Bon anniversaire à Jean-Jacques Reboux né le 29 octobre 1958 !
Tout a commencé lorsque Gabriel Lecouvreur, alias Le Poulpe, s’est vu abandonné par Chéryl, et qu’il s’est fâché avec Gérard, le patron de son troquet habituel qui lui remet toutefois une enveloppe, que Pedro est décédé et que Léon le brave chien de Gérard est parti au cimetière des canidés.
Bref tout va mal et ce n’est pas parce qu’il a trouvé une remplaçante à Chéryl que Le Poulpe nage dans l’euphorie. La missive contient, outre un billet d’avion aller et retour pour la Havane, une réservation pour un hôtel, une carte de tourisme et le summum, un véritable passeport établi à son nom. Pas de coups bas à Cuba pense Gabriel qui embarque donc sans arrière pensée. Hélas, son arrivée déclenche l’hilarité parmi les douaniers.
Erreur fatale, Le Poulpe s’est mélangé dans les papiers et a présenté un autre, plus vrai que nature établi par Pedro, avant son décès je le rappelle, établi au nom de Walker Bush. La honte !
D’autant que les policiers qui ont découvert son autre passeport, le vrai celui-là, se demandent pourquoi ce touriste se trimbale avec un appareil photo qui ne lui appartient pas, du moins il le jure, mais les alguazils ne l’entendent pas de cette oreille. Ils ont des preuves. Pourtant cet appareil était la propriété de son voisin, un homme qui ressemblait à Trotsky. Et pourquoi a-t-il ânonné pendant son sommeil libérez Batista ? Là encore Gabriel se défend : il a été obnubilé par un graffiti qui énonçait “ Libérez Battisti, enfermez Dantec ”. Allez faire comprendre ça à des personnages butés.
Et puis cette rengaine, il n’en sait que la musique car il ne connaît ni de Battisti ni de Dantec. Nouvelle surprise, presque une épreuve éprouvante pour notre héros, tout le monde dans la rue l’appelle Gabriel. Sa renommée aurait-elle dépassé les frontières ?
Jean-Jacques Reboux a écrit avec cette aventure du Poulpe un roman jubilatoire, ironique et iconoclaste, pour ne pas dire irrévérencieux.
On y retrouve des personnages chers à J.-J. Reboux ainsi Simone Dubois la postière, mais également des clins d’œil à des auteurs comme Francis Mizio. Sans oublier Battisti, dont Gabriel Lecouvreur ignore l’existence, Maurice G. Dantec, tout aussi inconnu mais qu’il rencontrera sur l’île de Cuba et avec lequel il établira de nombreux dialogues savoureux. Exit les personnages récurrents qui composaient l’entourage du Poulpe. Mais le protagoniste phare de ce roman, c’est bien évidemment Fidel Castro, pour des raisons que je ne me permettrai pas de dévoiler ici. Certains n’ont pas aimé ce nouvel opus, moi j’y vois une blague de potache désabusé qui veut tourner une page.
J.-J. Reboux force parfois le trait mais y démontre aussi son talent de conteur, et il est urgent qu’un éditeur sérieux se penche enfin sur lui et l’encourage à continuer d’écrire non plus en dilettante mais en véritable professionnel qu’il peut devenir. Hélas les années passent, il est obligé de devenir éditeur mais il engrange les problèmes avec ses poulains...
Du même auteur, lire : Pour l'amour de Pénélope ainsi que Pain perdu chez les Vilains.
Jean-Jacques REBOUX : Castro, c’est trop ! Collection Le Poulpe N°249, Editions Baleine. Mai 2004. 350 pages. 8,00€.