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25 septembre 2013 3 25 /09 /septembre /2013 09:55

Une visite singulière de Paris !

 

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Eric Bernadi, étudiant en sémiotique et bûchant sur une thèse consacrée à Delacroix, travaille afin d’assurer sa pitance, soit comme guide sur les bateaux-mouches, soit comme vigile de nuit au musée d’Orsay pour le compte d’une société privée. Il fait équipe avec Polo, un ancien judoka, et est amoureux d’Odile, laquelle l’aime aussi, tout en accordant ses faveurs à des amants de passage.

Alors qu’un gardien attitré effectue sa tournée normalement, celui-ci s’aperçoit que la statue d’Ugolin, œuvre de Carpeaux, comporte non pas cinq personnages comme prévu initialement, mais six. Lorsqu’Eric et son ami prennent leur fonction, la police est déjà sur place, sous la houlette de l’inspecteur Couput. Et notre ami (on peut le qualifier ainsi) découvre avec horreur que parmi les personnages de la fameuse représentation d’Ugolin figure un être humain fondu dans la composition.

Ce n’est que le début d’une succession de crimes perpétrés par une entité appelée, faute de mieux, le Soudeur et qui se révèle être le fameux fantôme rouge des Tuileries, un ectoplasme monstrueux. Des confidences recueillies par Eric auprès d’Aurélie, une jeune bretonne descendante du commandant Servat, lequel fut l’un des protagonistes de la Commune et plus particulièrement dans ce quartier situé entre les Tuileries et le Musée d’Orsay.

Un lien étrange apparie ce bronze de Carpeaux à une autre composition, signée celle-ci de Rodin, La Porte de l’Enfer, et à un tableau célèbre de Courbet, L’origine du Monde. Eric plonge tête baissée dans ce mystère, attiré par les charmes d’Aurélie.

Le Fantôme d’Orsay, texte, paru initialement chez Lefrancq en 1999, et entièrement remanié par l’auteur, nous plonge dans un univers mi-policier, mi-fantastique, prenant pour cadre des décors connus, et pourtant historiquement méconnus de la plupart des Parisiens.

D’emblée François Darnaudet donne le ton et entraîne le lecteur dans une histoire palpitante, sans lui laisser le temps de reprendre son souffle. Pas de tergiversations, de philosophie de comptoir, de mise en condition progressive. Mais en même temps il s’agit d’un ouvrage qui dénote de la part de son auteur une solide connaissance, ou du moins une documentation impressionnante de l’art plastique en vogue à la fin du XIXème siècle mais également d’événements le plus souvent traités à la légère, sur une page et encore, dans les manuels d’histoire.

 

Dans Les Dieux de Cluny, nous retrouvons Eric Bernadi et le commissaire Couput, précédemment chargé en tant qu’inspecteur, de l’enquête sur le Fantôme d’Orsay ainsi qu’Odile. Couput est appelé d’urgence sur le théâtre d’un meurtre, le cadavre d’un homme coupé en deux, de haut en bas, en travers, comme la représentation du valet de trèfle d’une carte à jouer, ayant été découvert au cœur du quartier latin, dans les ruines des thermes de Cluny.

Pendant ce temps, Bernadi qui se remet peu à peu de son aventure précédente, est à Bruxelles, où il a décidé de reprendre la piste Rodin à zéro. Il veut comprendre le parcours de l’artiste, peintre et sculpteur, passé à la postérité après avoir été l’élève de Carrier-Beleuse.

Des débuts misérables, un passage comme nègre et principal exécutant des œuvres signés du maître alors en vogue, puis l’éclosion du génie avec des statues et compositions vouées à la postérité. Bernadi est fasciné par la relation charnelle, tumultueuse, entre Rodin et Camille Claudel.

Un inconnu, qui lui fait part de son désir de le rencontrer depuis de longues semaines lui propose de l’éclairer sur Rodin et La porte de l’enfer. Et c’est ainsi qu’il lui révèle l’existence de fissures et qu’il traque en compagnie de Gardiens triés sur le volet, des entités pouvant déchaîner la résurgence de Dieux Gaulois enfermés depuis des siècles par les Romains. Quatre Dieux disséminés à Bruxelles, Paris, Rome et Florence. Or il se pourrait que justement l’un de ces Dieux maléfiques se soit libéré à Paris, alors qu’il était muré dans les Thermes de Cluny. Bernadi, Couput et Odile aidés des Gardiens des fissures vont tenter d’annihiler le réveil de ces créatures.

François Darnaudet réinvente des légendes lutéciennes sous forme d’apocalypse, mettant en scène des personnages ayant existé, Courbet, Rodin et d’autres, offrant une autre vision, une autre conception de leurs œuvres. En même temps il s’amuse à rendre hommage à des personnages actuels du monde des arts et lettres, peu connus ou pas assez du grand public. Ainsi Gilbert Gallerne alias Gilles Bergal, Daurel ou Davrel, selon les romans, qui participa avec lui à l’écriture de nouvelles, ou Bernadi, peintre occitan, romancier à la NRF du temps de Camus, dessinateur de bandes verticales, auteur de la fresque de Collioure et illustrateur de la couverture d’un des romans de Darnaudet : L’appel de Collioure. Mis à part ces petits private-joke (comme on dit en français) les deux romans en un volume de François Darnaudet possèdent un souffle, un imaginaire impressionnant, une recherche et une documentation très riches afin d’étayer des histoires qui laissent le lecteur pantois. Avec en prime un intéressant et mouvementé voyage dans les égouts de Paris. Un volume qui n’est pas réservé uniquement aux amoureux de fantastique, de légendes lointaines, d’art plastique. Un réel bonheur 

de lecture, que l’on aimerait pouvoir prolonger par d’autres aventures, qui espérons-le, sont en gestation.

Cet ouvrage double existe également en Format Kindle, les deux titres étant vendus séparément 3,04€.

 

François DARNAUDET : Les Dieux de Cluny, précédé de Le Fantôme d’Orsay. Editions Nestiveqnem. Novembre 2003. 332pages. 18,70€.

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