Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 septembre 2013 3 18 /09 /septembre /2013 14:24

Comme disait ma grand-mère : Tu as le droit de retourner ta veste, mais n'oublie pas de changer ton portefeuille de côté !

 

coben.jpg


Si le lectorat, principalement féminin, et quelques critiques encensent l'œuvre d'Harlan Coben, il n'en va pas de même de tous les chroniqueurs spécialisés dans le roman noir et qui s'expriment via leurs blogs. Des avis souvent péremptoires n'incitant pas à se plonger dans un roman de cet écrivain américain. Longtemps je me suis fié à ces articles divers et (a)variés en me promettant de ne pas lire un roman d'Harlan Coben. Un parti pris, un apriori qui me satisfaisait, et puis je me suis dit qu'après tout il valait mieux que je me forge ma propre opinion. Aussi, sautant le pas comme un collégien osant embrasser pour la première fois une jeune fille, j'ai ouvert cet ouvrage en me demandant bien si je ne faisais pas une bêtise, si je n'allais perdre mon temps au détriment de tous ces volumes qui s'entassent et me font de l'œil, me lançant des appels pathétiques afin que je daigne leur consacrer un peu de mon précieux temps. Le résultat est là et je n'ai pas à me mordre les doigts d'avoir oser, d'autant que mes doigts, comme mes yeux, je les protège fin de pouvoir tourner les pages dans une frénésie non réfrénée.

Avec son mètre quatre-vingt-douze et ses quatre-vingt-dix kilos, Mickey Bolivar, bientôt seize ans, est le candidat idéal pour les recruteurs de basket. Or justement, le basket c'est sa passion, et il s'entraîne chez lui, enfin chez Myron, à placer des paniers, mais surtout cela lui sert de dérivatif lorsque les idées noires lui polluent l'esprit. Son père Brad est décédé dans un accident d'automobile huit mois auparavant, et sa mère est soignée dans une clinique spécialisée dans les addictions, à la drogue notamment. Il a beaucoup voyagé Mickey, suivant ses parents, qui œuvraient dans des missions humanitaires, les suivant partout où ils essayaient d'apporter un minimum de réconfort.

La rentrée dans le lycée près de Newark est passablement agitée. Principalement à cause d'une prof qui pense qu'un bizutage est indispensable pour acquérir une cohésion de groupe. Il se rebelle et soutient une jeune adolescente, Emma ou Ema selon ses interlocuteurs, la petite grosse comme elle se définit. C'est vrai qu'Ema est enrobée, toujours sur la défensive, et son look de gothique, vêtements noirs, tatouages et piercings n'étant pas fait pour améliorer son physique. Et elle est toujours à traîner alors qu'elle n'a que quatorze ans. Il se fait un ami, Spoon, un peu niais, le fils du concierge et qui se révélera un aide précieux. Et afin de ne pas déroger à la règle se dressent sur son chemin les trublions patentés de service Buck et Troy. Troy qui pense qu'étant le fils du commissaire de police de la ville, il peut tout se permettre.

J'allais oublier Ashley, sa petite amie, qu'il a embrassée deux fois depuis la rentrée des cours, trois semaines auparavant. Seulement ce jour là, pas d'Ashley. Elle ne se présente pas à l'école, et personne n'a de nouvelles. Et comme une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, Mickey est victime moralement d'un incident. Passant près d'une vieille maison en rentrant chez lui, enfin chez Myron puisque son oncle l'héberge, une vieille femme surnommée la femme Chauve-souris lui déclare que son père n'est pas mort. Pourtant Mickey sait que son père n'est plus là. Il était dans la voiture au cours de l'accident.

Avec Ema il retourne chez la femme Chauve-souris, mais il n'y a personne. Il s'infiltre dans la bicoque tandis qu'Ema fait le guet. Il remarque une photo représentant quatre personnes dont le tee-shirt est décoré d'un papillon avec des yeux sur les ailes. De la lumière filtre de sous la porte de la cave. Seulement une voiture noire arrive d'un chemin à l'arrière par les bois et il est coincé. Il réussit néanmoins à fuir en compagnie d'Ema, mais il a eu chaud. Grâce à Spoon qui possède les clés de l'école, Mickey parvient à découvrir l'adresse d'Ashley Kent mais lorsqu'il se présente à son domicile, c'est l'affluence. Des policiers et des infirmiers sont présents engageant le corps de Kent dans une ambulance. Madame Kent affirme qu'un homme tatoué a frappé son mari, mais à la question de Mickey concernant Ashley, elle déclare qu'ils n'ont pas de fille.

