Un soir de juillet 18.., un mystérieux meurtre par chloroforme est perpétré à bord d’un fiacre en la cité de Melbourne. Le cocher ne peut fournir que de faibles renseignements sur les évènements. Son passager était saoul et un de ses amis passant par là l’aurait aidé à grimper dans le fiacre et l’aurait accompagné durant une partie du trajet. Le mort ne possède aucun papier sur lui et il est donc difficile à Gorby, détective en charge de l’enquête d’établir son identité. Une petite annonce passée dans le journal local ne donne rien. Heureusement la logeuse du défunt s’inquiète, ce qui permet de résoudre une partie de l’énigme. L’inconnu est un certain Oliver White, venu d’Angleterre quelques semaines auparavant. Remontant la piste, Gorby est persuadé qu’un nommé Brian Fitzgerald ne peut qu’être l’assassin. En effet ce jeune homme fréquentait, tout comme White, Madge, la fille du richissime Freetlby. Il était même fiancé mais White tentait de le supplanter. Le coupable idéal. Emprisonné, Brian nie avoir perpétré ce meurtre mais il refuse, malgré les sollicitations de son avocat, à s’étendre sur le sujet. Il préfère assumer un meurtre que dévoiler ce qui selon lui est un secret dont Madge ne pourrait pas se relever.
Cherchez la femme, était l’une des antiennes favorites des romans dits criminels de la fin du XIXème siècle. Et comme cet ouvrage a été publié pour la première fois en 1886, cela n’étonnera guère le lecteur. Sauf que, Fergus Hume, qui eut pour maîtres Gaboriau, dont les romans sont si souvent réédités qu’il est inutile de s’épandre davantage dessus, et Fortuné du Boisgobey, qui lui est tombé dans les oubliettes alors que cet écrivain bas-normand fit les beaux jours des lecteurs au même titre que Xavier de Montépin et bien d’autres auteurs de la même période.
Le Mystère du Hansom cab emprunte donc à cette période balbutiante du roman policier d’énigme, mais se révèle remarquable à plus d’un titre. L’atmosphère de l’époque décrite, l’art avec lequel l’auteur entretient le suspense, les digressions qui s’insèrent avec justesse dans le déroulement du récit, la partie exotique qui confine au roman d’aventures coloniales, et la progression constante de l’énigme dont la résolution n’est possible qu’à la confiance quasi aveugle que portent les protagonistes chargés de la défense du coupable présumé ou ayant une forte relation sentimentale avec celui-ci.
Des milieux huppés jusque dans les bas-fonds de la ville de Melbourne, en passant par les lieux austères des cellules et des tribunaux, tout est savamment dosé pour entretenir l’appât, et le lecteur, qui aujourd’hui pourrait se sentir blasé, se plonge avec délices dans ce roman écrit en 1886 mais qui n’a rien perdu de son charme. D’autant que la préface de l’auteur et l’introduction de Xavier Legrand-Ferronnière apportent de nombreux points d’information sur la genèse de ce roman et ces multiples tribulations éditoriales.
Fergus HUME : Le mystère du Hansom cab (traduction de Léon Brochet). Collection Rivages/Noir N°594. Editions Rivages. 394 pages. 9,15.