francs fleurissent sur le bitume, la petite amie de l'îlotier franco-portugais est retrouvée dans le coma et une petite vieille, tout en déplorant le manque d'ardeur de son défunt mari, vitupère contre un fantôme bruyant squattant son pavillon. Les tours de passe-passe entre immeubles mènent nos enquêteurs dans des impasses tandis qu'un loufiat jongle avec les faux papiers et un vrai bulletin de décès: le sien. Un ébéniste historien se contente d'étaler sa culture et l'on se demande lequel de ces personnages est le plus vernis.

Joseph Bialot raconte une de ces histoires dont il a le secret, puisant dans la nostalgie des vieux quartiers parisiens, imprégnant son récit d'une forte dose d'humour. Un livre à trois voix, les deux îlotiers prenant tour à tour la parole et s'immisçant dans ce duo, Diogène, un septuagénaire qui vit dans des containers à ordures, non par nécessité mais parce qu'il y retrouve la liberté et la solitude dont il est privé chez lui, et qui recherche désespérément Rommel, son chien mystérieusement disparu.

Cet ouvrage est une ode à la capitale, mais surtout à ces quartiers, petits villages dans la mégapole, dont les habitants se trouvent déboussolés lorsqu'ils en franchissent les frontières définies par des arrondissements arbitraires. On ne peut s'empêcher de penser à Léo Malet, chantre de ce Paris méconnu et qui désabusé ne mena pas jusqu'au bout son incursion parmi les mystères de Lutèce.

Joseph Bialot est décédé le 25 novembre dernier, et les éditions Rivages peuvent-elles rééditer ce roman qui le mérite ? La question est posée.

 

mazarinbis


De gauche à droite : Joseph Bialot, Jacques Mondoloni, Alain Demouzon et Emmanuel Errer/Jean Mazarin.


Joseph BIALOT : La main courante. Collection Crime Fleuve Noir N°47. Editions Fleuve Noir. 1994. 192 pages.

challenge régions

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commentaires

L
Je l'ai lu. Et comme effectivement j'habite sur Paris j'ai pu le récupérer par la réserve centrale. Mais comme je l'ai lu cet été et que j'ai toujours repoussé l'écriture du billet (je m'en mord<br /> les doigts). Me voilà bien coincée maintenant pour le faire. J'en garde les grandes lignes, un très bon souvenir mais tant pis pour le billet. En tout cas merci pour ce bon conseil.
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O
<br /> <br /> C'est dommage Loo, mais l'écriture d'un billet (je le sais au premier chef) prend du temps sur celui consacré à la lecture. Content que tu en gardes toutefois un bon souvenir<br /> <br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> <br /> <br />
L
Je pensais plutôt faire un tour à la bibliothèque.
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O
<br /> <br /> Tiens donc, pourquoi pas ? Mais peut-être ai-je mauvais esprit, mais je ne crois pas que les bibliothèques gardent les romans du Fleuve Noir quand ils commencent à dater. A moins que si tu<br /> demeures à Paris, un petit passage à la BILIPO s'impose.<br /> <br /> <br /> <br />
L
Contente d'être passée par là car je découvre un livre qui pourrait bien me plaire. Bien tentant. Merci
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O
<br /> <br /> Hélas en attendant une éventuelle réédition, il faudra écumer les bouquinistes qui ne se montreront pas trop gourmands...<br /> <br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> <br /> <br />
T
Il faut que je relise Léo Mallet<br /> <br /> Le Papou
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O
<br /> <br /> A mon avis les meilleurs Léo Malet sont les Nouveaux Mystères de Paris, quoique certains soient un peu plus faiblards et d'autres de véritables petits bijoux.<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
P
Bonjour Paul<br /> J'ai pas mal de livres dans cette collection , je regarderai si j'ai celui-ci.<br /> Bonne Journée.<br /> Amitiés.
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O
<br /> <br /> Bonjour Patrick<br /> <br /> <br /> LE seul et unique Bialot au Fleuve Noir, dans une collection qui proposait des inédits mais aussi pas mal de rééditions de Frédéric Dard et qui n'a vécu que l'espace d'une cinquantaine de numéros<br /> (54 exactement) Et c'est peut-être à cause de ce mélange d'inédits et de rééditions qu'elle n'a pas obtenu le succès mérité.<br /> <br /> <br /> Bon weekend<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
S
... Editions Rivages qui viennent de publier l'ultime roman (mais peut-être pas manuscrit) de Bialot: "Le puits de Moïse est achevé". Merci de raviver le souvenir d'un écrivain qui était avant tout<br /> un grand homme...<br /> Amitiés.
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O
<br /> <br /> Bonjour Serge<br /> <br /> <br /> Le titre de son dernier roman est presque comme un testament. Mais j'espère que Rivages va s'intéresser aux écrits antérieurs de Joseph Bialot à moins que FOlio/Gallimard propose des rééditions<br /> qui seraient bien venues<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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