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23 mai 2013 4 23 /05 /mai /2013 07:30

 Une façon comme une autre pour ne pas être reconnu !

  voyageur-copie-1.jpg

 

 

Le personnage principal de ce roman, ce n’est ni le photographe professionnel et tueur mégalomane qui sème ses cadavres comme le Petit Poucet ses cailloux, ni son frère, psychiatre spécialisé, ni la jeune biographe devenue biographe contre sa volonté, ni même l’inspectrice de police, jeune femme personnellement impliquée dans ce drame puisque l’une des victimes est sa propre nièce. Non, le personnage principal, c’est la Mort.

Comme le précise d’ailleurs le criminel à celle qu’il a choisie comme biographe : Le problème c’est que la mort a un attrait certain pour moi. J’aime plus ce qui s’achève que ce qui commence.

Mais la mort est partout présente, obsessionnelle, implacable, et fait partie du décor, comme une compagne fidèle des acteurs de ce drame. Mercedes Barren, par exemple, qui a perdu son mari, alors qu’elle était jeune mariée. Une mort qui lui avait donné rendez-vous au Viêt-Nam. La mort qui lui avait déjà ravi son père au détour d’une route. Ann Hampton, qui est entrainée à son corps défendant dans cette histoire a assisté toute jeune à la mort accidentelle de son frère, provoquée par la rupture de la glace recouvrant un lac gelé.

Les deux frères, le tueur et le psychiatre, ont aussi côtoyé la mort dans leur jeunesse, mort qui a entrainé leur père adoptif au fond d’un lac. C’est donc la mort qui domine ce roman, mais une mort violente, une mort toujours provoquée et non passive.

Mercedes Barren, inspecteur de police à Miami ne s’est jamais remariée et sa vie est entièrement consacrée à son métier. Ses seuls élans de tendresse et d’amitiés sont dirigés envers Sasan, sa nièce. Une nuit elle est réveillée par son patron à la Criminelle qui lui annonce par téléphone le meurtre de Susan. Un meurtre accompagné de viol. De toutes ses forces elle se jette dans la bataille. Lorsque l’assassin est arrêté et condamné, elle pense que sa vengeance est accomplie. Pourtant elle n’est pas satisfaite, un geste insignifiant, un regard du meurtrier lui font supposer que l’homme arrêté n’est peut-être pas le coupable. Les présomptions s’accumulent mais aucune preuve tangible ne vient les confirmer. Aussi, cette nouvelle enquête, elle la prend à son compte.

Ce sujet a déjà été abordé et traité de nombreuses fois dans la littérature policière. Le représentant de police qui se marginalise et recherche malgré tout un hypothétique meurtrier, n’est pas le premier à être mis en scène. Donc cette histoire pourrait n’être qu’une pâle copie de ce quia déjà maintes et maintes fois écrit et décrit. Et pourtant non, car John Katzenbach aborde, appréhende cette course poursuite d’une façon personnelle, privilégiant la psychologie et la description morale des personnages, employant le système des nombreux retours en arrière, sur leur enfance, afin d’expliquer leurs faits et gestes. Expliquer et non excuser.

Un roman dense, fort, extrêmement poignant, surtout dans son épilogue.

 

A ne pas confondre avec le titre éponyme de Paul-Jacques Bonzon publié en 1973 dans la Bibliothèque Verte. 

 

John KATZENBACH : Le voyageur sans visage. (The Traveller – 1987 ; traduction Philippe Rouard. réédition de Presses de la Cité – 1988) Editions Presses Pocket Noir. Mai 1990. 416 pages.

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commentaires

L
Je l'ai trouvé chez Pocket.<br /> Le Papou
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O
<br /> <br /> Alors c'est in ze Pocket...<br /> <br /> <br /> <br />
L
Cela me rappelle un titre ou l'auteur, Zusak Markus, a fait de la mort un personnage qui raconte dans ''La voleuse de livres''<br /> Surprenant.<br /> Le Papou
Répondre
O
<br /> <br /> En effet ce doit l'être surprenant. Et chez quel éditeur ?<br /> <br /> <br /> Merci<br /> <br /> <br /> <br />
N
Bonjour Oncle Paul,<br /> Dis-moi, tu lis combien de livres par jour ? C'est impressionnant, le rythme de tes chroniques !<br /> Sinon, encore une fois je déplore que les Presses de la Cité ne rééditent pas ces "anciens" romans de John Katzenbach.<br /> J'espère simplement que ce que tu as pensé de celui-ci te donnera envie de découvrir à quel stade il est parvenu, avec "Mort-en-direct.com", qui malgré un titre en apparence racoleur (mais légitime<br /> puisqu'il est sorti du roman) est absolument l'inverse de tout ce qu'on peut craindre aujourd'hui, dans le "monde du thriller". Pour moi d'ailleurs, c'est avant tout un grand roman noir,<br /> visionnaire, qui réussit à brasser avec une fluidité étonnante énormément de thématiques brûlantes d'actualité - jusqu'à brosser le portrait imprévisible du tueur en série du XXIè siècle, obsédé<br /> par l'écran, l'image, et qui ne fait plus la différence entre réalité et virtualité. Et aussi un très beau roman sur l'amour et la mort, le tout avec une construction impeccable, une écriture<br /> cinématographique, fouillée et précise, qui déploie un suspense psychologique aussi subtil que terriblement haletant, et hallucinatoire (notamment par le biais de cet éminent professeur de<br /> psychologie retraité depuis à peine quelques années, et qui apprend qu'il va mourir sous peu, atteint d'une maladie dégénérative du cerveau type Alzheimer).<br /> En 10 ans, entre L'Analyste qui était déjà excellent, à mon avis il a signé là son chef d'oeuvre, et notamment parce qu'il arrive à saisir et pointer les grandes dérives de nos sociétés modernes, à<br /> s'emparer de thèmes aussi sensibles pour mieux les mettre en perspective et, pourquoi pas, faire aussi réfléchir un peu ses lecteurs sur le monde d'aujourd'hui.<br /> Allez, à bientôt!Et merci pour cette chronique, encore ! ;)
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O
<br /> <br /> Bonjour Norbert<br /> <br /> <br /> C'était une chronique écrite en 1990, du temps où je faisais de la radio, donc pas de difficultés pour la recopier . Il me fallait juste retrouver le livre pour scanner la couverture.<br /> <br /> <br /> En général 4 livres par semaines... Quant à Mort en direct, je le ressorts et te donne rendez-vous pour... dans quelques jours<br /> <br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> <br /> <br />
A
Le même titre en bibliothèque verte ? Quel faussé.
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O
<br /> <br /> Et oui Alex. Etonnant non ?<br /> <br /> <br /> J'ai omis de préciser que le livre de Paul Jacques Bonzon à la Blbliothèque Verte était une réédition du roman paru en 1958 dans la collection Jean-François.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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