Un homme chauve, mais qui ne sourit pas et qui semble surveiller ses moindres faits et gestes, un Tatoué introuvable, une femme Chauve-souris qui s'est volatilisée dans la nature, Rachel, la pom-pom girl du lycée qui lui fait des avances, autant de personnages qui gravitent autour de Mickey mais d'autres éléments le perturbent. Ainsi sur la tombe de son père, il remarque une feuille avec dessiné dans un coin le papillon déjà vu chez la femme Chauve-souris, le même dessin qu'il retrouvera plus tard dans d'autres endroits. Le numéro d'immatriculation de la voiture noire, A30432, qu'il reverra également dans à plusieurs places, et dont il pense qu'il pourrait s'agir d'une date de naissance (ce qui n'est pas logique puisqu'aux USA comme en Grande-Bretagne le mois précède le jour), tels sont les éléments qui vont le conduire dans une aventure dont il ne mesure pas les conséquences et les risques. En suivant deux chemins, celui de la femme Chauve-souris et celui d'Ashley qui lui manque.

 

coben1.jpgHarlan Coben, écrit dans ses remerciements J'ai eu un plaisir fou à écrire A découvert. Et bien je peux vous assurer que moi aussi j'ai pris un plaisir fou à lire ce roman qui nous entraîne sur les traces du père de Mickey, à la découverte de la jeunesse du jeune homme, mais également sur une piste qui devient un peu récurrente, Auschwitz. Les personnages, outre Mickey, sont émouvants et mystérieux. Plus particulièrement Ema, dite la Grosse, qui sous des dehors gothiques, agressifs, a la répartie incisive, ne dit rien sur ses parents, si elle en a. Mais elle se montre courageuse, aussi bien envers ceux qui se moquent d'elle qu'en face du danger. Quant à Spoon, qui est toujours en train de remonter ses lunettes sur son nez, sous des dehors un peu niais, sa conversation est souvent déphasée, et il aborde les gens par des affirmations dans le genre de George Washington était stérile, ce qui a pour don de déstabiliser ses interlocuteurs. Mickey qui par son physique parait plus que son âge, possède de faux papiers, qui lui avaient été fournis par son père lors de leurs périples, qui indiquent qu'il a vingt et un ans, ce qui lui permet de conduire la voiture de son oncle presque en toute impunité. Myron, le héros d'une précédente série, était fâché avec le père de Mickey, et celui-ci bien évidement n'apprécie pas la tutelle dont il fait l'objet. Myron ne remplacera jamais son père, au contraire Mickey lui en veut et cherche par tous les moyens à l'éviter. Pourtant Myron, qui possède un vieux contentieux avec Taylor le commissaire de police, joue un rôle prépondérant dans cette histoire. Des similitudes, des affinités, des rejets qui se transmettent entre deux générations.

Ce roman, rondement mené, agréable, n'est pas destiné aux intellectuels exigeants adeptes de digressions philosophiques et absconses. Mais les personnages sont émouvants, de même que l'intrigue est captivante, et si l'histoire en elle même est quasi close, il reste des parts d'ombre qui seront dévoilées dans A quelques secondes près, paru au Fleuve Noir simultanément que cette réédition. Il s'agit un peu d'un roman-feuilleton, dont chaque histoire est entière mais se prolonge.

Alors, oui j'ai retourné ma veste, et je ne le regrette pas ! Et bientôt ma chronique sur A quelques secondes près.


Harlan COBEN : A découvert. (Shelter - 2011. Traduit par Cécile Arnaud. Première édition : Fleuve Noir 2012. Réédition Pocket N° 15559. Parution 5 septembre 2013. 320 pages. 7,20€.

