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17 décembre 2013 2 17 /12 /décembre /2013 16:52

Voyage chez les monstres !

 

zombies.jpg


Collioure Trap.

collioure.jpgEn compagnie de quelques amis, Francis Darnet (alias transparent de François Darnaudet) joue régulièrement à un jeu de rôle, Donjons et Dragons, dans son appartement. Tout ce petit monde se prête avec conviction au jeu, perdant allègrement des vies, se battant contre des Jonglômes venimeux, des guerriers à têtes de loups, des morts-vivants, des rescapés d’un naufrage sur la plage de Collioure, ou plutôt Cotlliure en catalan. Peu à peu, un autre jeu s'immisce, celui de L'appel de Cthulhu, inspiré de la créature imaginée par Lovecraft.

Mais parfois la fiction empiète sur la réalité et le monde virtuel s’impose, devenant dangereux pour ses adeptes réunis dans un banal immeuble parisien. Une habile mise en abîme pour un roman qui n'a pas perdu de sa force.

Collioure Trap, a paru au Fleuve Noir dans la collection Gore en 1989 sous le numéro 103. L’intrigue est savamment agencée en véritable trompe l’œil. Virtuel et réel se fondent en une combinaison enchevêtrée de fureur et de calme, les temps de repos n’étant attribués au lecteur, et aux joueurs, que pour mieux embraser l’action échevelée.

 

Dans Andernos Trap, qui portait le numéro 115 de la collection Gore,andernos.jpg non plus au Fleuve Noir mais chez Vaugirard, en 1990, la symbolique est différente et non plus ludique. Implicitement et sous-couvert de zombies, François Darnaudet dénonce la défiguration, par des promoteurs immobiliers voraces, de la station balnéaire.

Lorsqu'on est au volant d'un véhicule, la moindre des choses est de s'occuper de sa conduite et ne pas laisser sa main droite batifoler sous la jupe de sa passagère. Benoît aurait du respecter ce principe, l'accident ne lui serait pas arrivé. Il percute une gamine en vélo mais lorsqu'elle se relève, apparemment indemne, il s'aperçoit que la joue sur laquelle elle est tombée est incrustée de gravillons. Pis, cette joue est déjà ravagée. Des policiers font irruption, comme s'ils attendaient l'incident, mais eux aussi ne sont pas nets. Benoît se rend bientôt compte que sa compagne et lui sont face à des morts-vivants, des zombies.

Les frères Phil et Julien Darnet ont prévu de se rejoindre à Andernos pour tirer quelques balles dans le jardin où est installé une base de ball-trap. Eux aussi vont bientôt devoir affronter des zombies. Kossok, l'un des rares survivants d'Andernos s'est retranché dans son bunker, tandis que Christopher Thevalley, le pharmacien de la petite cité qui a effectué des études de médecine indienne, chinoise et vaudou, dirige sa petite troupe de morts-vivants. Des entités vert fluorescent, des anciens résidents, qui ont colonisé la station balnéaire.

Ces deux textes sont suivis d'une nouvelle en trois chapitres Trappes Trap, qui met en scène des collectionneurs. Mais pas n'importe lesquels, ceux qui dans les années quatre-vingt achetaient, s'échangeaient des cartes téléphoniques à tirage limité. Une nouvelle en forme de boomerang, et là il n'est nullement question de zombies ou de monstres. A moins que les monstres soient les êtres humains eux-mêmes.

 

Depuis longtemps introuvables, ces deux romans méritaient une réédition et tous les amateurs de romans fantastiques, d'horreur, seront comblés. Et pour mieux comprendre ce phénomène, la postface de David Didelot, qui aurait pu être mise en introduction, est une lecture indispensable et intéressante revenant sur ces années 80 où le gore déferlait en France, en littérature et au cinéma. Les auteurs Américains comme Jack Ketchum, John Russo, Ray Garton, Shaun Hutson, Gary Brandner furent édités dans la collection Gore du Fleuve Noir, dans des versions parfois amputées, mais les Français, Darnaudet, Nécrorian (Jean Mazarin/Emmanuel Erre), G. J. Arnaud, Michel Honaker et bien d'autres se révélèrent à leur hauteur, même si parfois on peut relever quelques petites imperfections dont les auteurs, Darnaudet le premier, l'avouent volontiers. Mais dans le cas de François Darnaudet, il faisait ses premiers pas en littérature, et a dû effectuer quelques coupes dans ses textes initiaux afin de répondre à la pagination exigée.

Evidemment cette collection rebuta quelques lecteurs, mais les autres dévorèrent ces romans avec un plaisir jouissif, se replongeant avec délectation dans leurs lectures juvéniles dans des versions non édulcorées. Cendrillon, par exemple, dont de nombreuses versions issues de contes oraux furent adaptées par Charles Perrault et les frères Grimm. Dans des versions complètes les deux demies-sœurs de Cendrillon se rognent les talons et se coupent le gros orteil afin de pouvoir enfiler le soulier de vair. Etonnant, non !


François DARNAUDET & Catherine RABIER : Zombies gore. Collection Noire N° 57. Editions Rivière Blanche. 240 pages. 17,00€.

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commentaires

P
Bonjour Paul<br /> Problème , voilà 1 semaine que je ne pouvais pas poster; mais c'est bon..<br /> <br /> Que dire de ces rééditions de romans gore chez RB; la première histoire ne m'a guère emballée , la seconde est un bonne histoire de zombies , rondement menée mais la troisième plus une nouvelle ,<br /> est trop rapide...<br /> quand même un bouquin moyen , j'ai préféré Paris - Zombies...<br /> Amitiés..
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O
<br /> <br /> Bonjour Patrick<br /> <br /> <br /> Il est vrai que ces romans ne manquent pas de charme même si l'auteur pouvait faire mieux. Disons que c'étaient des oeuvres de jeunesse, qu'il ne faut pas renier. Personnellement j'ai préféré la<br /> première histoire mais chacun ses goûts , n'est-ce pas ?<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Lectures de l'Oncle Paul
  • : Bienvenue dans la petite revue de la littérature populaire d'avant-hier et d'hier. Chroniques de livres, portraits et entretiens, descriptions de personnages et de collections, de quoi ravir tout amateur curieux de cette forme littéraire parfois délaissée, à tort. Ce tableau a été réalisé par mon ami Roland Sadaune, artiste peintre, romancier, nouvelliste et cinéphile averti. Un grand merci à lui !
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