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21 août 2012 2 21 /08 /août /2012 07:33

On publie vraiment n’importe quoi, je trouve qu’on ne devrait imprimer que des choses sérieuses dans les livres, il y a la télévision pour raconter des bêtises (page 11).

 jaguar-rouge.jpg


Photographe, le narrateur escalade la pyramide de Kukulcan avec bien des difficultés, assisté d’une jeune guide, Gabriella, afin d’effectuer quelques prises de vue pour un magazine archéologique. La soixantaine un peu poussive, il ressent une sensation d’oppression lors de la montée de la centaine de degrés qui doivent les conduire dans la salle du Jaguar. Il apprécie que sa compagne porte à sa place son lourd matériel photographique. Ainsi que l’admiration qu’elle semble lui vouer. Et il se laisserait bien tenter à la prendre dans ses bras, mais le travail avant tout. Il doit prendre des clichés du Jaguar rouge, une massive statue minérale, dont le dos plat a pu éventuellement servir de table de sacrifice dans les temps anciens des Aztèques. A nouveau il est sujet à cette oppression. Son malaise est peut-être dû à l’air vicié qui stagne, mais il n’a pas le temps d’analyser car pris d’angoisse et de vertige, puis il perd conscience.

 

Lorsqu’il retrouve ses esprits, il ne sait plus trop où il est. Il ne reconnait pas l’environnement dans lequel il déambule. Il veut s’arrêter mais son corps ne suit pas ses directives. Son corps n’est plus le sien. Il est vêtu d’un pagne et ses membres sont foncés, comme les Indiens. Il se rend alors compte que son esprit est prisonnier dans le cerveau d’un Aztèque qui rentre chez lui, retrouver sa femme et ses deux concubines. L’Autre, comme il appelle sa nouvelle enveloppe corporelle, va toutefois, sous l’impulsion de la pensée du narrateur, rendre hommage à l’une de ses concubines qu’il surnomme Fleur bleue, ce qui n’est pas du tout du goût des deux autres, respectivement Epouse et Fleur rouge. Fleur bleue était punie et n’aurait pas dû être traitée comme une favorite. Mais c’est la seule dérogation à sa conduite  que l’Autre accepte de perpétrer. Pour le reste, le narrateur a beau essayer d’influer sur son comportement, peine perdue. Peu à peu, le narrateur apprend que l’Autre s’appelle Quatlatoa et qu’il est le maître des javelots, sorte de général, auprès de Moctezuma, l’Empereur ou tlatoani des Aztèques. Le narrateur découvre avec effarement le mode de vie et surtout les croyances des Aztèques qui procèdent volontiers à des sacrifices humains pour honorer leurs dieux. Jusqu’au jour où, à cause de la foudre, Epouse décède mais surtout que le narrateur prend possession à part entière du cerveau de Quatlatoa.

 

Pendant ce temcortes.jpgps, sur la plage aux environs de Vera Cruz, Herńan Cortés s’apprête à entreprendre un périple jusqu’à Mexico-Tenochtitlan. Le but avoué est de convertir les différentes peuplades qui vivent dans les provinces environnantes. But officieux, s’accaparer l’or les objets précieux indiens au profit du roi d’Espagne, Charles Quint. Une jeune indienne, Malina, par haine de Moctezuma qui a capturé trop de membres de sa tribu pour les offrir aux dieux sanguinaires, s’allie à Cortés. Elle est appelée Marina, mais rapidement  elle est surnommée la Malinche. Elle se convertit au catholicisme et sert d’interprète à Cortés et sa troupe et devient l’amante de Cortés, uniquement.

 

De Vera Cruz jusqu’à Mexico le lecteur suit le parcours de Cortés et de sacortes-et-la-malinche.jpg troupe, de ses alliances houleuses avec les autochtones, de sa rivalité avec Velasquez le gouverneur de Cuba, de ses tribulations et des affrontements qui opposent les soldats armés de fusils et de canons, aux Aztèques qui eux n’ont que des arcs et des javelots pour se défendre. Mais les alliances peuvent renfermer des pièges, les roublardises, les duplicités des uns et des autres se cachent sous les présents, or, pierres et tissus précieux en échange de verroteries.

 

bernal.jpgGraphomane éclectique, Jacques Sadoul nous propose une incursion dans le Mexique au temps d’Hernán Cortés et de Moctezuma. Les chapitres alternent entre Mexicas et le point de vue de cette colonisation à travers les yeux du narrateur, et entre Castillans, avec la description de la longue marche évangélique et dominatrice de Cortés. Puis la rencontre entre les deux armées et ce qu’il advint. Jacques Sadoul puise évidemment son inspiration pour développer ce récit dans des ouvrages comme La vie quotidienne des Aztèques de Jacques Soustelle, mais aussi grâce à des témoignages d’époque dont celui de Bernal Diaz del Castillo, l’un des hommes de Cortés qui consigna dans des carnets ses impressions de voyage, les faits de guerre, les rapports houleux entre les deux autochtones et les colonisateurs qui seront également les spoliateurs. L’évangélisation amènera les Castillans puis leurs successeurs à détruire la plupart des temples édifiés en forme de pyramides au nom de la religion catholique, une fourberie en total désaccord avec le principe du respect des peuples et de la tolérance des croyances. Aimez-vous les uns les autres, disait-Il, et ils aimèrent surtout les richesses et le pouvoir.

 

Le fantastique n’est guère présent et ne sert que de tremplin entre aujourd’hui et hier. La transportation d’une époque à une autre et les efforts d’un homme qui connaissant l’histoire souhaiterait en changer le cours. Mais nous ne sommes pas dans une uchronie, et la relation de cet épisode respecte l’histoire.


Conquest of Mexico 1519-1521

 

Iconographie : Hernan Cortés; La Malinche; Bernal Diaz; route de Cortés de Vera Cruz à Mexico.


Jacques SADOUL : Le jaguar rouge. Hors collection, éditions Rivière Blanche. 332 pages. 20€.

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