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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 14:18

Comme L'Oncle Paul ne se refuse rien, voici un roman de Georges Simenon, histoire de se faire plaisir.

train-de-nuit-copie-1.gif

Une large silhouette se profila au bout du couloir. Marthe reconnut le commissaire qui s’inquiétait d’elle(s) pendant la nuit… C’était Maigret, un homme calme, au parler rude, aux manières volontiers brutales.

Maigret, le fameux commissaire qui de 1931 à 1972 connaitra la carrière que l’on sait, Maigret au travers de quelques romans est ébauché à grands coups de crayons par un Simenon à la machine à écrire intarissable. A peine une silhouette et pourtant l’on sent déjà l’homme bourru, obstiné, humain, qui traquera sans pitié le criminel impénitent mais saura se montrer magnanime envers le meurtrier d’occasion.

Georges Simenon, qui signait alors ses ouvrages Christian Brulls ou Georges Sim ou autres pseudonymes, petit à petit construit son œuvre, comme cherchant sa voie. Et dans Train de nuit le lecteur peut se rendre compte que s’il ne tient pas tout à fait entre les mains un roman policier, ce n’est plus le roman d’aventures auquel il était habitué en lisant Dolorosa, Les pirates du Texas, Chair de beauté

train-de-nuit.jpgTrain de nuit, c’est un peu l’amalgame des Maigret et des romans à prétention littéraire. Le commissaire n’est là que comme figurant, le personnage principal étant Jean, le marin et fils de marin normand qui effectue son service militaire, sur un navire basé à Marseille. Train de nuit est un roman noir avant la lettre. Jean qui se trouve entrainé dans l’engrenage pour les beaux yeux d’une femme mystérieuse. Rita joue de ses charmes, elle en a l’habitude, mais elle sent naître en elle un sentiment de commisération, d’amour maternel et charnel à la fois. Dans le train qui le ramène à Marseille après une courte permission passée à Yport, près de Fécamp, Jean remarquera une dame en noir. Un phantasme qui deviendra réalité lorsque celle-ci l’aborde, lui confie un portefeuille à remettre à une certaine adresse, près du Vieux Port. A la gare Saint-Charles, Jean est fouillé, sans résultat, et apprend qu’un drame a eu lieu dans le rapide Paris-Marseille. Le début du trouble, de la confusion, s’instaurent dans l’esprit de Jean. Il s’affole et au lieu de rejoindre son bâtiment, s’enfonce dans la ville, dans le désordre, le stupre et une certaine forme d’avilissement dans laquelle il se complait. Rita le recueille, l’héberge, l’aime. Rita et Jean vont servir de tampon entre le Balafré et la police.

L’on retrouve dans cette histoire bon nombre des échos, des situations, dans lesquels aimaient se plonger les personnages de Simenon. Une atmosphère dénuée de sérénité, le ballotement de ces hommes et femmes au gré d’un destin qu’ils ne peuvent contrôler, ces petits riens qui parsèment son parcours, son œuvre étant comme autant de répétitions de situation.

Jean était encore couché. Il devait avoir pris froid au cours de la promenade de la veille au soir, car il se sentait moite de fièvre. Tout « l’univers Simenon » se retrouve dans ces quelques mots avant que Simenon existe officiellement littérairement parlant.

Georges SIM : Train de nuit. Collection Maigret avant Maigret. Editions Julliard. Mai 1991. 192 pages.

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commentaires

C
Salut Paul<br /> J'ajoute les précisions ci-dessous, trouvées sur la page Internet http://www.0faute.com/biblio1929.htm<br /> <br /> ---Train de nuit (pseudonyme Christian Brulls) "Un jeune soldat, après une permission, regagne Toulon. Dans le train il rencontre une inconnue qui lui tend un portefeuille et le fascine. On<br /> découvre peu à peu ces liens avec le milieu marseillais. Nostalgie de la Normandie natale du jeune homme. Première apparition du commissaire Maigret, appartenant à la Brigade de Marseille. Il a<br /> sous ses ordres l'inspecteur Torrence."<br /> Roman d´amour sentimental et policier. Cette œuvre, vraisemblablement écrite en 1928, met pour la première fois en scène le commissaire Maigret. Simenon trace ici le nom de ce commissaire qui<br /> demeure un personnage flou. Aucune précision sur son physique et sa personnalité. Il ne fume même pas la pipe... Train de nuit est le premier des prototypes : celui que Maurice Dubourg appelle «le<br /> Maigret des cavernes». Toutefois, lorsque ce roman arrive en librairie, le public a déjà fait la connaissance du commissaire Maigret. "La maison de l´inquiétude" a en effet fait l'objet d'une<br /> publication préoriginale, dans l'Œuvre, en feuilletons à partir du 1er mars 1930.<br /> «Train de nuit, l'ancêtre de Maigret, se déroule principalement à Marseille, dans le quartier aujourd'hui disparu du Vieux-Port et nous y trouvons Maigret et son adjoint, l'inspecteur Torrence, car<br /> peu de gens, parmi les millions de lecteurs de Simenon, connaissent ce détail. Maigret fut à l'origine un policier marseillais.» (Maurice Dubourg, "Maigret et compagnie ou les détectives de<br /> l'agence Simenon", Mystère magazine, décembre 1964).<br /> "Train de nuit" a été également publié en 1955 sous le pseudonyme de Georges Sim.---<br /> Amitiés.
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O
<br /> <br /> Merci Claude pour ces précisions. J'ajouterai, car Maurice Dubourg ne le précise pas, que l'on retrouve dans bon nombre de Maigret officiels un inspecteur du nom de Torrence.<br /> <br /> <br /> Christian Brulls était effectivement un pseudo de Simenon, souvent utilisé, et qui fait référence à son frère Christian et à sa mère née Brüll. Comme quoi il n'est pas difficile parfois de se<br /> choisir un pseudo.<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />
H
Tiens je ne savais pas (ou alors je l'avais oublié) que Simenon publiait aussi sous un nom abrégé... ma culture personnelle s'enrichit chaque jour. D'ailleurs même si je ne laisse pas tjs un<br /> commentaire, bravo pour tes rétrospectives, d'anciens auteurs et collections que tu as faites ces derniers temps. J'aimerai juste avoir plus de temps pour tout lire grrr.
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O
<br /> <br /> Bonjour Herveline<br /> <br /> <br /> Merci de t'intéresser à mon petit boulot de chroniqueur. Les vieilleries littéraires, populaires, c'est mon péché mignon, alors lorsque je peux mettre en ligne ces bricoles, je suis réjouis, même<br /> si ce n'est pas forcément dans l'air du temps<br /> <br /> <br /> Amitiés et à bientôt<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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