Une page d'histoire provinciale !
Le 23 septembre 1800, une troupe de six cavaliers, à l’uniforme disparate ressemblant vaguement à celui des hussards, investissent le domaine Beauvais, sis sur la commune d’Azay-sur-Cher en Touraine.
Après un pillage en règle au cours duquel ils font main basse sur l’argenterie et les bijoux, ainsi qu’une conséquente somme d’argent, ils prennent en otage le sénateur Clément de Ris et s’enfoncent dans la forêt. Comme si un enlèvement ne leur suffisait pas ils emmènent également le docteur Petit qui rendait visite à ses patients. Les serviteurs du château sont désemparés et madame de Ris, languissante et malade, ne sait à quelques saints se vouer malgré le réconfort que tente de lui prodiguer son amie madame Bruley.
Les gendarmes enquêtent mais les pistes font défaut ainsi que le mobile de ce rapt. Madame de Ris, désespérant de revoir son mari vivant, s’aperçoit qu’un coffre secret a été ouvert et que les papiers qu’il contenait ont disparu. Comme elle n’était pas au courant des affaires de son mari elle ne connait donc pas la valeur de ces documents. Tout le monde accuse les Chouans d’être à l’origine de cet enlèvement, des Chouans ayant peut-être à leur tête Cadoudal récemment revenu d’Angleterre où il était exilé.
Bonaparte, le Premier Consul, fulmine, et Fouché, son ministre de l’Intérieur toujours aussi diabolique, est sommé d’obtenir de rapides résultats. Pendant ce temps, Monsieur de Ris, enfermé dans une cave, est relativement bien traité, tandis que le docteur Petit est relâché sans explications. Les ravisseurs exigent le paiement d’une rançon conséquente. L’enquête piétine malgré les efforts des gendarmes, de Savary venu sur le terrain, et des hommes de Fouché dispersés aux alentours. Les Chouans, hostiles au régime bonapartiste, sont montrés du doigt. Mais ceux-ci, ennemis de la République et du Consulat, sont-ils réellement à l’origine de cet enlèvement et de tous les maux qu’on leur impute ?
Cette affaire a inspiré à Balzac son roman Une ténébreuse affaire, œuvre considérée par certains comme le premier roman policier français.
Giova Selly ne se perd pas en fioritures et elle nous propose un livre alerte et rondement mené. Cette collection des Drames de l’histoire n’aura connu que peu de numéros et aura été rapidement abandonnée. Dommage car outre Giova Selly pour deux ouvrages, d’autres auteurs de renom ont signé des romans intéressants, levant un coin du voile sur de petites affaires de l’Histoire. Ainsi Jean Anglade, Claude Pasteur, Eric le Nabour et quelques autres.
Voir également le portrait de Giova Selly ici.
Giova SELLY : Chouans de Touraine. Collection les Drames de l’Histoire N°7, éditions Fleuve Noir. Septembre 1992.