Partager cet article
Repost0

commentaires

G
Mais oui!! Tu viens nous faire l'éloge d'Harlan Coben. Complètement à contre courant! si ça c'est pas de la rébellion!!!
Répondre
O
<br /> <br /> Je suis partisan de la rebelle attitude !<br /> <br /> <br /> Mais surtout je préfère quand on dit ou écrit Je n'aime pas que C'est pas bon. Tous les goûts sont dans la nature et un minimum de courtoisie et de respect doit nous les faire accepter.<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
G
T'étais un rebelle littéraire alors...;)<br /> Les profs devraient s'estimer heureux quand ils ont des élèves qui aiment lire, peu importe quoi.
Répondre
O
<br /> <br /> mais je le suis toujours rebelle ! ma chère Gridou<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
G
Je ne dis pas qu'il y a les "vrais" auteurs et les autres (d'ailleurs je ne pense pas qu'il y ait de sous-littérature - ni de sous-culture!! - l’important étant de prendre du plaisir à la lecture).<br /> Ce que je voulais dire , c'est que certains auteurs (de polars) sont plus doués que d'autres pour élaborer une intrigue complexe, rendre compte d'une ambiance, d'une époque et ajouter en prime un<br /> peu contexte historique. Je pense aux romans à plusieurs couches, qui d'un côté te tiennent en haleine par l'intrigue et dans lesquels tu apprends en plus des choses ou qui ont une vraie patte, un<br /> style d'écriture caractéristique (mais là tu as raison, la traduction joue beaucoup...).<br /> Les thèmes récurrents,tu as raison, tous les auteurs en ont.
Répondre
O
<br /> <br /> Je crois Gridou que tu as résumé ce qu'il y a  dans ce roman et ce sera peut-être confirmé avec la suite du livre. Mais des intrigues complexes et la suite ne feront pas forcément un bon<br /> roman, si l'histoire ne nous captive pas. Si elle est mal racontée. S'il y a des passages ennuyeux, je n'accroche plus du tout, alors que pour d'autres ce sont de véritbles régals.<br /> <br /> <br /> Alors que le prof de français en troisème (je ne suis pas allé plus loin) nous vantait les mérites de Flaubert, Balzac (Ah Eugénie Grandet !) et autres, nous nous échangions entre condisciples<br /> les derniers romans des collections Espionnage et Spécial Police du Fleuve Noir. Et ces romans étaient pour nous autrement transcendant que ceux qu'ils prônait. Les goûts affirmés et les couleurs<br /> délavées ont toujours été à la pointe des discussions. Tiens prend Zola, par exemple. Si j'ai bien aimé LaTerre j'ai vite été repus par Le Ventre de Paris. Comme quoi un auteur peut très bien<br /> être intéressant ou non aux yeux d'un même lecteur. Alors que dire dedeux lecteurs dont les attentes nesont pas les mêmes !<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
G
Wow! Oncle Paul fait son coming out! Tu vas voir que de nombreux fans (les tiens, pas ceux de Coben) vont venir avouer publiquement dans les commentaires qu'ils ont aussi cédé parfois à cette<br /> tentation et y ont même pris un certain plaisir (coupable?).<br /> Moi-même j'en ai lu quelques uns (pas celui-là) et j'y trouvais mon compte à l'époque. De bons "page turner" comme dit notre ami Richard...<br /> Mais ça c'était avant de découvrir de vrais bons auteurs qui manient l'écriture avec plus de dextérité ( tant qu'on n'a pas mangé dans un resto étoilé, la cantine nous parait tout à fait<br /> convenable) et puis à force d'en lire (du Coben), on se rend compte que les ficelles sont toujours les mêmes (la disparition, par exemple, est un thème récurrent chez lui) et on finit par se lasser<br /> un peu.<br /> Par contre je ne comprends pas pourquoi tu (vous, Claude en est aussi) dis que le public féminin est spécialement visé...Tu veux dire que c'est du polar de gonzesses, c'est ça?? ;)
Répondre
O
<br /> <br /> Bonjour Gridou<br /> <br /> <br /> J'ai déjà recueilli des aveux ! Euh, jene vois pas qui sontces vrais auteurs, maniant l'écriture avec plus de dextérité.Peut-être faut-il y voir aussi la patte du traducteur. Mais j'ai trouvé<br /> lécriture fluide, ce qui n'est pas le cas de tous.<br /> <br /> <br /> La disparition, thème récurrent. Beaucoup d'auteurs ont des thèmes récurrents, la drogue, le problème de banleiues et autres.<br /> <br /> <br /> Quant au public féminin, ce sont les statistiques des bibliothèques et médiathèques. Ce sont les femmes qui empruntent le plus Coben, à savoir après si les maris en profitent aussi. Mais il est<br /> reconnu aussi que ce sont les femmes qui lisent le plus des romans policiers.<br /> <br /> <br /> Je vais continuer avec Coben, afin de me rendre compte si oui ou non, je me lasse. Mais un ou deux par an, je pense que c'est jouable.<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
C
Bonjour Paul<br /> Je doute qu'Harlan Coben devienne un jour n°1 de mes auteurs préférés. Mais figure-toi que, moi aussi, je compte tenter l'expérience prochainement. Sans idée préconçue, car il doit bien y avoir des<br /> raisons s'il a tant de lectrices. En effet, ne nous leurrons pas, c'est quand même le public féminin qui est ciblé.<br /> Amitiés.
Répondre
O
<br /> <br /> Bonjour Claude<br /> <br /> <br /> Il y a les premiers de la classe et les derniers. Pour ma part je classerai Coben dans la catégorie : susceptible d'obtenir un satisfecit. Mais en attendant je vais me plonger dans son dernier<br /> publié au Fleuve Noir afin de me rendre compte si la magie opère toujours<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
A
Moi aussi, j'aime bien, j'en ai pas mal dans ma bibliothèque, et cela se lit avec plaisir, je n'ai pas acheté les derniers mais cette critique me tente.<br /> Ouf , j'ai avoué publiquement que je lisais du Coben.
Répondre
O
<br /> <br /> C'est bien Alain<br /> <br /> <br /> Faute avouée, à moitié pardonnée ! Moi je vais me pencher sur ses précédents ouvrages que j'avais dédaignés.<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
  • Contact

Recherche

Sites et bons coins remarquables